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de dépistage le plus adapté et le meilleur intervalle entre
deux tests dans les années à venir. Progressivement, les
populations vaccinées arrivent à l’âge de leur premier dé-
pistage et l’un des premiers constats sera une diminution
de la performance de la cytologie. La vaccination anti-HPV va
entraîner une diminution de la prévalence HPV, une diminu-
tion de la fréquence des frottis anormaux et des
CIN 2+
,
et par conséquent une baisse de la valeur prédictive posi-
tive de la cytologie pour les populations vaccinées.44 Pro-
gressivement, le frottis ne sera plus adapté à la prévention
secondaire. Dans ce contexte, le test HPV, de par sa meil-
leure sensibilité et son objectivité, deviendra le moyen de
dépistage le plus adapté. Plusieurs pays européens, tels
que la Suède, l’Italie, la Norvège et la Hollande ont déjà
adopté partiellement ou dans l’ensemble du pays un dé-
pistage primaire par un test HPV.
Le test HPV comme dépistage primaire, suivi d’un test
spécifique comme la cytologie pour le triage des femmes
HPV-positives, seront probablement les options les plus
adaptées à l’ère vaccinale. La cytologie conservera sa per-
formance puisque les cytologistes n’auront à examiner que
les cas HPV-positifs comportant une prévalence élevée de
CIN
.45 Cette stratégie permettra d’espacer les intervalles
entre deux dépistages de trois à cinq ans et offrira l’oppor-
tunité de suivre l’évolution des génotypes HPV dans le
temps et d’analyser l’efficacité de la vaccination anti-HPV à
long terme.46,47 L’allongement de l’intervalle entre deux tests
sera un avantage majeur en termes de coût. Finalement,
l’introduction du test HPV offre la possibilité d’autoprélè-
vement pour les femmes qui ne participent pas au dépis-
tage ou refusent l’examen gynécologique.48 L’autoprélève-
ment peut se faire à domicile, le spécimen pouvant être
envoyé par la poste directement au laboratoire. En cas de
test positif, il sera nécessaire de consulter son gynécologue
pour un frottis.
Afin de suivre l’efficacité et les effets indésirables à long
terme de la vaccination, un système de surveillance soute-
nu par des registres doit être mis en place. Des bases de
données sur la participation au dépistage, les interventions
entreprises auprès des femmes ayant un test positif, ainsi
que les résultats des génotypes HPV doivent également
être constitués afin d’atteindre ces objectifs. Ces registres
de vaccination et de dépistage devraient être couplés aux
registres de la population et des cancers.
En considérant la synergie vaccination-dépistage comme
une approche globale, il sera possible d’évaluer le coût/
bénéfice et l’efficacité de la prévention du cancer du col en
Suisse. C’est dans ces conditions seulement qu’on pourra
garantir aux femmes suisses une prévention efficace contre
le cancer du col.
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Dr Pierre Vassilakos
Fondation genevoise pour la formation et la recherche
médicales
Centre collaborateur de l’OMS pour l’éducation
et la recherche en reproduction humaine
Villa Grand-Montfleury
Chemin du Grand-Montfleury 48
1290 Versoix
Sarah Untiet
Pr Patrick Petignat
Service de gynécologie
HUG, 1211 Genève 14
Adresses
Stratégie de recherche
Les articles ont été sélectionnés à partir de PubMed (National
Library of Medicine – National Institutes of Health), avec les
mots clefs «HPV», «HPV vaccine», «cervical cancer», «scree-
ning», «Switzerland», «Gardasil» et «Cervarix». Nous avons
également inclus l’ensemble des communiqués de presse et
des rapports de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP)
suisse.
1 EKIF. Directive and recommendation n° 21 : HPV
vaccination recommendation, July 2007.
2 ** Schiffman M, Castle PE, Jeronimo J, Rodriguez
AC, Wacholder S. Human papillomavirus and cervical
cancer. Lancet 2007;370:890-907.
3 Clifford GM, Smith JS, Plummer M, Munoz N, Fran-
ceschi S. Human papillomavirus types in invasive cervical
cancer worldwide : A meta-analysis. Br J Cancer 2003;
88:63-73.
4 Lacey CJ, Lowndes CM, Shah KV. Chapter 4 : Bur-
den and management of non-cancerous HPV-related
conditions : HPV-6/11 disease. Vaccine 2006;24(Suppl. 3):
S3, S35-41.
5 Mariani L, Venuti A. HPV vaccine : An overview of
immune response, clinical protection, and new ap-
proaches for the future. J Transl Med 2010;8:105.
6 Office fédéral de la santé publique. Prise de posi-
tion concernant l’efficacité comparée du Gardasil et du
Cervarix et l’opportunité de leur utilisation en Suisse.
OFSP, 2010.
7 Ludwig C, Wagner R. Virus-like particles-universal
molecular toolboxes. Curr Opin Biotechnol 2007;18:
537-45.
8 Information from FDA and CDC on Gardasil and
Bibliographie
Implications pratiques
On estime que la vaccination anti-papillomavirus humain (anti-
HPV) a le potentiel de prévenir 62% des cas de cancer du col
utérin et des décès liés
Vu que le vaccin n’offre pas de protection contre tous les
types de HPV, la participation régulière au dépistage est aussi
importante pour les femmes vaccinées
La sensibilité du frottis est estimée entre 50 et 60%. La com-
binaison du frottis avec le test HPV serait une possibilité
d’améliorer la sensibilité du dépistage
Une telle combinaison rendrait un allongement des intervalles
de dépistage possible, qui sera un avantage majeur en termes
de coût
Dans le système de dépistage opportuniste en Suisse, on
constate que certaines femmes ont des frottis trop souvent,
alors que d’autres pas assez ou pas du tout
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Conflit d’intérêt
Les auteurs n’ont pas de conflit d’intérêt à déclarer.
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