La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 8 - octobre 2009 | 403
Résumé
Les thérapeutiques des cancers gynécologiques, en particulier chirurgicales, ont des conséquences directes
ou indirectes (hormonales, psychologiques) sur la sexualité des femmes. La chirurgie est autant que possible
de plus en plus conservatrice et de plus en plus esthétique, aidant à diminuer les séquelles sexuelles. Dans
la plupart des cas, on peut aider les femmes à retrouver une sexualité satisfaisante, en expliquant que les
troubles post-thérapeutiques sont rarement définitifs. Des thérapeutiques spécifiques comme la kinési-
thérapie, la consultation de sexologie, la consultation de psychologie sont également utiles.
Mots-clés
Chirurgie
Oncologie
gynécologique
Sexualité
Highlights
Surgical treatment in gyne-
colgic oncology have direct
consequences on sexuality.
They have also indirect conse-
quences like hormonal effects
and psychologic effects. Surgery
is more and more conservative,
and less and less invasive (less
visible scar), and may improve
sexual sequelae. In most of the
cases, women recover a satis-
faying sexuality. Doctors may
explain to the patients that
troubles are usually revers-
ible. Sometimes physiotherapy,
sexology, and psychology
advices are useful.
Keywords
Surgery
Gynecologic oncology
Sexuality
le plaisir. La chirurgie vulvaire peut comporter une
ablation du clitoris. L’image corporelle est extrême-
ment altérée. Les suites chirurgicales sont le plus
souvent compliquées et longues. Le geste chirurgical
doit être le plus conservateur possible. On privi-
légie la vulvectomie partielle et le prélèvement du
ganglion sentinelle.
Chirurgie gynécologique prophylactique
(annexectomie bilatérale)
Généralement, les patientes sont jeunes et
non ménopausées. La chirurgie prophylactique
mammaire peut être associée à la chirurgie gynéco-
logique prophylactique. La chirurgie a le plus souvent
lieu par cœlioscopie, et n’entraîne pas directement
de cicatrices visibles ; ce qui ne veut pas dire qu’il
n’y a pas de conséquences sur l’image corporelle
(surtout en cas de mastectomie prophylactique
associée). Elle entraîne une ménopause brutale.
L’acte chirurgical
a-t-il des conséquences
sur la sexualité ?
Signes cliniques rapportés
par les patientes après chirurgie utérine
cancérologique
Après chirurgie utérine cancérologique, les patientes
rapportent les signes cliniques suivants :
➤
une absence ou une baisse de désir, probable-
ment multifactorielle, et également influencée par
les traitements associés (radiothérapie, chimio-
thérapie) et la ménopause brutale éventuelle ;
➤
une sécheresse vaginale, liée à la ménopause
et aggravée par la curiethérapie et/ou l’irradiation
externe ;
➤
un rétrécissement et/ou un raccourcissement du
vagin, directement liés à la chirurgie, et aggravés par
la curiethérapie et/ou l’irradiation externe ;
➤
une dyspareunie profonde ou superficielle,
aggravée par la curiethérapie et/ou l’irradiation
externe ;
➤
une diminution de la sensibilité vulvaire, aggravée
par la curiethérapie et/ou l’irradiation externe ;
➤une insatisfaction sexuelle.
Hystérectomie totale versus subtotale :
y a-t-il une différence ?
Dans la littérature scientifique, on ne retrouve pas
de différence selon que lors de l’acte chirurgical l’on
garde ou non le col (1-3).
Les magazines féminins vont bon train sur le sujet :
n’allant pas toujours dans le même sens, ils influen-
cent les idées des médecins et des femmes.
On peut conclure qu’il n’y pas d’intérêt, sur le plan
sexuel, à garder le col dans les hystérectomies.
Satisfaction sexuelle
après hystérectomie (3)
Dans cette étude portant sur 319 femmes, on n’ob-
serve pas de différence en ce qui concerne le désir,
la fréquence des rapports, celle des orgasmes, la
satisfaction éprouvée à l’égard de sa vie sexuelle et
la dyspareunie.
Les facteurs influençant la satisfaction sexuelle après
la chirurgie sont la satisfaction sexuelle avant l’opé-
ration, une bonne relation de couple, le bien-être
physique général, la prise ou non d’un traitement
hormonal substitutif (THS). Certains facteurs s’amé-
liorent avec le temps, comme la dyspareunie. A priori,
la chirurgie “non élargie” n’altère pas la sexualité.
Satisfaction sexuelle
après hystérectomie élargie (4)
L’état de 94 femmes après opération a été comparé à
l’état de ces mêmes femmes avant chirurgie et à celui
de 224 femmes contrôles. Il s’agissait de stades I et IIA.
Les femmes ayant eu une chirurgie élargie décri-
vaient plus de sécheresse vaginale, plus de sensa-
tion de vagin court ou rétréci, plus de diminution
de la sensibilité vulvaire, plus de dyspareunie, plus
de non-satisfaction sexuelle. On peut donc penser
que la chirurgie “élargie” altère la sexualité.