Journal o f Clinical Oncology ARTICLE ORIGINAL
VOLUME 2 . NUMÉRO 4 - SEPT/OCT 2010
266 Journal o f Clinical Oncology
* Université de Californie à Irvine (UCI) et
UCI Medical Center, Orange, CA ; Université
de Columbia, Collège de Médecine et
Chirurgie ; Hôpital Universitaire de New
York, New York, NY ; Royal Marsden
Hospital, Surrey, Royaume-Uni ; Gillette
Center for Women’s Studies, Hôpital
général du Massachusetts, Boston, MA ;
Hôpital de l’Université d’Anvers, Edegem ;
Hôpital Universitaire, Louvain, Belgique ;
Université Paris Descartes, Assistance
Publique Hôpitaux de Paris, Hôpital
Hôtel-Dieu, Paris, France ; SPBSIH City
Clinical Oncological Dispensary, St
Petersburg ; Moscow City Oncological
Hospital ; SI Russian Oncological Scientific
Center, Moscou, Russie ; Centrum
Onkologii-Institut im. Marii Sklodowskiej-
Curie Oddzial Krakow, Cracovie ; Memorial
Cancer center, Institut Maria Sklodowska-
Curie, Varsovie, Pologne ; Tom Baker Cancer
Centre, Calgary, Alberta, Canada ; Peking
Union Medical College Hospital, Pékin ;
Queen Mary Hospital, Université de Hong
Kong, Pokfulam, Hong Kong, Chine ; Collège
de Médecine de l’Université d’Ulsan, Asan
Medical Center, Séoul, Corée ; Johnson &
Johnson Pharmaceutical Research and
development, Raritan, NJ ; PharmaMar,
Madrid ; et Instituto Valenciano de
Oncologia, Valence, Espagne
Manuscrit soumis le 12 août 2009,
accepté le 14 avril 2010, publié en ligne
avant impression à l’adresse www.jco.org
le 1
er
juin 2010.
Les informations relatives au soutien
financier de cette étude peuvent être
trouvées à la fin de cet article.
Lien du répertoire Clinical Trials disponible
sur JCO.org.
Auteur correspondant : Bradley J. Monk,
MD, UCI Medical Center, 101 The City Dr,
Bldg 56, Suite 260, Orange, CA
© 2010 American Society of Clinical
Oncology
0732-183X/10/2819-3107/$20.00
DOI: 10.1200/JCO.2009.25.4037`
Traduit de l’anglais par Kraus Biomédical
Place de la trabectédine plus doxorubicine liposomale
pégylée dans le cancer de l’ovaire récidivant
Bradley J. Monk, Thomas J. Herzog, Stanley B. Kaye, Carolyn N. Krasner, Jan B. Vermorken, Franco M. Muggia,
Eric Pujade-Lauraine, Alla S. Lisyanskaya, Anatoly N. Makhson, Janusz Rolski, Vera A. Gorbounova, Prafull
Ghatage, Mariusz Bidzinski, Keng Shen, Hextan Yuen-Sheung Ngan, Ignace B. Vergote, Joo-Hyun Nam,
Youn Choi Park, Claudia A. Lebedinsky et Andrés M. Poveda*
Voir l’éditorial page 232
résumé
Objectif
Cette étude avait pour objectif de comparer l’efficacité et la tolérance de l’association de trabectédine
et de doxorubicine liposomale pégylée (PLD) avec celles de la PLD seule chez des femmes atteintes
d’un cancer de l’ovaire en rechute après échec d’une première ligne de chimiothérapie à base de
platine.
Patientes et méthodes
Des femmes âgées de ≥ 18 ans, stratifiées en fonction de leur indice de performance (0 à 1 versus 2)
et de leur sensibilité au platine, ont été tirées au sort entre perfusion intraveineuse de PLD 30 mg/m²
suivie d’une perfusion de trabectédine 1,1 mg/m² sur 3 heures toutes les 3 semaines et PLD 50 mg/m²
toutes les 4 semaines. Le critère de jugement principal était la survie sans progression (SSP) déterminée
par une évaluation radiologique indépendante.
Résultats
Les patientes (N = 672) ont été randomisées entre la trabectédine/PLD (n = 337) et PLD (n = 335).
La SSP médiane a été de 7,3 mois avec la trabectédine/PLD et de 5,8 mois avec la PLD (risque relatif
(RR) 0,79 ; IC à 95 %, 0,65 à 0,96 ; p = 0,0190). Chez les patientes sensibles au platine, la SSP médiane
a été de 9,2 mois contre 7,5 mois, respectivement (RR, 0,73 ; IC à 95 %, 0,56 à 0,95 ; p = 0,0170).
Le taux de réponse global (ORR) a été de 27,6 % pour trabectédine/PLD versus 18,8 % pour la PLD (p
= 0,0080) ; chez les patientes sensibles au platine, il a été de 35,3 % contre 22,6 % (p = 0,0042),
respectivement. Il n’y a pas de différence statistiquement significative de l’ORR, de la SSP et de la survie
globale chez les patientes résistantes au platine. La neutropénie a été plus fréquente avec trabectédine/
PLD. Les élévations des transaminases de grade 3 ou 4 ont également été plus nombreuses avec
l’association, mais elles ont été transitoires et non cumulatives. Le syndrome pied-main et la mucite ont
été moins fréquents avec trabectédine/PLD qu’avec la PLD seule.
Conclusion
En association avec la PLD, la trabectédine améliore la SSP et l’ORR par rapport à la PLD seule, avec
une tolérance acceptable, en traitement de deuxième ligne du cancer de l’ovaire en rechute.
J Clin Oncol 28:3107-3114. © 2010 American Society of Clinical Oncology
INTRODUCTION
Le cancer de l’ovaire reste la deuxième cause de
mortalité par cancer gynécologique après le can-
cer du col de l’utérus, avec 125 000 décès environ
par an dans le monde.1 Le traitement initial de
la maladie avancée associe la chirurgie de réduc-
tion tumorale, suivie d’une chimiothérapie par
platine/taxane.2,3 Malgré un taux de réponse de
80 % environ au traitement primaire,4 la plupart
des femmes finissent par présenter une récidive
avant de décéder.
Le cancer de l’ovaire récidivant représente un
défi clinique majeur ; peu d’agents ont fait preuve
d’efficacité dans des essais randomisés de grande
envergure. À l’heure actuelle, seuls sont autorisés
par la FDA (Food and Drug Administration) amé-
ricaine le carboplatine/cisplatine, le paclitaxel,
l’altrétamine, le topotécan, la doxorubicine lipo-
somale pégylée (PLD) et la gemcitabine (en asso-
ciation avec le carboplatine). La réalisation d’es-
sais cliniques bien conçus en vue d’identifier de
nouveaux agents actifs dans le cancer de l’ovaire
a été compliquée par la lenteur du recrutement et