
Exémestane versus anastrozole dans le traitement du cancer du sein de stade précoce
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d’alertes de toxicité cardiaque.13 Les patientes incluses dans l’étude
pendant la période de randomisation au célécoxib ont été intégrées
à la comparaison entre exémestane et anastrozole et stratifiées en
fonction de ce qu’elles avaient reçu ou non du célécoxib (oui vs
non ; n = 1 622) et un traitement concomitant prophylactique à
base d’aspirine (≤ 81 mg par jour ; oui vs non ; n = 2 209). À la suite
des bons résultats obtenus en 2005 avec le traitement anti-HER2
(récepteur 2 du facteur de croissance épidermique humain) dans le
cancer du sein de stade précoce, l’administration de trastuzumab a
été autorisée pour les patientes présentant un cancer HER2 positif
a&, et le protocole a été modifié pour inclure la stratification en
fonction de l’administration ou non de trastuzumab (oui vs non ;
n = 1 915).14 D’autres facteurs de stratification pendant l’étude
incluaient l’envahissement des ganglions lymphatiques (négatif,
positif ou indéterminé) et l’administration préalable d’une chimio-
thérapie adjuvante (oui vs non ; n = 7 576). Après avoir donné leur
consentement éclairé, les patientes ont été randomisées au moyen
d’un algorithme de minimisation dynamique15 pour recevoir en
ouvert de l’exémestane à la dose de 25 mg ou de l’anastrozole à la
dose de 1 mg en une prise quotidienne après le petit-déjeuner.
Le financement a été assuré par la Société canadienne du
cancer, l’Institut national américain de lutte contre le cancer et
Pfizer. Les données ont été collectées, gérées et analysées par le
NCIC CTG. Le comité de pilotage de l’étude a décidé de publier les
résultats. L’article a été rédigé entièrement par l’auteur principal, les
co-auteurs et le personnel du bureau central du NCIC CTG qui se
sont assurés de la fidélité de l’étude au protocole, et de l’exactitude
et de l’exhaustivité des données.
Population de l’étude
Les critères d’inclusion de l’étude MA.27 comprenaient les
critères suivants : cancer du sein primitif invasif à récepteurs hor-
monaux positifs, local, histologiquement prouvé, avec exérèse
adéquate, patientes ménopausées (définies comme des patientes
âgées de 60 ans ou plus, ou âgées de 45 à 59 ans présentant un
arrêt spontané des règles depuis plus de 12 mois ou un arrêt spon-
tané des règles depuis moins de 12 mois associé à un taux sanguin
d’hormone de stimulation folliculaire compatible avec les valeurs
observées post-ménopause avant la chimiothérapie, ou ayant subi
une ovariectomie bilatérale), randomisation intervenant entre
3 semaines et 3 mois après la fin de la chimiothérapie, indice de
performance ECOG (Eastern Cooperative Oncology Group) de 0, 1 ou
216, espérance de vie supérieure à cinq ans. Le stade de la tumeur
était inconnu. Des tests radiologiques ont été réalisés à l’entrée dans
l’étude pour s’assurer de l’absence de métastases chez les patientes
symptomatiques ou présentant un bilan sanguin anormal. Les cri-
tères d’exclusion comprenaient les critères suivants : patientes non
ménopausées, tumeur primitive à récepteurs hormonaux négatifs,
cancer du sein primitif controlatéral asynchrone (diagnostiqué à
différents moments), antécédents d’autres cancers (à l’exception
des cancers de la peau non mélanomes et des carcinomes in situ
du col de l’utérus), traitement antérieur à base de tamoxifène. Un
traitement par raloxifène en prévention des maladies osseuses était
autorisé à condition qu’il soit arrêté au moins trois semaines avant
la randomisation.
Critères d’évaluation de l’étude
Le critère principal d’évaluation, à savoir la survie sans événe-
ment (EFS), était défini comme le temps écoulé entre la randomi-
sation et la survenue d’une récidive locorégionale ou à distance,
d’un nouveau cancer du sein primitif ou du décès toutes causes
confondues. Les critères secondaires incluaient la survie globale
(définie comme le temps écoulé entre la randomisation et le décès
toutes causes confondues), la survie sans maladie à distance (défi-
nie comme le temps écoulé entre la randomisation et la survenue
d’une récidive à distance), l’incidence des nouveaux cancers du
sein primitifs controlatéraux et la tolérance clinique et biologique.
La survie spécifique à la maladie (définie comme le temps écoulé
entre la randomisation et le décès en présence ou en raison du
cancer du sein) est également incluse dans le rapport. Les récidives
étaient confirmées par analyses anatomopathologiques, cliniques
ou radiologiques, et la date prise en compte était celle de leur
première détection. L’étude était pilotée par les événements et pré-
voyait qu’en l’absence d’événement, les patientes seraient traitées
pendant cinq ans maximum ou jusqu’à l’apparition d’une toxicité
inacceptable.
Évaluations
Les examens initiaux comprenaient un examen clinique, des
analyses de sang de routine, la confirmation anatomopathologi-
que de la tumeur primitive, une mammographie dans les 12 mois
suivant la randomisation, une radiographie thoracique et d’autres
examens radiologiques pour s’assurer de l’absence de métastases
chez les patientes symptomatiques ou présentant un bilan sanguin
anormal. Des examens cliniques, des analyses de sang et des éva-
luations des effets toxiques ont été réalisés en cours d’étude, tous
les six mois la première année puis tous les ans. Les patientes ont
subi une mammographie chaque année pendant toute la durée
de l’étude. Au moment de l’inclusion, les patientes qui présen-
taient des antécédents de fracture osseuse, d’ostéoporose ou de
maladie cardiovasculaire. Les symptômes présents à l’inclusion et
les toxicités apparues pendant l’étude ont été classés selon la ver-
sion 3 des critères Common Terminology Criteria for Adverse Events.17
L’observance a été déterminée par la comptabilité des pilules et
les déclarations des patientes lors des visites de suivi. D’autres
pathologies ont été diagnostiquées au cours des visites de suivi. Le
traitement était arrêté en cas de pathologie intercurrente grave, de
toxicité inacceptable, de récidive ou à la demande des patientes. Les
analyses intermédiaires de sécurité ont été revues deux fois par an
par le comité de surveillance des données et de la sécurité. Dans le
cadre de l’étude complémentaire sur la qualité de vie JMA27/E1Z03,
un sous-groupe de patientes a répondu au questionnaire Functional
Assessment of Cancer Therapy – Endocrine Symptoms (Évaluation
fonctionnelle du traitement du cancer - symptômes hormonaux)
de 56 items. Les résultats feront l’objet d’un rapport séparé.
Analyse statistique
L’étude MA.27 cherchait à l’origine à démontrer que le taux
d’EFS à cinq ans de 78,2 % observé avec l’anastrozole pouvait être
amélioré et atteindre 81,8 % avec l’exémestane, avec l’inclusion
prévue de 6 830 patientes au total et un schéma factoriel avec ou
sans célécoxib. L’effectif a été réduit à 5 800 patientes après que
le célécoxib a été retiré du protocole. Dans les deux cas, la puis-
sance statistique de l’étude était de 90 %. La taille de l’échantillon
a été réévaluée une nouvelle fois lorsque les résultats de l’étude
ATAC (Arimidex, Tamoxifène, Alone or in Combinaison : arimi-
dex, tamoxifène, seuls ou en association) à 68 mois ont estimé le
taux d’EFS à cinq ans à 86,5 % pour l’anastrozole. Nous sommes
également partis du principe que 15 % des patientes recevraient
du trastuzumab, avec un bénéfice de 1,0 % sur les récidives, ce qui
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