
50 D’une génération à l’autre: évolution des conditions de vie
qui est particulièrement vrai pour le cancer. L’analyse de cohortes se distingue en
ce sens qu’elle examine une même génération d’individus à différents âges, plutôt
que d’examiner différentes générations d’individus. Elle permet ainsi d’étudier l’ef-
fet de cohorte, soit l’effet des changements reliés à la génération de naissance plu-
tôt qu’à l’âge pour une année donnée.
La source de données, tant pour l’analyse transversale que pour l’analyse
intergénérationnelle, est le Registre national des décès au Canada. Les données de
mortalité des années 1950 à 1993 étaient disponibles au moment de la rédaction
de ce document. Depuis 1950, les critères de codification des causes de mortalité
sont relativement cohérents pour diagnostiquer les cancers. Les résultats ont été
obtenus grâce au logiciel d’exploitation de données ORIUS mis au point par le
Laboratoire de lutte contre la maladie de Santé Canada, puis attribués aux cohor-
tes de naissance ou «générations ».
Dans cette section, nous désignons par «génération 1 » le groupe de person-
nes nées entre 1896 et 1900, la «génération 2 » représente les personnes nées
entre 1911 et 1915, la «génération 3 » celles nées entre 1926 et 1930, et la «géné-
ration 4 », notre dernière cohorte, regroupe les personnes nées entre 1941 et 1945.
Ces «générations » ont été choisies parce que l’écart de temps entre chacune est
suffisamment grand pour que l’on y retrouve des comportements et des événe-
ments distinctifs.
L’analyse de cohortes se concentre sur les groupes d’âge 40-44 ans à
60-64 ans, pour les raisons suivantes. D’abord, le taux de mortalité par cancer avant
l’âge de 40 ans est très faible. Ensuite, la série de données utilisées (1950 à 1993)
rend impossible la comparaison de toutes les générations pour des groupes d’âge
supérieurs à 64 ans. Enfin, la mortalité prématurée est l’élément le plus intéressant
que ce type d’analyse permet d’étudier.
L’étude porte sur l’ensemble des cancers (Cim-9 140 à 208), le cancer du pou-
mon1, et les autres cancers, c’est-à-dire l’ensemble des cancers excluant celui du
poumon. La mortalité par cancer du poumon constitue le point central du chapitre
pour plusieurs raisons. D’abord, elle occupe le premier rang de la mortalité par
cancer au Québec : près de 40 % du total des décès par cancer chez les hommes et
20 % chez les femmes. De plus, la mortalité par cancer du poumon évolue selon
une tendance différente de celle de la mortalité due aux autres cancers. Enfin, des
facteurs de risque bien précis sont associés à une forte proportion des cas.
L’évolution des taux de mortalité par âge et sexe
Le taux spécifique de mortalité selon l’âge chez les hommes pour l’ensemble
des cancers a augmenté au Québec depuis les années 50, pour tous les groupes
d’âge supérieurs à 54 ans, et cette hausse s’est accentuée après l’âge de 75 ans
1. Dans le but d’alléger le texte, l’expression «cancer du poumon» regroupe les tumeurs malignes de la trachée, des
bronches et du poumon (Cim-9 162), de la plèvre (Cim-9 163), du médiastin (Cim-9 164.2, 164.3, 164.8, 164.9) et
de sièges autres ou non précisés de l’appareil respiratoire et des organes thoraciques (Cim-9 165).