M. Khouchani et al. / Cancer/Radiothérapie 12 (2008) 120–125 121
primary tumor. The diagnostic orientation is based on the mammography and the mammary biopsy. In this stage, the treatment is unfortunately
palliative, the survival until a year is not more than 20%.
© 2008 Publi´
e par Elsevier Masson SAS.
Mots clés : Cancer de la vulve ; Métastase ; Sein
Keywords: Vulvar carcinoma; Metastasis; Breast
1. Introduction
La vulve est le nom donné à tous les organes génitaux externes
féminins, elle comprend les lèvres, le clitoris et l’ouverture
vaginale. Le carcinome vulvaire est de plus en plus fréquent,
surtout chez les jeunes patientes du fait des infections virales.
C’est un cancer souvent plurifocal et son extension se fait par
les ganglions lymphatiques régionaux. Il est rarement métasta-
tique à distance [7,8]. Les métastases au niveau du sein des
cancers extramammaires sont très peu fréquentes, leur inci-
dence clinique est de 0,5 à 2 % [11,15]. Le point de départ
vulvaire est exceptionnel. À travers cette observation, nous
rapportons le premier cas de métastase mammaire d’un car-
cinome d’origine vulvaire et nous allons essayer de regrouper
les signes cliniques et paracliniques qui permettent de poser
le diagnostic, tout en soulevant les différentes possibilités
thérapeutiques.
2. Observation
Mme D.H., âgée de 42 ans, mariée et mère de deux enfants,
avait dans ses antécédents la notion d’infections génitales à répé-
tition associées à une surinfection de la cicatrice d’épisiotomie
lors de ses deux accouchements. Elle avait consulté en février
2001 pour une tuméfaction vulvaire évoluant depuis deux mois,
sans prurit ni douleurs ni leucorrhées. Sur le plan clinique,
la patiente avait une tuméfaction de la fourchette vulvaire en
aile de papillon mesurant 4 cm associée à des adénopathies
inguinales bilatérales, dures, fixées à la peau, prédominantes
à gauche. Une biopsie vulvaire a été réalisée en mars 2001
montrant à l’étude anatomopathologique un aspect de carci-
nome épidermoïde moyennement différencié et invasif. Un
frottis cervicovaginal réalisé en avril 2001 était hémorragique
et inflammatoire avec des signes de remaniements métapla-
siques plus ou moins matures sans indice de spécificité et de
malignité. Le bilan d’extension comprenant une radiographie
thoracique et une échographie abdominale n’a pas montré de
localisation secondaire. À l’occasion, une mammographie de
dépistage a été demandée et était normale. La lésion vulvaire
était alors classée T2N2M0. Une vulvectomie totale et un curage
ganglionnaire inguinal bilatéral ont été réalisés en avril 2001.
L’étude anatomopathologique de la pièce opératoire a objectivé,
à l’examen microscopique des divers prélèvements effectués sur
la lésion tumorale vulvaire, la présence d’une prolifération carci-
nomateuse de nature épidermoïde bien différenciée et invasive.
Elle était faite de larges massifs et des lobules parfois anas-
tomotiques, ponctuées d’éléments dyskératosiques et entourant
de nombreuses perles kératosiques. Les cellules néoplasiques
étaient de taille variable, polyédriques, à cytoplasme acidophile
ou rarement vacuolaire et à noyau hyperchrome ou vésiculeux,
pourvues de nucléoles proéminents. Les atypies cytonucléaires
y étaient modérées et les images de mitoses assez fréquentes.
Le stroma était fibrocongestif, émaillé d’infiltrats lymphoplas-
mocytaires. Cette néoplasie infiltrait les structures musculaires
striées et adipeuses profondes. La limite d’exérèse au niveau
de la commissure inférieure était tumorale. Le curage ganglion-
naire a ramené trois ganglions envahis sur huit à droite et huit
ganglions envahis sur dix à gauche avec rupture capsulaire et
infiltration du tissu adipeux périganglionnaires par plaque. La
patiente a rec¸u une irradiation inguinale bilatérale et une irra-
diation périnéale par un faisceau direct de 45 Gy en semaines.
Cette irradiation s’est déroulée sans incident. La patiente était
régulièrement suivie et, en octobre 2001, elle a consulté pour un
nodule à cheval sur les quadrants supérieurs du sein gauche,
mesurant 6 cm de diamètre, fixé aux deux plans profond et
superficiel. La peau était ulcérée par endroit. L’examen des
aires ganglionnaires a noté un paquet ganglionnaire latérocer-
vical droit de 6 ×7 cm de diamètre. La mammographie faite en
octobre 2001 a objectivé une opacité de forte densité, de contours
irréguliers, finement spiculée, située au niveau du quadrant supé-
roexterne du sein gauche s’accompagnant d’un épaississement
et d’une rétraction cutanée en regard, avec absence de foyers
de microcalcifications et présence d’un ganglion au niveau du
prolongement axillaire gauche (Fig. 1). Une biopsie de la masse
mammaire réalisée en octobre 2001 a objectivé un carcinome
épidermoïde moyennement différencié d’origine métastatique
vraisemblable. Un bilan d’extension locorégionale comprenant
une scanographie du massif facial, en vue d’étiqueter l’origine
du paquet ganglionnaire cervical droit, n’a pas montré de lésions
au niveau de la sphère ORL et en particulier au niveau du cavum.
Une scanographie abdominopelvienne a objectivé des adénopa-
thies cœliomésentériques dont la plus grosse faisait 14 mm. La
radiographie thoracique était normale. Une mastectomie totale
avec curage ganglionnaire a été réalisée en novembre 2001.
L’étude anatomopathologique a objectivé un néoplasme nodu-
laire mesurant 6 ×5×4 cm, ulcérant la peau, de consistance
mollasse et d’aspect charnu friable, siège de nécrose centrale.
La tumeur était ulcérée et située à 5 cm de la limite de résection
externe.
Au total, il s’agissait d’une métastase mammaire et gan-
glionnaire à partir d’un carcinome épidermoïde de la vulve. La
patiente a bénéficié de trois cures de chimiothérapie par adri-
blastine (50 mg/m2, j1), cyclophosphalmide (300 mg/m2,j1et
j2) et cisplatine (100 mg/m2sur trois jours). L’évaluation qui a
été réalisée a montré une rémission complète au niveau des gan-
glions latérocervicaux avec apparition d’une thrombophlébite
du membre inférieur gauche après la troisième cure de chimio-
thérapie, ayant bien évolué sous traitement anticoagulant. La