•Par localisation
La figure 4 présente l’évolution de la mortalité pour les
principales localisations de cancer.
Chez l’homme, on observe une augmentation considérable
de la mortalité par cancer du poumon jusqu’à la fin des
années 1980, suivie d’une stabilisation. La mortalité par
cancer de la bouche, du pharynx, du larynx et de l’œsophage
a augmenté de 1950 jusqu’au milieu des années 1970, et
diminue régulièrement depuis. La mortalité par cancer de
l’estomac diminue régulièrement, et la mortalité par cancer
colorectal est relativement stable, voire en légère diminution
depuis 1980. L’augmentation de la mortalité par cancer de la
prostate, observée jusqu’en 1990, pourrait être due, au moins
en partie, à l’amélioration du diagnostic de cette maladie,
recherchée plus systématiquement dans la population âgée.
Chez la femme, on observe une augmentation de la mortalité
par cancer du sein suivie d’une stabilisation depuis la fin des
années 1980, une diminution importante de la mortalité par
cancer de l’estomac et par cancer de l’utérus (col et corps), et
une diminution nette de la mortalité par cancer colorectal.
On commence à voir, depuis 1980, une augmentation de la
mortalité par cancer du poumon qui est devenue la troisième
cause de mortalité par cancer chez la femme depuis 1992.
L’augmentation régulière de la mortalité par cancer de
l’ovaire, observée jusqu’à la fin des années 1980, est proba-
blement due, en partie, à l’amélioration du diagnostic de
cette tumeur[3].
Morbidité : estimation du nombre
de nouveaux cas de cancer en 2000
Le tableau 2 et la figure 5 présentent l’estimation des nombres
de cancers diagnostiqués en 2000 par localisation. Au total,
près de 260 000 cancers ont été diagnostiqués, 149 000 chez
l’homme et 108 000 chez la femme. Chez l’homme, les
diagnostics les plus fréquents sont ceux des cancers de la
prostate, du poumon, du côlon et du rectum et de la bouche,
du pharynx et du larynx. Chez la femme, le diagnostic de
cancer du sein est de très loin le plus fréquent, suivi par le
cancer colorectal.
Discussion
Les deux indicateurs de fréquence des cancers sont complé-
mentaires. L’incidence mesure le risque de cancer, mais elle
est très sensible aux pratiques diagnostiques : par exemple
une campagne de dépistage du cancer de la prostate par
toucher rectal et dosage de PSA (prostatic specific antigen)
peut multiplier par deux l’incidence du cancer de la prostate
chez les homme âgés, alors que la mortalité restera inchan-
gée. Les incidences des cancers du sein et de la thyroïde sont
aussi très sensibles aux pratiques de diagnostic et/ou de
dépistage. La mortalité mesure à la fois le risque de cancer et
la survie après diagnostic. Pour les localisations très rapide-
ment létales, l’incidence est proche de la mortalité alors que,
pour les localisations moins graves, elle est beaucoup plus
élevée que la mortalité. Pour certaines localisations comme
le foie et le pancréas, le nombre observé de décès en 1999 est
supérieur au nombre estimé de cas incidents en 2000. Trois
phénomènes sont à l’origine de ces incohérences. Le premier
est la nature différente des données utilisées. Les certificats de
décès, pour certaines localisations, sont souvent remplis de
façon très approximative et, en particulier, des métastases
hépatiques sont enregistrées comme cancer du foie. Pour le
cancer du pancréas, un diagnostic porté sur un certificat de
décès sans qu’il y ait eu un diagnostic histologique n’est pas
inclus dans les statistiques d’incidence. Le second phéno-
mène est le décalage entre l’incidence et la mortalité. Enfin,
les données d’incidence sont estimées pour la France entière
Poumon
Hommes
Prostate
Côlon et rectum
Bouche, pharynx et
larynx
Foie
Pancréas
Œsophage
Vessie
Estomac
Leucémies Source : SC8 inserm
05 000 10 000 15 000 20 000 25 000
A
Sein
Femmes
Côlon et rectum
Poumon
Pancréas
Ovaire
Utérus : col et corps
Leucémies
Estomac
Lymphome non hodgkinien
Foie
05 000 10 000 15 000 20 000 25 000
B
Source : SC8 inserm
Figure 2. Nombre de décès par localisation de cancer en 1999.
C. Hill, F. Doyon
Bull Cancer 2003 ; 90 (3) : 207-13
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