Le chef du Service d’oncologie
médicale du CHUV, le professeur Eric
En 2004, Lætitia Mendes découvre qu’elle est porteuse de la mutation génétique
BRCA2, qui prédispose au cancer du sein et des ovaires. Elle devient deux ans et
demi plus tard, à 26 ans, la première femme en France à subir une ablation
préventive des seins. Pendant huit ans, elle n’en parlera pas. Sauf à des proches.
Puis, le 14 mai 2013, elle découvre comme le monde entier la confession
d’Angelina Jolie. Dans une lettre ouverte intitulée «Mon choix médical»,
l’actrice alors âgée de 37 ans dévoile que, se sachant porteuse du gène BRCA1 –
exposant à des risques de cancer encore plus élevés que BRCA2 –, elle a subi une
double mastectomie préventive. Il y a quelques semaines, elle a annoncé avoir
poursuivi avec l’ablation des ovaires.
Dans la foulée du témoignage de l’actrice en 2013, Lætitia accepte de parler à
son tour dans les médias: «J’ai ensuite reçu des questions de femmes de partout
dans le monde qui cherchaient à en savoir plus, à connaître mes sensations»,
raconte-t-elle au téléphone, depuis Paris. Réalisant alors que le besoin
d’information est énorme, elle décide de faire de son histoire un livre, sorti en
automne 2014, Monpetitgène,masecondechance.
«Au fur et à mesure de la progression du cancer de ma mère, il y a eu tant de
traumatismes que j’ai écrit des bribes de textes comme exutoire, juste pour moi,
confie-t-elle. Mais c’est vraiment Angelina Jolie qui m’a motivée à raconter mon
histoire.» D’autant que la Française sait que, même lorsque la mutation est
connue, ces informations ne circulent pas facilement au sein des familles. Après
être tombée malade, sa mère, dont la mère a aussi eu un cancer, a réclamé une
analyse génétique. «Quand les résultats sont tombés, certains membres de la
famille n’ont rien voulu savoir, et n’en ont pas parlé à leurs enfants.» A 30 ans,
ne sachant rien des prédispositions familiales, la cousine de Lætitia tombe
malade. S’ensuit une ablation des seins, puis une ovariectomie.
Avec réalisme mais sans pathos, Lætitia Mendes raconte l’accompagnement de
Raymond, met en perspective la décision de
l'actrice américaine. Plus...
On la disait enceinte. La star
annonce qu'elle a subi une ablation des
ovaires, en raison d'un risque de cancer
élevé. Plus...
Avec réalisme mais sans pathos, Lætitia Mendes raconte l’accompagnement de
sa mère dans la maladie, puis son décès. La narratrice évoque aussi sa décision,
immédiate et irrévocable, de la double mastectomie, le jour où elle apprend
qu’elle est porteuse de la mutation. Mais, à l’époque, toucher à des tissus sains,
de surcroît à la poitrine et chez quelqu’un d’aussi jeune, relève presque du
sacrilège en France. «J’ai cherché longtemps quelqu’un qui accepte de pratiquer
l’intervention, et qui sache la faire.» Elle ne cache rien du parcours qui suivra,
entre difficultés postopératoires et séparation d’avec son mari et père de sa fille.
Mais elle tient bon, se reconstruit, et fonde Charism, une agence de conseil en
images qui aide notamment les personnes complexées ou atteintes dans leur
intégrité physique. Aujourd’hui, elle ne regrette rien. «Connaître mon risque a
été une chance pour déjouer les pièges de cette hérédité.»
Comme elle, de plus en plus de femmes veulent savoir. «Partout dans le monde,
les consultations d’oncogénétique ont augmenté de 50% depuis l’annonce
d’Angelina Jolie», indique Pierre Chappuis, responsable de l’unité
d’oncogénétique et de prévention des cancers aux Hôpitaux universitaires de
Genève. Avec dans la plupart des cas «des antécédents personnels ou familiaux
qui justifiaient cette démarche, poursuit le spécialiste. Certaines femmes avaient
mis ça de côté pendant des mois, voire des années, et se sont décidées à ce
moment-là.»
Les médecins saluent cet effet préventif à large échelle: «Il y a une femme
identifiée parmi les plus belles du monde qui a une mutation génétique. Ça nous
permet de discuter plus ouvertement avec les patientes. Souvent, avant, le
cancer était caché dans les familles. Or, plus les femmes sont informées, mieux
elles peuvent décider», estime Sheila Unger, médecin au service de génétique du
CHUV.
Patrice Mathevet, chef du service de gynécologie obstétrique du CHUV, a noté
aussi «une augmentation des demandes de patientes porteuses de la mutation
pour l’ablation des seins». Une option qui n’est pas privilégiée en Suisse (lireci
dessusàdroite). Comme l’épouse de Brad Pitt, Lætitia Mendes projette aussi
l’ablation des ovaires. Mais pas tout de suite. Elle aimerait d’abord un deuxième
enfant. Pour éviter de transmettre le gène, elle souhaite bénéficier de la
procréation médicalement assistée. Mais ça, c’est un autre combat. (24 heures)
(Créé: 07.04.2015, 12h00)
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