4pharmacieplus | le mensuel santé | septembre 2009
guide santé
Cancer du sein : autour du dépistage
5000 nouveaux cas de cancer du
sein et 1350 décès chaque année en
Suisse : les derniers chiffres relevés
par la Ligue suisse contre le cancer
sont éloquents. Or, les principaux fac-
teurs de risques – sexe, âge, prédispo-
sitions génétiques et cas de cancers
du sein chez la mère, la sœur ou la
fille – ne peuvent être influencés. De
fait, une femme sur dix développe un
cancer du sein au cours de sa vie. La
probabilité d’être atteinte augmente
notoirement dès 50 ans. En effet,
1,84% des femmes sont touchées
jusqu’à l’âge de 50 ans pour 10,9 %
jusqu’à 80 ans et plus.
Une certitude, le dépistage précoce
reste la meilleure chance d’être dia-
gnostiquée à temps. Le nombre de
cancers du sein augmente, mais la
mortalité diminue ( 1460 décès de
1994 à 1997 pour 1352 décès de 2002
à 2005 ). L’expérience montre que le
dépistage ne permet pas d’éviter l’ap-
parition d’un cancer, mais qu’un dia-
gnostic à un stade peu avancé assure
un traitement moins lourd et
accroît les chances de survie.
En 2009, des programmes
de dépistage systématique
du cancer du sein sont
présents dans tous les
cantons romands, dans
le Jura bernois et dans
le canton de Saint-Gall.
Berne démarrera dès
2010, alors qu’au
Tessin, un tel pro-
gramme n’est pas
envisagé à ce jour
( voir carte détaillée ).
Des femmes unies contre
le cancer du sein
Pour la 10e édition du Mois d’infor-
mation sur le cancer du sein, des
femmes connues en Suisse mon-
trent un front unis et s’associent à
leur mère, leur sœur ou une amie
pour retenir l’attention des femmes
sur le cancer du sein et les enjeux
du dépistage.
pDans chaque canton, des activités
sont prévues pour parler aux femmes :
stands d’information, conférences,
marche au clair de lune, etc.
pEn savoir plus et consulter la
liste : www.liguecancer.ch ( dès la mi-
septembre ).
En octobre 2009, la dixième édition du « Mois d’infor-
mation sur le cancer du sein » mobilisera ses forces
pour informer les femmes sur les risques et les inciter
au dépistage précoce. Du dépistage à la solidarité,
paroles de femmes. pKristin Aubort
Mammographie :
l’examen pas à pas
Ariane Favre est technicienne
en radiologie à l’Hôpital Daler à
Fribourg. Pour elle, faire réguliè-
rement des mammographies de
dépistage c’est aussi accueillir
les femmes et les accompagner.
Réponses.
Dans le canton de Fribourg par
exemple, 28’000 femmes concer-
nées reçoivent tous les deux ans
un courrier qui les invite à effec-
tuer une mammographie de
dépistage. A l’instar de celles
qui vivent dans les autres
cantons où le programme de
dépistage systématique par
mammographie est proposé.
Or cette invitation pro-
voque souvent peurs et
attentes : « Les femmes
se sentent souvent bles-
sées par une attitude, une
parole. Dans notre hôpital,
nous faisons très attention
à cela et deux médecins spécialistes
en sénologie – les affections du sein
– nous ont sensibilisés aux comporte-
ments à adopter. Notre rôle est aussi
d’expliquer et de prendre le temps
de répondre…. Nous nous devons
d’être accueillants, psychologues,
mais parfois c’est le volume de tra-
vail qui prime ! »
En quoi consiste votre travail de
technicienne en radiologie ?
Nous sommes là pour faire des
images radiologiques ( scanner,
radiothérapie, scintigraphie, radio-
logie conventionnelle… ) à l’aide de
toute une palette d’instruments. En
Combien ça coûte ?
Dans les cantons qui sont dotés d’un programmes, les femmes entre 50 et 69
ans sont invitées tous les deux ans à faire une mammographie de dépistage
qui répond à certaines exigences de qualité. Cette mammographie est prise
en charge hors franchise par l’assurance-maladie de base. Le coût facturé à
la patiente : au maximum 10 % du montant ( environ CHF 20.– ), voire rien
du tout selon les cantons (voir sous www.depistage-sein.ch).
A lire :
« Le dépistage du cancer du sein », une information de la
Ligue contre le cancer. La brochure peut être commandée
gratuitement en français, allemand ou italien au 0844 85 00 00
ou via la boutique sous www.liguecancer.ch.
sortant de formation, on se spécia-
lise « sur le tas ». Pour ma part, j’ai
travaillé durant 15 ans aux urgences
d’un grand hôpital et y ai vécu des
situations douloureuses… Dans ce
métier, après un certain temps dans
un service, soit on a l’impression
d’apporter quelque chose soit on est
fatigué et il faut en changer.
A quelles femmes cet examen de
dépistage est-il destiné et à quoi
sert-il ?
Il est destiné aux femmes de 50 à 70
ans asymptomatiques. Par asympto-
matique, on se réfère à une femme
qui n’a pas mal aux seins, n’a pas
d’antécédents familiaux ( mère,
sœur ( s ) ou fille ( s ) touchée par un
cancer du sein ), ni ne porte de pro-
thèse mammaire.
Quelle démarche adopter s’il y a
un antécédent familial ?
Dans ce cas, la femme doit être vue par
un médecin ! D’ailleurs, en principe, le
gynécologue d’une femme concernée
par la maladie va l’encourager à
inciter ses proches (mère, sœur ( s ) ou
fille ( s ) ) à faire une mammographie.
Les femmes à risque, quel que soit leur
âge, devraient se soumettre chaque
année à une mammographie ( ndlr :
l’examen est remboursé par la LaMal ).
Combien de temps dure cet
examen ?
10 à 20 minutes.
On le dit souvent douloureux…
Chaque femme a sa propre tolérance
à la douleur, certaines supportent à
peine qu’on touche leurs seins… Par
ailleurs, certains seins sont durs,
d’autres kystiques ou à la peau sèche
et cela peut tirailler ( mais attention à
ne pas appliquer de crème sur la peau
le jour de l’examen ). Et il ne faut pas
oublier que les seins sont des organes
sexuels. C’est donc à la technicienne
de faire en sorte que cela se passe le
mieux possible, en collaboration avec
la dame. J’aime que celle-ci me dise ce
qu’elle ressent et je veille à la distraire
de l’examen.
Que dire de la peur du diagnostic ?
Un diagnostic est toujours traumati-
sant, même si l’on rassure la patiente
( ou le patient bien entendu ). En radio-
logie, si l’on voit une tumeur, on ne
sait même pas si elle est bénigne ou
maligne. On fait des investigations
complémentaires par ultrason et, s’il
subsiste un doute, une biopsie ( un
prélèvement non douloureux réalisé à
l’aide d’une aiguille creuse ). L’examen
en laboratoire prend ensuite 2-3 jours.
Cela fait peur mais ce n’est pas tou-
jours cancéreux : en fait, c’est plus
fréquemment bénin ! Les résultats
sont ensuite transmis au gynécologue.
Un examen complémentaire est-il
souvent demandé ?
Environ 20% des femmes sont rappe-
lées par écrit pour un examen com-
plémentaire tel qu’un ultrason. Il faut
savoir que si une femme a des seins
denses, mieux vaut faire un ultrason
qui permet de voir de manière diffé-
rente à travers la glande mammaire !
Cela ne signifie pas que ce type de sein
comporte plus de risques mais qu’il
faut sécuriser le diagnostic.
Qui se charge de la lecture des
clichés ?
Dans le cas du programme de dépis-
tage, le radiologue lit le cliché avant
de le donner en deuxième lecture à
un médecin associé à ce programme.
Ces médecins sont formés dans ce
domaine et pratiquent de nombreuses
lectures : plus ils en font, plus ils sont
performants !
Que vous dicte votre expérience ?
Qu’avez-vous envie de dire aux
femmes ?
Le dépistage a ses avantages et ses
limites mais c’est une chance que
l’on nous offre. La tumeur, même
toute petite et qui ne fait pas mal,
va pouvoir être décelée. L’on va pro-
céder à une opération et parfois
même pas. Parmi les dames qui ne
vont pas chez le gynécologue – cer-
taines ne savent même pas ce qu’est
la ménopause – beaucoup auront
donc la chance d’être diagnosti-
quées rapidement grâce à ce pro-
gramme de dépistage ! Cela fait 35
ans que je fais des mammographies
et j’ai parfois vu de grosses tumeurs,
décelées tardivement…Combien de
fois j’ai lu la souffrance et la solitude
dans les yeux de femmes touchées
par le cancer du sein et ce même
si elles ont le plus gentil des maris
et des enfants aimants. J’ai vu des
femmes mutilées par une ablation
d’un sein ou même des deux.
Désormais, grâce au dépistage, 80%
des femmes qui ont un cancer du sein
diagnostiqué s’en sortent et auront
une vie normale !
© LSC