L’islam `a l’´epreuve de la pens´ee critique Virole Benoit
l’´evolution vers les valeurs de libert´e, d’individualit´e, d’´egalit´e entre les
sexes ? Pourquoi l’islam r´esonne-t-il si bien avec les imaginaires contem-
porains au point de susciter de multiples conversions ≪´eclairs ≫chez
des jeunes, parfois issus de familles fran¸caise de culture chr´etienne, et les
poussant `a prendre les armes contre leurs compatriotes ? L’islam poss`ede-
t-il en son sein les germes d’une ali´enation parano¨ıaque ? Comment com-
prendre qu’il devienne un refuge pour ces enfants perdus et les pousse au
meurtre et au suicide ?
Nos sources
L’islam est une civilisation, un monde, une histoire. Composante majeure de
la culture mondiale, il est porteur d’une œuvre de civilisation, qui permet `a des
millions d’hommes et de femmes de vivre ensemble dans des soci´et´es haute-
ment ´elabor´ees. Sa complexit´e d´efie toute analyse simplificatrice. Nous sommes
conscients des limites de notre propre conception bˆatie sur une observation ex-
terne. Nous n’avons aucune connaissance particuli`ere de l’islam et la port´ee de
notre contribution est d´ependante de nos sources.
La premi`ere est purement livresque et joint la lecture – s´erieuse – du Coran et
des textes de l’islam (Hadith) `a celle des auteurs en sociologie, en psychologie,
en sciences politiques et en histoire des religions3. Plusieurs de nos arguments
sont tir´es de ces derni`eres sources et sont d´ependants de leur v´eracit´e.
La seconde est celle de notre propre parcours int´erieur, ayant emprunt´e la
voie de la psychanalyse, allant d’une enfance ´elev´ee dans la foi chr´etienne,
`a un ˆage adulte assumant un ath´eisme r´efl´echi. Pour nous, quitter une foi
native, v´ehicul´ee et valoris´ee par notre famille, pour l’ath´eisme n’a pas ´et´e
une facilit´e paresseuse mais une voie difficile imposant le doute et un travail
r´eflexif de d´econstruction de l’illusion religieuse. Penser en ath´ee ne signifie pas
se d´esint´eresser de la question religieuse et m´epriser ceux qui ont la foi. La
question religieuse est constante et in´evitable d`es lors qu’on accepte d’aller au-
del`a des certitudes banales. Pourquoi la souffrance humaine ? Pourquoi le mal ?
Pourquoi le bien ? Quel est le sens d’une existence ? Le sens de la finitude de soi ?
Toutes ces questions sont pr´esentes et r´eactiv´ees lors des ´ev`enements marquants
de la vie (d´eces de personnes proches, maladies, drames...). L’ath´eisme assume
la d´econstuction de l’illusion religieuse et la solitude d’une pens´ee orpheline
tentant de donner sens `a l’existence par la connaissance, la r´eflexion et l’´ethique.
3. En particulier : Toufic Fahd, ≪l’islam et ses sectes ≫,Histoire des religions (III),
La pl´eiade, Gallimard ; Benzine R., les nouveaux penseurs de l’islam, Albin Michel,
2004 ; Lewis B., Que s’est-il pass´e, l’islam, l’occident et la modernit´e, Gallimard,
2002 ; Barnavi E., Les religions meurtri`eres, Flammarion, 2006 ; Roy O., L’islam
mondialis´e, Points, 2002.
R
www.benoitvirole.com 2015 3 Mai 2015