le journal de l’institut curie comprendre pour agir contre le cancer actualités L’essai Shiva, de la théorie à la pratique clinique Entre nous Compte d’emploi des ressources de l’Institut Curie dossier Soins de support : pour une approche globale du patient # 99 - septembre 2014 - 1,50 € - ISSN 1145-9131 sommaire h actualités Institut Curie L’essai Shiva, de la théorie à la pratique clinique Métastases : un mystère de la dissémination tumorale s’éclaircit p. 3 p. 4 Fondation privée reconnue d’utilité publique habilitée à recevoir des dons et des legs, l’Institut Curie associe le premier centre français de recherche en cancérologie à un ensemble hospitalier de pointe. Fondé dès 1909 sur un modèle conçu par Marie Curie, de la recherche fondamentale aux soins innovants, l’Institut Curie rassemble 3 400 chercheurs, médecins et soignants mobilisés pour lutter contre les cancers. Pour accélérer les découvertes et ainsi améliorer la qualité de vie des malades, le soutien de nos donateurs est essentiel. Actualités générales Il y aurait deux types de cancers de la surrénale ! Congrès Asco 2014 : de nouveaux espoirs pour les patients Éditorial p. 5 Un grand merci pour votre générosité, véritable moteur de nos actions p. 6 Cancer du sein : mieux dépister, pour mieux traiter p. 7 Christophe Hargoues / Institut Curie h dossierp. 8 pour une approche globale et spécifique de chaque patient La qualité de vie passe aussi par le lien social Accompagner le retour au travail Pas encore des adultes, mais plus des enfants h entre nous p. 10 p. 12 p. 14 Questionnaire : les donateurs ont pris la parole p. 15 Le compte d’emploi des ressources 2013 de l’Institut Curie p. 16 Marie Curie et sa fille Irène se sont engagées pendant la Grande Guerre p. 19 Pedro Lombardi / Institut Curie h fiche pratique Le Conseil d’administration, que j’ai l’honneur et la responsabilité de présider, a approuvé les comptes 2013 de notre fondation. Vous les découvrirez dans ce numéro (lire p. 16-17), où Daniel Thierry, membre fondateur et trésorier, les commente pour vous. En tant que lecteurs et donateurs fidèles, vous pourrez ainsi prendre connaissance, comme chaque année, du bilan financier de notre institut, et apprécier le détail de l’origine de nos ressources issues de votre générosité. Les comptes 2013 précisent l’usage qui est fait de votre précieux soutien en terme Pr Thierry Philip, président d’innovation contre le cancer. Aujourd’hui, de l’Institut Curie l’innovation passe notamment par l’adoption d’une vision globale de chaque personne malade car, au-delà de soigner, il est primordial d’accompagner la personne selon ses besoins particuliers, son âge, sa situation … (lire p. 8). Votre présence à nos côtés nous a permis, en 2013, d’acquérir des connaissances et d’ouvrir de nouvelles voies, avec de nombreux espoirs à la clé pour vaincre la maladie. L’excellence de nos chercheurs et médecins a été reconnue cette année en France et par-delà nos frontières. La directrice de notre Centre de recherche, Geneviève Almouzni, a été reçue à l’Académie des sciences en séance solennelle sous la coupole de l’Institut de France. La direction de la Chimiothèque nationale vient d’être confiée à Florence Mahuteau-Betzer, qui pilote déjà celle de l’Institut Curie. Ou encore le prix Diálogo à l’Amitié franco-espagnole a été remis à l’Institut Curie et la Fundación Centro Nacional de Investigaciones Oncológicas Carlos III*, récompensant nos statuts de « références mondiales en matière de prévention, diagnostic et traitement du cancer ». Le modèle Curie, plus que jamais d’actualité, nous permet toujours d’avancer plus loin et de remporter de nouvelles victoires, que nous sommes fiers de partager avec vous, en remerciement de votre générosité. * Fondation du Centre national de la recherche en Oncologie Carlos III LE JOURNAL DE L’Institut Curie COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER EST ÉDITÉ PAR L’Institut Curie, 26 RUE D’ULM, 75248 PARIS CEDEX 05 - [email protected] WWW.CURIE.FR - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : PR thierry philip - RÉDACTRICE EN CHEF : NATHALIE BOISSIÈRE – RÉDACTION : NATHALIE BOISSIERE, AURELIEN COUSTILLAC, Corinne Drault, Salomé Tesseire – ICONOGRAPHIE : Citizen Press et PHOTOTHEQUE.CURIE.FR – DONS ET ABONNEMENTS : YVES CONGAL (01 56 24 55 66) – ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO : D R SÉverine Alran, Sylvie Arnaud, Philippe Chavrier, D R PAUL COTTU, D R Sylvie Dolbeault, marie dutreix, Ludger Johannes, D R Christophe Le Tourneau, D R Alain Livartowski, P R Roman Rouzier, Anne VINCENT-Salomon, MONIQUE SEVELLEC de l’institut curie – LE SOMMAIRE, LES TITRES, CHAPÔS, INTERTITRES, ILLUSTRATIONS ET LÉGENDES SONT DE LA RESPONSABILITÉ DE LA RÉDACTION EN CHEF ET N’ENGAGENT QU’ELLE – PHOTOS DE COUVERTURE : ACJC/MUSEE CURIE, Christophe Hargoues et NOAK/LE BAR FLOréal pour INSTITUT CURIE – ABONNEMENT POUR 4 NUMÉROS/AN : 6 € – CRÉATION ET RÉALISATION : CITIZEN PRESS (01 77 45 86 86) – FABRICATION : TC GRAPHITE (MONTREUIL) – IMPRESSION : LA GALIOTE PRENANT, 70 RUE AUBER, 94401 VITRY-SUR-SEINE – NUMÉRO DE COMMISSION PARITAIRE : 0917H82469 – DÉPÔT LÉGAL DU # 99 : SEPTEMBRE 2014 – CE NUMÉRO A ÉTÉ IMPRIMÉ A 200 000 EXEMPLAIRES. il est accompagné d’un bulletin d’abonnement pour certains adressés. 02, LE JOURNAL DE L’Institut Curie actualités Institut Curie ,Recherche clinique L’essai Shiva, de la théorie à la pratique clinique Shiva a franchi une étape cruciale. L’essai clinique a démontré que réaliser la carte génétique de la tumeur des patients est possible en pratique clinique et compatible avec les délais de la prise en charge des patients. Noak / Le Bar Floreal/Institut Curie L ’essai clinique Shiva est une enquête minutieuse sur la tumeur du patient en vue d’un traitement personnalisé », explique le Dr Christophe Le Tourneau, coordinateur de l’essai et responsable de la médecine de précision à l’Institut Curie. Dans cet essai, une première mondiale, les chercheurs ont analysé la tumeur de près de huit cents patients atteints de tous types de cancer, quelle que soit sa localisation, afin d’en établir la carte génétique. En effet, si une thérapie est efficace dans le cancer de la vessie, pourquoi ne le serait-elle pas pour un cancer du poumon, dès lors que les deux tumeurs ont en commun la même anomalie moléculaire. Ainsi, lorsqu’une anomalie moléculaire est détectée, et si la thérapie ciblée correspondant à cette anomalie est disponible, les patients ont accès à ce traitement, même si c’est en dehors de son indication première. « Il était important d’évaluer la faisabilité de notre méthode et sa compatibilité avec la prise en charge clinique des patients au quotidien », reprend le Dr Le Tourneau. La question était de savoir s’il était possible de réaliser la carte génétique des tumeurs en un temps compatible avec les besoins cliniques, pour proposer aux patients un traitement ciblé dans un délai raisonnable. La réponse est oui. L’Institut Curie a démontré la faisabilité de cette approche au quotidien, à partir des données des premiers patients ayant participé à l’essai clinique, en collaboration avec les centres de h « Au pôle de Médecine de précision de l’Institut Curie sont menées les analyses des patients dans le cadre de l’essai Shiva créé en 2013. lutte contre le cancer de Dijon, Lyon, Marseille, Nancy, Nantes et Toulouse. Il fallait auparavant plusieurs mois pour établir la carte génétique d’une tumeur et cela coûtait des dizaines de milliers d’euros. Aujourd’hui, pour un coût d’environ 1 000 euros, « il est possible de réaliser la carte génétique de la tumeur d’un patient en moins de quatre semaines », assure le Dr Le Tourneau. Reste à suivre ces patients sur la durée afin d’évaluer l’efficacité des traitements dans leurs nouvelles indications. Aurélien Coustillac Des donateurs engagés dans le financement de Shiva Le caractère très innovant de l’essai Shiva, sa portée pour les patients et le fait qu’il concerne tous les types de cancers sont des éléments très parlants pour les donateurs. Ils ont répondu présents pour soutenir Shiva. L’Institut Curie remercie chaleureusement l’association 109, première à soutenir l’essai dès 2011, et l’association Courir pour la Vie, qui l’a rejointe en 2012. Des mécènes comme la Fondation EDF, SwissLife ou Malakoff Médéric s’engagent désormais aux côtés de milliers de donateurs particuliers, parmi lesquels des donateurs américains, persuadés du potentiel de cette recherche clinique. h Source : British Journal of Cancer, 15 mai 2014. LE JOURNAL DE L’Institut Curie ,03 actualités Institut Curie ,Métastases Christophe Hargoues / Institut Curie Rendre aussi la radiofréquence plus efficace Un mystère de la dissémination s’éclaircit Christophe Hargoues / Institut Curie Traitement Marie Dutreix, chef de l’équipe Recombinaison, réparation et cancer : de la molécule au patient, à l’Institut Curie. Tuer les cellules tumorales sous l’action de la chaleur : tel est le principe de la radiofréquence. Toutefois, son efficacité décroît avec la taille de la tumeur. Marie Dutreix, biologiste à l’Institut Curie, a donc observé si les molécules Dbait, qu’elle a conçues, n’augmenteraient pas l’effet de la radiofréquence. Ces molécules « trompent » les cellules tumorales – et uniquement elles –, en leur faisant croire que, suite au traitement, elles sont plus endommagées qu’elles ne le sont réellement. Résultat : les molécules Dbait accroissent la destruction par la radiofréquence des cellules tumorales dans un modèle de cancer du côlon. Les études doivent se poursuivre pour qu’à terme débute un essai clinique avec des patients. Issue de la collaboration entre Curie-Cancer et sa start-up DNA Therapeutics, une première molécule basée sur la technologie Dbait est déjà évaluée, avec des résultats encourageants, en association avec une radiothérapie, chez une vingtaine de patients atteints de mélanome métastatique résistant à la chimiothérapie. h Source : Science to Practice et Radiology, avril 2014. 04, Nathalie Boissière LE JOURNAL DE L’Institut Curie es chercheurs de l’Institut Curie ont étudié une forme de cancer du sein parmi les plus agressives, résistante aux traitements. Menés par Carine Rossé et Philippe Chavrier, biologistes, en collaboration avec Anne Vincent-Salomon, médecinchercheuse, ils ont ainsi découvert deux protéines (PKC et MT1-MMP) impliquées dans la dissémination tumorale. Ces dernières sont « surproduites » chez les patientes atteintes de cancers à pronostic défavorable. En les repérant, il serait possible d’identifier très tôt les tumeurs enclines à provoquer des métastases, ces cellules cancéreuses qui s’échappent de la tumeur d’origine. h h D Anne Vincent-Salomon et Philippe Chavrier. PKC et MT1-MMP deviennent aussi une cible thérapeutique potentielle pour bloquer la dissémination de ces métastases. Ces travaux originaux sont menés dans le cadre du programme « Cancer du sein : invasion et motilité », financé grâce à la générosité du public envers l’Institut Curie. Isabelle Ampart h Source : PNAS, avril 2014. ,Biologie Un espoir pour « contrôler » les cellules tumorales À l’Institut Curie, Ludger Johannes dirige la récente unité de recherche Chimie biologique des membranes et ciblage thérapeutique. Son équipe étudie le mécanisme par lequel la cellule absorbe de grosses molécules (les « cargos »). Le va-et-vient de ces molécules permet à la cellule d’échanger et de communiquer avec ses consœurs. Les protéines de la famille galectine, dont l’une s’appelle Gal3, sont connues pour monter la garde à l’entrée des cellules : « Nous venons d’élucider un mécanisme incompris depuis trente ans, en expliquant comment Gal3 capture les “cargos” et provoque l’incurvation de la membrane cellulaire », résume le chercheur. Ce qui ouvre de nombreuses pistes de traitements, comme transporter des médicaments dans certaines cellules, ou donner de « faux » messages aux cellules tumorales puisque le transit des « cargos » est un moyen de communication… Ces perspectives obligent les chercheurs à transcender les frontières entre pays et entre disciplines. Ainsi Ludger Johannes et trois équipes, américaine, danoise et indienne, ont obtenu un financement de l’organisation Human Frontier Science. Une aide importante pour améliorer les connaissances sur les membranes cellulaires. A. C. h Source : Nature Cell Biology, mai 2014 actualités générales ,Pronostic Technologie Il y aurait deux types Vers une santé connectée de cancers de la surrénale ! e cancer de la corticosurrénale (ou corticosurrénalome) est une maladie rare, très agressive. Une fois la maladie déclarée, l’espérance de vie des patients dépasse rarement cinq ans. Un pas supplémentaire vient d’être franchi vers une médecine adaptée à chacun d’entre eux. En analysant le génome de 130 échantillons de tumeurs de la surrénale, des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont identifié deux profils différents, liés à deux types de pronostics. Le premier présente un pronostic favorable dès lors qu’il y a eu ablation de la tumeur. Le second est défavorable. Toutefois, dans ce cas, les travaux ont permis d’identifier de nouveaux gènes, dont l’un serait suppresseur de tumeur… De quoi explorer de nouvelles pistes de traitement pour ce second groupe de patients. Thinkstock L I. A. h Source : Nature Genetics, avril 2014. ,Politique de santé Concilier qualité des soins et économie h ’État veut redresser les comptes publics tout en maintenant la qualité du système français des soins et de ses hôpitaux. La Fédération Unicancer, regroupant les centres de lutte contre le cancer, rappelle que, sur le terrain, les réformes concernant le parcours de soins, les médicaments et la pertinence des actes sont déjà mises en œuvre, qu’il s’agisse d’achats mutualisés de médicaments, de développement de la chirurgie ambulatoire ou encore de diminution des séances de radiothérapie grâce aux nouvelles techniques… Une étude sur la prise en charge des personnes atteintes de cancer en 2020 montre que l’hôpital va confirmer son rôle de pivot du parcours de soins (grâce aux infirmières de coordination) et favorisera les séjours plus courts. Cette évolution, à laquelle participe activement l’Institut Curie, s’accompagne d’un lien plus fort tissé avec la médecine de ville, du développement de l’éducation Thinkstock L Les prises en charge ambulatoires sont appréciées des patients, qui retournent rapidement chez eux après les soins, et sont sources d’économies. thérapeutique des patients… Elle contribuera à réduire les dépenses de santé à condition « d’affiner la classification des tarifs en chirurgie » selon Unicancer, qui précise que le gouvernement tient là un moyen d’inciter au développement de la chirurgie ambulatoire. Les progrès de l’informatique permettent, aujourd’hui, de collecter et d’analyser d’immenses quantités de données (big data) au quotidien, on le voit par la déferlante de dispositifs connectés. Chacun peut devenir acteur de sa santé, mesurer son rythme cardiaque, estimer le nombre de calories qu’il dépense… Des patients voient même leur qualité de vie progresser quand leur pacemaker les informe en temps réel ainsi que la société qui l’a fabriqué ! Cette information permet d’alerter voire de prévenir un incident grave. Derrière les big data, se trouvent d’importants projets commerciaux, certes, mais se jouent également des enjeux en matière de recherche, notamment en cancérologie. Par exemple, en analysant des volumes considérables de données médicales issues de résultats d’IRM, ou de tests génétiques, des chercheurs essaient de construire des modèles prédictifs pour améliorer le diagnostic et/ou le traitement de certains cancers. Les big data s’imposent peu à peu comme un levier d’accélération de la recherche médicale. Mais on ne rappellera jamais assez le rôle crucial de l’expertise humaine pour traiter toutes ces données ! A. C. I. A. LE JOURNAL DE L’Institut Curie ,05 actualités générales ,Congrès ASCO 2014 À l’occasion de son 50e anniversaire, l’Inserm dresse un panorama de la perception des Européens à l’égard de la recherche médicale. Le sondage, mené auprès de 4 000 personnes1, révèle qu’elles s’intéressent à la recherche en santé (45 %) et considèrent que celle-ci permettra d’offrir une vie meilleure à leurs enfants (82 %). Au palmarès des innovations médicales des cinquante dernières années, les Européens placent en tête la greffe d’organes (70 %), devant l’imagerie médicale (65 %) et les thérapies géniques (51 %). Malgré leur intérêt pour la recherche, les Européens se considèrent mal informés (59 %) et ont du mal à comprendre des termes scientifiques comme : séquençage du génome, vecteur viral, perturbateurs endocriniens, épigénétique… I. A. 1. Ipsos a interrogé, par Internet, plus de 4 000 Européens : Français, Allemands, Italiens et Britanniques. De nouveaux espoirs pour les patients D e nouvelles pistes thérapeutiques contre le cancer ! « Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu ça », s’est enthousiasmé le Dr Christophe Le Tourneau, responsable de la médecine de précision à l’Institut Curie, à son retour du 50e congrès de l’Asco, la société américaine d’oncologie clinique. L’immunothérapie était à l’honneur avec, désormais, un véritable espoir de rémission pour certains patients, en particulier ceux dont les cancers forment des métastases et pour qui la guérison est très rarement possible. En restaurant ou renforçant le système immunitaire pour détruire les tumeurs, l’immunothérapie s’avère efficace, selon plusieurs études présentées à l’Asco, et ce dans plusieurs cancers (mélanome, poumon, ORL, vessie, rein, ovaire). Même si des questions subsistent quant aux effets secondaires. Christophe Hargoues / Institut Curie La recherche médicale vue par les Européens h Sondage Le congrès de l’Asco a confirmé que les traitements de chimiothérapie s’améliorent. D’autres études encourageantes ont, lors du congrès, valorisé une nouvelle génération de thérapies ciblées : un traitement adapté selon la localisation ou le profil moléculaire de la tumeur (voir essai Shiva en p. 3). Enfin, les traitements standards de chimiothérapie s’améliorent, en les associant à d’autres molécules capables de potentialiser leurs effets. I. A. ,Prévention Un lien entre surpoids et cancer de l’ovaire U Phovoir n rapport international établit pour la première fois un lien probable entre la corpulence et l’augmentation du risque de cancer de l’ovaire. Cette étude confirme ce qu’avaient annoncé les experts en 2007, à savoir que ce risque augmenterait avec la taille (en cm) des femmes et diminuerait chez les femmes qui allaitent ou ont allaité. Le lien entre surpoids et cancer de l’ovaire allonge la liste des cancers associés à la surcharge pondérale : 06, LE JOURNAL DE L’Institut Curie cancer du sein post-ménopause, du côlon-rectum, de l’endomètre, du rein, de l’œsophage, du pancréas et de la vésicule biliaire. Comme il est possible de perdre du poids, en pratiquant une activité physique régulière et en ayant une alimentation équilibrée, ce travail confirme aussi la nécessité de renforcer la prévention en matière de surpoids. h Source : World Cancer Research Fund et l’American Institute for Cancer Research, 2014 I. A. info pratique dépistage Cancer du sein Thinkstock Mieux dépister, pour mieux traiter Avec près de 49 000 nouveaux cas estimés en 2012, selon l’Institut national du cancer, le cancer du sein est le plus fréquent chez la femme. Détecté à un stade précoce, il peut être traité plus efficacement avec de meilleures chances de guérison. Alors, dès 50 ans, n’hésitez plus, participez au dépistage organisé ! Isabelle Ampart Thinkstock h Pourquoi est-ce important ? h Qu’est-ce que le dépistage organisé du cancer du sein ? C’est un examen proposé systématiquement aux femmes de 50 à 74 ans. À cet âge, elles sont en effet davantage exposées au risque de développer ce cancer, lorsqu’il n’est pas héréditaire (85 % des cas). L’examen, gratuit et de qualité, est pratiqué dans des centres agréés et contrôlés. POUR EN SAVOIR PLUS Car c’est un moyen fiable de détecter tôt le cancer du sein et de diminuer sa mortalité. Chaque cliché de mammographie est interprété par deux radiologues spécialisés. Cette double lecture permet de mieux repérer les cancers. Notamment les cancers précoces (impalpables), qui peuvent bénéficier d’un traitement léger, avec une guérison dans plus de 9 cas sur 10. h Comment ça se passe ? À 50 ans, puis tous les deux ans, chaque femme reçoit un courrier qui l’invite à prendre rendez-vous dans un centre agréé de radiologie pour une mammographie (radiographie des seins) et un examen clinique réalisés par un médecin radiologue. Le dépistage est gratuit et sans avance de frais. h Et si j’ai moins de 50 ans ou plus de 74 ans ? En l’absence de facteurs de risques (antécédents de cancer ou existence de cancers du sein dans la famille), les mammographies tous les deux ans ne sont pas recommandées avant 50 ans ni après 74 ans car le risque est moindre. Toutefois, n’hésitez pas à consulter régulièrement votre généraliste ou votre gynécologue, surtout si vous présentez des symptômes (grosseur dans le sein ou au niveau des aisselles, anomalie de la forme des seins, rougeur, œdème, écoulement au niveau du mamelon…). Octobre Rose Parlons des cancers du sein. h Octobre Rose, un mois d’information, de mobilisation et de manifestations pour tout connaître sur le cancer du sein et radio. encourager le dépistage organisé. Du 1er au 31 octobre 2014, curie.fr se tiendra la 3e édition de Radio Curie : cette web radio s’adresse aux femmes atteintes d’un cancer du sein et à leurs proches. Témoignez et posez vos questions à [email protected] ou au 01 56 24 55 19 (prix d’un appel local). Informez-vous sur radio.curie.fr ! Ensemble, prenons le cancer de vitesse. www.curie.fr h Cancer info, du lundi au vendredi de 9 h à 19 h et le samedi de 9 h à 14 h : 0810 810 821(prix d’un appel local. Une équipe de spécialistes répond à toutes vos questions, d’ordre pratique, médical ou social. h Source : Institut National du cancer. LE JOURNAL DE L’Institut Curie ,07 pour une approche globale et spécifique de chaque patient La prise en charge d’une personne atteinte de cancer ne s’arrête pas au seul traitement de sa maladie. Il s’agit désormais de considérer le patient dans sa globalité, de l’aider à gérer les conséquences de son cancer et de son traitement, de l’accompagner psychologiquement et socialement. En d’autres mots, d’améliorer sa qualité de vie tout au long du traitement mais aussi de l’aider à préparer l’après. C’est la mission dévolue aux soins de support. Dossier réalisé par Émilie Gillet 08, LE JOURNAL DE L’Institut Curie dossier Aider et accompagner Christophe Hargoues / Institut Curie h Le Programme Activ’ (activité physique et nutrition) permet d’améliorer la qualité de vie et de diminuer le risque de récidive de cancer. e Plan cancer 2003-2007 a permis une première reconnaissance de certaines disciplines des soins de support : soutien psychologique, accompagnement social, prise en charge de la douleur et soins palliatifs essentiellement. Certaines initiatives existaient déjà, mais de façon hétérogène », explique le Dr Claudia Ferrari, responsable du département Parcours de soins et relations avec les professionnels de l’INCa. Mais de quoi parle-t-on lorsqu’on parle de soins de support ? De l’ensemble des soins et soutiens apportés aux patients tout au long de sa maladie, en plus des traitements anticancéreux spécifiques comme la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie ou l’hormonothérapie… Il s’agit donc d’accompagnement nutritionnel, social ou psychologique, de rééducation fonctionelle… Il n’est en effet plus question aujourd’hui de se contenter de soigner un organe malade mais bien de traiter une personne de façon globale et personnalisée (lire aussi l’encadré p. 13). Dans ce domaine, les centres de lutte contre le cancer (CLCC), dont fait partie l’Institut Curie, ont été des défricheurs. Ils ont été les premiers, comme le centre de Nancy (Meurthe-et-Moselle), à développer et structurer des activités relevant des soins de support. Selon l’étude « Quelle prise en charge des cancers en 2020 ? », menée par la fédération Unicancer qui regroupe les CLCC, ces approches complémentaires devraient connaître un développement significatif ces prochaines années. Les ressources humaines s’y consacrant, dans certains centres de lutte contre le cancer, devraient même doubler. Grâce aux progrès de la science et de la médecine, plus d’un malade atteint de cancer sur deux guérit. « L’objectif est de les traiter dans les meilleures conditions possibles mais de préparer l’après-cancer. Se développent ainsi depuis une trentaine d’années des approches complémentaires. La prise en charge de la douleur et les soins palliatifs ont ouvert le bal », raconte le Pr Ivan Krakowski, oncologue à l’Institut de cancérologie de Lorraine (Nancy) et président de l’Association française pour les soins oncologiques de support. questions à… A. Lescure / Institut Curie L « Sylvie Arnaud, directeur des soins de l’Institut Curie Quels soins de support l’Institut Curie met-il en avant pour le bienêtre des patients ? Parmi toutes les pratiques présentes à l’Institut Curie, l’hypnose tient une place importante. Des études ont montré son efficacité. Des médecins, infirmières et psychologues sont formés à cette pratique. Nous menons aussi des campagnes de sensibilisation afin que, dans tous les services, il y ait des soignants qui connaissent la pratique de l’hypnose. Cela les amène à interagir différemment avec leurs patients, et aussi à mieux repérer parmi eux, ceux qui peuvent en bénéficier. Personnaliser la prise en charge, c’est aussi s’adapter à l’âge de chaque patient. En effet, l’année dernière, nous avons créé une unité dédiée aux jeunes de 15 à 25 ans. Ils traversent une période particulière de leur vie, parfois compliquée, à laquelle vient s’ajouter la maladie. Ils souffrent d’un cancer alors qu’ils ne sont plus tout à fait des enfants, et pas encore des adultes. Leur prise en charge thérapeutique doit être adaptée, tout comme les soins de support qu’on leur propose. Avec l’aide d’une association, nous allons par exemple leur proposer une consultation de socio-esthétique. Comment les soins conventionnels et les soins de support s’articulent-ils ? Les soins de support sont présents au début de la prise en charge et tout au long du parcours de soins du patient, même après le traitement. Tous les professionnels de santé sont vigilants pour identifier les besoins de chaque patient, car il est important d’intervenir le plus tôt possible. La mise en œuvre des soins palliatifs, qui font partie des soins de support, reste encore complexe. Beaucoup les identifient encore à la fin de vie alors que les soins palliatifs aident aussi à mieux gérer la maladie, lorsqu’on ne peut plus véritablement la guérir, et à soulager les patients pendant toute la durée des soins – parfois des années. (Suite p. 11) LE JOURNAL DE L’Institut Curie , 09 décryptage baromètre cancer La qualité de vie passe aussi par le lien social Le tout récent baromètre Cancer 2014 Institut Curie-Viavoice montre que les moyens perçus par les Français comme permettant d’améliorer la qualité de vie des patients atteints de cancer évoluent d’année en année. Ce baromètre est un outil d’analyse et de réflexion pour les professionnels de l’Institut Curie quant à la prise en charge et l’accompagnement des patients. Les approches complémentaires pour les malades…* Apportent du réconfort 72 % 43 % so u ti en p s y c h olo g iqu DES FRANÇAIS ( +9% par rapport à 2013 ) Permettent d’améliorer sa condition psychique et physique e 18 % m r vé m c u d e la al a estiment qu’après avoir guéri d’un cancer, il est possible de retrouver la même vie qu’avant d’être malade. Les réponses des femmes et des catégories populaires sont parmi les plus pessimistes. Permettent de combattre la maladie re m Permettent d’être entouré, soutenu, de pouvoir communiquer pt u re d e l’i s ole me nt o ti v a ti o n Aident les malades à se changer les idées, à s’évader de la maladie ou ve rt u 11 % r e s u r a u t re ch os * Question ouverte, plusieurs réponses possibles, total supérieur à 100. LE JOURNAL DE 10 , L’Institut Curie Non, pas du tout 13 % Non, plutôt pas 18 % e ru Ne se prononcent pas 3% d 12 % 12 % DES SONDÉS ie 17 % La vie après un cancer 66 % b i e n - ê t re Contribuent à la diminution des effets secondaires et des douleurs e il le u considèrent que les approches complémentaires non médicales sont importantes en complément des traitements médicaux. Une personne guérie d’un cancer peut retrouver la même vie qu’avant d’être malade ? Oui, tout à fait 35 % Oui plutôt 31 % Le baromètre cancer 2014 Institut Curie - Viavoice 2014, a été réalisé par téléphone en avril et mars 2014, auprès d’un échantillon de 1008 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (pour les chiffres présentés ci-dessus). dossier Aider et accompagner (Suite de la p. 9) Dès les années 1980, il ne s’agissait plus de se contenter d’utiliser des médicaments puisque l’hypnose ou l’approche psychosociale étaient déjà envisagées pour soulager la douleur. h Noak / Le Bar Floréal / Institut Curie De la psychologie à l’esthétique, en passant par la nutrition C’est aussi dans les années 1980 que s’est développée la psycho-oncologie. « Dans les CLCC, les spécialistes du cancer ont fait appel à des psychiatres et des psychologues. Car, même si les oncologues se doivent d’avoir une approche humaniste de leurs patients, il était évident à l’époque qu’ils n’étaient pas formés à offrir une réelle prise en charge psychologique, se souvient le Dr Daniel Serin, oncologueradiothérapeute à l’Institut Sainte-Catherine, à Avignon (Vaucluse), ancien président de la société française de Psycho-oncologie. Aujourd’hui, la psycho-­oncologie est une discipline à part entière, exercée par des professionnels ayant une double formation. Mais chaque professionnel de santé en contact avec le patient doit être en mesure de repérer s’il a besoin d’une telle aide. » Un patient sur deux présente un état de détresse à un moment ou à un autre de sa maladie. Près de un sur cinq a besoin d’un accompagnement psychologique par un Certains ateliers permettent d’établir une nouvelle relation avec l’autre utilisant un nouveau moyen d’expression par exemple (ici à la Maison des patients). professionnel, selon le Dr Serin. Reste à les identifier correctement. Progressivement, la psycho-oncologie a été rejointe par la nutrition. D’abord par souci d’aider les malades à supporter certains traitements, puis dans le cadre d’une prévention secondaire, avec un objectif global de bienêtre de la personne. A suivi l’accompagnement social, qui permet notamment d’aider les patients à organiser les tâches de la vie quotidienne et familiale ou à préparer leur retour progressif au travail. Puis la nutrition. Mais la liste n’est pas close ! « Le périmètre des témoignage Des ateliers nutrition pour faire le lien entre alimentation et santé Christophe Hargoues / Institut Curie Constanza, 50 ans, ancienne patiente de l’institut curie Institut Curie « Après la phase de traitement de mon cancer, l’équipe médicale de l’Institut Curie m’a proposé de participer notamment à des ateliers nutrition dans le cadre du Programme Activ’1. Une fois par mois, nous étions une dizaine de femmes à nous réunir autour d’une nutritionniste, avec à chaque fois un thème précis : les protéines, les laitages... Le but était de nous faire prendre conscience de l’importance d’une alimentation équilibrée, entre autres pour contrôler son poids. Certaines Titre : Programme Activ' Legende : Après une phase pilote menée en 2012 avec succès, l’Institut Curie et le Groupe Associatif Siel Bleu déploie en 2013 le Programme Activ’ en complétant l’activité physique par la diététique pour améliorer la qualité de vie et diminuer le risque de récidive du cancer. Ce programme, proposé aux femmes en surveillance après un cancer du sein, bénéficie du soutien et de l’accompagnement du patientes étaient là pour en perdre car elles avaient grossi pendant leur traitement, moi c’était plutôt l’inverse. Après l’annonce de mon cancer, j’ai commencé à faire attention à ce que je mangeais. Grâce aux ateliers, j’ai pris encore plus conscience que l’alimentation avait un impact sur ma santé. Cet accompagnement par un nutritionniste m’a été très utile, j’ai pu poser toutes les questions que je voulais et le dialogue a été très ouvert. » 1. Avec le soutien et l’accompagnement du fonds d’innovation d’AG2R LA MONDIALE. LE JOURNAL DE L’Institut Curie , 11 dossier Aider et accompagner soins de support est très évolutif car les besoins et les pratiques évoluent, autour de la fertilité et de la sexualité, ou encore de toxicités cutanées ou digestives liées aux nouveaux traitements », souligne le Pr Krakowski. Au fil du temps, à l’Institut Curie notamment, on a vu émerger pour les malades du cancer les consultations douleur, des activités psycho-corporelles comme l’hypnose, le yoga, la relaxation, des entretiens autour de la sexologie ou encore des ateliers olfactifs ou de colorimétrie. « Il est primordial que tout professionnel s’y connaisse un minimum. D’une part, pour participer à ces soins et, d’autre part, pour être en mesure de solliciter les experts de ces domaines dès que cela est nécessaire », poursuit le professeur lorrain. À chaque âge son approche S’adapter au patient, répondre à ses besoins spécifiques, c’est aussi prendre en compte son âge. Se sont ainsi développées des disciplines spécifiques telles que l’oncogériatrie pour les plus âgés, suivant l’exemple bientôt quadragénaire de l’oncopédiatrie pour les enfants. À l’Institut Curie, des services leur sont dédiés. Depuis l’année dernière, ils ont même été rejoints par l’unité consacrée aux adolescents et aux jeunes adultes (AJA). À chaque âge de la vie, en effet, des questions spécifiques se posent. Une attention particulière est notamment apportée aux jeunes adultes qui reçoivent des traitements pouvant conduire à une infertilité. Des programmes de conservation des gamètes leur sont proposés. La directrice générale de l’Institut national du cancer (INCa) le notait encore récemment : « Trop peu souvent, des consultations de la préservation de la fertilité sont proposées, surtout aux femmes. Nous allons travailler avec l’ensemble des professionnels pour les sensibiliser à cette nécessité. » Autre évolution, la recherche clinique prend désormais en compte la spécificité des plus âgés. C’est notamment le cas de l’essai ASTER 70s, coordonné par le Dr Brain, de l’Institut Curie, et ouvert depuis 2012 dans plusieurs centres de lutte contre le cancer ainsi qu’en Belgique. Il étudie le pronostic d’évolution LE JOURNAL DE 12 , L’INSTITUT L’Institut CURIE Curie générosité Accompagner le retour au travail Parmi les malades du cancer, un homme sur trois et près d’une femme sur deux doivent concilier soins médicaux et activité professionnelle. Pour la plupart d’entre eux, le maintien, ou le retour, au travail après la phase aiguë de traitement est une période très compliquée. C’est aussi la mission de l’Institut Curie que de les aider à ce moment-là. Dans le cadre d’un accompagnement globalisé des patients, la Maison des patients et des proches propose ainsi un programme innovant, dont l’objectif est de les conseiller et les accompagner dans leur reprise d’une activité professionnelle. Une psychosociologue les aide à mettre à plat leur situation puis, quand nécessaire, une coach spécialisée renforce l’accompagnement par un travail en groupe (ateliers) ou individuel. Ce programme est entièrement financé par Mutuelle Bleue, entreprise de l’économie sociale qui a pour but la protection de l’individu et de la famille dans les domaines de la santé, de la prévoyance, de l’assurance, de l’épargne et de la retraite. Mutuelle Bleue est un partenaire engagé aux côtés de l’Institut Curie depuis de nombreuses années. Grâce à son soutien, de grandes actions de lutte contre le cancer ont pu être réalisées. Phovoir (Suite de la p. 11) d’un type de cancer du sein hormono-sensible chez les femmes de plus de 70 ans. D’autres études sont également en cours comme l’évaluation de moyens permettant de diminuer l’agitation et l’angoisse des patients âgés désorientés. Un développement progressif, puis une reconnaissance officielle Les soins de support ont franchi les frontières pour innover et se développer. Comme la psycho-oncologie française, qui s’est inspirée de ce qui se faisait aux États-Unis, ou la dossier Aider et accompagner Alexandre Lescure / institut Curie DR Sylvie dolbeault, psychiatre en oncologie à l’institut curie en image Améliorer la qualité de vie des patients À quoi servent les soins de support ? C’est une question à laquelle une spécialiste de l’Institut Curie répond dans une courte vidéo, didactique et accessible à tous, que l’on peut retrouver sur Internet. Le Dr Sylvie Dolbeault, psychiatre en oncologie et chef du département de soins de support à l’Institut Curie, y explique notamment que médecins et professionnels paramédicaux s’occupent du patient globalement et répondent à ses besoins dans le cadre d’un accompagnement au long cours, dès le moment du diagnostic, pendant et après le traitement, et jusqu’à la fin de vie si c’est nécessaire. L’objectif est de soutenir le patient et de l’aider à s’adapter à sa nouvelle vie. Et pour cela, une coordination entre chaque intervenant est indispensable ! Les soins de support font partie intégrante du plan de traitement des personnes atteintes de cancer » prise en charge des adolescents et des jeunes adultes, qui est venue de Grande-Bretagne. Les patients eux-mêmes, à travers les associations de malades et de proches, ont joué un rôle essentiel dans l’essor de ces approches complémentaires. Dès le premier Plan, les soins de support sont devenus un critère de qualité pour l’autorisation des établissements de santé à prendre en charge les cancers. Le deuxième Plan cancer a confirmé leur montée en puissance. Il a renforcé les dispositifs promus dans le premier Plan et complété l’éventail des approches. Notamment avec la détection précoce de la fragilité sociale et avec le programme personnalisé de l’aprèscancer. Le troisième Plan cancer, lancé en février 2014, parachève cette consolidation organisationnelle en fixant comme objectif de développer des référentiels de qualité des soins de support. « L’un des défis est en effet d’accroître l’accessibilité de ces soins de support sur l’ensemble du territoire, poursuit le Dr Ferrari, car des disparités existent encore, et d’organiser leur mise en œuvre dans un souci de qualité. » L’articulation avec la médecine de ville est un autre enjeu majeur. Les soins de support ne peuvent rester réservés à l’hôpital. Alexandre Lescure / institut Curie h Un besoin de financement et de recherches Les approches du soin et de l’accompagnement sont parfois difficiles à évaluer. Certaines souffrent ainsi parfois d’un manque de reconnaissance, n’étant pas prises en charge par l’Assurance maladie. Ce qui explique le frein à leur développement. Sans l’aide des associations, ou du soutien de h Pour en savoir plus : Série « Chez Marie » : curie.fr/fondation/videos-chez-marie Parmi les soins de support, l’hypnose tient une place importante à l’Institut Curie. LE JOURNAL DE L’Institut Curie , 13 dossier Aider et accompagner particuliers et de mécènes, certains soins de support n’auraient jamais pu voir le jour. Si les particuliers sont enclins à soutenir de telles approches, c’est qu’environ « 60 % des patients font appel à des thérapies non conventionnelles sans le mentionner à leur médecin, rappelle le P r Krakowski, selon une étude du groupe de recherche Unicancer sur les soins de support qu’il préside. Ils seraient certainement plus nombreux à en parler à leur médecin si les soins de support étaient proposés au plus grand nombre. » D’ailleurs, l’oncologue Daniel Serin illustre, sous forme de clin d’œil, les soins de support : « On ne peut pas s’occuper de tout mais on doit se préoccuper de tout. » Mais, pour bénéficier à tous, ces approches complémentaires doivent être évaluées et perfectionnées. Tout comme les thérapies contre le cancer, elles méritent qu’on leur consacre des recherches ! Car leur intérêt est devenu incontestable : « Des recherches ont montré qu’une prise en charge précoce et conjointe du cancer par des thérapies spécifiques et des soins de support améliore la qualité de vie des malades, justifie le P r Krakowski. En 2010, une étude a même fait beaucoup de bruit en montrant que, dans le cadre d’un type de cancer du poumon, les soins de support augmentent la survie des malades ! Ces résultats viennent d’être confortés récemment par une autre étude. » Pour conforter l’essor des soins de support, une meilleure reconnaissance de la part du personnel médical est nécessaire : « C’est lui qui aujourd’hui repère les besoins des malades et est le prescripteur de soins de support », analyse le Pr Krakowski. Le troisième Plan cancer devrait jouer un rôle important : un tiers des actions qu’il propose concernent spécifiquement les soins de support. ■ générosité LE JOURNAL DE 14 , L’Institut Curie la psychomotricienne est financé pendant trois ans par la Fondation Apicil, un acteur engagé pour développer l’innovation afin de lutter contre la douleur. L’École à l’Hôpital intervient pour le soutien dans la poursuite des études. Et grâce à l’important soutien de la fondation suisse Philanthropia, un médecin spécialiste renforce la présence médicale auprès des jeunes ; des ateliers de musique, d’écriture, des animations particulières sont aussi proposés, et un fonds d’aide sociale permet d’aider les jeunes en situation précaire. Le soutien de la fondation Philanthropia est une aide précieuse pour améliorer la qualité de soin et de vie des jeunes patients. Même le mode de communication entre soignants et patients s’est adapté à l’âge de ces derniers : ils peuvent contacter directement l’Emaja via SMS ! h L’Institut Curie dispose, notamment grâce au soutien financier d’entreprises, d’une unité dédiée aux patients âgés de 15 à 25 ans. Près de 18 mois après son ouverture, cette structure a réussi à adapter la prise en charge aux spécificités de cette période de la vie, où le corps et la personnalité changent à toute allure, où l’on se construit une identité et l’on acquiert une certaine autonomie. Une équipe médicale est dédiée et spécialement formée pour cette unité qui dispose de 6 lits en chambre individuelle, et d’une « salle des ados ». Chaque patient rencontre l’infirmière coordinatrice et l’assistante sociale de l’Emaja (équipe mobile adolescents-jeunes adultes) et une psychologue ou un pédopsychiatre. Une attention particulière est aussi apportée au corps. D’ailleurs, le poste de Christophe Hargoues / Institut Curie Pas encore des adultes mais plus des enfants… En dix-huit mois, l’unité dédiée aux patients de 15 à 25 ans a réussi à adapter la prise en charge aux spécificités de cette période de la vie. entre nous générosité Votre Fondation La continuité de la recherche et des soins dans un même lieu – l’Institut Curie – stimule l’innovation, favorise les échanges et les découvertes. Fondation privée reconnue d’utilité publique, l’Institut Curie est habilité à recevoir des dons et des legs. Notre volonté de progresser est encouragée par le soutien et la générosité de nos donateurs, testateurs et partenaires, que je remercie chaleureusement. Pr Thierry Philip, président de l’Institut Curie ,Mieux vous connaître LES DONATEURS ONT LA PAROLE Cécile Charré/nstitut Curie d’informations sur les avancées de la recherche et les innovations face au cancer. Il y a quelques mois, nous avons souhaité vous donner la parole, au travers d’un questionnaire destiné à mieux vous connaître et mieux répondre à vos attentes. Vous avez été près de 10 000 à nous répondre, montrant tout l’intérêt que vous portez à nos actions pour prendre le cancer de vitesse. Les principaux enseignements • En grande majorité, vous vous estimez plutôt bien informés des travaux menés par nos chercheurs et médecins, bien que certains d’entre vous souhaiteraient en savoir encore plus. Nous ne manquerons pas d’essayer de mieux vous informer et de continuer à vous donner régulièrement un maximum • En ce qui concerne les champs d’action face au cancer, la recherche fondamentale et le transfert des découvertes vers le patient atteint de cancer viennent très nettement en tête de vos préoccupations. Nous sommes heureux de pouvoir vous faire part des travaux menés dans ces domaines souvent complexes, et de la manière la plus accessible possible. • Le Journal de l’Institut Curie est le mode d’information de l’Institut Curie que, très majoritairement, vous privilégiez. En revanche, si vous êtes de fidèles lecteurs de celui-ci, vous n’êtes encore que 10 % à consulter notre site internet, qui constitue pourtant une mine d’informations sur nos avancées. Nous faisons tout pour vous le rendre plus accessible et vous le faire mieux connaître. • Généreux vis-à-vis de l’Institut Curie – vous l’êtes aussi en soutenant d’autres associations ou fondations –, et vous êtes nombreux à nous proposer d’organiser des manifestations en faveur de notre institut ou de faire du bénévolat. Dans la mesure du possible, nous y donnerons suite et vous remercions très chaleureusement de votre engagement à nos côtés. Nous ferons tout pour mériter votre confiance et vous tenir informés au mieux des progrès face au cancer que votre générosité rend possibles. À nouveau, un très grand merci ! le journal de l’Institut Curie , 15 entre nous COMPTES 2013 LE COMPTE D’EMPLOI DES RESSOURCES 2013 DE L’Institut Curie Sur 100 € versés à l’Institut Curie par nos donateurs, 77 € ont été alloués aux missions sociales Pedro Lombardi / Institut Curie Chers amis, La lutte contre le cancer a continué de progresser en 2013 grâce à vous. Nous vous remercions de tout cœur de votre générosité, sans laquelle l’innovation contre les cancers ne pourrait voir le jour. En 2013, grâce à votre fidélité et au soutien de nouveaux donateurs qui nous ont rejoints, l’Institut Curie a collecté 40,2 millions d’euros issus de la générosité du public. La majeure partie de cette somme a pu contribuer directement à l’avancement de la lutte contre le cancer, puisque plus de 77 % ont été alloués aux missions sociales de l’Institut Curie. Le compte d’emploi des ressources 2013, présenté ci-contre, vous permettra d’apprécier le rôle très important que vous avez joué dans l’activité de l’Institut Curie. Il est extrait des comptes annuels, qui ont été approuvés par le Conseil d’administration le 24 juin 2014 et certifiés par les commissaires aux comptes. Votre présence à nos côtés est essentielle pour mener à bien nos actions. Encore merci. Daniel Thierry, trésorier h Retrouvez les comptes exhaustifs sur le site Internet de l’Institut Curie : www.curie.fr le journal de 16 , l’Institut Curie Frais de fonctionnement 3,3 M€ 8 % Missions sociales* 30,4 M€ (dont 0,3 M€ mis en réserve pour de futures actions) 77 % Frais d’appel à la générosité du public 6 M€ 15 % * Fonctionnement et investissements. M€ : millions d’euros. Emplois de l’exercice 2013 = compte de résultat EMPLOIS Affectation par emploi des ressources collectées auprès du public utilisées sur 2013 1. MISSIONS SOCIALES 299 550 398 23 789 033 1.1. Réalisées en France 299 550 398 23 789 033 - Actions réalisées directement 297 713 470 23 789 033 - Versements à d’autres organismes agissant 1 836 928 en France 1.2. Réalisées à l’étranger 0 0 - Actions réalisées directement 0 0 - Versements à un organisme central 0 0 ou d’autres organismes 2. FRAIS DE RECHERCHE DE FONDS 7 573 212 5 979 390 2.1. Frais d’appel à la générosité du public 5 979 390 5 979 390 2.2. Frais de recherche des autres fonds privés 1 593 822 0 2.3. Charges liées à la recherche de subventions 0 0 et autres concours publics 3. FRAIS DE FONCTIONNEMENT 8 715 699 3 304 942 I.TOTAL DES EMPLOIS DE L’EXERCICE INSCRITS 315 839 309 AU COMPTE DE RÉSULTAT II.DOTATIONS AUX PROVISIONS 3 783 841 III.ENGAGEMENTS à RÉALISER SUR 29 457 927 RESSOURCES AFFECTÉES IV.EXCÉDENT DE RESSOURCES DE L’EXERCICE 4 533 427 V.TOTAL GÉNÉRAL 353 614 504 33 073 365 VI. Part des acquisitions d’immobilisations brutes de 9 920 929 l’exercice financées par les ressources collectées auprès du public VII. Neutralisation des dotations aux amortissements - 3 581 777 des immobilisations financées à compter de la première application du règlement par les ressources collectées auprès du public VIII.Total des emplois financés par les ressources collectées auprès du public 39 412 517 ÉVALUATION DES CONTRIBUTIONS Missions sociales Frais de recherche de fonds Frais de fonctionnement et autres charges Non évalué Total entre nous COMPTEs 2013 Fondation privée reconnue d’utilité publique, l’Institut Curie est habilité à recevoir des dons et des legs. Les ressources issues de la générosité publique permettent d’accélérer l’innovation dans la recherche et les soins, au bénéfice des patients. Origine des ressources de l’Institut Curie Autres produits 6,8 M€ 2% Ressources collectées auprès du public 40,2 M€ 13 % Ressources par mission sociale 4 % 100 18 % • 53 % issus des dons • 47 % issus de legs Autres fonds privés 33,8 M€ 11 % Assurance maladie 195,4 M€ 63 % 80 Subventions et autres concours publics 35,8 M€ 11 % M€ : millions d’euros. Ressources collectées sur 2013 = compte de résultat ressources 60 Suivi des ressources collectées auprès du public et utilisées sur 2013 Report des ressources collectées auprès du public non affectées et non utilisées en début d’exercice 39 % 85 % 40 40 053 844 1.RESSOURCES COLLECTÉES AUPRÈS DU PUBLIC 40 188 336 1.1. Dons et legs collectés 40 116 010 - Dons manuels non affectés 20 315 840 - Dons manuels affectés 971 618 - Legs et autres libéralités non affectés 15 120 088 - Legs et autres libéralités affectés 3 708 464 1.2. Autres produits liés à l’appel 72 327 à la générosité du public 2.AUTRES FONDS PRIVéS 33 853 121 3.SUBVENTIONS ET AUTRES CONCOURS PUBLICS 35 812 542 1 4.AUTRES PRODUITS 202 261 217 33 % 40 188 336 40 116 010 20 315 840 971 618 15 120 088 3 708 464 20 11 % 9 % Activités hospitalières y compris la recherche clinique Activités de recherche 1 % 0 72 327 Assurance maladie Contrats de recherche Contribution des organismes de recherche* Générosité du public I.TOTAL DES RESSOURCES DE L’EXERCICE 312 115 217 INSCRITES AU COMPTE DE RÉSULTAT II.REPRISES DES PROVISIONS 12 174 711 III.REPORT DES RESSOURCES AFFECTÉES 29 324 576 NON UTILISÉES DES EXERCICES ANTÉRIEURS IV.VARIATION DES FONDS DÉDIÉS COLLECTÉS AUPRÈS DU PUBLIC ( cf. tableau des fonds dédiés) V. INSUFFISANCE DE RESSOURCES DE L’EXERCICE VI.TOTAL GÉNÉRAL 353 614 504 VII.Total des emplois financés par les ressources collectées auprès du public Solde des ressources collectées auprès du public non affectées et non utilisées en fin d’exercice VOLONTAIRES EN NATURE Bénévolat Prestations en nature Dons en nature Non évalué Total Autres ressources Subvention du ministère de la Recherche * hors comptes annuels car non gérés par l’Institut Curie -522 518 39 665 818 39 412 517 40 307 146 L a diversité des ressources de l’Institut Curie lui confère une structure de financement particulière. Ces ressources proviennent de financements publics et de ressources propres. L’Assurance maladie finance la majeure partie de l’activité de soins. Pour sa part, la recherche bénéficie de subventions du ministère de la Recherche, du soutien de l’Université, de l’Inserm et du CNRS. La générosité du public est une composante majeure des ressources propres de l’Institut Curie et finance essentiellement la recherche fondamentale et la recherche préliminaire aux applications médicales. 1. Dont 195,4 M€ de ressources hospitalières issues de l’Assurance maladie et 4,2 M€ de produits financiers. le journal de l’Institut Curie , 17 entre nous Initiatives ,curie 2015 ,vente aux enchères DR « je suis heureuse de m’investir aux côtés de l’institut curie » P Hélène Martel-Massignac, membre du comité de campagne « Curie 2015 » de l’Institut Curie our des raisons personnelles et familiales, comme beaucoup de personnes en France, je suis concernée par la lutte contre le cancer. L’Institut Curie représente les valeurs d’excellence et d’humanité, c’est ainsi que je le vis à chaque rencontre avec les équipes de l’Institut. Je suis donatrice de longue date, car la recherche et l’innovation face au cancer demandent des moyens financiers importants et chacun peut y contribuer. Lorsque l’équipe de Curie en charge de la générosité du public m’a contactée en 2011 pour rejoindre le comité de campagne « Curie 2015 », présidé par Philippe Louis-Dreyfus, j’ai tout de suite accepté. Nous nous engageons, au sein de ce comité, à mener une levée de fonds exceptionnelle auprès de philanthropes, de mécènes et de personnalités, et relayons la campagne Curie 2015 auprès de notre réseau professionnel et amical. Nous tâchons de convaincre des grands donateurs de nous rejoindre, afin d’aider à financer les grands programmes de l’Institut. C’est un défi personnel que je serai heureuse de poursuivre, au travers d’une prochaine campagne. Curie 2020 ? » ,éclairer la nuit contre le cancer un défi à relever ensemble ! LE WEEK-END Du 20-21 SEPTEMBRE Journées européennes du patrimoine, de 10 h à 18 h. Au Musée Curie, 1 rue Pierreet-Marie-Curie, Paris 5e. h musee.curie.fr V ous souhaitez vous engager autrement contre le cancer ? Soutenir la recherche à l’Institut Curie en participant à un événement solidaire ? Alors, devenez un « Ambassadeur d’espoir » à l’occasion de la Marche des lumières 2014, le samedi 22 novembre à Paris. Il s’agit pour vous de collecter des dons auprès de vos proches, amis ou collègues et d’« illuminer la nuit contre le cancer » lors de cette marche nocturne de 4 km, dans une ambiance chaleureuse et conviviale. Pour que le combat continue, chercheurs et soignants ont besoin de votre mobilisation, de votre générosité et de toute votre énergie pour poursuivre leur mission au bénéfice des patients et de leurs proches. Rejoignez-nous et participez à la Marche des lumières ! le journal de 18 , l’Institut Curie L’Institut Curie organise jeudi 16 octobre 2014, en partenariat avec la maison de vente Audap & Mirabaud et l’Hôtel des ventes Drouot, la 3e édition de la vente aux enchères caritative « Des femmes donnent aux femmes ». L’année dernière, 50 000 euros avaient été collectés lors de cet événement qui s’inscrit dans le cadre du mois de mobilisation contre le cancer du sein, Octobre Rose. Cette année encore, des objets d’exception seront offerts par des femmes d’influence et de cœur comme Catherine Deneuve, Claire Chazal, Audrey Dana ou encore Inès de la Fressange. L’intégralité des bénéfices sera destinée à financer les recherches sur le cancer du sein menées à l’Institut Curie. À vos agendas Alexandre Lescure / Institut Curie « 3e édition : « Des femmes donnent aux femmes » h toutes les informations sur notre site, inscrivez-vous et lancez votre collecte : www.marchedeslumieres.com du 26 septembre au 16 octobre Fête de la Science pour découvrir l’histoire de la radioactivité… et celle de la cristallographie. h musee.curie.fr OCTOBRE ROSE • Radio Curie (lire p. 7). • Le 16 octobre, vente aux enchères « Des femmes donnent aux femmes », Paris 9e. LE samedi 22 NOVEMBRE La Marche des lumières, à Paris et sur Internet (ci-contre). h www.marchedeslumieres.com entre nous rétrospective ,Elles se sont engagées marie curie et sa fille Irène pendant la grande guerre ACJC) Musée Curie (coll. La flotte des Petites Curie sur la place des Invalides, à Paris. Marie Curie à bord d’une Petite Curie. Musée Curie (coll. Comment Marie Curie s’engage-telle durant la Grande guerre ? Anaïs Massiot : Au début de l’été 1914, Marie Curie aménage son laboratoire dans le nouvel Institut du radium. Le 4 août, la guerre éclate. Les hommes de l’institut sont mobilisés. Marie, qui veut se rendre utile, met son savoir au service de la France (radiologie et radiumthérapie) et mobilise, pour les blessés, des ressources humaines, matérielles et financières. En 1916, grâce à une dérogation, elle obtient son « certificat de capacité pour la conduite des voitures à pétrole », et sillonne les champs de bataille au volant d’une Petite Curie. ACJC) On connaissait Marie Curie, grande scientifique, double Prix Nobel… Un livre raconte son engagement durant la Première Guerre mondiale aux côtés de sa fille. Rencontre avec l’une de ses auteures, Anaïs Massiot, archiviste au Musée Curie. Que sont les Petites Curie au juste ? A. M. : Les rayons X étaient déjà utilisés à l’époque, par les médecins, pour l’examen des malades. Dès octobre 1914, Marie Curie équipe pour la Croix-Rouge des voitures en matériel radiologique, facilitant l’extraction de balles ou éclats d’obus du corps des soldats, sur les champs de bataille. Des philanthropes (la princesse Murat, la marquise de Ganay…) offrent également leurs limousines et Marie crée une flotte de 18 voitures radiologiques, appelées a posteriori « Petites Curie ». à l’Institut du radium, Marie Curie et sa fille forment des infirmières à la radiologie. D’où proviennent les archives pour réaliser cet ouvrage ? A. M. : Les photos et les extraits d’archives viennent surtout des collections du Musée Curie. Avec Natalie Pigeard, nous avons recensé tous les documents concernant l’implication de Marie, et de sa fille Irène, dans la Grande Guerre. Nous avons découvert des facettes moins connues de Marie Curie. Avant le conflit, elle semblait distante, détachée. Avec la guerre, elle se montre plus humaine et accessible, du fait de l’éloignement de ses proches et de la perte de collaborateurs. Durant les hostilités, elle prend conscience de son utilité pour la société et de ce qu’elle peut faire pour alléger les souffrances des soldats. Dès lors, elle militera, avec son collègue Claudius Regaud, pour la création de la Fondation Curie, futur Institut Curie. Marie Curie et la Grande Guerre, Anaïs Massiot, Natalie Pigeart-Micault, Éd. Glyphe, 2014, 82 pages, 12 euros. Ma mère m’apprit à me servir des appareils [de radiologie], qui ne ressemblaient guère aux appareils perfectionnés d’aujourd’hui, et m’emmena comme manipulatrice dans plusieurs de ses expéditions entre novembre 1914 et mars 1915. » irène joliot-curie. Citation parue dans L’Europe en 1954. le journal de l’Institut Curie , 19 Transmettre l’espoir de vaincre le cancer Léguez à l’Institut Curie, 1er centre français en cancérologie T ransmettre tout ou une partie de ses biens à l’Institut Curie, premier centre français en cancérologie, est un formidable message d’espoir pour tous ceux qui luttent contre le cancer. En soutenant les efforts de l’Institut Curie, fondé par Marie Curie, vous effectuez un geste de générosité envers les générations futures, vous donnez aux chercheurs et médecins les moyens de prendre le cancer de vitesse et associez votre nom à ce combat pour la vie. LEGS - DONATIONS - ASSURANCES-VIE www.curie.fr Pour tout renseignement contacter Agnès Hubert Institut Curie : 01 56 24 55 01 - [email protected]