L’incontinence masculine survient chez 3 à 5 % des quadragénaires et augmente ensuite avec l’âge pour concerner 10 % des hommes
de 60 ans et 30 % après 90 ans.
L’urine est produite par les reins, passe par les uretères, s’accumule dans la vessie évacuée par l’urètre plus long chez l’homme pour
s’évacuer grâce au méat urinaire. Le sphincter de l’homme est formé d’une musculature lisse à commande sympathique situé dans la
région du col vésical, et d’une musculature striée à commande volontaire situé autour de l’urètre membraneux appelé sphincter urétral
distal. Il assure un tonus permanent, il se renforce lors du remplissage vésical et s’ouvre lors de la miction. Il peut être contracté à la
commande volontaire conditionnée par le système nerveux central. Chez les hommes, la prostate entoure l’urètre. Les fuites urinaires
sont caractérisées par la perte involontaire d’urine par le méat urinaire.
Formes et causes d’incontinence urinaire chez l’homme :
Incontinence par impériosité ou Urgenturie :
– Par dysfonctionnement de la vessie (le detrusor se contracte anormalement),
– Envies d’uriner très fréquentes, survenant jour et nuit, ne laissant pas le temps
d’arriver aux toilettes.
Ce type d’incontinence urinaire est souvent lié à :
• une hyperplasie de la prostate (cause la plus fréquente),
• un calcul vésical,
• une lithiase vésicale,
• une tumeur vésicale,
• une vessie neurologique (diabète, maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer…).
Incontinence à l’effort ou insuffi sance sphinctérienne :
Les fuites surviennent à la suite d’éternuements, rires, quintes de toux, par jet,
toujours au cours de la journée, jamais durant la nuit.
– Suite à des traitements de la prostate qui peuvent endommager les tissus muscu-
laires du sphincter urinaire, entrainant des dif cultés pour «verrouiller» la vessie :
• une faiblesse constitutive du sphincter ou lésion opératoire sont deux causes
possibles de fuites à l’effort au décours d’une adénomectomie.
• la radiothérapie entraîne des phénomènes irritatifs vésicaux, une perte de
compliance, une perte d’élasticité des tissus.
– Suite à des complications prostatectomie totale pour cancer de la prostate :
• car une partie du col vésical peut est retiré avec la pièce opératoire,
• car le sphincter distal peut être lésé par une section basse de l’urètre ou lors
de la dissection,
• par affaiblissement des ligaments de soutien du sphincter,
• car la commande neurologique est affaiblie en cas de section des bande-
lettes vasculonerveuses.
Incontinence par regorgement liée à une rétention chronique d’urines :
– Syndrome obstructif par hyperplasie de la prostate :
• Les fuites se produisent au goutte à goutte, sans besoin ni envie d’uriner,
avec mauvaise vidange vésicale et besoin de pousser pour uriner,
• La rétention urinaire par augmentation trop importante du volume de la pros-
tate obstrue l’urètre et provoque un syndrome obstructif.
– Trouble de la commande neurologique qui peut être lié à certaines maladies neu-
rologiques comme la maladie de Parkinson ou des atteintes de la moelle épinière.
Diagnostic :
– L’interrogatoire sera axé sur les antécédents, les pathologies associées, les in-
terventions chirurgicales ou traumatismes sur le bassin, les traitements médi-
camenteux, les circonstances de survenue et l’importance de ces fuites.
– Des questionnaires « Qualité de vie » peuvent être utiles (International Prostate
Score Symptom- IPSS et International Continence Society- ICS male).
– L’examen clinique : palpation des fosses lombaires, toucher rectal, recherche
de globe vésical ou fécalome.
– Un outil indispensable, le calendrier mictionnel : recueil sur 24 à 78 heures (ho-
raire des mictions, volume uriné, fuites, mictions par besoin ou par précaution,
boissons ingérées).
– Les examens complémentaires :
• Dosage biologique du PSA et de la fonction rénale,
• Cystoscopie,
• Cytologie urinaire,
• Endoscopie urétro-prostatique,
• Uroscanner,
• BUD : pro lométrie urétrale (tonus du sphincter), cystomanométrie (hyperac-
tivité vésicale)
Traitement :
Incontinence par insuffi sance sphinctérienne :
• La rééducation périnéale
• Les bandelettes sous urétrales
• Des ballons ACT sous la vessie autour de l’urètre
• Le sphincter arti ciel
Incontinence par regorgement c’est-à-dire par rétention urinaire chronique :
• Le traitement de l’adénome prostatique : phytothérapie, alpha-bloquants, inhi-
biteurs de la 5-alpha réductase, en cas d’échec l’adénomectomie
• La section de sténoses urétrales
• Des auto-sondages en cas de vessie neurologique
Incontinence liée à une urgenturie (mictions impérieuses) :
• Le traitement médical symptomatique par les anticholinergiques,
• Le traitement de la cause,
• La neuro-modulation sacrée ou du nerf sciatique poplitée interne,
• Les injections de toxine botulique A.
Fiche N° 10 :
L’Incontinence Urinaire Masculine en bref
Protocole fourni par Lamia Fournis, Praticien Hospitalier Gériatre Consultation d’Urodynamique Hôpital Corentin Celton (APHP)