Comparaison de la chimiothérapie néoadjuvante avec la chirurgie

Journal o f Clinical Oncology ARTICLE ORIGINAL
VOLUME 3 . NUMÉRO 1 . JANV/FÉV 2011
www.jco.org 45
* Klinikum rechts der Isar, Chirurgische Klinik
der TU München, Munich ; Hôpital de la
Charité, Faculté de Médecine de Berlin,
Berlin ; Hôpital Braunschweig, Faculté de
Médecine de Hanovre ; Clinique de
médecine interne III, Hôpital HELIOS de Bad
Saarow, Bad Saarow ; Hôpital Universitaire
d’Erlangen, Erlangen ; Hôpital Universitaire
Heinrich-Heine de Düsseldorf, Düsseldorf ;
Hôpital de l’Université Carl Gustav Carus,
Dresde ; Hôpital Universitaire de Heidelberg,
Clinique chirurgicale ; Hôpital Universitaire
de Cologne, Cologne ; Université Johann
Wolfgang Goethe, Francfort ; Hôpitaux
d’Essen-Mitte, Essen ; Caritatsklinik
St Theresia, Saarbrücken, Allemagne ;
European Organisation for Research and
Treatment of Cancer (EORTC), EORTC
Headquarters, Bruxelles ; Hôpital
Universitaire Gasthuisberg, Louvain,
Belgique ; et Centre Hospitalier Universitaire
Ambroisé Paré, Boulogne, France.
Manuscrit soumis le 13 octobre 2009,
accepté le 1
er
septembre 2010,
publié en ligne avant impression à l’adresse
www.jco.org le 8 novembre 2010.
Travail supporté par les subventions
n° 5U10-CA11488-29 à 5U10-
CA11488-38 du National Cancer Institute
(Bethesda, MD) et par un don de la
Fédération Belge Contre le Cancer, de
Belgique à l’EORTC Charitable Trust.
Le contenu est de la seule responsabilité
des auteurs et ne reflète pas forcément
les opinions officielles du National Cancer
Institute.
Les déclarations des auteurs concernant
d’éventuels conflits d’intérêts et
les contributions des auteurs se trouvent
à la fin de cet article.
Lien pour le répertoire des essais cliniques
disponible sur JCO.org.
Auteur correspondant : Christoph
Schuhmacher, MD, Klinikum rechts der Isar,
Chirurgische Klinik der TU München,
Ismaningerstrasse 22, D-81675 München,
Deutschland ; courriel : schuhmacher@chir.
med.tu-muenchen.de.
© 2010 American Society of Clinical
Oncology
0732-183X/10/2835-5210/$20.00
DOI: 10.1200/JCO.2009.26.6114
Traduit de l’anglais par Kraus Biomédical
Comparaison de la chimiothérapie néoadjuvante avec
la chirurgie seule dans le cancer localement avancé
de l’estomac et du cardia : essai randomisé 40954 de
l’European Organisation for Research and Treatment of Cancer
Christoph Schuhmacher, Stephan Gretschel, Florian Lordick, Peter Reichardt, Werner Hohenberger, Claus F.
Eisenberger, Cornelie Haag, Murielle E. Mauer, Baktiar Hasan, John Welch, Katja Ott, Arnulf Hoelscher, Paul M.
Schneider, Wolf Bechstein, Hans Wilke, Manfred P. Lutz, Bernard Nordlinger, Eric Van Cutsem, Jörg R. Siewert
et Peter M. Schlag*
résumé
But
La bonbination de la chimiothérapie pré- et post-opératoire est bénéfique chez les patients atteints d’un
cancer gastrique localement avancé, mais moins de 50 % de ceux-ci sont aptes à recevoir une
chimiothérapie post-opératoire. Nous avons évalué l’intérêt de la chimiothérapie uniquement pré-opératoire
dans un essai de phase III suivant des critères stricts pour la stadification pré-opératoire et la résection
chirurgicale.
Patients et méthodes
Des patients atteints d’un adénocarcinome localement avancé de l’estomac ou de la jonction œso-
gastrique (AEG II et III) ont été randomisés entre la chimiothérapie pré-opératoire puis chirurgie et la
chirurgie seule. 282 événements étaient nécessaires pour détecter avec une puissance de 80 % une
amélioration de la durée médiane de survie de 17 mois avec la chirurgie seule à 24 mois avec le
traitement néoadjuvant.
Résultats
Le faible taux de recrutement a mis fin à l’étude après la randomisation de 144 patients (72/72) ;
52,8 % des patients avaient une tumeur localisée au tiers proximal de l’estomac, incluant l’AEG de type II
et III. Le taux de résection R0 de l’UICC (Union Internationale Contre le Cancer) a été de 81,9 % après
la chimiothérapie néoadjuvante, contre 66,7 % avec la chirurgie seule (p = 0,036). Les métastases
ganglionnaires ont été plus nombreuses dans le groupe chirurgie seule que dans le groupe chimiothérapie
néoadjuvante (76,5 % versus 61,4 % ; p = 0,018). Les complications post-opératoires ont été plus
fréquentes dans le bras du traitement néoadjuvant (27,1 % versus 16,2 % ; p = 0,09). Après une durée
médiane de suivi de 4,4 ans et 67 décès, aucun bénéfice n’a pu être démontré en termes de survie
(risque relatif, 0,84 ; IC à 95 %, 0,52 à 1,35 ; p = 0,466).
Conclusion
Cet essai a montré une augmentation significative du taux de résection R0, mais n’est pas parvenu à
mettre en évidence un bénéfice en termes de survie. On peut l’expliquer par la faible puissance statistique,
par un taux élevé de tumeurs gastriques proximales, AEG inclus, et/ou par un meilleur résultat que prévu
après chirurgie radicale seule, à la grande qualité de l’intervention, avec des résections d’adénopathies
régionales extérieures à la région périgastrique (tronc cœliaque, ligament hépatique, ganglion au niveau
de l’artère splénique ; D2).
J Clin Oncol 28:5210-5218. © American Society of Clinical Oncology
INTRODUCTION
Le cancer de l’estomac est une maladie agressive
de mauvais pronostic,1,2 même en cas de résection
complète sans métastases à distance. Chez les deux
tiers environ des patients atteints d’un cancer gastri-
que, la maladie est localement avancée au moment
du diagnostic.3 Dans les pays occidentaux, le taux
de résection R0 (résection complète, macroscopi-
que et microscopique, selon les critères de l’UICC
[Union Internationale Contre le Cancer]) avec
la chirurgie seule dans cette population de patients
est insuffisant (41,1 %) et la durée médiane de sur-
vie globale atteint à peine 16,4 mois.4
Schuhmacher et coll
46 Journal o f Clinical Oncology
Randomisés Exclus
(N = 144) (n = 0)
Assignés à la chimiothérapie Assignés à la chirurgie seule (n = 72)
néoadjuvante plus chirurgie (n = 72) Ont reçu l’intervention assignée (n = 68 ; 94,4 %)
Ont reçu le traitement assigné (n = 69 ; 95,8 %) N’ont pas reçu le traitement assigné (n = 3 ; 4,2 %)
N’ont pas reçu la chimiothérapie Résection tumorale impossible (n = 2 ; 66,7 %)
néoadjuvante (mais ont été opérés) (n = 1 ; 1,4 %) Preuve per-opératoire de
Refus du patient (n = 1 ; 100 %) métastases hépatiques (n = 1 ; 33,3 %)
Pas d’enregistrements (n = 2 ; 2,8 %) Pas d’enregistrements (n = 1 ; 1,4 %)
Perte de vue en cours de suivi (n = 2) Perte de vue en cours de suivi (n = 1)
Fin normale du traitement (n = 45) Fin normale du traitement (n = 68)
Arrêt du traitement (n = 25) Arrêt du traitement (n = 3)
Progression de la maladie (n = 4 ; 16 %) Résection tumorale impossible (n = 2 ; 66,7 %)
To xicité (n = 8 ; 32 %) Preuve per-opératoire
Refus du patient (n = 6 ; 24 %) de métastases hépatiques (n = 1 ; 33,3 %)
Autre (n = 7 ; 28 %)
Analysés selon intention de traiter (n = 72) Analysés selon intention de traiter (n = 72)
Pas d’analyse per protocole Pas d’analyse per protocole
Patients inéligibles (n = 3) Patients inéligibles (n = 3)
Pas de données pour évaluer l’éligibilité (n = 2) Pas de données pour évaluer l’éligibilité (n = 1)
Patient M1 conformément à stadification (n = 1) Lymphome non hodgkinien (n = 1)
Eligible, n’a pas commencé le traitement Antécédents de gastrectomie subtotale,
assigné (n = 1) laparoscopie non réalisée (n = 1)
Eligibles, n’ont pas été opérés (n = 3)
Fig. 1. Diagramme CONSORT. M, stade des
métastases en classification TNM.
De nombreux essais cliniques randomisés ont comparé la
chirurgie seule avec la chimiothérapie adjuvante, mais aucune
conclusion formelle n’en est ressortie. Une méta-analyse récem-
ment publiée de 17 essais randomisés et contrôlés de la chimio-
thérapie adjuvante dans le cancer gastrique a mis en évidence un
bénéfice statistiquement significatif en termes de survie globale
(risque relatif [RR], 0,82 ; IC à 95 %, 0,76 à 0,90 ; p < 0,001) et de
survie sans maladie (RR, 0,82 ; IC à 95 %, 0,75 à 0,90 ; p < 0,001)
chez les patients ayant reçu une chimiothérapie adjuvante basée
sur le fluoro-uracile par rapport à la chirurgie seule.5 L’étude MAGIC
(Medical Research Council Adjuvant Gastric Infusional Chemotherapy),
qui portait sur 503 patients, a évalué l’effet d’une association de
chimiothérapie pré- et post-opératoire par rapport à la chirurgie
seule chez des patients atteints d’un adénocarcinome opérable
de l’estomac ou de l’extrémité inférieure de l’œsophage. La survie
globale (RR, 0,75 ; IC à 95 %, 0,60 à 0,93 ; p = 0,009) et la survie
sans progression (RR, 0,66 ; IC à 95 %, 0,53 à 0,81 ; p < 0,0019) ont
été significativement améliorées dans le bras de la chimiothérapie.
De même, la survie à 5 ans a été meilleure dans ce bras (36 % versus
23 %).6 L’étude française ACCORD-07 (Action Clinique Coordon-
née en Cancérologie Digestive) semble elle aussi confirmer ces
résultats, mais elle n’a pas encore été publiée intégralement.7
Il est cependant difficile de déterminer la contribution relative
de la composante pré-opératoire et de la post-opératoire en ce qui
concerne le bénéfice en termes de survie dans les essais MAGIC et
ACCORD-07. Compte tenu de la très faible efficacité de la chimio-
thérapie adjuvante notée dans les essais randomisés et contrôlés
réalisés dans l’hémisphère occidental et de la relative rareavec
laquelle la chimiothérapie peut être administrée en post-opératoire,
un protocole de chimiothérapie purement pré-opératoire constitue
une option intéressante. Nous avons donc conçu cet essai analo-
gue aux essais MAGIC et ACCORD-07 en utilisant l’association
de cisplatine, d’acide folinique et de fluoro-uracile en perfusion
précédemment testée dans une étude de phase II, prospective et
randomisée, réalisée par l’EORTC (European Organisation for Research
and Treatment of Cancer) chez des patients atteints d’un cancer
gastrique avancé.8
Dans un autre essai de phase II mené dans la même population
de patients, la stadification par échographie endoscopique (EUS) et
laparoscopie diagnostique étendue avant traitement néoadjuvant
a entraîné l’exclusion de jusqu’à 30 % des patients en raison de la
découverte d’une carcinose péritonéale ou de métastases viscéra-
les occultes.9 Nous avons donc utilisé cette approche pour mieux
sélectionner les patients réellement opérables.
PATIENTS ET MÉTHODES
Conception de l’étude et critères d’inclusion
Des patients atteints d’un adénocarcinome gastrique loca-
lement avancé (stades III et IV [cM0] de l’UICC), y compris de
tumeurs Siewert I et II de la jonction œso-gastrique,10 ont été rando-
misés entre une chimiothérapie pré-opératoire suivie de chirurgie
et la chirurgie seule (Fig. 1).
Les critères d’inclusion dans l’étude étaient les suivants : âge
compris entre 18 et 70 ans (amenà 75 ans en 2003) ; indice de
performance de l’OMS de 0 à 1 ; preuve histologique d’adénocarci-
nome de l’estomac ou de la jonction œso-gastrique (AEG II et III) ;
tumeur T3 ou T4 d’après l’échographie endoscopique ; absence
de signes de métastases à distance ou de maladie jugée inopérable
par EUS, tomodensitométrie (TDM) ou laparoscopie diagnostique
étendue ; absence d’antécédents de chirurgie gastrique ; absence de
Chimiothérapie néoadjuvante dans le cancer gastrique : EORTC 40954
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chimiothérapie ou de radiothérapie antérieure ; absence d’infection
ou de cardiopathie mal contrôlée ; fonction rénale correcte ; et
absence de cancer ancien ou d’autre cancer actuel, à l’exception
des cancers cutanés non mélaniques traités curativement et du
cancer in situ du col de l’utérus. Le protocole a été examiné par
le comité d’étude des protocoles de l’EORTC et approuvé par le
comité d’éthique des établissements participants. Tous les patients
ont fourni leur consentement éclairé écrit.
Stadification
Outre la stadification par TDM et radiographies du thorax,
un examen laparoscopique général de la cavité abdominale et de
l’arrière-cavité des épiploons avec échographie laparoscopique du
foie a été pratiqué par trois points d’entrée abdominaux avant
l’inclusion dans l’étude.11 Aucune confirmation histologique d’une
infiltration de la séreuse n’a eu lieu pendant la laparoscopie dia-
gnostique afin d’éviter toute dissémination de la tumeur primaire,
mais les lésions suspectes du péritoine viscéral et pariétal à distance
étaient excisées et soumises à un examen histologique.
Traitement
La chimiothérapie était commencée dans les 7 jours suivant la
randomisation et comportait deux cycles de 48 jours de cisplatine
50 mg/m² par voie intraveineuse (IV) en 1 heure avec hydratation
les jours 1, 15 et 29, suivi de l’administration IV en 2 heures d’acide
L-folinique 500 mg/m² et de fluoro-uracile 2 000 mg/m² en perfu-
Tableau 1. Caractéristiques démographiques et individuelles initiales
Traitement
Chimiothérapie Chirurgie seule
+ chirurgie (n = 72) (n = 72) Total (N = 144)
Démographie et caractéristiques Nombre % Nombre % Nombre %
Age, Ans
Médiane 56 58 57
Valeurs extrêmes 38-70 26-69 26-70
Sexe
Hommes 50 69.4 50 69.4 100 69.4
Femmes 22 30.6 22 30.6 44 30.6
Indice de performance de l’OMS
0 48 66.7 55 76.4 103 71.5
1 24 33.3 17 23.6 41 28.5
Stade T clinique
T3 68 94.4 67 93.1 135 93.8
T4 4 5.6 5 6.9 9 6.3
Sous-type histologique
Intestinal 33 45.8 33 45.8 66 45.8
Non-intestinal 39 54.2 39 54.2 78 54.2
Localisation de la tumeur
Tiers supérieur + cardia II, IIII 37 51.4 39 54.2 76 52.8
Tiers moyen 20 27.8 18 25.0 38 26.4
Tiers inférieur 15 20.8 15 20.8 30 20.8
Laparoscopie
Complète 61 84.7 60 83.3 121 84.0
Incomplète 8 11.1 10 13.9 18 12.5
Non réalisée 0 0.0 1 1.4 1 0.7
Donnée manquante 3 4.2 1 1.4 4 2.8
Catégorie T selon différentes méthodes de stadification
T3 62 86.1 64 88.9 126 87.5
T4 8 11.1 7 9.7 15 10.4
Donnée manquante 2 2.8 1 1.4 3 2.1
Catégorie N selon différentes méthodes de stadification
N0 4 5.6 6 8.3 10 6.9
N1 48 66.7 44 61.1 92 63.9
N2 6 8.3 5 6.9 11 7.6
N3 1 1.4 1 1.4 2 1.4
N positif*† 11 15.3 15 20.8 26 18.1
Donnée manquante 2 2.8 1 1.4 3 2.1
Catégorie M selon différentes méthodes de stadification
M0 66 91.7 69 95.8 135 93.8
M1 1 1.4 1 1.4 2‡ 1.4
Mx 3 4.2 1 1.4 4 2.8
Donnée manquante 2 2.8 1 1.4 3 2.1
* Laparoscopie réalisée chez un patient, mais sans indication qu’elle est complète ou incomplète.
† Les N-positifs sont les patients pour qui le nombre de ganglions positifs est inconnu (la classification peut être N1 ou N2 ou N3)
‡ Un patient était inéligible en raison de métastases ; un patient présentait des métastases ganglionnaires.
Schuhmacher et coll
48 Journal o f Clinical Oncology
sion IV continue sur 24 heures les jours 1, 8, 15, 22, 29 et 36.12
Une nouvelle stadification par endoscopie et TDM était effec-
tuée au cours des 3 derniers jours du premier cycle. En l’absence de
progression, de dégradation de l’indice de performance de l’OMS
au-delà du grade 1, de toxicité intolérable ou de refus du patient,
un deuxième cycle de chimiothérapie était administré. Des modi-
fications des doses étaient prévues pour les patients souffrant de
toxicités (autres que l’alopécie et les vomissements) de grade supé-
rieur à 2.
L’exérèse de la tumeur gastrique était réalisée dans les 14 jours
suivant la randomisation chez les patients assignés à la chirurgie
seule et dans les 4 semaines suivant le dernier jour de chimiothéra-
pie chez ceux assignés à la chimiothérapie. La résection consistait
en une gastrectomie subtotale ou totale avec extension, suivant
la localisation de la tumeur primaire, par une lymphadénectomie
D1 (pour les ganglions périgastriques situés au niveau de la petite
et de la grande courbure ; sept patients) ou, de préférence, une
lymphadénectomie D2 (pour les ganglions régionaux extérieurs à
la région périgastrique ; 130 patients).13 La résection pouvait être
étendue à d’autres organes ou localisations pour obtenir une exé-
rèse complète de la tumeur primaire et des adénopathies suspectes.
Le rétablissement de la continui gastro-intestinale était réalisé
conformément aux pratiques locales. L’importance de la résection
était documentée (gastrectomie subtotale, totale ou étendue avec
D1 ou D2, extension aux organes voisins), ainsi qu’une estimation
des marges de sécurité qui a été confrontée ultérieurement aux
résultats histo-pathologiques.
Évaluation et suivi
Les échantillons ont été classés suivant la 5e édition de la
classification TNM de l’UICC14 avec documentation de la taille
de la tumeur, du nombre de ganglions lymphatiques disséqués
et porteurs de métastases et de la présence d’une lymphangite
carcinomateuse.
L’évaluation de la réponse au traitement néoadjuvant reposait
sur la diminution de la taille de la tumeur primaire mesurée par
endoscopie (l’EUS n’était pas obligatoire en raison des difficultés
connues de l’évaluation de la réponse par cette méthode) et par
TDM. La disparition complète des lésions, par constatation visuelle
subjective en endoscopie ou par mesure d’un épaississement de la
paroi de l’organe en TDM, était considérée comme une réponse
clinique complète. Une diminution supérieure à 50 % de la taille
de la tumeur par rapport aux mesures initiales était définie comme
une réponse partielle. La progression de la maladie correspondait
à l’apparition de nouvelles lésions ou à une augmentation de plus
de 25 % de la taille de la tumeur primaire.
Tableau 2. Type de chirurgie
Traitement
Chimiothérapie Chirurgie seule
+ chirurgie (n = 70) (n = 68) Total (N = 138)
Chirurgie Nombre % Nombre % Nombre %
Gastrectomie
Avec lymphadénectomie D2 67 95.7 63 92.6 130 94.2
Avec lymphadénectomie limitée D1 2 2.9 5 7.4 7 5.1
Donnée manquante 1 1.4 0 0.0 1 0.7
Résection trans-hiatale complémentaire
Non 38 54.3 33 48.5 71 51.4
Oui 31 44.3 35 51.5 66 47.8
Donnée manquante 1 1.4 0 0.0 1 0.7
Résection hépato-duodénale
Non 49 70.0 46 67.6 95 68.8
Oui 20 28.6 22 32.4 42 30.4
Donnée manquante 1 1.4 0 0.0 1 0.7
Résection distale subtotale
Non 68 97.1 66 97.1 134 97.1
Oui 1 1.4 2 2.9 3 2.2
Donnée manquante 1 1.4 0 0.0 1 0.7
Résection multiviscérale
Non 63 90.0 56 82.4 119 86.2
Oui 6 8.6 12 17.6 18 13.0
Donnée manquante 1 1.4 0 0.0 1 0.7
Résection de métastases
Non 68 97.1 61 89.7 129 93.5
Oui 1 1.4 7 10.3 8 5.8
Donnée manquante 1 1.4 0 0.0 1 0.7
Type de reconstruction
Roux en Y 48 68.6 50 73.5 98 71.0
Poche 17 24.3 12 17.6 29 21.0
Billroth II 0 0.0 2 2.9 2 1.4
Autre* 4 5.7 3 4.4 7 5.1
Non réalisée 0 0.0 1 1.5 1 0.7
Donnée manquante 1 1.4 0 0.0 1 0.7
* Autre méthode ou combinaison de méthodes
Chimiothérapie néoadjuvante dans le cancer gastrique : EORTC 40954
www.jco.org 49
La toxicité et les effets indésirables ont été rapportés en utili-
sant la cotation des Critères Communs de Toxicité, version 2.0, du
National Cancer Institute.15 Les complications per- et post-opératoires
et les interventions correspondantes (par exemple, réintervention,
traitement conservateur) ont été documentées.
Les patients ont subi un examen TDM 3, 6, 9, 12, 18 et
24 mois après l’opération et tous les ans ensuite. Les autres examens
pratiqués à chaque visite étaient la collecte de l’histoire médicale,
une évaluation de la toxicité, un examen clinique, une endoscopie,
des examens hématologiques et biochimiques, une radiographie du
thorax, éventuellement une échographie abdominale et, s’il y avait
lieu, une scintigraphie osseuse. En cas d’anomalies radiologiques
douteuses, une biopsie était recommandée.
Critères de jugement et taille de l’échantillon
Le critère de jugement principal de cet essai était la survie
globale. L’étude était conçue pour détecter une amélioration de
la durée médiane de survie globale de 17 mois dans le bras de la
chirurgie seule à 24 mois dans le bras du traitement néoadjuvant
(RR, 0,708) avec une puissance de 80 % et un seuil de signification
bilatéral de 4 %. Pour observer les 282 événements nécessaires au
cours des 4 années de recrutement prévues et des 2 années de suivi,
nous avons établi qu’il faudrait 180 patients par bras. Les critères
de jugement secondaires étaient le pourcentage de résections R0
(selon l’UICC), la survie sans progression, la toxicité au cours de
la chimiothérapie pré-opératoire, la morbidité post-opératoire et
l’effet de la chimiothérapie sur la tumeur primaire et les métastases
ganglionnaires.
Analyse statistique
L’analyse statistique a concerné tous les patients randomisés
sur la base de l’intention de traiter. La survie globale et la survie
sans progression ont été calculées à partir de la randomisation.
Les courbes de survie ont été établies selon la méthode de Kaplan-
Meier. Les durées de survie ont été comparées entre les bras au
moyen d’un test log-rank bilatéral. Nous nous sommes servis du
modèle de proportionnalité des risques de Cox avec stratification
rétrospective à des fins d’ajustement aux facteurs de confusion.
Les facteurs de stratification étaient l’établissement, l’extension
de la tumeur primaire (cT3 ou cT4), la localisation de la tumeur
(tiers supérieur de l’estomac, cardia inclus, versus tiers moyen ou
tiers inférieur), le sexe et le sous-type histologique (intestinal versus
non intestinal). Toutes les analyses de données ont été effectuées
avec le logiciel Statistical Analysis Software, version 9 (SAS Institute,
Cary, NC).
RÉSULTATS
Patients
Entre juillet 1999 et février 2004, 144 patients ont été recru-
tés. L’étude a pris fin prématurément en raison de difficultés de
recrutement après avoir atteint 40 % de son objectif. Au moment
de l’analyse, en juin 2007, 67 patients étaient décédés. Ce faible
nombre de décès par rapport aux 282 nécessaires limitait la puis-
sance de l’analyse statistique formelle.
Exception faite d’un petit déséquilibre de l’indice de perfor-
mance de l’OMS (66,7 % d’indice 0 dans le bras chimiothérapie
plus chirurgie versus 76,4 % dans le bras chirurgie seule, les carac-
téristiques initiales étaient distribuées uniformément (Tableau 1).
Deux et un patients respectivement ont été perdus de vue en
cours de suivi, immédiatement après leur assignation au bras du
traitement néoadjuvant et au bras de la chirurgie seule. De plus,
un et deux patients se sont avérés ne pas satisfaire aux critères
d’éligibilité. Au total, trois patients de chaque bras ont été jugés
inéligibles.
Traitement
Dans le bras du traitement néoadjuvant, 69 (95,8 %) des 72
patients ont reçu les deux modalités thérapeutiques. Un patient a
refusé la chimiothérapie, mais a subi l’intervention chirurgicale.
Parmi les 69 patients ayant reçu la chimiothérapie, 19 ont arrê
le traitement à l’étude au premier cycle et cinq autres pendant le
second cycle. 45 patients ont donc reçu deux cycles de chimiothé-
Tableau 3. Complications post-opératoires
Traitement
Chimiothérapie Chirurgie seule
+ chirurgie (n = 70) (n = 68) Total (N = 138)
Complication post-opératoire Nombre % Nombre % Nombre %
Hémorragie 3 4.3 1 1.5 4 2.9
Transfusion 10 14.3 4 5.9 14 10.1
Défaillance de l’anastomose 3 4.3 2 2.9 5 3.6
Fuite du moignon duodénal 1 1.4 0 0.0 1 0.7
Péritonite 2 2.9 1 1.5 3 2.2
Fistule 3 4.3 5 7.4 8 5.8
Septicémie 5 7.1 2 2.9 7 5.1
Rétention 0 0.0 1 1.5 1 0.7
Infection de la plaie 2 2.9 1 1.5 3 2.2
Abcédation 4 5.7 4 5.9 8 5.8
Occlusion intestinale 1 1.4 1 1.5 2 1.4
Autre complication post-opératoire 11 15.7 4 5.9 15 10.9
Décès secondaire à une complication post-opératoire 3 4.3 1 1.5 4 2.9
Toute complication post-opératoire* 19 27.1 11 16.2 30† 21.7
* Nombre de patients victimes d’au moins une complication post-opératoire.
† Certains patients ont été victimes de plusieurs complications post-opératoires
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