ÉDITION INTERNATIONALE : Afrique Zone CFA 1700 F CFA • France 3,50 € • France DOM 4 € • Maroc 23 DH • Algérie 170 DA • Tunisie 3,30 DT Mauritanie 1100 MRO • Belgique 3,50 € • Italie 4 € • Canada 5,95 $ CAN • Luxembourg 3,50 € • Suisse CHF 5,9 lesafriques.com L’ETAT DE LA DETTE EN AFRIQUE DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ABDERRAZZAK SITAIL ANIS BIROU : «RÉGULARISATION, LE MAROC DANS LE TOP MONDIAL» N° 271 - 6 au 12 février 2014 Hebdomadaire international 2 Les Afriques . 23 janvier 2014 SOMMAIRE N° 271 - 6 au 12 février 2014 EDITORIAL Un putschiste à la tête de l’UA 04 BAROMÈTRE Daniel Ona Ondo, 68 ans, a été nommé nouveau Premier ministre du Gabon par le président Ali Bongo Ondimba 06 BRUITS DE MARCHÉ Madagascar réintègre l’Union africaine 08 VERBATIM 12 ARRÊT SUR IMAGE Photo du groupe des chefs d’Etat et chefs de gouvernement, au siège de l'UA à Addis-Abeba 14 BANQUES & ASSURANCES BOAD Prêt subordonné de 10 milliards de f CFA à la BIAO Côte d’Ivoire 16 SÉNÉGAL La BNDE entre en lice 17 Banque Populaire s’associe à Banca Nuova pour stimuler les investissements 18 BOURSES & FONDS MAROC Création d’un Institut africain de Risk Management pour soutenir Casa Finance City 20 BRVM Performance annuelle et perspectives 2014 22 ENTREPRISES & MARCHÉS MAURITANIE Polémique autour d’un projet d’extension d’une centrale électrique 24 CAMEROUN Bolloré débouté pour la gestion du terminal à conteneurs du port de Kribi 26 AFRIQUE L’impact du retard technologique sur la croissance 28 CÔTE D’IVOIRE Première implantation en Afrique du chinois Hanergy 29 NIGERIA Partenariat Transcorp-General Electric 30 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE GABON Le Premier ministre Daniel Ona Ondo forme un nouveau gouvernement 34 Le Maroc adopte bientôt deux projets de loi et une stratégie de la migration 36 ANIS BIROU «Régularisation, le Maroc dans le top mondial» 37 TUNISIE Mehdi Jomaâ présente un gouvernement d’indépendants 38 MAURITANIE Un nouveau président au Perchoir 40 MAROC-MALI Le Roi Mohammed VI reçoit à Marrakech le secrétaire général du MNLA, Bilal AG Cherif 41 ALGÉRIE Mise en garde du FMI contre les subventions 42 ARRÊT SUR IMAGE Poignée de main entre le prince Moulay Rachid, venu à Brest pour réceptionner la Frégate Mohammed VI, et le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian 48 DOSSIER L’état de la dette en Afrique ARRÊT SUR IMAGE Le président Moncef Marzouki et Mehdi Jomaâ posent avec le nouveau gouvernement FOCUS Echec de l’industrialisation de l’Algérie RELATIONS INTERNATIONALES ADDIS-ABEBA L’Union africaine lance l’année de l’agriculture UA Mohamed Ould Abdel Aziz aux commandes MÉDITERRANÉE Mouroir de migrants clandestins PIED DE LETTRE Le maillon manquant 50 60 62 68 70 73 74 BOAD Prêt subordonné de 10 milliards de f CFA à la BIAO Côte d’Ivoire La BIAO Côte d’Ivoire peut se frotter les mains. Elle vient de bénéficier d’un bol d’air financier auprès de la BOAD d’un montant de 10 milliards de f CFA pour soutenir le développement du secteur des PME. 16 ANIS BIROU «Régularisation, le Maroc dans le top mondial» Une vaste opération de régularisation des sans-papiers a été lancée par le Maroc début 2014. Elle concerne entre 25 000 et 40 000 immigrés qui y sont installés. Le ministre chargé des Affaires de la migration nous fait une évaluation de la 1ère étape de cette opération. 37 Maroc-Mali Le Roi Mohammed VI reçoit le SG du MNLA, Bilal AG Cherif Le Roi du Maroc, Mohammed VI, a reçu, le 31 janvier dernier à Marrakech, Bilal AG Cherif, le secrétaire général du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), accompagné du porte-parole du mouvement, Moussa AG Attaher. 41 L’état de la dette en Afrique Les pays africains sont en train de prendre la voie déjà empruntée par les Dragons de l’Est. Mais la croissance actuelle sera-t-elle assez productive pour éviter le surendettement et asseoir le développement ? Vu les gages de confiance qui se dessinent, l’Afrique est-elle au contraire 50-59 sous-endettée ? 6 février 2014 Les Afriques .3 ÉDITORIAL Un putschiste à la tête de l’UA L ’organisation panafricaine vient de tenir sa 22e session ordinaire des chefs d’État et de gouvernement à Addis-Abeba, du 29 au 30 janvier. À cette occasion, dans le cadre de la présidence tournante, la Mauritanie a été portée à la tête de l’UA. Il est ressorti des différents ateliers et autres sessions plénières une réelle volonté d’apporter des solutions aux conflits au Sud-Soudan, en République centrafricaine (RCA)… Aussi, la suspension de Madagascar a été levée, suite à l’élection de Hery Rajaonarimampianina. Cependant, il est urgent de redéfinir le rôle de la Misca, qui ne doit pas s’adosser à l’ONU. Pourquoi avoir créé celle-ci pour ensuite solliciter l’aide de l’ONU ? Quel sens donner à une telle démarche, au moment où il a été question de mettre en place une force d’intervention rapide ? Il s’agit là d’une occasion à ne pas rater, qui nécessite de discuter pour trouver les moyens d’instaurer un tel outil et éviter une quelconque tutelle, fût-elle de l’ONU. Aussi, loin de minimiser les conflits qui traversent le continent, l’UA gagnerait à acter le développement économique. Une telle rencontre au siège d’Addis-Abeba aurait servi à faire le bilan dans ce sens, annoncer les acquis ainsi que les chantiers mis en œuvre ou programmés. L’organisation panafricaine d’aujourd’hui ne doit pas ressembler à celle d’il y a plus de 50 ans, au lendemain des indépendances. N’est-il pas le moment de songer à une organisation pleinement en phase avec le 21e siècle, qui rompt avec des réunions stricto sensu entre chefs d’État, sans lendemains ? Rédacteur en chef Walid Kefi, Maghreb. Grand reporter : Rodrigue Fenelon Massala. Groupe Les Afriques Edition & Communication SA au capital de 2’657’600.- CHF Siège Social : Rue du Cendrier 24 - 1201 Genève Suisse Président Administrateur Délégué Abderrazzak Sitaïl Les Afriques Edition & Communication Europe SARL au capital de 160.000 € 149, rue Saint Honoré 75001 Paris France Les Afriques Communication & Edition Maghreb SARL au capital de 1.000.000 DH 219 bis, bd Zerktouni, Casablanca 20330 - Maroc Tél : +212 522 233 477 - Fax : +212 522 233 501 Directeur de la Publication Abderrazzak Sitaïl Rédacteur en chef exécutif Daouda Mbaye Rédacteur en chef délégué Ismaïla Aidara, Paris, Dakar. Rédacteur en chef Achille Mbog Pibasso, CEMAC. 4 Les Afriques . 6 février 2014 Abderrazzak Sitaïl, Directeur de Publication Rédaction : Olivier Tovor, Lomé, Sanae Taleb, Casablanca, Walid Kefi, Tunis, François Bambou, Yaoundé, Bénédicte Chatel, Paris, Anne Guillaume-Gentil, Paris, Adama Wade, Casablanca, Mohamed Baba Fall, Casablanca, Khalid Berrada, Casablanca, Willy Kamdem, Yaoundé, Amadou Seck, Nouakchott, Mohamedou Ndiaye, Dakar, Daouda Mbaye, Casablanca. Comité Scientifique : Aziz Enasri, Paris. Consultant Financier International. Guy Gweth, Paris. Intelligence économique. François Konan, New York. Politiques économiques. Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton. Responsable Artistique : Mouhcine El Gareh Maquettiste : El Mahfoud Ait Boukroum Edition Internet – en français Ismaïla Aidara, Dakar. Mohamedou Ndiaye, Dakar Chroniqueurs François Konan, New York. Economie. Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton. Directeur Développement et Marketing Libasse Ka [email protected] Responsable e-Marketing : Khalid Essajidi Responsable Abonnement et Distribution Nada Benayad Commercial, [email protected] Abonnement, [email protected] Diffusion Presstalis, Sochepress, Royal Air Maroc, SN Brussel. Impression Rotimpres, Aiguaviva (Spain). Dépôt légal : novembre 2010 Edition internationale Commission paritaire : 1017 C 89135 Edition Maroc B.O.N°5618-26 rabii 1429 (3-4-2008) Crédit photos AFP, DR © Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur BAROMÈTRE Chiffres 100 Daniel Ona Ondo Daniel Ona Ondo, 68 ans, a été nommé nouveau Premier ministre du Gabon par le président Ali Bongo Ondimba, en remplacement de Raymond Ndong Sima, qui était en fonction depuis le 28 février 2012. Jusqu’à sa nomination, Ona Ondo était le premier Vice-président de l’Assemblée nationale. Economiste de formation, le nouveau PM a occupé plusieurs portefeuilles ministériels. MILLIARDS DE F CFA Financement de l’Etat prévu pour les Domaines agricoles communautaires du Sénégal, démarrage en 2014 120 Nicolas Sarkozy Une enquête a été ouverte à Paris sur le financement d’un meeting de Nicolas Sarkozy, l'ex-président français, à Toulon en 2011. Lancée début octobre 2013, cette enquête préliminaire a fait suite à un courrier adressé l’été dernier par le militant écologiste grenoblois Raymond Avrillier, qui dénonçait de possibles faits de «détournement de fonds publics» en marge de la campagne présidentielle 2012 de l’ex-chef de l’Etat. MILLIARDS DE F CFA Abdel Fattah Al-Sissi Les plus hauts gradés de l’armée égyptienne ont donné mandat pour que Abdel Fattah AlSissi se présente à l’élection présidentielle en Égypte. À cet effet, le général a été élevé au rang de maréchal, le plus haut grade de l’armée égyptienne. Al-Sissi est devenu l’homme fort du pays depuis qu’il a annoncé la destitution du président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013. Adli Mansour, le président par intérim, a confirmé que les présidentielles seront organisées avant les législatives. 300 MILLIARDS DE F CFA Financement du Programme de coopératives des entreprises agricoles bio (ECAI) du Sénégal Vincent Bolloré L’homme d’affaires, Vincent Bolloré, s’est vu sanctionner par l’autorité de contrôle de la Bourse de Paris (Consob), pour des manipulations sur le titre de la holding italienne Premafin en 2010. Trois millions d’€ et 18 mois d’interdiction d’exercer toute fonction dans une société italienne cotée, c’est la sanction qui lui a été infligée par le régulateur boursier de Milan, qui l’accuse d’avoir manipulé le cours de Premafin. 1,110 MILLIARD DE DOLLARS Volumes des échanges commerciaux Chine-Côte d’Ivoire (dont 214 millions de $ d’exports ivoiriens) Mykola Azarov Christopher Ross L’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara, Christopher Ross, semble porteur, cette fois-ci, d’un agenda où figurerait la relance des négociations directes ainsi que l’élargissement des mesures de confiance. Ross revient au Maroc dans le cadre d’une tournée régionale, «pour rapprocher les points de vue entre le Maroc et le polisario…» 6 Les Afriques . 6 février 2014 57,6 MILLIARDS DE DOLLARS Chiffre d’affaires trimestriel d’Apple (à fin décembre 2013) Le Premier ministre ukrainien, Mykola Azarov, a présenté sa démission le 28 janvier dernier. «J’ai pris la décision de demander au président d’accepter ma démission du poste de Premier ministre pour créer les conditions supplémentaires d’un compromis politique et d’un règlement pacifique du conflit», a-t-il déclaré, en ajoutant que «le plus important est de préserver l’unité et l’intégrité de l’Ukraine». EN PANNE EN FORME Emission de titres publics (Gabon) en 2014 Légère appréciation du WTI Après deux séances consécutives de baisse, le baril de pétrole WTI a atteint, en début de semaine dernière, 97,47 $, grignotant 1,90 %. Plusieurs analystes pointent du doigt les stocks de produits distillés, dont notamment le fioul domestique, qui ont baissé, en raison des mauvaises conditions météorologiques aux États-Unis. Repli du platine La reprise des négociations entre grévistes et les autorités ainsi que les principaux exploitants du platine en Afrique du Sud a pesé sur le cours du métal. Il a en effet enregistré, en début de semaine dernière, sa deuxième séance de recul, cédant 0,69 % à 1 418,87 $, l’once. À l’issue de la rencontre entre les représentants des syndicats et Mildred Oliphant, ministre sud-africain du Travail, un accord pour mettre un terme à la grève qui paralyse le secteur était attendu. Le doublement du salaire des mineurs pour le porter à 12 500 rands (840 euros) reste le point saillant de la plateforme revendicative des mineurs. La hausse de l’or se poursuit Soutenu par le retour de l’aversion pour le risque sur les marchés, l’or repart en hausse. Le métal jaune a ainsi signé en fin de semaine dernière sa 5e séance de hausse consécutive. Les analystes notaient alors qu’il s’agissait d’une première depuis septembre 2012. À New York, l’once d’or s’établissait à 1 267,60 $, soit +1,2 %, après 1 273,20 $, une semaine auparavant. Cela démontre clairement que les investisseurs ont délaissé les actions au profit de l’or. Craintes des conséquences du ralentissement économique chinois sur l’économie mondiale. Cours des monnaies et devises 100 dinars Algérie (DZD) = 1,30 $ 100 rands Af. du Sud (ZAR) = 9,42 $ 100 kwanzas Angola (AOA) = 1,04 $ 100 livres Égypte (EGP) = 14,50 $ 100 birrs Éthiopie (ETB) = 5,25 $ 100 cedis Ghana (GHS) = 41,18 $ 100 shillings Kenya (KES) = 1,18 $ 100 dollars Libéria (LRD) = 1,18 $ 100 dirhams Maroc (MAD) = 12,30 $ 100 ariarys Madag (MGA) = 0,0443 $ 100 ouguiyas Maurit (MRO) = 0,3488 $ 100 roupies Maurice (MUR) = 3,34 $ 100 kwachas Malawi (MWK) = 0,2326 $ 100 kwachas Zambie (ZMK) = 0,0191 $ 100 dinars Libye (LYD) = 81,05 $ 100 dollars Namibie (NAD) = 9,08 $ 100 nairas Nigéria (NGN) = 0,6220 $ 100 shillings Somalie (SOS) = 0,0903 $ 100 leones S. Leone (SLL) = 0,0233 $ 100 dinars Tunisie (TND) = 62,37 $ 100 shillings Tanzanie (TZS) = 0,0624 $ 100 shillings Ougan (UGX) = 0,0408 $ 100 francs Zone CFA = 0,2104 $ Agenda ème 3 édition du Forum des entrepreneurs maghrébins La 3ème édition du Forum des entrepreneurs maghrébins se tiendra les 17 et 18 février prochain à Marrakech. Cette édition verra la participation de plus de 500 hommes d’affaires. Les patrons du Maghreb lanceront «l’Initiative maghrébine du commerce et de l’investissement». Evénement organisé par la Confédération générale des entreprises du Maroc. Le Salon de recrutement «AfricTalents» La 9ème édition du Salon de recrutement «AfricTalents» est prévue les 21 et 22 mars prochain au King Fahd Palace à Dakar. Cet événement ambitionne d’être le rendezvous des managers d’une Afrique nouvelle. Forum ouest-africain de développement des entreprises Environ 400 entreprises des pays de tous les continents sont attendues à la 3ème édition du Forum ouest-africain de développement des entreprises (Africallia), du 26 au 28 février à Ouagadougou. La Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso souligne que cette édition va mettre l’accent sur le pôle de croissance de Bagré et le futur aéroport de Donsin. Infrastructure Investment Awards 2014 Prévue le 6 mai à Abuja au Nigéria, la cérémonie de l’Infrastructure Investment Awards 2014 sera le lieu de distribuer les Prix aux investisseurs et institutionnels africains qui se sont distingués dans l’investissement en Afrique. Le public cible sera composé de représentants de haut niveau, notamment parmi les principales entreprises qui investissent dans les infrastructures en Afrique, les promoteurs de projets, les banques d'investissement, les sociétés de gestion d'investissement/d'actifs, les municipalités, les fonds d'infrastructure, les investisseurs institutionnels … Contact : Catherine Wright, Senior Editor, Africa investor, A 93 Protea Road, Chislehurston, Sandton, South Africa T : +27 (0) 11 783 2431 - F : +27 (0) 11 783 2430 E-mail : [email protected] 6 février 2014 Les Afriques .7 BRUITS DE MARCHÉ Algérie : l’ANPM attribue 17 permis En Algérie, l’Agence nationale du patrimoine minier (ANPM) a attribué 17 sites miniers pour l’exploration dans le cadre de la 41e session, pour un montant de 814,807 millions de dinars. L’ANPM avait lancé un avis d’appel d’offres national et international pour l’exploration de 26 sites miniers situés dans les wilayas de Laghouat, Tébessa, Tiaret (2 sites), Djelfa (4 sites), Sétif (2 sites), M’sila, Naâma, Ghardaïa, Batna, Biskra (2 sites), Médéa (2 sites), Mascara (2 sites), Ouargla, El Bayadh, Bordj Bou Arréridj, Biskra et Naâma. Les sites contiennent des calcaires pour les granulats et les sables concassés, des argiles pour les produits rouges, du gypse pour le plâtre et du grès pour la verrerie. L’indien BlackNGreen signe avec Le Maroc déplore «le refoulement par les autorités algériennes de réfugiés syriens» Airtel Afrique La société BlackNGreen a signé un accord de partenariat avec la branche Afrique du groupe indien des télécommunications Bharti Airtel. À travers cet accord, BlackNGreen prévoit de lancer divers services, notamment religieux, et d’autres produits de son portefeuille, à travers Airtel Afrique. La société espère exploiter les 65 millions de clients que compte l’opérateur de téléphonie mobile sur le continent pour proposer ses services à valeur ajoutée mobile et accroître ainsi ses revenus autour de 20 millions de dollars d’ici à la fin 2014. Pour Rahul Gupta, le directeur général de BlackNGreen, l’objectif de notre société est de «doubler la taille de notre équipe dans les huit prochains mois et nous ouvrirons de nouveaux bureaux à travers les pays pour soutenir l’installation de notre projet, son déploiement et sa logistique. Nous aurons quatre points technologiques au Kenya, en Afrique du Sud, au Nigéria et en Algérie pour diriger les opérations africaines». Rahul Gupta 8 Les Afriques . 6 février 2014 Dans un communiqué officiel, le ministère de l’Intérieur marocain explique que les autorités marocaines ont relevé la multiplication ces derniers temps des opérations de refoulement de réfugiés syriens par les autorités algériennes vers le territoire marocain à travers les frontières Est du royaume. Ainsi, «pour la seule période allant du 26 au 28 janvier 2014, les autorités algériennes ont refoulé 77 ressortissants syriens, dont 18 femmes et 43 enfants (certains sont âgés de moins de deux mois)», précise le communiqué. François Hollande en Turquie C’est en partie pour rattraper le temps perdu et solder les différends du quinquennat précédent que François Hollande est arrivé, lundi 27 janvier, pour une visite d’Etat en Turquie. «La première depuis vingt-deux ans», insistent ses conseillers. La dernière fois, en 1992, François Mitterrand avait inauguré à Istanbul l’université francophone Galatasaray, aujourd’hui un symbole de la coopération culturelle franco-turque. Mardi, François Hollande devait prononcer un discours devant les François Hollande étudiants de la faculté. Madagascar réintègre l’Union africaine Ouverture du 1er Centre d’affaires italien au Maroc Madagascar a réintégré le 27 janvier les instances de l’Union africaine, après cinq ans de mise à l’écart, suite à la prise de pouvoir par Andry Rajoelina en 2009. L’organisation panafricaine l’a annoncé pour permettre au nouveau président élu, Hery Rajaonarimampianina, de participer au sommet des chefs d’Etat du 30 janvier. Certains jugent Hery cette décision un peu prématurée. Rajaonarimampianina Le groupe Cescoitalia, spécialisé dans le développement des affaires, a inauguré un centre d’affaires italien au Maroc, appelé «Italiafiere». Lors de cette inauguration, qui s’est tenue le 24 janvier 2014, en présence du président de la Chambre de commerce de Marrakech, du directeur de la Bourse nationale de sous-traitance du Maroc, et de plusieurs hommes d’affaires italiens et marocains, les promoteurs ont expliqué aux médias que ce nouveau centre d’affaires, qui est le premier du genre dans le pays, permettra de générer de nombreuses opportunités d’affaires. Le centre Italiafiere qui compte 36 stands, 20 bureaux, 4 salles de réunion et un réseau de relations d’affaires restera ouvert toute l’année. Parmi les opérations prévues dans le centre d’affaires, on peut citer : des visites de stands pour voir les échantillons sur place et tester les produits, des rencontres d’affaires, des conférences, etc. «Le centre Italiafiere de Marrakech constitue le premier centre d’affaires que nous comptons ouvrir au Maroc. D’autres centres d’affaires seront ouverts, notamment à Tanger free zone et à Casablanca», a expliqué Salvatore Torrente, PDG de Cescoitalia. La frégate Mohammed VI livrée le 30 janvier Mauritanie, 625 millions d'€ de financements arabes Christine Lagarde peut-elle remplacer Barroso ? La frégate Mohammed VI a été livrée à la Marine royale marocaine, le 30 janvier à Brest au nord-ouest de la France, lors d’une cérémonie offi- La Mauritanie a signé avec plusieurs investisseurs arabes cinq conventions pour des financements totalisant 625 millions d’euros, destinés notamment aux secteurs de l’agriculture, de la pêche et des infrastructures. Les conventions relatives à ces financements ont été signées entre le gouvernement mauritanien d’une part et le Fonds saoudien de développement, le Collectif Rajhi, le Fonds monétaire arabe (FMA) et l’Institution arabe pour le développement agricole, d’autre part. Les accords de financement ont été paraphés lors du Forum international des investisseurs, organisé le dimanche 26 janvier à Nouakchott. Après Davos, Christine Lagarde, la directrice du FMI, a fait escale à Bruxelles. Hasard du calendrier, les ministres des Finances de la zone euro se réunissent au même moment pour faire le point sur les pays sous perfusion du FMI et de la zone euro. Par ailleurs, mardi, elle devait présenter en public une étude du FMI aux côtés de deux ministres des Finances, l’Allemand Wolfgang Schäuble et le conservateur espagnol Luis de Guindos. Après quatre ans de crise de la zone euro, l'étude aurait des allures de «programme pour tout(e) candidat(e) à une fonction européenne, puisqu’il s’intitule «Emplois et croissance, soutenir la reprise en Europe». Christine Lagarde n’est candidate à rien puisque son mandat s’achève en 2016. Incontournable dans la gestion de la crise des dettes, Christine Lagarde, tout comme le socialiste Pascal Lamy, fait partie de ces Français suffisamment appréciés en Allemagne pour avoir une chance, un jour, de bénéficier du soutien d’Angela Merkel afin de trouver un terrain d’entente avec François Hollande quand il s’agira de remplacer José Manuel Barroso à la tête de la Commission européenne. cielle au cours de laquelle le prince Moulay Rachid a levé les amarres de ce bâtiment. Ce navire de guerre aurait nécessité un investissement d’environ 500 millions d’euros. Outre le prince Moulay Rachid, plusieurs responsables des Forces armées royales avaient assisté à cette cérémonie. Le bâtiment de guerre marocain va rejoindre ses bases au Maroc. I.S. Nouakchott, capitale de la Mauritanie 6 février 2014 Les Afriques .9 BRUITS DE MARCHÉ Sénégal : dans l’attente d’un projet de la BM pour améliorer la production horticole Le Sénégal attendait beaucoup du Projet pour le développement inclusif et durable de l’agrobusiness au Sénégal (Pdidas). En effet, le projet, financé à hauteur de 43 milliards de f CFA par la Banque mondiale (BM), devrait créer 50 000 emplois et booster la production horticole du pays. Grâce à ce projet, les exportations de fruits et légumes de contre-saisons devraient passer de 67 000 à 157 000 tonnes. Prévu pour s’étendre sur 10 000 hectares de terres arables situées dans la région de Saint-Louis, le Pdidas concerne 41 villages dont les communautés espèrent que ce projet participera aussi à l’amélioration de leur méthode culturale, comme l’a souligné leur porte-parole. Le patron de Cevital veut sauver FagorBrandt La BCE se réserve le droit de racheter des prêts bancaires Issad Rebrab a fait fortune en créant en Algérie un conglomérat diversifié dans l’agroalimentaire, la construction et les ventes de voitures. Il se propose aujourd’hui de racheter le groupe FagorBrandt en difficultés, permettant de préserver au moins 1 200 emplois en France. Un conglomérat algérien se montre le plus offrant pour reprendre le groupe FagorBrandt. Cevital, candidat au rachat, propose de conserver les 1 200 salariés de l’entreprise. Mario Draghi a eu beau assurer ne constater aucune déflation en zone euro, il se veut aussi prêt à l’affronter. A Davos, il a ainsi affirmé que la BCE pourrait, le cas échéant, racheter des prêts bancaires aux particuliers ou aux entreprises. Sur la question de savoir si la BCE est prête à racheter des prêts bancaires accordés à des entreprises ou à des ménages, Mario Draghi a assuré que l’initiative était envisageable en guise de moyen de Mario Draghi lutte contre la déflation en zone euro. Tunisie : Servicom envisage une augmentation de capital Issad Rebrab 10 Les Afriques . 6 février 2014 Le groupe tunisien Servicom a indiqué dans sa publication financière annuelle pour le compte de l’année 2013 qu’il envisageait de lever 20 millions de dinars tunisiens durant le premier trimestre 2014. Et ce dans le cadre d’une augmentation de capital, visant à atténuer le poids de la dette de sa filiale portant le même nom et cotée sur la Bourse de Tunisie. Côte d’Ivoire : Kablan Duncan inaugure la mine d’or d’Agbaou Le Premier ministre de la Côte d’Ivoire, Daniel Kablan Duncan, a inauguré récemment la mine d’or d’Agbahou, soit la quatrième mine d’or actuellement en Côte d’Ivoire. La mine Agbaou est exploitée par la société Agbaou Gold Operation détenue à 85% par la compagnie Endeavour Mining Corporation avec une présence de 10% de l’Etat de Côte d’Ivoire et de 5% de la Société pour le développement minier de Côte d’Ivoire (Sodemi). La construction de la mine a coûté 80 milliards f CFA et a duré 15 mois. Les dépenses d’exploitations annuelles sont estimées à environ 37,7 milliards f CFA pour une production annuelle de 35 tonnes d’or sur 10 ans, soit environ 3 tonnes par an. Le projet d’or d’Agbaou couvre 469 km2 et recèlerait 1,157 million onces de ressources indiquées et mesurées avec 14,970 Mt à une teneur de 2,43 g/t. Outre la Côte d’Ivoire, la compagnie de production Endeavour, listée sur TSX, ASX et OTCQX, détient trois mines de production d’or de plus de 300 000 onces par an au Mali, au Ghana et au Burkina Faso. Le Maroc a brillé au Salon international d’Abu Dhabi Pour sa première participation au Salon international d’Abu Dhabi, dans le cadre de la Semaine du développement durable, qui s’est tenue du 20 au 22 janvier, le Maroc a marqué une présence remarquable. Le ministre marocain de l’Énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement, Abdelkader Amara, a estimé que le Wall Street tente de rebondir Wall Street rebondissait légèrement lundi 27 janvier à l’ouverture, après avoir connu sa pire semaine en plus de deux ans, aidée par la performance bien meilleure que prévu du géant des engins de chantier Caterpillar, le Dow Jones prenait 0,28% et le Nasdaq 0,07%. Le Dow Jones, indice vedette de Wall Street, avait enregistré le 24 janvier sa plus forte perte en points et en pourcentage depuis le 20 juin, signant également sa pire semaine, en pourcentage, depuis novembre 2011. L’indice élargi S&P 500 avançait de 0,25% (+4,39 points) à 1 794,68 points. Il avait basculé ce même jour sous le seuil psychologique de 1 800 points pour la première fois depuis le 17 décembre. Daniel Kablan Duncan Le Pérou récupère des territoires maritimes concédés au Chili La Cour internationale de justice (CIJ) a mis fin à une querelle territoriale de près d’un siècle entre le Pérou et le Chili, en attribuant à Lima une zone maritime sous souveraineté chilienne riche en ressources halieutiques. Cette décision, qui faisait suite à une demande du Pérou auprès de la CIJ en 2008, a constitué un «motif de satisfaction» pour le président péruvien Ollanta Humala, tandis que son homologue chilien Sebastian Pinera a fait part de son «regret» suite à ce jugement, qui marque la perte de droits maritimes chiliens hérités de la guerre du Pacifique entre 1879 et 1883. Abdelkader Amara pavillon a été «une plateforme d’échanges et surtout de réseautage pour les opérateurs marocains et étrangers de renommée mondiale». La participation du Maroc à cet évènement international trouve son origine dans l’importance que revêt le marché marocain des énergies renouvelables pour les investisseurs étrangers. Le Salon d’Abu Dhabi a accueilli près de 30 000 visiteurs de 172 pays. Ollanta Humala 6 février 2014 Les Afriques . 11 VERBATIM Trahison «Ils n’étaient que des seconds couteaux, quand je les ai fait émerger, et voilà qu’ils me trahissent» Blaise Compaoré, président du Burkina Faso. Sanctions «Les États-Unis sont prêts à envisager des sanctions ciblées contre ceux qui déstabilisent encore davantage la situation… Empêcher la violence de se propager et de prendre d’autres vies nécessitera que les dirigeants de République centrafricaine, passés et actuels, soient clairs en la condamnant» John Kerry, secrétaire d’Etat américain. Ligne de crédit «Nous n’accèderons pas pour le moment à cette ligne de crédit qui a été mise à notre disposition sur la base de la crédibilité et de la solidité de nos réformes. S’il n’était pas convaincu, le FMI n’aurait pas donné son accord» Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement marocain. Constitution «Dans cette Constitution, tous les Tunisiens et Tunisiennes se retrouvent, elle préserve nos acquis et jette les fondements d’un Etat démocratique» Mustapha Ben Jaafar, président de l’Assemblée tunisienne. Heureuse Richesse «Il faut que la richesse serve le monde, pas qu’il soit gouverné par elle» Le Pape François. Promesse «Quand on vous promet quelque chose de positif, il vaut mieux ne pas y prêter attention, ne pas se réjouir. Parce que si l’on se réjouit en vain, c’est dur ensuite». Mikhail Khodorkovski, homme d’affaires russe, dernièrement gracié par le président Poutine après dix ans de prison. «C’est la troisième fois que je viens dans ce pays (l’Inde), la première fois j’étais venue comme journaliste, la deuxième fois comme première dame, aujourd’hui, qualifiez-le comme vous voulez, je suis très heureuse d’être avec vous» Valérie Trierweiler, ex-première Dame de France. Bataille «Il y a une course entre l’ordinateur et l’homme... Et l’homme doit absolument gagner. Conséquence, nous devons nous préparer et surtout préparer nos enfants à cette bataille. La croissance ira dans les industries à forte valeur ajoutée, la santé, l’Internet, l’économie créative» Eric Schmidt, ex-patron de Google. Pétrole Prix «Nous devons mettre un prix au carbone. Nous devons aussi mettre un prix au déni politique» Al Gore, ancien vice-président américain. 12 Les Afriques . 6 février 2014 «Aujourd’hui, 31 sociétés pétrolières internationales, parmi lesquelles des majors, des super indépendants et des indépendants, opèrent actuellement dans les différentes régions du Maroc aussi bien en offshore qu’en onshore» Amina Benkhadra, directrice générale de l’Onhym. ARRÊT SUR IMAGE Ethiopie Le 30 janvier 2014. Photo du groupe des chefs d’Etat et chefs de gouvernement, au siège de l'UA à Addis-Abeba. Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a pris la direction de l'Union africaine, en remplacement du Premier ministre éthiopien Haile Mariam Dessalegn. 14 Les Afriques . 6 février 2014 6 février 2014 Les Afriques . 15 BANQUES & ASSURANCES BOAD Prêt subordonné de 10 milliards de f CFA à la BIAO Côte d’Ivoire La BIAO Côte d’Ivoire peut se frotter les mains. Elle vient de bénéficier d’un bol d’air financier auprès de la BOAD d’un montant de 10 milliards de f CFA pour soutenir le développement du secteur des petites et moyennes entreprises. De la liquidation de Trust Bank au Zimbabwe Après que la Banque centrale du Zimbabwe ait annulé sa licence d’exploitation, sur des allégations d’abus de fonds et violation de dispositions réglementaires, Trust Bank est sur le point d’être liquidée. Tous les efforts pour recapitaliser la banque avaient été vains, note-t-on du côté de l’institut d’émission. En effet, la Haute Cour avait été saisie pour ordonner la liquidation de l’institution financière en difficulté. Si c’est le cas, un liquidateur provisoire sera nommé conformément à la loi. Rachid Sekak distingué par Elizabeth II A ux termes d’une convention co-signée vendredi 24 janvier 2014 par Bassary Touré, Vice-président de la Banque ouestafricaine de développement (BOAD), et Philippe Attobra, directeur général de la BIAO Côte d’Ivoire, la BOAD met à la disposition de la BIAO Côte d’Ivoire des ressources d’un montant de 10 milliards de f CFA pour renforcer sa capacité d’intervention en faveur des acteurs économiques de l’Uemoa. Cette convention entre les deux parties est la deuxième après celle paraphée en décembre 2012. Le Vice-président de la BOAD, Touré a indiqué qu’«en décidant d’octroyer à la BIAO Côte d’Ivoire ce prêt, la BOAD participe au renforcement des ressources stables des institutions financières nationales des pays de l’Union économique moné- 16 Les Afriques . 6 février 2014 taire ouest-africaine (Uemoa), pour le financement du secteur marchand, notamment les PME». Pour sa part, Attobra a estimé qu’avec cette convention de prêt, la BOAD et la BIAO Côte d’Ivoire «contribuent au développement économique de la Côte d’Ivoire, au travers du financement du secteur privé, des PME et des particuliers». Il a précisé que «le renforcement des ressources stables de la banque permettra de répondre adéquatement aux besoins d’investissement de nos clients afin de soutenir la relance de l’économie ivoirienne, dont les bénéfices se feront ressentir aux plans local et sous-régional». Le présent concours porte le volume des financements de la BOAD en faveur du secteur privé en Côte d’Ivoire à 259 milliards 705 millions de f CFA. Ismael Aidara Siège BOAD La BOAD et la BIAO contribuent au développement économique de la Côte d’Ivoire, au travers du financement du secteur privé. Depuis jeudi dernier, Rachid Sekak, banquier de nationalité algérienne, ex-DG de la filiale HSBC en Algérie, a été nommé, par la reine Elizabeth II, Membre de l’Ordre de l’Empire britannique (MBE), établi en 1917 par le roi George V. Désormais, il sera chargé de mission à la Direction stratégie de HSBC France. Pour rappel, Rachid Sekak a été chef du gouvernement de Mouloud Hamrouche en 1990, puis DG de la dette extérieure à la Banque d’Algérie de 1990 à 1995, avant de rejoindre l’Union des banques arabes et françaises. Statut CFC à 3 filiales Attijariwafa bank Attijari Opérations, Attijari IT et Attijari Africa, toutes trois filiales du groupe Attijariwafa bank, ont désormais le statut CFC (Casablanca Finance City). Si Attijari Africa est destinée au pilotage des opérations du groupe en Afrique, les 2 premières entités fournissent des services professionnels destinés aux entreprises financières de la place. Ces 3 unités viennent grossir le nombre de structures financières déjà sur le pipe de la place financière casablancaise (+36 grandes entreprises ou groupes). SÉNÉGAL La BNDE entre en lice Lancement de la 1ère réassurance islamique au Kenya Depuis lundi 27 janvier, la Banque nationale du développement économique (BNDE) est officiellement opérationnelle. Elle ambitionne de renforcer l’accès des PME au crédit bancaire, grâce au soutien du Fongip. D’après Kenya Reinsurance Corporation, la première réassurance islamique devrait être opérationnelle au cours de l’année en cours. Ainsi après le lancement réussi de Takaful Insurance Africa, première compagnie d’assurance entièrement conforme à la charia au Kenya, au mois de janvier 2011, le moment est venu pour le lancement de la réassurance islamique, ont indiqué les responsables de l’Autorité des marchés de capitaux. Ils trouvent d’ailleurs que Kenya Re, compagnie kenyane cotée, qui a une présence en Afrique de l’Ouest et dans les marchés du Moyen-Orient, a le potentiel de fournir une plateforme régionale pour ce produit. Justement, il y a un grand potentiel pour développer un centre d’excellence dans les produits financiers islamiques dans le pays et pour la région, souligne-t-on. P our atténuer la frilosité des banques et accroître l’accès des crédits bancaires aux PME, qui constituent 85% du tissu économique sénégalais et occupent 60% de la population active, l’Etat a encouragé la mise en place de la BNDE. La structure, qui prend naissance des cendres du Fonds de promotion économique (FPE), va développer ses activités à partir d’un réseau de 3 agences, au début. C’est du moins ce qui est ressorti des propos des responsables, en marge de l’inauguration officielle, en présence de Ngouda Fall, secrétaire général du ministère sénégalais de l’Économie et des finances. Pour se doter de moyens à la mesure de ses ambitions, le capital de la banque a été porté de 6 milliards de f CFA à 11 milliards de f CFA, soit 16,8 millions d’euros. Ce capital n’est certes pas très important pour un véritable envol de la PME au Sénégal, mais c’est un bon début. Reste à mettre en place une politique de rigueur pour que les financements destinés aux PME-PMI aillent vers les entreprises porteuses de projets rentables, et qui remboursent. Doit-on rappeler que dans le tour de table, aux côtés de l’Etat qui détient 25% de parts, figurent le groupe bancaire privé Bridge Group West Africa, maison-mère de Bridge Bank Côte d’Ivoire, la BOAD (9%), mais aussi Nma Sanders et Axa Assurances. Des crédits adaptés A en croire Thierno Seydou Nourou Sy, directeur général de la BNDE, il s’agira d’aller au-delà des blocages traditionnels de prêts bancaires aux PME-PMI du pays. Il trouve que 80% de leurs demandes de financement butent sur l’absence de garantie. Pour éviter autant de rejets et faciliter au contraire leur financement, la BNDE va promouvoir des solutions de crédits bancaires adaptés à ces structures. Pour ce faire, l’institution bancaire, dédiée à la PME du Sénégal, va nouer un partenariat avec le Fonds de garantie des investissements privés (Fongip). Ce qui, bien entendu, n’enlève en rien toute la rigueur nécessaire dans le bon fonctionnement d’une structure qui peut capitaliser sur les échecs de celles qui l’ont précédée au Sénégal ou dans d’autres pays. Daouda MBaye Thierno Seydou Nourou Sy, DG de la BNDE Mise en circulation du nouveau billet de 10 € en septembre À partir du 23 septembre, la deuxième coupure d’une nouvelle série de billets baptisée «Europe», censée être plus difficilement falsifiable, sera mise en circulation par la Banque centrale européenne (BCE). Celle-ci vient d’annoncer, en effet, qu’un nouveau billet de 10 euros sera mis en circulation. Yves Mersch, membre du directoire de la BCE, a insisté sur le fait que l’innovation majeure se trouve, comme pour le nouveau billet de 5 euros entré en circulation en mai, dans l’apparition sur les billets d’un visage, celui d’Europe, une princesse de la mythologie grecque séduite et enlevée par le dieu Zeus métamorphosé en taureau, qui a par la suite donné son nom au continent, et d’un nombre couleur émeraude, avec effet lumineux. 6 février 2014 Les Afriques . 17 BANQUES & ASSURANCES Banque Populaire s’associe à Banca Nuova pour stimuler les investissements Pour stimuler les opportunités d’affaires entre les investisseurs marocains et leurs homologues italiens, le groupe Banque Centrale Populaire (BCP) a reçu une mission commerciale italienne les 30 et 31 janvier dernier à Casablanca. Cette réunion d’échange et d’étude a été organisée en partenariat avec la banque italienne Banca Nuova. P résent dans 11 pays africains et 12 pays à travers le monde, le groupe BCP a accueilli, les 30 et 31 janvier dernier, une délégation d’hommes d’affaires italiens et marocains dans le cadre d’une mission commerciale. Conduite par le BCP en Afrique et dans le monde Le groupe BCP est présent dans 11 pays africains, à savoir Maroc, Mauritanie, Mali, Niger, Bénin, Togo, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Guinée et Centrafrique. Il est également présent dans 12 pays à travers le monde: Espagne, France, Italie, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, GrandeBretagne, Danemark, Suisse, Canada, Émirats arabes unis et Arabie saoudite. 18 Les Afriques . 6 février 2014 président de la banque italienne, Banca Nuova, Marino Breganze, «la délégation italienne a été composée de 30 hommes d’affaires opérant dans plusieurs secteurs d’activité, dont l’industrie, les services et le BTP», informe un communiqué de la BCP. Une vue de la présentation du partenariat A Propos de Banca Nuova Banca Nuova est fondée en 2000. Elle est une banque très influente dans le sud de l’Italie. Filiale de «Banca Popolare di Vicenza» qui est l’un des groupes bancaires les plus importants et les plus dynamiques d’Italie, Banca Nuova possède plus de 100 succursales en Italie et en Europe centrale où elle est également bien présente grâce à des participations dans des banques locales. Son siège se situe à Palerme. A l’image de son homologue marocaine, Banca Nuova est également très proche des valeurs de mutualisation et de développement socio-économique régional. Plus de 150 entreprises marocaines clientes des Banques Populaires Régionales ont été présentes lors de ces deux jours d’échange. Selon les équipes de la BCP, «elles ont toutes vivement exprimé leur intérêt pour les rendez-vous B to B prévus dans le cadre de cet événement». Ainsi, le bilan de l’événement indique qu’environ 260 rendez-vous d’affaires ont été programmés entre les entreprises marocaines et italiennes durant ces deux jours. «Le but est de leur permettre de trouver des pistes de collaboration, notamment sous forme d’établissement de joint-ventures, de création de filiales, de transfert d’expertise ou encore de recherche de clients et fournisseurs, et de s’enquérir des opportunités d’investissement et d’échanges commerciaux dans les deux pays», précise-t-on. Au sujet des opportunités d’investissement, le programme de cette mission a prévu des interventions de hauts responsables de l’AMDI (Agence marocaine de développement des investissements), du CRI (Centre régional d’investissement de Casablanca) et la banque Banca Nuova. Au terme de ces deux jours, les intervenants ont souligné qu’il s’agit d’une «mission commerciale à fort potentiel» qui s’inscrit également dans le cadre du renforcement du partenariat institutionnel existant entre les deux banques BCP et Banca Nuova. De la sorte, la BCP confirme son intention de renforcer sa stratégie d’accompagnement des entreprises marocaines désireuses de conquérir de nouveaux marchés. Sanae Taleb, Casablanca BOURSES & FONDS MAROC Création d’un Institut africain de Risk Management pour soutenir Casa Finance City Un workshop, regroupant plusieurs experts, a été organisé à Rabat, le 30 janvier. L’atelier de réflexion avait pour objectif de lancer le débat sur un ambitieux projet de mise en place d’un Institut africain consacré au Risk Management. France : cession de 1% du capital d’Airbus Group Pierre Moscovici, ministre français de l’Économie, a dernièrement annoncé la cession par la France de 1% du capital d’Airbus Group (exEADS). L’opération, qui se fera sous la forme d’un placement institutionnel accéléré, portera sur 1% du capital d’Airbus Group, soit environ 8 millions d’actions (453 millions d’euros au cours de clôture de mercredi à 56,64 euros par action), à travers la société Sogepa. Rappelons que depuis la réforme de sa gouvernance intervenue en 2013, qui a rendu la direction de l’entreprise indépendante des trois États présents à son capital, la France, l’Allemagne et l’Espagne, le cours du mastodonte européen a grimpé de 74,63%. En effet, depuis cette réforme, ces États ne sont que de simples actionnaires et ne sont plus représentés au Conseil d’administration (chacun 11% du capital). «Prêt d’Union» confirme son leadership A lors que les autorités marocaines préparent l’ouverture de la place financière internationale, Casablanca Finance City (CFC), un groupe de professeurs universitaires de la diaspora marocaine à l’étranger a eu l’idée, en partenariat avec l’Université internationale de Rabat et la CDG Capital, d’organiser un atelier de réflexion pour préparer la création d’un Institut africain du risk management (IARM). Ce workshop avait pour objectif de «sensibiliser et de convaincre les enseignantschercheurs et décideurs marocains sur le bien-fondé de créer un institut du risk management africain». Pour le président de l’Université internationale de Rabat, Nourddine 20 Les Afriques . 6 février 2014 Mouaddib, la création de cet institut dédié au risk management ne peut que favoriser les activités de la recherche dans les domaines des mathématiques appliquées, de l’économie appliquée, de la finance et de l’assurance. En effet, le rôle de cet institut, qui prendra probablement la forme d’une association, serait d’organiser les échanges entre les professionnels de la finance et de l’assurance et les universités au Maroc et en Afrique. L’ensemble des intervenants à cet atelier de réflexion ont souligné qu’aujourd’hui la place Casablanca Finance City est une réalité institutionnelle, opérationnelle et fonctionnelle qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie de développement du secteur financier et de l’assurance Casablanca, capitale économique du Maroc Préparer la création d’un Institut africain du risk management. Prêt d’Union conforte son statut de leader du crowdfunding en Europe continentale. Le leader français du crédit entre particuliers annonce avoir octroyé depuis son lancement pour 60 millions d’euros de crédits à l’équipement à des ménages français, directement financés par l’épargne d’autres ménages. Seulement deux ans après son lancement, c’est une belle performance. La croissance exponentielle des prêts entre 2012 et 2013, de 12 millions d’euros à 45 millions d’euros, reste significative à plus d’un titre. Les perspectives sur 2014 sont tout aussi bonnes avec des crédits estimés à 100 millions d’euros de crédits. Des observateurs avancent que jamais dans le monde une plateforme de crédit entre particuliers n’avait connu une telle croissance sur ses 2 premières années d’activité. NIC Bank passe au tout on-line marocain pour répondre d’une part à l’ambition de positionner et de contribuer à la réussite et au développement de cette place financière et d’autre part de faire de Casablanca un hub régional qui servira en priorité les pays du Maghreb et l’Afrique de l’Ouest. Ceci dit, l’ouverture du marché boursier marocain demeure un souci majeur. CFC, une fois opérationnelle, aura à gérer plusieurs contraintes, entre autres la conformité avec la réglementation internationale, notamment Bâle II et Bâle III, en tenant compte des profondes mutations découlant de la crise financière internationale. Dans cette perspective, la mutation favorable du secteur des assurances au Maroc constitue un autre argument encourageant pour CFC. Les opérateurs du secteur des assurances au Maroc cherchent à être en conformité avec la réglementation internationale et notamment la réforme européenne «Solvabilité II». Par ailleurs, il est à souligner que ce projet d’institut est soutenu, en plus de l’Université internationale de Rabat, par Paris EuroPlace, Natixis, et le groupe des Écoles nationales de l’économie et statistique (Genes). La place casablancaise ne néglige pas la formation Sanae Taleb, Rabat Solvabilité II Solvabilité II est une réforme réglementaire européenne du monde de l’assurance. Dans la lignée de Bâle II, son objectif est de mieux adapter les fonds propres exigés des compagnies d’assurance et de réassurance avec les risques que celles-ci encourent dans leur activité. Chaque assureur et réassureur doit être à même de comprendre les risques inhérents à son activité afin de pouvoir affecter suffisamment de capitaux pour les couvrir. Après Solvabilité I, qui prévoyait une marge de solvabilité déterminée en fonction de pourcentages sur les primes et les sinistres, la réglementation des assurances passe à des règles plus complexes intégrant le risque, soit par l’application d’une formule standard, soit par la prise en compte d’un modèle interne. NIC Bank met la quasi-totalité de ses services en ligne. Une fois opérationnel, le concept surnommé «NOW» permettra aux clients NIC Bank d’accéder à la plupart des services via les téléphones mobiles et autres appareils électroniques. Cette décision a été prise seulement quelques jours après les résultats d’une étude réalisée par l’Association des banquiers du Kenya (KBA) qui a révélé que 60% des Kényans utilisent des téléphones mobiles pour les services bancaires et financiers. John Gachora, directeur général de la banque, a assuré que tout ce qui peut être fait lorsqu’on rentre dans une agence bancaire, on sera en mesure de le faire en ligne. Vu que l’application pourra être chargée sur des smartphones tels qu’iPhone (Apple) via App Store, ou autres Android, via Play Store, App World, ou encore Windows, les clients pourront accéder à plusieurs services, allant de la consultation de soldes aux paiements M-PESA, en passant par le paiement de factures, des transactions financières… Bénéfice en hausse à Mwanga Community Bank Comparativement à l’année dernière, le bénéfice net de Mwanga Community Bank (Tanzanie) s’est apprécié de près d’un tiers, s’établissant à 71,1 M de shillings tanzaniens, contre 54,79 M de sh. Un résultat qui traduit la bonne tenue du chiffre d’affaires net d’intérêts qui a doublé passant de 504,4 M de sh à 1,098 Mrds de sh. Ce dernier a été stimulé par l’expansion du portefeuille de prêts qui a bondi de près de 500 M de shillings à 7,5 Mrds shillings tanzaniens en seulement trois mois. Dans le sillage de ces bons résultats, les prêts non performants ont été ramenés à 8% à la fin du 4ème trimestre de l’an dernier, contre 10% au trimestre précédent, sachant que la banque a annulé 64,46 M de shillings tanzaniens de créances douteuses. 6 février 2014 Les Afriques . 21 BOURSES & FONDS BRVM Performance annuelle et perspectives 2014 L’année 2013 a été assez animée pour la Bourse régionale d’Abidjan, avec une évolution notable des principaux indices, ainsi que le passage à une cotation en continu. L’année 2014 est également pleine de promesses, avec notamment la cotation en vue de nouvelles sociétés et d’opérations d’émission de titres obligataires. capitalisation du marché des actions a progressé de 39,74% et celle du marché des obligations de 28,97%. Les volumes des transactions ont connu une embellie de 60,49% au cours de l’année 2013, avec une valeur totale de 193,50 milliards de f CFA, soit une hausse de 32,68%. Palmarès 2013 Siège de la BRVM, Abidjan L es principaux indices de la BRVM ont connu une évolution notable au cours de l’année 2013. L’indice BRVM 10 s’est fixé à 246,34 points, soit une variation de +33,85%. Quant à l’indice BRVM Composite, il a gagné 39,28% à 232,02 points. Au niveau global, la capitalisation boursière totale du marché s’est chiffrée à 6 706,25 milliards de f CFA au titre de l’année 2013, soit un gain de 1 843,06 milliards de f CFA, correspondant à une hausse de 37,90%. La 31 décembre 2012 31 décembre 2013 Variation en valeur Variation en % BRVM 10 184,04 246,34 + 62,30 + 33,85% BRVM composite 166,58 232,02 + 65,44 + 39,28% 31 décembre 2012 31 décembre 2013 Variation en valeur Variation en % Volumes de titres 40 914 740 65 664 659 24 749 919 +60,49% Valeurs (en f CFA) 145 835 253 482 193 498 172 158 47 662 918 676 +32,68% 31 décembre 2012 31 décembre 2013 Variation en valeur Variation en % Actions (en f CFA) 4 031 377 256 240 5 633 469 354 130 1 602 092 097 890 + 39,74% Obligations (en f CFA) 831 811 365 496 1 072 777 797 793 240 966 432 297 + 28,97% Total 4 863 188 621 736 6 706 247 151 923 1 843 058 530 187 + 37,90% Le titre le plus actif en volume a été Ecobank Transnational Incorporated TG avec 54 427 845 actions échangées et le plus actif en valeur, Sonatel SN, avec 84,61 milliards de f CFA de capitaux échangés. Sur le marché des actions, deux augmentations de capital ont été réalisées, avec un volume total de 250 000 actions nouvelles, pour un montant global de 16,55 milliards de f CFA. Au niveau du marché des obligations, 11 nouvelles admissions obligataires ont été effectuées pour un montant total de 437,77 milliards de f CFA. L’année a été marquée par le passage à la cotation en continu, depuis le 16 septembre 2013. Perspectives 2014 Parmi les projets en vue en 2014 à la BRVM, on peut noter l’ouverture du 3e compartiment dédié aux PME et aux entreprises à fort potentiel de croissance. Par ailleurs, plusieurs admissions au marché des actions sont attendues, notamment dans les secteurs de la finance, de la distribution, des télécommunications et de l’industrie. Sur le marché obligataire, il est prévu l’admission d’au moins trois lignes nouvelles dont deux émanant de dettes souveraines. Ibrahim Souleymane 22 Les Afriques . 6 février 2014 ENTREPRISES ET MARCHÉS MAURITANIE Polémique autour d’un projet d’extension d’une centrale électrique La Banque islamique de développement (BID) et le gouvernement mauritanien sont liés par une convention de financement d’un montant de 50 millions d’euros, relative à un projet d’extension de la Centrale électrique de Nouakchott. U ne option autour de laquelle plusieurs sons de cloche contradictoires ont circulé au cours des dernières semaines, avec une annonce de l’ONG Sherpa, célèbre dans la traque des biens «mal acquis» par les chefs d’Etats africains, faisant état de la suspension du projet par la BID pour «des soupçons de corruption» dans l’attribution du marché opérée par la procédure du gré. Puis, une réaction indirecte de l’institution financière islamique, dont un haut responsable cité par l’Agence mauritanienne d’information (AMI), sous contrôle gouvernemental, apporte un démenti aux allégations de Sherpa. L’entrée en lice de l’opposition mauritanienne fait enfler la bulle d’une polémique au centre de toutes les conversations dans les salons cossus des quartiers résidentiels de Nouakchott. Au mois de septembre 2011, la Société mauritanienne d’électricité (Somelec), à capitaux publics, chargée de la production, du transport et de la distribution de l’énergie en Mauritanie, a lancé par l’intermédiaire d’un cabinet privé un appel d’offres international pour la réalisation à Nouakchott d’une centrale électrique d’une capacité de 120 mégawatts. Un ouvrage initial financé par le Fonds arabe pour le développement économique et social (Fades) et la Banque islamique de développement (BID) pour une enveloppe globale de 100 millions d’euros. L’objet du projet d’extension de la Centrale électrique est de porter sa capacité à 180 mégawatts, avec entre autres enjeux, la possibilité d’exporter le 24 Les Afriques . 6 février 2014 Augmentation des prix du carburant Le ministre marocain chargé des Affaires générales et de la gouvernance, Mohamed El Ouafa, a annoncé, vendredi dernier, que les prix de l’essence et du fuel seront augmentés. A partir de samedi 1er février, le super sans plomb est passé de 12,02 DH/litre à 12,75 DH, tandis que le fuel grimpe à 5742,72 DH/tonne, contre 4 944,42 DH/tonne. Avec cette décision, le gouvernement Benkirane met en application sa décision d’exclure de la liste des produits subventionnés l’essence et le fuel n°2. La Berd et la BID accompagnent l’ONEE au Maroc surplus vers le Sénégal, sur la base d’un accord signé entre Dakar et Nouakchott au mois de septembre 2013. Un sacré coup à la rupture ? Une grosse tuile Le 16 janvier 2014, l’association française Sherpa publie un communiqué à travers lequel elle «se réjouit du fait que la Banque islamique de développement (BID) l’ait informée, vendredi 10 janvier 2014, qu’elle renonçait à financer, comme elle l’avait envisagé, à l’extension de la centrale électrique en Mauritanie, à Nouakchott, à la suite d’un marché de gré à gré, attribué par la Société mauritanienne d’électricité (Somelec), en 2013, à la société de droit finlandais Wartisila». Une attribution de marché entachée de multiples irrégularités : corruption d’agents publics et autres infractions financières. Une sortie qui sonne comme une grosse tuile sur la tête des tenants de la bonne gouvernance dans un pays, où la rupture Une attribution de marché entachée de multiples irrégularités. L’Office national de l’eau et de l’électricité (ONEE) a signé récemment 2 importants contrats de financement avec respectivement la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et la Banque islamique de développement (BID) pour la réalisation de projets d’infrastructures d’eau potable d’envergure. Le montant total mobilisé par l’Office auprès des 2 bailleurs de fonds est de plus de 2 milliards de dirhams. Ainsi, la BERD a accordé un prêt d’un montant global de 65 millions d’euros (727,2 millions de dirhams, MDH) pour le renforcement de l’approvisionnement en eau potable dans les villes de Ouarzazate et Benguerir et le renforcement de l’accès à l’eau potable dans 260 centres ruraux de la province d’Azilal. Ce prêt est accompagné d’un don d’un montant de 4,2 millions d’euros (47 MDH) pour le financement des différents aspects de l’assistance technique. De son côté, la BID a accordé un prêt de 140,20 millions de dollars (1,57 milliard de dirhams) pour sécuriser l’accès à l’eau potable dans les zones d’Agadir et améliorer l’accès à cette ressource au niveau de Chtouka Ait Baha. Pierre Rabhi, le Pape Vert en conférence à Casablanca avec la gabegie est devenue un refrain depuis l’arrivée du président Mohamed Ould Abdel Aziz. La BID maintient son soutien Les allégations de Sherpa sont d’abord battues en brèche par l’agence gouvernementale de presse citant le viceprésident de l’institution, Dr Abdel Aziz El Henai, s’exprimant en marge du forum sur l’investissement en Mauritanie, organisé le dimanche 26 et lundi 27 janvier. Une position de l’institution financière confortée le mardi 28 janvier par une nouvelle déclaration de son président, Dr Mohamed Ali, qui à la sortie d’une audience avec le premier magistrat mauritanien affirme avoir exprimé au chef de l’Etat «l’intérêt que porte la BID au projet d’extension de la centrale électrique de Nouakchott. Notre institution réitère sa disponibilité à aller de l’avant pour la finalisation d’un projet qui permettra une exportation de l’électricité vers le Sénégal». Une question de fond Face à ces déclarations contradictoires, Lô Gourmo, vice-président de l’Union des forces du progrès (UFPopposition), professeur agrégé de droit et brillant avocat, pose la véritable question de fond liée à la pratique générale de la gouvernance économique dans le pays. Dans une contribution largement diffusée, il a écrit : «l’AMI dans son inimitable style a annoncé que l’un des hauts responsables de la BID aurait déclaré que l’institution veut poursuivre son engagement dans le financement de la tranche d’extension de la Centrale électrique de Nouakchott». Nous attendons toujours l’intégralité de la déclaration de la BID d’une part et surtout la preuve de l’AMI que l’information initiale relative à la suspension du financement en question n’était, comme le dit l’agence, qu’une simple rumeur. En attendant, il est aisé de constater que la BID n’a pas encore démenti avoir écrit à Sherpa pour annoncer cette suspension, comme celle-ci l’a solennellement affirmé. La BID n’a jamais fait unedéclaration, et accusé ainsi Sherpa de faux et usage de faux. Pour ce haut responsable de l’opposition, «la question de fond reste la violation de la procédure de passation des marchés publics et la conclusion d’un pacte de corruption entre l’entreprise qui a frauduleusement gagné le marché, un ministre de la République et un proche du président de la République». En fait, malgré de multiples contradictions apparentes, ces différentes positions se recoupent quelque part : la BID financera probablement le projet d’extension de la Centrale électrique de Nouakchott suivant la procédure légale, c'est-à-dire le lancement d’un appel international ouvert à la concurrence et non sur la base d’un marché de gré à gré. Amadou Seck, Nouakchott Vers un appel d’offres international La ville de Casablanca va abriter, le 27 février, une conférence animée par Pierre Rabhi, surnommé aussi le Semeur d’espoirs, sur «Les témoins des possibles, au-delà des alternatives». Ce sera l’occasion pour cet expert de l’agro-écologie de partager son expérience, son engagement sur les alternatives éducatives, économiques, agricoles. Cette rencontre à la bibliothèque Al Saoud sera aussi l’occasion de scruter les voies et moyens pour savoir comment sortir des impasses vers lesquelles nous entraîne le «toujours plus». L’Ethiopie s’essaie au coton génétiquement modifié Afin de donner un coup de fouet à l’export textile, le gouvernement éthiopien a incité les agriculteurs éthiopiens à planter du coton génétiquement modifié à la prochaine campagne qui débute en juin. Confirmation d’Ahmed Abtewe, ministre éthiopien de l’industrie, soutenant des objectifs à 1 Mrd de $ en 2015. Pour rappel, le Parlement éthiopien ratifiait au début de 2013, un texte proclamant que les organismes génétiquement modifiés (OGM) pouvaient être importés si le ministère de tutelle les approuvait. Construction d’un Institut d’études maritimes (Nigeria) La violation de la procédure de passation des marchés publics. L’agence de la sécurité et de l’administration maritime du Nigeria vient d’entamer la construction d’un Institut d'études maritimes à Ibrahim Babangida Badamasi, dans l’université Lapai. Pour Alex Akpé, architecte-conseil de cette structure, il s’agit d’un projet d'une importance capitale pour l'économie du pays. Il s’est ainsi exprimé au cours de la première phase des travaux de construction du site. 6 février 2014 Les Afriques . 25 ENTREPRISES ET MARCHÉS CAMEROUN Bolloré débouté pour la gestion du terminal à conteneurs du port de Kribi L’offre de l’armateur français destinée à la gestion de ce terminal portuaire a été déclarée infructueuse par les autorités camerounaises. Ce rejet pourrait retarder l’exploitation du port de Kribi. ments de dents, certains opérateurs ayant récusé les conditions qui avaient entouré le processus de préqualification. Le rejet de l’offre de Bolloré Africa Logistics dans une compétition où il était seul à soumissionner ne va pas sans susciter quelques curiosités et démontre qu’indéniablement cette proposition n’était pas alléchante. Selon toute vraisemblance, les autorités camerounaises ont tiré les leçons d’il y a dix ans lorsque la gestion du terminal à conteneurs du Port autonome de Douala (PAD) avait été confiée au groupe Bolloré pour quinze années dans les conditions controversées, alors que la concurrence, notamment le groupe espagnol Progosa, avait présenté une meilleure offre d’après des sources autorisées, au rang desquelles un rapport circonstancié de la Banque mondiale. L a décision du gouvernement camerounais déclarant infructueuse l’offre de financement, de construction et d’exploitation du terminal à conteneurs du port de Kribi aura sans doute des répercussions sur le chronogramme de mise en service de cette place portuaire qui attend officiellement son premier navire en juin 2014. L’attente pourrait se prolonger jusqu’à une année supplémentaire entre la publication d’un nouvel appel d’offres international, la sélection d’un soumissionnaire, la durée des travaux d’aménagement et le début des activités proprement dites. Dans un communiqué rendu public fin janvier, le Premier ministre chef du gouvernement, Philémon Yang, a annulé l’appel d’offres de 2008 dans lequel le Cameroun recherchait un partenaire pour assurer le 26 Les Afriques . 6 février 2014 financement et la construction du terminal à conteneurs dans ce complexe portuaire. Ledit communiqué précise qu’est «déclaré infructueux le lot 2.1, de l’appel d’offres international restreint n° 0000/295/AOIR/Minepat du 29 septembre 2008 pour le financement, la construction et l’exploitation du terminal à conteneurs du port en eau profonde de Kribi. Par conséquent, le soumissionnaire est prié de passer retirer sa soumission sous quinzaine, dès publication du présent communiqué. Passé ce délai, son offre sera détruite». Une nouvelle qui a eu l’effet d’un coup de tonnerre, d’autant que, selon de fiables informations, l’armateur français était seul candidat en lice. Ce qui, a priori, laissait croire que le dossier était déjà plié. En son temps, cet unique soumissionnaire avait suscité des grince- Raffut autour d’un terminal à conteneurs Le chronogramme qui prévoit que les premiers navires accostent en juin 2014 sera difficilement respecté. Vers une bataille entre Bolloré et Necontrans Bien que la construction du port de Kribi soit en phase de finalisation par l’entreprise chinoise CHEC, la désignation du concessionnaire qui exploitera ce terminal prendra plus de temps. Conséquence, le chronogramme qui prévoit que les premiers navires accostent en juin 2014, à condition que le contrat du marché de concession soit signé en septembre 2013, sera difficilement respecté, car d’après des experts au moins neuf mois sont nécessaires pour que ce terminal soit fonctionnel. D’où la décision du gouvernement de procéder à une réorientation de l’activité, puisque le financement et la construction de ce complexe portuaire ont été confiés à des partenaires chinois d’Eximbank et CHEC qui n’avaient pas soumissionné à l’appel d’offres de 2008. Pendant ce temps, l’exploitant du terminal à conteneurs reste inconnu et le restera probablement pendant plusieurs mois, le temps de choisir un opérateur au terme d’un processus de qualification qui s’annonce serré. Lors du lancement de l’appel d’offres en 2008, au moins quatre entreprises et groupements d’entreprises, essentiellement des firmes européennes, avaient manifesté leur intérêt pour cette prestation, entre autres le franco-danois Maersk et un groupement conduit par le Belge Jan de Nul. D’après des observateurs avisés, sur la base de ce qui se passe dans les principaux ports d’Afrique Centrale et de l’Ouest, Bolloré Africa Logistics pourrait affronter d’autres concurrents de taille, parmi eux son compatriote Necotrans qui est devenu depuis quelque temps son principal rival sur certains ports dans la côte ouest-africaine. On se souvient encore de l’imbroglio qui avait entouré l’attribution du marché lié à la gestion du terminal à conteneurs du port de Conakry, en Guinée, où Necotrans qui l’avait régulière- ment emporté a été par la suite battu sur tapis vert, suite à l’implication personnelle du chef de l’Etat guinéen Alpha Condé. Une option qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive, d’aucuns estimant que Bolloré se sert généralement de leviers politiques pour passer en force. En l’état actuel et sur la base d’indices pertinents, tout laisse croire que Bolloré a peu de chance de gérer concomitamment les terminaux à conteneurs des places portuaires de Douala et de Kribi. À moins que l’entreprise française ne convainque finalement par la qualité de son offre. D’un investissement de 200 milliards de f CFA, le complexe portuaire de Kribi, qui disposera de quatre terminaux à la fin des travaux, permettra aux gros navires qui ne peuvent accoster au port fluvial de Douala de se diriger vers ce port construit sur les berges de l’océan Atlantique et dont la vocation est certes de procéder à l’écoulement des minerais et du pétrole camerounais, mais également de desservir plusieurs pays africains. Achille Mbog Pibasso, Douala Bolloré se sert Les inondations généralement renchérissent les de leviers poli- prix de la viande Dans le district de Kilosa, à Dar es tiques pour Salam, capitale de la Tanzanie, les passer en inondations qui ont interrompu les voies entre Dodoma, des régions côforce. tières et de l’Est, et occasionné la destruction du pont Dumila, les prix de vente de gros et de détail de la viande ont légèrement grimpé. Les professionnels de la branche ont soutenu que la destruction du réseau routier a entraîné une faible offre au marché Pugu, renchérissant du coup les prix. Endiama rouvre des mines précédemment fermées Vincent Bolloré, PDG du groupe Bolloré Africa Logistics Les mines de Camafuca, Camazambo, Shiri et Sangamina, dont les réserves de kimberlites sont approuvées, seront rouvertes par Endiama (Entreprise nationale de diamants) en Angola. C'est ce qu'a confirmé António Carlos Sumbula, président du Conseil d’administration, au cours de la commémoration du 33ème anniversaire d’Endiama. C’est de bonne guerre, vu qu’aujourd’hui les prix sur le marché sont suffisamment élevés et que les négociations avec les bailleurs de fonds vont bon train. Production du cuivre en hausse à Discovery Metals La compagnie minière australienne Discovery Metals, développeur du premier concentrateur de cuivre-argent du Botswana, a récemment annoncé une augmentation de la production au cours du dernier trimestre de 2013. La société a en effet assuré que les opérations à Boseto, mine située dans le nord-ouest du Botswana, avaient permis d’améliorer la production dans l’usine de traitement, notamment suite à la récupération du cuivre. Bob Fulker, DG de Discovery Metals, a soutenu que la production totale, au dernier trimestre, était de 12 552 tonnes, soit une augmentation de 5,1%. 6 février 2014 Les Afriques . 27 ENTREPRISES ET MARCHÉS AFRIQUE L’impact du retard technologique sur la croissance Dans une récente étude sur l’adoption des nouvelles technologies par les entreprises africaines, la multinationale américaine du matériel informatique, du logiciel et des services informatiques, IBM (International Business Machines Corporation) dévoile que le manque d’adoption de technologies freine la croissance des entreprises africaines. S elon les résultats de l’étude d’IBM qui a interrogé 180 responsables informatiques dans 29 industries en Afrique, dont le Maroc, l’Égypte, l’Afrique du Sud, le Kenya et le Nigéria... près de 87 % des leaders informatiques de ces pays africains classent les nouvelles technologies telles que l’analytique, le Cloud, le mobile et les médias sociaux comme étant essentielles à la réussite de l’entreprise. Seule la moitié d’entre eux pousse à leur adoption. L’étude d’IBM constate que «le manque d’adoption de technologies empêche de nombreuses entreprises africaines d’atteindre la croissance et le progrès escomptés». Au cours des dernières semaines, IBM a engagé 1,2 milliard de dollars à l’échelle mondiale pour étendre son empreinte Cloud et annoncer 28 Les Afriques . 6 février 2014 l’investissement d’un milliard de dollars pour la création de l’IBM Watson Group, une nouvelle entité qui se concentre sur la mise en œuvre d’applications et de services Cloud sur le marché. Cette nouvelle étude de la firme américaine est intitulée : «Donner le ton en Afrique : Comment des leaders informatiques concrétisent le potentiel des technologies émergentes» (Setting the pace in Africa: How IT leaders deliver on the potential of emerging technologies). Elle révèle que seulement 53 % des leaders IT africains adoptent les nouvelles technologies. Cette étude a également permis de confirmer que 36 % des entreprises africaines qui utilisent les technologies émergentes pourraient être considérées comme des précurseurs dans ce domaine. Cependant, Modernisation de l’outil productif Le commerce de détail et de gros, les services bancaires, les télécommunications et le tourisme. l’étude d’IBM a révélé que le retard dans l’adoption des technologies empêche les entreprises africaines de progresser. Les principaux freins sont le rôle encore limité des DSI (directeurs service informatique), dans la définition de la stratégie de l’entreprise, le manque de compétences IT clé et les préoccupations en matière de sécurité par rapport à ces nouvelles technologies. Selon le rapport de l’étude, les entreprises africaines avant-gardistes ont trouvé des moyens de responsabiliser leurs dirigeants informatiques en modifiant leur culture organisationnelle. En effet, les précurseurs ont réussi à obtenir l’appui de la direction et considèrent les technologies de l’information comme une partie intégrante de la stratégie et non comme un élément jouant un rôle secondaire dans la réussite de l’entreprise. Ce niveau d’engagement interne exige une communication ouverte et une bonne collaboration entre les dirigeants informatiques et les autres membres du comité de direction de l’entreprise. Dans ce même ordre d’idées, l’étude souligne que les économies africaines devraient connaître une croissance économique élevée au cours des dix prochaines années, avec une hausse estimée à 400 milliards de dollars d’ici à 2020 dans les secteurs en lien direct avec les consommateurs. Les domaines appelés à se développer comprennent le commerce de détail et de gros, les services bancaires, les télécommunications et le tourisme. Sanae Taleb CÔTE D’IVOIRE Première implantation en Afrique du chinois Hanergy Le consortium chinois, Hanergy, spécialisé dans la production d’électricité non polluante, a pris l’option d’ouvrir en terre africaine sa première centrale d’énergie solaire en Côte d’Ivoire. L’Etat entend, via ce transfert, résorber la question de l’approvisionnement. Acquisition d’une mine de nickel par Jin Tuo Investments Les actionnaires d’Albidon Ltd ont finalement approuvé la cession de la mine de nickel Munali à Mazabuka (Zambie) à l’entreprise chinoise Jin Tuo Investments. Filiale de Jinchuan Group Resources Holdings Ltd, Jin Tuo Investments devra œuvrer à améliorer la production. Confirmation de Chabby Chabalan, secrétaire générale de la société, qui a déclaré que les actionnaires d’Albidon avaient approuvé l’acquisition de la société de Jin Tuo. Forte récession dans le marché soudanais de l’or L’ implantation d’Hanergy à Abidjan devra nécessiter 500 millions de dollars d’investissements sur une période de 5 ans (2014-2019). Les autorités chinoises après avoir multiplié les allers-retours Abidjan-Pékin ont finalisé l’opération d’implantation grâce à la volonté manifeste du guichet unique d’investissement de Côte d’Ivoire (Cepici) qui leur a facilité l’octroi d’agrément de s’installer en Côte d’Ivoire. Reçu en audience successivement par le ministre de l’Énergie, le Premier ministre et le président de la République, le groupe a pris l’option sérieuse d’exporter son modèle de fourniture d’électricité non polluante. La Côte d’Ivoire devient la porte d’entrée de l’offensive d’Hanergy vers les pays de la Cedeao, un marché de plus de 300 millions de consommateurs. Les tractations sont allées très vite, et pour sa première implantation à Abidjan, le groupe chinois va construire avant fin 2014 une centrale de production d’énergie solaire. Le plan d’investissement prévoit aussi l’installation clés en main d’une usine de montage de panneaux photovoltaïques. Le gouvernement très séduit par la pertinence et l’impact des investissements à court terme du consortium chinois espère tirer profit des installations haut de gamme d’Hanergy pour approvisionner en continu la capitale en électricité verte. Le président Alassane Ouattara a réitéré l’engagement de l’Etat à accompagner les entreprises étrangères qui ont accepté d’apporter leur expérience et leur expertise dans les grands chantiers amorcés pour atteindre l’émergence 2020. Le gouvernement qui accorde un intérêt capital aux énergies vertes vient de mettre en place une agence dotée de ressources financières conséquentes et qui a en charge le développement des énergies renouvelables d’ici à l’horizon 2030, conformément aux directives du président pour booster le secteur de l’énergie. Des missions de prospection ont été engagées au plus haut niveau par le groupe Hanergy au Burkina et au Mali et devront se concrétiser par des signatures de convention avec les États respectifs. Ismael Aidara Hanergy pour corser la production électrique ivoirienne Le marché soudanais de l’or n’est pas épargné par le «spectre» de la récession et par le pouvoir d’achat affaibli au Soudan. Certains commerçants de la capitale Khartoum sont même allés jusqu’à avancer qu’il connaît une grave récession en dépit de la baisse des prix de vente d’environ 10% au cours des derniers mois. Les témoignages font état d’une baisse de 21 carat Arabie qui est passé d’une fourchette entre 58 à 60 $, le gramme à seulement 53 $, tandis que le 21 carat Bahreïn a chuté de 61-63 $ à 56 $. Inauguration de la centrale électrique Mount Coffee (Libéria) La Côte d’Ivoire devient la porte d’entrée de l’offensive d’Hanergy vers les pays de la Cedeao. Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Libéria, vient d’inaugurer la centrale hydroélectrique de Mount Coffee. Elle a alors salué la réalisation d’efforts collectifs de tous les libériens. Cette centrale qui a été en réalité réhabilitée, permettra de fournir à ses concitoyens une électricité abordable et bon marché. De son avis, c »est le moyen le plus sûr pour asseoir un essor économique, notamment dans l'industrie manufacturière. 6 février 2014 Les Afriques . 29 ENTREPRISES ET MARCHÉS Nigeria Partenariat Transcorp-General Electric Afin de contribuer à l’accroissement de la capacité de la centrale électrique d’Ughelli, gérée par Transcorp Ughelli Power Ltd (TUPL), filiale électrique de Transnational Corporation of Nigeria Plc (Transcorp), la compagnie vient de signer un accord avec General Electric (GE). tion, nous avons fait preuve d’audace afin de tenir notre promesse faite aux actionnaires de Transcorp et au peuple du Nigeria. En un laps de temps très court, nous avons réussi à avoir un impact considérable : la production électrique a plus que doublé, et grâce à cet accord, elle va encore augmenter avant la fin de cette année». Il a ensuite ajouté être convaincu que ce partenariat avec GE permettra d’accélérer la réalisation des objectifs du groupe dans le secteur énergétique au Nigéria. Quant au président international de General Electric, il a salué la confiance que leur témoigne Transcorp et exprimé sa satisfaction d’apporter les importantes ressources de GE afin de soutenir la vision audacieuse de Transcorp pour le secteur énergétique du Nigéria. Il n’a pas omis de soutenir que ce partenariat avec Transcorp souligne l’engagement de GE à développer le secteur énergétique au Nigéria. A l’horizon 2016-2020, la capacité de la centrale électrique d’Ughelli au Nigéria devrait être augmentée de 1 000 MW. Cette centrale représente la plus importante production électrique du gaz du Nigéria. Achetée par Transcorp dans le cadre du programme de privatisation de l’énergie mené en 2013, la centrale d’une valeur de 300 millions de $ fait partie de l’investissement de 2,5 milliards de $ réalisé par Tony O. Elumelu, président de Transcorp et Heirs Holdings, société d’investissement. Pour assurer une telle production, TUPL a conclu un accord avec le géant américain General Electric. Grâce aux 115 MW supplémentaires (apportées par la réhabilitation de la turbine GT 15), 30 Les Afriques . 6 février 2014 ainsi qu’aux autres travaux de réhabilitation prévus à la centrale, dans le cadre de ce partenariat, la production d’Ughelli sera portée à 700 MW d’ici à décembre 2014. Les accords ont été signés par Elumelu et Jeffrey Immelt, président international de General Electric. Les deux parties se réjouissent que ces partenariats soient consécutifs à un accord de coopération signé par Transcorp et GE en 2013. En marge de la cérémonie de signature, le président de Transcorp a déclaré : «Nous sommes ravis de travailler avec GE, un leader international ayant fait ses preuves dans le domaine du développement des technologies électriques, dans le cadre du projet d’expansion de la centrale d’Ughelli. Grâce à cette ac- General Electric à la rescousse d’Ughelli (Nigéria) La production d’Ughelli sera portée à 700 MW d’ici à décembre 2014. Ambitions d’un groupe Transcorp est un conglomérat coté en Bourse possédant une base d’actionnaires diversifiée comptant plus de 300 000 investisseurs, dont le plus important est Heirs Holdings Ltd, une société d’investissement par actions panafricaine. Son portefeuille comprend des investissements stratégiques dans les secteurs de l’électricité, de l’hôtellerie, de l’agroalimentaire et de l’énergie. Le groupe s’est engagé, via TUPL, à transformer la centrale d’Ughelli et à la rendre rentable en augmentant sa capacité de production, affinant sa contribution à fournir une énergie abordable et accessible dans le cadre du programme Power Africa Initiative. A.E.M GREEN BUSINESS Afrique, le dernier espoir écologique Les conséquences du changement climatique sont visibles à travers les différentes catastrophes naturelles qui se succèdent dans le monde. L’écosystème du continent africain constitue aujourd’hui l’un des «poumons écologiques» de la planète qu’il devient urgent de préserver afin de sauver le monde. ujourd’hui face aux conséquences du changement climatique et de diverses catastrophes écologiques causées par l’homme, la protection de l’environnement ne concerne plus uniquement les pays industrialisés. Heureusement, on constate un début de prise de conscience écologique également sur le continent africain. Des mesures urgentes restent toutefois nécessaires pour sauver l’environnement, maintenir l’équilibre de l’écosystème du continent, ou à plus grande échelle pour sauver la planète. De manière générale, l’Afrique reste encore un «bon élève au niveau écologique». Alors que le continent abrite 15 % de la population mondiale, il affiche une empreinte écologique d’à peine 7,7 %. L’empreinte A 32 Les Afriques . 6 février 2014 mesurant la pression exercée sur la biosphère. En outre, le bilan carbone de l’Afrique ne représente que 20 % de son empreinte écologique, contre plus de 55% au niveau mondial. Malgré l’urgence de la protection de l’environnement, les négociations c l i m a t i q u e s n ’ o n t p a s e n co re abouti. Si rien n’est fait, les conséquences du changement climatique vont s’abattre sur le monde entier. Menaces sur l’Afrique Des zones vertes comme le Bassin du Congo qui est la deuxième forêt la plus vaste au monde doivent être protégées pour éviter des scandales comme celui de la dévastation des forêts de l’Amazonie. Sur un autre registre, l’Afrique est menacée de devenir un dépotoir des déchets toxiques industriels. En Une inquiétante déforestation Des zones vertes comme le Bassin du Congo qui est la deuxième forêt la plus vaste au monde. plus, les catastrophes pétrolières sur des pays comme le Nigéria constituent de sérieuses menaces pour le continent. Heureusement, de plus en plus d’ONG comme GreenPeace, tirent la sonnette d’alarme et dénoncent des pratiques peu orthodoxes de certaines multinationales qui déversent des déchets toxiques dans les pays africains, au mépris des législations locales. Les grandes compagnies pétrolières sont souvent montrées du doigt pour les dégâts environnementaux causés dans certains pays africains où la RSE (responsabilité sociale de l’entreprise) n’est pas surveillée de près. Le changement climatique va accentuer les extrêmes de températures et de précipitations, mais aussi les cycles saisonniers moyens qui dirigent l’évolution des écosystèmes d’année en année, à des échelles locales ou régionales. Le changement climatique va modifier la disponibilité des ressources naturelles terrestres et océaniques qui assurent l’approvisionnement des populations humaines. Par des chaînes de cause à effet, ces conséquences écologiques ou environnementales du changement climatique modifieront les paramètres économiques et politiques de nombreux pays. «L’Afrique est un continent particulier, car 90% de ses habitants dépendent de ce que fournissent les écosystèmes gratuitement ou moyennant un coût d’ext ract ion faible (chass e, pêche, cueillettes, cultures traditionnelles)», souligne Sylvestre Voisin, chercheur et expert sur les questions de développement durable et du management env i ronnemental. Les politiques de développement ont souvent négligé la préservation de l’environnement, de la biodiversité et des fondamentaux écologiques. Blocages des négociations climatiques Dans les négociations sur le climat, les rapports de force ont stimulé le rap- prochement des pays les moins avancés et pauvres, le renforcement des pays émergents en train de devenir riches et enfin les divergences entre les différents blocs des pays avancés, mais menacés économiquement. L’objet des discussions comporte donc plusieurs niveaux qui relèguent le débat technique sur la réduction des émissions de GES (gaz à effet de serre) au second plan, mettant en avant les intérêts économiques, la maîtrise des technologies et des savoirs et les opportunités pour les marchés financiers. Les assureurs et certains économistes écoutés ont démontré le coût exorbitant de l’inaction vis-à-vis des émissions de GES. Mais les raisonnements rationnels ne suffisent pas à réformer l’économie mondiale dirigée par des mécanismes de prix et d’incitations encore trop élémentaires. Plus encore, les accords techniques sur les émissions de GES et sur la compensation des dommages liés au climat sont devenus des éléments presque accessoires dans les négociations bilatérales stratégiques entre pays ou entre blocs économiques (unions douanières). Comme lors des négo- Un écosystème à sauvegarder L’Afrique a aujourd’hui l’opportunité d’inscrire son développement dans un modèle qui utiliserait les techniques propres. ciations du cycle de Doha et de l’OMC, les accords internationaux préservent encore trop les intérêts constitués et les distorsions. Dans ce jeu, l’Afrique possède des atouts, mais risque de devoir céder aux pressions habituelles des pays dominants le jeu mondial. L’Afrique dispose de ressources minières et agricoles convoitées par le reste du monde, d’un potentiel pour utiliser les gisements considérables d’énergies renouvelables sur son sol (transition énergétique) et enfin, de ne pas avoir à défendre pour l’instant de mode de consommation trop exigeant en énergies. L’Afrique a aujourd’hui l’opportunité d’inscrire son développement dans un modèle qui utiliserait les techniques propres et efficaces les plus récentes fournies par le reste du monde. Si les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre ne modifient pas leurs habitudes pour passer aux «technologies propres», les politiques de lutte contre le changement climatique risquent d’avoir peu d’effet, avec les conséquences que l’on commence à voir aujourd’hui. Ibrahim Souleymane 6 février 2014 Les Afriques . 33 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE GABON Le Premier ministre Daniel Ona Ondo forme un nouveau gouvernement Le nouveau PM gabonais, Daniel Ona Ondo, a présenté au président de la république du Gabon, Ali Bongo Ondimba, le 28 janvier, sa nouvelle équipe formée de 32 ministres. Ce nouveau gouvernement a pour mission d’accélérer la finalisation des chantiers entamés. N ommé Premier ministre par le président Ali Bongo Ondimba, le vendredi 24 janvier, Daniel Ona Ondo, a remplacé Raymond Ndong Sima. Sa nouvelle équipe est composée de 33 membres y compris le premier ministre. Le nouveau gouvernement gabonais compte cinq ministres femmes. Ainsi, le ministre du Pétrole, Etienne Ngoubou, conserve son portefeuille, tout comme Emma- nuel Issozet Ngondet aux Affaires étrangères et Régis Immongault aux Mines, tandis que Luc Oyoubi passe du ministère de l’Economie à l’Agriculture. L’ancien ministre de la Santé, Léon Nzouba, prend lui la tête du ministère de l’Éducation nationale. Son prédécesseur, Séraphin Moundounga, a été nommé à la Justice. Quant à Blaise Louembe, il passe de la Communication à la Jeunesse et Sports. Daniel Ona Ondo, nouveau PM du Gabon Les actions du nouveau gouvernement Le nouveau gouvernement devra accélérer les chantiers stratégiques (Gabon Vert, Gabon industriel, ...) nécessaires pour obtenir des résultats palpables et concrets, en veillant particulièrement au respect de : • Une nouvelle gouvernance privilégiant la compétence, le mérite, l’intérêt général et le respect de la chose publique. • Une diligence accrue et une meilleure qualité de la dépense publique. 34 Les Afriques . 6 février 2014 • La poursuite des chantiers prioritaires déjà prévus et bénéficiant de financements, dont la mise en œuvre doit être effective. • La participation active de chaque ministère à l’exercice de planification stratégique et de programmation des activités du gouvernement, conformément au plan d’action détaillé pour l’émergence pour la période 2014-2016. Parmi ceux qui ont quitté leur poste ministériel, le ministre de l’Intérieur, de la sécurité publique, de l’immigration et de la décentralisation, Jean-François Ndongou, qui a été remplacé par Guy Mapangou Guy Bertrand. Du côté des nouveaux arrivants, on compte Ernest Mpouho, nommé à la Défense nationale. Selon un communiqué de la présidence, le chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, a instruit l’équipe de Daniel Ona Onda pour «accélérer la transformation du pays au bénéfice prioritaire des Gabonais les plus nécessiteux». Le nouveau gouvernement a désormais le devoir, selon le chef de l’Etat, de «travailler dans une optique de résultats, le nouveau gouvernement conduit par le professeur Daniel Ona Ondo inscrira son action dans le plein respect des principes de gouvernance et de compétence». Dans ce sens, «conscient des urgences sociales et des attentes des populations», le président Ali Bongo Ondimba a formulé lors de cette cérémonie d’investiture, tenue au palais présidentiel de Libreville, son souhait de voir un chef de gouvernement qui coordonne «l’action de tous les départements ministériels autour d’ambitions et de priorités sociales». Ce gouvernement est ainsi celui des «ambitions sociales», fortes, clairement identifiées, tournées vers l’action efficace», ajoute le communiqué. Il est à souligner que l’efficacité de la mise en œuvre de cette action et ses résultats feront l’objet d’évaluations périodiques. Sanae Taleb Composition du gouvernement • Premier ministre, Daniel Ona Onda • Ministre des Affaires étrangères, de la francophonie, de l’intégration régionale, Emmanuel Issozet-Gondet • Ministre de la Prévoyance sociale et de la solidarité nationale, Mba Anguilet Brigitte • Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Moubélé Pacôme • Ministre de l’Éducation nationale et de l’enseignement technique et professionnel, Nzouba Leon • Ministre de l’Agriculture, de l’élevage, de la pêche et de la sécurité alimentaire, Luc Oyoubi • Ministre des Relations avec les institutions constitutionnelles, porte-parole du gouvernement, Mekame Denise • Ministre du Commerce, des Petites et moyennes entreprises, de l’artisanat et du développement des services, Gabriel Tchango • Ministre de la Justice, garde des Sceaux, Moundounga Séraphin • Ministre de la Santé, Mengué M’Engouang Fidèle • Ministre de la Jeunesse et des sports, Blaise Louembé • Ministre de la Promotion et des investissements, des infrastructures, de l’habitat et de l’aménagement du territoire, Magloire Gambia • Ministre de la Forêt, de l’Environnement et de la Protection des Ressources Naturelles, Messone Nelson • Ministre de l’Économie et de la prospective, Akaga Mba Christophe • Ministre de la Culture, des arts et de l’éducation civique, Reteno Assonouet Ida • Ministre de l’Économie numérique, de la communication et de la Poste, Ngoua Deme Pastor • Ministre des Mines, de l’industrie et du tourisme, Immongault Régis • Ministre de l’Intérieur, de la sécurité publique de l’immigration et de la décentralisation, Guy Mapangou Guy Bertrand • Ministre du Budget et des comptes publiques, Magnagna Christian • Ministre du Pétrole et des hydrocarbures, Ngoubou Etienne • Ministre de la Défense nationale, Mpouho Epigat Ernest • Ministre de l’Énergie et des ressources hydrauliques, Guedon Désiré • Ministre de la Fonction publique, de la réforme administrative, de la modernisation des cadres juridiques institutionnels, Mabiala Serge Moïse • Ministre de l’Emploi et de la forma- tion professionnelle, Ntoutoume Emane Simon • Ministre des Transports, Mengue Ovono Paulette • Ministre des Droits humains de l’égalité des chances et des Gabonais de l’étranger, Tapoyo Alexandre • Ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, de la sécurité publique, de l’immigration et de la décentralisation, Oyiba Jean Pierre • Ministre délégué auprès ministre des Affaires étrangères de la francophonie, de l’intégration régionale, Nziengué Dieudonné • Ministre délégué auprès ministre de la Prévoyance sociale et de la solidarité nationale, Dikoumba Marie Françoise • Ministre délégué auprès ministre de l’Économie et de la prospective, Agaya Marcelin • Ministre délégué auprès ministre des Transports, Ngazouze Raphael • Ministre délégué auprès ministre de l’Éducation nationale et de l’enseignement technique et professionnel, Ename Nsole Serge • Ministre délégué auprès ministre de la Forêt, de l’environnement et de la protection des ressources naturelles, Mve Nkoghe Louis Philippe «Voici votre feuille de route : l’impérieux devoir de gagner la guerre contre la pauvreté…» Au lendemain de la constitution du gouvernement d'Ona Ondo, le chef de l’État, Ali Bongo Ondimba, a dressé la feuille de route de l’équipe ministérielle, précise un communiqué de la présidence. Le nouveau gouvernement doit d’abord adopter un collectif budgétaire pour s’armer dans la «guerre contre la pauvreté», réformer l’enseignement et la formation, mettre en œuvre une politique de décentralisation, développer l’accès aux services publics de base et, enfin, réformer la subvention aux produits pétroliers. «Voici votre feuille de route : l’impérieux devoir de gagner la guerre contre la pauvreté, le délitement social, la précarité», affirme Ali Bongo Ondimba devant le nouveau gouvernement au grand complet. Au sortir du premier Conseil des ministres, en présence des représentants des institutions régaliennes, des hauts fonctionnaires, des dirigeants des organismes bancaires et de protection sociale, des leaders religieux et associatifs, il s’engage à ne rien cacher de ce rapport indépendant commandité en octobre 2013 : la pau- vreté frappe le Gabon et menace de délitement le contrat social. Car 30% des citoyens sont économiquement faibles (95.000 foyers, dont 55% en ville), 60% des départements sont en décrochage en termes d’accès aux minimas sociaux de base pour ce qui est de l’accès à la santé, à l’eau potable et à l’électricité. Il n’y aura donc pas d’état de grâce ni de période d’apprentissage. «Il n’y aura qu’un seul objectif, qu’un seul mot d’ordre : réussir», prévient, scandant chaque mot, le président gabonais. 6 février 2014 Les Afriques . 35 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE Le Maroc adopte bientôt deux projets de loi et une stratégie de la migration Dans une rencontre avec la société civile, le ministre marocain des Affaires de la migration, Anis Birou, a présenté, le 23 janvier, l’état d’avancement de l’opération de régularisation des sans-papiers. À cette occasion, le ministre a assuré que son département est en train de préparer deux projets de loi relatifs à la migration dans l’horizon d’élaborer une stratégie nationale. A vec le ministère de l’Intérieur, le département des Affaires de la migration a déclaré lors de cette rencontre organisée à Rabat que l’opération de régularisation, lancée le 2 janvier et s’achèvera le 21 décembre 2014, sera une occasion pour normaliser la situation d’une communauté étrangère résidante au Maroc, d’environ 30 000 cas. En effet, une soixantaine de nationalités sont concernées par l’opération. À ce propos, les autorités marocaines se disent avoir ouvert plus de 83 bureaux dans l’ensemble du territoire marocain. À rappeler que plus de 3 000 personnes veillent sur le déroulement de cette phase de régularisation. Cette rencontre, qui a été égale36 Les Afriques . 6 février 2014 ment consacrée à l’échange avec la société civile, c’est-à-dire les associations qui travaillent auprès des immigrés clandestins, des réfugiés et des demandeurs d’asile, s’est avérée éminente puisqu’elle a permis de cerner les quelques problèmes rencontrés lors de cette première période de régularisation. Globalement, les représentants des ONG qui ont participé à cette rencontre ont relevé que «les bureaux ne sont pas encore très actifs», particulièrement dans les villes du Nord et de l’Oriental, à savoir Nador, Oujda, Berkane. Selon ces mêmes ONG, ce manque de confiance des sans-papiers est dû à une absence de communication sur l’opération. Les concernés sont réticents «parce qu’ils ne savent pas Regularisation des migrants sans papiers L’opération de régularisation lancée le 2 janvier s’achèvera le 21 décembre 2014. qu’il serait leur sort s’ils ne remplissent pas les conditions de régularisation», déclare une représentante du bureau de l’Unesco au Maroc. De son côté, le ministre chargé de la Migration a souligné que son équipe est à l’écoute de la société civile pour le bon déroulement de l’opération et compte élaborer deux projets de loi relatifs à la traite, l’asile et les réfugiés, sans oublier l’établissement d’une stratégie nationale de la migration d’ici à la fin de l’année 2014. Dans ce cadre, lors d’une rencontre ultérieure, le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, a confié que l’opération ne nécessitera pas un budget spécial et que les bureaux des étrangers au niveau des préfectures et provinces du pays recevront et valideront les demandes de régularisation. En effet, une Commission nationale de recours est mise en place avec la participation du Conseil national des droits de l’Homme pour revoir les dossiers des cas humainement exceptionnels. Ceux qui auront justifié 5 ans de résidence régulière devraient être régularisés entre le 1er janvier 2014 et le 31 décembre 2014, s’ils le désirent. En même temps, le Maroc procédera à la régularisation des demandeurs d’asile, reconnus par la représentation du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) et le Bureau des réfugiés et des apatrides relevant du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Officiellement, le Maroc compte 853 réfugiés.. Sanae Taleb, Rabat ANIS BIROU «Régularisation, le Maroc dans le top mondial» sier qui décide de le refuser ou de l’accepter, mais une commission. Une vaste opération de régularisation des sans-papiers a été lancée par le Maroc début 2014. Elle concerne entre 25 000 et 40 000 immigrés qui y sont installés. Le ministre chargé des Affaires de la migration nous fait une évaluation de la 1ère étape de cette opération. L es Afriques : Aujourd’hui, le département des Affaires de la migration invite la société civile pour discuter du déroulement de la première étape de régularisation des sans-papiers, lancée par le Maroc le 2 janvier dernier, quelle évolution faites-vous de cette première étape ? A.B. : L’opération avance très bien. Moins d’un mois après le lancement de cette initiative, des milliers de personnes ont déposé leurs dossiers. Je peux dire qu’au niveau de l’organisation de l’accueil, la régularisation des sans-papiers au Maroc va bon train. À travers nos multiples visites de terrain, nous avons assisté à une forte implication de la société civile. Ceci dit, ma première évaluation de cette phase de l’opération est plutôt positive, puisqu’elle se déroule dans de bonnes conditions. Bien entendu, elle est perfectible, c’est l’objet d’ailleurs de notre réunion aujourd’hui avec la société civile. Nous cherchons à voir ensemble ce qui peut être amélioré et réajusté. LA : Quelles sont, dans ce cadre, les difficultés rencontrées depuis le début de l’opération ? A.B. : Les ONG et les associations actives qui travaillent avec les migrants au Maroc ont parlé lors de cette rencontre d’évaluation de cette première étape de cas isolés. Ils ont cité des personnes qui ont présenté des dossiers incomplets et donc refusés. Je tiens à souligner que ce n’est pas le fonctionnaire qui prend en charge le dos- Anis Birou LA : Pensez-vous revoir ou réviser les conditions ou les «critères de la régularisation» suite à votre discussion avec les ONG ? A.B. : Montrez-moi un seul pays qui a des conditions de régularisation plus souples que celles du Maroc et nous sommes prêts à les adopter, tout de suite. Je vous assure qu’aucun pays, de par le monde, n’offre de conditions de régularisation pour les résidents sans papiers aussi souples que le royaume. LA : Pour accomplir une mission de régularisation, le cadre juridique constitue une pierre angulaire, allez-vous user d’un dispositif particulier pour faire adopter au Parlement les deux projets de loi nécessaires pour votre action ? A.B. : Je promets de communiquer et de convaincre les acteurs politiques de la nécessité d’adopter ces projets de loi. Nous avons l’intention de réunir nos efforts pour réussir à présenter les textes de loi pour la session d’avril. Il faut dire que l’adoption dépend de plusieurs acteurs et que cela demande un espace-temps assez large. Mais sinon, je crois que tout le monde est assez sensibilisé sur l’ampleur de cette opération. Nous allons atteindre nos objectifs. Propos recueillis par Sanae Taleb Qui est Anis Birou ? Anis Birou est le ministre marocain chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur statisticien économiste avec grade d’ingénieur en chef. De 2002 à 2003, il a occupé le poste de directeur de l’Office national des œuvres universitaires sociales et culturelles, avant d’être nommé secrétaire général du ministère de la Modernisation des secteurs publics, poste qu’il occupe jusqu’à sa nouvelle nomination en tant que secrétaire d’État chargé de l’alphabétisation et de l’éducation non for- melle. En juin 2004, il a été nommé par le roi Mohammed VI secrétaire d’État auprès du ministre de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur, de la formation des cadres et de la recherche scientifique, chargé de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle. Le 15 octobre 2007, il a été nommé secrétaire d’État auprès du ministre du Tourisme et de l’artisanat, chargé de l’artisanat dans le gouvernement Abbas El Fassi. En 2013, il est nommé ministre chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration. 6 février 2014 Les Afriques . 37 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE TUNISIE Mehdi Jomaâ présente un gouvernement d’indépendants C’est un nouveau jour en Tunisie. Le pays du Jasmin s’offre une nouvelle Constitution et un nouveau gouvernement. Mehdi Jomaâ, le Premier ministre, a présenté, dimanche 26 janvier, la liste des ministres de son gouvernement au président tunisien, Moncef Marzouki. D ésigné Premier ministre par l’opposition et les islamistes, le 10 janvier dernier, dans le cadre du dialogue national pour sortir la Tunisie de la crise, Mehdi Jomaâ a pu présenter le 26 janvier son équipe au président Moncef Marzouki. Ce nouveau gouverne- Mehdi Jomaâ, Premier ministre de la Tunisie ment doit recevoir selon la Constitution tunisienne l’aval de l’Assemblée nationale constituante, avant d’entamer sa mission. L’équipe de Mehdi Jomaâ est composée de 29 membres, 22 ministres et 7 secrétaires d’Etat. La condition de former un gouvernement de technocrates a été respectée à la lettre. Excepté le ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, du parti Annahda, les ministres qui composent le gouvernement de Mehdi Jomaâ n’appartiennent à aucun parti politique. Parmi les critiques, une plus importante représentativité de la gent féminine, avec seulement 3 femmes. Sanae Taleb Composition du gouvernement • Chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ LES MINISTRES • Ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou • Ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur chargé de la Sécurité nationale, Ridha Sfar • Ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi • Ministre de la Défense nationale, Ghazi Jeribi • Ministre de la Justice, des droits de l’homme et de la justice transitionnelle, Hafedh Ben Salah • Ministre des Affaires religieuses, Mounir Tlili • Ministre du Commerce et de l’artisanat, Najla Harrouche Moalla • Ministre de l’Industrie, des mines et de l’énergie, Kamel Ben Naceur • Ministre de l’Économie et des finances : Hakim Ben Hammouda • Ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et des technologies de l’information et de la communication, Taoufik Jelassi • Ministre de l’Éducation nationale, Fathi Jarraya • Ministre de l’Agriculture, Lassaad Lachaal • Ministre du Tourisme, Amel Karboul • Ministre de la Santé publique, Mohamed Salah Ben Ammar • Ministre du Transport, Chiheb Ben Ahmed 38 Les Afriques . 6 février 2014 • Ministre de l’Équipement, de l’aménagement du territoire et du développement durable, Hédi El Arbi • Ministre des Affaires sociales, Ahmed Ammar Younbaii • Ministre de l’Emploi et formation, Hafedh Laamouri • Ministre du Sport, de la femme, de l’enfance et des personnes âgées, Saber Bouatay • Ministre de la Culture, Mourad Sakli • Ministre auprès du Premier ministre chargé de la Coordination et des affaires économiques, Nidhal Ouerfelli. SECRÉTAIRES D’ETAT • Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur chargé des Collectivités locales, Abderrazzek Ben Khlifa • Secrétaire d’Etat aux Domaines de l’Etat, Mohamed Karim Jamoussi • Secrétaire d’Etat à la Coopération internationale, Noureddine Zekri • Secrétaire d’Etat à l’Environnement, Tarak Majdoub • Secrétaire d’Etat chargé des Affaires de la femme, de l’enfance et de la famille, Neila Chaabane • Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, Fayçal Gouiaa • Secrétaire d’Etat à la Gouvernance et à la fonction publique, Anouar Ben Khelifa POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE MAURITANIE Un nouveau président au Perchoir Nouvel accord Maroc-OMS Les députés mauritaniens viennent d’élire Mohamed Ould Boilil président de l’Assemblée nationale, pour un mandat de 5 ans. I ssu de l’Union pour la République (UPR), principal parti de la mouvance présidentielle, le nouveau président de la Chambre basse du Parlement (bicaméral), élu député sur la liste départementale de Nouakchott, lors des législatives du 23 novembre 2013, a obtenu 89 voix sur un total de 138 votants. Ses adversaires, Mohamed Ghoulam Ould Hadj, du Rassemblement national pour la réforme et le développement (RNRD/ Tawassoul/ Mouvance islamiste), et Mustapha Ould Abdel Aziz, du parti Karama, une des dernières-nées des formations se réclamant de la mouvance présidentielle, ont respectivement recueilli 38 et 7 voix. Cette élection est le résultat de multiples tractations au sein de la majorité. Des négociations au forceps qui ont entraîné un report de la première session ordinaire de la nouvelle Assemblée nationale, initialement fixée au 27 janvier 2014. Mohamed Ould Boilil est un adminis- 40 Les Afriques . 6 février 2014 trateur civil originaire du sud-ouest de la Mauritanie, du département de Keur Macene, proche de la ville sénégalaise de Saint-Louis. Le nouveau président de l’Assemblée nationale de Mauritanie a été gouverneur sous le régime de Maaouya Ould Sid'Ahmed Taya, député du Rassemblement des forces démocratiques (RFD/opposition, de novembre 2006 à juin 2009), puis ministre de l’Intérieur dans le gouvernement du président Mohamed Ould Abdel Aziz , entre août 2009 et juin 2013. La majorité présidentielle mauritanienne dispose de 113 députés à l’Assemblée nationale, contre 37 élus de l’opposition dite modérée. Avec 16 représentants, la mouvance islamiste est la première force de l’opposition parlementaire. La Coordination de l’opposition démocratique (COD), un collectif de 10 partis, a boycotté les élections législatives et municipales de novembre/décembre 2013. Amadou Seck, Nouakchott Assemblée nationale de la Mauritanie Cette élection est le résultat de multiples tractations au sein de la majorité. Dans le cadre d’un accord de coopération signé récemment entre le Maroc et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) portant sur la période 2014-2015, l’instance internationale va apporter 2,9 millions de $ au programme de santé dans le royaume. Un montant en hausse de 30% par rapport à la précédente période, pour accompagner les progrès considérables réalisés par le Maroc dans le domaine de la santé, au cours des dernières années, notamment avec la généralisation du Ramed (régime d’assistance médicale), depuis mars 2012. Les responsables assurent que parmi les États membres de la région Méditerranée orientale, c’est le Maroc qui bénéficie de la plus forte augmentation de budget. Le krill antarctique dans les plans sud-africains Le krill antarctique, une sorte de crevette, est considéré comme l’espèce animale représentant la biomasse totale la plus importante au monde. Les spécialistes estiment les stocks entre 60 et 155 millions de tonnes. Une telle ressource comparée aux 100 millions de tonnes de poisson commercialisable dans le monde, en fait une nouvelle source potentielle pour l’industrie de la pêche. Suffisant pour que Tina Joemat-Pettersson, ministre sud-africaine de l’Agriculture, des forêts et des pêches, décrète que son pays qui dispose d’une position relativement proche de la zone affichant la plus forte densité des stocks, à savoir 70 % du stock de l’océan austral, envisage de récolter le krill. Elle a ajouté que l’industrie de la pêche sud-africaine se focalise de plus en plus sur cette ressource massive, mais qui reste sous-utilisée. MAROC-MALI Le Roi Mohammed VI reçoit à Marrakech le secrétaire général du MNLA, Bilal AG Cherif Le Roi du Maroc, Mohammed VI, a reçu, le 31 janvier dernier à Marrakech, Bilal AG Cherif, le secrétaire général du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), accompagné du porte-parole du mouvement, Moussa AG Attaher. L e Maroc poursuit ses efforts en faveur de la paix au Mali. «Cette audience s’inscrit dans le cadre des efforts soutenus et permanents de SM le Roi, en vue d’instaurer durablement la paix et la stabilité dans ce pays frère et de contribuer à un règlement de la crise malienne», indique un communiqué du Cabinet royal. Lors de cette audience, le Roi du Maroc a «réitéré le souci constant du Royaume du Maroc de préserver l’unité territoriale et la stabilité de la République du Mali, ainsi que la nécessité de contribuer à une solution et à un compromis qui permettraient de lutter contre les mouvements intégristes et terroristes qui menacent aussi bien les pays du Maghreb que la région du Sahel et du Sahara», précise le communiqué. De son côté, Bilal AG Cherif, le secrétaire général du mouvement national pour la libération de l’Azawad, a présenté devant le souverain un exposé sur le développement de la situation au nord du Mali. A cette occasion, le Roi «a en- couragé le MNLA à continuer à s’inscrire dans le cadre de la dynamique régionale, initiée par l’Organisation des Nations unies et la Cedeao, selon une approche réaliste et efficiente, à même de parvenir à une solution définitive et durable à la crise actuelle». Cette audience s’est déroulée en présence du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Salaheddine Mezouar, et du directeur général des études et de la documentation, Yassine El Mansouri. Par ailleurs, le Roi Mohammed VI a accompli la prière du vendredi à la mosquée Koutoubia à Marrakech, en présence de Bilal Ag Cherif, et Moussa Ag Attaher. Mali: un duel entre le Maroc et l’Algérie Le Mouvement national de la libération de l’Azawad, qui ne voulait plus de la médiation algérienne, tend la main au Maroc pour le soutenir dans le conflit qui l’oppose au chef de l’Etat malien Ibrahim Boubacar Le Roi Mohammed VI, recevant le SG du MNLA à Marrakech Le souci constant du Royaume du Maroc de préserver l’unité territoriale et la stabilité de la République du Mali. Keita. Ce dernier a sollicité la médiation de l’Algérie dans le conflit face au mouvement MNLA et les groupes armés de Nord. Dans ce cadre, le président malien a été le 19 janvier dernier en visite de deux jours à Alger pour relance les négociations entre Bamako et les groupes armés du nord bloquées depuis plusieurs mois. Pour des raisons non révélées, le président a laissé entendre qu’il s’agit d’une simple «visite de travail en Algérie». Faut-il préciser que les représentants du Mouvement national de libération de l’Azawad n’a pas participé à ces pourparlers organisés à Alger entre le chef d’Etat et les communautés du nord du Mali. Par cette visite au Maroc de Bilal AG Cherif, le MNLA a tranché et le mouvement a fait son choix, mais reste à attendre la réaction des autorités maliennes et les démarches que le Maroc va entreprendre pour réussir sa nouvelle mission de médiation. Sanae Taleb 6 février 2014 Les Afriques . 41 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE ALGÉRIE Mise en garde du FMI contre les subventions Dans son rapport de janvier 2014, le Fonds monétaire international (FMI) met en garde le gouvernement algérien contre les subventions généralisées et la persistance d’une économie rentière. L e FMI avertit les autorités algériennes sur une baisse des cours des hydrocarbures entre 2014 et 2017, ce qui devrait avoir pour conséquence des tensions budgétaires ne pouvant continuer à fonctionner sur la base d’un cours du baril supérieur à 110-115 dollars. L’économie algérienne, en ce mois de janvier 2014, est une économie totalement rentière et l’on généralise que les subventions et les transferts sociaux cumulés, selon la déclaration officielle du Premier ministre, représentent 30% du produit intérieur brut, soit plus de 65 milliards de dollars. Sonatrach fait vivre la majorité de la société algérienne (98% d’exportation, l’importation de 70-75% des besoins des entreprises publiques-privées ainsi que les besoins des ménages et l’importance de la dépense publique est estimée entre 2004 et 2014 à plus de 500 milliards de dollars dont une grande fraction en devises). Grâce à l’aisance financière générée par les 42 Les Afriques . 6 février 2014 hydrocarbures, le gouvernement, au nom de la paix sociale, généralise les subventions, objet de cette présente contribution, sujet rarement abordé alors qu’il constitue une donnée stratégique pour l’avenir du pays. L’État algérien généralise les subventions et dépense sans compter. Ce pays subventionne un grand nombre de produits de première nécessité, comme les céréales, l’eau et le lait, l’électricité et le carburant. En Algérie, tout le monde bénéficie des prix subventionnés, de celui qui gagne le SNMG au chef d’entreprise national ou étranger, pour la simple et bonne raison qu’il n’existe pas de système ciblé de subventions. Dans son rapport en date du 18 avril 2012, la Banque mondiale fait remarquer qu’en moyenne dans le monde 20% des plus riches bénéficient six fois plus que 20% des plus pauvres des subventions et recommande que les programmes d’aide sociale soient ciblés de manière à aider les ménages pauvres et vulnérables à y faire face. Subventions tous azimuts L’économie algérienne, en ce mois de janvier 2014, est une économie totalement rentière. Pour l’Algérie, la même institution note pour 2010-2011 que les montants des subventions (sous forme de comptes spéciaux du Trésor, recensant sous différentes appellations 14 fonds) allouées au soutien des services productifs, à l’accès à l’habitat et aux activités économiques sont successivement de 40,83, 520,11 et 581,78 milliards de dinars, soit un total d’environ 1 143 milliards de dinars (équivalents à 16 milliards de dollars) représentant 14% du total des dépenses de l’État en dehors des dépenses de fonctionnement. Pour la BM, 277 milliards de dinars (pour les autorités algériennes, le montant est de 300) ont été réservés aux produits de grande consommation (blé, lait en poudre, etc.), soit l’équivalent du quart des subventions accordées au budget d’équipement. A cela s’ajoutent les assainissements répétés aux entreprises publiques qui ont coûté au trésor public plus de 50 milliards de dollars entre 1971 et 2011, les exonérations fiscales et de TVA accordées par les différents organismes d’investissement (ANDI ANSEJ) y compris pour les entreprises étrangères, dont il conviendrait de quantifier les résultats par rapport à ces avantages à coup de dizaines de milliards de dinars. Pour 2012-2013, le pouvoir algérien ne voulant pas de remous sociaux jusqu’aux élections présidentielles d’avril 2014, les subventions seront encore un tampon pour juguler la hausse des prix internationaux. Avec ce retour à l’inflation, selon l’ONS dans son enquête du 4 septembre 2012, l’indice des prix en tendance devrait clôturer à 6/7% en 2012. En dehors des subventions, le taux d’inflation réel dépasserait largement 10%. Ainsi, les différentes lois de Finances 2008-2012 et certainement la loi de Finances prévisionnelle 2013 (le ministre des Finances ayant annoncé of- ficiellement le 31 août 2012 qu’il n’y aura pas de rigueur budgétaire) proposent des mesures qui ont pour finalité de pérenniser la politique de l’Etat en matière de subvention des prix des produits de grande consommation. Pour l’ex-secrétaire d’Etat à la statistique, dans une interview courant 2011 citée par l’APS, je le cite : «Bien qu’exceptionnellement important, ce montant de près de 15/16 milliards de dollars de transferts sociaux par an, soit 10% du PIB, est d’un impact peu perceptible au niveau de la population. Il n’est peut-être pas juste que tout le monde puisse bénéficier de certaines subventions, quelle que soit leur situation financière». Outre cette disparité dans l’octroi du soutien de l’Etat, il faut remarquer à juste titre l’opacité dans la gestion de ces programmes qui sont passés de 245 millions de dinars en 1999 pour dépasser les 1 200 milliards de dinars en 2011 sans qu’aucune date limite ne soit instaurée. Ainsi se pose le problème de l’efficacité de toutes ces subventions sur le producteur local et sur le consommateur final, avec le processus inflationniste bien que compressé artificiellement par les subventions, du programme de relance économique basé sur la dépense publique donnant des taux artificiels de taux de croissance, de taux de chômage, qui nécessiteront environ 500 mil- liards de dollars entre 2004 et 2014, 130 milliards de dollars des 286 milliards de dollars prévus entre 20102014 étant des restes à réaliser des projets non terminés entre 2004 et 2009. Les surcoûts avec parfois des abandons de projets sont exorbitants, estimés entre 20 à 30% pour certains projets, étant des subventions indirectes supportées par le Trésor. Comme il est posé l’efficacité du Programme national du développement agricole (PNDA) qui a nécessité des dizaines de milliards de dollars (aucun bilan à ce jour) et de l’effacement de la dette des agriculteurs pour 41 milliards de DA, sur la production et la productivité agricole de l’Algérie. Examen de quelques cas. Une subvention biaisée par les monopoleurs de la sphère informelle, produit de la bureaucratie et de l’Etat de non-droit, contrôlant 40% de la masse monétaire en circulation et 65% des segments des produits de première nécessité. Selon les chiffres officiels communiqués par le ministère de la Solidarité, près d’un million et demi de familles ont eu recours au «couffin du Ramadan» pour un montant de 5 milliards de dinars en 2012. En prenant la moyenne que chaque foyer est constitué de six membres, cela donne 9 millions de personnes en situation de précarité. Le prix du pain étant subventionné depuis 1996, sans subventions, le prix de la baguette actuellement à 8,50-10 dinars - officiel - dépasserait 25 DA. Le soutien des prix des blés et du lait enregistre une incidence financière de l’ordre de 177 milliards de dinars, alors que celle de l’huile alimentaire est estimée à 5 milliards de dinars. Les subventions octroyées coûtent au Trésor public un différentiel qui reste mobile en fonction des fluctuations du prix d’achat de la matière première sur les marchés mondiaux. Toutefois, le Trésor public paie ce différentiel, quel que soit son niveau. D’une manière générale, le différentiel pris en charge par l’Etat pour ces produits coûte entre 2,5 et 3 milliards de dollars par an, ce qui représente entre 3 à 5% de la rente pétrolière par an entre 2009 et 2012, selon l’évolution du vecteur prix international. Soutien du prix du pain, de la semoule et du lait Subventions des carburants, de l’électricité et de l’eau Bon nombre d’Algériens vivent dans la pauvreté et se nourrissent essentiellement du pain et du lait, ce qui traduit une fracture sociale qui ne cesse de s’aggraver. Malgré l’importation massive entre 2010 et 2012, afin de stabiliser de dizaines de tonnes de viandes rouges fraîches, de viandes congelées, de viandes blanches, le prix sur le marché n’a pas sensiblement baissé, et le contrôle à l’aval uniquement sur les détaillants s’est avéré un échec, les circuits internes étant dominés L’Algérie est classée troisième pays où le prix du carburant est le moins cher au monde, selon une enquête réalisée par une maison de courtage française spécialisée dans la location de voitures. Avec un prix à la pompe de 0,22 euro/litre pour l’essence et 0,13 euro pour le gasoil en 2010, l’Algérie arrive derrière l’Arabie saoudite et le Venezuela, note l’enquête. En Arabie saoudite, un des plus grands pays producteurs de pétrole au monde, l’essence coûte l’équivalent de 0,12 euro/litre et le gasoil 0,06 Le soutien des prix des blés et du lait enregistre une incidence financière de l’ordre de 177 milliards de dinars. 6 février 2014 Les Afriques . 43 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE euro. Au Venezuela, autre grand producteur de pétrole, le prix de l’essence est à 0,13 euro/litre, alors qu’un litre de gasoil est vendu à 0,06 euro. L’Égypte arrive en quatrième position avec un prix d’essence de 0,23 euro/litre, et un prix de gasoil de 0,19. Or selon le ministère de l’Énergie et des mines, le prix réel des carburants devrait fluctuer entre 60 et 80 DA le litre. Mais conserver cette politique coûte de plus en plus cher. En effet, ces dernières années, l’Algérie est devenue importatrice de produits raffinés. En 2009, la facture des carburants s’est élevée à près de 1,5 milliard de dollars et ce montant a certainement crû entre 2010 et 2012. Cela favorise la contrebande aux frontières. La différence du prix à la pompe avec les pays voisins fait que de grandes quantités de carburants traversent quotidiennement les frontières vers le Maroc et la Tunisie, sans compter les pays riverains du grand Sud. Pour l’électricité, selon un rapport du ministère de l’Énergie, car, il faut comparer le comparable, les pays du Maghreb et non pas les pays européens dont le niveau de vie est plus élevé (voir le site MEM 2011), la tarification algérienne tant pour la consommation des ménages que pour la consommation industrielle est la suivante : pour les clients résidentiels (ménages) : Algérie : entre 2 DA et 3,20 DA/kwh selon le niveau 44 Les Afriques . 6 février 2014 de consommation, alors que ce prix est entre 3,45 DA et 4,94 DA/kwh en Tunisie, et entre 5,27 DA et 6,40 DA/kwh au Maroc. Pour les clients industriels en Algérie, le prix oscille entre 1,48 DA et 2,15 DA/kwh selon le niveau de consommation, en Tunisie entre 2,35 DA 3,54 DA/kwh, et au Maroc entre 4,21 DA et 5,53 DA/kwh. La plus grande partie de ces écarts en faveur du consommateur algérien provient du prix du gaz fixe par l’Etat à l’entrée du système de production-transport-distribution de l’électricité. Le niveau du prix du gaz concédé aux centrales est de l’ordre de 10% de celui qui correspond aux transactions internationales du gaz dans la région (612 DA par millier de m3 soit environ 0,21 dollar le million de Btu contre un niveau moyen de 2,2 dollars Mbtu). À titre d’exemple, selon le directeur général de la Société de distribution de l’électricité et de gaz d’Alger, SDA, s’agissant de l’électricité, l’unité (kilowattheure) qui revient à 3,75 DA est vendue à 3,33 DA. Une différence qui grève considérablement le budget de la SDA, les coûts de revient restant élevés par rapport aux tarifs appliqués. Sonelgaz accuse 44 milliards de dinars de pertes selon son rapport officiel de 2012. Selon le ministère de l’Énergie, les subventions de l’électricité seront maintenues jusqu’en 2015 et bien au-delà, Déperdition sur le carburant de quoi décourager tout investisseur étranger dans ce domaine rendant caduque la loi sur l’électricité et le gaz par canalisation. Le problème de la tarification de l’eau se pose à peu près dans les mêmes termes que les carburants. Son prix de cession demeure inchangé malgré des coûts croissants, problème aggravé par les déperditions du réseau de distribution (45 à 50% de pertes, en moyenne nationale). Sur la base du prix du gaz de 0,25 dollar le million de btu, le prix de revient de l’eau atteint environ 69 DA/m3. Le prix facturé aux consommateurs varie en fonction des volumes consommés entre 16,20 DA/m3 et 24,70 DA/m3 pour les usages industriels, et entre 3,60 DA/m3 et 24,70 DA/m3 pour les usages domestiques. Le différentiel payé par l’Etat varie entre 34 et 53 DA environ par m3 consommé, l’investissement n’étant pas pris en compte dans les prix en vigueur du mètre cube d’eau potable. Selon le ministère, si on le répercutait, le prix réel du mètre cube reviendrait à près de 60 DA, contre 39 DA/m3 pour un prix de vente de 18 DA/m3. La santé et le transport ne sont pas en reste La différence du prix à la pompe avec les pays voisins fait que de grandes quantités de carburants traversent quotidiennement les frontières vers le Maroc et la Tunisie. Pour le système de santé, les subventions supportées par l’Etat sont importantes. En effet, l’hospitalisation coûte de 7 000 à 12 000 DA par jour et par patient selon les administrations des structures sanitaires. Un montant qui couvre l’intervention, les examens et les IRM. Le patient paye 100 DA pour une hospitalisation et 50 DA pour une visite médicale dans un CHU, un dispensaire ou un centre sanitaire. Dans une clinique privée, le coût d’une hospitalisation dans le secteur privé varie entre 15 000 et 20 000 DA/jour, celui d’un accouchement oscille entre 35 000 et 40 000 DA et à partir de 70 000 DA pour une césarienne et le montant est largement supérieur pour des interventions pointues fluctuant entre 150 000 et plus de 500 000 dinars. Pour le transport, il n’y a pas uniformité devant distinguer le transport par rail subventionné des autres moyens de transport. Dans une déclaration à l’APS, en date du 18 janvier 2010, les subventions de l’Etat au profit de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) sont passées de 2,5 milliards de dinars (MDA) à 8,5 MDA, mais en dépit de ce soutien, le déficit global de l’entreprise se situe à 47 MDA, selon le directeur général de cette entreprise, étant frappée par les effets pervers de la crise économique en ce sens que ses clients potentiels, ArcelorMittal et Ferphos, ont connu des chutes de leurs exportations se répercutant directement sur les recettes de l’entreprise. Pour Air Algérie, les tarifs appliqués à destination de Paris ont oscillé entre 243 et 353 euros pour la classe économique alors que le même billet pour la même destination à partir de Rabat, sur la compagnie Royal Air Maroc, est de 187 à 248 euros. Pour les autres compagnies aériennes comme Air France, Aigle Azur, Iberia, le billet RabatParis varie entre 287 et 314 euros. Pour le transport routier de voyageurs, on assiste à des conflits permanents du fait du bas tarif et de la confusion de l’interprétation de l’ordonnance 95/06 et du décret 96/39 où l’un parle d’une limitation à 0,25 centime/km pour un service de ramassage et l’autre explicite que tous les tarifs sont libres et soumis à la concurrence sauf ceux spécifiques et stratégiques, ce qui revient à dire que les subventions sont supportées indirectement, en partie, par les transporteurs privés. Selon l’Organisation nationale des travailleurs algériens (Onta) l’augmentation demandée n’excède pas les 2,6 dinars par kilomètre, en rappelant que la dernière révision à la hausse des prix des transports remonte à 1996. Un logement social revient à l’Etat, selon l’endroit, entre 3 et 4 millions de dinars inclus le terrain. Pour le soutien à l’emploi Les subventions s’appliquent également au logement social où le prix du mètre carré dans les grandes agglomérations varie de 40 000 à 300 000 DA, non supportés par les bénéficiaires, ce qui occasionne un transfert de rente. Un logement social revient à l’Etat, selon l’endroit, entre 3 et 4 millions de dinars inclus le terrain. Pour les 100 000 logements sociaux qui ont été programmés pour 2012, l’Etat devrait supporter selon certains experts 30 milliards de dinars. Quant au logement promotionnel aidé d’un prix réel de 6 millions de dinars, l’Etat le cède à environ 3 millions de dinars. Pour l’aide à l’emploi, l’entreprise qui recrute bénéficie d’importantes facilités financières et fiscales, avec d’importants abattements sur la cotisation de sécurité sociale à leur charge, soit l’équivalent de 25% de l’assiette globale de cotisation. À titre d’exemple, 30 Mrds de dinars supportés par l’Etat sur 100 000 logements sociaux pour un salaire de 15 000 DA, l’employeur ne contribue qu’à hauteur de 21%, soit 3 000 DA seulement. 12 000 DA sont pris en charge par le Trésor public. Pour financer la retraite, l’employeur cotise à 10% et le salarié à 6,75%, soit un total de 17,25%; 82,75% étant financés par l’Etat. Les assurances sociales, notamment celles relatives à la maladie, à la maternité, à l’invalidité et au décès, sont couvertes par l’Etat pour un total de 86%, sachant que les 14% restants sont assumés par les cotisations versées par l’employeur (12,5%) et le salarié (1,5%). Financées totalement sur le budget de l’Etat depuis 1995, les allocations familiales varient de 300 à 800 dinars par enfant. Enfin, la charge financière du transport des étudiants, de la restauration et de l’hébergement des étudiants internes sans distinction se répercute sur la gestion des œuvres universitaires comme les frais de la carte d’abonnement annuel du transport universitaire d’un montant de 300 DA et le prix de la restauration, toujours fixé depuis les années 1970 à 1,20 DA le repas. Qu’en serat-il avec plus de 2 millions d’étudiants à l'horizon 2015-2017 où uniquement pour le repas, le prix réel dépasse 500 dinars. Cela concerne également les œuvres sociales des CEM et des lycées. Pour des subventions ciblées Les subventions généralisées faussent l’allocation rationnelle des ressources rares et ne permettent pas d’avoir une transparence des comptes, faussent également les normes de gestion élémentaires et les prévisions tant au niveau micro que macroéconomique, aboutissant au niveau des agrégats globaux (PIB, revenu national) à une cacophonie additionnant des prix du marché et des prix administrés, en décourageant, étant non ciblées, la production locale avec un gaspillage croissant des ressources financières du pays. Comme se pose cette question stratégique : qu’en sera-t-il avec après les trois années de dégrèvement tarifaire avec l’Europe à l'horizon 2020 et son éventuelle 6 février 2014 Les Afriques . 45 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE Grève dans le secteur du platine : reprise des négociations En Afrique du Sud, le syndicat Acmu et les principaux groupes miniers ont entamé des négociations la semaine dernière, afin de mettre un terme à la grève qui immobilise le secteur du platine. Quelque 80 000 grévistes, qui revendiquent un salaire de 840 euros, soit le double du salaire actuel, ont bloqué les mines. Au moment où nous mettions sous presse, une certaine bonne volonté des deux parties est saluée par la Commission de conciliation, de médiation et d’arbitrage. adhésion à l’OMC où les produits énergétiques sont également concernés, notamment par la suppression de la dualité du prix du gaz ? se pose également cette question stratégique pour l’Algérie : peut-elle continuer à fonctionner sur la base de 70 dollars pour le budget de fonctionnement et 40-45 dollars pour le budget d’équipement constitué en majorité par les infrastructures avec des surcoûts exorbitants qui ne sont qu’un moyen de développement, la véritable richesse ne provenant que des entreprises concurrentielles. L’Etat pourrait ne pas avoir les moyens de continuer à subventionner certains produits alimentaires au cas où le baril descendrait en dessous de 80 dollars. L’instauration d’une chambre nationale de compensation indépendante, permettant des subventions ciblées, par un système de péréquation, suppose un Etat régulateur fort mais fort par sa moralité, des compétences, des ressources humaines, richesse pérenne, et la démocratisation des décisions. Cela implique forcément un réaménagement profond de la logique du pouvoir algérien reposant sur les forces sociales réformistes, le pouvoir actuel étant actuellement assis sur les couches rentières tissant des relations dialectiques avec la 46 Les Afriques . 6 février 2014 sphère informelle spéculative, dépensant sans compter pour une paix sociale fictive grâce aux hydrocarbures qui s’épuiseront dans 20 à 30 ans au moment où la population algérienne sera d’environ 50 millions d’habitants. En 2013, au moment où les pouvoirs publics s’enorgueillissaient des 192 milliards de dollars de réserves dont 83% placées à l’étranger à un taux d’intérêt fixe de 3%, rendement presque nul corrigé par l’inflation mondiale, dépassera-t-on le statu quo suicidaire et changera-t-on de politique économique entretemps pour l’émergence d’une économie hors hydrocarbures, et ce pour le bien-être de l’Algérie et des générations futures, mettant fin au cancer de l’économie de la rente qui se diffuse dans la société par des subventions généralisées et des versements de traitements sans contreparties productives ? Face à la concentration excessive du revenu national au profit d‘une minorité rentière, renforçant le sentiment d’une profonde injustice sociale, l’austérité n’étant pas partagée, la majorité des Algériens veulent tous et immédiatement leur part de la rente, reflet du divorce État/citoyens, quitte à conduire l’Algérie au suicide collectif. Abderrahmane Mebtoul, expert international 192 milliards de $ de réserves en 2013 Le pouvoir ivoirien et le FPI prennent langue Afin d’aller vers une décrispation pour un climat général propice à la réconciliation en Côte d’Ivoire, après la grave crise postélectorale de 20102011, les discussions entre le gouvernement et le Front populaire ivoirien (FPI, de Laurent Gbagbo) ont repris, à la mi-janvier à Abidjan. Ainsi, cette action, qui s’inscrit dans le cadre du dialogue politique instauré par le gouvernement, a permis à Jeannot Ahoussou, ministre d’État, de recevoir le même jour une délégation, conduite par son président, Pascal Affi N’guessan, à la Primature. Retour de Bor dans le camp de Juba L’austérité n’étant pas partagée, la majorité des Algériens veulent tous et immédiatement leur part de la rente. La ville de Bor, capitale de l’État du Jonglei, au Sud Soudan située sur les rives du Nil Blanc, un des principaux foyers du conflit opposant depuis mi-décembre les troupes régulières sud-soudanaises, loyales au président Salva Kiir, aux forces favorables à son ancien vice-président Riek Machar, est repassée sous le contrôle de l’armée, depuis samedi 18 janvier. À noter que ces éléments de l’armée paradent dans une ville quasi-déserte après la fuite de plus d’une centaine de milliers de civils. ARRÊT SUR IMAGE France Le 30 janvier 2014. Poignée de main entre le prince Moulay Rachid, venu à Brest pour réceptionner la Frégate Mohammed VI, et le ministre français de la Défense JeanYves Le Drian (à gauche). Le Vice-amiral Mohamed Laghmari, à droite. 48 Les Afriques . 6 février 2014 6 février 2014 Les Afriques . 49 DOSSIER L’état de la dette en Afrique Les pays africains sont en train de prendre la voie déjà empruntée par les Dragons de l’Est. Mais la croissance actuelle sera-t-elle assez productive pour éviter le surendettement et asseoir le développement ? Vu les gages de confiance qui se dessinent, l’Afrique est-elle au contraire sous-endettée ? C onsidérant le potentiel et la croissance actuelle, les pays africains ne sont pas trop endettés. Par la dette, nous entendons bien la dette extérieure. L’index Mundi montre très bien qu’à fin 2012, l’Afrique du Sud, qui caracole en tête des pays africains, en matière de dette, avec 46 milliards de $, est bien loin de ses alter ego, membres des BRICS (voir graphe). En effet, la Chine avec 697 milliards de $, la Russie 519 milliards de $, le Brésil 398 milliards de $ ou encore l’Inde à 290 milliards de $, ont des niveaux d’endettement sans commune mesure avec le pays à la dette la plus importante en Afrique. Ces derniers sont bien loin des 14 710 milliards de $ des États-Unis, des 9 836 milliards de $ du RoyaumeUni, des 5 633 milliards de $ de la France et des 5 624 milliards de $ de l’Allemagne, le quatuor de tête de la dette extérieure mondiale. Certes, l’adage dit qu’on ne prête qu’aux riches, notamment aux économies fortes et aux pays à monnaie stable, synonymes de gages de confiance. Mais, ce pays africain, qui a rejoint le lot de ces pays qui disputent le leadership mondial aux économies les plus fortes, ne fait-il pas partie des États nantis de la planète ? Interrogation légitime, lorsqu’on ajoute aux fondamentaux, la richesse de son sous-sol (platine, or, diamant…) et une population jeune. Un nouveau départ La dette des pays africains, compte tenu de la faiblesse du niveau de développement de nombreux pays, a même été, pendant une période, considérée comme excessive. Le Consensus de Washington, terme inventé par John Williamson, qui est un ensemble de recommandations destinées aux pays en voie de développement, a été avancé pour faire face à cela. Selon cette théorie, pour atteindre la prospérité, il faut une faible intervention étatique, une limitation des contrôles, un équilibre budgétaire étatique et la privatisation des entreprises publiques. Malheureusement, on connaît la suite… Le Consensus n’a pas pu permettre d’éviter le surendettement de pays en développement. Si des pays sur la voie de l’émergence, singulièrement les Dragons de l’Est, ont su instaurer une discipline budgétaire et arriver à une santé financière, s’imposant de suivre les conseils de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, et transformer les essais d’une croissance porteuse de revenus, en Afrique, plusieurs cas de gabegie, de détournement de deniers publics, de mauvaise gestion… ou encore d’instabilités politiques, ont donné naissance à l’Initiative PPTE (Pays pauvres très endettés) en 1996. Elle a été justement lancée pour éviter que la charge de la dette de certains pays africains n’hypothèque pas leur croissance. Le manque de ressources, ajouté au service de la dette, risquait d’amener ces États à l’asphyxie financière. La crainte des effets systémiques de la dette signifiant un effondrement de membres du Club de Londres (créanciers privés parmi lesquels de grandes banques américaines) fut sans fonde- 6 février 2014 Les Afriques . 51 DOSSIER Graphes comparatifs de la dette, à fin 2012 (des montants sans commune mesure) Montant Dette extérieure en Mrds $ ment. Jugez-en vous-mêmes. À titre comparatif, jusqu’en 2012, à côté de dettes de la Turquie à 307 milliards de $, des Émirats arabes unis (159 milliards de $), le Qatar (125 milliards de $), ou encore l’Arabie saoudite (106 milliards de $), le second pays africain au titre de la dette extérieure, à savoir l’Égypte, ne devait que 34 milliards de $. Le Maroc (28 milliards de $), la Tunisie (23 milliards de $), la RDC (15 milliards de $), la Côte d’Ivoire (11 milliards de $), le Nigéria (10 milliards de $) font partie des rares pays à devoir plus de 10 milliards de $ à l’étranger (voir graphe). Les niveaux d’endettement peuvent même paraître ridicules, face aux énormes besoins en infrastructures. Il est vrai que des séries d’effacements de dettes ont eu lieu ces dernières années. Après les évènements malheureux de la Côte d’Ivoire, le Club de Paris (créanciers publics) a pratiquement effacé toute l’ardoise de ce pays, soit 5 milliards de $. Dans le cadre de l’Initiative PPTE, les institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) ont agi de la sorte, effaçant 4,6 milliards de $. Il est vrai qu’à côté de ces cas, il y eut de nombreux autres cas de suspension d’assistance finan52 Les Afriques . 6 février 2014 cière, chaque fois que des détournements de fonds ont été avérés ou soupçonnés. Endettements massifs pour financer le développement Aujourd’hui que la bonne gouvernance aidant, l’Afrique où la croissance est forte pourrait profiter de cette situation et réduire le poids de la dette (rapport Dette/PIB), grâce notamment aux recettes fiscales. Rappelons que tant que ce rapport est stable, voire faibli, l’endettement reste tenable. Par contre, le surendettement s’installe lorsque les revenus ne suivent pas. Le défi actuel est d’arriver à rééquilibrer les comptes, sur une décennie, surtout en cas d’apports financiers massifs, via des émissions d’emprunts obligataires (très en vogue actuellement un peu partout et souvent sursouscrites) ou dans le cadre de dettes bilatérales. Il s’agira d’éviter surtout de connaître le sort de pays européens qui ont une période douloureuse de la dette (Portugal, Grèce, Espagne…) et pourquoi pas prendre l’exemple de la Norvège, un pays créditeur, qui se développe le plus naturellement... Daouda MBaye Cameroun L’emprunt obligataire de 200 Mrds de f CFA sursouscrit Les membres de la BEAC ont exprimé leur satisfecit sur le déroulement de l’emprunt obligataire, au terme de leur neuvième session, un an avant la fin des opérations. A lors que l’on s’achemine vers le bouclage de l’emprunt obligataire de 200 milliards de f CFA de l’Etat du Cameroun dénommé «ECMR 5,60% 2010-2015», les représentants de la masse des obligataires qui se sont retrouvés à Douala, lors de la neuvième session ordinaire de la BEAC ont exprimé leur satisfecit au sujet du déroulement de cette opération. Ceux-ci étaient réunis pour procéder à la vérification de l’effectivité et de l’opérationnalité du mécanisme de sûreté dudit emprunt, les représentants ont indiqué que les opérations se déroulent conformément au tableau d’amortissement préalablement retenu, avant de se «réjouir du bon fonctionnement du mécanisme de sûreté de l’emprunt». Il a été notamment question pour les représentants de la masse monétaire de faire l’historique du compte de «Dépôt spécial-Amortissement de l’emprunt obligataire de l’Etat «ECMR 5,60% 2010-2015» ouvert dans les livres de la direction nationale de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC). Après avoir examiné toutes les opérations, il ressort que «les sommes correspondant au paiement de la troisième échéance, notamment la deuxième tranche du capital en plus des intérêts, prévu le 29 décembre 2013, soit une provision mensuelle de 4,8 milliards de f CFA, ont été régulièrement virées au crédit dudit compte, de janvier à décembre 2013», ont convenu des participants. Ce compte présente, depuis le 17 décembre 2013, un solde disponible de 58,4 milliards de f CFA, correspondant à la somme requise pour le remboursement de cette échéance. En 2010, le Cameroun avait lancé sur le marché de la Bourse nationale des valeurs mobilières, la Douala Stock Exchange (DSX), un emprunt obligataire de 200 milliards de f CFA afin de procéder au financement des projets de développement. Le pays venait alors de lancer certains programmes économiques structurants dans la perspective d’une émergence économique au cours des deux prochaines décennies. En 2013, l’Etat du Cameroun a procédé au lancement d’un emprunt obligataire de 50 milliards de f CFA, au terme duquel 80 milliards de f CFA ont été levés. Achille Mbog Pibasso, Douala Yaoundé, capitale du Cameroun 6 février 2014 Les Afriques . 53 DOSSIER Tchad Plus de 90 Mrds de f CFA levés Le deuxième emprunt obligataire de l’Etat tchadien a connu un succès lors des souscriptions concomitamment menées sur les deux marchés financiers que compte l’Afrique centrale. Ndjaména, capitale du Tchad L es autorités tchadiennes ne cachent pas leur satisfecit au sujet de l’emprunt obligataire de «Etat du Tchad 6% 2013-2018» dont les souscriptions ont pris fin en décembre dernier. Au total, ce sont 90,2 milliards de f CFA qui ont été mobilisés, alors que le plancher initial était fixé à 85 milliards de f CFA. Un calcul rapide permet de se rendre compte que ce sont 5,2 milliards de f CFA supplémentaires qui ont été engrangés au terme des souscriptions. De quoi satisfaire également les deux arrangeurs de l’opération, en l’occurrence la Banque gabonaise et française internationale (BGFI) pour le marché régional, la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique Centrale (Bvmac), à Libreville, au Gabon, et la Société camerounaise de banques (SCB), filiale du groupe marocain, Attijariwafa bank, pour la Bourse nationale des valeurs mobilières du Cameroun et la Douala Stock Exchange (DSX). Une succincte analyse du déroulé de l’opération révèle un gros succès de l’emprunt obligataire de l’Etat tchadien au Cameroun, ce qui confirme la position de ce pays de la zone Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) dans la promotion des nouveaux mécanismes de financement autres que ceux des banques classiques. 54 Les Afriques . 6 février 2014 En effet, 58 milliards de f CFA de l’emprunt obligataire du Tchad ont été souscrits au Cameroun, ce qui représente environ 70% des 85 milliards de f CFA recherchés par le Tchad pour la construction des infrastructures. Les autorités tchadiennes ont indiqué que le lancement de cet emprunt obligataire avait pour objectif principal la mobilisation des fonds pour la réalisation des projets structurants, raison pour laquelle cet argent sera essentiellement utilisé pour la construction de la Cité internationale des affaires de N’Djamena, la capitale politique du Tchad, alors que ce pays se prépare pour accueillir l’année prochaine un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine. Les travaux de construction de cette cité devant mobiliser quelque 250 milliards de f CFA et dont l’Etat n’en disposerait que d’un peu plus de la moitié. Le Tchad a lancé le premier emprunt obligataire en 2011 sur le marché de la Bvmac et la DXS pour un montant de 100 milliards de f CFA. Plus de 50 milliards de f CFA, soit un peu plus de la moitié des souscriptions, avaient déjà été enregistrés sur le marché boursier camerounais, de plus en plus outillé à ce genre d’opérations. Achille Mbog Pibasso, Douala Le Japon à la conquête de l’Afrique Le Japon est devenu un bailleur de fonds de premier plan pour l’Afrique. Depuis 2013, le pays s’efforce de reprendre pied en Afrique, à coup d’aide massive, dans un contexte de rivalité avec la Chine. C omme pour contrer l’expansion de la Chine en Afrique, le Japon essaie depuis deux ans de renforcer sa position en Afrique. Un continent qu’il connaît depuis longtemps puisqu’il y est présent depuis des décennies. En dépit de l’existence de relations très anciennes avec l’Afrique, le Japon ne représente que 2,7% des échanges commerciaux du continent, loin derrière la Chine qui accapare 13,5%, selon les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). 32 milliards de $ d’aide à l’Afrique Aujourd’hui, le Japon tente de rattraper ce retard. Ainsi, lors de la cinquième Conférence de Tokyo pour le développement de l’Afrique (TICAD), organisée à Yokohama en juin 2013, le Japon a promis 32 milliards de dollars d’aide sur les cinq prochaines années, dont 14 milliards de dollars d’aide publique au développement. À tour de bars, l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) apporte de l’aide massive aux pays africains sous forme de subventions et de prêts. Lors de sa dernière tournée en Afrique, en janvier 2014, le Premier ministre nippon a également annoncé que le Japon va doubler le montant de ses prêts au secteur privé africain, pour les porter à 2 milliards de dollars. S’exprimant au siège de l’Union africaine (UA), à Addis Abeba, il a insisté sur la nécessité pour le Japon de renforcer les relations économiques avec l’Afrique. «L’Afrique est devenue le continent porteur d’espoir pour le monde, à travers son potentiel de ressources et le dynamisme de sa croissance économique», a-t-il souligné. L’Afrique devra donc désormais compter le pays du Soleil-Levant parmi ses principaux bailleurs de fonds. I.S DOSSIER Quand la Chine finance l’Afrique Depuis le début des années 2000, la Chine est devenue l’un des moteurs de l’économie mondiale. Pékin est également devenue un partenaire commercial et un bailleur de fonds incontournable pour Afrique. Shanghai, centre d’affaires mondial Depuis une décennie, la Chine a considérablement renforcé ses échanges commerciaux et son partenariat financier avec l’Afrique. 56 Les Afriques . 6 février 2014 L’ émergence de nouvelles puissances telles que les pays des BRICS, comme la Chine, le Brésil et l’Inde, offre à l’Afrique une alternative pour lever les financements nécessaires à son développement. Sur ce registre, la Chine est devenue un bailleur de fonds de premier plan pour l’Afrique. «Nous allons aider l’Afrique à développer ses capacités financières (...). Nous allons fournir dix milliards de dollars à l’Afrique en prêts bonifiés», avait déclaré le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, à l’ouverture du Forum Chine-Afrique qui s’était tenu en 2009 à Charm el-Cheikh (en Égypte). Depuis une décennie, la Chine a considérablement renforcé ses échanges commerciaux et son partenariat financier avec l’Afrique. Avec environ 200 milliards de dollars de flux, la Chine est désormais le premier partenaire commercial de l’Afrique. Intervenant de plus en plus dans la construction de grandes infrastructures sur le continent, Pékin finance en grande pompe les pays africains. En 2006, la Chine a financé les États africains en leur versant pas moins de 5 milliards de dollars (soit environ 4 milliards d’euros). À fin 2009, la Chine avait accordé 10 milliards de dollars de prêts aux pays d’Afrique. Puis en 2012, lors de l’ouverture du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) qui s’est tenu à Pékin, le président Hu Jintao avait annoncé que son pays allait doubler le montant de ses prêts accordés aux pays africains sur la période 2012-2015, passant de 10 à 20 milliards de dollars. Pour concrétiser ses prêts, ce sont China Exim Bank (la banque de l’import-export) et China Development Bank (CDB, financement des actions de la Chine à l’étranger) qui sont les bras financiers de Pékin à l’étranger. Ainsi, selon le quotidien britannique The Financial Times, China Exim Bank et China Development Bank ont ainsi accordé plus de 110 milliards de dollars de prêts dans le monde entre 2009 et 2010. Ibrahim Souleymane L’aide internationale Une dette déguisée Dans son ouvrage «L’aide fatale : les ravages d’une aide inutile et de nouvelles solutions pour l’Afrique», Dambisa Moyo souligne que l’assistance financière continue d’être surtout un vrai désastre, sur le plan économique, politique et humanitaire. P our l’écrivaine économiste Dambisa Moyo, née en Zambie, il est nécessaire de sortir de la politique d’assistanat de la période postcoloniale, dont les résultats sont «entre mauvais et désastreux», pour passer à une politique d’accompagnement au développement. Ce livre offre aux pays en développement des propositions pour financer le développement plutôt que de compter sur l’aide internationale. Dambisa Moyo a signalé que ses arguments reposaient sur ceux d’économistes favorables au marché. Le Financial Times résume le raisonnement de l’ouvrage ainsi, «une assistance au développement sans limite aux gouvernements africains a favorisé la dépendance, encouragé la corruption et, en fin de compte, perpétué la gouvernance médiocre et la pauvreté». Dambisa Moyo déclare que l’aide internationale contribue à perpétuer le cycle de pauvreté et empêche la croissance économique en Afrique. A ce propos, Kofi Annan, l’ancien secrétaire général des Nations unies témoigne que «Dambisa Moyo montre de façon convaincante le besoin d’une nouvelle approche sur l’Afrique». Club de Paris, un prêteur de dettes Le Club de Paris est un groupe informel de 19 pays créanciers (USA, Japon, Australie, Russie et 15 membres européens, dont la France), dont le rôle est de trouver des solutions coordonnées et durables aux difficultés de paiement de pays débiteurs. Les créanciers de ce Club, dont la première réunion s’est tenue en 1956, peuvent accorder des allègements de dette extérieure publique pour les pays pauvres endettés. Depuis sa création, le Club de Paris a conclu 428 accords avec 90 pays endettés, pour un montant total de dette traitée de 573 milliards de dollars. L’accord le plus récent est lorsque le Club de Paris a accordé une annulation de dette à l’Union des Comores dans le cadre de l’initiative renforcée en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE) pour un montant de 8,06 millions de dollars. D’après un rapport du Sénat de novembre 2012, concernant le projet de loi de Finances 2013, la France consacre environ 1 milliard d’euros par an à l’annulation ou l’allègement de la dette des pays pauvres, en acceptant d’abandonner une partie du montant des prêts concédés dans le cadre de l’Aide publique au développement. Le Club de Paris et le Club de Londres sont accusés d’opérer «en secret et de manière informelle, évitant les situations embarrassantes pour les créanciers autant que pour les débiteurs». En 2006, un nombre important d’organisations non gouvernementales ont demandé le changement des règles de fonctionnement du Club de Paris, en particulier en matière de transparence. Il est à souligner que les décisions du Club de Paris sont conditionnées à l’acceptation par les pays débiteurs des programmes d’ajustements structurels du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. S.T DOSSIER La structure des bailleurs de fonds à l’Afrique risque de changer Les bailleurs de fonds internationaux continuent de s’intéresser au développement et à l’avenir de l’Afrique. Mais depuis quelques années, d’autres acteurs privés, dans le cadre de partenariats publics-privés, prennent place dans le financement de projets de développement. Siège de la BAD à Tunis L’ Afrique est l’un des continents dont le développement et l’avenir ont été liés aux apports des bailleurs de fonds internationaux, notamment dans la cadre de projets de développement financés par les institutions dites multilatérales. D’abord, il y a lieu de préciser la notion de bailleurs de fonds. Celle-ci recouvre tous les types de créanciers : prêteurs d’argent. Théoriquement, le bailleur de fonds peut être une personne physique ou morale (une institution). Mais en pratique, les bailleurs de fonds sont des institutions spécialisées capables de mobiliser des moyens financiers importants pour les mettre à la disposition des demandeurs. 58 Les Afriques . 6 février 2014 Jusqu’à peu, cette catégorie se limitait à des institutions comme la Banque mondiale, le FMI, la BAD, l’AFD… Mais depuis quelques années, d’autres acteurs privés, ou dans le cadre de partenariats publics-privés, prennent place dans le financement des projets de développement en Afrique. Les intervenants classiques sur le continent restent les bailleurs de fonds institutionnels internationaux qui sont soit multinationaux, faisant intervenir des institutions financières en relation avec plusieurs États comme le FMI, la BM, la BAD…, ou bilatéraux qui font intervenir des institutions financières en relation avec un seul État, comme le cas de l’AFD, le KfW, etc. Les fonds alloués par ces deux catégories de bailleurs de La baisse de la prime de l’Afrique, l’amélioration du climat des affaires et les potentiels de croissance ont donné de l’appétit aux bailleurs de fonds privés. fonds à l’Afrique dépendent des budgets des États membres. La crise financière et notamment ses conséquences sur les budgets des États des pays dits développés a entraîné une baisse des ressources dédiées à l’aide au développement et le soutien aux projets menés dans le cadre des PPP. En effet, selon des statistiques récentes, l’aide au développement a reculé de 4% en valeur réelle en 2012, après avoir baissé de 2% en 2011. Comme expliqué précédemment, la poursuite de la crise financière et des turbulences dans la zone euro a conduit plusieurs États membres à revoir le niveau de leurs aides et financements à destination des pays pauvres, notamment en Afrique. Mais, des pays à revenus intermédiaires dans ce qu’on appelle catégorie pays émergents ont comblé ce vide. Un redéploiement important de l’aide des pays les plus pauvres vers les pays à revenu intermédiaire s’est opéré depuis quelques années. La Chine, l’Inde, le Brésil et d’autres pays en développement offrent aux pays africains de nouvelles sources de financement, leur permettant de réduire leur dépendance vis-à-vis des bailleurs de fonds traditionnels du Nord. L’avantage qu’offrent ces pays est qu’ils sont moins exigeants sur certains aspects de la gouvernance comparativement aux bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux des pays développés. Cependant, la baisse des montants octroyés par les bailleurs de fonds suite à la crise des finances publiques a été compensée par un gain sur le service de la dette (intérêt payé) suite à la baisse des taux d’intérêt des principales devises depuis 2008, mais aussi en conséquence de l’amélioration de la prime de risque des principaux pays du continent. La baisse de la prime de l’Afrique, l’amélioration du climat des affaires et les potentiels de croissance ont donné de l’appétit aux bailleurs de fonds privés. Ces derniers sont des investisseurs étrangers ou locaux non adossés à des États, comme les fonds d’investissement. Ils prennent de plus du poids et concurrencent les bailleurs de fonds classiques. Là aussi, il y a un changement de fond. Si dans le passé certains fonds d’investissement adossés à des bailleurs de fonds bilatéraux comme Proparco étaient les principaux intervenants privés dans le financement des projets de développement, on assiste aujourd’hui à un flux massif de fonds provenant de toutes les catégories de fonds, surtout ceux adossés à des banques d’affaires anglosaxonnes. Cette tendance est notamment impulsée par les fonds d’investissement, attirés par les retours sur investissement supérieurs à la moyenne mondiale sur des projets de développement des infrastructures, de la santé, etc. qui offrent des rendements importants et dont la gouvernance est souvent faite dans le cadre de PPP. L’engouement des bailleurs de fonds de tous types continuera à favoriser le changement dans la structure des fonds à destination de l’Afrique avec de plus en plus de bailleurs de fonds privés et publics en provenance des pays émergents (partenariat Sud-Sud) et de moins en moins de fonds en provenance des pays développés en mal de croissance et en proie à des difficultés budgétaires. Abdelaziz Enasri Dr en économétrie et Executive MBA Consultant financier international Afflux attendu de fonds de pays émergents 6 février 2014 Les Afriques . 59 ARRÊT SUR IMAGE Tunisie Le 29 janvier 2014. Le président Moncef Marzouki (au centre) et Mehdi Jomaâ (2ème à gauche) posent avec le nouveau gouvernement. Le Parlement de la Tunisie a voté la nouvelle Constitution et approuvé un gouvernement intérimaire technocratique chargé de diriger le pays. 60 Les Afriques . 6 février 2014 6 février 2014 Les Afriques . 61 FOCUS Echec de l’industrialisation de l’Algérie L’objet de cette contribution est de s’éloigner des discours populistes, en posant la problématique du processus de privatisation en Algérie, acte non technique mais éminemment politique. En réponse au ministre algérien de l’Industrie, le processus de privatisation en Algérie n’a pas échoué puisqu’il n’a jamais réellement commencé. L L’objectif de la démonopolisation et de la privatisation est de renforcer la mutation systémique de la transition d’une économie administrée vers une économie de marché concurrentielle. 62 Les Afriques . 6 février 2014 e 9 décembre 2013, le ministre de l’Industrie a déclaré devant les membres du Conseil de la Nation : «Le secteur industriel algérien compte 860 entreprises publiques, qui emploient 278 000 travailleurs avec un chiffe d’affaires qui avoisine 800 milliards de DA. A ce chiffre, il faut rajouter 345 entreprises affiliées aux 18 SGP employant 92 000 travailleurs… le processus de privatisation des entreprises publiques a échoué, le gouvernement prévoyant un fonds spécial pour la réhabilitation des entreprises ayant la capacité de réaliser des projets en partenariat de 400 milliards de dinars». Si l’on excepte la période 1995/1999, où le processus a été bloqué, le Conseil de privatisation n’ayant rien privatisé, la situation sécuritaire étant une des explications, la gesticulation entre 2000/2009, discours sans réalisations concrètes et aucune vision stratégique, destiné surtout à l’international, excepté quelques PMI/PME et quelques surfaces commerciales, l’ancien ministre envisageait en 2012 de privatiser entre 150 et 200 petites et moyennes entreprises (PME) publiques à fin 2013 dans les domaines de l’industrie manufacturière, le textile, les matériaux de construction, l’agroalimentaire. La part des opérateurs privés nationaux pouvait atteindre 60% contre 40% pour l’État dans certains cas et quand l’usine est à l’arrêt, l’opérateur national pourrait obtenir jusqu’à 99% des parts pour relancer l’activité. Quant aux opérateurs étrangers, la règle des 49/51% est appliquée. Un «appel à projet pour partenariat» avait été lancé aux opérateurs algériens et étrangers dans 18 filières, appel qui devait expirer le 31 décembre 2013. Quel est l’objectif stratégique du couple démonopolisation/privatisation ? L’on ne doit pas confondre privatisation et démonopolisation complémentaire, tous deux, processus éminemment politique, allant vers le désengagement de l’Etat de la sphère économique afin qu’il se consacre à son rôle de régulateur stratégique en économie de marché. La privatisation est un transfert de propriété d’unités existantes vers le secteur privé, par contre la démonopolisation consiste à favoriser l’investissement privé nouveau. L’objectif de la démonopolisation et de la privatisation est de renforcer la mutation systémique de la transition d’une économie administrée vers une économie de marché concurrentielle. La privatisation ne saurait s’assimiler au bradage du patrimoine public. Pour cela, elle doit favoriser une grande efficience de l’économie, donc la croissance et la création d’emplois, substituer des critères de gestion économiques à des critères politiques, éliminer les rigidités administratives, alléger les contraintes budgétaires, contribuer à la compétitivité et à la modernisation des places financières. La privatisation présente l’avantage de renforcer la capitalisation boursière d’une place, d’augmenter considérablement le nombre des transactions et d’améliorer la liquidité du marché et, partant, la capacité d’attraction de l’épargne étrangère. Elle doit permettre de lutter contre les rigidités syndicales, la promotion de certaines entreprises sur le plan commercial et auprès des investisseurs étrangers, favoriser et promouvoir des équipes de managers et développer une classe moyenne porteuse de dynamisme social. Aussi, la privatisation est avant tout un processus de restructuration globale de 6 février 2014 Les Afriques . 63 FOCUS Le pétrole, principale source de revenu L’Etat entrepreneur et exploitant direct doit s’effacer peu à peu pour laisser place à un Etat exerçant la puissance publique. 64 Les Afriques . 6 février 2014 l’économie avec des incidences politiques et sociales de recomposition du pouvoir, expliquant les résistances des tenants de la rente qui se servent au niveau du secteur d’Etat, les gagnants d’aujourd’hui n’étant pas forcément ceux de demain. La privatisation est donc un processus fondamental d’une politique de relance et doit être au cœur de la nouvelle politique économique pour trois raisons essentielles : premièrement, sa contribution à l’effort de stabilisation macro économique, deuxièmement la promotion des exportations hors hydrocarbures et troisièmement la transformation globale de l’économie par la réduction du chômage. En d’autres termes, l’Etat entrepreneur et exploitant direct doit s’effacer peu à peu pour laisser place à un Etat exerçant la puissance publique et qui sera conforté dans ses missions naturelles d’arbitrage et de régulation. D’une manière générale, ce qui est stratégique aujourd’hui peut ne pas l’être demain. Car ce que l’on entend par secteur stratégique et non stratégique doit être appréhendé, non en statique mais en dynamique du fait à la fois de l’évolution du monde et de la structure de l’économie algérienne. Ainsi la règle des 51/49% qui se fonde sur une vision essentiellement idéologique dépassée, où l’on peut démontrer que le partenaire étranger prend peu de risque, les surcoûts étant supportés par l’Algérie via toujours la rente, me semble inappropriée sans avoir défini ce qui est stratégique et ce qui ne l’est pas à partir des critères objectifs. Le blocage de l’investissement en Algérie ne réside pas dans des changements de lois ou d’élaboration de stratégies utopiques, vision bureaucratique, comme on ne combat la sphère informelle (40% de la masse monétaire en circulation avec une concentration du capital argent au profit de quelques oligopoleurs tissant des liens avec certains segments du pouvoir de la sphère réelle ), elle-même produit de la logique rentière et de la bureaucratie, par des mesures administratives autoritaires, où il est plus facile d’importer que d’investir. Pourquoi la panne du processus de privatisation en Algérie ? Il faut s’attaquer à l’essentiel qui est la gouvernance mitigée et la faiblesse de l’Etat de droit, liées à une profonde moralisation de ceux qui gèrent la Cité. Sans vision stratégique, comment adapter l’Algérie à la mondialisation par plus d’espaces de liberté, en levant les contraintes d’environnement afin de permettre l’épanouissement de l’entreprise créatrice de richesses, en combattant non par des textes mais réellement cette corruption socialisée qui menace les fondements de l’Etat algérien, poussant la majorité à se tourner vers les valeurs spéculatives. Il ne La base de la réussite du processus de privatisation doit reposer sur une transparence totale et une large adhésion sociale. faut pas s’attendre à une véritable relance économique. Il y a lieu de souligner que la base de la réussite du processus de privatisation doit reposer sur une transparence totale et une large adhésion sociale. Dans les pays développés, le niveau élevé d’éducation favorise la transmission de l’information étant dans une économie de marché structurée. En cas de non-vision stratégique axée sur la concurrence, le processus de privatisation s’avérera un échec patent avec le risque de passage d’un nouveau monopole, source de surcoût et d’inefficience. Comme nous l’avons montré dans plusieurs contributions nationales et internationales récentes en posant la problématique du futur rôle de l’État dans ses relations avec le marché, il s’agit de faire naître le marché dans un contexte de non marché, à travers cette mutation systémique bouleversant la cohérence des anciens réseaux, pour créer une dynamique nouvelle à travers de nouveaux réseaux acquis aux réformes (de nouvelles forces sociales) dans le cadre d’une nouvelle cohérence synchronisée avec les mutations de l’économie mondiale. Cette dynamique sociale est seule à même d’éviter ce manque ce cohérence et de visibilité dans la politique socio-économique dont les changements perpétuels de cadres juridiques (fonction des rapports de force au niveau du pouvoir) en sont l’illustration. Il y a plusieurs centres de décisions politiques, atomisant celles-ci et les rendant volontairement opaques, traduisant le non-consensus. Les contraintes rencontrées sur le terrain Je recense cinq contraintes institutionnelles en Algérie. Premièrement, les expériences réussies qui ont suscité l’adhésion populaire montrent la création d’une grande Agence des privatisations, ayant une mission transitoire, composée d’experts de haut niveau, relativement autonome sous la dépendance de la présidence ou du chef du gouvernement ou des parlements. Deuxièmement, il s’agit d’éclaircir concrètement les relations fonctionnelles qui ne sont pas clairement définies notamment entre le ministère chargé des Participations, les structures du ministère des Finances (direction des domaines, de la fiscalité, des douanes et des banques primaires), les autres départements ministériels pour éviter les susceptibilités entre différents ministres -en termes de pouvoir économique- et les relations avec les autorités locales qui n’ont pas été associées à ce processus alors qu’elles entretiennent des relations directes avec l’environnement, et sans leur adhésion ce processus peut être avorté. Troisièmement, ne convientil pas de mieux définir à l’avenir ce que l’on entend par partenariat loin de tout slogan idéologique, l’objectif étant l’efficience économique, base de la cohésion sociale future, avec l’autonomisation de la décision économique évitant les fameux slogans des chartes socialistes du passé secteur privé facteur complémentaire du secteur d’Etat ? Quatrièmement, l’expérience menée sur le terrain a montré des Le gaz, l’autre source principale de revenu 6 février 2014 Les Afriques . 65 FOCUS Réelle privatisation et désengagement de l’Etat Les capitaux mobiles vont s’investir là où les obstacles économiques et politiques sont mineurs. 66 Les Afriques . 6 février 2014 comptabilités défectueuses, confirmant un écart entre le réel et le bilan côté terrain. La majorité des unités évaluées n’ayant pas de comptabilité analytique afin de cerner les coûts. Cinquièmement, les délais entre le moment de sélection de l’entreprise à privatiser, les évaluations, les avis d’appel d’offres, le transfert au Conseil des participations de l’Etat sous la présidence du chef du gouvernement, puis au Conseil des ministres et la délivrance du titre final de propriété ne sont pas clairement datés ce qui risque de décourager tout repreneur. Car en ce monde les capitaux mobiles vont s’investir là où les obstacles économiques et politiques sont mineurs, le temps étant de l’argent. Or, seule une synchronisation clairement définie permettrait d’éviter les longs circuits bureaucratiques. Quelles sont donc les actions à mener ? Les répartitions de compétences devront être précisées pour savoir qui a le pouvoir de demander l’engagement d’une opération de privatisation, de préparer la transaction, d’organiser la sélection de l’acquéreur, d’autoriser la conclusion de l’opération, de signer les accords pertinents et de mettre en œuvre les accords de privatisation et s’assurer de leur bonne exécution. Il faut être attentif tant à la méthode qu’à la tech- nique de privatisation qui ne sont pas neutres mais traduisent des rapports de force au niveau de la société, soit la volonté d’accélérer le processus soit d’opter pour le gradualisme. Le processus de privatisation comprend plusieurs phases contenues dans un programme subdivisé en plusieurs étapes dont certaines constituent un passage douloureux mais déterminant pour l’entreprise. La méthode usuelle consiste à établir d’abord un diagnostic aussi complet que possible comprenant la situation de l’outil de production, la qualité des produits, la position commerciale, l’analyse de la compétitive avec des normes internationales, le diagnostic financier, le diagnostic fiscal, l’étude de l’environnement local, national et international, l’évaluation du management et la qualification du personnel. A l’issue du diagnostic l’on peut élaborer un scénario de privatisation, accompagné de plusieurs alternatives tenant compte de la politique économique du gouvernement, des contraintes qui s’imposent tant au pays qu’à l’entreprise ainsi que des propositions de choix stratégiques à moyen et long terme. Ces propositions concernent en général le plan budgétaire, le plan industriel, le plan financier, le plan commercial, le plan d’emploi et la mise en œuvre du calendrier. C’est la demande, c’est-à-dire le marché, qui est l’élément déterminant (taux directeur C’est à l’Etat de décider, par une politique volontariste, de créer telle ou telle autre filière. du profit, existant un marché mondial de privatisation) et non l’offre. C’est donc le taux de profit sectoriel mondial qui est indicateur de référence, et dans la plupart des pays qui ont engagé la privatisation, il y a eu décote d’environ 20% par rapport à la valeur déterminée (en comparaison à des projets neufs) pour attirer les investisseurs nationaux et internationaux. C’est d’ailleurs avec cette illusion bureaucratique des années 1970/1980 que certains récemment en Algérie croient que c’est à l’Etat de décider, par une politique volontariste, de créer telle ou telle autre filière. L’économie algérienne est appelée à évoluer au sein d’une économie ouverte, étant liée à un Accord d’association, voulant adhérer à l’OMC. Est-ce que ces filières que l’on installe aujourd’hui, opérationnelles seulement vers 2015/2016, seront pérennes lorsque le dégrèvement tarifaire sera zéro horizon 2020 ? Pour preuve, l’assainissement volontariste des entreprises publiques a coûté au Trésor public plus de 60 milliards de dollars entre 1971/2012. Selon un rapport interne au ministère de l’Investissement, plus de 70% sont revenues à la case départ. Avec un dinar qui se cote à plus de 100 dinars un euro (150 dinars sur le marché parallèle), cela n’a pas permis de dynamiser les exportations hors hydrocarbures. Et l’on peut montrer que la dépense publique via les hydrocarbures entre 2004/2013 a participé à plus de 80% du PIB, directement et indirectement. Cela montre clairement que ce n’est pas une question de capital ar- gent, mais les rigidités structurelles de l’économie algérienne et que le blocage est d’ordre systémique. En résumé, la réussite du processus de privatisation en Algérie suppose une volonté politique de libéralisation conciliant l’efficacité économique et une profonde justice sociale, ce qui ne signifie pas la fin des entreprises publiques ayant de brillants managers qui doivent évoluer dans un cadre concurrentiel. Un contexte supposant l’application de leur autonomie relative en ce monde turbulent et incertain devant prendre des décisions de management stratégiques en temps réel. Or le retour à la gestion administrée bloque les énergies créatrices. Aussi, la réussite du processus de privatisation est intimement liée à l’approfondissement de la réforme globale elle-même en panne, devant par ailleurs dynamiser la Bourse d’Alger actuellement en léthargie. Sa réussite est conditionnée par une plus grande visibilité dans la politique socio-économique, un Etat de droit, et la démocratisation des décisions économiques renvoyant à la transparence la plus totale, évitant ce slogan creux de bradage du patrimoine public par les tenants de la rente. Sans diaboliser tant le secteur privé national qu’international. Monsieur le ministre, soyons réaliste et disons la vérité connue d’ailleurs par la majorité des observateurs, le processus de privatisation n’a pas échoué puisqu’il n’a jamais réellement commencé. Dr Abderrahmane Mebtoul, expert international Une privatisation quasiment au point mort 6 février 2014 Les Afriques . 67 RELATIONS INTERNATIONALES Addis-Abeba L’Union africaine lance l’année de l’agriculture Le 22ème Sommet de l’UA s’est tenu fin janvier 2014 à AddisAbeba. Les dirigeants de 54 pays africains réunis pendant 2 jours ont consacré leurs travaux autour du thème principal «Agriculture et sécurité alimentaire». Les sujets brûlants du moment n’ont pas été occultés. L a séance d’ouverture du sommet a été présidée par le Premier ministre éthiopien dont le pays assurait la présidence tournante de l’institution continentale. Quatre orateurs se sont 68 Les Afriques . 6 février 2014 succédé à la tribune : la présidente de la commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a planté le décor et appelé les dirigeants à ne ménager aucun effort pour assurer le bien-être des populations africaines par le truchement de l’agriculture. Elle les a exhortés aussi à intensifier les efforts en vue de parvenir à une pacification en RCA et au Sud-Soudan. Ensuite, le représentant du secrétaire général de l’ONU a ,lui, axé son intervention sur la question de la résolution des crises et du maintien de la paix en RCA et au SudSoudan. Ce dernier, au nom du secrétaire général de l’ONU, a assuré le continent du soutien de l’ONU à accompagner l’Afrique dans son plan de pacification et de maintien de la paix en RCA. Quant au troisième intervenant, le Premier ministre haïtien, invité spécial, il a tenu dans son allocution à réaffirmer l’appartenance de Haïti au continent. Il a également appelé le continent à intensifier les relations Sud-Sud. Enfin, le tout nouveau président élu de Madagascar Hery Rajaonarimampianina, dans un discours émotionnel, a tenu à rappeler à la tribune de l’UA que Madagascar était de retour dans la grande famille africaine. Il a déclaré en outre que Madagascar, pays fondateur de l’OUA, vient de renouer à travers ce retour à sa place dans le concert des nations et s’engage à prendre le train du continent en marche en adhérant à l’agenda de l’Union et à l’année 2014, déclarée année de l’agri- Une vue de la conférence culture. Ce retour est d’autant plus symbolique, car il intervient au moment où l’Afrique continue de célébrer le jubilé d’or des 50 ans de l’OUA/UA. Prenant enfin la parole, le premier ministre éthiopien a exhorté les chefs d’Etat du continent à œuvrer pour la paix, la sécurité et le bien-être des peuples du continent. Après la cérémonie d’ouverture, la présidence de l’Union a été transmise au président de la République de Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui est monté à la tribune pour présider la suite des travaux. Les discussions du sommet ont porté sur les crises au Sud-Soudan et en Centrafrique en plus de l’Agenda 2063 qui est une feuille de route de 50 ans pour accélérer le développement du continent. Malgré le fait que le sommet devait essentiellement être consacré à l’agriculture et à la sécurité alimentaire, les conflits au Sud-Soudan et en Centrafrique ont imposé le changement du calendrier initial. Le sommet a débuté par une séance à huis clos consacrée à la concertation sur la composition du nouveau bureau de l’UA et les projets à l’ordre du jour et du programme d’action. Les chefs d’Etat africains ont observé une minute de silence à la mémoire du leader sud-africain, Nelson Mandela, décédé récemment. La présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, a passé en revue les principaux axes de l’action de la commission au cours de l’année écoulée, insistant sur l’importance de centrer l’action sur la paix et la sécurité en Centrafrique et au Sud-Soudan. Cependant, l’UA a appelé tous les Etats membres à tenir leurs engagements en consacrant 10% de leurs budgets nationaux à l’agriculture. L’un des enjeux majeurs de ce sommet a été de remettre la révolution verte au cœur des préoccupations fondamentales, en vue d’éradiquer la faim et la malnutrition. Évidemment ! s’exclame un représentant de la FAO à Addis Abeba, «il faut relancer l’agriculture africaine pour réussir la révolution agricole continentale.» En effet, précise l’expert de la FAO, l’Afrique «est le continent des crises alimentaires récurrentes, où les produits alimentaires de base restent inabordables pour les populations. En vérité, la quasi-totalité des Etats du continent continuent de dépendre étroitement de l’aide alimentaire internationale, quand ils ne réduisent pas tout simplement leur politique agricole à des appels répétés à la générosité internationale». Pourtant, avec les immenses ressources naturelles et agricoles du continent, le secteur de l’agriculture pourrait assurer un réel décollage et nourrir le monde entier. En marge du sommet, le président de la Banque africaine de développement et la présidente du Libéria ont rendu public un rapport sur les Etats fragiles et une première réunion s’est tenue sur le financement des infrastructures du continent. Rodrigue Fénelon Envoyé spécial à Addis-Abeba 6 février 2014 Les Afriques . 69 RELATIONS INTERNATIONALES UA Mohamed Ould Abdel Aziz aux commandes Le chef de l’Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, a été désigné à la présidence en exercice de l’Union africaine (UA), le 30 janvier à Addis-Abeba, à l’ouverture des Assises de la 22ème session ordinaire de l’organisation panafricaine. D ans une allocution prononcée pour la circonstance, il a appelé «à l’organisation, sous l’égide de l’Union africaine (UA) d’une conférence internationale consacrée aux répercussions de l’immigration sur les économies et les sociétés africaines». Une manifestation dont l’objet doit être basé sur une approche commune en vue de «limiter la dimension désastreuse du phénomène migratoire». Dans ce discours inaugural, le nouveau président en exercice de l’UA s’est également engagé à 70 Les Afriques . 6 février 2014 placer son mandat dans une perspective de réalisation «des nobles objectifs auxquels aspirent les peuples africains : à savoir le renforcement de la place et du rôle de l’Afrique dans le monde, la préservation de son unité dans sa riche diversité et la consolidation de la démocratie, de la liberté, de la sécurité, de la paix, de la stabilité et de la bonne gouvernance». C’est la première fois depuis plus de 40 ans qu’un président mauritanien assure la présidence en exercice de l’organisation panafricaine créée en 1963. Ce fait est interprété comme le signe de renouveau d’une diplomatie un peu plus tournée vers le continent africain, après les années d’une arabité «exclusive» prônée par le régime de Maaouya Ould Sid'Ahmed Taya (1984-2005), selon l’avis de nombreux analystes politiques à Nouakchott. Au plan historique, géographique et humain, la Mauritanie est un pays charnière entre l’Afrique subsaharienne et le Maghreb. Cependant, elle reste encore en marge de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), suite à un retrait décidé en 1999. Un constat qui renvoie à une époque marquée par le refus d’assumer sa double appartenance et la richesse de son héritage. Mohamed Ould Abdel Aziz est un ancien général, auteur d’un putsch militaire qui a renversé un président démocratiquement élu, le 6 août 2008. Un épisode suivi d’une grave crise politique et institutionnelle. Il a été élu président de la République le 18 juillet 2009, avec 52% des suffrages dès le premier tour d’un scrutin contesté par l’opposition. Amadou Seck, Nouakchott 6 février 2014 Les Afriques . 71 RELATIONS INTERNATIONALES 72 Les Afriques . 6 février 2014 Méditerranée Mouroir de migrants clandestins Au cours de l’année 2013, qui vient de s’écouler, quelque 45 000 migrants ont risqué leur vie en Méditerranée, en tentant d’atteindre les côtes italiennes et maltaises. Le nombre de morts, proportionnel à ce chiffre record, ne faiblit pas… U ne hausse du nombre de personnes fuyant la guerre et les régimes oppressifs, pour se réfugier sur la rive nord de la Méditerranée, a été constatée en 2013. José Angel Oropeza, directeur du Bureau de coordination de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour la Méditerranée à Rome, a fait le constat que : «Les mouvements migratoires vers les côtes du sud de l’Italie en 2013 montrent une hausse du nombre de personnes fuyant la guerre et les régimes oppressifs». En effet, d’après les données recueillies par cette instance internationale, plus de 42 900 migrants sont arrivés en Italie et 2 800 à Malte courant 2013. Parmi ceux arrivés en Italie, plus de 5 400 étaient des femmes et 8 300 des enfants, dont quelque 5 200 non accompagnés. La plupart des arrivées ont eu lieu à Lampedusa (14 700) et le long de la côte près de Syracuse, en Sicile (14 300). Plus précisément, le représentant de l’OIM a soutenu que la plupart des migrants étaient originaires de Syrie (11 300), d’Érythrée (9 800) et de Somalie (3 200). Il a ajouté que tous ont effectivement été contraints de quitter leur pays et ont le droit de bénéficier d’une protection au titre de la loi italienne. Pour éviter une récidive de l’histoire macabre de plus de 20 000 personnes qui ont péri ces 20 dernières années en tentant d’atteindre les côtes italiennes (2 300 pour la seule année 2011 et environ 700 en 2013), la vraie urgence dans la Méditerranée est d’empêcher la mort des migrants en mer. Ce responsable, qui déplore qu’ils disparaissent sans laisser de trace, vu que l’identification des corps reste un problème humanitaire à résoudre, se met à la place de nombreuses familles de victimes qui atten- dent toujours de savoir si leur être cher se trouve parmi les corps repêchés après les naufrages d’octobre 2013. Pas de pions sur l’échiquier de l’humanité La vraie urgence dans la Méditerranée est d’empêcher la mort des migrants en mer. Le cri du cœur du Pape François, lors de son discours à l’occasion de la Journée mondiale des migrants et des réfugiés, célébrée par le Vatican le 19 janvier, martelant que : «Les migrants et les réfugiés ne sont pas des pions sur l’échiquier de l’humanité. Ce sont des enfants, des femmes et des hommes qui quittent ou qui sont contraints de quitter leur pays pour de multiples raisons. La réalité de la migration doit être traitée de manière innovante, équitable et efficace» en dit long sur les actions énergiques à mener pour sortir de l’ornière. C’est justement ce qui fait dire au directeur du Bureau de coordination de l'OIM pour la Méditerranée à Rome que : «Nous devons rapidement trouver des solutions pour les empêcher de périr en mer alors qu’elles essaient simplement d’avoir une vie meilleure. Nous devons trouver des moyens pour rendre la migration plus sûre et donner à ces gens de réelles alternatives». Alliant le geste à la parole, l’OIM collabore avec le HCR, Save the Children et la Croix-Rouge italienne à Lampedusa, en Sicile, en Calabre, et dans la région des Pouilles, dans le cadre du projet Praesidium, financé par le ministère italien de l’Intérieur, qui vise à aider les migrants irréguliers arrivant en Italie par la mer. A noter que les mouvements se sont poursuivis en janvier 2014. L’OIM assure que le 24 janvier, 204 migrants ont été secourus par la marine italienne dans le canal de Sicile et ont accosté à Augusta, près de Syracuse. D. MBaye (avec OIM) 6 février 2014 Les Afriques . 73 PIED DE LETTRE La formation, parent pauvre des plans de développement Le maillon manquant L es stratégies de développement fleurissent en Afrique. La course à l’émergence est lancée. Et les plans de développement rivalisent de pertinence un peu partout à travers le continent. Mais, c’est dans le suiviévaluation que le bât blesse. Si les chantiers actuels doivent connaître la fin de grands projets qui n’ont bénéficié d’aucune modernisation, jusqu’à être gagnés par une obsolescence qui a fini par les dégrader, il y a eu lieu d’insister sur ce maillon. L’importance des besoins, notamment en infrastructures hydrauliques (urbaine et rurale), mais aussi dans le développement du secteur privé pour arriver à une croissance inclusive, va nécessairement orienter des capitaux proportionnels. Toutefois, la gouvernance et les compétences ne doivent pas être négligées. Des prévisions uniquement focalisées sur la valeur 74 Les Afriques . 6 février 2014 Daouda MBaye, rédacteur en chef exécutif ajoutée en termes points de PIB supplémentaires restent non exhaustives. Disposer de coltan en quantité ne signifie aucunement concevoir des téléphones portables. Lorsque les plans de développement engloberont dans leurs prévisions le nombre d’ingénieurs, de techniciens supérieurs, d’agents de maîtrise et d’ouvriers spécialisés à former, à une échéance bien déterminée en adéquation avec ces projets, les ressources sont exploitées au profit des populations locales. Ces dernières recevant les retombées dans un élan de croissance inclusive, parce qu’impliquées dans les différents secteurs cibles, le développement se fait de façon plus fluide et sans gâchis. Le suivi-évaluation, condition sine qua non, de la réussite de ces chantiers, est aussi accélérateur de croissance. Le gage de réussite qu’il entraîne se traduit par une contribution plus conséquente d’investissements locaux dans les chantiers consécutifs.