n°99 - Institut Curie

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le journal
de
l’institut curie
comprendre pour agir contre le cancer
actualités
L’essai Shiva,
de la théorie à la
pratique clinique
Entre nous
Compte d’emploi
des ressources
de l’Institut Curie
dossier
Soins de support :
pour une approche
globale du patient
# 99 - septembre 2014 - 1,50 € - ISSN 1145-9131
sommaire
h actualités
Institut Curie
L’essai Shiva, de la théorie
à la pratique clinique
Métastases : un mystère de la
dissémination tumorale s’éclaircit
p. 3
p. 4
Fondation privée reconnue d’utilité publique habilitée à recevoir
des dons et des legs, l’Institut Curie associe le premier centre français
de recherche en cancérologie à un ensemble hospitalier de pointe.
Fondé dès 1909 sur un modèle conçu par Marie Curie, de la recherche
fondamentale aux soins innovants, l’Institut Curie rassemble
3 400 chercheurs, médecins et soignants mobilisés pour lutter contre
les cancers. Pour accélérer les découvertes et ainsi améliorer la
qualité de vie des malades, le soutien de nos donateurs est essentiel.
Actualités générales
Il y aurait deux types de cancers
de la surrénale !
Congrès Asco 2014 : de nouveaux
espoirs pour les patients
Éditorial
p. 5
Un grand merci pour votre générosité,
véritable moteur de nos actions
p. 6
Cancer du sein : mieux dépister,
pour mieux traiter
p. 7
Christophe Hargoues / Institut Curie
h dossierp. 8
pour une
approche 
globale et
spécifique
de chaque patient
La qualité de vie passe
aussi par le lien social
Accompagner le retour au travail
Pas encore des adultes,
mais plus des enfants
h entre nous
p. 10
p. 12
p. 14
Questionnaire : les donateurs ont
pris la parole
p. 15
Le compte d’emploi des ressources
2013 de l’Institut Curie p. 16
Marie Curie et sa fille Irène se sont
engagées pendant la Grande Guerre p. 19
Pedro Lombardi / Institut Curie
h fiche pratique
Le Conseil d’administration, que j’ai l’honneur
et la responsabilité de présider, a approuvé les
comptes 2013 de notre fondation. Vous les
découvrirez dans ce numéro (lire p. 16-17), où
Daniel Thierry, membre fondateur et trésorier,
les commente pour vous. En tant que lecteurs
et donateurs fidèles, vous pourrez ainsi prendre
connaissance, comme chaque année, du bilan
financier de notre institut, et apprécier le détail
de l’origine de nos ressources issues de votre
générosité. Les comptes 2013 précisent l’usage
qui est fait de votre précieux soutien en terme
Pr Thierry Philip, président
d’innovation contre le cancer. Aujourd’hui,
de l’Institut Curie
l’innovation passe notamment par l’adoption
d’une vision globale de chaque personne
malade car, au-delà de soigner, il est primordial d’accompagner la personne
selon ses besoins particuliers, son âge, sa situation … (lire p. 8).
Votre présence à nos côtés nous a permis, en 2013, d’acquérir des
connaissances et d’ouvrir de nouvelles voies, avec de nombreux espoirs
à la clé pour vaincre la maladie. L’excellence de nos chercheurs et médecins
a été reconnue cette année en France et par-delà nos frontières. La directrice
de notre Centre de recherche, Geneviève Almouzni, a été reçue à l’Académie
des sciences en séance solennelle sous la coupole de l’Institut de France.
La direction de la Chimiothèque nationale vient d’être confiée à Florence
Mahuteau-Betzer, qui pilote déjà celle de l’Institut Curie. Ou encore
le prix Diálogo à l’Amitié franco-espagnole a été remis à l’Institut Curie
et la Fundación Centro Nacional de Investigaciones Oncológicas Carlos III*,
récompensant nos statuts de « références mondiales en matière
de prévention, diagnostic et traitement du cancer ». Le modèle Curie,
plus que jamais d’actualité, nous permet toujours d’avancer plus loin
et de remporter de nouvelles victoires, que nous sommes fiers de partager
avec vous, en remerciement de votre générosité.
* Fondation du Centre national de la recherche en Oncologie Carlos III
LE JOURNAL DE L’Institut Curie COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER EST ÉDITÉ PAR L’Institut Curie, 26 RUE D’ULM, 75248 PARIS CEDEX 05 - [email protected] WWW.CURIE.FR - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : PR thierry philip - RÉDACTRICE EN CHEF : NATHALIE BOISSIÈRE – RÉDACTION : NATHALIE BOISSIERE, AURELIEN COUSTILLAC, Corinne
Drault, Salomé Tesseire – ICONOGRAPHIE : Citizen Press et PHOTOTHEQUE.CURIE.FR – DONS ET ABONNEMENTS : YVES CONGAL (01 56 24 55 66) – ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO :
D R SÉverine Alran, Sylvie Arnaud, Philippe Chavrier, D R PAUL COTTU, D R Sylvie Dolbeault, marie dutreix, Ludger Johannes, D R Christophe Le Tourneau, D R Alain
Livartowski, P R Roman Rouzier, Anne VINCENT-Salomon, MONIQUE SEVELLEC de l’institut curie – LE SOMMAIRE, LES TITRES, CHAPÔS, INTERTITRES, ILLUSTRATIONS ET
LÉGENDES SONT DE LA RESPONSABILITÉ DE LA RÉDACTION EN CHEF ET N’ENGAGENT QU’ELLE – PHOTOS DE COUVERTURE : ACJC/MUSEE CURIE, Christophe Hargoues et NOAK/LE
BAR FLOréal pour INSTITUT CURIE – ABONNEMENT POUR 4 NUMÉROS/AN : 6 € – CRÉATION ET RÉALISATION : CITIZEN PRESS (01 77 45 86 86) – FABRICATION : TC GRAPHITE (MONTREUIL)
– IMPRESSION : LA GALIOTE PRENANT, 70 RUE AUBER, 94401 VITRY-SUR-SEINE – NUMÉRO DE COMMISSION PARITAIRE : 0917H82469 – DÉPÔT LÉGAL DU # 99 : SEPTEMBRE 2014 – CE NUMÉRO
A ÉTÉ IMPRIMÉ A 200 000 EXEMPLAIRES. il est accompagné d’un bulletin d’abonnement pour certains adressés.
02,
LE JOURNAL DE
L’Institut Curie
actualités
Institut Curie
,Recherche clinique
L’essai Shiva, de la théorie
à la pratique clinique
Shiva a franchi une étape cruciale. L’essai clinique a démontré que réaliser la carte génétique de
la tumeur des patients est possible en pratique clinique et compatible avec les délais de la prise
en charge des patients.
Noak / Le Bar Floreal/Institut Curie
L
’essai clinique Shiva est une
enquête minutieuse sur la tumeur
du patient en vue d’un traitement
personnalisé », explique le
Dr Christophe Le Tourneau,
coordinateur de l’essai et responsable
de la médecine de précision à l’Institut
Curie. Dans cet essai, une première
mondiale, les chercheurs ont analysé
la tumeur de près de huit cents patients
atteints de tous types de cancer, quelle
que soit sa localisation, afin d’en établir
la carte génétique. En effet, si une
thérapie est efficace dans le cancer de
la vessie, pourquoi ne le serait-elle pas
pour un cancer du poumon, dès lors
que les deux tumeurs ont en commun
la même anomalie moléculaire.
Ainsi, lorsqu’une anomalie moléculaire
est détectée, et si la thérapie ciblée
correspondant à cette anomalie est
disponible, les patients ont accès à
ce traitement, même si c’est en dehors
de son indication première.
« Il était important d’évaluer la faisabilité
de notre méthode et sa compatibilité
avec la prise en charge clinique
des patients au quotidien », reprend
le Dr Le Tourneau. La question était
de savoir s’il était possible de réaliser
la carte génétique des tumeurs en
un temps compatible avec les besoins
cliniques, pour proposer aux patients
un traitement ciblé dans un délai
raisonnable. La réponse est oui.
L’Institut Curie a démontré la faisabilité
de cette approche au quotidien, à partir
des données des premiers patients
ayant participé à l’essai clinique,
en collaboration avec les centres de
h
«
Au pôle de Médecine de précision de
l’Institut Curie sont menées les analyses des
patients dans le cadre de l’essai Shiva créé
en 2013.
lutte contre le cancer de Dijon, Lyon,
Marseille, Nancy, Nantes et Toulouse.
Il fallait auparavant plusieurs mois
pour établir la carte génétique d’une
tumeur et cela coûtait des dizaines de
milliers d’euros. Aujourd’hui, pour un
coût d’environ 1 000 euros, « il est
possible de réaliser la carte génétique de
la tumeur d’un patient en moins de quatre
semaines », assure le Dr Le Tourneau.
Reste à suivre ces patients sur la durée
afin d’évaluer l’efficacité des
traitements dans leurs nouvelles
indications.
Aurélien Coustillac
Des donateurs
engagés dans le
financement de Shiva
Le caractère très innovant de l’essai
Shiva, sa portée pour les patients et
le fait qu’il concerne tous les types
de cancers sont des éléments très
parlants pour les donateurs. Ils ont
répondu présents pour soutenir
Shiva. L’Institut Curie remercie
chaleureusement l’association 109,
première à soutenir l’essai dès 2011,
et l’association Courir pour la Vie, qui
l’a rejointe en 2012. Des mécènes
comme la Fondation EDF, SwissLife
ou Malakoff Médéric s’engagent
désormais aux côtés de milliers de
donateurs particuliers, parmi
lesquels des donateurs américains,
persuadés du potentiel de cette
recherche clinique.
h Source : British Journal of Cancer, 15 mai 2014.
LE JOURNAL DE
L’Institut Curie
,03
actualités
Institut Curie
,Métastases
Christophe Hargoues / Institut Curie
Rendre aussi
la radiofréquence
plus efficace
Un mystère de
la dissémination
s’éclaircit
Christophe Hargoues / Institut Curie
Traitement
Marie Dutreix, chef de l’équipe
Recombinaison, réparation et cancer : de
la molécule au patient, à l’Institut Curie.
Tuer les cellules tumorales sous
l’action de la chaleur : tel est le
principe de la radiofréquence.
Toutefois, son efficacité décroît
avec la taille de la tumeur. Marie
Dutreix, biologiste à l’Institut
Curie, a donc observé si les
molécules Dbait, qu’elle a conçues,
n’augmenteraient pas l’effet de
la radiofréquence. Ces molécules
« trompent » les cellules
tumorales – et uniquement elles –,
en leur faisant croire que, suite
au traitement, elles sont plus
endommagées qu’elles ne le
sont réellement. Résultat :
les molécules Dbait accroissent la
destruction par la radiofréquence
des cellules tumorales dans un
modèle de cancer du côlon.
Les études doivent se poursuivre
pour qu’à terme débute un essai
clinique avec des patients.
Issue de la collaboration entre
Curie-Cancer et sa start-up DNA
Therapeutics, une première
molécule basée sur la technologie
Dbait est déjà évaluée, avec des
résultats encourageants, en
association avec une
radiothérapie, chez une vingtaine
de patients atteints de mélanome
métastatique résistant à la
chimiothérapie.
h Source : Science to Practice et
Radiology, avril 2014.
04,
Nathalie Boissière
LE JOURNAL DE
L’Institut Curie
es chercheurs de l’Institut Curie ont
étudié une forme de cancer
du sein parmi les plus agressives,
résistante aux traitements. Menés
par Carine Rossé et Philippe Chavrier,
biologistes, en collaboration
avec Anne Vincent-Salomon, médecinchercheuse, ils ont ainsi découvert deux
protéines (PKC et MT1-MMP) impliquées
dans la dissémination tumorale.
Ces dernières sont « surproduites »
chez les patientes atteintes de cancers à
pronostic défavorable. En les repérant,
il serait possible d’identifier très tôt les
tumeurs enclines à provoquer des
métastases, ces cellules cancéreuses
qui s’échappent de la tumeur d’origine.
h
h
D
Anne Vincent-Salomon et Philippe Chavrier.
PKC et MT1-MMP deviennent aussi
une cible thérapeutique potentielle pour
bloquer la dissémination de ces
métastases. Ces travaux originaux sont
menés dans le cadre du programme
« Cancer du sein : invasion et motilité »,
financé grâce à la générosité du public
envers l’Institut Curie.
Isabelle Ampart
h Source : PNAS, avril 2014.
,Biologie
Un espoir pour « contrôler »
les cellules tumorales
À
l’Institut Curie, Ludger Johannes
dirige la récente unité de recherche
Chimie biologique des membranes et
ciblage thérapeutique. Son équipe
étudie le mécanisme par lequel la
cellule absorbe de grosses molécules
(les « cargos »). Le va-et-vient de ces
molécules permet à la cellule
d’échanger et de communiquer avec ses
consœurs. Les protéines de la famille
galectine, dont l’une s’appelle Gal3, sont
connues pour monter la garde à l’entrée
des cellules : « Nous venons d’élucider
un mécanisme incompris depuis trente
ans, en expliquant comment Gal3 capture
les “cargos” et provoque l’incurvation de
la membrane cellulaire », résume le
chercheur. Ce qui ouvre de nombreuses
pistes de traitements, comme
transporter des médicaments dans
certaines cellules, ou donner de « faux »
messages aux cellules tumorales
puisque le transit des « cargos » est un
moyen de communication… Ces
perspectives obligent les chercheurs à
transcender les frontières entre pays et
entre disciplines. Ainsi Ludger Johannes
et trois équipes, américaine, danoise
et indienne, ont obtenu un financement
de l’organisation Human Frontier
Science. Une aide importante pour
améliorer les connaissances sur
les membranes cellulaires.
A. C.
h Source : Nature Cell Biology, mai 2014
actualités
générales
,Pronostic
Technologie
Il y aurait deux types
Vers une santé
connectée
de cancers de la surrénale !
e cancer de la corticosurrénale
(ou corticosurrénalome) est une
maladie rare, très agressive. Une fois la
maladie déclarée, l’espérance de vie des
patients dépasse rarement cinq ans. Un
pas supplémentaire vient d’être franchi
vers une médecine adaptée à chacun
d’entre eux. En analysant le génome de
130 échantillons de tumeurs de la
surrénale, des chercheurs de l’Institut
national de la santé et de la recherche
médicale (Inserm) ont identifié deux
profils différents, liés à deux types de
pronostics. Le premier présente un
pronostic favorable dès lors qu’il y a eu
ablation de la tumeur. Le second est
défavorable. Toutefois, dans ce cas, les
travaux ont permis d’identifier de
nouveaux gènes, dont l’un serait
suppresseur de tumeur… De quoi explorer
de nouvelles pistes de traitement pour
ce second groupe de patients.
Thinkstock
L
I. A.
h Source : Nature Genetics, avril 2014.
,Politique de santé
Concilier qualité des soins
et économie
h
’État veut redresser les comptes
publics tout en maintenant la qualité
du système français des soins et de ses
hôpitaux. La Fédération Unicancer,
regroupant les centres de lutte contre le
cancer, rappelle que, sur le terrain, les
réformes concernant le parcours de
soins, les médicaments et la pertinence
des actes sont déjà mises en œuvre,
qu’il s’agisse d’achats mutualisés de
médicaments, de développement de la
chirurgie ambulatoire ou encore de
diminution des séances de radiothérapie
grâce aux nouvelles techniques…
Une étude sur la prise en charge
des personnes atteintes de cancer en
2020 montre que l’hôpital va confirmer
son rôle de pivot du parcours de soins
(grâce aux infirmières de coordination)
et favorisera les séjours plus courts.
Cette évolution, à laquelle participe
activement l’Institut Curie, s’accompagne
d’un lien plus fort tissé avec la médecine
de ville, du développement de l’éducation
Thinkstock
L
Les prises en charge ambulatoires
sont appréciées des patients, qui retournent
rapidement chez eux après les soins,
et sont sources d’économies.
thérapeutique des patients… Elle
contribuera à réduire les dépenses de
santé à condition « d’affiner la
classification des tarifs en chirurgie » selon
Unicancer, qui précise que le
gouvernement tient là un moyen d’inciter
au développement de la chirurgie
ambulatoire.
Les progrès de l’informatique
permettent, aujourd’hui,
de collecter et d’analyser
d’immenses quantités de données
(big data) au quotidien, on le voit
par la déferlante de dispositifs
connectés. Chacun peut devenir
acteur de sa santé, mesurer
son rythme cardiaque, estimer
le nombre de calories qu’il
dépense… Des patients voient
même leur qualité de vie
progresser quand leur
pacemaker les informe en temps
réel ainsi que la société qui l’a
fabriqué ! Cette information
permet d’alerter voire de prévenir
un incident grave.
Derrière les big data, se trouvent
d’importants projets
commerciaux, certes, mais
se jouent également des enjeux
en matière de recherche,
notamment en cancérologie.
Par exemple, en analysant des
volumes considérables de
données médicales issues
de résultats d’IRM, ou de tests
génétiques, des chercheurs
essaient de construire des
modèles prédictifs pour
améliorer le diagnostic et/ou
le traitement de certains cancers.
Les big data s’imposent peu
à peu comme un levier
d’accélération de la recherche
médicale. Mais on ne rappellera
jamais assez le rôle crucial de
l’expertise humaine pour traiter
toutes ces données !
A. C.
I. A.
LE JOURNAL DE
L’Institut Curie
,05
actualités
générales
,Congrès ASCO 2014
À l’occasion de son
50e anniversaire,
l’Inserm dresse
un panorama de
la perception des
Européens à l’égard
de la recherche
médicale.
Le sondage, mené
auprès de 4 000 personnes1,
révèle qu’elles s’intéressent à
la recherche en santé (45 %) et
considèrent que celle-ci permettra
d’offrir une vie meilleure à leurs
enfants (82 %). Au palmarès
des innovations médicales des
cinquante dernières années, les
Européens placent en tête la greffe
d’organes (70 %), devant l’imagerie
médicale (65 %) et les thérapies
géniques (51 %). Malgré leur intérêt
pour la recherche, les Européens
se considèrent mal informés (59 %)
et ont du mal à comprendre
des termes scientifiques comme :
séquençage du génome, vecteur
viral, perturbateurs endocriniens,
épigénétique…
I. A.
1. Ipsos a interrogé, par Internet, plus
de 4 000 Européens : Français, Allemands,
Italiens et Britanniques.
De nouveaux
espoirs pour
les patients
D
e nouvelles pistes thérapeutiques
contre le cancer ! « Cela faisait
longtemps qu’on n’avait pas vu ça »,
s’est enthousiasmé le Dr Christophe
Le Tourneau, responsable de la
médecine de précision à l’Institut Curie,
à son retour du 50e congrès de l’Asco,
la société américaine d’oncologie
clinique. L’immunothérapie était à
l’honneur avec, désormais, un véritable
espoir de rémission pour certains
patients, en particulier ceux dont les
cancers forment des métastases et
pour qui la guérison est très rarement
possible.
En restaurant ou renforçant le système
immunitaire pour détruire les tumeurs,
l’immunothérapie s’avère efficace, selon
plusieurs études présentées à l’Asco,
et ce dans plusieurs cancers (mélanome,
poumon, ORL, vessie, rein, ovaire).
Même si des questions subsistent quant
aux effets secondaires.
Christophe Hargoues / Institut Curie
La recherche médicale
vue par les Européens
h
Sondage
Le congrès de l’Asco a confirmé que les
traitements de chimiothérapie s’améliorent.
D’autres études encourageantes ont,
lors du congrès, valorisé une nouvelle
génération de thérapies ciblées : un
traitement adapté selon la localisation
ou le profil moléculaire de la tumeur
(voir essai Shiva en p. 3). Enfin, les
traitements standards de chimiothérapie
s’améliorent, en les associant à d’autres
molécules capables de potentialiser
leurs effets.
I. A.
,Prévention
Un lien entre surpoids
et cancer de l’ovaire
U
Phovoir
n rapport international établit pour
la première fois un lien probable
entre la corpulence et l’augmentation du
risque de cancer de l’ovaire. Cette étude
confirme ce qu’avaient annoncé les
experts en 2007, à savoir que ce risque
augmenterait avec la taille (en cm) des
femmes et diminuerait chez les femmes
qui allaitent ou ont allaité.
Le lien entre surpoids et cancer de
l’ovaire allonge la liste des cancers
associés à la surcharge pondérale :
06,
LE JOURNAL DE
L’Institut Curie
cancer du sein post-ménopause, du
côlon-rectum, de l’endomètre, du rein,
de l’œsophage, du pancréas et de la
vésicule biliaire. Comme il est possible
de perdre du poids, en pratiquant une
activité physique régulière et en ayant
une alimentation équilibrée, ce travail
confirme aussi la nécessité de renforcer
la prévention en matière de surpoids.
h Source : World Cancer Research Fund et
l’American Institute for Cancer Research, 2014
I. A.
info pratique
dépistage
Cancer du sein
Thinkstock
Mieux dépister, pour mieux traiter
Avec près de 49 000 nouveaux cas estimés en 2012, selon l’Institut national du cancer,
le cancer du sein est le plus fréquent chez la femme. Détecté à un stade précoce,
il peut être traité plus efficacement avec de meilleures chances de guérison. Alors,
dès 50 ans, n’hésitez plus, participez au dépistage organisé !
Isabelle Ampart
Thinkstock
h Pourquoi est-ce important ?
h Qu’est-ce que le dépistage
organisé du cancer du sein ?
C’est un examen proposé
systématiquement aux femmes de 50
à 74 ans. À cet âge, elles sont en effet
davantage exposées au risque de
développer ce cancer, lorsqu’il n’est
pas héréditaire (85 % des cas).
L’examen, gratuit et de qualité, est
pratiqué dans des centres agréés et
contrôlés.
POUR EN SAVOIR PLUS
Car c’est un moyen fiable de détecter
tôt le cancer du sein et de diminuer
sa mortalité. Chaque cliché de
mammographie est interprété
par deux radiologues spécialisés.
Cette double lecture permet de mieux
repérer les cancers. Notamment
les cancers précoces (impalpables),
qui peuvent bénéficier d’un traitement
léger, avec une guérison dans plus
de 9 cas sur 10.
h Comment ça se passe ?
À 50 ans, puis tous les deux ans,
chaque femme reçoit un courrier qui
l’invite à prendre rendez-vous dans
un centre agréé de radiologie pour
une mammographie (radiographie des
seins) et un examen clinique réalisés
par un médecin radiologue.
Le dépistage est gratuit et sans
avance de frais.
h Et si j’ai moins de 50 ans
ou plus de 74 ans ?
En l’absence de facteurs de risques
(antécédents de cancer ou existence
de cancers du sein dans la famille),
les mammographies tous les deux ans
ne sont pas recommandées avant 50
ans ni après 74 ans car le risque est
moindre. Toutefois, n’hésitez pas à
consulter régulièrement votre
généraliste ou votre gynécologue,
surtout si vous présentez des
symptômes (grosseur dans le sein ou
au niveau des aisselles, anomalie de
la forme des seins, rougeur, œdème,
écoulement au niveau du mamelon…).
Octobre Rose
Parlons des cancers du sein.
h Octobre Rose, un mois d’information, de mobilisation et de
manifestations pour tout connaître sur le cancer du sein et
radio.
encourager le dépistage organisé. Du 1er au 31 octobre 2014,
curie.fr
se tiendra la 3e édition de Radio Curie : cette web radio s’adresse
aux femmes atteintes d’un cancer du sein et à leurs proches.
Témoignez et posez vos questions à [email protected] ou au
01 56 24 55 19 (prix d’un appel local). Informez-vous sur radio.curie.fr !
Ensemble, prenons le cancer de vitesse.
www.curie.fr
h Cancer info, du lundi au vendredi de 9 h à 19 h et le samedi de 9 h
à 14 h : 0810 810 821(prix d’un appel local. Une équipe de spécialistes répond à toutes vos questions,
d’ordre pratique, médical ou social.
h Source : Institut National du cancer.
LE JOURNAL DE
L’Institut Curie
,07
pour une approche
globale et spécifique
de chaque patient
La prise en charge d’une personne atteinte de cancer ne s’arrête pas au seul traitement
de sa maladie. Il s’agit désormais de considérer le patient dans sa globalité, de l’aider
à gérer les conséquences de son cancer et de son traitement, de l’accompagner
psychologiquement et socialement. En d’autres mots, d’améliorer sa qualité de vie tout
au long du traitement mais aussi de l’aider à préparer l’après. C’est la mission dévolue
aux soins de support.
Dossier réalisé par Émilie Gillet
08,
LE JOURNAL DE
L’Institut Curie
dossier
Aider et accompagner
Christophe Hargoues / Institut Curie
h
Le Programme
Activ’ (activité physique
et nutrition) permet
d’améliorer la qualité de vie
et de diminuer le risque de
récidive de cancer.
e Plan cancer 2003-2007 a permis une première reconnaissance
de certaines disciplines des soins
de support : soutien psychologique,
accompagnement social, prise en
charge de la douleur et soins palliatifs essentiellement. Certaines initiatives existaient déjà, mais
de façon hétérogène », explique le Dr Claudia
Ferrari, responsable du département Parcours
de soins et relations avec les professionnels de
l’INCa. Mais de quoi parle-t-on lorsqu’on parle
de soins de support ? De l’ensemble des soins et
soutiens apportés aux patients tout au long de sa
maladie, en plus des traitements anticancéreux
spécifiques comme la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie ou l’hormonothérapie…
Il s’agit donc d’accompagnement nutritionnel,
social ou psychologique, de rééducation fonctionelle… Il n’est en effet plus question aujourd’hui
de se contenter de soigner un organe malade
mais bien de traiter une personne de façon globale et personnalisée (lire aussi l’encadré p. 13).
Dans ce domaine, les centres de lutte contre le
cancer (CLCC), dont fait partie l’Institut Curie,
ont été des défricheurs. Ils ont été les premiers,
comme le centre de Nancy (Meurthe-et-Moselle),
à développer et structurer des activités relevant
des soins de support. Selon l’étude « Quelle prise
en charge des cancers en 2020 ? », menée par la
fédération Unicancer qui regroupe les CLCC, ces
approches complémentaires devraient connaître
un développement significatif ces prochaines
années. Les ressources humaines s’y consacrant,
dans certains centres de lutte contre le cancer,
devraient même doubler.
Grâce aux progrès de la science et de la médecine, plus d’un malade atteint de cancer sur
deux guérit. « L’objectif est de les traiter dans
les meilleures conditions possibles mais de préparer l’après-cancer. Se développent ainsi depuis
une trentaine d’années des approches complémentaires. La prise en charge de la douleur et
les soins palliatifs ont ouvert le bal », raconte le
Pr Ivan Krakowski, oncologue à l’Institut de
cancérologie de Lorraine (Nancy) et président
de l’Association française pour les soins oncologiques de support.
questions à…
A. Lescure / Institut Curie
L
«
Sylvie Arnaud,
directeur
des soins de
l’Institut Curie
Quels soins de support
l’Institut Curie met-il
en avant pour le bienêtre des patients ?
Parmi toutes les pratiques
présentes à l’Institut Curie, l’hypnose tient une
place importante. Des études ont montré son
efficacité. Des médecins, infirmières et
psychologues sont formés à cette pratique.
Nous menons aussi des campagnes de
sensibilisation afin que, dans tous les services,
il y ait des soignants qui connaissent la pratique
de l’hypnose. Cela les amène à interagir
différemment avec leurs patients, et aussi à
mieux repérer parmi eux, ceux qui peuvent en
bénéficier.
Personnaliser la prise en charge, c’est
aussi s’adapter à l’âge de chaque patient.
En effet, l’année dernière, nous avons créé une
unité dédiée aux jeunes de 15 à 25 ans.
Ils traversent une période particulière de leur
vie, parfois compliquée, à laquelle vient
s’ajouter la maladie. Ils souffrent d’un cancer
alors qu’ils ne sont plus tout à fait des enfants,
et pas encore des adultes. Leur prise en charge
thérapeutique doit être adaptée, tout comme les
soins de support qu’on leur propose. Avec l’aide
d’une association, nous allons par exemple leur
proposer une consultation de socio-esthétique.
Comment les soins conventionnels et les
soins de support s’articulent-ils ?
Les soins de support sont présents au début de
la prise en charge et tout au long du parcours
de soins du patient, même après le traitement.
Tous les professionnels de santé sont vigilants
pour identifier les besoins de chaque patient,
car il est important d’intervenir le plus tôt
possible. La mise en œuvre des soins palliatifs,
qui font partie des soins de support, reste
encore complexe. Beaucoup les identifient
encore à la fin de vie alors que les soins
palliatifs aident aussi à mieux gérer la maladie,
lorsqu’on ne peut plus véritablement la guérir,
et à soulager les patients pendant toute la
durée des soins – parfois des années.
(Suite p. 11)
LE JOURNAL DE
L’Institut Curie
, 09
décryptage
baromètre cancer
La qualité de vie passe aussi
par le lien social
Le tout récent baromètre Cancer 2014 Institut Curie-Viavoice montre que les moyens perçus par les
Français comme permettant d’améliorer la qualité de vie des patients atteints de cancer évoluent d’année
en année. Ce baromètre est un outil d’analyse et de réflexion pour les professionnels de l’Institut Curie
quant à la prise en charge et l’accompagnement des patients.
Les approches complémentaires
pour les malades…*
Apportent
du réconfort
72 %
43 %
so
u ti
en
p s y c h olo g
iqu
DES FRANÇAIS
( +9% par rapport à 2013 )
Permettent
d’améliorer sa
condition psychique
et physique
e
18 %
m
r vé
m
c u d e la
al a
estiment qu’après avoir guéri d’un cancer, il est possible
de retrouver la même vie qu’avant d’être malade.
Les réponses des femmes et des catégories populaires sont
parmi les plus pessimistes.
Permettent de
combattre la maladie
re m
Permettent
d’être entouré,
soutenu, de pouvoir
communiquer
pt
u re
d e l’i s ole
me
nt
o ti v a ti o n
Aident les
malades à se
changer les idées,
à s’évader
de la maladie
ou
ve
rt u
11 %
r e s u r a u t re
ch
os
* Question ouverte, plusieurs réponses possibles, total supérieur à 100.
LE JOURNAL DE
10 , L’Institut Curie
Non, pas du tout
13 %
Non, plutôt pas
18 %
e
ru
Ne se prononcent pas
3%
d
12 %
12 %
DES SONDÉS
ie
17 %
La vie après un cancer
66 %
b i e n - ê t re
Contribuent à la
diminution des
effets secondaires
et des douleurs
e il
le u
considèrent que les approches complémentaires
non médicales sont importantes en complément
des traitements médicaux.
Une personne
guérie d’un cancer
peut retrouver la
même vie qu’avant
d’être malade ?
Oui, tout à fait
35 %
Oui plutôt
31 %
Le baromètre cancer 2014 Institut Curie - Viavoice 2014, a été réalisé par téléphone
en avril et mars 2014, auprès d’un échantillon de 1008 personnes, représentatif de la
population française âgée de 18 ans et plus (pour les chiffres présentés ci-dessus).
dossier
Aider et accompagner
(Suite de la p. 9)
Dès les années 1980, il ne s’agissait plus de
se contenter d’utiliser des médicaments puisque
l’hypnose ou l’approche psychosociale étaient
déjà envisagées pour soulager la douleur.
h
Noak / Le Bar Floréal / Institut Curie
De la psychologie à l’esthétique,
en passant par la nutrition
C’est aussi dans les années 1980 que s’est
développée la psycho-oncologie. « Dans les
CLCC, les spécialistes du cancer ont fait appel
à des psychiatres et des psychologues. Car,
même si les oncologues se doivent d’avoir une
approche humaniste de leurs patients, il était
évident à l’époque qu’ils n’étaient pas formés à
offrir une réelle prise en charge psychologique,
se souvient le Dr Daniel Serin, oncologueradiothérapeute à l’Institut Sainte-Catherine,
à Avignon (Vaucluse), ancien président de
la société française de Psycho-oncologie.
Aujourd’hui, la psycho-­oncologie est une discipline à part entière, exercée par des professionnels ayant une double formation. Mais chaque
professionnel de santé en contact avec le patient
doit être en mesure de repérer s’il a besoin d’une
telle aide. » Un patient sur deux présente un
état de détresse à un moment ou à un autre
de sa maladie. Près de un sur cinq a besoin
d’un accompagnement psychologique par un
Certains ateliers
permettent d’établir une
nouvelle relation avec
l’autre utilisant un nouveau
moyen d’expression par
exemple (ici à la Maison
des patients).
professionnel, selon le Dr Serin. Reste à les
identifier correctement.
Progressivement, la psycho-oncologie a été
rejointe par la nutrition. D’abord par souci
d’aider les malades à supporter certains traitements, puis dans le cadre d’une prévention
secondaire, avec un objectif global de bienêtre de la personne. A suivi l’accompagnement social, qui permet notamment d’aider les
patients à organiser les tâches de la vie quotidienne et familiale ou à préparer leur retour
progressif au travail. Puis la nutrition. Mais
la liste n’est pas close ! « Le périmètre des
témoignage
Des ateliers nutrition pour faire le lien entre alimentation et santé
Christophe Hargoues / Institut Curie
Constanza, 50 ans, ancienne patiente de l’institut curie Institut Curie
« Après la phase de traitement
de mon cancer, l’équipe
médicale de l’Institut Curie m’a
proposé de participer
notamment à des ateliers
nutrition dans le cadre du
Programme Activ’1. Une fois par
mois, nous étions une dizaine de
femmes à nous réunir autour
d’une nutritionniste, avec à
chaque fois un thème précis :
les protéines, les laitages...
Le but était de nous faire
prendre conscience de
l’importance d’une alimentation
équilibrée, entre autres pour
contrôler son poids. Certaines
Titre : Programme Activ'
Legende : Après une phase pilote menée en 2012 avec succès, l’Institut Curie et le Groupe Associatif
Siel Bleu déploie en 2013 le Programme Activ’ en complétant l’activité physique par la diététique pour
améliorer la qualité de vie et diminuer le risque de récidive du cancer. Ce programme, proposé aux
femmes en surveillance après un cancer du sein, bénéficie du soutien et de l’accompagnement du
patientes étaient là pour en
perdre car elles avaient grossi
pendant leur traitement, moi
c’était plutôt l’inverse. Après
l’annonce de mon cancer, j’ai
commencé à faire attention
à ce que je mangeais. Grâce aux
ateliers, j’ai pris encore plus
conscience que l’alimentation
avait un impact sur ma santé.
Cet accompagnement par un
nutritionniste m’a été très utile,
j’ai pu poser toutes les questions
que je voulais et le dialogue a
été très ouvert. »
1. Avec le soutien et l’accompagnement du
fonds d’innovation d’AG2R LA MONDIALE.
LE JOURNAL DE
L’Institut Curie
, 11
dossier
Aider et accompagner
soins de support est très évolutif car les
besoins et les pratiques évoluent, autour de la
fertilité et de la sexualité, ou encore de toxicités
cutanées ou digestives liées aux nouveaux traitements », souligne le Pr Krakowski.
Au fil du temps, à l’Institut Curie notamment, on a vu émerger pour les malades du
cancer les consultations douleur, des activités psycho-corporelles comme l’hypnose, le
yoga, la relaxation, des entretiens autour de
la sexologie ou encore des ateliers olfactifs ou
de colorimétrie. « Il est primordial que tout
professionnel s’y connaisse un minimum. D’une
part, pour participer à ces soins et, d’autre part,
pour être en mesure de solliciter les experts de
ces domaines dès que cela est nécessaire », poursuit le professeur lorrain.
À chaque âge son approche
S’adapter au patient, répondre à ses besoins
spécifiques, c’est aussi prendre en compte son
âge. Se sont ainsi développées des disciplines
spécifiques telles que l’oncogériatrie pour les
plus âgés, suivant l’exemple bientôt quadragénaire de l’oncopédiatrie pour les enfants. À
l’Institut Curie, des services leur sont dédiés.
Depuis l’année dernière, ils ont même été
rejoints par l’unité consacrée aux adolescents
et aux jeunes adultes (AJA). À chaque âge de
la vie, en effet, des questions spécifiques se
posent. Une attention particulière est notamment apportée aux jeunes adultes qui reçoivent
des traitements pouvant conduire à une infertilité. Des programmes de conservation des
gamètes leur sont proposés. La directrice générale de l’Institut national du cancer (INCa) le
notait encore récemment : « Trop peu souvent,
des consultations de la préservation de la fertilité sont proposées, surtout aux femmes. Nous
allons travailler avec l’ensemble des professionnels pour les sensibiliser à cette nécessité. »
Autre évolution, la recherche clinique prend
désormais en compte la spécificité des plus
âgés. C’est notamment le cas de l’essai ASTER
70s, coordonné par le Dr Brain, de l’Institut
Curie, et ouvert depuis 2012 dans plusieurs
centres de lutte contre le cancer ainsi qu’en
Belgique. Il étudie le pronostic d’évolution
LE JOURNAL DE
12 , L’INSTITUT
L’Institut CURIE
Curie
générosité
Accompagner le retour au travail
Parmi les malades du cancer,
un homme sur trois et près
d’une femme sur deux doivent
concilier soins médicaux et activité
professionnelle. Pour la plupart
d’entre eux, le maintien, ou le
retour, au travail après la phase
aiguë de traitement est une période
très compliquée. C’est aussi la
mission de l’Institut Curie que de les
aider à ce moment-là. Dans le cadre
d’un accompagnement globalisé des
patients, la Maison des patients et
des proches propose ainsi un
programme innovant, dont l’objectif
est de les conseiller et les
accompagner dans leur reprise
d’une activité professionnelle.
Une psychosociologue les aide à
mettre à plat leur situation puis,
quand nécessaire, une coach
spécialisée renforce
l’accompagnement par un travail
en groupe (ateliers) ou individuel.
Ce programme est entièrement
financé par Mutuelle Bleue,
entreprise de l’économie sociale
qui a pour but la protection de
l’individu et de la famille dans
les domaines de la santé, de la
prévoyance, de l’assurance, de
l’épargne et de la retraite. Mutuelle
Bleue est un partenaire engagé
aux côtés de l’Institut Curie depuis
de nombreuses années. Grâce à
son soutien, de grandes actions
de lutte contre le cancer ont pu être
réalisées.
Phovoir
(Suite de la p. 11)
d’un type de cancer du sein hormono-sensible
chez les femmes de plus de 70 ans. D’autres
études sont également en cours comme l’évaluation de moyens permettant de diminuer
l’agitation et l’angoisse des patients âgés
désorientés.
Un développement progressif,
puis une reconnaissance officielle
Les soins de support ont franchi les frontières pour innover et se développer. Comme
la psycho-oncologie française, qui s’est inspirée de ce qui se faisait aux États-Unis, ou la
dossier
Aider et accompagner
Alexandre Lescure / institut Curie
DR Sylvie dolbeault,
psychiatre
en oncologie à
l’institut curie
en image
Améliorer la qualité de vie des patients
À quoi servent les soins de support ? C’est une question à laquelle une
spécialiste de l’Institut Curie répond dans une courte vidéo,
didactique et accessible à tous, que l’on peut retrouver sur Internet.
Le Dr Sylvie Dolbeault, psychiatre en oncologie et chef du
département de soins de support à l’Institut Curie, y explique
notamment que médecins et professionnels paramédicaux s’occupent
du patient globalement et répondent à ses besoins dans le cadre d’un
accompagnement au long cours, dès le moment du diagnostic,
pendant et après le traitement, et jusqu’à la fin de vie si c’est
nécessaire. L’objectif est de soutenir le patient et
de l’aider à s’adapter à sa nouvelle vie. Et pour
cela, une coordination entre chaque intervenant
est indispensable !
Les soins de
support font partie
intégrante du plan
de traitement des
personnes atteintes
de cancer »
prise en charge des adolescents et des jeunes
adultes, qui est venue de Grande-Bretagne.
Les patients eux-mêmes, à travers les associations de malades et de proches, ont joué
un rôle essentiel dans l’essor de ces approches
complémentaires. Dès le premier Plan, les
soins de support sont devenus un critère de
qualité pour l’autorisation des établissements
de santé à prendre en charge les cancers. Le
deuxième Plan cancer a confirmé leur montée en puissance. Il a renforcé les dispositifs
promus dans le premier Plan et complété
l’éventail des approches. Notamment avec
la détection précoce de la fragilité sociale et
avec le programme personnalisé de l’aprèscancer. Le troisième Plan cancer, lancé en
février 2014, parachève cette consolidation
organisationnelle en fixant comme objectif
de développer des référentiels de qualité des
soins de support. « L’un des défis est en effet
d’accroître l’accessibilité de ces soins de support sur l’ensemble du territoire, poursuit le
Dr Ferrari, car des disparités existent encore,
et d’organiser leur mise en œuvre dans un souci
de qualité. » L’articulation avec la médecine
de ville est un autre enjeu majeur. Les soins de
support ne peuvent rester réservés à l’hôpital.
Alexandre Lescure / institut Curie
h
Un besoin de financement
et de recherches
Les approches du soin et de l’accompagnement sont parfois difficiles à évaluer.
Certaines souffrent ainsi parfois d’un
manque de reconnaissance, n’étant pas prises
en charge par l’Assurance maladie. Ce qui
explique le frein à leur développement. Sans
l’aide des associations, ou du soutien de
h Pour en savoir plus : Série « Chez Marie » :
curie.fr/fondation/videos-chez-marie
Parmi les soins de support, l’hypnose tient une place importante à l’Institut Curie.
LE JOURNAL DE
L’Institut Curie
, 13
dossier
Aider et accompagner
particuliers et de mécènes, certains soins
de support n’auraient jamais pu voir le jour.
Si les particuliers sont enclins à soutenir de
telles approches, c’est qu’environ « 60 % des
patients font appel à des thérapies non conventionnelles sans le mentionner à leur médecin,
rappelle le P r Krakowski, selon une étude du
groupe de recherche Unicancer sur les soins
de support qu’il préside. Ils seraient certainement plus nombreux à en parler à leur médecin si les soins de support étaient proposés au
plus grand nombre. » D’ailleurs, l’oncologue
Daniel Serin illustre, sous forme de clin d’œil,
les soins de support : « On ne peut pas s’occuper de tout mais on doit se préoccuper de tout. »
Mais, pour bénéficier à tous, ces approches
complémentaires doivent être évaluées et perfectionnées. Tout comme les thérapies contre
le cancer, elles méritent qu’on leur consacre
des recherches ! Car leur intérêt est devenu
incontestable : « Des recherches ont montré
qu’une prise en charge précoce et conjointe
du cancer par des thérapies spécifiques et des
soins de support améliore la qualité de vie des
malades, justifie le P r Krakowski. En 2010,
une étude a même fait beaucoup de bruit en
montrant que, dans le cadre d’un type de cancer
du poumon, les soins de support augmentent
la survie des malades ! Ces résultats viennent
d’être confortés récemment par une autre
étude. »
Pour conforter l’essor des soins de support,
une meilleure reconnaissance de la part du
personnel médical est nécessaire : « C’est lui
qui aujourd’hui repère les besoins des malades
et est le prescripteur de soins de support », analyse le Pr Krakowski. Le troisième Plan cancer
devrait jouer un rôle important : un tiers des
actions qu’il propose concernent spécifiquement les soins de support. ■
générosité
LE JOURNAL DE
14 , L’Institut Curie
la psychomotricienne est financé
pendant trois ans par la Fondation
Apicil, un acteur engagé pour
développer l’innovation afin de
lutter contre la douleur. L’École à
l’Hôpital intervient pour le soutien
dans la poursuite des études.
Et grâce à l’important soutien de
la fondation suisse Philanthropia,
un médecin spécialiste renforce
la présence médicale auprès des
jeunes ; des ateliers de musique,
d’écriture, des animations
particulières sont aussi proposés,
et un fonds d’aide sociale permet
d’aider les jeunes en situation
précaire. Le soutien de la
fondation Philanthropia est une
aide précieuse pour améliorer
la qualité de soin et de vie des
jeunes patients. Même le mode
de communication entre soignants
et patients s’est adapté à l’âge
de ces derniers : ils peuvent
contacter directement l’Emaja
via SMS !
h
L’Institut Curie dispose,
notamment grâce au soutien
financier d’entreprises, d’une
unité dédiée aux patients âgés de
15 à 25 ans. Près de 18 mois après
son ouverture, cette structure
a réussi à adapter la prise en
charge aux spécificités de cette
période de la vie, où le corps
et la personnalité changent à
toute allure, où l’on se construit
une identité et l’on acquiert
une certaine autonomie.
Une équipe médicale est dédiée
et spécialement formée pour
cette unité qui dispose de 6 lits
en chambre individuelle, et
d’une « salle des ados ». Chaque
patient rencontre l’infirmière
coordinatrice et l’assistante
sociale de l’Emaja (équipe mobile
adolescents-jeunes adultes)
et une psychologue ou un
pédopsychiatre. Une attention
particulière est aussi apportée
au corps. D’ailleurs, le poste de
Christophe Hargoues / Institut Curie
Pas encore des adultes
mais plus des enfants…
En dix-huit mois, l’unité dédiée aux patients
de 15 à 25 ans a réussi à adapter la prise en charge
aux spécificités de cette période de la vie.
entre nous
générosité
Votre Fondation
La continuité de la recherche et des soins dans un même lieu – l’Institut Curie – stimule l’innovation,
favorise les échanges et les découvertes. Fondation privée reconnue d’utilité publique, l’Institut Curie
est habilité à recevoir des dons et des legs. Notre volonté de progresser est encouragée par le soutien
et la générosité de nos donateurs, testateurs et partenaires, que je remercie chaleureusement.
Pr Thierry Philip, président de l’Institut Curie
,Mieux vous connaître
LES DONATEURS ONT LA PAROLE
Cécile Charré/nstitut Curie
d’informations sur les
avancées de la recherche et
les innovations face au cancer.
Il y a quelques mois,
nous avons souhaité
vous donner la parole, au
travers d’un questionnaire
destiné à mieux vous
connaître et mieux
répondre à vos attentes.
Vous avez été près
de 10 000 à nous répondre,
montrant tout l’intérêt
que vous portez à nos
actions pour prendre le
cancer de vitesse.
Les principaux
enseignements
• En grande majorité, vous
vous estimez plutôt bien
informés des travaux menés
par nos chercheurs et
médecins, bien que certains
d’entre vous souhaiteraient
en savoir encore plus. Nous
ne manquerons pas d’essayer
de mieux vous informer et de
continuer à vous donner
régulièrement un maximum
• En ce qui concerne les
champs d’action face au
cancer, la recherche
fondamentale et le transfert
des découvertes vers le
patient atteint de cancer
viennent très nettement en
tête de vos préoccupations.
Nous sommes heureux de
pouvoir vous faire part des
travaux menés dans ces
domaines souvent
complexes, et de la manière
la plus accessible possible.
• Le Journal de l’Institut Curie
est le mode d’information de
l’Institut Curie que, très
majoritairement, vous
privilégiez. En revanche, si
vous êtes de fidèles lecteurs
de celui-ci, vous n’êtes
encore que 10 % à consulter
notre site internet, qui
constitue pourtant une mine
d’informations sur nos
avancées. Nous faisons tout
pour vous le rendre plus
accessible et vous le faire
mieux connaître.
• Généreux vis-à-vis de
l’Institut Curie – vous l’êtes
aussi en soutenant d’autres
associations ou fondations –,
et vous êtes nombreux à
nous proposer d’organiser
des manifestations en faveur
de notre institut ou de faire
du bénévolat. Dans la
mesure du possible, nous y
donnerons suite et vous
remercions très
chaleureusement de votre
engagement à nos côtés.
Nous ferons tout pour
mériter votre confiance et
vous tenir informés au mieux
des progrès face au cancer
que votre générosité rend
possibles.
À nouveau, un très grand
merci !
le journal de
l’Institut Curie
, 15
entre nous
COMPTES 2013
LE COMPTE D’EMPLOI
DES RESSOURCES 2013 DE L’Institut Curie
Sur 100 € versés à l’Institut Curie par nos donateurs,
77 € ont été alloués aux missions sociales
Pedro Lombardi / Institut Curie
Chers amis,
La lutte contre le
cancer a continué de
progresser en 2013
grâce à vous. Nous
vous remercions de
tout cœur de votre
générosité, sans laquelle l’innovation
contre les cancers ne pourrait voir
le jour.
En 2013, grâce à votre fidélité et au
soutien de nouveaux donateurs qui
nous ont rejoints, l’Institut Curie a
collecté 40,2 millions d’euros issus de
la générosité du public. La majeure
partie de cette somme a pu contribuer
directement à l’avancement de la lutte
contre le cancer, puisque plus de 77 %
ont été alloués aux missions sociales
de l’Institut Curie.
Le compte d’emploi des ressources
2013, présenté ci-contre, vous
permettra d’apprécier le rôle très
important que vous avez joué dans
l’activité de l’Institut Curie.
Il est extrait des comptes annuels,
qui ont été approuvés par le Conseil
d’administration le 24 juin 2014 et
certifiés par les commissaires aux
comptes.
Votre présence à nos côtés est
essentielle pour mener à bien nos
actions. Encore merci.
Daniel Thierry, trésorier
h Retrouvez les comptes exhaustifs sur le site
Internet de l’Institut Curie : www.curie.fr
le journal de
16 , l’Institut Curie
Frais de
fonctionnement 3,3 M€
8 %
Missions sociales*
30,4 M€ (dont 0,3 M€ mis en
réserve pour de futures actions)
77 %
Frais d’appel
à la générosité du public
6 M€
15 %
* Fonctionnement et investissements.
M€ : millions d’euros.
Emplois de
l’exercice 2013
= compte de résultat
EMPLOIS
Affectation par
emploi des
ressources
collectées auprès
du public utilisées
sur 2013
1. MISSIONS SOCIALES
299 550 398
23 789 033
1.1. Réalisées en France
299 550 398
23 789 033
- Actions réalisées directement
297 713 470
23 789 033
- Versements à d’autres organismes agissant
1 836 928
en France
1.2. Réalisées à l’étranger
0
0
- Actions réalisées directement
0
0
- Versements à un organisme central
0
0
ou d’autres organismes
2. FRAIS DE RECHERCHE DE FONDS
7 573 212
5 979 390
2.1. Frais d’appel à la générosité du public
5 979 390
5 979 390
2.2. Frais de recherche des autres fonds privés
1 593 822
0
2.3. Charges liées à la recherche de subventions
0
0
et autres concours publics
3. FRAIS DE FONCTIONNEMENT
8 715 699
3 304 942
I.TOTAL DES EMPLOIS DE L’EXERCICE INSCRITS
315 839 309
AU COMPTE DE RÉSULTAT
II.DOTATIONS AUX PROVISIONS
3 783 841
III.ENGAGEMENTS à RÉALISER SUR
29 457 927
RESSOURCES AFFECTÉES
IV.EXCÉDENT DE RESSOURCES DE L’EXERCICE
4 533 427
V.TOTAL GÉNÉRAL
353 614 504
33 073 365
VI. Part des acquisitions d’immobilisations brutes de
9 920 929
l’exercice financées par les ressources collectées
auprès du public
VII. Neutralisation des dotations aux amortissements
- 3 581 777
des immobilisations financées à compter
de la première application du règlement
par les ressources collectées auprès du public
VIII.Total des emplois financés par les
ressources collectées auprès du public
39 412 517
ÉVALUATION DES CONTRIBUTIONS
Missions sociales Frais de recherche de fonds
Frais de fonctionnement et autres charges
Non évalué
Total
entre nous
COMPTEs 2013
Fondation privée reconnue d’utilité publique, l’Institut Curie est habilité à recevoir
des dons et des legs. Les ressources issues de la générosité publique permettent
d’accélérer l’innovation dans la recherche et les soins, au bénéfice des patients.
Origine des ressources de l’Institut Curie
Autres produits 6,8 M€
2%
Ressources collectées
auprès du public 40,2 M€
13 %
Ressources par mission sociale
4 %
100
18 %
• 53 % issus des dons
• 47 % issus de legs
Autres fonds privés 33,8 M€
11 %
Assurance
maladie 195,4 M€
63 %
80
Subventions et autres
concours publics 35,8 M€
11 %
M€ : millions d’euros.
Ressources collectées
sur 2013
= compte de résultat
ressources
60
Suivi des ressources
collectées auprès du
public et utilisées sur 2013
Report des ressources collectées auprès du public
non affectées et non utilisées en début d’exercice
39 %
85 %
40
40 053 844
1.RESSOURCES COLLECTÉES AUPRÈS DU PUBLIC
40 188 336
1.1. Dons et legs collectés
40 116 010
- Dons manuels non affectés
20 315 840
- Dons manuels affectés
971 618
- Legs et autres libéralités non affectés
15 120 088
- Legs et autres libéralités affectés
3 708 464
1.2. Autres produits liés à l’appel
72 327
à la générosité du public
2.AUTRES FONDS PRIVéS
33 853 121
3.SUBVENTIONS ET AUTRES CONCOURS PUBLICS
35 812 542
1
4.AUTRES PRODUITS 202 261 217
33 %
40 188 336
40 116 010
20 315 840
971 618
15 120 088
3 708 464
20
11 %
9 %
Activités hospitalières
y compris
la recherche clinique
Activités
de recherche
1 %
0
72 327
Assurance maladie
Contrats de recherche
Contribution des organismes de recherche*
Générosité du public
I.TOTAL DES RESSOURCES DE L’EXERCICE 312 115 217
INSCRITES AU COMPTE DE RÉSULTAT
II.REPRISES DES PROVISIONS
12 174 711
III.REPORT DES RESSOURCES AFFECTÉES
29 324 576
NON UTILISÉES DES EXERCICES ANTÉRIEURS
IV.VARIATION DES FONDS DÉDIÉS COLLECTÉS
AUPRÈS DU PUBLIC ( cf. tableau des fonds dédiés)
V. INSUFFISANCE DE RESSOURCES DE L’EXERCICE
VI.TOTAL GÉNÉRAL
353 614 504
VII.Total des emplois financés par les ressources
collectées auprès du public
Solde des ressources collectées auprès du public
non affectées et non utilisées en fin d’exercice
VOLONTAIRES EN NATURE
Bénévolat
Prestations en nature
Dons en nature
Non évalué
Total
Autres ressources
Subvention du ministère de la Recherche
* hors comptes annuels car non gérés par l’Institut Curie
-522 518
39 665 818
39 412 517
40 307 146
L
a diversité des ressources de
l’Institut Curie lui confère une structure
de financement particulière. Ces ressources
proviennent de financements publics et de
ressources propres. L’Assurance maladie
finance la majeure partie de l’activité de soins.
Pour sa part, la recherche bénéficie de
subventions du ministère de la Recherche,
du soutien de l’Université, de l’Inserm et
du CNRS. La générosité du public est une
composante majeure des ressources propres
de l’Institut Curie et finance essentiellement
la recherche fondamentale et la recherche
préliminaire aux applications médicales.
1. Dont 195,4 M€ de ressources hospitalières issues de l’Assurance maladie et 4,2 M€ de produits financiers.
le journal de
l’Institut Curie
, 17
entre nous
Initiatives
,curie 2015
,vente aux enchères
DR
« je suis heureuse
de m’investir aux côtés
de l’institut curie »
P
Hélène Martel-Massignac, membre du comité de campagne « Curie 2015 » de l’Institut Curie
our des raisons personnelles et
familiales, comme beaucoup de
personnes en France, je suis
concernée par la lutte contre le cancer.
L’Institut Curie représente les valeurs
d’excellence et d’humanité, c’est ainsi que
je le vis à chaque rencontre avec les
équipes de l’Institut. Je suis donatrice de
longue date, car la recherche et
l’innovation face au cancer demandent des
moyens financiers importants et chacun
peut y contribuer. Lorsque l’équipe de
Curie en charge de la générosité du public
m’a contactée en 2011 pour rejoindre le
comité de campagne « Curie 2015 », présidé
par Philippe Louis-Dreyfus, j’ai tout de suite
accepté. Nous nous engageons, au sein
de ce comité, à mener une levée de fonds
exceptionnelle auprès de philanthropes,
de mécènes et de personnalités, et relayons
la campagne Curie 2015 auprès de notre
réseau professionnel et amical. Nous tâchons
de convaincre des grands donateurs de nous
rejoindre, afin d’aider à financer les grands
programmes de l’Institut.
C’est un défi personnel que je serai heureuse
de poursuivre, au travers d’une prochaine
campagne. Curie 2020 ? »
,éclairer la nuit contre le cancer
un défi à relever
ensemble !
LE WEEK-END Du
20-21 SEPTEMBRE
Journées européennes du
patrimoine, de 10 h à 18 h.
Au Musée Curie, 1 rue Pierreet-Marie-Curie, Paris 5e.
h musee.curie.fr
V
ous souhaitez vous engager
autrement contre le cancer ?
Soutenir la recherche à l’Institut
Curie en participant à un événement
solidaire ? Alors, devenez un
« Ambassadeur d’espoir » à l’occasion de
la Marche des lumières 2014, le samedi
22 novembre à Paris. Il s’agit pour vous de
collecter des dons auprès de vos proches,
amis ou collègues et d’« illuminer la nuit
contre le cancer » lors de cette marche
nocturne de 4 km, dans une ambiance
chaleureuse et conviviale. Pour que le
combat continue, chercheurs et soignants
ont besoin de votre mobilisation, de votre
générosité et de toute votre énergie pour
poursuivre leur mission au bénéfice des
patients et de leurs proches.
Rejoignez-nous et participez à la Marche
des lumières !
le journal de
18 , l’Institut Curie
L’Institut Curie organise jeudi
16 octobre 2014, en partenariat
avec la maison de vente Audap &
Mirabaud et l’Hôtel des ventes
Drouot, la 3e édition de la vente aux
enchères caritative « Des femmes
donnent aux femmes ». L’année
dernière, 50 000 euros avaient été
collectés lors de cet événement
qui s’inscrit dans le cadre du mois
de mobilisation contre le cancer
du sein, Octobre Rose. Cette année
encore, des objets d’exception
seront offerts par des femmes
d’influence et de cœur comme
Catherine Deneuve, Claire Chazal,
Audrey Dana ou encore Inès
de la Fressange. L’intégralité des
bénéfices sera destinée à financer
les recherches sur le cancer du
sein menées à l’Institut Curie.
À vos agendas
Alexandre Lescure / Institut Curie
«
3e édition :
« Des femmes
donnent aux femmes »
h toutes les informations sur notre site,
inscrivez-vous et lancez votre collecte :
www.marchedeslumieres.com
du 26 septembre
au 16 octobre
Fête de la Science pour découvrir
l’histoire de la radioactivité…
et celle de la cristallographie.
h musee.curie.fr
OCTOBRE ROSE
• Radio Curie (lire p. 7).
• Le 16 octobre, vente aux enchères
« Des femmes donnent aux
femmes », Paris 9e.
LE samedi 22 NOVEMBRE
La Marche des lumières, à Paris
et sur Internet (ci-contre).
h www.marchedeslumieres.com
entre nous
rétrospective
,Elles se sont engagées
marie curie et sa fille Irène
pendant la grande guerre
ACJC)
Musée Curie (coll.
La flotte des Petites Curie sur la place
des Invalides, à Paris.
Marie Curie à bord
d’une Petite Curie.
Musée Curie
(coll.
Comment Marie Curie s’engage-telle durant la Grande guerre ?
Anaïs Massiot : Au début de l’été 1914,
Marie Curie aménage son laboratoire
dans le nouvel Institut du radium.
Le 4 août, la guerre éclate. Les hommes
de l’institut sont mobilisés. Marie, qui
veut se rendre utile, met son savoir
au service de la France (radiologie et
radiumthérapie) et mobilise, pour les
blessés, des ressources humaines,
matérielles et financières. En 1916,
grâce à une dérogation, elle obtient son
« certificat de capacité pour la conduite
des voitures à pétrole », et sillonne les
champs de bataille au volant d’une
Petite Curie.
ACJC)
On connaissait Marie Curie, grande scientifique, double Prix Nobel… Un livre raconte son engagement
durant la Première Guerre mondiale aux côtés de sa fille. Rencontre avec l’une de ses auteures,
Anaïs Massiot, archiviste au Musée Curie.
Que sont les Petites Curie
au juste ?
A. M. : Les rayons X étaient déjà utilisés
à l’époque, par les médecins, pour
l’examen des malades. Dès octobre
1914, Marie Curie équipe pour la
Croix-Rouge des voitures en matériel
radiologique, facilitant l’extraction de
balles ou éclats d’obus du corps des
soldats, sur les champs de bataille.
Des philanthropes (la princesse
Murat, la marquise de Ganay…)
offrent également leurs limousines
et Marie crée une flotte de 18 voitures
radiologiques, appelées a posteriori
« Petites Curie ». à l’Institut du radium,
Marie Curie et sa fille forment des
infirmières à la radiologie.
D’où proviennent les archives
pour réaliser cet ouvrage ?
A. M. : Les photos et les extraits
d’archives viennent surtout des
collections du Musée Curie. Avec Natalie
Pigeard, nous avons recensé tous les
documents concernant l’implication
de Marie, et de sa fille Irène, dans la
Grande Guerre. Nous avons découvert
des facettes moins connues de Marie
Curie. Avant le conflit, elle semblait
distante, détachée. Avec la guerre, elle
se montre plus humaine et accessible,
du fait de l’éloignement de ses proches
et de la perte de collaborateurs. Durant
les hostilités, elle prend conscience de
son utilité pour la société et de ce qu’elle
peut faire pour alléger les souffrances
des soldats. Dès lors, elle militera, avec
son collègue Claudius Regaud, pour la
création de la Fondation Curie, futur
Institut Curie.
Marie Curie et la Grande Guerre,
Anaïs Massiot, Natalie Pigeart-Micault,
Éd. Glyphe, 2014, 82 pages, 12 euros.
Ma mère m’apprit à me servir
des appareils [de radiologie], qui ne
ressemblaient guère aux appareils
perfectionnés d’aujourd’hui, et
m’emmena comme manipulatrice
dans plusieurs de ses expéditions
entre novembre 1914 et mars 1915. »
irène joliot-curie.
Citation parue dans L’Europe en 1954.
le journal de
l’Institut Curie
, 19
Transmettre l’espoir
de vaincre le cancer
Léguez à l’Institut Curie,
1er centre français en cancérologie
T
ransmettre tout ou une partie de
ses biens à l’Institut Curie, premier
centre français en cancérologie, est un
formidable message d’espoir pour tous
ceux qui luttent contre le cancer.
En soutenant les efforts de l’Institut
Curie, fondé par Marie Curie, vous
effectuez un geste de générosité envers
les générations futures, vous donnez aux
chercheurs et médecins les moyens de
prendre le cancer de vitesse et associez
votre nom à ce combat pour la vie.
LEGS - DONATIONS - ASSURANCES-VIE
www.curie.fr
Pour tout renseignement contacter Agnès Hubert
Institut Curie : 01 56 24 55 01 - [email protected]
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