Recherche Notre modèle de souris se rapproche plus de l’homme Le Professeur Amant est l’un des pères spirituels du Fonds voor Innovatief Kankeronderzoek (fonds pour la recherche innovante contre le cancer), en abrégé, le FIKO. Le fonds se concentre sur des thérapies neuves contre le cancer, plus orientées vers l’individu. “Avant, on appliquait la même thérapie aux cancers d’un organe bien défini, comme le cancer du sein ou de l’intestin. Mais maintenant, nous savons que les cancers d’un même type peuvent fortement différer d’un point de vue génétique. C’est pourquoi il est capital de déterminer précisément les caractéristiques spécifiques d’une cellule cancéreuse. Il est vrai que certaines caractéristiques peuvent permettre de prévoir l’efficacité d’une certaine thérapie de façon plus exacte.” En investissant dans les bio­ marqueurs, nous pouvons sélection­ ner les patients qui pourraient tirer profit d’une certaine thérapie. Un des fers de lance de cette approche novatrice est le projet Tumor Xenograft, pour lequel l’on transplante à des souris des tumeurs de patients atteints du cancer. Les souris ont un système immunitaire amoindri, ce qui laisse le champ libre à la tumeur. Le Professeur Implanter une tumeur humaine dans une souris pour parvenir à prévoir l’efficacité d’une thérapie contre le cancer, cela peut sembler bizarre, mais les premiers résultats du projet Patient Derived Tumor Xenograft de la KU Leuven sont très prometteurs. Le Professeur Docteur Frédéric Amant, chef de la recherche, fait le point. Amant admet qu’une tumeur humaine dans une souris constitue un concept particulier. “Mais cela nous permet de vérifier certaines hypothèses. Si une certaine thérapie agit ou non. En tous les cas, notre modèle de souris est plus proche de l’homme que la culture traditionnelle des lignes cellulaires. Les lignes cellulaires ne permettent pas vraiment de faire des prévisions. En outre, il y a une dimension éthique. Suite à des lignes cellulaires imprécises, des personnes subissent souvent des thérapies inutiles qui, malgré tous les efforts, n’agissent pas. Et puis, il y a la question du coût. Il faudrait réserver les thérapies coûteuses aux personnes dont nous savons qu’elles réagiront bien. Notre modèle de souris nous permet donc de faire des économies. En investissant dans les biomarqueurs, l’on peut sélectionner les patients qui pourraient tirer profit d’une certaine thérapie.” Les premiers résultats du modèle de souris sont encourageants. Le Professeur Amant et son équipe constatent une grande convergence entre la tumeur humaine et la tumeur qui se développe chez la souris. “Cette constatation est importante, car la prévisibilité est cruciale. Entre temps, dans notre projet Tumor Xenograft, nous analysons neuf différentes sortes de tumeurs. Dans d'autres centres européens de pointe, on se sert de la même technique, mais on se focalise sur un seul type de cancer. Cette large plateforme, ainsi que le lien intense entre notre institut de recherche et notre hôpital universitaire rend notre projet unique en Europe.” Avec le fonds, on part à la recherche d’argent frais, car l’étude sur les souris est très coûteuse. “Une souris coûte entre 50 et 250 euros. De plus, les expériences durent assez longtemps. Parfois, on a besoin de 16 souris pour une tumeur. Ajoutez les frais de personnel. 3,5 équivalents temps plein travaillent dans notre service, parmi lesquels un spécialiste des animaux, un scientifique et deux laborantins. La récolte de fonds n’est pas évidente. Parfois, des gens renoncent car l’explication est assez technique, parce que la recherche fondamentale leur semble trop abstraite. Pour investir dans des pistes de recherche innovantes, il faut donc du culot et de la confiance. Je considère que le secteur pharmaceutique est un partenaire potentiel important. Ils peuvent tester leurs produits sur nos modèles.” Plus d’infos : www.fiko.be Texte : Dirk Blijweert recherche que la culture des lignes cellulaires Roche Biomarker Magazine 17