Journal o f Clinical Oncology ARTICLE ORIGINAL
VOLUME 3 . NUMÉRO 1 . JANV/FÉV 2011
www.jco.org 45
* Klinikum rechts der Isar, Chirurgische Klinik
der TU München, Munich ; Hôpital de la
Charité, Faculté de Médecine de Berlin,
Berlin ; Hôpital Braunschweig, Faculté de
Médecine de Hanovre ; Clinique de
médecine interne III, Hôpital HELIOS de Bad
Saarow, Bad Saarow ; Hôpital Universitaire
d’Erlangen, Erlangen ; Hôpital Universitaire
Heinrich-Heine de Düsseldorf, Düsseldorf ;
Hôpital de l’Université Carl Gustav Carus,
Dresde ; Hôpital Universitaire de Heidelberg,
Clinique chirurgicale ; Hôpital Universitaire
de Cologne, Cologne ; Université Johann
Wolfgang Goethe, Francfort ; Hôpitaux
d’Essen-Mitte, Essen ; Caritatsklinik
St Theresia, Saarbrücken, Allemagne ;
European Organisation for Research and
Treatment of Cancer (EORTC), EORTC
Headquarters, Bruxelles ; Hôpital
Universitaire Gasthuisberg, Louvain,
Belgique ; et Centre Hospitalier Universitaire
Ambroisé Paré, Boulogne, France.
Manuscrit soumis le 13 octobre 2009,
accepté le 1
er
septembre 2010,
publié en ligne avant impression à l’adresse
www.jco.org le 8 novembre 2010.
Travail supporté par les subventions
n° 5U10-CA11488-29 à 5U10-
CA11488-38 du National Cancer Institute
(Bethesda, MD) et par un don de la
Fédération Belge Contre le Cancer, de
Belgique à l’EORTC Charitable Trust.
Le contenu est de la seule responsabilité
des auteurs et ne reflète pas forcément
les opinions officielles du National Cancer
Institute.
Les déclarations des auteurs concernant
d’éventuels conflits d’intérêts et
les contributions des auteurs se trouvent
à la fin de cet article.
Lien pour le répertoire des essais cliniques
disponible sur JCO.org.
Auteur correspondant : Christoph
Schuhmacher, MD, Klinikum rechts der Isar,
Chirurgische Klinik der TU München,
Ismaningerstrasse 22, D-81675 München,
Deutschland ; courriel : schuhmacher@chir.
med.tu-muenchen.de.
© 2010 American Society of Clinical
Oncology
0732-183X/10/2835-5210/$20.00
DOI: 10.1200/JCO.2009.26.6114
Traduit de l’anglais par Kraus Biomédical
Comparaison de la chimiothérapie néoadjuvante avec
la chirurgie seule dans le cancer localement avancé
de l’estomac et du cardia : essai randomisé 40954 de
l’European Organisation for Research and Treatment of Cancer
Christoph Schuhmacher, Stephan Gretschel, Florian Lordick, Peter Reichardt, Werner Hohenberger, Claus F.
Eisenberger, Cornelie Haag, Murielle E. Mauer, Baktiar Hasan, John Welch, Katja Ott, Arnulf Hoelscher, Paul M.
Schneider, Wolf Bechstein, Hans Wilke, Manfred P. Lutz, Bernard Nordlinger, Eric Van Cutsem, Jörg R. Siewert
et Peter M. Schlag*
résumé
But
La bonbination de la chimiothérapie pré- et post-opératoire est bénéfique chez les patients atteints d’un
cancer gastrique localement avancé, mais moins de 50 % de ceux-ci sont aptes à recevoir une
chimiothérapie post-opératoire. Nous avons évalué l’intérêt de la chimiothérapie uniquement pré-opératoire
dans un essai de phase III suivant des critères stricts pour la stadification pré-opératoire et la résection
chirurgicale.
Patients et méthodes
Des patients atteints d’un adénocarcinome localement avancé de l’estomac ou de la jonction œso-
gastrique (AEG II et III) ont été randomisés entre la chimiothérapie pré-opératoire puis chirurgie et la
chirurgie seule. 282 événements étaient nécessaires pour détecter avec une puissance de 80 % une
amélioration de la durée médiane de survie de 17 mois avec la chirurgie seule à 24 mois avec le
traitement néoadjuvant.
Résultats
Le faible taux de recrutement a mis fin à l’étude après la randomisation de 144 patients (72/72) ;
52,8 % des patients avaient une tumeur localisée au tiers proximal de l’estomac, incluant l’AEG de type II
et III. Le taux de résection R0 de l’UICC (Union Internationale Contre le Cancer) a été de 81,9 % après
la chimiothérapie néoadjuvante, contre 66,7 % avec la chirurgie seule (p = 0,036). Les métastases
ganglionnaires ont été plus nombreuses dans le groupe chirurgie seule que dans le groupe chimiothérapie
néoadjuvante (76,5 % versus 61,4 % ; p = 0,018). Les complications post-opératoires ont été plus
fréquentes dans le bras du traitement néoadjuvant (27,1 % versus 16,2 % ; p = 0,09). Après une durée
médiane de suivi de 4,4 ans et 67 décès, aucun bénéfice n’a pu être démontré en termes de survie
(risque relatif, 0,84 ; IC à 95 %, 0,52 à 1,35 ; p = 0,466).
Conclusion
Cet essai a montré une augmentation significative du taux de résection R0, mais n’est pas parvenu à
mettre en évidence un bénéfice en termes de survie. On peut l’expliquer par la faible puissance statistique,
par un taux élevé de tumeurs gastriques proximales, AEG inclus, et/ou par un meilleur résultat que prévu
après chirurgie radicale seule, dû à la grande qualité de l’intervention, avec des résections d’adénopathies
régionales extérieures à la région périgastrique (tronc cœliaque, ligament hépatique, ganglion au niveau
de l’artère splénique ; D2).
J Clin Oncol 28:5210-5218. © American Society of Clinical Oncology
INTRODUCTION
Le cancer de l’estomac est une maladie agressive
de mauvais pronostic,1,2 même en cas de résection
complète sans métastases à distance. Chez les deux
tiers environ des patients atteints d’un cancer gastri-
que, la maladie est localement avancée au moment
du diagnostic.3 Dans les pays occidentaux, le taux
de résection R0 (résection complète, macroscopi-
que et microscopique, selon les critères de l’UICC
[Union Internationale Contre le Cancer]) avec
la chirurgie seule dans cette population de patients
est insuffisant (41,1 %) et la durée médiane de sur-
vie globale atteint à peine 16,4 mois.4