Cancer de la peau
Le ganglion sentinelle pour évaluer les risques
d’évolution du mélanome
Cancer dont l’incidence a le plus augmenté dans le monde ces dernières années, le mélanome de
la peau est également l’un des cancers les plus agressifs.
Pour évaluer l’extension initiale de la maladie, l’Institut Curie a recours à la détection du ganglion
sentinelle. Cette technique, mise au point à l’Institut Curie pour le cancer du sein, consiste à
repérer le premier relais de la chaîne ganglionnaire régionale, qui reçoit les vaisseaux
lymphatiques issus du site de la tumeur primitive, afin d’y rechercher la présence éventuelle de
cellules tumorales.
Forts de leur expertise du ganglion sentinelle dans le cancer du sein, les chirurgiens de l’Institut
Curie étudient l’intérêt pronostique de cette technique, qui permet la détection précoce de cellules
tumorales dans les ganglions régionaux chez les patients atteints de mélanome.
Cette validation permettra de mieux définir les conditions d’utilisation du ganglion sentinelle lors
de la prise en charge des mélanomes de la peau.
Forme la plus meurtrière des tumeurs de la peau si elle n’est pas diagnostiquée précocement, le mélanome est
le cancer dont l’incidence connaît la plus forte augmentation dans le monde : le nombre de cas double tous les
12 à 15 ans. Une des causes est l’exposition violente au soleil dès l’enfance, particulièrement chez les sujets à
peau claire. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, 132 000 mélanomes de la peau sont diagnostiqués
chaque année dans le monde.
En France, en 2000, 3 066 nouveaux cas de mélanomes de la peau chez les hommes et 4 165 cas chez les
femmes ont été dénombrés.
De la difficulté d’évaluer les risques de dissémination
L’acte chirurgical reste l’intervention la plus efficace contre le mélanome de la peau. Plus le traitement est
précoce, plus les chances de guérison sont élevées. L’épaisseur du mélanome au moment de la prise en
charge est l’un des facteurs déterminants du risque évolutif ultérieur et de la prescription éventuelle de
traitements complémentaires.
Si l’extension de la maladie est peu probable chez les patients ayant un mélanome d’une épaisseur inférieure à
1 mm, il est en revanche difficile de conclure pour les autres : environ 20 % des patients dont le mélanome a
une épaisseur comprise entre 1 mm et 4 mm ont une dissémination de leur tumeur au niveau de la chaîne
ganglionnaire la plus proche.
De l’intérêt du ganglion sentinelle
Précurseur du développement du ganglion sentinelle dans les cancers du sein, l’Institut Curie utilise
désormais cette technique pour déterminer les risques d’invasion métastatique chez les patients ayant
un mélanome de la peau. La procédure permet de repérer un ganglion caractéristique de la chaîne
ganglionnaire avec une gêne post-opératoire limitée et acceptable (voir page suivante « Le ganglion sentinelle :
une chirurgie légère»). Le ganglion sentinelle est enlevé au cours de l’acte chirurgical destiné à traiter le
mélanome cutané primitif, mais contrairement au cancer du sein, l’analyse ne peut pas avoir lieu pendant
l’opération.
Lorsque le ganglion sentinelle est indemne, le pronostic est favorable et une surveillance clinique régulière sans
autre traitement est alors mise en place. En revanche, si l’analyse du ganglion sentinelle montre la présence de
cellules cancéreuses, l’ablation complète de la chaîne ganglionnaire est alors pratiquée au cours d’une nouvelle
intervention. Un traitement adjuvant peut être proposé secondairement en fonction des protocoles.
L’ensemble des patients, adressés par le Service de dermatologie et vénéréologie du Groupe Hospitalier
Cochin - Saint-Vincent de Paul (AP-HP, Pavillon Tarnier) dirigé par le Pr Marie-Françoise Avril et qui sont
ensuite pris en charge pour les aspects chirurgicaux par le Dr Angélique Girod et le Dr Benoît Couturaud à