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de la localisation du cancer et du rapport entre la masse
tumorale et le volume du sein.
Pour optimiser les chances de guérison, tout en anticipant
au mieux les conséquences esthétiques ou douloureuses
des traitements, les différents spécialistes (chirurgiens,
radiothérapeutes et chimiothérapeutes) travaillent de
concert dès l’annonce du diagnostic. «
La très grande
majorité des femmes survivant à leur cancer du sein, l’en-
jeu est désormais de préserver la qualité de vie de ces
patientes. La maîtrise de l’ensemble des techniques de
chirurgie plastique du sein -chirurgie oncoplastique- est
donc décisive dans leur prise en charge. Elle doit permettre
de retirer largement le cancer, de conserver le sein avec un
résultat plastique de qualité et d’anticiper les effets de la
radiothérapie sur la glande mammaire opérée. La connais-
sance des traitements complémentaires du cancer du sein
–radiothérapie, chimiothérapie - et de leurs actions sur la
cicatrisation et le volume mammaire nous permet d’anti-
ciper la qualité des résultats à court, moyen et long terme.
La prévention des séquelles douloureuses ou de handicaps
survenant au niveau du sein, de l’épaule et du bras passe
aussi par la maîtrise de ces techniques
» explique le Dr
Fabien Reyal [3].
Cependant, l’ablation complète du sein -mastectomie*-
est parfois nécessaire en raison de la taille de la tumeur,
de la présence de plusieurs foyers tumoraux ou de l’exis-
tence de cellules tumorales disséminées dans le sein. Les
chirurgiens enlèvent alors la glande mammaire dans sa
totalité en conservant les muscles pectoraux. Dès cette
étape, le chirurgien fait alors part à la patiente des possi-
bilités de reconstruction.
«
Lorsqu‘une mastectomie s’avère indispensable, nous
discutons des possibilités de reconstruction adaptées au
morphotype et aux désirs des patientes, en tenant compte
de leurs antécédents et de leur parcours de soins
», poursuit
le Dr Fabien Reyal.
A l’Institut Curie, la chirurgie reconstructrice est venue
logiquement compléter l’expertise sur les traitements
conservateurs. Différentes techniques de reconstruction
(prothèse ou lambeau) sont aujourd’hui proposées aux
femmes au cours d’une consultation dédiée.
De nouvelles
techniques en chirurgie
oncoplastique
Dr Fabien Reyal [3]
Chirurgien spécialiste
de la reconstruction du sein
Près d’un quart des femmes qui bénéficient d’un traitement
conservateur vont développer des séquelles fonctionnelles,
douloureuses ou esthétiques. Différentes techniques de chirurgie
oncoplastique leur sont proposées : remodelage de la glande,
réinjection de graisse au niveau des anomalies de forme et de
volume, pose d’implants mammaires, ou encore réalisation
d’une mastectomie puis d’une reconstruction si les séquelles
sont trop importantes. « Aujourd’hui nous nous orientons vers
des interventions utilisant la propre graisse de la patiente afin
de remodeler ou de reconstruire un sein » explique le Dr Fabien
Reyal. Si le lipomodelage est déjà une réalité dans le traitement
des séquelles esthétiques, les médecins de l’Institut Curie, en
partenariat avec l’Institut Bergonié de Bordeaux, étudient son
intérêt dans la prise en charge des douleurs. « Cette médecine
régénérative est très prometteuse. Elle consiste à liposucer de la
graisse au niveau abdominal, de la face interne des cuisses ou des
hanches, à la centrifuger puis à la réinjecter au niveau des zones
douloureuses ». En effet des études ont mis à jour une réduction
potentielle des symptômes après réinjection de cette graisse au
niveau des tissus abîmés par les traitements. A l’origine de cet
effet, des cellules souches adipocytaires qui contribueraient à
la régénération des tissus. En attente de financement, un essai
clinique incluant 200 patientes pourrait débuter en 2013.
« En parallèle, nous développons avec les chirurgiens plasticiens
du service une approche de microchirurgie » ajoute-t-il .
Deux techniques sont possible : 1) le DIEP –pour Deep inferior
epigastric perforator– consiste à prélever l’excédent de graisse au
niveau de l’abdomen puis à « rebrancher » les vaisseaux irriguant
cette graisse à ceux situés au niveau de la paroi thoracique,
2) le TUG –Transverse upper gracilis flap– consiste à prélever
l’excédent cutané et graisseux de la face interne de la cuisse, ainsi
que le muscle gracilis dont l’utilité fonctionnelle est faible, puis
à « rebrancher » les vaisseaux irriguant la graisse et ceux de la
paroi thoracique. Offrant un bon résultat esthétique du fait de la
consistance très naturelle du sein reconstruit, ces techniques
demandent un temps opératoire plus long. A l’Institut Curie, une
consultation et un parcours de soins spécialisé dans la prise en
charge des séquelles fonctionnelles, douloureuses et esthétiques
des traitements est en développement.
Entretien