de complications en rapport avec une pathologie hémorroïdaire (3). Frish et al.
ont étudié le risque de CCA chez 68 549 patients hospitalisés au Danemark
entre 1977 et 1989 pour des lésions anales bénignes. Chez ces patients, le
risque relatif de développer un CCA dans la première année après l’hospitali-
sation était multiplié par 12 (95%, CI 5,2-23,6) par rapport à une population
témoin, celui-ci diminuait avec le temps et était de 1,8 (95%, CI : 0,5-4,7)
après cinq ans (4). Les auteurs expliquent cette diminution d’incidence avec le
temps par le fait que les lésions anales bénignes peuvent être des complications
d’un CCA débutant. Ces données suggèrent que les lésions anales bénignes ne
sont probablement pas incriminées dans le développement du CCA.
De nombreux cas rapportés dans la littérature ont évoqué le risque de CCA
chez des patients atteints de maladie inflammatoire chronique de l’intestin
(MICI), en particulier la maladie de Crohn (5). L’étude du registre du cancer
danois n’a pas confirmé cette hypothèse sur une série de 1 160 patients atteints
de MICI, où aucun CCA ne s’est développé (6).
Activité sexuelle
Plusieurs études réalisées dans les années quatre-vingt ont évoqué la possibilité
d’un lien entre le CCA et l’homosexualité masculine. Cette relation a été
confirmée par plusieurs travaux récents et étendue à d’autres facteurs que l’ho-
mosexualité.
Daling et al., dans une étude cas-témoins, ont montré que les femmes
présentant un CCA avaient plus d’antécédents de papillomatose génitale
(risque relatif (RR) : 32,5), d’infection herpétique de type 2 (RR : 4,1) et d’in-
fection à Chlamydia trachomatis (RR : 2,3). Chez les hommes, le fait de ne pas
être marié (RR : 8,6), l’homosexualité (RR : 50), la bisexualité (RR : 33), les
antécédents de papillomatose génitale (RR : 27) ou de gonorrhée (RR : 17)
étaient associés au risque de CCA (7).
Une autre étude cas-témoins a comparé 417 patients hétérosexuels présen-
tant un CCA à 534 patients avec un cancer du rectum et 554 témoins. En
analyse multivariée, les facteurs de risque de CCA chez les femmes étaient les
suivants : plus de dix partenaires (RR : 4,5), des antécédents de papillomatose
anale (RR : 11,7) ou génitale (RR : 4,6), des antécédents de gonorrhée
(RR : 3,3), de dysplasie du col utérin (RR : 2,3) et des relations avec des parte-
naires aux antécédents de maladie sexuellement transmissible (RR : 2,4). Des
relations anales avant l’âge de 30 ans et avec au moins deux partenaires diffé-
rents étaient également un facteur de risque significatif. Chez les hommes,
plus de dix partenaires (RR : 2,5), des antécédents de papillomatose anale
(RR : 4,9) et de syphilis (RR : 4,0) étaient des facteurs de risque indépendants
de CCA (8).
Un des arguments en faveur du risque de CCA selon l’activité sexuelle est
la relation existante entre cancer du col de l’utérus et CCA (9). Les données du
146 Les cancers digestifs