262 Cecil Medicine Cancérologie
de phase III ou IV devraient subir une évaluation plus
extensive, tomodensitométrie (TDM) et scintigraphie, à la
recherche de métastases dans les sites habituels, les pou-
mons, le foie, les os.
Les deux facteurs les plus déterminants du pronostic du
cancer du sein au stade précoce sont le statut pathologique
ganglionnaire et la taille de la tumeur. Les autres facteurs
qui contribuent au pronostic sont : le récepteur α des estro-
gènes (RE), le récepteur de la progestérone (RP) et la pro-
téine HER2, qui sert de récepteur membranaire du facteur
de croissance épidermique ; ils sont classiquement dosés
par immunohistochimie, bien que l'hybridation in situ en
fluorescence ( fluorescence in situ hybridization [FISH]) pour
rechercher l'amplification du gène HER2 soit également uti-
lisée. Le pronostic est considéré comme défavorable en cas
de charge ganglionnaire importante, de mauvais grade his-
tologique, de tumeur volumineuse, d'absence d'expression
de RE et de PR et de surexpression de HER2.
Récemment, l'accent a été mis sur les marqueurs prédic-
tifs RE, RP et HER2 comme guides dans le choix du traite-
ment. Ceux-ci devraient être systématiquement évalués dans
chaque cancer invasif. La plupart des tumeurs qui expri-
ment RE ou RP, ou les deux, sont sensibles à l'hormonothé-
rapie, tandis que celles qui en sont dépourvues répondent
rarement à une telle thérapie. La surexpression de la pro-
téine HER2 observée par immunohistochimie ou par FISH
annonce une réponse favorable à l'anticorps monoclonal
anti-HER2 qu'est le trastuzumab, ou au lapatinib, une petite
molécule qui inhibe l'activité de tyrosine kinase du récep-
teur HER2. On manque encore de données concernant les
relations entre l'efficacité de la chimiothérapie et l'expres-
sion des trois marqueurs, RE, RP ou HER2.
Des techniques moléculaires modernes ont permis une
classification moléculaire des cancers du sein. Le profil des
transcrits suggère que ces tumeurs peuvent être réparties en
au moins cinq sous-types moléculaires : semblable au tissu
mammaire normal, luminal A et B, HER2 et basal. Le sous-
type luminal A et le luminal B expriment fréquemment le
RE, mais le luminal A aurait un meilleur pronostic et répon-
drait mieux à l'hormonothérapie que le luminal B. Le sous-
type basal est dominé par les tumeurs qui n'expriment pas
RE, RP ni HER2 ; celles-ci sont dites triplement négatives et
n'offrent pas de cible moléculaire facilement identifiable.
Des tests multigéniques qui évaluent ces profils d'expres-
sion génique sont encore à l'étude, mais plusieurs sont déjà
disponibles en pratique clinique. Un de ces tests, Oncotype
Dx®, peut contribuer à l'identification, à un stade précoce,
d'un cancer du sein positif pour un récepteur de stéroïde et
qui pourrait être mieux neutralisé par l'ajout de la chimio-
thérapie au tamoxifène. Un autre test, Mammaprint®, peut
être utile pour l'identification des jeunes femmes atteintes
d'un cancer du sein au pronostic défavorable. Un certain
nombre d'autres tests sont en cours de développement ;
quant aux Oncotype Dx® et au Mammaprint®, ils font l'objet
de vastes essais randomisés pour que les conditions de leur
utilisation soient affinées et deviennent optimales.
Traitement
Traitement local du cancer du sein au stade précoce
Carcinome in situ
La sensibilisation du public au cancer du sein et le dépistage plus
répandu par mammographie ont permis des diagnostics plus
précoces : les carcinomes in situ représentent aujourd'hui 20 à
25 % des nouveaux cas ( tableau 23-4 ). La plupart de ceux-ci sont des
carcinomes canalaires in situ (CCIS). Environ 30 % de ceux-ci laissés
sans traitement deviendraient invasifs dans le même sein. Le risque
de métastase d'un CCIS est extrêmement faible. En conséquence, les
choix de traitement sont centrés sur le sein concerné, l'exploration
des ganglions axillaires n'étant pas systématique. La mastectomie
totale, la thérapie traditionnelle, aboutit, avec une forte probabilité, à
la guérison, mais pour de nombreuses femmes atteintes d'un CCIS,
des études suggèrent que le sein peut être conservé. Ce procédé ne
pourra être choisi que s'il ne déforme pas de manière excessive le
sein, si la tumeur n'est pas trop étendue et si la patiente le souhaite.
Plusieurs études ont suggéré que la taille et l'étendue des marges
chirurgicales de la lésion étaient d'importants déterminants du
résultat local. Il est essentiel que l'excision soit suf samment large
pour que les marges soient libres de tissu cancéreux. Il est crucial
de con rmer que le CCIS a été excisé convenablement par un
examen mammographique attentif de la tumeur réséquée et une
mammographie du sein après exérèse. Un large essai randomisé
a montré que l'association de la radiothérapie à la tumorectomie
diminuait, mieux que la tumorectomie seule, la probabilité de
récurrence in situ ou invasive. D'autres séries de données suggèrent
qu'une exérèse locale seule peut être proposée lorsque l'histologie
est favorable et lorsque les patientes sont prêtes à se soumettre à
une surveillance étroite. En outre, l'utilisation du tamoxifène pendant
5 ans peut réduire d'environ 50 % la probabilité de récurrence
homolatérale et le développement d'un cancer dans l'autre sein.
Tableau 23-3 Stade TNM et survie
Stade Catégorie TNM * Sans récidive à 10 ans
(sans thérapie
adjuvante systémique)
0 TisN0M0 98 %
I T1N0M0 80 % (toutes les
patientes au stade I)
T < 1 cm 90 %
T > 1–2 cm 80–90 %
IIA T0N1M0 ; T2N0M0 60–80 %
IIA T1N1M0 50–60 %
IIB T2 N1M0 5–10 %, plus mauvais
que IIA et fondé sur le
statut ganglionnaire
IIB T3N0M0 30–50 %
IIIA T0 ou T1 ou T2N2M0 ;
ou T3N1 ou N2M0 10–40 %
IIIB T4N0 ou N1 ou N2M0 5–30 %
IIIC Tout T, N3M0 15–20 %
IV Tout T, tout NM1 < 5 %
* Voir tableau 23-2 pour les dé nitions TNM.
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