ANIS BIROU : «RÉGULARISATION, LE MAROC DANS LE TOP

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ÉDITION INTERNATIONALE : Afrique Zone CFA 1700 F CFA • France 3,50 € • France DOM 4 € • Maroc 23 DH • Algérie 170 DA • Tunisie 3,30 DT
Mauritanie 1100 MRO • Belgique 3,50 € • Italie 4 € • Canada 5,95 $ CAN • Luxembourg 3,50 € • Suisse CHF 5,9
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L’ETAT DE
LA DETTE
EN AFRIQUE
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ABDERRAZZAK SITAIL
ANIS BIROU : «RÉGULARISATION, LE MAROC DANS LE TOP MONDIAL»
N° 271 - 6 au 12 février 2014
Hebdomadaire international
2 Les Afriques .
23 janvier 2014
SOMMAIRE
N° 271 - 6 au 12 février 2014
EDITORIAL
Un putschiste à la tête de l’UA
04
BAROMÈTRE
Daniel Ona Ondo, 68 ans, a été nommé nouveau Premier
ministre du Gabon par le président Ali Bongo Ondimba 06
BRUITS DE MARCHÉ
Madagascar réintègre l’Union africaine
08
VERBATIM
12
ARRÊT SUR IMAGE Photo du groupe des chefs d’Etat et
chefs de gouvernement, au siège de l'UA à Addis-Abeba 14
BANQUES & ASSURANCES
BOAD Prêt subordonné de 10 milliards
de f CFA à la BIAO Côte d’Ivoire
16
SÉNÉGAL La BNDE entre en lice
17
Banque Populaire s’associe à Banca Nuova
pour stimuler les investissements
18
BOURSES & FONDS
MAROC Création d’un Institut africain de Risk
Management pour soutenir Casa Finance City
20
BRVM Performance annuelle et perspectives 2014
22
ENTREPRISES & MARCHÉS
MAURITANIE Polémique autour d’un projet
d’extension d’une centrale électrique
24
CAMEROUN Bolloré débouté pour la gestion du
terminal à conteneurs du port de Kribi
26
AFRIQUE L’impact du retard technologique sur la
croissance
28
CÔTE D’IVOIRE Première implantation
en Afrique du chinois Hanergy
29
NIGERIA Partenariat Transcorp-General Electric
30
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
GABON Le Premier ministre Daniel Ona Ondo forme
un nouveau gouvernement
34
Le Maroc adopte bientôt deux projets de loi
et une stratégie de la migration
36
ANIS BIROU «Régularisation, le Maroc dans le top
mondial»
37
TUNISIE Mehdi Jomaâ présente un gouvernement
d’indépendants
38
MAURITANIE Un nouveau président au Perchoir
40
MAROC-MALI Le Roi Mohammed VI reçoit à Marrakech
le secrétaire général du MNLA, Bilal AG Cherif
41
ALGÉRIE Mise en garde du FMI contre les subventions 42
ARRÊT SUR IMAGE Poignée de main entre le prince
Moulay Rachid, venu à Brest pour réceptionner la
Frégate Mohammed VI, et le ministre français de la
Défense Jean-Yves Le Drian
48
DOSSIER
L’état de la dette en Afrique
ARRÊT SUR IMAGE Le président Moncef Marzouki et
Mehdi Jomaâ posent avec le nouveau gouvernement
FOCUS Echec de l’industrialisation de l’Algérie
RELATIONS INTERNATIONALES
ADDIS-ABEBA L’Union africaine lance l’année de
l’agriculture
UA Mohamed Ould Abdel Aziz aux commandes
MÉDITERRANÉE Mouroir de migrants clandestins
PIED DE LETTRE Le maillon manquant
50
60
62
68
70
73
74
BOAD Prêt subordonné
de 10 milliards de f CFA
à la BIAO Côte d’Ivoire
La BIAO Côte d’Ivoire peut se frotter
les mains. Elle vient de bénéficier
d’un bol d’air financier auprès de la
BOAD d’un montant de 10 milliards
de f CFA pour soutenir le
développement du secteur des PME.
16
ANIS BIROU
«Régularisation, le Maroc
dans le top mondial»
Une vaste opération de
régularisation des sans-papiers a
été lancée par le Maroc début 2014.
Elle concerne entre 25 000 et 40
000 immigrés qui y sont installés.
Le ministre chargé des Affaires de
la migration nous fait une
évaluation de la 1ère étape de cette
opération.
37
Maroc-Mali Le Roi
Mohammed VI reçoit le SG
du MNLA, Bilal AG Cherif
Le Roi du Maroc, Mohammed VI, a
reçu, le 31 janvier dernier à Marrakech,
Bilal AG Cherif, le secrétaire général
du Mouvement national pour la
libération de l’Azawad (MNLA),
accompagné du porte-parole du
mouvement, Moussa AG Attaher. 41
L’état de la dette
en Afrique
Les pays africains sont en train de
prendre la voie déjà empruntée
par les Dragons de l’Est. Mais la
croissance actuelle sera-t-elle
assez productive pour éviter le
surendettement et asseoir le
développement ? Vu les gages de
confiance qui se dessinent,
l’Afrique est-elle au contraire
50-59
sous-endettée ?
6 février 2014 Les Afriques
.3
ÉDITORIAL
Un putschiste à la tête de l’UA
L
’organisation panafricaine vient de tenir
sa 22e session ordinaire des chefs d’État
et de gouvernement à Addis-Abeba, du
29 au 30 janvier. À cette occasion, dans le
cadre de la présidence tournante, la
Mauritanie a été portée à la tête de l’UA.
Il est ressorti des différents ateliers et autres
sessions plénières une réelle volonté d’apporter des
solutions aux conflits au Sud-Soudan, en
République centrafricaine (RCA)… Aussi, la
suspension de Madagascar a été levée, suite à
l’élection de Hery Rajaonarimampianina.
Cependant, il est urgent de
redéfinir le rôle de la Misca, qui
ne doit pas s’adosser à l’ONU.
Pourquoi avoir créé celle-ci pour
ensuite solliciter l’aide de
l’ONU ? Quel sens donner à une
telle démarche, au moment où il
a été question de mettre en place
une force d’intervention rapide ?
Il s’agit là d’une occasion à ne
pas rater, qui nécessite de
discuter pour trouver les moyens
d’instaurer un tel outil et éviter
une quelconque tutelle, fût-elle
de l’ONU.
Aussi, loin de minimiser les
conflits qui traversent le continent, l’UA gagnerait à
acter le développement économique. Une telle
rencontre au siège d’Addis-Abeba aurait servi à
faire le bilan dans ce sens, annoncer les acquis ainsi
que les chantiers mis en œuvre ou programmés.
L’organisation panafricaine d’aujourd’hui ne doit
pas ressembler à celle d’il y a plus de 50 ans, au
lendemain des indépendances. N’est-il pas le
moment de songer à une organisation pleinement
en phase avec le 21e siècle, qui rompt avec des
réunions stricto sensu entre chefs d’État, sans
lendemains ?
Rédacteur en chef Walid Kefi, Maghreb.
Grand reporter : Rodrigue Fenelon Massala.
Groupe Les Afriques Edition & Communication
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Rédacteur en chef exécutif
Daouda Mbaye
Rédacteur en chef délégué Ismaïla Aidara, Paris, Dakar.
Rédacteur en chef Achille Mbog Pibasso, CEMAC.
4 Les Afriques .
6 février 2014
Abderrazzak Sitaïl,
Directeur de Publication
Rédaction :
Olivier Tovor, Lomé, Sanae Taleb, Casablanca, Walid Kefi,
Tunis, François Bambou, Yaoundé, Bénédicte Chatel,
Paris, Anne Guillaume-Gentil, Paris, Adama Wade, Casablanca, Mohamed Baba Fall, Casablanca, Khalid Berrada,
Casablanca, Willy Kamdem, Yaoundé, Amadou Seck,
Nouakchott, Mohamedou Ndiaye, Dakar, Daouda Mbaye,
Casablanca.
Comité Scientifique :
Aziz Enasri, Paris. Consultant Financier International.
Guy Gweth, Paris. Intelligence économique.
François Konan, New York. Politiques économiques.
Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton.
Responsable Artistique : Mouhcine El Gareh
Maquettiste : El Mahfoud Ait Boukroum
Edition Internet – en français
Ismaïla Aidara, Dakar.
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Chroniqueurs
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Diffusion
Presstalis, Sochepress,
Royal Air Maroc, SN Brussel.
Impression
Rotimpres, Aiguaviva (Spain).
Dépôt légal : novembre 2010
Edition internationale
Commission paritaire : 1017 C 89135
Edition Maroc
B.O.N°5618-26 rabii 1429 (3-4-2008)
Crédit photos
AFP, DR
© Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur
BAROMÈTRE
Chiffres
100
Daniel Ona Ondo
Daniel Ona Ondo, 68 ans, a été nommé nouveau
Premier ministre du Gabon par le président Ali
Bongo Ondimba, en remplacement de Raymond
Ndong Sima, qui était en fonction depuis le 28
février 2012. Jusqu’à sa nomination, Ona Ondo
était le premier Vice-président de l’Assemblée
nationale. Economiste de formation, le nouveau
PM a occupé plusieurs portefeuilles ministériels.
MILLIARDS DE
F CFA
Financement de l’Etat
prévu pour les Domaines
agricoles communautaires
du Sénégal, démarrage
en 2014
120
Nicolas Sarkozy
Une enquête a été ouverte à Paris sur le financement d’un meeting de Nicolas Sarkozy, l'ex-président français, à Toulon en 2011. Lancée début
octobre 2013, cette enquête préliminaire a fait
suite à un courrier adressé l’été dernier par le militant écologiste grenoblois Raymond Avrillier,
qui dénonçait de possibles faits de «détournement de fonds publics» en marge de la campagne présidentielle 2012 de l’ex-chef de l’Etat.
MILLIARDS DE
F CFA
Abdel Fattah Al-Sissi
Les plus hauts gradés de l’armée égyptienne
ont donné mandat pour que Abdel Fattah AlSissi se présente à l’élection présidentielle en
Égypte. À cet effet, le général a été élevé au rang
de maréchal, le plus haut grade de l’armée
égyptienne. Al-Sissi est devenu l’homme fort
du pays depuis qu’il a annoncé la destitution
du président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013. Adli Mansour, le président par intérim, a confirmé que les présidentielles seront
organisées avant les législatives.
300
MILLIARDS DE
F CFA
Financement du
Programme de
coopératives des
entreprises agricoles bio
(ECAI) du Sénégal
Vincent Bolloré
L’homme d’affaires, Vincent Bolloré, s’est vu
sanctionner par l’autorité de contrôle de la
Bourse de Paris (Consob), pour des manipulations sur le titre de la holding italienne Premafin
en 2010. Trois millions d’€ et 18 mois d’interdiction d’exercer toute fonction dans une société
italienne cotée, c’est la sanction qui lui a été infligée par le régulateur boursier de Milan, qui
l’accuse d’avoir manipulé le cours de Premafin.
1,110
MILLIARD DE
DOLLARS
Volumes des échanges
commerciaux Chine-Côte
d’Ivoire (dont 214 millions
de $ d’exports ivoiriens)
Mykola Azarov
Christopher Ross
L’envoyé personnel du secrétaire général des
Nations unies pour le Sahara, Christopher
Ross, semble porteur, cette fois-ci, d’un agenda
où figurerait la relance des négociations directes ainsi que l’élargissement des mesures de
confiance. Ross revient au Maroc dans le cadre
d’une tournée régionale, «pour rapprocher les
points de vue entre le Maroc et le polisario…»
6 Les Afriques .
6 février 2014
57,6
MILLIARDS DE
DOLLARS
Chiffre d’affaires
trimestriel d’Apple
(à fin décembre 2013)
Le Premier ministre ukrainien, Mykola Azarov, a présenté sa démission le 28 janvier dernier. «J’ai pris la décision de demander au
président d’accepter ma démission du poste de
Premier ministre pour créer les conditions supplémentaires d’un compromis politique et d’un
règlement pacifique du conflit», a-t-il déclaré,
en ajoutant que «le plus important est de préserver l’unité et l’intégrité de l’Ukraine».
EN PANNE
EN FORME
Emission de titres publics
(Gabon) en 2014
Légère appréciation du WTI
Après deux séances consécutives de baisse, le
baril de pétrole WTI a atteint, en début de semaine dernière, 97,47 $, grignotant 1,90 %.
Plusieurs analystes pointent du doigt les
stocks de produits distillés, dont notamment
le fioul domestique, qui ont baissé, en raison
des mauvaises conditions météorologiques
aux États-Unis.
Repli du platine
La reprise des négociations entre grévistes
et les autorités ainsi que les principaux exploitants du platine en Afrique du Sud a
pesé sur le cours du métal. Il a en effet enregistré, en début de semaine dernière, sa
deuxième séance de recul, cédant 0,69 % à
1 418,87 $, l’once. À l’issue de la rencontre
entre les représentants des syndicats et Mildred Oliphant, ministre
sud-africain du Travail, un accord pour mettre un terme à la grève
qui paralyse le secteur était attendu. Le doublement du salaire des
mineurs pour le porter à 12 500 rands (840 euros) reste le point
saillant de la plateforme revendicative des mineurs.
La hausse de l’or se poursuit
Soutenu par le retour de l’aversion pour le risque sur les marchés,
l’or repart en hausse. Le métal jaune a ainsi signé en fin de semaine dernière sa 5e séance de hausse consécutive. Les analystes
notaient alors qu’il s’agissait d’une première depuis septembre
2012. À New York, l’once d’or s’établissait à 1 267,60 $, soit +1,2 %,
après 1 273,20 $, une semaine auparavant. Cela démontre clairement que les investisseurs ont délaissé les actions au profit de l’or.
Craintes des conséquences du ralentissement économique chinois
sur l’économie mondiale.
Cours des monnaies et devises
100 dinars Algérie (DZD) = 1,30 $
100 rands Af. du Sud (ZAR) = 9,42 $
100 kwanzas Angola (AOA) = 1,04 $
100 livres Égypte (EGP) = 14,50 $
100 birrs Éthiopie (ETB) = 5,25 $
100 cedis Ghana (GHS) = 41,18 $
100 shillings Kenya (KES) = 1,18 $
100 dollars Libéria (LRD) = 1,18 $
100 dirhams Maroc (MAD) = 12,30 $
100 ariarys Madag (MGA) = 0,0443 $
100 ouguiyas Maurit (MRO) = 0,3488 $
100 roupies Maurice (MUR) = 3,34 $
100 kwachas Malawi (MWK) = 0,2326 $
100 kwachas Zambie (ZMK) = 0,0191 $
100 dinars Libye (LYD) = 81,05 $
100 dollars Namibie (NAD) = 9,08 $
100 nairas Nigéria (NGN) = 0,6220 $
100 shillings Somalie (SOS) = 0,0903 $
100 leones S. Leone (SLL) = 0,0233 $
100 dinars Tunisie (TND) = 62,37 $
100 shillings Tanzanie (TZS) = 0,0624 $
100 shillings Ougan (UGX) = 0,0408 $
100 francs Zone CFA = 0,2104 $
Agenda
ème
3 édition du Forum
des entrepreneurs maghrébins
La 3ème édition du Forum des entrepreneurs
maghrébins se tiendra les 17 et 18 février prochain à Marrakech. Cette édition verra la participation de plus de 500 hommes d’affaires.
Les patrons du Maghreb lanceront «l’Initiative
maghrébine du commerce et de l’investissement». Evénement organisé par la Confédération générale des entreprises du Maroc.
Le Salon de recrutement
«AfricTalents»
La 9ème édition du Salon de recrutement
«AfricTalents» est prévue les 21 et 22 mars
prochain au King Fahd Palace à Dakar. Cet
événement ambitionne d’être le rendezvous des managers d’une Afrique nouvelle.
Forum ouest-africain
de développement des entreprises
Environ 400 entreprises des pays de tous les
continents sont attendues à la 3ème édition du
Forum ouest-africain de développement des
entreprises (Africallia), du 26 au 28 février à
Ouagadougou. La Chambre de commerce et
d’industrie du Burkina Faso souligne que cette
édition va mettre l’accent sur le pôle de croissance de Bagré et le futur aéroport de Donsin.
Infrastructure Investment
Awards 2014
Prévue le 6 mai à Abuja au Nigéria, la cérémonie de l’Infrastructure Investment Awards
2014 sera le lieu de distribuer les Prix aux investisseurs et institutionnels africains qui se
sont distingués dans l’investissement en
Afrique. Le public cible sera composé de représentants de haut niveau, notamment
parmi les principales entreprises qui investissent dans les infrastructures en Afrique,
les promoteurs de projets, les banques d'investissement, les sociétés de gestion d'investissement/d'actifs, les municipalités, les
fonds d'infrastructure, les investisseurs institutionnels …
Contact : Catherine Wright, Senior Editor,
Africa investor, A 93 Protea Road, Chislehurston, Sandton, South Africa
T : +27 (0) 11 783 2431 - F : +27 (0) 11 783 2430
E-mail : [email protected]
6 février 2014 Les Afriques
.7
BRUITS DE MARCHÉ
Algérie : l’ANPM attribue 17 permis
En Algérie, l’Agence nationale du patrimoine minier
(ANPM) a attribué 17 sites miniers pour l’exploration
dans le cadre de la 41e session, pour un montant de
814,807 millions de dinars. L’ANPM avait lancé un avis
d’appel d’offres national et international pour l’exploration de 26 sites miniers situés dans les wilayas de Laghouat, Tébessa, Tiaret (2 sites), Djelfa (4 sites), Sétif (2
sites), M’sila, Naâma, Ghardaïa, Batna, Biskra (2 sites),
Médéa (2 sites), Mascara (2 sites), Ouargla, El Bayadh,
Bordj Bou Arréridj, Biskra et Naâma. Les sites contiennent
des calcaires pour les granulats et les sables concassés, des
argiles pour les produits rouges, du gypse pour le plâtre et
du grès pour la verrerie.
L’indien BlackNGreen signe avec Le Maroc déplore «le refoulement par les
autorités algériennes de réfugiés syriens»
Airtel Afrique
La société BlackNGreen a signé un accord de partenariat
avec la branche Afrique du groupe indien des télécommunications Bharti Airtel. À travers cet accord, BlackNGreen prévoit de lancer divers services, notamment
religieux, et d’autres produits de son portefeuille, à travers Airtel Afrique. La société espère exploiter les 65 millions de clients que compte l’opérateur de téléphonie
mobile sur le continent pour proposer ses services à valeur ajoutée mobile et accroître ainsi ses revenus autour
de 20 millions de dollars d’ici à la fin 2014. Pour Rahul
Gupta, le directeur général de BlackNGreen, l’objectif de
notre société est de «doubler la taille de notre équipe
dans les huit prochains mois et nous ouvrirons de nouveaux bureaux à travers les pays pour soutenir l’installation de notre projet, son déploiement et sa logistique.
Nous aurons quatre points technologiques au Kenya, en
Afrique du Sud, au Nigéria et en Algérie pour diriger les
opérations africaines».
Rahul Gupta
8 Les Afriques .
6 février 2014
Dans un communiqué officiel, le ministère de l’Intérieur
marocain explique que les autorités marocaines ont relevé la multiplication ces derniers temps des opérations
de refoulement de réfugiés syriens par les autorités algériennes vers le territoire marocain à travers les frontières Est du royaume. Ainsi, «pour la seule période
allant du 26 au 28 janvier 2014, les autorités algériennes
ont refoulé 77 ressortissants syriens, dont 18 femmes et
43 enfants (certains sont âgés de moins de deux mois)»,
précise le communiqué.
François Hollande en Turquie
C’est en partie pour rattraper le temps perdu et solder les
différends du quinquennat précédent que François Hollande
est arrivé, lundi 27 janvier, pour
une visite d’Etat en Turquie. «La
première depuis vingt-deux
ans», insistent ses conseillers. La
dernière fois, en 1992, François
Mitterrand avait inauguré à Istanbul l’université francophone
Galatasaray, aujourd’hui un
symbole de la coopération culturelle franco-turque. Mardi,
François Hollande devait prononcer un discours devant les
François Hollande
étudiants de la faculté.
Madagascar réintègre
l’Union africaine
Ouverture du 1er Centre d’affaires italien
au Maroc
Madagascar a réintégré le 27 janvier
les instances de l’Union africaine,
après cinq ans de mise à l’écart, suite
à la prise de pouvoir par Andry Rajoelina en 2009. L’organisation panafricaine l’a annoncé pour permettre au
nouveau président élu, Hery
Rajaonarimampianina, de participer au sommet
des chefs d’Etat
du 30 janvier.
Certains jugent
Hery
cette décision un
peu prématurée. Rajaonarimampianina
Le groupe Cescoitalia, spécialisé dans le développement des affaires, a inauguré un centre d’affaires italien au Maroc, appelé «Italiafiere». Lors de cette
inauguration, qui s’est tenue le 24 janvier 2014, en présence du président de la
Chambre de commerce de Marrakech, du directeur de la Bourse nationale de
sous-traitance du Maroc, et de plusieurs hommes d’affaires italiens et marocains, les promoteurs ont expliqué aux médias que ce nouveau centre d’affaires, qui est le premier du genre dans le pays, permettra de générer de
nombreuses opportunités d’affaires. Le centre Italiafiere qui compte 36 stands,
20 bureaux, 4 salles de réunion et un réseau de relations d’affaires restera ouvert toute l’année. Parmi les opérations prévues dans le centre d’affaires, on
peut citer : des visites de stands pour voir les échantillons sur place et tester les
produits, des rencontres d’affaires, des conférences, etc. «Le centre Italiafiere de
Marrakech constitue le premier centre d’affaires que nous comptons ouvrir au
Maroc. D’autres centres d’affaires seront ouverts, notamment à Tanger free zone
et à Casablanca», a expliqué Salvatore Torrente, PDG de Cescoitalia.
La frégate Mohammed VI
livrée le 30 janvier
Mauritanie, 625 millions d'€
de financements arabes
Christine Lagarde peut-elle
remplacer Barroso ?
La frégate Mohammed VI a été livrée
à la Marine royale marocaine, le 30
janvier à Brest au nord-ouest de la
France, lors d’une cérémonie offi-
La Mauritanie a signé avec plusieurs investisseurs arabes cinq conventions
pour des financements totalisant 625
millions d’euros, destinés notamment
aux secteurs de l’agriculture, de la
pêche et des infrastructures. Les
conventions relatives à ces financements ont été signées entre le gouvernement mauritanien d’une part et le
Fonds saoudien de développement, le
Collectif Rajhi, le Fonds monétaire
arabe (FMA) et l’Institution arabe pour
le développement agricole, d’autre part.
Les accords de financement ont été paraphés lors du Forum international des
investisseurs, organisé le dimanche 26
janvier à Nouakchott.
Après Davos, Christine Lagarde, la directrice du FMI, a fait escale à
Bruxelles. Hasard du calendrier, les
ministres des Finances de la zone euro
se réunissent au même moment pour
faire le point sur les pays sous perfusion du FMI et de la zone euro. Par ailleurs, mardi, elle devait présenter en
public une étude du FMI aux côtés de
deux ministres des Finances, l’Allemand Wolfgang Schäuble et le conservateur espagnol Luis de Guindos.
Après quatre ans de crise de la zone
euro, l'étude aurait des allures de
«programme pour tout(e) candidat(e)
à une fonction européenne, puisqu’il
s’intitule «Emplois et croissance, soutenir la reprise en Europe». Christine
Lagarde n’est candidate à rien puisque
son mandat s’achève en 2016. Incontournable dans la gestion de la crise
des dettes, Christine Lagarde, tout
comme le socialiste Pascal Lamy, fait
partie de ces Français suffisamment
appréciés en Allemagne pour avoir
une chance, un jour, de bénéficier du
soutien d’Angela Merkel afin de trouver un terrain d’entente avec François
Hollande quand il s’agira de remplacer
José Manuel Barroso à la tête de la
Commission européenne.
cielle au cours de laquelle le prince
Moulay Rachid a levé les amarres de
ce bâtiment. Ce navire de guerre aurait nécessité un investissement d’environ 500 millions d’euros. Outre le
prince Moulay Rachid, plusieurs responsables des Forces armées royales
avaient assisté à cette cérémonie. Le
bâtiment de guerre marocain va rejoindre ses bases au Maroc.
I.S.
Nouakchott, capitale de la Mauritanie
6 février 2014 Les Afriques
.9
BRUITS DE MARCHÉ
Sénégal : dans l’attente d’un projet
de la BM pour améliorer la production
horticole
Le Sénégal attendait beaucoup du Projet pour le développement inclusif et durable de l’agrobusiness au Sénégal
(Pdidas). En effet, le projet, financé à hauteur de 43 milliards de f CFA par la Banque mondiale (BM), devrait créer
50 000 emplois et booster la production horticole du pays.
Grâce à ce projet, les exportations de fruits et légumes de
contre-saisons devraient passer de 67 000 à 157 000 tonnes.
Prévu pour s’étendre sur 10 000 hectares de terres arables
situées dans la région de Saint-Louis, le Pdidas concerne 41
villages dont les communautés espèrent que ce projet participera aussi à l’amélioration de leur méthode culturale,
comme l’a souligné leur porte-parole.
Le patron de Cevital veut sauver
FagorBrandt
La BCE se réserve le droit
de racheter des prêts bancaires
Issad Rebrab a fait fortune en créant en Algérie un
conglomérat diversifié dans l’agroalimentaire, la
construction et les ventes de voitures. Il se propose
aujourd’hui de racheter le groupe FagorBrandt en difficultés, permettant de préserver au moins 1 200 emplois en France. Un conglomérat algérien se montre le
plus offrant pour reprendre le groupe FagorBrandt.
Cevital, candidat au rachat, propose de conserver les
1 200 salariés de l’entreprise.
Mario Draghi a eu beau assurer ne constater aucune déflation en zone euro, il se veut aussi prêt à l’affronter. A
Davos, il a ainsi affirmé que la BCE pourrait, le cas
échéant, racheter des prêts bancaires aux particuliers ou
aux entreprises. Sur la question de
savoir si la BCE est prête à racheter
des prêts bancaires accordés à des
entreprises ou à des ménages, Mario
Draghi a assuré que l’initiative était
envisageable en guise de moyen de
Mario Draghi
lutte contre la déflation en zone euro.
Tunisie : Servicom envisage
une augmentation de capital
Issad Rebrab
10 Les Afriques .
6 février 2014
Le groupe tunisien Servicom a
indiqué dans sa publication
financière annuelle pour le
compte de l’année 2013 qu’il
envisageait de lever 20 millions de dinars tunisiens durant le premier trimestre
2014. Et ce dans le cadre
d’une augmentation de capital, visant à atténuer le poids
de la dette de sa filiale portant
le même nom et cotée sur la
Bourse de Tunisie.
Côte d’Ivoire : Kablan Duncan inaugure
la mine d’or d’Agbaou
Le Premier ministre de la Côte d’Ivoire, Daniel Kablan Duncan, a inauguré récemment la mine d’or d’Agbahou, soit la quatrième mine d’or
actuellement en Côte d’Ivoire. La mine Agbaou est exploitée par la société Agbaou Gold Operation détenue à 85% par la compagnie Endeavour Mining Corporation avec une présence de 10% de l’Etat de Côte
d’Ivoire et de 5% de la Société pour le développement minier de Côte
d’Ivoire (Sodemi). La construction de la mine a coûté 80 milliards f CFA
et a duré 15 mois. Les dépenses d’exploitations annuelles sont estimées à
environ 37,7 milliards f CFA pour une production annuelle de 35 tonnes
d’or sur 10 ans, soit environ 3 tonnes par an. Le projet d’or d’Agbaou
couvre 469 km2 et recèlerait 1,157 million onces de ressources indiquées
et mesurées avec 14,970 Mt à une teneur de 2,43 g/t. Outre la Côte
d’Ivoire, la compagnie de production Endeavour, listée sur TSX, ASX et
OTCQX, détient trois mines de production d’or de plus de 300 000
onces par an au Mali, au Ghana et au Burkina Faso.
Le Maroc a brillé au Salon international d’Abu Dhabi
Pour sa première participation au Salon
international d’Abu Dhabi, dans le cadre
de la Semaine du développement durable, qui s’est tenue du 20 au 22 janvier, le
Maroc a marqué une présence remarquable. Le ministre marocain de l’Énergie,
des mines, de l’eau et de l’environnement, Abdelkader Amara, a estimé que le
Wall Street tente de rebondir
Wall Street rebondissait légèrement lundi
27 janvier à l’ouverture, après avoir
connu sa pire semaine en plus de deux
ans, aidée par la performance bien meilleure que prévu du géant des engins de
chantier Caterpillar, le Dow Jones prenait
0,28% et le Nasdaq 0,07%. Le Dow Jones,
indice vedette de Wall Street, avait enregistré le 24 janvier sa plus forte perte en
points et en pourcentage depuis le 20
juin, signant également sa pire semaine,
en pourcentage, depuis novembre 2011.
L’indice élargi S&P 500 avançait de 0,25%
(+4,39 points) à 1 794,68 points. Il avait
basculé ce même jour sous le seuil psychologique de 1 800 points pour la première fois depuis le 17 décembre.
Daniel Kablan Duncan
Le Pérou récupère des territoires
maritimes concédés au Chili
La Cour internationale de justice (CIJ) a
mis fin à une querelle territoriale de
près d’un siècle entre le Pérou et le Chili,
en attribuant à Lima une zone maritime
sous souveraineté chilienne riche en ressources halieutiques. Cette décision, qui
faisait suite à une demande du Pérou
auprès de la CIJ en 2008, a constitué un
«motif de satisfaction» pour le président
péruvien Ollanta Humala, tandis que son
homologue chilien Sebastian Pinera a
fait part de son «regret» suite à ce jugement, qui marque la perte de droits maritimes chiliens hérités de la guerre du
Pacifique entre 1879 et 1883.
Abdelkader Amara
pavillon a été «une plateforme
d’échanges et surtout de réseautage pour
les opérateurs marocains et étrangers de
renommée mondiale». La participation
du Maroc à cet évènement international
trouve son origine dans l’importance que
revêt le marché marocain des énergies renouvelables pour les investisseurs étrangers. Le Salon d’Abu Dhabi a accueilli près
de 30 000 visiteurs de 172 pays.
Ollanta Humala
6 février 2014 Les Afriques
. 11
VERBATIM
Trahison
«Ils n’étaient que des seconds
couteaux, quand je les ai fait
émerger, et voilà qu’ils me
trahissent»
Blaise Compaoré, président
du Burkina Faso.
Sanctions
«Les États-Unis sont prêts à envisager des sanctions ciblées contre ceux
qui déstabilisent encore davantage
la situation… Empêcher la violence
de se propager et de prendre d’autres
vies nécessitera que les dirigeants de
République centrafricaine, passés et
actuels, soient clairs en la condamnant»
John Kerry, secrétaire d’Etat américain.
Ligne de crédit
«Nous n’accèderons pas pour
le moment à cette ligne de crédit qui a été mise à notre disposition sur la base de la
crédibilité et de la solidité de
nos réformes. S’il n’était pas
convaincu, le FMI n’aurait pas
donné son accord»
Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement marocain.
Constitution
«Dans cette Constitution, tous les
Tunisiens et Tunisiennes se retrouvent, elle préserve nos acquis et jette
les fondements d’un Etat démocratique»
Mustapha Ben Jaafar, président de
l’Assemblée tunisienne.
Heureuse
Richesse
«Il faut que la richesse serve le
monde, pas qu’il soit gouverné par elle»
Le Pape François.
Promesse
«Quand on vous promet
quelque chose de positif, il
vaut mieux ne pas y prêter attention, ne pas se réjouir.
Parce que si l’on se réjouit en
vain, c’est dur ensuite».
Mikhail
Khodorkovski,
homme d’affaires russe, dernièrement gracié par le
président Poutine après dix ans de prison.
«C’est la troisième fois que je viens
dans ce pays (l’Inde), la première fois
j’étais venue comme journaliste, la
deuxième fois comme première
dame, aujourd’hui, qualifiez-le
comme vous voulez, je suis très heureuse d’être avec vous»
Valérie Trierweiler, ex-première Dame de France.
Bataille
«Il y a une course entre l’ordinateur
et l’homme... Et l’homme doit absolument gagner. Conséquence, nous
devons nous préparer et surtout préparer nos enfants à cette bataille. La
croissance ira dans les industries à
forte valeur ajoutée, la santé, l’Internet, l’économie créative»
Eric Schmidt, ex-patron de Google.
Pétrole
Prix
«Nous devons mettre un prix
au carbone. Nous devons
aussi mettre un prix au déni
politique»
Al Gore, ancien vice-président américain.
12 Les Afriques .
6 février 2014
«Aujourd’hui, 31 sociétés pétrolières
internationales, parmi lesquelles des
majors, des super indépendants et
des indépendants, opèrent actuellement dans les différentes régions du
Maroc aussi bien en offshore qu’en
onshore»
Amina Benkhadra, directrice générale de l’Onhym.
ARRÊT SUR IMAGE
Ethiopie
Le 30 janvier 2014. Photo du groupe des
chefs d’Etat et chefs de gouvernement, au
siège de l'UA à Addis-Abeba. Le président
mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a
pris la direction de l'Union africaine, en
remplacement du Premier ministre
éthiopien Haile Mariam Dessalegn.
14 Les Afriques .
6 février 2014
6 février 2014 Les Afriques
. 15
BANQUES & ASSURANCES
BOAD Prêt subordonné de 10 milliards
de f CFA à la BIAO Côte d’Ivoire
La BIAO Côte d’Ivoire peut se frotter les mains. Elle
vient de bénéficier d’un bol d’air financier auprès
de la BOAD d’un montant de 10 milliards de f CFA
pour soutenir le développement du secteur des
petites et moyennes entreprises.
De la liquidation
de Trust Bank au
Zimbabwe
Après que la Banque centrale du
Zimbabwe ait annulé sa licence d’exploitation, sur des allégations d’abus
de fonds et violation de dispositions
réglementaires, Trust Bank est sur le
point d’être liquidée. Tous les efforts
pour recapitaliser la banque avaient
été vains, note-t-on du côté de l’institut d’émission. En effet, la Haute
Cour avait été saisie pour ordonner
la liquidation de l’institution financière en difficulté. Si c’est le cas, un
liquidateur provisoire sera nommé
conformément à la loi.
Rachid Sekak distingué par Elizabeth II
A
ux termes d’une convention
co-signée vendredi 24 janvier 2014 par Bassary Touré,
Vice-président de la Banque ouestafricaine
de
développement
(BOAD), et Philippe Attobra, directeur général de la BIAO Côte
d’Ivoire, la BOAD met à la disposition de la BIAO Côte d’Ivoire des
ressources d’un montant de 10 milliards de f CFA pour renforcer sa capacité d’intervention en faveur des
acteurs économiques de l’Uemoa.
Cette convention entre les deux parties est la deuxième après celle paraphée en décembre 2012.
Le Vice-président de la BOAD,
Touré a indiqué qu’«en décidant
d’octroyer à la BIAO Côte d’Ivoire ce
prêt, la BOAD participe au renforcement des ressources stables des institutions financières nationales des
pays de l’Union économique moné-
16 Les Afriques .
6 février 2014
taire ouest-africaine (Uemoa), pour
le financement du secteur marchand,
notamment les PME».
Pour sa part, Attobra a estimé
qu’avec cette convention de prêt, la
BOAD et la BIAO Côte d’Ivoire
«contribuent au développement économique de la Côte d’Ivoire, au travers du financement du secteur privé,
des PME et des particuliers». Il a précisé que «le renforcement des ressources stables de la banque
permettra de répondre adéquatement
aux besoins d’investissement de nos
clients afin de soutenir la relance de
l’économie ivoirienne, dont les bénéfices se feront ressentir aux plans local
et sous-régional».
Le présent concours porte le volume
des financements de la BOAD en faveur du secteur privé en Côte d’Ivoire
à 259 milliards 705 millions de f CFA.
Ismael Aidara
Siège BOAD
La BOAD et la
BIAO contribuent au
développement
économique de
la Côte
d’Ivoire, au
travers du
financement
du secteur
privé.
Depuis jeudi dernier, Rachid Sekak,
banquier de nationalité algérienne,
ex-DG de la filiale HSBC en Algérie,
a été nommé, par la reine Elizabeth
II, Membre de l’Ordre de l’Empire
britannique (MBE), établi en 1917
par le roi George V. Désormais, il
sera chargé de mission à la Direction
stratégie de HSBC France. Pour rappel, Rachid Sekak a été chef du gouvernement de Mouloud Hamrouche
en 1990, puis DG de la dette extérieure à la Banque d’Algérie de 1990
à 1995, avant de rejoindre l’Union
des banques arabes et françaises.
Statut CFC
à 3 filiales
Attijariwafa bank
Attijari Opérations, Attijari IT et Attijari Africa, toutes trois filiales du
groupe Attijariwafa bank, ont désormais le statut CFC (Casablanca Finance City). Si Attijari Africa est
destinée au pilotage des opérations
du groupe en Afrique, les 2 premières entités fournissent des services professionnels destinés aux
entreprises financières de la place.
Ces 3 unités viennent grossir le
nombre de structures financières
déjà sur le pipe de la place financière
casablancaise (+36 grandes entreprises ou groupes).
SÉNÉGAL
La BNDE entre en lice
Lancement
de la 1ère réassurance
islamique au Kenya
Depuis lundi 27 janvier, la Banque nationale du
développement économique (BNDE) est
officiellement opérationnelle. Elle ambitionne de
renforcer l’accès des PME au crédit bancaire, grâce
au soutien du Fongip.
D’après Kenya Reinsurance Corporation, la première réassurance islamique devrait être opérationnelle
au cours de l’année en cours. Ainsi
après le lancement réussi de Takaful
Insurance Africa, première compagnie d’assurance entièrement
conforme à la charia au Kenya, au
mois de janvier 2011, le moment est
venu pour le lancement de la réassurance islamique, ont indiqué les
responsables de l’Autorité des marchés de capitaux. Ils trouvent d’ailleurs que Kenya Re, compagnie
kenyane cotée, qui a une présence en
Afrique de l’Ouest et dans les marchés du Moyen-Orient, a le potentiel
de fournir une plateforme régionale
pour ce produit. Justement, il y a un
grand potentiel pour développer un
centre d’excellence dans les produits
financiers islamiques dans le pays et
pour la région, souligne-t-on.
P
our atténuer la frilosité des
banques et accroître l’accès des
crédits bancaires aux PME, qui
constituent 85% du tissu économique
sénégalais et occupent 60% de la population active, l’Etat a encouragé la
mise en place de la BNDE. La structure, qui prend naissance des cendres
du Fonds de promotion économique
(FPE), va développer ses activités à
partir d’un réseau de 3 agences, au
début. C’est du moins ce qui est ressorti des propos des responsables, en
marge de l’inauguration officielle, en
présence de Ngouda Fall, secrétaire général du ministère sénégalais de l’Économie et des finances.
Pour se doter de moyens à la mesure
de ses ambitions, le capital de la
banque a été porté de 6 milliards de
f CFA à 11 milliards de f CFA, soit
16,8 millions d’euros. Ce capital n’est
certes pas très important pour un véritable envol de la PME au Sénégal,
mais c’est un bon début. Reste à mettre en place une politique de rigueur
pour que les financements destinés
aux PME-PMI aillent vers les entreprises porteuses de projets rentables,
et qui remboursent. Doit-on rappeler que dans le tour de table, aux
côtés de l’Etat qui détient 25% de
parts, figurent le groupe bancaire
privé Bridge Group West Africa,
maison-mère de Bridge Bank Côte
d’Ivoire, la BOAD (9%), mais aussi
Nma Sanders et Axa Assurances.
Des crédits adaptés
A en croire Thierno Seydou Nourou
Sy, directeur général de la BNDE, il
s’agira d’aller au-delà des blocages
traditionnels de prêts bancaires aux
PME-PMI du pays. Il trouve que
80% de leurs demandes de financement butent sur l’absence de garantie. Pour éviter autant de rejets et
faciliter au contraire leur financement, la BNDE va promouvoir des
solutions de crédits bancaires adaptés à ces structures. Pour ce faire,
l’institution bancaire, dédiée à la
PME du Sénégal, va nouer un partenariat avec le Fonds de garantie des
investissements privés (Fongip). Ce
qui, bien entendu, n’enlève en rien
toute la rigueur nécessaire dans le
bon fonctionnement d’une structure qui peut capitaliser sur les
échecs de celles qui l’ont précédée au
Sénégal ou dans d’autres pays.
Daouda MBaye
Thierno Seydou
Nourou Sy, DG de
la BNDE
Mise en circulation
du nouveau billet de
10 € en septembre
À partir du 23 septembre, la
deuxième coupure d’une nouvelle
série de billets baptisée «Europe»,
censée être plus difficilement falsifiable, sera mise en circulation par la
Banque centrale européenne (BCE).
Celle-ci vient d’annoncer, en effet,
qu’un nouveau billet de 10 euros sera
mis en circulation. Yves Mersch,
membre du directoire de la BCE, a insisté sur le fait que l’innovation majeure se trouve, comme pour le
nouveau billet de 5 euros entré en circulation en mai, dans l’apparition
sur les billets d’un visage, celui d’Europe, une princesse de la mythologie
grecque séduite et enlevée par le dieu
Zeus métamorphosé en taureau, qui
a par la suite donné son nom au
continent, et d’un nombre couleur
émeraude, avec effet lumineux.
6 février 2014 Les Afriques
. 17
BANQUES & ASSURANCES
Banque Populaire s’associe à Banca Nuova
pour stimuler les investissements
Pour stimuler les opportunités d’affaires entre les investisseurs
marocains et leurs homologues italiens, le groupe Banque Centrale
Populaire (BCP) a reçu une mission commerciale italienne les 30 et 31
janvier dernier à Casablanca. Cette réunion d’échange et d’étude a été
organisée en partenariat avec la banque italienne Banca Nuova.
P
résent dans 11 pays africains
et 12 pays à travers le monde,
le groupe BCP a accueilli, les
30 et 31 janvier dernier, une délégation d’hommes d’affaires italiens et
marocains dans le cadre d’une mission commerciale. Conduite par le
BCP en Afrique
et dans le monde
Le groupe BCP est présent dans
11 pays africains, à savoir Maroc, Mauritanie, Mali, Niger, Bénin, Togo, Côte d’Ivoire, Burkina
Faso, Guinée et Centrafrique. Il
est également présent dans 12
pays à travers le monde: Espagne, France, Italie, Belgique,
Pays-Bas, Allemagne, GrandeBretagne, Danemark, Suisse, Canada, Émirats arabes unis et
Arabie saoudite.
18 Les Afriques .
6 février 2014
président de la banque italienne,
Banca Nuova, Marino Breganze, «la
délégation italienne a été composée de
30 hommes d’affaires opérant dans
plusieurs secteurs d’activité, dont l’industrie, les services et le BTP», informe un communiqué de la BCP.
Une vue de la
présentation du
partenariat
A Propos de Banca Nuova
Banca Nuova est fondée en 2000. Elle est une
banque très influente dans le sud de l’Italie. Filiale de «Banca Popolare di Vicenza» qui est l’un
des groupes bancaires les plus importants et les
plus dynamiques d’Italie, Banca Nuova possède
plus de 100 succursales en Italie et en Europe
centrale où elle est également bien présente
grâce à des participations dans des banques locales. Son siège se situe à Palerme. A l’image de
son homologue marocaine, Banca Nuova est
également très proche des valeurs de mutualisation et de développement socio-économique
régional.
Plus de 150 entreprises marocaines
clientes des Banques Populaires Régionales ont été présentes lors de ces
deux jours d’échange. Selon les
équipes de la BCP, «elles ont toutes
vivement exprimé leur intérêt pour
les rendez-vous B to B prévus dans le
cadre de cet événement». Ainsi, le
bilan de l’événement indique qu’environ 260 rendez-vous d’affaires ont
été programmés entre les entreprises marocaines et italiennes durant ces deux jours. «Le but est de
leur permettre de trouver des pistes de
collaboration, notamment sous forme
d’établissement de joint-ventures, de
création de filiales, de transfert d’expertise ou encore de recherche de
clients et fournisseurs, et de s’enquérir
des opportunités d’investissement et
d’échanges commerciaux dans les
deux pays», précise-t-on.
Au sujet des opportunités d’investissement, le programme de cette
mission a prévu des interventions
de hauts responsables de l’AMDI
(Agence marocaine de développement des investissements), du CRI
(Centre régional d’investissement
de Casablanca) et la banque Banca
Nuova. Au terme de ces deux jours,
les intervenants ont souligné qu’il
s’agit d’une «mission commerciale
à fort potentiel» qui s’inscrit également dans le cadre du renforcement du partenariat institutionnel
existant entre les deux banques
BCP et Banca Nuova. De la sorte, la
BCP confirme son intention de renforcer sa stratégie d’accompagnement des entreprises marocaines
désireuses de conquérir de nouveaux marchés.
Sanae Taleb,
Casablanca
BOURSES & FONDS
MAROC Création d’un Institut africain de Risk
Management pour soutenir Casa Finance City
Un workshop, regroupant plusieurs experts, a été
organisé à Rabat, le 30 janvier. L’atelier de réflexion
avait pour objectif de lancer le débat sur un
ambitieux projet de mise en place d’un Institut
africain consacré au Risk Management.
France : cession
de 1% du capital
d’Airbus Group
Pierre Moscovici, ministre français
de l’Économie, a dernièrement annoncé la cession par la France de 1%
du capital d’Airbus Group (exEADS). L’opération, qui se fera sous
la forme d’un placement institutionnel accéléré, portera sur 1% du capital d’Airbus Group, soit environ 8
millions d’actions (453 millions
d’euros au cours de clôture de mercredi à 56,64 euros par action), à travers la société Sogepa. Rappelons
que depuis la réforme de sa gouvernance intervenue en 2013, qui a
rendu la direction de l’entreprise indépendante des trois États présents
à son capital, la France, l’Allemagne
et l’Espagne, le cours du mastodonte
européen a grimpé de 74,63%. En
effet, depuis cette réforme, ces États
ne sont que de simples actionnaires
et ne sont plus représentés au
Conseil d’administration (chacun
11% du capital).
«Prêt d’Union»
confirme son
leadership
A
lors que les autorités marocaines préparent l’ouverture de la place financière
internationale, Casablanca Finance
City (CFC), un groupe de professeurs universitaires de la diaspora
marocaine à l’étranger a eu l’idée,
en partenariat avec l’Université internationale de Rabat et la CDG
Capital, d’organiser un atelier de
réflexion pour préparer la création
d’un Institut africain du risk management (IARM). Ce workshop
avait pour objectif de «sensibiliser
et de convaincre les enseignantschercheurs et décideurs marocains
sur le bien-fondé de créer un institut du risk management africain».
Pour le président de l’Université internationale de Rabat, Nourddine
20 Les Afriques .
6 février 2014
Mouaddib, la création de cet institut
dédié au risk management ne peut
que favoriser les activités de la recherche dans les domaines des mathématiques appliquées, de l’économie
appliquée, de la finance et de l’assurance. En effet, le rôle de cet institut,
qui prendra probablement la forme
d’une association, serait d’organiser
les échanges entre les professionnels
de la finance et de l’assurance et les
universités au Maroc et en Afrique.
L’ensemble des intervenants à cet
atelier de réflexion ont souligné
qu’aujourd’hui la place Casablanca
Finance City est une réalité institutionnelle, opérationnelle et fonctionnelle qui s’inscrit dans le cadre
de la stratégie de développement du
secteur financier et de l’assurance
Casablanca,
capitale
économique
du Maroc
Préparer la
création d’un
Institut
africain du risk
management.
Prêt d’Union conforte son statut de
leader du crowdfunding en Europe
continentale. Le leader français du
crédit entre particuliers annonce
avoir octroyé depuis son lancement
pour 60 millions d’euros de crédits
à l’équipement à des ménages français, directement financés par
l’épargne d’autres ménages. Seulement deux ans après son lancement,
c’est une belle performance. La
croissance exponentielle des prêts
entre 2012 et 2013, de 12 millions
d’euros à 45 millions d’euros, reste
significative à plus d’un titre. Les
perspectives sur 2014 sont tout aussi
bonnes avec des crédits estimés à
100 millions d’euros de crédits. Des
observateurs avancent que jamais
dans le monde une plateforme de
crédit entre particuliers n’avait
connu une telle croissance sur ses 2
premières années d’activité.
NIC Bank passe
au tout on-line
marocain pour répondre d’une part
à l’ambition de positionner et de
contribuer à la réussite et au développement de cette place financière
et d’autre part de faire de Casablanca un hub régional qui servira
en priorité les pays du Maghreb et
l’Afrique de l’Ouest.
Ceci dit, l’ouverture du marché
boursier marocain demeure un
souci majeur. CFC, une fois opérationnelle, aura à gérer plusieurs
contraintes, entre autres la conformité avec la réglementation internationale, notamment Bâle II et
Bâle III, en tenant compte des profondes mutations découlant de la
crise financière internationale. Dans
cette perspective, la mutation favorable du secteur des assurances au
Maroc constitue un autre argument
encourageant pour CFC. Les opérateurs du secteur des assurances au
Maroc cherchent à être en conformité avec la réglementation internationale et notamment la réforme
européenne «Solvabilité II».
Par ailleurs, il est à souligner que ce
projet d’institut est soutenu, en plus
de l’Université internationale de
Rabat, par Paris EuroPlace, Natixis,
et le groupe des Écoles nationales de
l’économie et statistique (Genes).
La place
casablancaise
ne néglige pas
la formation
Sanae Taleb, Rabat
Solvabilité II
Solvabilité II est une réforme réglementaire européenne du monde de l’assurance. Dans la lignée de Bâle II, son
objectif est de mieux adapter les fonds
propres exigés des compagnies d’assurance et de réassurance avec les risques
que celles-ci encourent dans leur activité. Chaque assureur et réassureur doit
être à même de comprendre les risques
inhérents à son activité afin de pouvoir
affecter suffisamment de capitaux pour
les couvrir. Après Solvabilité I, qui prévoyait une marge de solvabilité déterminée en fonction de pourcentages sur les
primes et les sinistres, la réglementation
des assurances passe à des règles plus
complexes intégrant le risque, soit par
l’application d’une formule standard,
soit par la prise en compte d’un modèle
interne.
NIC Bank met la quasi-totalité de
ses services en ligne. Une fois opérationnel, le concept surnommé
«NOW» permettra aux clients NIC
Bank d’accéder à la plupart des services via les téléphones mobiles et
autres appareils électroniques. Cette
décision a été prise seulement
quelques jours après les résultats
d’une étude réalisée par l’Association des banquiers du Kenya (KBA)
qui a révélé que 60% des Kényans
utilisent des téléphones mobiles
pour les services bancaires et financiers. John Gachora, directeur général de la banque, a assuré que tout ce
qui peut être fait lorsqu’on rentre
dans une agence bancaire, on sera en
mesure de le faire en ligne. Vu que
l’application pourra être chargée
sur des smartphones tels qu’iPhone
(Apple) via App Store, ou autres Android, via Play Store, App World, ou
encore Windows, les clients pourront accéder à plusieurs services, allant de la consultation de soldes aux
paiements M-PESA, en passant par
le paiement de factures, des transactions financières…
Bénéfice en hausse
à Mwanga
Community Bank
Comparativement à l’année dernière, le bénéfice net de Mwanga
Community Bank (Tanzanie) s’est
apprécié de près d’un tiers, s’établissant à 71,1 M de shillings tanzaniens,
contre 54,79 M de sh. Un résultat qui
traduit la bonne tenue du chiffre
d’affaires net d’intérêts qui a doublé
passant de 504,4 M de sh à 1,098
Mrds de sh. Ce dernier a été stimulé
par l’expansion du portefeuille de
prêts qui a bondi de près de 500 M de
shillings à 7,5 Mrds shillings tanzaniens en seulement trois mois. Dans
le sillage de ces bons résultats, les
prêts non performants ont été ramenés à 8% à la fin du 4ème trimestre de
l’an dernier, contre 10% au trimestre précédent, sachant que la banque
a annulé 64,46 M de shillings tanzaniens de créances douteuses.
6 février 2014 Les Afriques
. 21
BOURSES & FONDS
BRVM Performance annuelle et perspectives 2014
L’année 2013 a été assez animée pour la Bourse régionale d’Abidjan, avec
une évolution notable des principaux indices, ainsi que le passage à une
cotation en continu. L’année 2014 est également pleine de promesses,
avec notamment la cotation en vue de nouvelles sociétés et d’opérations
d’émission de titres obligataires.
capitalisation du marché des actions
a progressé de 39,74% et celle du
marché des obligations de 28,97%.
Les volumes des transactions ont
connu une embellie de 60,49% au
cours de l’année 2013, avec une
valeur totale de 193,50 milliards
de f CFA, soit une hausse de
32,68%.
Palmarès 2013
Siège de la BRVM,
Abidjan
L
es principaux indices de la
BRVM ont connu une évolution notable au cours de
l’année 2013. L’indice BRVM 10
s’est fixé à 246,34 points, soit une
variation de +33,85%. Quant à
l’indice BRVM Composite, il a
gagné 39,28% à 232,02 points.
Au niveau global, la capitalisation
boursière totale du marché s’est chiffrée à 6 706,25 milliards de f CFA au
titre de l’année 2013, soit un gain de
1 843,06 milliards de f CFA, correspondant à une hausse de 37,90%. La
31 décembre 2012
31 décembre 2013
Variation en valeur
Variation en %
BRVM 10
184,04
246,34
+ 62,30
+ 33,85%
BRVM composite
166,58
232,02
+ 65,44
+ 39,28%
31 décembre 2012
31 décembre 2013
Variation en valeur
Variation en %
Volumes de titres
40 914 740
65 664 659
24 749 919
+60,49%
Valeurs (en f CFA)
145 835 253 482
193 498 172 158
47 662 918 676
+32,68%
31 décembre 2012
31 décembre 2013
Variation en valeur
Variation en %
Actions (en f CFA)
4 031 377 256 240 5 633 469 354 130 1 602 092 097 890
+ 39,74%
Obligations (en f CFA)
831 811 365 496 1 072 777 797 793 240 966 432 297
+ 28,97%
Total
4 863 188 621 736 6 706 247 151 923 1 843 058 530 187
+ 37,90%
Le titre le plus actif en volume a été
Ecobank Transnational Incorporated TG avec 54 427 845 actions
échangées et le plus actif en valeur,
Sonatel SN, avec 84,61 milliards de
f CFA de capitaux échangés.
Sur le marché des actions, deux
augmentations de capital ont été
réalisées, avec un volume total de
250 000 actions nouvelles, pour un
montant global de 16,55 milliards
de f CFA.
Au niveau du marché des obligations, 11 nouvelles admissions
obligataires ont été effectuées pour
un montant total de 437,77 milliards de f CFA.
L’année a été marquée par le passage à la cotation en continu, depuis le 16 septembre 2013.
Perspectives 2014
Parmi les projets en vue en 2014 à
la BRVM, on peut noter l’ouverture du 3e compartiment dédié
aux PME et aux entreprises à fort
potentiel de croissance.
Par ailleurs, plusieurs admissions
au marché des actions sont attendues, notamment dans les secteurs
de la finance, de la distribution,
des télécommunications et de l’industrie. Sur le marché obligataire,
il est prévu l’admission d’au moins
trois lignes nouvelles dont deux
émanant de dettes souveraines.
Ibrahim Souleymane
22 Les Afriques .
6 février 2014
ENTREPRISES ET MARCHÉS
MAURITANIE Polémique autour d’un projet
d’extension d’une centrale électrique
La Banque islamique de développement (BID) et le
gouvernement mauritanien sont liés par une
convention de financement d’un montant de 50
millions d’euros, relative à un projet d’extension de la
Centrale électrique de Nouakchott.
U
ne option autour de laquelle
plusieurs sons de cloche
contradictoires ont circulé
au cours des dernières semaines,
avec une annonce de l’ONG
Sherpa, célèbre dans la traque des
biens «mal acquis» par les chefs
d’Etats africains, faisant état de la
suspension du projet par la BID
pour «des soupçons de corruption»
dans l’attribution du marché opérée
par la procédure du gré.
Puis, une réaction indirecte de l’institution financière islamique, dont
un haut responsable cité par
l’Agence mauritanienne d’information (AMI), sous contrôle gouvernemental, apporte un démenti aux
allégations de Sherpa. L’entrée en
lice de l’opposition mauritanienne
fait enfler la bulle d’une polémique
au centre de toutes les conversations
dans les salons cossus des quartiers
résidentiels de Nouakchott.
Au mois de septembre 2011, la Société mauritanienne d’électricité
(Somelec), à capitaux publics, chargée de la production, du transport
et de la distribution de l’énergie en
Mauritanie, a lancé par l’intermédiaire d’un cabinet privé un appel
d’offres international pour la réalisation à Nouakchott d’une centrale
électrique d’une capacité de 120
mégawatts.
Un ouvrage initial financé par le
Fonds arabe pour le développement
économique et social (Fades) et la
Banque islamique de développement (BID) pour une enveloppe
globale de 100 millions d’euros.
L’objet du projet d’extension de la
Centrale électrique est de porter sa capacité à 180 mégawatts, avec entre autres enjeux, la possibilité d’exporter le
24 Les Afriques .
6 février 2014
Augmentation des
prix du carburant
Le ministre marocain chargé des
Affaires générales et de la gouvernance, Mohamed El Ouafa, a annoncé, vendredi dernier, que les
prix de l’essence et du fuel seront
augmentés. A partir de samedi 1er
février, le super sans plomb est
passé de 12,02 DH/litre à 12,75
DH, tandis que le fuel grimpe à
5742,72 DH/tonne, contre 4 944,42
DH/tonne. Avec cette décision, le
gouvernement Benkirane met en
application sa décision d’exclure
de la liste des produits subventionnés l’essence et le fuel n°2.
La Berd et la BID
accompagnent
l’ONEE au Maroc
surplus vers le Sénégal, sur la base d’un
accord signé entre Dakar et Nouakchott au mois de septembre 2013.
Un sacré coup à la
rupture ?
Une grosse tuile
Le 16 janvier 2014, l’association
française Sherpa publie un communiqué à travers lequel elle «se réjouit
du fait que la Banque islamique de
développement (BID) l’ait informée, vendredi 10 janvier 2014,
qu’elle renonçait à financer, comme
elle l’avait envisagé, à l’extension de
la centrale électrique en Mauritanie,
à Nouakchott, à la suite d’un marché de gré à gré, attribué par la Société mauritanienne d’électricité
(Somelec), en 2013, à la société de
droit finlandais Wartisila».
Une attribution de marché entachée
de multiples irrégularités : corruption d’agents publics et autres infractions financières. Une sortie qui
sonne comme une grosse tuile sur la
tête des tenants de la bonne gouvernance dans un pays, où la rupture
Une attribution
de marché
entachée de
multiples
irrégularités.
L’Office national de l’eau et de
l’électricité (ONEE) a signé récemment 2 importants contrats de financement avec respectivement la
Banque européenne pour la reconstruction et le développement
(BERD) et la Banque islamique de
développement (BID) pour la réalisation de projets d’infrastructures
d’eau potable d’envergure. Le montant total mobilisé par l’Office auprès des 2 bailleurs de fonds est de
plus de 2 milliards de dirhams.
Ainsi, la BERD a accordé un prêt
d’un montant global de 65 millions
d’euros (727,2 millions de dirhams,
MDH) pour le renforcement de
l’approvisionnement en eau potable dans les villes de Ouarzazate et
Benguerir et le renforcement de
l’accès à l’eau potable dans 260 centres ruraux de la province d’Azilal.
Ce prêt est accompagné d’un don
d’un montant de 4,2 millions d’euros (47 MDH) pour le financement
des différents aspects de l’assistance
technique. De son côté, la BID a accordé un prêt de 140,20 millions de
dollars (1,57 milliard de dirhams)
pour sécuriser l’accès à l’eau potable dans les zones d’Agadir et améliorer l’accès à cette ressource au
niveau de Chtouka Ait Baha.
Pierre Rabhi, le Pape
Vert en conférence à
Casablanca
avec la gabegie est devenue un refrain depuis l’arrivée du président
Mohamed Ould Abdel Aziz.
La BID maintient
son soutien
Les allégations de Sherpa sont d’abord
battues en brèche par l’agence gouvernementale de presse citant le viceprésident de l’institution, Dr Abdel
Aziz El Henai, s’exprimant en marge
du forum sur l’investissement en
Mauritanie, organisé le dimanche 26
et lundi 27 janvier.
Une position de l’institution financière confortée le mardi 28 janvier
par une nouvelle déclaration de son
président, Dr Mohamed Ali, qui à la
sortie d’une audience avec le premier magistrat mauritanien affirme
avoir exprimé au chef de l’Etat «l’intérêt que porte la BID au projet d’extension de la centrale électrique de
Nouakchott. Notre institution réitère sa disponibilité à aller de l’avant
pour la finalisation d’un projet qui
permettra une exportation de l’électricité vers le Sénégal».
Une question de fond
Face à ces déclarations contradictoires, Lô Gourmo, vice-président de
l’Union des forces du progrès (UFPopposition), professeur agrégé de
droit et brillant avocat, pose la véritable question de fond liée à la pratique générale de la gouvernance
économique dans le pays. Dans une
contribution largement diffusée, il a
écrit : «l’AMI dans son inimitable
style a annoncé que l’un des hauts responsables de la BID aurait déclaré que
l’institution veut poursuivre son engagement dans le financement de la
tranche d’extension de la Centrale
électrique de Nouakchott».
Nous attendons toujours l’intégralité de la déclaration de la BID d’une
part et surtout la preuve de l’AMI
que l’information initiale relative à
la suspension du financement en
question n’était, comme le dit
l’agence, qu’une simple rumeur. En
attendant, il est aisé de constater que
la BID n’a pas encore démenti avoir
écrit à Sherpa pour annoncer cette
suspension, comme celle-ci l’a solennellement affirmé. La BID n’a jamais fait unedéclaration, et accusé
ainsi Sherpa de faux et usage de faux.
Pour ce haut responsable de l’opposition, «la question de fond reste la
violation de la procédure de passation des marchés publics et la
conclusion d’un pacte de corruption
entre l’entreprise qui a frauduleusement gagné le marché, un ministre
de la République et un proche du
président de la République».
En fait, malgré de multiples contradictions apparentes, ces différentes
positions se recoupent quelque part :
la BID financera probablement le
projet d’extension de la Centrale
électrique de Nouakchott suivant la
procédure légale, c'est-à-dire le lancement d’un appel international ouvert à la concurrence et non sur la
base d’un marché de gré à gré.
Amadou Seck, Nouakchott
Vers un appel
d’offres
international
La ville de Casablanca va abriter, le
27 février, une conférence animée
par Pierre Rabhi, surnommé aussi le
Semeur d’espoirs, sur «Les témoins
des possibles, au-delà des alternatives». Ce sera l’occasion pour cet expert de l’agro-écologie de partager
son expérience, son engagement sur
les alternatives éducatives, économiques, agricoles. Cette rencontre à
la bibliothèque Al Saoud sera aussi
l’occasion de scruter les voies et
moyens pour savoir comment sortir
des impasses vers lesquelles nous entraîne le «toujours plus».
L’Ethiopie s’essaie
au coton génétiquement modifié
Afin de donner un coup de fouet à
l’export textile, le gouvernement
éthiopien a incité les agriculteurs
éthiopiens à planter du coton génétiquement modifié à la prochaine
campagne qui débute en juin.
Confirmation d’Ahmed Abtewe,
ministre éthiopien de l’industrie,
soutenant des objectifs à 1 Mrd de $
en 2015. Pour rappel, le Parlement
éthiopien ratifiait au début de 2013,
un texte proclamant que les organismes génétiquement modifiés
(OGM) pouvaient être importés si le
ministère de tutelle les approuvait.
Construction d’un
Institut d’études
maritimes (Nigeria)
La violation de
la procédure
de passation
des marchés
publics.
L’agence de la sécurité et de l’administration maritime du Nigeria vient
d’entamer la construction d’un Institut d'études maritimes à Ibrahim
Babangida Badamasi, dans l’université Lapai. Pour Alex Akpé, architecte-conseil de cette structure, il
s’agit d’un projet d'une importance
capitale pour l'économie du pays. Il
s’est ainsi exprimé au cours de la première phase des travaux de construction du site.
6 février 2014 Les Afriques
. 25
ENTREPRISES ET MARCHÉS
CAMEROUN Bolloré débouté pour la gestion du terminal
à conteneurs du port de Kribi
L’offre de l’armateur français destinée à la gestion de ce terminal portuaire
a été déclarée infructueuse par les autorités camerounaises. Ce rejet
pourrait retarder l’exploitation du port de Kribi.
ments de dents, certains opérateurs ayant récusé les conditions
qui avaient entouré le processus de
préqualification. Le rejet de l’offre
de Bolloré Africa Logistics dans
une compétition où il était seul à
soumissionner ne va pas sans susciter quelques curiosités et démontre qu’indéniablement cette
proposition n’était pas alléchante.
Selon toute vraisemblance, les autorités camerounaises ont tiré les
leçons d’il y a dix ans lorsque la
gestion du terminal à conteneurs
du Port autonome de Douala
(PAD) avait été confiée au groupe
Bolloré pour quinze années dans
les conditions controversées, alors
que la concurrence, notamment le
groupe espagnol Progosa, avait
présenté une meilleure offre
d’après des sources autorisées, au
rang desquelles un rapport circonstancié de la Banque mondiale.
L
a décision du gouvernement
camerounais déclarant infructueuse l’offre de financement,
de
construction
et
d’exploitation du terminal à conteneurs du port de Kribi aura sans
doute des répercussions sur le
chronogramme de mise en service
de cette place portuaire qui attend
officiellement son premier navire
en juin 2014. L’attente pourrait se
prolonger jusqu’à une année supplémentaire entre la publication
d’un nouvel appel d’offres international, la sélection d’un soumissionnaire, la durée des travaux
d’aménagement et le début des activités proprement dites. Dans un
communiqué rendu public fin janvier, le Premier ministre chef du
gouvernement, Philémon Yang, a
annulé l’appel d’offres de 2008
dans lequel le Cameroun recherchait un partenaire pour assurer le
26 Les Afriques .
6 février 2014
financement et la construction du
terminal à conteneurs dans ce
complexe portuaire. Ledit communiqué précise qu’est «déclaré infructueux le lot 2.1, de l’appel
d’offres international restreint n°
0000/295/AOIR/Minepat du 29
septembre 2008 pour le financement, la construction et l’exploitation du terminal à conteneurs du
port en eau profonde de Kribi. Par
conséquent, le soumissionnaire est
prié de passer retirer sa soumission
sous quinzaine, dès publication du
présent communiqué. Passé ce délai,
son offre sera détruite».
Une nouvelle qui a eu l’effet d’un
coup de tonnerre, d’autant que,
selon de fiables informations, l’armateur français était seul candidat
en lice. Ce qui, a priori, laissait
croire que le dossier était déjà plié.
En son temps, cet unique soumissionnaire avait suscité des grince-
Raffut autour
d’un terminal à
conteneurs
Le chronogramme qui
prévoit que les
premiers
navires
accostent en
juin 2014 sera
difficilement
respecté.
Vers une bataille entre
Bolloré et Necontrans
Bien que la construction du port de
Kribi soit en phase de finalisation
par l’entreprise chinoise CHEC, la
désignation du concessionnaire qui
exploitera ce terminal prendra plus
de temps. Conséquence, le chronogramme qui prévoit que les premiers navires accostent en juin
2014, à condition que le contrat du
marché de concession soit signé en
septembre 2013, sera difficilement
respecté, car d’après des experts au
moins neuf mois sont nécessaires
pour que ce terminal soit fonctionnel. D’où la décision du gouvernement de procéder à une
réorientation de l’activité, puisque
le financement et la construction
de ce complexe portuaire ont été
confiés à des partenaires chinois
d’Eximbank et CHEC qui n’avaient
pas soumissionné à l’appel d’offres
de 2008. Pendant ce temps, l’exploitant du terminal à conteneurs
reste inconnu et le restera probablement pendant plusieurs mois, le
temps de choisir un opérateur au
terme d’un processus de qualification qui s’annonce serré.
Lors du lancement de l’appel d’offres en 2008, au moins quatre entreprises et groupements d’entreprises,
essentiellement des firmes européennes, avaient manifesté leur intérêt pour cette prestation, entre
autres le franco-danois Maersk et
un groupement conduit par le Belge
Jan de Nul. D’après des observateurs avisés, sur la base de ce qui se
passe dans les principaux ports
d’Afrique Centrale et de l’Ouest,
Bolloré Africa Logistics pourrait
affronter d’autres concurrents de
taille, parmi eux son compatriote
Necotrans qui est devenu depuis
quelque temps son principal rival
sur certains ports dans la côte
ouest-africaine. On se souvient encore de l’imbroglio qui avait entouré l’attribution du marché lié à
la gestion du terminal à conteneurs
du port de Conakry, en Guinée, où
Necotrans qui l’avait régulière-
ment emporté a été par la suite
battu sur tapis vert, suite à l’implication personnelle du chef de
l’Etat guinéen Alpha Condé. Une
option qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive, d’aucuns
estimant que Bolloré se sert généralement de leviers politiques pour
passer en force.
En l’état actuel et sur la base d’indices pertinents, tout laisse croire
que Bolloré a peu de chance de gérer
concomitamment les terminaux à
conteneurs des places portuaires de
Douala et de Kribi. À moins que
l’entreprise française ne convainque
finalement par la qualité de son
offre. D’un investissement de 200
milliards de f CFA, le complexe portuaire de Kribi, qui disposera de
quatre terminaux à la fin des travaux, permettra aux gros navires
qui ne peuvent accoster au port fluvial de Douala de se diriger vers ce
port construit sur les berges de
l’océan Atlantique et dont la vocation est certes de procéder à l’écoulement des minerais et du pétrole
camerounais, mais également de
desservir plusieurs pays africains.
Achille Mbog Pibasso,
Douala
Bolloré se sert Les inondations
généralement renchérissent les
de leviers poli- prix de la viande
Dans le district de Kilosa, à Dar es
tiques pour
Salam, capitale de la Tanzanie, les
passer en
inondations qui ont interrompu les
voies entre Dodoma, des régions côforce.
tières et de l’Est, et occasionné la destruction du pont Dumila, les prix de
vente de gros et de détail de la viande
ont légèrement grimpé. Les professionnels de la branche ont soutenu
que la destruction du réseau routier
a entraîné une faible offre au marché
Pugu, renchérissant du coup les prix.
Endiama rouvre
des mines précédemment fermées
Vincent Bolloré,
PDG du groupe
Bolloré Africa
Logistics
Les mines de Camafuca, Camazambo, Shiri et Sangamina, dont les
réserves de kimberlites sont approuvées, seront rouvertes par Endiama
(Entreprise nationale de diamants)
en Angola. C'est ce qu'a confirmé António Carlos Sumbula, président du
Conseil d’administration, au cours
de la commémoration du 33ème anniversaire d’Endiama. C’est de bonne
guerre, vu qu’aujourd’hui les prix sur
le marché sont suffisamment élevés
et que les négociations avec les bailleurs de fonds vont bon train.
Production
du cuivre en hausse
à Discovery Metals
La compagnie minière australienne
Discovery Metals, développeur du
premier concentrateur de cuivre-argent du Botswana, a récemment annoncé une augmentation de la
production au cours du dernier trimestre de 2013. La société a en effet
assuré que les opérations à Boseto,
mine située dans le nord-ouest du
Botswana, avaient permis d’améliorer la production dans l’usine de
traitement, notamment suite à la récupération du cuivre. Bob Fulker,
DG de Discovery Metals, a soutenu
que la production totale, au dernier
trimestre, était de 12 552 tonnes, soit
une augmentation de 5,1%.
6 février 2014 Les Afriques
. 27
ENTREPRISES ET MARCHÉS
AFRIQUE
L’impact du retard technologique sur la croissance
Dans une récente étude sur l’adoption des nouvelles technologies par les
entreprises africaines, la multinationale américaine du matériel
informatique, du logiciel et des services informatiques, IBM (International
Business Machines Corporation) dévoile que le manque d’adoption de
technologies freine la croissance des entreprises africaines.
S
elon les résultats de l’étude
d’IBM qui a interrogé 180
responsables informatiques
dans 29 industries en Afrique, dont
le Maroc, l’Égypte, l’Afrique du Sud,
le Kenya et le Nigéria... près de 87 %
des leaders informatiques de ces
pays africains classent les nouvelles
technologies telles que l’analytique,
le Cloud, le mobile et les médias sociaux comme étant essentielles à la
réussite de l’entreprise. Seule la
moitié d’entre eux pousse à leur
adoption. L’étude d’IBM constate
que «le manque d’adoption de technologies empêche de nombreuses entreprises africaines d’atteindre la
croissance et le progrès escomptés».
Au cours des dernières semaines,
IBM a engagé 1,2 milliard de dollars
à l’échelle mondiale pour étendre
son empreinte Cloud et annoncer
28 Les Afriques .
6 février 2014
l’investissement d’un milliard de
dollars pour la création de l’IBM
Watson Group, une nouvelle entité
qui se concentre sur la mise en
œuvre d’applications et de services
Cloud sur le marché. Cette nouvelle
étude de la firme américaine est intitulée : «Donner le ton en Afrique :
Comment des leaders informatiques
concrétisent le potentiel des technologies émergentes» (Setting the pace in
Africa: How IT leaders deliver on
the potential of emerging technologies). Elle révèle que seulement 53
% des leaders IT africains adoptent
les nouvelles technologies.
Cette étude a également permis de
confirmer que 36 % des entreprises
africaines qui utilisent les technologies émergentes pourraient être
considérées comme des précurseurs
dans ce domaine. Cependant,
Modernisation de
l’outil productif
Le commerce
de détail et de
gros, les
services
bancaires, les
télécommunications et le
tourisme.
l’étude d’IBM a révélé que le retard
dans l’adoption des technologies
empêche les entreprises africaines
de progresser.
Les principaux freins sont le rôle encore limité des DSI (directeurs service informatique), dans la
définition de la stratégie de l’entreprise, le manque de compétences IT
clé et les préoccupations en matière
de sécurité par rapport à ces nouvelles technologies.
Selon le rapport de l’étude, les entreprises africaines avant-gardistes
ont trouvé des moyens de responsabiliser leurs dirigeants informatiques en modifiant leur culture
organisationnelle. En effet, les précurseurs ont réussi à obtenir l’appui
de la direction et considèrent les
technologies de l’information
comme une partie intégrante de la
stratégie et non comme un élément
jouant un rôle secondaire dans la
réussite de l’entreprise. Ce niveau
d’engagement interne exige une
communication ouverte et une
bonne collaboration entre les dirigeants informatiques et les autres
membres du comité de direction de
l’entreprise.
Dans ce même ordre d’idées, l’étude
souligne que les économies africaines devraient connaître une
croissance économique élevée au
cours des dix prochaines années,
avec une hausse estimée à 400 milliards de dollars d’ici à 2020 dans les
secteurs en lien direct avec les
consommateurs. Les domaines appelés à se développer comprennent
le commerce de détail et de gros, les
services bancaires, les télécommunications et le tourisme.
Sanae Taleb
CÔTE D’IVOIRE Première implantation
en Afrique du chinois Hanergy
Le consortium chinois, Hanergy, spécialisé dans la
production d’électricité non polluante, a pris l’option
d’ouvrir en terre africaine sa première centrale
d’énergie solaire en Côte d’Ivoire. L’Etat entend, via ce
transfert, résorber la question de l’approvisionnement.
Acquisition d’une
mine de nickel par
Jin Tuo Investments
Les actionnaires d’Albidon Ltd ont
finalement approuvé la cession de
la mine de nickel Munali à Mazabuka (Zambie) à l’entreprise chinoise Jin Tuo Investments. Filiale de
Jinchuan Group Resources Holdings Ltd, Jin Tuo Investments
devra œuvrer à améliorer la production. Confirmation de Chabby
Chabalan, secrétaire générale de la
société, qui a déclaré que les actionnaires d’Albidon avaient approuvé
l’acquisition de la société de Jin Tuo.
Forte récession dans
le marché soudanais
de l’or
L’
implantation d’Hanergy à
Abidjan devra nécessiter 500
millions de dollars d’investissements sur une période de 5 ans
(2014-2019). Les autorités chinoises
après avoir multiplié les allers-retours
Abidjan-Pékin ont finalisé l’opération d’implantation grâce à la volonté
manifeste du guichet unique d’investissement de Côte d’Ivoire (Cepici)
qui leur a facilité l’octroi d’agrément
de s’installer en Côte d’Ivoire.
Reçu en audience successivement par
le ministre de l’Énergie, le Premier ministre et le président de la République,
le groupe a pris l’option sérieuse d’exporter son modèle de fourniture
d’électricité non polluante. La Côte
d’Ivoire devient la porte d’entrée de
l’offensive d’Hanergy vers les pays de
la Cedeao, un marché de plus de 300
millions de consommateurs. Les tractations sont allées très vite, et pour sa
première implantation à Abidjan, le
groupe chinois va construire avant fin
2014 une centrale de production
d’énergie solaire. Le plan d’investissement prévoit aussi l’installation clés
en main d’une usine de montage de
panneaux photovoltaïques. Le gouvernement très séduit par la pertinence et l’impact des investissements
à court terme du consortium chinois
espère tirer profit des installations
haut de gamme d’Hanergy pour approvisionner en continu la capitale en
électricité verte. Le président Alassane
Ouattara a réitéré l’engagement de
l’Etat à accompagner les entreprises
étrangères qui ont accepté d’apporter
leur expérience et leur expertise dans
les grands chantiers amorcés pour atteindre l’émergence 2020. Le gouvernement qui accorde un intérêt capital
aux énergies vertes vient de mettre en
place une agence dotée de ressources
financières conséquentes et qui a en
charge le développement des énergies
renouvelables d’ici à l’horizon 2030,
conformément aux directives du président pour booster le secteur de
l’énergie. Des missions de prospection ont été engagées au plus haut niveau par le groupe Hanergy au
Burkina et au Mali et devront se
concrétiser par des signatures de
convention avec les États respectifs.
Ismael Aidara
Hanergy pour
corser la
production
électrique
ivoirienne
Le marché soudanais de l’or n’est
pas épargné par le «spectre» de la
récession et par le pouvoir d’achat
affaibli au Soudan. Certains commerçants de la capitale Khartoum
sont même allés jusqu’à avancer
qu’il connaît une grave récession en
dépit de la baisse des prix de vente
d’environ 10% au cours des derniers mois. Les témoignages font
état d’une baisse de 21 carat Arabie
qui est passé d’une fourchette entre
58 à 60 $, le gramme à seulement 53
$, tandis que le 21 carat Bahreïn a
chuté de 61-63 $ à 56 $.
Inauguration de la
centrale électrique
Mount Coffee
(Libéria)
La Côte
d’Ivoire
devient la
porte d’entrée
de l’offensive
d’Hanergy vers
les pays de la
Cedeao.
Ellen Johnson Sirleaf, présidente
du Libéria, vient d’inaugurer la
centrale hydroélectrique de Mount
Coffee. Elle a alors salué la réalisation d’efforts collectifs de tous les
libériens. Cette centrale qui a été en
réalité réhabilitée, permettra de
fournir à ses concitoyens une électricité abordable et bon marché. De
son avis, c »est le moyen le plus sûr
pour asseoir un essor économique,
notamment dans l'industrie manufacturière.
6 février 2014 Les Afriques
. 29
ENTREPRISES ET MARCHÉS
Nigeria Partenariat Transcorp-General Electric
Afin de contribuer à l’accroissement de la capacité de la centrale électrique
d’Ughelli, gérée par Transcorp Ughelli Power Ltd (TUPL), filiale électrique de
Transnational Corporation of Nigeria Plc (Transcorp), la compagnie vient de
signer un accord avec General Electric (GE).
tion, nous avons fait preuve d’audace afin de tenir notre promesse
faite aux actionnaires de Transcorp
et au peuple du Nigeria. En un laps
de temps très court, nous avons
réussi à avoir un impact considérable : la production électrique a plus
que doublé, et grâce à cet accord,
elle va encore augmenter avant la
fin de cette année». Il a ensuite
ajouté être convaincu que ce partenariat avec GE permettra d’accélérer la réalisation des objectifs du
groupe dans le secteur énergétique
au Nigéria. Quant au président international de General Electric, il
a salué la confiance que leur témoigne Transcorp et exprimé sa satisfaction
d’apporter
les
importantes ressources de GE afin
de soutenir la vision audacieuse de
Transcorp pour le secteur énergétique du Nigéria. Il n’a pas omis de
soutenir que ce partenariat avec
Transcorp souligne l’engagement
de GE à développer le secteur énergétique au Nigéria.
A
l’horizon 2016-2020, la capacité de la centrale électrique d’Ughelli au Nigéria
devrait être augmentée de 1 000
MW. Cette centrale représente la
plus importante production électrique du gaz du Nigéria. Achetée
par Transcorp dans le cadre du
programme de privatisation de
l’énergie mené en 2013, la centrale
d’une valeur de 300 millions de $
fait partie de l’investissement de 2,5
milliards de $ réalisé par Tony O.
Elumelu, président de Transcorp et
Heirs Holdings, société d’investissement. Pour assurer une telle production, TUPL a conclu un accord
avec le géant américain General
Electric. Grâce aux 115 MW supplémentaires (apportées par la réhabilitation de la turbine GT 15),
30 Les Afriques .
6 février 2014
ainsi qu’aux autres travaux de réhabilitation prévus à la centrale,
dans le cadre de ce partenariat, la
production d’Ughelli sera portée à
700 MW d’ici à décembre 2014. Les
accords ont été signés par Elumelu
et Jeffrey Immelt, président international de General Electric. Les
deux parties se réjouissent que ces
partenariats soient consécutifs à un
accord de coopération signé par
Transcorp et GE en 2013. En marge
de la cérémonie de signature, le
président de Transcorp a déclaré :
«Nous sommes ravis de travailler
avec GE, un leader international
ayant fait ses preuves dans le domaine du développement des technologies électriques, dans le cadre
du projet d’expansion de la centrale d’Ughelli. Grâce à cette ac-
General Electric
à la rescousse
d’Ughelli (Nigéria)
La production
d’Ughelli sera
portée à 700
MW d’ici à
décembre
2014.
Ambitions d’un groupe
Transcorp est un conglomérat coté
en Bourse possédant une base d’actionnaires diversifiée comptant
plus de 300 000 investisseurs, dont
le plus important est Heirs Holdings Ltd, une société d’investissement par actions panafricaine. Son
portefeuille comprend des investissements stratégiques dans les secteurs de l’électricité, de l’hôtellerie,
de l’agroalimentaire et de l’énergie.
Le groupe s’est engagé, via TUPL, à
transformer la centrale d’Ughelli et
à la rendre rentable en augmentant
sa capacité de production, affinant
sa contribution à fournir une énergie abordable et accessible dans le
cadre du programme Power Africa
Initiative.
A.E.M
GREEN BUSINESS
Afrique, le dernier espoir écologique
Les conséquences du changement climatique sont visibles à travers les
différentes catastrophes naturelles qui se succèdent dans le monde.
L’écosystème du continent africain constitue aujourd’hui l’un des
«poumons écologiques» de la planète qu’il devient urgent de préserver
afin de sauver le monde.
ujourd’hui face aux conséquences du changement
climatique et de diverses
catastrophes écologiques
causées par l’homme, la protection
de l’environnement ne concerne
plus uniquement les pays industrialisés. Heureusement, on constate un
début de prise de conscience écologique également sur le continent
africain. Des mesures urgentes restent toutefois nécessaires pour sauver l’environnement, maintenir
l’équilibre de l’écosystème du continent, ou à plus grande échelle pour
sauver la planète.
De manière générale, l’Afrique reste
encore un «bon élève au niveau écologique». Alors que le continent
abrite 15 % de la population mondiale, il affiche une empreinte écologique d’à peine 7,7 %. L’empreinte
A
32 Les Afriques .
6 février 2014
mesurant la pression exercée sur la
biosphère. En outre, le bilan carbone
de l’Afrique ne représente que 20 %
de son empreinte écologique, contre
plus de 55% au niveau mondial.
Malgré l’urgence de la protection de
l’environnement, les négociations
c l i m a t i q u e s n ’ o n t p a s e n co re
abouti. Si rien n’est fait, les conséquences du changement climatique
vont s’abattre sur le monde entier.
Menaces sur l’Afrique
Des zones vertes comme le Bassin
du Congo qui est la deuxième forêt
la plus vaste au monde doivent être
protégées pour éviter des scandales
comme celui de la dévastation des
forêts de l’Amazonie.
Sur un autre registre, l’Afrique est
menacée de devenir un dépotoir des
déchets toxiques industriels. En
Une inquiétante
déforestation
Des zones
vertes comme
le Bassin du
Congo qui est
la deuxième
forêt la plus
vaste au
monde.
plus, les catastrophes pétrolières sur
des pays comme le Nigéria constituent de sérieuses menaces pour le
continent. Heureusement, de plus
en plus d’ONG comme GreenPeace,
tirent la sonnette d’alarme et dénoncent des pratiques peu orthodoxes de certaines multinationales
qui déversent des déchets toxiques
dans les pays africains, au mépris
des législations locales. Les grandes
compagnies pétrolières sont souvent montrées du doigt pour les dégâts environnementaux causés dans
certains pays africains où la RSE
(responsabilité sociale de l’entreprise) n’est pas surveillée de près.
Le changement climatique va accentuer les extrêmes de températures et de précipitations, mais aussi
les cycles saisonniers moyens qui dirigent l’évolution des écosystèmes
d’année en année, à des échelles locales ou régionales. Le changement
climatique va modifier la disponibilité des ressources naturelles terrestres et océaniques qui assurent
l’approvisionnement des populations humaines. Par des chaînes de
cause à effet, ces conséquences écologiques ou environnementales du
changement climatique modifieront
les paramètres économiques et politiques de nombreux pays.
«L’Afrique est un continent particulier,
car 90% de ses habitants dépendent de
ce que fournissent les écosystèmes gratuitement ou moyennant un coût d’ext ract ion faible (chass e, pêche,
cueillettes, cultures traditionnelles)»,
souligne Sylvestre Voisin, chercheur
et expert sur les questions de développement durable et du management env i ronnemental. Les
politiques de développement ont
souvent négligé la préservation de
l’environnement, de la biodiversité et
des fondamentaux écologiques.
Blocages des négociations
climatiques
Dans les négociations sur le climat, les
rapports de force ont stimulé le rap-
prochement des pays les moins avancés et pauvres, le renforcement des
pays émergents en train de devenir
riches et enfin les divergences entre
les différents blocs des pays avancés,
mais menacés économiquement.
L’objet des discussions comporte
donc plusieurs niveaux qui relèguent
le débat technique sur la réduction
des émissions de GES (gaz à effet de
serre) au second plan, mettant en
avant les intérêts économiques, la
maîtrise des technologies et des savoirs et les opportunités pour les
marchés financiers. Les assureurs et
certains économistes écoutés ont démontré le coût exorbitant de l’inaction vis-à-vis des émissions de GES.
Mais les raisonnements rationnels
ne suffisent pas à réformer l’économie mondiale dirigée par des mécanismes de prix et d’incitations
encore trop élémentaires. Plus encore, les accords techniques sur les
émissions de GES et sur la compensation des dommages liés au climat
sont devenus des éléments presque
accessoires dans les négociations bilatérales stratégiques entre pays ou
entre blocs économiques (unions
douanières). Comme lors des négo-
Un écosystème à
sauvegarder
L’Afrique a
aujourd’hui
l’opportunité
d’inscrire son
développement
dans un
modèle qui
utiliserait les
techniques
propres.
ciations du cycle de Doha et de
l’OMC, les accords internationaux
préservent encore trop les intérêts
constitués et les distorsions. Dans ce
jeu, l’Afrique possède des atouts,
mais risque de devoir céder aux
pressions habituelles des pays dominants le jeu mondial. L’Afrique dispose de ressources minières et
agricoles convoitées par le reste du
monde, d’un potentiel pour utiliser
les gisements considérables d’énergies renouvelables sur son sol (transition énergétique) et enfin, de ne
pas avoir à défendre pour l’instant de
mode de consommation trop exigeant en énergies. L’Afrique a aujourd’hui l’opportunité d’inscrire
son développement dans un modèle
qui utiliserait les techniques propres
et efficaces les plus récentes fournies
par le reste du monde.
Si les plus gros émetteurs de gaz à
effet de serre ne modifient pas leurs
habitudes pour passer aux «technologies propres», les politiques de
lutte contre le changement climatique risquent d’avoir peu d’effet,
avec les conséquences que l’on commence à voir aujourd’hui.
Ibrahim Souleymane
6 février 2014 Les Afriques
. 33
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
GABON Le Premier ministre Daniel Ona Ondo forme
un nouveau gouvernement
Le nouveau PM gabonais, Daniel Ona Ondo, a présenté au président de la
république du Gabon, Ali Bongo Ondimba, le 28 janvier, sa nouvelle équipe
formée de 32 ministres. Ce nouveau gouvernement a pour mission
d’accélérer la finalisation des chantiers entamés.
N
ommé Premier ministre par
le président Ali Bongo Ondimba, le vendredi 24 janvier, Daniel Ona Ondo, a remplacé
Raymond Ndong Sima. Sa nouvelle
équipe est composée de 33 membres
y compris le premier ministre. Le
nouveau gouvernement gabonais
compte cinq ministres femmes.
Ainsi, le ministre du Pétrole,
Etienne Ngoubou, conserve son
portefeuille, tout comme Emma-
nuel Issozet Ngondet aux Affaires
étrangères et Régis Immongault aux
Mines, tandis que Luc Oyoubi passe
du ministère de l’Economie à l’Agriculture. L’ancien ministre de la
Santé, Léon Nzouba, prend lui la
tête du ministère de l’Éducation nationale. Son prédécesseur, Séraphin
Moundounga,
a
été
nommé à la Justice. Quant à Blaise
Louembe, il passe de la Communication à la Jeunesse et Sports.
Daniel Ona Ondo,
nouveau PM du
Gabon
Les actions du nouveau gouvernement
Le nouveau gouvernement devra accélérer
les chantiers stratégiques (Gabon Vert, Gabon industriel, ...) nécessaires pour obtenir des résultats palpables et concrets, en
veillant particulièrement au respect de :
• Une nouvelle gouvernance privilégiant
la compétence, le mérite, l’intérêt général et le respect de la chose publique.
• Une diligence accrue et une meilleure
qualité de la dépense publique.
34 Les Afriques .
6 février 2014
• La poursuite des chantiers prioritaires
déjà prévus et bénéficiant de financements, dont la mise en œuvre doit être effective.
• La participation active de chaque ministère à l’exercice de planification stratégique et de programmation des activités
du gouvernement, conformément au plan
d’action détaillé pour l’émergence pour
la période 2014-2016.
Parmi ceux qui ont quitté leur
poste ministériel, le ministre de
l’Intérieur, de la sécurité publique,
de l’immigration et de la décentralisation, Jean-François Ndongou,
qui a été remplacé par Guy Mapangou Guy Bertrand. Du côté des
nouveaux arrivants, on compte Ernest Mpouho, nommé à la Défense
nationale.
Selon un communiqué de la présidence, le chef de l’Etat, Ali Bongo
Ondimba, a instruit l’équipe de Daniel Ona Onda pour «accélérer la
transformation du pays au bénéfice
prioritaire des Gabonais les plus nécessiteux». Le nouveau gouvernement a désormais le devoir, selon le
chef de l’Etat, de «travailler dans
une optique de résultats, le nouveau
gouvernement conduit par le professeur Daniel Ona Ondo inscrira
son action dans le plein respect des
principes de gouvernance et de
compétence».
Dans ce sens, «conscient des urgences sociales et des attentes des
populations», le président Ali Bongo
Ondimba a formulé lors de cette cérémonie d’investiture, tenue au palais présidentiel de Libreville, son
souhait de voir un chef de gouvernement qui coordonne «l’action de
tous les départements ministériels
autour d’ambitions et de priorités
sociales». Ce gouvernement est ainsi
celui des «ambitions sociales»,
fortes, clairement identifiées, tournées vers l’action efficace», ajoute le
communiqué.
Il est à souligner que l’efficacité de
la mise en œuvre de cette action et
ses résultats feront l’objet d’évaluations périodiques.
Sanae Taleb
Composition du gouvernement
• Premier ministre, Daniel Ona Onda
• Ministre des Affaires étrangères, de
la francophonie, de l’intégration régionale, Emmanuel Issozet-Gondet
• Ministre de la Prévoyance sociale et
de la solidarité nationale, Mba Anguilet Brigitte
• Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique,
Moubélé Pacôme
• Ministre de l’Éducation nationale et
de l’enseignement technique et professionnel, Nzouba Leon
• Ministre de l’Agriculture, de l’élevage, de la pêche et de la sécurité alimentaire, Luc Oyoubi
• Ministre des Relations avec les institutions constitutionnelles, porte-parole du gouvernement, Mekame
Denise
• Ministre du Commerce, des Petites et
moyennes entreprises, de l’artisanat
et du développement des services, Gabriel Tchango
• Ministre de la Justice, garde des
Sceaux, Moundounga Séraphin
• Ministre de la Santé, Mengué M’Engouang Fidèle
• Ministre de la Jeunesse et des
sports, Blaise Louembé
• Ministre de la Promotion et des investissements, des infrastructures, de
l’habitat et de l’aménagement du territoire, Magloire Gambia
• Ministre de la Forêt, de l’Environnement et de la Protection des Ressources Naturelles, Messone Nelson
• Ministre de l’Économie et de la prospective, Akaga Mba Christophe
• Ministre de la Culture, des arts et de
l’éducation civique, Reteno Assonouet
Ida
• Ministre de l’Économie numérique,
de la communication et de la Poste,
Ngoua Deme Pastor
• Ministre des Mines, de l’industrie et
du tourisme, Immongault Régis
• Ministre de l’Intérieur, de la sécurité
publique de l’immigration et de la décentralisation, Guy Mapangou Guy
Bertrand
• Ministre du Budget et des comptes
publiques, Magnagna Christian
• Ministre du Pétrole et des hydrocarbures, Ngoubou Etienne
• Ministre de la Défense nationale,
Mpouho Epigat Ernest
• Ministre de l’Énergie et des ressources hydrauliques, Guedon Désiré
• Ministre de la Fonction publique, de
la réforme administrative, de la modernisation des cadres juridiques institutionnels, Mabiala Serge Moïse
• Ministre de l’Emploi et de la forma-
tion professionnelle, Ntoutoume
Emane Simon
• Ministre des Transports, Mengue
Ovono Paulette
• Ministre des Droits humains de l’égalité des chances et des Gabonais de
l’étranger, Tapoyo Alexandre
• Ministre délégué auprès du ministre
de l’Intérieur, de la sécurité publique,
de l’immigration et de la décentralisation, Oyiba Jean Pierre
• Ministre délégué auprès ministre des
Affaires étrangères de la francophonie, de l’intégration régionale, Nziengué Dieudonné
• Ministre délégué auprès ministre de
la Prévoyance sociale et de la solidarité nationale, Dikoumba Marie Françoise
• Ministre délégué auprès ministre de
l’Économie et de la prospective, Agaya
Marcelin
• Ministre délégué auprès ministre des
Transports, Ngazouze Raphael
• Ministre délégué auprès ministre de
l’Éducation nationale et de l’enseignement technique et professionnel, Ename Nsole Serge
• Ministre délégué auprès ministre de
la Forêt, de l’environnement et de la
protection des ressources naturelles,
Mve Nkoghe Louis Philippe
«Voici votre feuille de route :
l’impérieux devoir de gagner la guerre contre la pauvreté…»
Au lendemain de la constitution du
gouvernement d'Ona Ondo, le chef de
l’État, Ali Bongo Ondimba, a dressé la
feuille de route de l’équipe ministérielle, précise un communiqué de la
présidence. Le nouveau gouvernement
doit d’abord adopter un collectif budgétaire pour s’armer dans la «guerre
contre la pauvreté», réformer l’enseignement et la formation, mettre en
œuvre une politique de décentralisation, développer l’accès aux services
publics de base et, enfin, réformer la
subvention aux produits pétroliers.
«Voici votre feuille de route : l’impérieux devoir de gagner la guerre contre
la pauvreté, le délitement social, la
précarité», affirme Ali Bongo Ondimba
devant le nouveau gouvernement au
grand complet. Au sortir du premier
Conseil des ministres, en présence des
représentants des institutions régaliennes, des hauts fonctionnaires, des
dirigeants des organismes bancaires et
de protection sociale, des leaders religieux et associatifs, il s’engage à ne
rien cacher de ce rapport indépendant
commandité en octobre 2013 : la pau-
vreté frappe le Gabon et menace de délitement le contrat social. Car 30% des
citoyens sont économiquement faibles
(95.000 foyers, dont 55% en ville),
60% des départements sont en décrochage en termes d’accès aux minimas
sociaux de base pour ce qui est de l’accès à la santé, à l’eau potable et à
l’électricité. Il n’y aura donc pas d’état
de grâce ni de période d’apprentissage. «Il n’y aura qu’un seul objectif,
qu’un seul mot d’ordre : réussir», prévient, scandant chaque mot, le président gabonais.
6 février 2014 Les Afriques
. 35
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
Le Maroc adopte bientôt deux projets de loi
et une stratégie de la migration
Dans une rencontre avec la société civile, le ministre marocain des Affaires de
la migration, Anis Birou, a présenté, le 23 janvier, l’état d’avancement de
l’opération de régularisation des sans-papiers. À cette occasion, le ministre a
assuré que son département est en train de préparer deux projets de loi
relatifs à la migration dans l’horizon d’élaborer une stratégie nationale.
A
vec le ministère de l’Intérieur, le département des
Affaires de la migration a
déclaré lors de cette rencontre organisée à Rabat que l’opération de
régularisation, lancée le 2 janvier et
s’achèvera le 21 décembre 2014,
sera une occasion pour normaliser
la situation d’une communauté
étrangère résidante au Maroc,
d’environ 30 000 cas.
En effet, une soixantaine de nationalités sont concernées par l’opération. À ce propos, les autorités
marocaines se disent avoir ouvert
plus de 83 bureaux dans l’ensemble
du territoire marocain. À rappeler
que plus de 3 000 personnes veillent sur le déroulement de cette
phase de régularisation.
Cette rencontre, qui a été égale36 Les Afriques .
6 février 2014
ment consacrée à l’échange avec la
société civile, c’est-à-dire les associations qui travaillent auprès des
immigrés clandestins, des réfugiés
et des demandeurs d’asile, s’est avérée éminente puisqu’elle a permis
de cerner les quelques problèmes
rencontrés lors de cette première
période de régularisation.
Globalement, les représentants des
ONG qui ont participé à cette rencontre ont relevé que «les bureaux
ne sont pas encore très actifs», particulièrement dans les villes du
Nord et de l’Oriental, à savoir
Nador, Oujda, Berkane. Selon ces
mêmes ONG, ce manque de
confiance des sans-papiers est dû à
une absence de communication sur
l’opération. Les concernés sont réticents «parce qu’ils ne savent pas
Regularisation
des migrants
sans papiers
L’opération de
régularisation
lancée le 2
janvier s’achèvera le 21
décembre
2014.
qu’il serait leur sort s’ils ne remplissent pas les conditions de régularisation»,
déclare
une
représentante du bureau de
l’Unesco au Maroc.
De son côté, le ministre chargé de
la Migration a souligné que son
équipe est à l’écoute de la société
civile pour le bon déroulement de
l’opération et compte élaborer
deux projets de loi relatifs à la
traite, l’asile et les réfugiés, sans oublier l’établissement d’une stratégie
nationale de la migration d’ici à la
fin de l’année 2014.
Dans ce cadre, lors d’une rencontre
ultérieure, le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, a confié
que l’opération ne nécessitera pas
un budget spécial et que les bureaux des étrangers au niveau des
préfectures et provinces du pays recevront et valideront les demandes
de régularisation. En effet, une
Commission nationale de recours
est mise en place avec la participation du Conseil national des droits
de l’Homme pour revoir les dossiers des cas humainement exceptionnels. Ceux qui auront justifié 5
ans de résidence régulière devraient être régularisés entre le 1er
janvier 2014 et le 31 décembre
2014, s’ils le désirent.
En même temps, le Maroc procédera à la régularisation des demandeurs d’asile, reconnus par la
représentation du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) et le Bureau des réfugiés et des apatrides
relevant du ministère des Affaires
étrangères et de la coopération.
Officiellement, le Maroc compte
853 réfugiés..
Sanae Taleb, Rabat
ANIS BIROU «Régularisation,
le Maroc dans le top mondial»
sier qui décide de le refuser ou de l’accepter, mais une commission.
Une vaste opération de régularisation des sans-papiers
a été lancée par le Maroc début 2014. Elle concerne
entre 25 000 et 40 000 immigrés qui y sont installés. Le
ministre chargé des Affaires de la migration nous fait
une évaluation de la 1ère étape de cette opération.
L
es Afriques : Aujourd’hui, le
département des Affaires de
la migration invite la société
civile pour discuter du déroulement de la première étape de régularisation des sans-papiers, lancée
par le Maroc le 2 janvier dernier,
quelle évolution faites-vous de
cette première étape ?
A.B. : L’opération avance très bien.
Moins d’un mois après le lancement
de cette initiative, des milliers de
personnes ont déposé leurs dossiers.
Je peux dire qu’au niveau de l’organisation de l’accueil, la régularisation des sans-papiers au Maroc va
bon train. À travers nos multiples
visites de terrain, nous avons assisté
à une forte implication de la société
civile. Ceci dit, ma première évaluation de cette phase de l’opération est
plutôt positive, puisqu’elle se déroule dans de bonnes conditions.
Bien entendu, elle est perfectible,
c’est l’objet d’ailleurs de notre réunion aujourd’hui avec la société civile. Nous cherchons à voir
ensemble ce qui peut être amélioré
et réajusté.
LA : Quelles sont, dans ce cadre, les
difficultés rencontrées depuis le
début de l’opération ?
A.B. : Les ONG et les associations actives qui travaillent avec les migrants
au Maroc ont parlé lors de cette rencontre d’évaluation de cette première
étape de cas isolés. Ils ont cité des personnes qui ont présenté des dossiers
incomplets et donc refusés. Je tiens à
souligner que ce n’est pas le fonctionnaire qui prend en charge le dos-
Anis Birou
LA : Pensez-vous revoir ou réviser
les conditions ou les «critères de la
régularisation» suite à votre discussion avec les ONG ?
A.B. : Montrez-moi un seul pays qui
a des conditions de régularisation
plus souples que celles du Maroc et
nous sommes prêts à les adopter, tout
de suite. Je vous assure qu’aucun
pays, de par le monde, n’offre de
conditions de régularisation pour les
résidents sans papiers aussi souples
que le royaume.
LA : Pour accomplir une mission
de régularisation, le cadre juridique constitue une pierre angulaire, allez-vous user d’un
dispositif particulier pour faire
adopter au Parlement les deux projets de loi nécessaires pour votre
action ?
A.B. : Je promets de communiquer et
de convaincre les acteurs politiques
de la nécessité d’adopter ces projets
de loi. Nous avons l’intention de réunir nos efforts pour réussir à présenter les textes de loi pour la session
d’avril. Il faut dire que l’adoption dépend de plusieurs acteurs et que cela
demande un espace-temps assez
large. Mais sinon, je crois que tout le
monde est assez sensibilisé sur l’ampleur de cette opération. Nous allons
atteindre nos objectifs.
Propos recueillis par
Sanae Taleb
Qui est Anis Birou ?
Anis Birou est le ministre marocain chargé
des Marocains résidant à l’étranger et des
affaires de la migration. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur statisticien économiste
avec grade d’ingénieur en chef. De 2002 à
2003, il a occupé le poste de directeur de
l’Office national des œuvres universitaires
sociales et culturelles, avant d’être nommé
secrétaire général du ministère de la Modernisation des secteurs publics, poste
qu’il occupe jusqu’à sa nouvelle nomination en tant que secrétaire d’État chargé de
l’alphabétisation et de l’éducation non for-
melle. En juin 2004, il a été nommé par le
roi Mohammed VI secrétaire d’État auprès
du ministre de l’Education nationale, de
l’enseignement supérieur, de la formation
des cadres et de la recherche scientifique,
chargé de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle. Le 15 octobre 2007, il a
été nommé secrétaire d’État auprès du ministre du Tourisme et de l’artisanat, chargé
de l’artisanat dans le gouvernement Abbas
El Fassi. En 2013, il est nommé ministre
chargé des Marocains résidant à l’étranger
et des affaires de la migration.
6 février 2014 Les Afriques
. 37
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
TUNISIE
Mehdi Jomaâ présente un gouvernement d’indépendants
C’est un nouveau jour en Tunisie. Le pays du Jasmin s’offre une nouvelle
Constitution et un nouveau gouvernement. Mehdi Jomaâ, le Premier
ministre, a présenté, dimanche 26 janvier, la liste des ministres de son
gouvernement au président tunisien, Moncef Marzouki.
D
ésigné Premier ministre par
l’opposition et les islamistes,
le 10 janvier dernier, dans le
cadre du dialogue national pour
sortir la Tunisie de la crise, Mehdi
Jomaâ a pu présenter le 26 janvier
son équipe au président Moncef
Marzouki. Ce nouveau gouverne-
Mehdi Jomaâ,
Premier ministre
de la Tunisie
ment doit recevoir selon la Constitution tunisienne l’aval de l’Assemblée nationale constituante, avant
d’entamer sa mission.
L’équipe de Mehdi Jomaâ est composée de 29 membres, 22 ministres
et 7 secrétaires d’Etat. La condition
de former un gouvernement de
technocrates a été respectée à la lettre. Excepté le ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, du parti
Annahda, les ministres qui composent le gouvernement de Mehdi
Jomaâ n’appartiennent à aucun
parti politique.
Parmi les critiques, une plus importante représentativité de la gent féminine, avec seulement 3 femmes.
Sanae Taleb
Composition du gouvernement
• Chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ
LES MINISTRES
• Ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou
• Ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur chargé de la
Sécurité nationale, Ridha Sfar
• Ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi
• Ministre de la Défense nationale, Ghazi Jeribi
• Ministre de la Justice, des droits de l’homme et de la justice
transitionnelle, Hafedh Ben Salah
• Ministre des Affaires religieuses, Mounir Tlili
• Ministre du Commerce et de l’artisanat, Najla Harrouche
Moalla
• Ministre de l’Industrie, des mines et de l’énergie, Kamel Ben
Naceur
• Ministre de l’Économie et des finances : Hakim Ben Hammouda
• Ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et des technologies de l’information et de la communication, Taoufik Jelassi
• Ministre de l’Éducation nationale, Fathi Jarraya
• Ministre de l’Agriculture, Lassaad Lachaal
• Ministre du Tourisme, Amel Karboul
• Ministre de la Santé publique, Mohamed Salah Ben Ammar
• Ministre du Transport, Chiheb Ben Ahmed
38 Les Afriques .
6 février 2014
• Ministre de l’Équipement, de l’aménagement du territoire et
du développement durable, Hédi El Arbi
• Ministre des Affaires sociales, Ahmed Ammar Younbaii
• Ministre de l’Emploi et formation, Hafedh Laamouri
• Ministre du Sport, de la femme, de l’enfance et des personnes
âgées, Saber Bouatay
• Ministre de la Culture, Mourad Sakli
• Ministre auprès du Premier ministre chargé de la Coordination
et des affaires économiques, Nidhal Ouerfelli.
SECRÉTAIRES D’ETAT
• Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur chargé des
Collectivités locales, Abderrazzek Ben Khlifa
• Secrétaire d’Etat aux Domaines de l’Etat, Mohamed Karim Jamoussi
• Secrétaire d’Etat à la Coopération internationale, Noureddine
Zekri
• Secrétaire d’Etat à l’Environnement, Tarak Majdoub
• Secrétaire d’Etat chargé des Affaires de la femme, de l’enfance
et de la famille, Neila Chaabane
• Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères,
Fayçal Gouiaa
• Secrétaire d’Etat à la Gouvernance et à la fonction publique,
Anouar Ben Khelifa
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
MAURITANIE
Un nouveau président au Perchoir
Nouvel accord
Maroc-OMS
Les députés mauritaniens viennent d’élire Mohamed
Ould Boilil président de l’Assemblée nationale, pour
un mandat de 5 ans.
I
ssu de l’Union pour la République (UPR), principal parti de
la mouvance présidentielle, le
nouveau président de la Chambre
basse du Parlement (bicaméral), élu
député sur la liste départementale
de Nouakchott, lors des législatives
du 23 novembre 2013, a obtenu 89
voix sur un total de 138 votants.
Ses adversaires, Mohamed Ghoulam
Ould Hadj, du Rassemblement national pour la réforme et le développement
(RNRD/
Tawassoul/
Mouvance islamiste), et Mustapha
Ould Abdel Aziz, du parti Karama,
une des dernières-nées des formations se réclamant de la mouvance
présidentielle, ont respectivement
recueilli 38 et 7 voix.
Cette élection est le résultat de multiples tractations au sein de la majorité. Des négociations au forceps qui
ont entraîné un report de la première
session ordinaire de la nouvelle Assemblée nationale, initialement fixée
au 27 janvier 2014.
Mohamed Ould Boilil est un adminis-
40 Les Afriques .
6 février 2014
trateur civil originaire du sud-ouest de
la Mauritanie, du département de
Keur Macene, proche de la ville sénégalaise de Saint-Louis.
Le nouveau président de l’Assemblée nationale de Mauritanie a été
gouverneur sous le régime de
Maaouya Ould Sid'Ahmed Taya, député du Rassemblement des forces
démocratiques (RFD/opposition, de
novembre 2006 à juin 2009), puis
ministre de l’Intérieur dans le gouvernement du président Mohamed
Ould Abdel Aziz , entre août 2009 et
juin 2013. La majorité présidentielle
mauritanienne dispose de 113 députés à l’Assemblée nationale,
contre 37 élus de l’opposition dite
modérée. Avec 16 représentants, la
mouvance islamiste est la première
force de l’opposition parlementaire.
La Coordination de l’opposition démocratique (COD), un collectif de
10 partis, a boycotté les élections législatives et municipales de novembre/décembre 2013.
Amadou Seck, Nouakchott
Assemblée
nationale de la
Mauritanie
Cette élection
est le résultat
de multiples
tractations au
sein de la
majorité.
Dans le cadre d’un accord de coopération signé récemment entre
le Maroc et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) portant
sur la période 2014-2015, l’instance internationale va apporter
2,9 millions de $ au programme
de santé dans le royaume. Un
montant en hausse de 30% par
rapport à la précédente période,
pour accompagner les progrès
considérables réalisés par le
Maroc dans le domaine de la
santé, au cours des dernières années, notamment avec la généralisation du Ramed (régime
d’assistance médicale), depuis
mars 2012. Les responsables assurent que parmi les États membres
de la région Méditerranée orientale, c’est le Maroc qui bénéficie
de la plus forte augmentation de
budget.
Le krill antarctique
dans les plans
sud-africains
Le krill antarctique, une sorte de
crevette, est considéré comme l’espèce animale représentant la biomasse totale la plus importante au
monde. Les spécialistes estiment
les stocks entre 60 et 155 millions
de tonnes. Une telle ressource
comparée aux 100 millions de
tonnes de poisson commercialisable dans le monde, en fait une nouvelle source potentielle pour
l’industrie de la pêche. Suffisant
pour que Tina Joemat-Pettersson,
ministre sud-africaine de l’Agriculture, des forêts et des pêches,
décrète que son pays qui dispose
d’une position relativement
proche de la zone affichant la plus
forte densité des stocks, à savoir 70
% du stock de l’océan austral, envisage de récolter le krill. Elle a
ajouté que l’industrie de la pêche
sud-africaine se focalise de plus en
plus sur cette ressource massive,
mais qui reste sous-utilisée.
MAROC-MALI Le Roi Mohammed VI reçoit à Marrakech
le secrétaire général du MNLA, Bilal AG Cherif
Le Roi du Maroc, Mohammed VI, a reçu, le 31 janvier dernier à Marrakech,
Bilal AG Cherif, le secrétaire général du Mouvement national pour la
libération de l’Azawad (MNLA), accompagné du porte-parole du
mouvement, Moussa AG Attaher.
L
e Maroc poursuit ses efforts en
faveur de la paix au Mali. «Cette
audience s’inscrit dans le cadre
des efforts soutenus et permanents de
SM le Roi, en vue d’instaurer durablement la paix et la stabilité dans ce pays
frère et de contribuer à un règlement de
la crise malienne», indique un communiqué du Cabinet royal. Lors de
cette audience, le Roi du Maroc a «réitéré le souci constant du Royaume du
Maroc de préserver l’unité territoriale
et la stabilité de la République du Mali,
ainsi que la nécessité de contribuer à
une solution et à un compromis qui
permettraient de lutter contre les mouvements intégristes et terroristes qui
menacent aussi bien les pays du Maghreb que la région du Sahel et du Sahara», précise le communiqué. De son
côté, Bilal AG Cherif, le secrétaire général du mouvement national pour la
libération de l’Azawad, a présenté devant le souverain un exposé sur le développement de la situation au nord
du Mali. A cette occasion, le Roi «a en-
couragé le MNLA à continuer à s’inscrire dans le cadre de la dynamique régionale, initiée par l’Organisation des
Nations unies et la Cedeao, selon une
approche réaliste et efficiente, à même
de parvenir à une solution définitive et
durable à la crise actuelle». Cette audience s’est déroulée en présence du
ministre des Affaires étrangères et de
la Coopération, Salaheddine Mezouar,
et du directeur général des études et
de la documentation, Yassine El Mansouri. Par ailleurs, le Roi Mohammed
VI a accompli la prière du vendredi à
la mosquée Koutoubia à Marrakech,
en présence de Bilal Ag Cherif, et
Moussa Ag Attaher.
Mali: un duel entre le
Maroc et l’Algérie
Le Mouvement national de la libération de l’Azawad, qui ne voulait plus
de la médiation algérienne, tend la
main au Maroc pour le soutenir dans
le conflit qui l’oppose au chef de
l’Etat malien Ibrahim Boubacar
Le Roi
Mohammed VI,
recevant le SG
du MNLA
à Marrakech
Le souci
constant du
Royaume du
Maroc de
préserver
l’unité territoriale et la
stabilité de la
République du
Mali.
Keita. Ce dernier a sollicité la médiation de l’Algérie dans le conflit face
au mouvement MNLA et les groupes
armés de Nord. Dans ce cadre, le président malien a été le 19 janvier dernier en visite de deux jours à Alger
pour relance les négociations entre
Bamako et les groupes armés du
nord bloquées depuis plusieurs mois.
Pour des raisons non révélées, le président a laissé entendre qu’il s’agit
d’une simple «visite de travail en Algérie». Faut-il préciser que les représentants du Mouvement national de
libération de l’Azawad n’a pas participé à ces pourparlers organisés à
Alger entre le chef d’Etat et les communautés du nord du Mali.
Par cette visite au Maroc de Bilal AG
Cherif, le MNLA a tranché et le mouvement a fait son choix, mais reste à
attendre la réaction des autorités maliennes et les démarches que le Maroc
va entreprendre pour réussir sa nouvelle mission de médiation.
Sanae Taleb
6 février 2014 Les Afriques
. 41
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
ALGÉRIE Mise en garde du FMI contre les subventions
Dans son rapport de janvier 2014, le Fonds monétaire international (FMI)
met en garde le gouvernement algérien contre les subventions
généralisées et la persistance d’une économie rentière.
L
e FMI avertit les autorités algériennes sur une baisse des
cours des hydrocarbures entre
2014 et 2017, ce qui devrait avoir
pour conséquence des tensions budgétaires ne pouvant continuer à
fonctionner sur la base d’un cours
du baril supérieur à 110-115 dollars.
L’économie algérienne, en ce mois
de janvier 2014, est une économie
totalement rentière et l’on généralise que les subventions et les transferts sociaux cumulés, selon la
déclaration officielle du Premier ministre, représentent 30% du produit
intérieur brut, soit plus de 65 milliards de dollars. Sonatrach fait vivre
la majorité de la société algérienne
(98% d’exportation, l’importation
de 70-75% des besoins des entreprises publiques-privées ainsi que
les besoins des ménages et l’importance de la dépense publique est estimée entre 2004 et 2014 à plus de
500 milliards de dollars dont une
grande fraction en devises). Grâce à
l’aisance financière générée par les
42 Les Afriques .
6 février 2014
hydrocarbures, le gouvernement, au
nom de la paix sociale, généralise les
subventions, objet de cette présente
contribution, sujet rarement abordé
alors qu’il constitue une donnée
stratégique pour l’avenir du pays.
L’État algérien généralise les subventions et dépense sans compter. Ce
pays subventionne un grand nombre
de produits de première nécessité,
comme les céréales, l’eau et le lait,
l’électricité et le carburant. En Algérie, tout le monde bénéficie des prix
subventionnés, de celui qui gagne le
SNMG au chef d’entreprise national
ou étranger, pour la simple et bonne
raison qu’il n’existe pas de système
ciblé de subventions. Dans son rapport en date du 18 avril 2012, la
Banque mondiale fait remarquer
qu’en moyenne dans le monde 20%
des plus riches bénéficient six fois
plus que 20% des plus pauvres des
subventions et recommande que les
programmes d’aide sociale soient ciblés de manière à aider les ménages
pauvres et vulnérables à y faire face.
Subventions tous
azimuts
L’économie
algérienne, en
ce mois de
janvier 2014,
est une
économie
totalement
rentière.
Pour l’Algérie, la même institution
note pour 2010-2011 que les montants des subventions (sous forme de
comptes spéciaux du Trésor, recensant sous différentes appellations 14
fonds) allouées au soutien des services productifs, à l’accès à l’habitat
et aux activités économiques sont
successivement de 40,83, 520,11 et
581,78 milliards de dinars, soit un
total d’environ 1 143 milliards de dinars (équivalents à 16 milliards de
dollars) représentant 14% du total
des dépenses de l’État en dehors des
dépenses de fonctionnement. Pour la
BM, 277 milliards de dinars (pour les
autorités algériennes, le montant est
de 300) ont été réservés aux produits
de grande consommation (blé, lait
en poudre, etc.), soit l’équivalent du
quart des subventions accordées au
budget d’équipement. A cela s’ajoutent les assainissements répétés aux
entreprises publiques qui ont coûté
au trésor public plus de 50 milliards
de dollars entre 1971 et 2011, les exonérations fiscales et de TVA accordées par les différents organismes
d’investissement (ANDI ANSEJ) y
compris pour les entreprises étrangères, dont il conviendrait de quantifier les résultats par rapport à ces
avantages à coup de dizaines de milliards de dinars. Pour 2012-2013, le
pouvoir algérien ne voulant pas de
remous sociaux jusqu’aux élections
présidentielles d’avril 2014, les subventions seront encore un tampon
pour juguler la hausse des prix internationaux. Avec ce retour à l’inflation, selon l’ONS dans son enquête
du 4 septembre 2012, l’indice des
prix en tendance devrait clôturer à
6/7% en 2012. En dehors des subventions, le taux d’inflation réel dépasserait largement 10%.
Ainsi, les différentes lois de Finances
2008-2012 et certainement la loi de
Finances prévisionnelle 2013 (le ministre des Finances ayant annoncé of-
ficiellement le 31 août 2012 qu’il n’y
aura pas de rigueur budgétaire) proposent des mesures qui ont pour finalité de pérenniser la politique de
l’Etat en matière de subvention des
prix des produits de grande consommation. Pour l’ex-secrétaire d’Etat à
la statistique, dans une interview courant 2011 citée par l’APS, je le cite :
«Bien qu’exceptionnellement important, ce montant de près de 15/16 milliards de dollars de transferts sociaux
par an, soit 10% du PIB, est d’un impact peu perceptible au niveau de la
population. Il n’est peut-être pas juste
que tout le monde puisse bénéficier de
certaines subventions, quelle que soit
leur situation financière». Outre cette
disparité dans l’octroi du soutien de
l’Etat, il faut remarquer à juste titre
l’opacité dans la gestion de ces programmes qui sont passés de 245 millions de dinars en 1999 pour dépasser
les 1 200 milliards de dinars en 2011
sans qu’aucune date limite ne soit
instaurée. Ainsi se pose le problème
de l’efficacité de toutes ces subventions sur le producteur local et sur le
consommateur final, avec le processus inflationniste bien que compressé
artificiellement par les subventions,
du programme de relance économique basé sur la dépense publique
donnant des taux artificiels de taux
de croissance, de taux de chômage,
qui nécessiteront environ 500 mil-
liards de dollars entre 2004 et 2014, 130 milliards de dollars des 286 milliards de dollars prévus entre 20102014 étant des restes à réaliser des
projets non terminés entre 2004 et
2009. Les surcoûts avec parfois des
abandons de projets sont exorbitants,
estimés entre 20 à 30% pour certains
projets, étant des subventions indirectes supportées par le Trésor.
Comme il est posé l’efficacité du Programme national du développement
agricole (PNDA) qui a nécessité des
dizaines de milliards de dollars
(aucun bilan à ce jour) et de l’effacement de la dette des agriculteurs pour
41 milliards de DA, sur la production
et la productivité agricole de l’Algérie. Examen de quelques cas.
Une subvention
biaisée
par les monopoleurs de la sphère
informelle, produit de la bureaucratie et de l’Etat de non-droit,
contrôlant 40% de la masse monétaire en circulation et 65% des segments des produits de première
nécessité. Selon les chiffres officiels
communiqués par le ministère de la
Solidarité, près d’un million et
demi de familles ont eu recours au
«couffin du Ramadan» pour un
montant de 5 milliards de dinars en
2012. En prenant la moyenne que
chaque foyer est constitué de six
membres, cela donne 9 millions de
personnes en situation de précarité.
Le prix du pain étant subventionné
depuis 1996, sans subventions, le
prix de la baguette actuellement à
8,50-10 dinars - officiel - dépasserait 25 DA. Le soutien des prix des
blés et du lait enregistre une incidence financière de l’ordre de 177
milliards de dinars, alors que celle
de l’huile alimentaire est estimée à 5
milliards de dinars. Les subventions
octroyées coûtent au Trésor public
un différentiel qui reste mobile en
fonction des fluctuations du prix
d’achat de la matière première sur
les marchés mondiaux. Toutefois, le
Trésor public paie ce différentiel,
quel que soit son niveau. D’une manière générale, le différentiel pris en
charge par l’Etat pour ces produits
coûte entre 2,5 et 3 milliards de dollars par an, ce qui représente entre 3
à 5% de la rente pétrolière par an
entre 2009 et 2012, selon l’évolution
du vecteur prix international.
Soutien du prix du pain,
de la semoule et du lait
Subventions des carburants,
de l’électricité et de l’eau
Bon nombre d’Algériens vivent
dans la pauvreté et se nourrissent
essentiellement du pain et du lait,
ce qui traduit une fracture sociale
qui ne cesse de s’aggraver. Malgré
l’importation massive entre 2010 et
2012, afin de stabiliser de dizaines
de tonnes de viandes rouges
fraîches, de viandes congelées, de
viandes blanches, le prix sur le marché n’a pas sensiblement baissé, et
le contrôle à l’aval uniquement sur
les détaillants s’est avéré un échec,
les circuits internes étant dominés
L’Algérie est classée troisième pays
où le prix du carburant est le moins
cher au monde, selon une enquête
réalisée par une maison de courtage
française spécialisée dans la location
de voitures. Avec un prix à la pompe
de 0,22 euro/litre pour l’essence et
0,13 euro pour le gasoil en 2010, l’Algérie arrive derrière l’Arabie saoudite
et le Venezuela, note l’enquête. En
Arabie saoudite, un des plus grands
pays producteurs de pétrole au
monde, l’essence coûte l’équivalent
de 0,12 euro/litre et le gasoil 0,06
Le soutien des
prix des blés et
du lait
enregistre une
incidence
financière de
l’ordre de 177
milliards de
dinars.
6 février 2014 Les Afriques
. 43
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
euro. Au Venezuela, autre grand producteur de pétrole, le prix de l’essence est à 0,13 euro/litre, alors
qu’un litre de gasoil est vendu à 0,06
euro. L’Égypte arrive en quatrième
position avec un prix d’essence de
0,23 euro/litre, et un prix de gasoil de
0,19. Or selon le ministère de l’Énergie et des mines, le prix réel des carburants devrait fluctuer entre 60 et
80 DA le litre. Mais conserver cette
politique coûte de plus en plus cher.
En effet, ces dernières années, l’Algérie est devenue importatrice de produits raffinés. En 2009, la facture des
carburants s’est élevée à près de 1,5
milliard de dollars et ce montant a
certainement crû entre 2010 et 2012.
Cela favorise la contrebande aux
frontières. La différence du prix à la
pompe avec les pays voisins fait que
de grandes quantités de carburants
traversent quotidiennement les frontières vers le Maroc et la Tunisie, sans
compter les pays riverains du grand
Sud. Pour l’électricité, selon un rapport du ministère de l’Énergie, car, il
faut comparer le comparable, les
pays du Maghreb et non pas les pays
européens dont le niveau de vie est
plus élevé (voir le site MEM 2011), la
tarification algérienne tant pour la
consommation des ménages que
pour la consommation industrielle
est la suivante : pour les clients résidentiels (ménages) : Algérie : entre 2
DA et 3,20 DA/kwh selon le niveau
44 Les Afriques .
6 février 2014
de consommation, alors que ce prix
est entre 3,45 DA et 4,94 DA/kwh en
Tunisie, et entre 5,27 DA et 6,40
DA/kwh au Maroc. Pour les clients
industriels en Algérie, le prix oscille
entre 1,48 DA et 2,15 DA/kwh selon
le niveau de consommation, en Tunisie entre 2,35 DA 3,54 DA/kwh, et
au Maroc entre 4,21 DA et 5,53
DA/kwh. La plus grande partie de ces
écarts en faveur du consommateur
algérien provient du prix du gaz fixe
par l’Etat à l’entrée du système de
production-transport-distribution
de l’électricité.
Le niveau du prix du gaz concédé aux
centrales est de l’ordre de 10% de
celui qui correspond aux transactions
internationales du gaz dans la région
(612 DA par millier de m3 soit environ 0,21 dollar le million de Btu
contre un niveau moyen de 2,2 dollars Mbtu). À titre d’exemple, selon le
directeur général de la Société de distribution de l’électricité et de gaz
d’Alger, SDA, s’agissant de l’électricité, l’unité (kilowattheure) qui revient à 3,75 DA est vendue à 3,33 DA.
Une différence qui grève considérablement le budget de la SDA, les coûts
de revient restant élevés par rapport
aux tarifs appliqués. Sonelgaz accuse
44 milliards de dinars de pertes selon
son rapport officiel de 2012. Selon le
ministère de l’Énergie, les subventions de l’électricité seront maintenues jusqu’en 2015 et bien au-delà,
Déperdition sur le
carburant
de quoi décourager tout investisseur
étranger dans ce domaine rendant
caduque la loi sur l’électricité et le gaz
par canalisation. Le problème de la
tarification de l’eau se pose à peu près
dans les mêmes termes que les carburants. Son prix de cession demeure
inchangé malgré des coûts croissants,
problème aggravé par les déperditions du réseau de distribution (45 à
50% de pertes, en moyenne nationale). Sur la base du prix du gaz de
0,25 dollar le million de btu, le prix
de revient de l’eau atteint environ 69
DA/m3. Le prix facturé aux consommateurs varie en fonction des volumes consommés entre 16,20
DA/m3 et 24,70 DA/m3 pour les
usages industriels, et entre 3,60
DA/m3 et 24,70 DA/m3 pour les
usages domestiques. Le différentiel
payé par l’Etat varie entre 34 et 53 DA
environ par m3 consommé, l’investissement n’étant pas pris en compte
dans les prix en vigueur du mètre
cube d’eau potable. Selon le ministère, si on le répercutait, le prix réel
du mètre cube reviendrait à près de
60 DA, contre 39 DA/m3 pour un
prix de vente de 18 DA/m3.
La santé et le transport ne
sont pas en reste
La différence
du prix à la
pompe avec
les pays
voisins fait que
de grandes
quantités de
carburants
traversent
quotidiennement les
frontières vers
le Maroc et la
Tunisie.
Pour le système de santé, les subventions supportées par l’Etat sont importantes. En effet, l’hospitalisation
coûte de 7 000 à 12 000 DA par jour
et par patient selon les administrations des structures sanitaires. Un
montant qui couvre l’intervention,
les examens et les IRM. Le patient
paye 100 DA pour une hospitalisation et 50 DA pour une visite médicale dans un CHU, un dispensaire ou
un centre sanitaire. Dans une clinique privée, le coût d’une hospitalisation dans le secteur privé varie
entre 15 000 et 20 000 DA/jour, celui
d’un accouchement oscille entre 35
000 et 40 000 DA et à partir de 70 000
DA pour une césarienne et le montant est largement supérieur pour
des interventions pointues fluctuant
entre 150 000 et plus de 500 000 dinars. Pour le transport, il n’y a pas
uniformité devant distinguer le
transport par rail subventionné des
autres moyens de transport. Dans
une déclaration à l’APS, en date du
18 janvier 2010, les subventions de
l’Etat au profit de la Société nationale
des transports ferroviaires (SNTF)
sont passées de 2,5 milliards de dinars (MDA) à 8,5 MDA, mais en
dépit de ce soutien, le déficit global
de l’entreprise se situe à 47 MDA,
selon le directeur général de cette entreprise, étant frappée par les effets
pervers de la crise économique en ce
sens que ses clients potentiels, ArcelorMittal et Ferphos, ont connu des
chutes de leurs exportations se répercutant directement sur les recettes
de l’entreprise. Pour Air Algérie, les
tarifs appliqués à destination de Paris
ont oscillé entre 243 et 353 euros
pour la classe économique alors que
le même billet pour la même destination à partir de Rabat, sur la compagnie Royal Air Maroc, est de 187 à
248 euros. Pour les autres compagnies aériennes comme Air France,
Aigle Azur, Iberia, le billet RabatParis varie entre 287 et 314 euros.
Pour le transport routier de voyageurs, on assiste à des conflits permanents du fait du bas tarif et de la
confusion de l’interprétation de l’ordonnance 95/06 et du décret 96/39
où l’un parle d’une limitation à 0,25
centime/km pour un service de ramassage et l’autre explicite que tous
les tarifs sont libres et soumis à la
concurrence sauf ceux spécifiques et
stratégiques, ce qui revient à dire que
les subventions sont supportées indirectement, en partie, par les transporteurs privés. Selon l’Organisation
nationale des travailleurs algériens
(Onta) l’augmentation demandée
n’excède pas les 2,6 dinars par kilomètre, en rappelant que la dernière
révision à la hausse des prix des
transports remonte à 1996.
Un logement
social revient à
l’Etat, selon
l’endroit, entre
3 et 4 millions
de dinars
inclus le
terrain.
Pour le soutien à l’emploi
Les subventions s’appliquent également au logement social où le prix du
mètre carré dans les grandes agglomérations varie de 40 000 à 300 000
DA, non supportés par les bénéficiaires, ce qui occasionne un transfert
de rente. Un logement social revient à
l’Etat, selon l’endroit, entre 3 et 4 millions de dinars inclus le terrain. Pour
les 100 000 logements sociaux qui ont
été programmés pour 2012, l’Etat devrait supporter selon certains experts
30 milliards de dinars. Quant au logement promotionnel aidé d’un prix
réel de 6 millions de dinars, l’Etat le
cède à environ 3 millions de dinars.
Pour l’aide à l’emploi, l’entreprise qui
recrute bénéficie d’importantes facilités financières et fiscales, avec d’importants abattements sur la cotisation
de sécurité sociale à leur charge, soit
l’équivalent de 25% de l’assiette globale de cotisation. À titre d’exemple,
30 Mrds de dinars
supportés par
l’Etat sur 100 000
logements sociaux
pour un salaire de 15 000 DA, l’employeur ne contribue qu’à hauteur de
21%, soit 3 000 DA seulement. 12 000
DA sont pris en charge par le Trésor
public. Pour financer la retraite, l’employeur cotise à 10% et le salarié à
6,75%, soit un total de 17,25%;
82,75% étant financés par l’Etat. Les
assurances sociales, notamment celles
relatives à la maladie, à la maternité, à
l’invalidité et au décès, sont couvertes
par l’Etat pour un total de 86%, sachant que les 14% restants sont assumés par les cotisations versées par
l’employeur (12,5%) et le salarié
(1,5%). Financées totalement sur le
budget de l’Etat depuis 1995, les allocations familiales varient de 300 à 800
dinars par enfant. Enfin, la charge financière du transport des étudiants,
de la restauration et de l’hébergement
des étudiants internes sans distinction se répercute sur la gestion des
œuvres universitaires comme les frais
de la carte d’abonnement annuel du
transport universitaire d’un montant
de 300 DA et le prix de la restauration, toujours fixé depuis les années
1970 à 1,20 DA le repas. Qu’en serat-il avec plus de 2 millions d’étudiants
à l'horizon 2015-2017 où uniquement pour le repas, le prix réel dépasse 500 dinars. Cela concerne
également les œuvres sociales des
CEM et des lycées.
Pour des subventions ciblées
Les subventions généralisées faussent l’allocation rationnelle des ressources rares et ne permettent pas
d’avoir une transparence des
comptes, faussent également les
normes de gestion élémentaires et
les prévisions tant au niveau micro
que macroéconomique, aboutissant
au niveau des agrégats globaux
(PIB, revenu national) à une cacophonie additionnant des prix du
marché et des prix administrés, en
décourageant, étant non ciblées, la
production locale avec un gaspillage
croissant des ressources financières
du pays. Comme se pose cette question stratégique : qu’en sera-t-il avec
après les trois années de dégrèvement tarifaire avec l’Europe à l'horizon 2020 et son éventuelle
6 février 2014 Les Afriques
. 45
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
Grève dans le secteur
du platine : reprise
des négociations
En Afrique du Sud, le syndicat
Acmu et les principaux groupes miniers ont entamé des négociations
la semaine dernière, afin de mettre
un terme à la grève qui immobilise
le secteur du platine. Quelque 80
000 grévistes, qui revendiquent un
salaire de 840 euros, soit le double
du salaire actuel, ont bloqué les
mines. Au moment où nous mettions sous presse, une certaine
bonne volonté des deux parties est
saluée par la Commission de conciliation, de médiation et d’arbitrage.
adhésion à l’OMC où les produits
énergétiques sont également concernés, notamment par la suppression
de la dualité du prix du gaz ? se pose
également cette question stratégique
pour l’Algérie : peut-elle continuer à
fonctionner sur la base de 70 dollars pour le budget de fonctionnement et 40-45 dollars pour le
budget d’équipement constitué en
majorité par les infrastructures avec
des surcoûts exorbitants qui ne sont
qu’un moyen de développement, la
véritable richesse ne provenant que
des entreprises concurrentielles.
L’Etat pourrait ne pas avoir les
moyens de continuer à subventionner certains produits alimentaires
au cas où le baril descendrait en
dessous de 80 dollars.
L’instauration d’une chambre nationale de compensation indépendante,
permettant des subventions ciblées,
par un système de péréquation, suppose un Etat régulateur fort mais fort
par sa moralité, des compétences, des
ressources humaines, richesse pérenne, et la démocratisation des décisions. Cela implique forcément un
réaménagement profond de la logique du pouvoir algérien reposant
sur les forces sociales réformistes, le
pouvoir actuel étant actuellement
assis sur les couches rentières tissant
des relations dialectiques avec la
46 Les Afriques .
6 février 2014
sphère informelle spéculative, dépensant sans compter pour une paix sociale fictive grâce aux hydrocarbures
qui s’épuiseront dans 20 à 30 ans au
moment où la population algérienne
sera d’environ 50 millions d’habitants. En 2013, au moment où les
pouvoirs publics s’enorgueillissaient
des 192 milliards de dollars de réserves dont 83% placées à l’étranger à
un taux d’intérêt fixe de 3%, rendement presque nul corrigé par l’inflation mondiale, dépassera-t-on le
statu quo suicidaire et changera-t-on
de politique économique entretemps pour l’émergence d’une économie hors hydrocarbures, et ce pour
le bien-être de l’Algérie et des générations futures, mettant fin au cancer
de l’économie de la rente qui se diffuse dans la société par des subventions généralisées et des versements
de traitements sans contreparties
productives ? Face à la concentration
excessive du revenu national au profit d‘une minorité rentière, renforçant
le sentiment d’une profonde injustice
sociale, l’austérité n’étant pas partagée, la majorité des Algériens veulent
tous et immédiatement leur part de
la rente, reflet du divorce État/citoyens, quitte à conduire l’Algérie au
suicide collectif.
Abderrahmane Mebtoul,
expert international
192 milliards de $
de réserves en 2013
Le pouvoir ivoirien
et le FPI prennent
langue
Afin d’aller vers une décrispation
pour un climat général propice à la
réconciliation en Côte d’Ivoire, après
la grave crise postélectorale de 20102011, les discussions entre le gouvernement et le Front populaire ivoirien
(FPI, de Laurent Gbagbo) ont repris,
à la mi-janvier à Abidjan. Ainsi, cette
action, qui s’inscrit dans le cadre du
dialogue politique instauré par le
gouvernement, a permis à Jeannot
Ahoussou, ministre d’État, de recevoir le même jour une délégation,
conduite par son président, Pascal
Affi N’guessan, à la Primature.
Retour de Bor dans
le camp de Juba
L’austérité
n’étant pas
partagée, la
majorité des
Algériens
veulent tous et
immédiatement leur part
de la rente.
La ville de Bor, capitale de l’État du
Jonglei, au Sud Soudan située sur
les rives du Nil Blanc, un des principaux foyers du conflit opposant
depuis mi-décembre les troupes
régulières sud-soudanaises, loyales
au président Salva Kiir, aux forces
favorables à son ancien vice-président Riek Machar, est repassée
sous le contrôle de l’armée, depuis
samedi 18 janvier. À noter que ces
éléments de l’armée paradent dans
une ville quasi-déserte après la
fuite de plus d’une centaine de milliers de civils.
ARRÊT SUR IMAGE
France
Le 30 janvier 2014. Poignée de main entre
le prince Moulay Rachid, venu à Brest pour
réceptionner la Frégate Mohammed VI, et
le ministre français de la Défense JeanYves Le Drian (à gauche). Le Vice-amiral
Mohamed Laghmari, à droite.
48 Les Afriques .
6 février 2014
6 février 2014 Les Afriques
. 49
DOSSIER
L’état de la dette en Afrique
Les pays africains sont en train de prendre la voie déjà empruntée par les Dragons de l’Est. Mais la croissance actuelle
sera-t-elle assez productive pour éviter le surendettement et
asseoir le développement ? Vu les gages de confiance qui se
dessinent, l’Afrique est-elle au contraire sous-endettée ?
C
onsidérant le potentiel et la croissance
actuelle, les pays africains ne sont pas
trop endettés. Par la dette, nous entendons bien la dette extérieure. L’index
Mundi montre très bien qu’à fin 2012,
l’Afrique du Sud, qui caracole en tête des pays africains, en matière de dette, avec 46 milliards de $, est
bien loin de ses alter ego, membres des BRICS (voir
graphe). En effet, la Chine avec 697 milliards de $, la
Russie 519 milliards de $, le Brésil 398 milliards de
$ ou encore l’Inde à 290 milliards de $, ont des niveaux d’endettement sans commune mesure avec le
pays à la dette la plus importante en Afrique. Ces
derniers sont bien loin des 14 710 milliards de $ des
États-Unis, des 9 836 milliards de $ du RoyaumeUni, des 5 633 milliards de $ de la France et des 5
624 milliards de $ de l’Allemagne, le quatuor de tête
de la dette extérieure mondiale. Certes, l’adage dit
qu’on ne prête qu’aux riches, notamment aux économies fortes et aux pays à monnaie stable, synonymes de gages de confiance. Mais, ce pays africain,
qui a rejoint le lot de ces pays qui disputent le leadership mondial aux économies les plus fortes, ne
fait-il pas partie des États nantis de la planète ? Interrogation légitime, lorsqu’on ajoute aux fondamentaux, la richesse de son sous-sol (platine, or,
diamant…) et une population jeune.
Un nouveau départ
La dette des pays africains, compte tenu de la faiblesse du niveau de développement de nombreux
pays, a même été, pendant une période, considérée
comme excessive. Le Consensus de Washington,
terme inventé par John Williamson, qui est un ensemble de recommandations destinées aux pays
en voie de développement, a été avancé pour faire
face à cela. Selon cette théorie, pour atteindre la
prospérité, il faut une faible intervention étatique,
une limitation des contrôles, un équilibre budgétaire étatique et la privatisation des entreprises publiques. Malheureusement, on connaît la suite…
Le Consensus n’a pas pu permettre d’éviter le surendettement de pays en développement. Si des
pays sur la voie de l’émergence, singulièrement les
Dragons de l’Est, ont su instaurer une discipline
budgétaire et arriver à une santé financière, s’imposant de suivre les conseils de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, et
transformer les essais d’une croissance porteuse
de revenus, en Afrique, plusieurs cas de gabegie,
de détournement de deniers publics, de mauvaise
gestion… ou encore d’instabilités politiques, ont
donné naissance à l’Initiative PPTE (Pays pauvres
très endettés) en 1996. Elle a été justement lancée
pour éviter que la charge de la dette de certains
pays africains n’hypothèque pas leur croissance.
Le manque de ressources, ajouté au service de la
dette, risquait d’amener ces États à l’asphyxie financière. La crainte des effets systémiques de la
dette signifiant un effondrement de membres du
Club de Londres (créanciers privés parmi lesquels
de grandes banques américaines) fut sans fonde-
6 février 2014 Les Afriques
. 51
DOSSIER
Graphes comparatifs de la dette, à fin 2012 (des montants sans commune mesure)
Montant Dette extérieure en Mrds $
ment. Jugez-en vous-mêmes. À titre comparatif,
jusqu’en 2012, à côté de dettes de la Turquie à 307
milliards de $, des Émirats arabes unis (159 milliards de $), le Qatar (125 milliards de $), ou encore l’Arabie saoudite (106 milliards de $), le
second pays africain au titre de la dette extérieure,
à savoir l’Égypte, ne devait que 34 milliards de $.
Le Maroc (28 milliards de $), la Tunisie (23 milliards de $), la RDC (15 milliards de $), la Côte
d’Ivoire (11 milliards de $), le Nigéria (10 milliards de $) font partie des rares pays à devoir plus
de 10 milliards de $ à l’étranger (voir graphe). Les
niveaux d’endettement peuvent même paraître ridicules, face aux énormes besoins en infrastructures. Il est vrai que des séries d’effacements de
dettes ont eu lieu ces dernières années. Après les
évènements malheureux de la Côte d’Ivoire, le
Club de Paris (créanciers publics) a pratiquement
effacé toute l’ardoise de ce pays, soit 5 milliards de
$. Dans le cadre de l’Initiative PPTE, les institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) ont agi de la sorte, effaçant 4,6 milliards de
$. Il est vrai qu’à côté de ces cas, il y eut de nombreux autres cas de suspension d’assistance finan52 Les Afriques .
6 février 2014
cière, chaque fois que des détournements de fonds
ont été avérés ou soupçonnés.
Endettements massifs
pour financer le développement
Aujourd’hui que la bonne gouvernance aidant,
l’Afrique où la croissance est forte pourrait profiter
de cette situation et réduire le poids de la dette (rapport Dette/PIB), grâce notamment aux recettes fiscales. Rappelons que tant que ce rapport est stable,
voire faibli, l’endettement reste tenable. Par contre,
le surendettement s’installe lorsque les revenus ne
suivent pas. Le défi actuel est d’arriver à rééquilibrer
les comptes, sur une décennie, surtout en cas d’apports financiers massifs, via des émissions d’emprunts obligataires (très en vogue actuellement un
peu partout et souvent sursouscrites) ou dans le
cadre de dettes bilatérales. Il s’agira d’éviter surtout
de connaître le sort de pays européens qui ont une
période douloureuse de la dette (Portugal, Grèce,
Espagne…) et pourquoi pas prendre l’exemple de
la Norvège, un pays créditeur, qui se développe le
plus naturellement...
Daouda MBaye
Cameroun L’emprunt obligataire
de 200 Mrds de f CFA sursouscrit
Les membres de la BEAC ont exprimé leur satisfecit sur le
déroulement de l’emprunt obligataire, au terme de leur neuvième
session, un an avant la fin des opérations.
A
lors que l’on s’achemine vers le bouclage
de l’emprunt obligataire de 200 milliards
de f CFA de l’Etat du Cameroun dénommé «ECMR 5,60% 2010-2015», les
représentants de la masse des obligataires
qui se sont retrouvés à Douala, lors de la neuvième session ordinaire de la BEAC ont exprimé leur satisfecit au
sujet du déroulement de cette opération. Ceux-ci étaient
réunis pour procéder à la vérification de l’effectivité et
de l’opérationnalité du mécanisme de sûreté dudit emprunt, les représentants ont indiqué que les opérations
se déroulent conformément au tableau d’amortissement préalablement retenu, avant de se «réjouir du bon
fonctionnement du mécanisme de sûreté de l’emprunt».
Il a été notamment question pour les représentants de la
masse monétaire de faire l’historique du compte de
«Dépôt spécial-Amortissement de l’emprunt obligataire
de l’Etat «ECMR 5,60% 2010-2015» ouvert dans les livres de la direction nationale de la Banque des Etats de
l’Afrique centrale (BEAC).
Après avoir examiné toutes les opérations, il ressort que
«les sommes correspondant au paiement de la troisième
échéance, notamment la deuxième tranche du capital en
plus des intérêts, prévu le 29 décembre 2013, soit une provision mensuelle de 4,8 milliards de f CFA, ont été régulièrement virées au crédit dudit compte, de janvier à
décembre 2013», ont convenu des participants. Ce
compte présente, depuis le 17 décembre 2013, un solde
disponible de 58,4 milliards de f CFA, correspondant à
la somme requise pour le remboursement de cette
échéance. En 2010, le Cameroun avait lancé sur le marché de la Bourse nationale des valeurs mobilières, la
Douala Stock Exchange (DSX), un emprunt obligataire
de 200 milliards de f CFA afin de procéder au financement des projets de développement. Le pays venait alors
de lancer certains programmes économiques structurants dans la perspective d’une émergence économique
au cours des deux prochaines décennies. En 2013, l’Etat
du Cameroun a procédé au lancement d’un emprunt
obligataire de 50 milliards de f CFA, au terme duquel 80
milliards de f CFA ont été levés.
Achille Mbog Pibasso, Douala
Yaoundé,
capitale du Cameroun
6 février 2014 Les Afriques
. 53
DOSSIER
Tchad
Plus de 90 Mrds de f CFA levés
Le deuxième emprunt obligataire de l’Etat tchadien a connu un succès
lors des souscriptions concomitamment menées sur les deux marchés
financiers que compte l’Afrique centrale.
Ndjaména,
capitale du Tchad
L
es autorités tchadiennes ne cachent pas leur
satisfecit au sujet de l’emprunt obligataire
de «Etat du Tchad 6% 2013-2018» dont les
souscriptions ont pris fin en décembre dernier. Au total, ce sont 90,2 milliards de f CFA
qui ont été mobilisés, alors que le plancher initial était
fixé à 85 milliards de f CFA. Un calcul rapide permet
de se rendre compte que ce sont 5,2 milliards de f CFA
supplémentaires qui ont été engrangés au terme des
souscriptions. De quoi satisfaire également les deux arrangeurs de l’opération, en l’occurrence la Banque gabonaise et française internationale (BGFI) pour le
marché régional, la Bourse des valeurs mobilières
d’Afrique Centrale (Bvmac), à Libreville, au Gabon, et
la Société camerounaise de banques (SCB), filiale du
groupe marocain, Attijariwafa bank, pour la Bourse nationale des valeurs mobilières du Cameroun et la
Douala Stock Exchange (DSX). Une succincte analyse
du déroulé de l’opération révèle un gros succès de l’emprunt obligataire de l’Etat tchadien au Cameroun, ce
qui confirme la position de ce pays de la zone Cemac
(Communauté économique et monétaire de l’Afrique
centrale) dans la promotion des nouveaux mécanismes
de financement autres que ceux des banques classiques.
54 Les Afriques .
6 février 2014
En effet, 58 milliards de f CFA de l’emprunt obligataire
du Tchad ont été souscrits au Cameroun, ce qui représente environ 70% des 85 milliards de f CFA recherchés
par le Tchad pour la construction des infrastructures.
Les autorités tchadiennes ont indiqué que le lancement
de cet emprunt obligataire avait pour objectif principal la mobilisation des fonds pour la réalisation des
projets structurants, raison pour laquelle cet argent sera
essentiellement utilisé pour la construction de la Cité
internationale des affaires de N’Djamena, la capitale
politique du Tchad, alors que ce pays se prépare pour
accueillir l’année prochaine un sommet des chefs d’Etat
et de gouvernement de l’Union africaine. Les travaux
de construction de cette cité devant mobiliser quelque
250 milliards de f CFA et dont l’Etat n’en disposerait
que d’un peu plus de la moitié.
Le Tchad a lancé le premier emprunt obligataire en
2011 sur le marché de la Bvmac et la DXS pour un
montant de 100 milliards de f CFA. Plus de 50 milliards de f CFA, soit un peu plus de la moitié des souscriptions, avaient déjà été enregistrés sur le marché
boursier camerounais, de plus en plus outillé à ce
genre d’opérations.
Achille Mbog Pibasso, Douala
Le Japon à la conquête de l’Afrique
Le Japon est devenu un bailleur de fonds de premier plan pour
l’Afrique. Depuis 2013, le pays s’efforce de reprendre pied en Afrique, à
coup d’aide massive, dans un contexte de rivalité avec la Chine.
C
omme pour contrer l’expansion de la
Chine en Afrique, le Japon essaie depuis
deux ans de renforcer sa position en
Afrique. Un continent qu’il connaît depuis longtemps puisqu’il y est présent
depuis des décennies. En dépit de l’existence de relations très anciennes avec l’Afrique, le Japon ne représente que 2,7% des échanges commerciaux du
continent, loin derrière la Chine qui accapare 13,5%,
selon les données de l’Organisation de coopération et
de développement économiques (OCDE).
32 milliards de $ d’aide à l’Afrique
Aujourd’hui, le Japon tente de rattraper ce retard.
Ainsi, lors de la cinquième Conférence de Tokyo pour
le développement de l’Afrique (TICAD), organisée à
Yokohama en juin 2013, le Japon a promis 32 milliards
de dollars d’aide sur les cinq prochaines années, dont 14
milliards de dollars d’aide publique au développement.
À tour de bars, l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) apporte de l’aide massive aux pays
africains sous forme de subventions et de prêts.
Lors de sa dernière tournée en Afrique, en janvier
2014, le Premier ministre nippon a également annoncé que le Japon va doubler le montant de ses prêts
au secteur privé africain, pour les porter à 2 milliards
de dollars. S’exprimant au siège de l’Union africaine
(UA), à Addis Abeba, il a insisté sur la nécessité pour
le Japon de renforcer les relations économiques avec
l’Afrique. «L’Afrique est devenue le continent porteur
d’espoir pour le monde, à travers son potentiel de ressources et le dynamisme de sa croissance économique»,
a-t-il souligné.
L’Afrique devra donc désormais compter le pays du
Soleil-Levant parmi ses principaux bailleurs de fonds.
I.S
DOSSIER
Quand la Chine
finance l’Afrique
Depuis le début des années 2000, la Chine est devenue l’un des moteurs
de l’économie mondiale. Pékin est également devenue un partenaire
commercial et un bailleur de fonds incontournable pour Afrique.
Shanghai,
centre d’affaires mondial
Depuis une
décennie, la
Chine a
considérablement
renforcé ses
échanges
commerciaux et
son partenariat
financier avec
l’Afrique.
56 Les Afriques .
6 février 2014
L’
émergence de nouvelles puissances
telles que les pays des BRICS, comme
la Chine, le Brésil et l’Inde, offre à
l’Afrique une alternative pour lever
les financements nécessaires à son développement. Sur ce registre, la Chine est devenue un
bailleur de fonds de premier plan pour l’Afrique.
«Nous allons aider l’Afrique à développer ses capacités
financières (...). Nous allons fournir dix milliards de
dollars à l’Afrique en prêts bonifiés», avait déclaré le
Premier ministre chinois, Wen Jiabao, à l’ouverture
du Forum Chine-Afrique qui s’était tenu en 2009 à
Charm el-Cheikh (en Égypte).
Depuis une décennie, la Chine a considérablement
renforcé ses échanges commerciaux et son partenariat financier avec l’Afrique. Avec environ 200 milliards de dollars de flux, la Chine est désormais le
premier partenaire commercial de l’Afrique. Intervenant de plus en plus dans la construction de grandes
infrastructures sur le continent, Pékin finance en
grande pompe les pays africains.
En 2006, la Chine a financé les États africains en leur
versant pas moins de 5 milliards de dollars (soit environ 4 milliards d’euros). À fin 2009, la Chine avait
accordé 10 milliards de dollars de prêts aux pays
d’Afrique. Puis en 2012, lors de l’ouverture du
Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) qui
s’est tenu à Pékin, le président Hu Jintao avait annoncé que son pays allait doubler le montant de ses
prêts accordés aux pays africains sur la période
2012-2015, passant de 10 à 20 milliards de dollars.
Pour concrétiser ses prêts, ce sont China Exim Bank
(la banque de l’import-export) et China Development Bank (CDB, financement des actions de la
Chine à l’étranger) qui sont les bras financiers de
Pékin à l’étranger. Ainsi, selon le quotidien britannique The Financial Times, China Exim Bank et
China Development Bank ont ainsi accordé plus de
110 milliards de dollars de prêts dans le monde
entre 2009 et 2010.
Ibrahim Souleymane
L’aide internationale
Une dette déguisée
Dans son ouvrage «L’aide fatale : les ravages d’une aide inutile et de
nouvelles solutions pour l’Afrique», Dambisa Moyo souligne que
l’assistance financière continue d’être surtout un vrai désastre, sur le
plan économique, politique et humanitaire.
P
our l’écrivaine économiste Dambisa Moyo,
née en Zambie, il est nécessaire de sortir de
la politique d’assistanat de la période postcoloniale, dont les résultats sont «entre
mauvais et désastreux», pour passer à une
politique d’accompagnement au développement. Ce
livre offre aux pays en développement des propositions
pour financer le développement plutôt que de compter
sur l’aide internationale. Dambisa Moyo a signalé que
ses arguments reposaient sur ceux d’économistes favorables au marché. Le Financial Times résume le raisonnement de l’ouvrage ainsi, «une assistance au
développement sans limite aux gouvernements africains
a favorisé la dépendance, encouragé la corruption et, en
fin de compte, perpétué la gouvernance médiocre et la
pauvreté». Dambisa Moyo déclare que l’aide internationale contribue à perpétuer le cycle de pauvreté et empêche la croissance économique en Afrique. A ce propos,
Kofi Annan, l’ancien secrétaire général des Nations unies
témoigne que «Dambisa Moyo montre de façon
convaincante le besoin d’une nouvelle approche sur
l’Afrique».
Club de Paris, un prêteur de dettes
Le Club de Paris est un groupe informel de 19 pays
créanciers (USA, Japon, Australie, Russie et 15 membres
européens, dont la France), dont le rôle est de trouver
des solutions coordonnées et durables aux difficultés de
paiement de pays débiteurs. Les créanciers de ce Club,
dont la première réunion s’est tenue en 1956, peuvent
accorder des allègements de dette extérieure publique
pour les pays pauvres endettés. Depuis sa création, le
Club de Paris a conclu 428 accords avec 90 pays endettés, pour un montant total de dette traitée de 573 milliards de dollars. L’accord le plus récent est lorsque le
Club de Paris a accordé une annulation de dette à
l’Union des Comores dans le cadre de l’initiative renforcée en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE)
pour un montant de 8,06 millions de dollars. D’après
un rapport du Sénat de novembre 2012, concernant le
projet de loi de Finances 2013, la France consacre environ 1 milliard d’euros par an à l’annulation ou l’allègement de la dette des pays pauvres, en acceptant
d’abandonner une partie du montant des prêts concédés dans le cadre de l’Aide publique au développement.
Le Club de Paris et le Club de Londres sont accusés
d’opérer «en secret et de manière informelle, évitant
les situations embarrassantes pour les créanciers autant que pour les débiteurs». En 2006, un nombre important d’organisations non gouvernementales ont
demandé le changement des règles de fonctionnement du Club de Paris, en particulier en matière de
transparence. Il est à souligner que les décisions du
Club de Paris sont conditionnées à l’acceptation par
les pays débiteurs des programmes d’ajustements
structurels du Fonds monétaire international et de la
Banque mondiale.
S.T
DOSSIER
La structure des bailleurs de fonds
à l’Afrique risque de changer
Les bailleurs de fonds internationaux continuent de s’intéresser au
développement et à l’avenir de l’Afrique. Mais depuis quelques années,
d’autres acteurs privés, dans le cadre de partenariats publics-privés,
prennent place dans le financement de projets de développement.
Siège de la BAD à Tunis
L’
Afrique est l’un des continents
dont le développement et l’avenir
ont été liés aux apports des bailleurs de fonds internationaux, notamment dans la cadre de projets
de développement financés par les institutions
dites multilatérales. D’abord, il y a lieu de préciser la notion de bailleurs de fonds. Celle-ci recouvre tous les types de créanciers : prêteurs
d’argent. Théoriquement, le bailleur de fonds
peut être une personne physique ou morale (une
institution). Mais en pratique, les bailleurs de
fonds sont des institutions spécialisées capables
de mobiliser des moyens financiers importants
pour les mettre à la disposition des demandeurs.
58 Les Afriques .
6 février 2014
Jusqu’à peu, cette catégorie se limitait à des institutions comme la Banque mondiale, le FMI, la
BAD, l’AFD… Mais depuis quelques années,
d’autres acteurs privés, ou dans le cadre de partenariats publics-privés, prennent place dans le financement des projets de développement en
Afrique. Les intervenants classiques sur le continent restent les bailleurs de fonds institutionnels
internationaux qui sont soit multinationaux, faisant intervenir des institutions financières en relation avec plusieurs États comme le FMI, la BM,
la BAD…, ou bilatéraux qui font intervenir des
institutions financières en relation avec un seul
État, comme le cas de l’AFD, le KfW, etc. Les fonds
alloués par ces deux catégories de bailleurs de
La baisse de la
prime de
l’Afrique, l’amélioration du
climat des
affaires et les
potentiels de
croissance ont
donné de l’appétit aux bailleurs
de fonds privés.
fonds à l’Afrique dépendent des budgets des États
membres. La crise financière et notamment ses
conséquences sur les budgets des États des pays
dits développés a entraîné une baisse des ressources dédiées à l’aide au développement et le
soutien aux projets menés dans le cadre des PPP.
En effet, selon des statistiques récentes, l’aide au
développement a reculé de 4% en valeur réelle en
2012, après avoir baissé de 2% en 2011. Comme
expliqué précédemment, la poursuite de la crise
financière et des turbulences dans la zone euro a
conduit plusieurs États membres à revoir le niveau de leurs aides et financements à destination
des pays pauvres, notamment en Afrique. Mais,
des pays à revenus intermédiaires dans ce qu’on
appelle catégorie pays émergents ont comblé ce
vide. Un redéploiement important de l’aide des
pays les plus pauvres vers les pays à revenu intermédiaire s’est opéré depuis quelques années. La
Chine, l’Inde, le Brésil et d’autres pays en développement offrent aux pays africains de nouvelles
sources de financement, leur permettant de réduire leur dépendance vis-à-vis des bailleurs de
fonds traditionnels du Nord. L’avantage qu’offrent ces pays est qu’ils sont moins exigeants sur
certains aspects de la gouvernance comparativement aux bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux des pays développés. Cependant, la baisse
des montants octroyés par les bailleurs de fonds
suite à la crise des finances publiques a été compensée par un gain sur le service de la dette (intérêt payé) suite à la baisse des taux d’intérêt des
principales devises depuis 2008, mais aussi en
conséquence de l’amélioration de la prime de
risque des principaux pays du continent. La baisse
de la prime de l’Afrique, l’amélioration du climat
des affaires et les potentiels de croissance ont
donné de l’appétit aux bailleurs de fonds privés.
Ces derniers sont des investisseurs étrangers ou
locaux non adossés à des États, comme les fonds
d’investissement. Ils prennent de plus du poids et
concurrencent les bailleurs de fonds classiques. Là
aussi, il y a un changement de fond. Si dans le
passé certains fonds d’investissement adossés à
des bailleurs de fonds bilatéraux comme Proparco
étaient les principaux intervenants privés dans le
financement des projets de développement, on assiste aujourd’hui à un flux massif de fonds provenant de toutes les catégories de fonds, surtout
ceux adossés à des banques d’affaires anglosaxonnes. Cette tendance est notamment impulsée par les fonds d’investissement, attirés par les
retours sur investissement supérieurs à la
moyenne mondiale sur des projets de développement des infrastructures, de la santé, etc. qui offrent des rendements importants et dont la
gouvernance est souvent faite dans le cadre de
PPP. L’engouement des bailleurs de fonds de tous
types continuera à favoriser le changement dans
la structure des fonds à destination de l’Afrique
avec de plus en plus de bailleurs de fonds privés et
publics en provenance des pays émergents (partenariat Sud-Sud) et de moins en moins de fonds
en provenance des pays développés en mal de
croissance et en proie à des difficultés budgétaires.
Abdelaziz Enasri
Dr en économétrie et Executive MBA
Consultant financier international
Afflux attendu de fonds de
pays émergents
6 février 2014 Les Afriques
. 59
ARRÊT SUR IMAGE
Tunisie
Le 29 janvier 2014. Le président Moncef Marzouki (au centre)
et Mehdi Jomaâ (2ème à gauche) posent avec le nouveau
gouvernement. Le Parlement de la Tunisie a voté la nouvelle
Constitution et approuvé un gouvernement intérimaire
technocratique chargé de diriger le pays.
60 Les Afriques .
6 février 2014
6 février 2014 Les Afriques
. 61
FOCUS
Echec de l’industrialisation
de l’Algérie
L’objet de cette contribution est de s’éloigner des discours populistes, en posant la problématique du processus de privatisation en
Algérie, acte non technique mais éminemment politique. En réponse
au ministre algérien de l’Industrie, le processus de privatisation en
Algérie n’a pas échoué puisqu’il n’a jamais réellement commencé.
L
L’objectif de la
démonopolisation
et de la
privatisation est
de renforcer la
mutation
systémique de la
transition d’une
économie
administrée vers
une économie de
marché
concurrentielle.
62 Les Afriques .
6 février 2014
e 9 décembre 2013, le ministre de l’Industrie a déclaré devant les membres
du Conseil de la Nation : «Le secteur industriel algérien compte 860 entreprises publiques, qui emploient 278 000
travailleurs avec un chiffe d’affaires qui avoisine
800 milliards de DA. A ce chiffre, il faut rajouter
345 entreprises affiliées aux 18 SGP employant 92
000 travailleurs… le processus de privatisation des
entreprises publiques a échoué, le gouvernement
prévoyant un fonds spécial pour la réhabilitation
des entreprises ayant la capacité de réaliser des
projets en partenariat de 400 milliards de dinars».
Si l’on excepte la période 1995/1999, où le processus a été bloqué, le Conseil de privatisation
n’ayant rien privatisé, la situation sécuritaire étant
une des explications, la gesticulation entre
2000/2009, discours sans réalisations concrètes et
aucune vision stratégique, destiné surtout à l’international, excepté quelques PMI/PME et
quelques surfaces commerciales, l’ancien ministre
envisageait en 2012 de privatiser entre 150 et 200
petites et moyennes entreprises (PME) publiques
à fin 2013 dans les domaines de l’industrie manufacturière, le textile, les matériaux de construction, l’agroalimentaire. La part des opérateurs
privés nationaux pouvait atteindre 60% contre
40% pour l’État dans certains cas et quand l’usine
est à l’arrêt, l’opérateur national pourrait obtenir
jusqu’à 99% des parts pour relancer l’activité.
Quant aux opérateurs étrangers, la règle des
49/51% est appliquée. Un «appel à projet pour
partenariat» avait été lancé aux opérateurs algériens et étrangers dans 18 filières, appel qui devait
expirer le 31 décembre 2013.
Quel est l’objectif stratégique du couple
démonopolisation/privatisation ?
L’on ne doit pas confondre privatisation et démonopolisation complémentaire, tous deux, processus éminemment politique, allant vers le
désengagement de l’Etat de la sphère économique
afin qu’il se consacre à son rôle de régulateur stratégique en économie de marché. La privatisation
est un transfert de propriété d’unités existantes vers
le secteur privé, par contre la démonopolisation
consiste à favoriser l’investissement privé nouveau.
L’objectif de la démonopolisation et de la privatisation est de renforcer la mutation systémique de
la transition d’une économie administrée vers une
économie de marché concurrentielle. La privatisation ne saurait s’assimiler au bradage du patrimoine public. Pour cela, elle doit favoriser une
grande efficience de l’économie, donc la croissance
et la création d’emplois, substituer des critères de
gestion économiques à des critères politiques, éliminer les rigidités administratives, alléger les
contraintes budgétaires, contribuer à la compétitivité et à la modernisation des places financières. La
privatisation présente l’avantage de renforcer la capitalisation boursière d’une place, d’augmenter
considérablement le nombre des transactions et
d’améliorer la liquidité du marché et, partant, la capacité d’attraction de l’épargne étrangère. Elle doit
permettre de lutter contre les rigidités syndicales,
la promotion de certaines entreprises sur le plan
commercial et auprès des investisseurs étrangers,
favoriser et promouvoir des équipes de managers
et développer une classe moyenne porteuse de dynamisme social. Aussi, la privatisation est avant
tout un processus de restructuration globale de
6 février 2014 Les Afriques
. 63
FOCUS
Le pétrole, principale
source de revenu
L’Etat entrepreneur et exploitant
direct doit
s’effacer peu à
peu pour laisser
place à un Etat
exerçant la
puissance
publique.
64 Les Afriques .
6 février 2014
l’économie avec des incidences politiques et sociales de recomposition du pouvoir, expliquant les
résistances des tenants de la rente qui se servent au
niveau du secteur d’Etat, les gagnants d’aujourd’hui n’étant pas forcément ceux de demain.
La privatisation est donc un processus fondamental d’une politique de relance et doit être au cœur
de la nouvelle politique économique pour trois raisons essentielles : premièrement, sa contribution à
l’effort de stabilisation macro économique, deuxièmement la promotion des exportations hors hydrocarbures et troisièmement la transformation
globale de l’économie par la réduction du chômage. En d’autres termes, l’Etat entrepreneur et
exploitant direct doit s’effacer peu à peu pour laisser place à un Etat exerçant la puissance publique
et qui sera conforté dans ses missions naturelles
d’arbitrage et de régulation. D’une manière générale, ce qui est stratégique aujourd’hui peut ne pas
l’être demain. Car ce que l’on entend par secteur
stratégique et non stratégique doit être appréhendé, non en statique mais en dynamique du fait
à la fois de l’évolution du monde et de la structure
de l’économie algérienne. Ainsi la règle des
51/49% qui se fonde sur une vision essentiellement idéologique dépassée, où l’on peut démontrer que le partenaire étranger prend peu de
risque, les surcoûts étant supportés par l’Algérie
via toujours la rente, me semble inappropriée sans
avoir défini ce qui est stratégique et ce qui ne l’est
pas à partir des critères objectifs. Le blocage de
l’investissement en Algérie ne réside pas dans des
changements de lois ou d’élaboration de stratégies utopiques, vision bureaucratique, comme on
ne combat la sphère informelle (40% de la masse
monétaire en circulation avec une concentration
du capital argent au profit de quelques oligopoleurs tissant des liens avec certains segments du
pouvoir de la sphère réelle ), elle-même produit
de la logique rentière et de la bureaucratie, par des
mesures administratives autoritaires, où il est plus
facile d’importer que d’investir.
Pourquoi la panne du processus
de privatisation en Algérie ?
Il faut s’attaquer à l’essentiel qui est la gouvernance
mitigée et la faiblesse de l’Etat de droit, liées à une
profonde moralisation de ceux qui gèrent la Cité.
Sans vision stratégique, comment adapter l’Algérie
à la mondialisation par plus d’espaces de liberté, en
levant les contraintes d’environnement afin de permettre l’épanouissement de l’entreprise créatrice de
richesses, en combattant non par des textes mais
réellement cette corruption socialisée qui menace
les fondements de l’Etat algérien, poussant la majorité à se tourner vers les valeurs spéculatives. Il ne
La base de la
réussite du
processus de
privatisation doit
reposer sur une
transparence
totale et une
large adhésion
sociale.
faut pas s’attendre à une véritable relance économique. Il y a lieu de souligner que la base de la réussite du processus de privatisation doit reposer sur
une transparence totale et une large adhésion sociale. Dans les pays développés, le niveau élevé
d’éducation favorise la transmission de l’information étant dans une économie de marché structurée. En cas de non-vision stratégique axée sur la
concurrence, le processus de privatisation s’avérera
un échec patent avec le risque de passage d’un nouveau monopole, source de surcoût et d’inefficience.
Comme nous l’avons montré dans plusieurs contributions nationales et internationales récentes en posant la problématique du futur rôle de l’État dans
ses relations avec le marché, il s’agit de faire naître le
marché dans un contexte de non marché, à travers
cette mutation systémique bouleversant la cohérence des anciens réseaux, pour créer une dynamique nouvelle à travers de nouveaux réseaux
acquis aux réformes (de nouvelles forces sociales)
dans le cadre d’une nouvelle cohérence synchronisée avec les mutations de l’économie mondiale.
Cette dynamique sociale est seule à même d’éviter
ce manque ce cohérence et de visibilité dans la politique socio-économique dont les changements
perpétuels de cadres juridiques (fonction des rapports de force au niveau du pouvoir) en sont l’illustration. Il y a plusieurs centres de décisions
politiques, atomisant celles-ci et les rendant volontairement opaques, traduisant le non-consensus.
Les contraintes rencontrées
sur le terrain
Je recense cinq contraintes institutionnelles en Algérie. Premièrement, les expériences réussies qui ont
suscité l’adhésion populaire montrent la création
d’une grande Agence des privatisations, ayant une
mission transitoire, composée d’experts de haut niveau, relativement autonome sous la dépendance de
la présidence ou du chef du gouvernement ou des
parlements. Deuxièmement, il s’agit d’éclaircir
concrètement les relations fonctionnelles qui ne sont
pas clairement définies notamment entre le ministère chargé des Participations, les structures du ministère des Finances (direction des domaines, de la
fiscalité, des douanes et des banques primaires), les
autres départements ministériels pour éviter les susceptibilités entre différents ministres -en termes de
pouvoir économique- et les relations avec les autorités locales qui n’ont pas été associées à ce processus
alors qu’elles entretiennent des relations directes
avec l’environnement, et sans leur adhésion ce processus peut être avorté. Troisièmement, ne convientil pas de mieux définir à l’avenir ce que l’on entend
par partenariat loin de tout slogan idéologique, l’objectif étant l’efficience économique, base de la cohésion sociale future, avec l’autonomisation de la
décision économique évitant les fameux slogans des
chartes socialistes du passé secteur privé facteur
complémentaire du secteur d’Etat ? Quatrièmement,
l’expérience menée sur le terrain a montré des
Le gaz, l’autre source
principale de revenu
6 février 2014 Les Afriques
. 65
FOCUS
Réelle privatisation et
désengagement de l’Etat
Les capitaux
mobiles vont
s’investir là où
les obstacles
économiques et
politiques sont
mineurs.
66 Les Afriques .
6 février 2014
comptabilités défectueuses, confirmant un écart
entre le réel et le bilan côté terrain. La majorité des
unités évaluées n’ayant pas de comptabilité analytique afin de cerner les coûts. Cinquièmement, les
délais entre le moment de sélection de l’entreprise à
privatiser, les évaluations, les avis d’appel d’offres, le
transfert au Conseil des participations de l’Etat sous
la présidence du chef du gouvernement, puis au
Conseil des ministres et la délivrance du titre final
de propriété ne sont pas clairement datés ce qui
risque de décourager tout repreneur. Car en ce
monde les capitaux mobiles vont s’investir là où les
obstacles économiques et politiques sont mineurs,
le temps étant de l’argent. Or, seule une synchronisation clairement définie permettrait d’éviter les
longs circuits bureaucratiques.
Quelles sont donc les actions à mener ?
Les répartitions de compétences devront être précisées pour savoir qui a le pouvoir de demander
l’engagement d’une opération de privatisation, de
préparer la transaction, d’organiser la sélection de
l’acquéreur, d’autoriser la conclusion de l’opération,
de signer les accords pertinents et de mettre en
œuvre les accords de privatisation et s’assurer de
leur bonne exécution.
Il faut être attentif tant à la méthode qu’à la tech-
nique de privatisation qui ne sont pas neutres mais
traduisent des rapports de force au niveau de la société, soit la volonté d’accélérer le processus soit
d’opter pour le gradualisme. Le processus de privatisation comprend plusieurs phases contenues dans
un programme subdivisé en plusieurs étapes dont
certaines constituent un passage douloureux mais
déterminant pour l’entreprise. La méthode usuelle
consiste à établir d’abord un diagnostic aussi complet que possible comprenant la situation de l’outil
de production, la qualité des produits, la position
commerciale, l’analyse de la compétitive avec des
normes internationales, le diagnostic financier, le
diagnostic fiscal, l’étude de l’environnement local,
national et international, l’évaluation du management et la qualification du personnel. A l’issue du
diagnostic l’on peut élaborer un scénario de privatisation, accompagné de plusieurs alternatives tenant compte de la politique économique du
gouvernement, des contraintes qui s’imposent tant
au pays qu’à l’entreprise ainsi que des propositions
de choix stratégiques à moyen et long terme. Ces
propositions concernent en général le plan budgétaire, le plan industriel, le plan financier, le plan
commercial, le plan d’emploi et la mise en œuvre
du calendrier. C’est la demande, c’est-à-dire le marché, qui est l’élément déterminant (taux directeur
C’est à l’Etat de
décider, par une
politique
volontariste, de
créer telle ou
telle autre filière.
du profit, existant un marché mondial de privatisation) et non l’offre. C’est donc le taux de profit sectoriel mondial qui est indicateur de référence, et
dans la plupart des pays qui ont engagé la privatisation, il y a eu décote d’environ 20% par rapport à la
valeur déterminée (en comparaison à des projets
neufs) pour attirer les investisseurs nationaux et internationaux. C’est d’ailleurs avec cette illusion bureaucratique des années 1970/1980 que certains
récemment en Algérie croient que c’est à l’Etat de
décider, par une politique volontariste, de créer telle
ou telle autre filière. L’économie algérienne est appelée à évoluer au sein d’une économie ouverte,
étant liée à un Accord d’association, voulant adhérer à l’OMC. Est-ce que ces filières que l’on installe
aujourd’hui, opérationnelles seulement vers
2015/2016, seront pérennes lorsque le dégrèvement
tarifaire sera zéro horizon 2020 ? Pour preuve, l’assainissement volontariste des entreprises publiques
a coûté au Trésor public plus de 60 milliards de dollars entre 1971/2012. Selon un rapport interne au
ministère de l’Investissement, plus de 70% sont revenues à la case départ. Avec un dinar qui se cote à
plus de 100 dinars un euro (150 dinars sur le marché parallèle), cela n’a pas permis de dynamiser les
exportations hors hydrocarbures. Et l’on peut montrer que la dépense publique via les hydrocarbures
entre 2004/2013 a participé à plus de 80% du PIB,
directement et indirectement. Cela montre clairement que ce n’est pas une question de capital ar-
gent, mais les rigidités structurelles de l’économie
algérienne et que le blocage est d’ordre systémique.
En résumé, la réussite du processus de privatisation
en Algérie suppose une volonté politique de libéralisation conciliant l’efficacité économique et une
profonde justice sociale, ce qui ne signifie pas la fin
des entreprises publiques ayant de brillants managers qui doivent évoluer dans un cadre concurrentiel. Un contexte supposant l’application de leur
autonomie relative en ce monde turbulent et incertain devant prendre des décisions de management
stratégiques en temps réel. Or le retour à la gestion
administrée bloque les énergies créatrices. Aussi, la
réussite du processus de privatisation est intimement liée à l’approfondissement de la réforme globale elle-même en panne, devant par ailleurs
dynamiser la Bourse d’Alger actuellement en léthargie. Sa réussite est conditionnée par une plus
grande visibilité dans la politique socio-économique, un Etat de droit, et la démocratisation des
décisions économiques renvoyant à la transparence
la plus totale, évitant ce slogan creux de bradage du
patrimoine public par les tenants de la rente. Sans
diaboliser tant le secteur privé national qu’international. Monsieur le ministre, soyons réaliste et disons la vérité connue d’ailleurs par la majorité des
observateurs, le processus de privatisation n’a pas
échoué puisqu’il n’a jamais réellement commencé.
Dr Abderrahmane Mebtoul,
expert international
Une privatisation
quasiment au point mort
6 février 2014 Les Afriques
. 67
RELATIONS INTERNATIONALES
Addis-Abeba L’Union africaine
lance l’année de l’agriculture
Le 22ème Sommet de l’UA s’est tenu fin janvier 2014 à AddisAbeba. Les dirigeants de 54 pays africains réunis pendant 2
jours ont consacré leurs travaux autour du thème principal
«Agriculture et sécurité alimentaire». Les sujets brûlants
du moment n’ont pas été occultés.
L
a séance d’ouverture du sommet a été présidée par le Premier ministre éthiopien dont le
pays assurait la présidence tournante de l’institution continentale. Quatre orateurs se sont
68 Les Afriques .
6 février 2014
succédé à la tribune : la présidente de la commission
de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a planté le décor
et appelé les dirigeants à ne ménager aucun effort
pour assurer le bien-être des populations africaines
par le truchement de l’agriculture. Elle les a exhortés
aussi à intensifier les efforts en vue de parvenir à une
pacification en RCA et au Sud-Soudan. Ensuite, le représentant du secrétaire général de l’ONU a ,lui, axé
son intervention sur la question de la résolution des
crises et du maintien de la paix en RCA et au SudSoudan. Ce dernier, au nom du secrétaire général de
l’ONU, a assuré le continent du soutien de l’ONU à
accompagner l’Afrique dans son plan de pacification
et de maintien de la paix en RCA. Quant au troisième
intervenant, le Premier ministre haïtien, invité spécial,
il a tenu dans son allocution à réaffirmer l’appartenance de Haïti au continent. Il a également appelé le
continent à intensifier les relations Sud-Sud. Enfin, le
tout nouveau président élu de Madagascar Hery Rajaonarimampianina, dans un discours émotionnel, a
tenu à rappeler à la tribune de l’UA que Madagascar
était de retour dans la grande famille africaine. Il a déclaré en outre que Madagascar, pays fondateur de
l’OUA, vient de renouer à travers ce retour à sa place
dans le concert des nations et s’engage à prendre le
train du continent en marche en adhérant à l’agenda
de l’Union et à l’année 2014, déclarée année de l’agri-
Une vue de la conférence
culture. Ce retour est d’autant plus symbolique, car il
intervient au moment où l’Afrique continue de célébrer le jubilé d’or des 50 ans de l’OUA/UA.
Prenant enfin la parole, le premier ministre éthiopien
a exhorté les chefs d’Etat du continent à œuvrer pour
la paix, la sécurité et le bien-être des peuples du continent. Après la cérémonie d’ouverture, la présidence de
l’Union a été transmise au président de la République
de Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui est
monté à la tribune pour présider la suite des travaux.
Les discussions du sommet ont porté sur les crises au
Sud-Soudan et en Centrafrique en plus de l’Agenda
2063 qui est une feuille de route de 50 ans pour accélérer le développement du continent.
Malgré le fait que le sommet devait essentiellement
être consacré à l’agriculture et à la sécurité alimentaire, les conflits au Sud-Soudan et en Centrafrique
ont imposé le changement du calendrier initial. Le
sommet a débuté par une séance à huis clos consacrée à la concertation sur la composition du nouveau bureau de l’UA et les projets à l’ordre du jour
et du programme d’action.
Les chefs d’Etat africains ont observé une minute de
silence à la mémoire du leader sud-africain, Nelson
Mandela, décédé récemment. La présidente de la
Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, a passé en revue les principaux axes de
l’action de la commission au cours de l’année écoulée,
insistant sur l’importance de centrer l’action sur la
paix et la sécurité en Centrafrique et au Sud-Soudan.
Cependant, l’UA a appelé tous les Etats membres à tenir leurs engagements en consacrant 10% de leurs
budgets nationaux à l’agriculture. L’un des enjeux
majeurs de ce sommet a été de remettre la révolution
verte au cœur des préoccupations fondamentales, en
vue d’éradiquer la faim et la malnutrition. Évidemment ! s’exclame un représentant de la FAO à Addis
Abeba, «il faut relancer l’agriculture africaine pour
réussir la révolution agricole continentale.» En effet,
précise l’expert de la FAO, l’Afrique «est le continent
des crises alimentaires récurrentes, où les produits alimentaires de base restent inabordables pour les populations. En vérité, la quasi-totalité des Etats du continent
continuent de dépendre étroitement de l’aide alimentaire internationale, quand ils ne réduisent pas tout simplement leur politique agricole à des appels répétés à la
générosité internationale». Pourtant, avec les immenses ressources naturelles et agricoles du continent, le secteur de l’agriculture pourrait assurer un
réel décollage et nourrir le monde entier.
En marge du sommet, le président de la Banque africaine de développement et la présidente du Libéria
ont rendu public un rapport sur les Etats fragiles et
une première réunion s’est tenue sur le financement
des infrastructures du continent.
Rodrigue Fénelon
Envoyé spécial à Addis-Abeba
6 février 2014 Les Afriques
. 69
RELATIONS INTERNATIONALES
UA Mohamed Ould
Abdel Aziz aux
commandes
Le chef de l’Etat mauritanien, Mohamed
Ould Abdel Aziz, a été désigné à la
présidence en exercice de l’Union africaine
(UA), le 30 janvier à Addis-Abeba, à
l’ouverture des Assises de la 22ème session
ordinaire de l’organisation panafricaine.
D
ans une allocution prononcée pour la
circonstance, il a appelé «à l’organisation, sous l’égide de l’Union africaine
(UA) d’une conférence internationale
consacrée aux répercussions de l’immigration sur les économies et les sociétés africaines». Une manifestation dont l’objet doit être
basé sur une approche commune en vue de «limiter
la dimension désastreuse du phénomène migratoire». Dans ce discours inaugural, le nouveau président en exercice de l’UA s’est également engagé à
70 Les Afriques .
6 février 2014
placer son mandat dans une perspective de réalisation «des nobles objectifs auxquels aspirent les peuples africains : à savoir le renforcement de la place et
du rôle de l’Afrique dans le monde, la préservation
de son unité dans sa riche diversité et la consolidation de la démocratie, de la liberté, de la sécurité, de
la paix, de la stabilité et de la bonne gouvernance».
C’est la première fois depuis plus de 40 ans qu’un
président mauritanien assure la présidence en exercice de l’organisation panafricaine créée en 1963.
Ce fait est interprété comme le signe de renouveau
d’une diplomatie un peu plus tournée vers le continent africain, après les années d’une arabité «exclusive» prônée par le régime de Maaouya Ould
Sid'Ahmed Taya (1984-2005), selon l’avis de nombreux analystes politiques à Nouakchott.
Au plan historique, géographique et humain, la
Mauritanie est un pays charnière entre l’Afrique
subsaharienne et le Maghreb. Cependant, elle reste
encore en marge de la Communauté économique
des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), suite à
un retrait décidé en 1999.
Un constat qui renvoie à une époque marquée par le
refus d’assumer sa double appartenance et la richesse de son héritage.
Mohamed Ould Abdel Aziz est un ancien général,
auteur d’un putsch militaire qui a renversé un président démocratiquement élu, le 6 août 2008.
Un épisode suivi d’une grave crise politique et institutionnelle. Il a été élu président de la République
le 18 juillet 2009, avec 52% des suffrages dès le premier tour d’un scrutin contesté par l’opposition.
Amadou Seck, Nouakchott
6 février 2014 Les Afriques
. 71
RELATIONS INTERNATIONALES
72 Les Afriques .
6 février 2014
Méditerranée Mouroir
de migrants clandestins
Au cours de l’année 2013, qui vient de s’écouler, quelque
45 000 migrants ont risqué leur vie en Méditerranée, en
tentant d’atteindre les côtes italiennes et maltaises. Le
nombre de morts, proportionnel à ce chiffre record, ne
faiblit pas…
U
ne hausse du nombre de personnes
fuyant la guerre et les régimes oppressifs, pour se réfugier sur la rive nord
de la Méditerranée, a été constatée en
2013. José Angel Oropeza, directeur
du Bureau de coordination de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour la Méditerranée à Rome, a fait le constat que : «Les
mouvements migratoires vers les côtes du sud de l’Italie en 2013 montrent une hausse du nombre de personnes fuyant la guerre et les régimes oppressifs». En
effet, d’après les données recueillies par cette instance internationale, plus de 42 900 migrants sont
arrivés en Italie et 2 800 à Malte courant 2013.
Parmi ceux arrivés en Italie, plus de 5 400 étaient
des femmes et 8 300 des enfants, dont quelque 5 200
non accompagnés. La plupart des arrivées ont eu
lieu à Lampedusa (14 700) et le long de la côte près
de Syracuse, en Sicile (14 300). Plus précisément, le
représentant de l’OIM a soutenu que la plupart des
migrants étaient originaires de Syrie (11 300),
d’Érythrée (9 800) et de Somalie (3 200). Il a ajouté
que tous ont effectivement été contraints de quitter
leur pays et ont le droit de bénéficier d’une protection au titre de la loi italienne.
Pour éviter une récidive de l’histoire macabre de
plus de 20 000 personnes qui ont péri ces 20 dernières années en tentant d’atteindre les côtes italiennes (2 300 pour la seule année 2011 et environ
700 en 2013), la vraie urgence dans la Méditerranée
est d’empêcher la mort des migrants en mer. Ce responsable, qui déplore qu’ils disparaissent sans laisser de trace, vu que l’identification des corps reste
un problème humanitaire à résoudre, se met à la
place de nombreuses familles de victimes qui atten-
dent toujours de savoir si leur être cher se trouve
parmi les corps repêchés après les naufrages d’octobre 2013.
Pas de pions sur l’échiquier de l’humanité
La vraie urgence
dans la Méditerranée est
d’empêcher la
mort des migrants
en mer.
Le cri du cœur du Pape François, lors de son discours à l’occasion de la Journée mondiale des migrants et des réfugiés, célébrée par le Vatican le 19
janvier, martelant que : «Les migrants et les réfugiés
ne sont pas des pions sur l’échiquier de l’humanité. Ce
sont des enfants, des femmes et des hommes qui quittent ou qui sont contraints de quitter leur pays pour de
multiples raisons. La réalité de la migration doit être
traitée de manière innovante, équitable et efficace» en
dit long sur les actions énergiques à mener pour
sortir de l’ornière. C’est justement ce qui fait dire
au directeur du Bureau de coordination de l'OIM
pour la Méditerranée à Rome que : «Nous devons
rapidement trouver des solutions pour les empêcher
de périr en mer alors qu’elles essaient simplement
d’avoir une vie meilleure. Nous devons trouver des
moyens pour rendre la migration plus sûre et donner
à ces gens de réelles alternatives». Alliant le geste à la
parole, l’OIM collabore avec le HCR, Save the Children et la Croix-Rouge italienne à Lampedusa, en
Sicile, en Calabre, et dans la région des Pouilles,
dans le cadre du projet Praesidium, financé par le
ministère italien de l’Intérieur, qui vise à aider les
migrants irréguliers arrivant en Italie par la mer.
A noter que les mouvements se sont poursuivis en
janvier 2014. L’OIM assure que le 24 janvier, 204
migrants ont été secourus par la marine italienne
dans le canal de Sicile et ont accosté à Augusta, près
de Syracuse.
D. MBaye (avec OIM)
6 février 2014 Les Afriques
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PIED DE LETTRE
La formation, parent
pauvre des plans de
développement
Le maillon manquant
L
es stratégies de développement
fleurissent en Afrique. La course à
l’émergence est lancée. Et les plans de
développement rivalisent de
pertinence un peu partout à travers le
continent. Mais, c’est dans le suiviévaluation que le bât blesse. Si les chantiers
actuels doivent connaître la fin de grands projets
qui n’ont bénéficié d’aucune modernisation,
jusqu’à être gagnés par une obsolescence qui a
fini par les dégrader, il y a eu lieu d’insister sur ce
maillon.
L’importance des besoins, notamment en
infrastructures hydrauliques (urbaine et rurale),
mais aussi dans le développement du secteur
privé pour arriver à une croissance inclusive, va
nécessairement orienter des capitaux
proportionnels. Toutefois, la gouvernance et les
compétences ne doivent pas être négligées. Des
prévisions uniquement focalisées sur la valeur
74 Les Afriques .
6 février 2014
Daouda MBaye,
rédacteur en chef exécutif
ajoutée en termes points de PIB supplémentaires
restent non exhaustives. Disposer de coltan en
quantité ne signifie aucunement concevoir des
téléphones portables. Lorsque les plans de
développement engloberont dans leurs prévisions
le nombre d’ingénieurs, de techniciens
supérieurs, d’agents de maîtrise et d’ouvriers
spécialisés à former, à une échéance bien
déterminée en adéquation avec ces projets, les
ressources sont exploitées au profit des
populations locales. Ces dernières recevant les
retombées dans un élan de croissance inclusive,
parce qu’impliquées dans les différents secteurs
cibles, le développement se fait de façon plus
fluide et sans gâchis. Le suivi-évaluation,
condition sine qua non, de la réussite de ces
chantiers, est aussi accélérateur de croissance. Le
gage de réussite qu’il entraîne se traduit par une
contribution plus conséquente d’investissements
locaux dans les chantiers consécutifs.
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