Avis de recherche : Égalité et justice dans les familles musulmanes
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doivent donc être considérés comme responsables de l’élaboration des lois
et des politiques et être les bénéficiaires à parts égales de la justice qui en
découle. Enfin, la notion de pluralité est reprise dans ce verset avec les mots
« nations et tribus », censées « s’entreconnaître ». Le verbe, ici utilisé à la forme
réciproque (ta’arafu), introduit la notion de mu’awadhah, ou réciprocité entre
soi et autrui, un terme sur lequel je reviendrai plus en détail ultérieurement.
L’ultime critère de jugement des êtres humains se fonde sur la taqwa, une
certaine forme d’intégrité morale des êtres humains adultes.
En tant qu’êtres humains responsables et adultes, nous sommes en
mesure de décider de ce qui est bon et juste et ce qui est mauvais et injuste
(zulm). Cela fait partie du libre arbitre des êtres humains. Nous pouvons
exercer ce libre arbitre comme bon nous semble. Toutefois, bien que nous
soyons entièrement libres d’exercer cette volonté comme nous l’entendons,
il ne nous appartient pas de juger le choix de nos actes ; c’est à Allah qu’il
appartient de le faire. Allah est le juge suprême. Allah voit et sait toutes choses
sur la scène publique et dans la sphère privée y compris au sein des foyers.
Ces deux domaines d’interaction humaine ne sont donc pas censés exiger
deux comportements distincts. Adopter une conduite juste et équitable dans
l’espace public n’est plus ni moins important que dans le foyer. Nous devons
faire preuve d’excellence morale ou taqwa dans ces deux espaces.
Il va de soi que l’élaboration de lois justes et équitables exige un
équilibre harmonieux entre le public et le privé, entre les femmes et les
hommes, de même qu’entre les responsabilités et les avantages. Le rôle
dichotomique des femmes musulmanes au regard de la loi constitue un
exemple de déséquilibre ou d’injustice courant de nos jours. Jugées
moralement responsables, elles doivent obéir à la loi sans pour autant se
voir accorder de responsabilité législative. La taqwa est considérée dans le
Coran comme le critère suprême permettant de juger de la valeur de tout
être humain. Or la société conditionne souvent les femmes à faire preuve de
taqwa par la soumission et par le silence, tandis qu’elle incite les hommes
à en faire preuve par un engagement social, un apport intellectuel et une
contribution législative. L’un des moyens les plus simples de réformer la