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Depuis 1974, date du 1er choc
pétrolier, on s’était habitué à
voir le prix du pétrole progresser
régulièrement. Les pays
émergents et notamment la
Chine tiraient la croissance mondiale avec une
consommation de matières premières et de pétrole
qui croissaient de manière exponentielle. Dans ce
contexte de décalage persistant entre la demande
et l’offre, l’OPEP régulait le marché en tentant de
maintenir un prix « attractif » pour les pays producteurs
et « convenable » pour les pays consommateurs. Ceci
générant, bien évidemment, les fameux pétrodollars
qui se réinvestissaient au sein des pays développés.
Pour expliquer cette chute, il faut se pencher
sur les différentes composantes de la
demande et de l’offre mondiale de pétrole.
Le premier constat est que la demande mondiale
a ralenti en 2015, avec un impact sur toutes les
zones géographiques ! Malgré une demande
mondiale en baisse, l’offre des pays non OPEP a
baissé, mais pas la production des pays membres
qui ont même décidé de maintenir celle-ci à des
niveaux records. Le pire c’est qu’ils n’ont pas, non
plus, réussi à se mettre d’accord sur un objectif
de production, ce qui aurait pu stabiliser les prix.
En l’absence de plafond l’Arabie Saoudite et l’Irak
ont continué à produire des quantités élevées, ce qui
a maintenu les excédents d’offre. Certains pays sont
même rentrés en concurrence les uns avec les autres
avec des augmentations de volume, et de tarification
agressive. Cette « guerre des tarifications » ayant
pour finalité de gagner des parts de marché en
produisant davantage et en rendant ainsi avec les prix
plus faibles du pétrole, non profitable la production
de pétrole cher en dehors de l’OPEP (Arctique,
sables bitumeux, pétrole de schiste, deep offshore).
Evidemment la levée des sanctions contre l’Iran le
16 janvier 2016 n’est pas pour fluidifier le marché,
puisque le pays pense augmenter sa production de
500.000 barils jour en plus de l’offre déjà pléthorique !
Mais pourquoi cet excédent d’offre
qui entraîne une baisse du prix
du pétrole, réduit la demande
mondiale et perturbe les marchés
financiers ?
On compare les pays exportateurs et importateurs
de pétrole : pour les pays producteurs, plus le prix est
bas, plus ces pays réduisent leurs dépenses et donc
leurs importations. Cela va encore être accentué par
le fait que ces pays doivent maintenant réduire leurs
déficits publics : la baisse du prix du pétrole fait chuter
les recettes fiscales du fait que l’énergie représente
la quasi-totalité de leurs revenus. La baisse des
dépenses publiques (moins d’investissements au
Moyen-Orient) et la hausse d’impôts (TVA et taxe
sur l’essence en Arabie Saoudite), vont réduire
drastiquement la demande privée.
Pour les pays importateurs, quand le prix du
pétrole est haut, une baisse de ce prix entraîne
une augmentation du revenu réel et donc crée un
supplément de demande. Mais si le prix du pétrole
est déjà bas, toute nouvelle baisse n’entraîne plus
systématiquement une hausse de la demande, mais
plutôt un accroissement de l’épargne sans risque.
D’autant plus que ce n’est pas l’investissement des
entreprises qui repart (les entreprises ont reconstitué
leurs marges), mais seulement la consommation des
ménages, et encore que partiellement.
En Europe, la baisse du prix du
pétrole a réduit les importations
de pétrole et donc contribué
à réduire le coût de la facture
énergétique.
Ce qui a contribué aussi à réduire l’inflation. La baisse
du pétrole est aussi associée à une dépréciation de
l’euro, puisque les pays exportateurs de pétrole
placent moins leurs avoirs en euro du fait de
moindres revenus générés par la baisse du prix du
pétrole, mais aussi par le rapatriement de certains de
leurs avoirs pour réduire leurs déficits. Parallèlement
la baisse du prix du pétrole a dégradé les économies
des pays exportateurs de pétrole (on ne parlera
pas du Venezuela et du Brésil qui sont en forte
récession), et a donc mécaniquement généré un
recul des exportations de la zone Euro vers ces pays.
On finira cet exposé par l’impact de la baisse du
decryptagefinances
Alors que certains analystes prévoyaient, il n’y a pas si longtemps
encore, un prix du baril à 300$, comment a-t-on pu arriver à
un niveau inférieur à 30$ au début du premier trimestre 2016 ?
Décryptage par Didier Peirone, Administrateur et Directeur Général
de la société MPM & Partners (Monaco).
Il est également intervenant externe à l’IPAG de Nice.
Le Prix du Pétrole
et son impact sur l’économie
prix du pétrole sur les marchés financiers. Mais son
effet le plus notable s’est constaté sur la dégradation
du secteur de l’énergie aux Etats-Unis avec la
chute brutale de l’investissement et la forte hausse
du risque de défaut des entreprises du secteur.
En effet on constate depuis un an une forte chute
des forages, avec un nombre croissant de petites
sociétés qui ferment, leur coût de production
étant largement supérieur à leur prix de vente. Ces
fermetures ont pour corollaire une augmentation des
défauts sur le marché et donc un élargissement des
spreads obligataires sur le High Yield (250 points de
base en 2014, 500 points de base aujourd’hui).
D’autant plus que la fermeture des puits de forage
entraîne une demande moindre pour les métaux,
donc une baisse du secteur minier. Cette tension sur
le High Yield Us se retrouve en Europe par effet de
contagion, avec un élargissement des spreads, sur
des secteurs qui à priori n’ont rien à voir…
Les banques qui financent ces activités se retrouvent
avec une augmentation du risque de non-paiement
et rendent de plus en plus difficile l’accès au canal
bancaire du financement.
Il existe donc un risque sérieux de hausse des
défauts, et de restructuration, dans ce secteur qui
pourrait avoir des répercussions sur les autres
secteurs par le seul jeu de la contagion systémique,
ainsi que sur les acteurs financiers exposés, les
Banques Us notamment. Mais un risque systémique
majeur n’est pas à l’ordre du jour.
Toutefois on constate que sur le
marché financier ce sont les secteurs
« Oil & Gas » et «Mining » qui ont le
plus souffert tant au niveau des
actions que des obligations.
Il faut savoir qu’une obligation Arcelor 3.125%
échéance 2022 valait 70% de son nominal mi-janvier,
soit un rendement de 10% en euro….
Toute cette problématique, inquiète les
gouvernements et notamment la Fed qui après son
premier relèvement de taux le 16 décembre 2015,
se demande s’il est toujours opportun de continuer
sur cette voie, afin de ne pas créer un nouveau biais
dans la difficile reprise mondiale. Aujourd’hui c’est
clairement l’inflation qui joue un rôle majeur dans la
détermination de l’amplitude du cycle de hausse des
taux, et toute révision à la baisse des attentes sur le
prix du pétrole implique mécaniquement une révision
à la baisse de l’inflation anticipée !
La dernière intervention du ministre saoudien du
pétrole a nié la possibilité d’une réduction de la
production de son pays en déclarant que « le gel de
la production devrait pousser les secteurs les moins
rentables à arrêter leurs activités le temps que la
demande augmente et rattrape l’offre ! »
Il va sans dire que les gros producteurs jouent sur
les mots, en se disant favorables à une stabilisation
des prix, mais sans parvenir à s’entendre sur les
mécanismes ou quotas à mettre en place. L’Iran
s’est exprimé sur le fait qu’il refusait car le gel de
production affecterait ses objectifs de production et
d’exportation. Les prix resteront donc sous pression
le temps que de nouvelles discussions s’engagent.
A bon entendeur…
© DR
Didier Peirone
Source : Fix Financial Monaco
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