Cross asset investment strategy Recherche, Stratégie et Analyse 01 # MENSUEL Janvier 2015 Allocation d’actifs QE souverain Chine Déflation Pétrole Banques centrales Valeurs de croissance TLAC Europe centrale Obligations High Yield Achevé de rédiger le 8 janvier 2015 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 Sommaire Repères Allocation d’actifs : stratégies d’investissement d’Amundi Page 4 Quel serait l’impact d’un QE européen de grande ampleur ? L’année 2015 s’ouvre avec la perspective d’un nouveau programme de quantitative easing de la part de la Banque centrale européenne. La progression annoncée par M. Draghi de 50 % du bilan de la BCE ne peut qu’avoir des conséquences importantes : la confirmation du maintien de taux courts à zéro, une nouvelle baisse des taux longs notamment. Facteurs de risque Contexte macroéconomique Prévisions macroéconomiques et financières Page 9 Page 10 Page 11 Pétrole 1 Baisse du prix du pétrole : impacts sur la croissance et sur la vulnérabilité financière Page 12 Depuis la mi-2013, le baril de pétrole a perdu plus de 40 $, passant de 100 $ à moins de 60 $. Cette chute trouve ses origines dans le ralentissement économique de grands pays comme la Chine, le Brésil et la Russie, mais cela ne suffi t pas, loin de là, à tout expliquer. Politique monétaire 2 Fed vs BCE : des stratégies totalement antagonistes ? Page 16 La Fed a terminé le quantitative easing tandis que la BCE est sur le point de s’engager dans un programme, sans doute de grande ampleur. Alors que la première devrait procéder à ces premières hausses des taux en fin d'année 2015 (au plus tôt ?), la seconde ne devrait pas être en mesure de faire de même avant 3 ou 5 ans. Au-delà de ces divergences majeures, quelques points rapprochent ces deux banques centrales, comme l'absence d'inflation, la lutte contre la déflation, et la nécessité d'éviter une hausse des taux longs. > FOCUS > La baisse du prix du pétrole emmène les anticipations d’inflation à la baisse Europe centrale 3 Les pays d'Europe centrale réagissent de façon différenciée au risque déflationniste Page 20 Depuis quelques trimestres, les pressions déflationnistes en zone euro ont amené la BCE à muscler sa politique monétaire, tandis qu’elles se propageaient vers les pays d’Europe émergente. Dans ce contexte, la Pologne, la Hongrie, la République Tchèque et la Roumanie doivent maintenant trouver les réponses de politique économique appropriées : compte tenu de leur forte intégration à la zone euro, leur ambition sera de contenir la contagion déflationniste en provenance de la zone euro. > FOCUS > Les prêts en devises étrangères, un facteur aggravant dans la lutte contre la déflation 2 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 Chine 4 La Chine au XXIe siècle : manipuler avec précaution Page 25 Le risque déflationniste va-t-il se répandre ou non sur l'économie mondiale, par l'intermédiaire des surcapacités accumulées depuis 2009 ? Cela dépendra de la Chine et du succès de sa transition vers une vraie économie de marché. Une éventuelle (pour ne pas déjà dire probable) dépréciation modeste et graduelle du yuan traduirait une récession (de croissance) ( légèrement) déflationniste due à un atterrissage plus rude que prévu par les autorités. Malgré leur apparence désordonnée, la multiplication de mesures toujours plus diverses visant à stabiliser les secteurs immobilier et financier tend à confirmer un début de ralentissement dans la croissance tendancielle. > FOCUS > Comment Deng Xiaoping a façonné la Chine d’aujourd’hui Obligations High Yield 5 High Yield américain vs High Yield européen : une différence notoire Page 31 Le découplage récent entre les performances du haut rendement américain et européen s'explique à la fois par des facteurs bottom-up et top-down. Des écarts dans la composition de ces deux marchés jouent notamment un rôle important, dans la mesure où l'univers des obligations spéculatives américaines contient plus d'émetteurs faiblement notés que son homologue européen. > FOCUS > Taux de défaut des obligations spéculatives : tendances 2014 et anticipations des agences de notation pour 2015 Actions 6 Valeurs de croissance : un risque ou une opportunité ? Page 33 Le ratio des valeurs de croissance rapportées aux valeurs décotées du MSCI Monde (MSCI Growth/Value) casse à nouveau ses plus hauts de la mi-2012. Historiquement les cycles en faveur des valeurs de croissance se sont toujours finis par des exagérations… et la chute qui a suivi n’en n’a été que plus brutale. Si l'on veut accompagner le mouvement, la sagesse consiste à combiner valeurs de technologie, majoritairement américaines (ce qui permet en plus d’être exposé au dollar US), et valeurs de rendement (une autre façon de profiter des taux bas). Mais mieux vaut éviter la biotechnologie et les réseaux sociaux, déjà bien engagés sur le chemin d’une bulle. Éclairage sectoriel 7 Le ratio de capacité d’absorption des pertes du Conseil de stabilité financière : plus de peur que de mal pour les banques européennes ? Page 36 Le TLAC (« ratio de capacité d’absorption des pertes ») est le nouveau ratio réglementaire introduit par le Conseil de stabilité financière en novembre dernier. Le conseil recommande ainsi que les banques d’importance systémique détiennent l’équivalent de 16 % à 20 % de leurs actifs pondérés sous forme d’instruments de capital ou de dette, susceptibles d’être liquidés pour contribuer à une résolution ordonnée. > FOCUS > Vue d’ensemble des exigences du TLAC Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 3 01 # Janvier 2015 Allocation d’actifs : stratégies d’investissement d’Amundi Quel serait l’impact d’un QE européen de grande ampleur ? PHILIPPE ITHURBIDE, Directeur Recherche, Stratégie et Analyse – Paris Depuis bientôt 3 ans, la Banque centrale européenne (BCE) s'est engagée dans des programmes de politique monétaire non conventionnelle. La raison est multiple : • Tout d'abord, la faiblesse de la croissance économique qui fait suite à une récession de grande ampleur et l'apparition de divergences économiques sans précédent entre les états membres de la zone euro. Une large part de ces divergences persiste, et certaines convergences ne sont qu‘apparentes, comme par exemple les excédents courants, qui reflètent en fait des excédents d’épargne dans le nord de l’Europe, et des déficits d’investissement dans le sud, deux réalités diamétralement opposées, par nature, et aux conséquences bien différentes ; • Ensuite la volonté de remettre à flot le système bancaire européen, fortement affecté par les excès de crédit, la baisse des résultats et globalement la fragilité financière ; • Pousser les taux à des niveaux extrêmement bas a également fait partie de sa stratégie pour, d'une part stimuler l'investissement, et d'autre part - et surtout - rendre plus solvables des entités qui ne l'étaient plus ou dont la solvabilité était mise à mal. • La BCE a également pris conscience de la nécessité de favoriser l'accès au crédit, notamment pour les petites et moyennes entreprises dont le rôle est crucial dans les économies européennes, aussi bien en matière d’emploi que d’investissement (voir sur ce point notre édition du mois de décembre). • Enfin, il est question ici de sortir la spirale déflationniste qui gêne la croissance économique. La baisse des taux d’inflation a pour conséquence de reporter les plans de consommation, d’investissement et d’embauche, ce qui réduit considérablement les perspectives de croissance. Tout récemment, Mario Draghi, le président de la BCE rappelait à quel point il était attaché à ce que le bilan de la banque centrale progresse de nouveau. L'objectif de 3 000 Mds d'euros (une hausse de 1 000 Mds, soit un équivalent de 10 % du PIB de la zone) a été confirmé en même temps que les prévisions de croissance économique étaient révisées à la baisse : la BCE prévoit désormais une croissance du PIB de 1 % en 2015 (contre 1,6 % précédemment), et de 1,5 % en 2016 (contre 1.9 % précédemment). Il a également rappelé que la BCE était prête à modifier dès le début 2015 si besoin est « la taille, le rythme et la composition de ses mesures » si les signaux de croissance et d'inflation se détérioraient encore. Plus récemment encore, M. Praet, chef économiste de la BCE, indiquait qu’il était possible que le taux d’inflation de la zone euro passe – temporairement – en territoire négatif. Quand on sait qu’il y a un peu plus de 2 ans, seuls 5 % de la zone étaient en déflation, on comprend mieux les annonces du gouverneur de la BCE. Au-delà des LTRO, et des programmes d’achats d’ABS et de covered bonds (qui, au total, représenteront au mieux 500 ou 600 Mds d’euros), il est désormais question d’un QE souverain, ou d’un QE portant sur les dettes privées… ou des deux. Il convient de signaler un fait « nouveau ». Pendant ces trois dernières années, les banques ont été des acheteurs « naturels » de dette publique, du fait de la nécessité de réduire le risque, mais aussi et surtout pour des raisons réglementaires, pour restaurer leurs ratios de liquidité / capital… Cela a permis un financement plus aisé de la dette publique nationale (via une renationalisation de la dette et des débouchés naturels ou forcés), mais cela a renforcé le lien entre banques et États. Un lien qui a déjà eu des effets dévastateurs il y a moins de 4 ans. Or les banques ne sont plus des acheteurs aussi actifs, surtout dans les pays du noyau dur, maintenant que ces ratios sont respectés (ou quasiment). Le fait que les achats bancaires se tarissent dans les pays du noyau dur et se poursuivent dans les pays périphériques est un argument fort en faveur d’un QE de la BCE : celle-ci 4 L’essentiel L’année 2015 s‘ouvre avec la perspective d’un nouveau programme de quantitative easing de la part de la Banque centrale européenne. La progression annoncée par M. Draghi de 50 % du bilan de la BCE ne peut qu’avoir des conséquences importantes : la confirmation du maintien de taux courts à zéro, une nouvelle baisse des taux longs notamment et, si cela plaît aux marchés financiers, une nouvelle progression des actions et une nouvelle rédaction des spreads, souverains et corporates. La baisse de l’euro est également une des conséquences souhaitables du QE. Pour parvenir à accroître le bilan de 1 000 Mds, il faudra bien plus que des TLTRO, des achats d’ABS ou de « covered bonds ». Sont désormais attendus soit un programme d’achats d’obligations d’entreprises, soit un programme d’achat d’obligations souveraines… soit les deux. Le risque serait de voir la BCE décevoir ces espoirs. Un nouveau QE serait amplement justifié Vers des achats de dettes souveraines, de dettes d'entreprises… ou les deux ? Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 doit pallier l’absence des banques « du nord », et confirmer son soutien aux banques « du sud » en affaiblissant le risque lié au lien banques – États. 115 EUR/USD Nominal trade-weighted euro 110 105 100 95 01-15 09-14 05-14 01-14 09-13 90 05-13 À l’opposé des OMT qui prévoyaient d’acheter la seule dette des pays « en détresse », une mesure en conflit avec les statuts de la BCE (et à laquelle on ne peut adhérer qu’en dernier recours), il est probable que la BCE achète des titres souverains de l’ensemble des pays de la zone. Selon quelles modalités ? Sans doute en lien avec la participation relative de chaque pays au capital de la BCE, car des achats en lien avec le stock de dette seraient fortement biaisés en faveur des pays les plus endettés, ce qui serait perçu comme une aide aux « mauvais élèves ». L’objectif de la BCE est désormais de justifi er une telle mesure par la nécessité de lutter contre la menace déflationniste, une menace sur la stabilité des prix, en d’autres termes, sa mission unique. EUR/USD et taux de change nominal effectif de l'euro (100 en janvier 2012) 01-13 Adopter un QE conforte également notre anticipation de maintien des taux longs à un bas niveau… et de l’existence d’un potentiel de baisse supplémentaire. L'extension du bilan de la BCE devrait se traduire par un repli supplémentaire des taux à 10 ans en zone euro. Pour atteindre un programme total de 1 000 Mds d’euros, la BCE serait sans doute « forcée » de compléter les mesures actuelles (TLTRO, Achats d’ABS et de covered bonds) par des achats d’obligations privées ou souveraines. Si tel était le cas, les taux obligataires de la zone reprendraient le chemin de la baisse. 1 09-12 3. Impact sur les dettes souveraines : poursuite des baisses de taux longs, même si le potentiel est désormais extrêmement limité s’agissant des pays du noyau dur Taux 10 ans allemand : un objectif à 0,25 % ? 05-12 La perspective d’un QE de grande ampleur conforte amplement les anticipations de voir l'euro se dégrader au cours des mois à venir. Que ce soit aux ÉtatsUnis ou au Japon, les programmes de QE se sont traduits par une dépréciation de la monnaie nationale… c’est d’ailleurs un objectif implicite (États-Unis et sans doute zone euro) ou explicite (Japon). À supposer que le QE soit rapidement annoncé, de taille conséquente et très bien perçu par les marchés, l’EUR/USD pourrait revenir en dessous de 1.10. Il serait assez étonnant que « toutes les planètes soient aussi bien alignées » en même temps et que la baisse de la parité soit aussi conséquente. Autrement dit, nous conservons notre objectif de 1,15 / 1,20 pour la parité EUR/USD tout au long de 2015, avec une inclination à aller plus bas à court terme. À dire vrai, ce qui importe pour la croissance de la zone euro, ce n’est pas vraiment la parité EUR/USD, mais le cours de change effectif de l’euro, c’est-à-dire le cours de l’euro pondéré par les échanges avec les pays partenaires de la zone. Alors que l’EUR/USD a récemment perdu près de 10 %, le cours effectif actuel de l’euro a peu bougé ces derniers mois (voir graphique). 01-12 2. Impact sur le marché des changes : vers un euro plus faible… 09-11 La probabilité de voir les taux directeurs progresser à horizon 3 ou 5 ans est quasiment nulle. Comme dans le cas des États-Unis, tant que dureront des mesures non conventionnelles, il ne saura être question de relever les taux directeurs. Autrement dit, le décalage entre la politique monétaire américaine et européenne ne peut qu'amplifi er. Ceci justifi e la poursuite de l'élargissement des écarts de taux court et longs entre ces deux zones. 05-11 1. Impact sur les taux courts : très bas pour (très) longtemps Les banques du noyau dur achètent moins de dette publique, les banques du Sud en achètent encore : la BCE doit pallier l’absence des premières et soutenir les secondes 01-11 Que faut-il penser d’un QE de grande ampleur ? Une évaluation des impacts potentiels Source : Datastream, Recherche Amundi Dans ce cas, il faut regarder deux choses : • La dette relative entre les pays, • Le montant des émissions nettes. Plus la dette est faible et plus les besoins d’émissions sont faibles, et plus le pays bénéficiera du QE. Le tableau de la page suivante met en évidence l’impact relatif d’un QE souverain de 500 Mds portant sur l’ensemble des titres à coupon, et dont les achats de titres seraient effectués au prorata des différents pays dans le capital de la BCE. On voit que les pays bénéficiant le plus d’un tel programme seraient l’Allemagne (compte tenu de l’absence de besoins de financement) et l’Autriche Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 5 01 # Janvier 2015 (faible dette et faibles besoins de financement). Il bénéficierait également à l’Italie : certes, la dette publique est élevée, mais les émissions nettes y sont relativement faibles… en outre, les achats de la BCE qui découleraient d’un QE de 500 Mds seraient de l’ordre de deux fois et demi le montant des émissions nettes de l’Italie en 2015. La France et l’Irlande, quant à elles, en bénéficieraient moins, en termes relatifs (dette et besoins de financement plus élevés). Grâce à cet effet rareté, et à condition que le QE soit ample et bien perçu, le taux 10 ans allemand pourrait atteindre 0,25 %. Un tel mouvement s’accompagnerait également de réduction des spreads souverains, avec un biais plus favorable pour les pays à plus faible dette et moindres besoins de financement… et qui bénéficieraient le plus du programme d’achats de la BCE. Une question importante se pose au sujet de la stratégie d’annonce de la BCE. Plusieurs options se présentent : • Annoncera-t-elle un QE à étages, un peu comme aux États-Unis (d’abord un Q1 (de faible montant), puis un Q2, puis un Q3)… ou annoncera-t-elle rapidement un QE de grande ampleur ? Dans le premier cas, il pourrait y avoir des déceptions (mesures trop faibles, trop tardives…), et dans le second cas l’espoir d’un regain d’optimisme sur la croissance et un impact conséquent sur les actions, les taux et les spreads. • Annoncera-t-elle un montant global sans mentionner d’échéance particulière, ou préférera-t-elle annoncer en même temps un montant global avec une échéance spécifique ? Dans le premier cas, beaucoup d’incertitudes sur le rythme des achats, et dans le second cas, la possibilité de réduire cette incertitude et de déduire des montants d’achats mensuels par pays. Les jeux sont ouverts. Ce qui est sûr, c’est que la stratégie d’annonce peut s’avérer cruciale car elle peut rassurer – ou inquiéter – sur le financement de tel ou tel pays. Certains pays peuvent avoir leurs émissions nettes (voire même leurs besoins totaux de financement) couverts uniquement par les achats de la BCE. Pour d’autres, suivant les montants et les échéances, cela peut être moins favorable. Les chiffres mentionnés ci-dessus et qui figurent sur le tableau montrent bien l’avantage, toutes choses égales par ailleurs de l’Autriche, l’Allemagne et de l’Italie sur la France ou l’Irlande. 4. Impact sur les obligations d’entreprises Un QE sur les obligations privées se heurterait sans doute aux problèmes de liquidité de ce marché. Ceci étant, que ce soit un programme portant sur les obligations privées ou sur les titres souverains, il semble acquis que les spreads se resserreraient davantage, d’une part grâce à la liquidité apportée par la BCE, mais aussi du fait de la baisse des taux et de l’augmentation de l’appétit pour le risque. Il faut sans doute privilégier les titres à rareté relative (ceux à solide solvabilité et faibles programmes d’émissions). 5. Impact sur les marchés d’actions Les marchés d’actions bénéficieront également d’un programme de QE souverain. On peut avancer 5 facteurs favorables : 1) la baisse de l’euro, 2) le niveau des taux courts, 3) le niveau des taux longs, 4) l’amélioration des perspectives de croissance, 5) l’appétit pour le risque. 6. Impact sur l’activité économique L’histoire montre que les politiques, qu’elles soient conventionnelles ou non, sont efficaces si elles suffisent à générer des effets de richesse conséquents, et si les taux baissent en deçà des anticipations de croissance économique. Le QE sera favorable à l’activité économique si un certain nombre de canaux de transmission opèrent correctement : • Le canal des cours de change : une baisse de l’euro contre dollar n'est pas la solution, c’est une baisse du cours de change effectif de l’euro qui est nécessaire. Pour cela, il faudra d’une part que l’euro soit plus fragile que le yen ou nombre de devises émergentes : le QE européen est à mettre en perspective avec le QE japonais, ou la faiblesse des économies émergentes. 6 Dette Publique : quelques indicateurs clé Part dans le capital BCE Dette Émissions obligataire, nettes, hors T-bills 2015 (en Mds €) Allemagne 25,7 % 1 094 -10 France 20,3 % 1 358 89 Italie 17,6 % 1 654 33 Espagne 12,6 % 855 41 Pays-Bas 5,7 % 339 16 Belgique 3,5 % 320 11 Grèce 2,9 % 68 -7 Autriche 2,8 % 203 4 Portugal 2,5 % 104 7 Finlande 1,8 % 95 5 Irlande 1,7 % 117 12 La politique monétaire va-t-elle redevenir efficace grâce à un QE souverain ? L'impact d'un QE souverain de 500 Mds € Achats BCE (en Mds €) % de la dette obligataire % des émissions nettes Allemagne 129 11,8 % France 101 7,5 % 114 % Italie 88 5,3 % 267 % Espagne 63 7,4 % 154 % Pays-Bas 29 8,4 % 179 % Belgique 18 5,5 % 161 % Grèce 15 21,4 % Autriche 14 6,9 % 351 % Portugal 12 12,0 % 178 % Finlande 9 9,4 % 180 % Irlande 8 7,1 % 69 % Les risques n'ont pas disparu Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 Il faudra d’autre part que les comportements de marges ne se traduisent pas par l’élimination de cet avantage de compétitivité. Cela serait dommageable à la croissance économique. Or les marges des entreprises sont insuffisantes dans certains pays, comme la France. • Le canal des taux d’intérêt : la BCE peut pousser les taux plus bas, mais ils sont déjà à un niveau extrêmement bas. Le QE et les LTRO pousseront-ils les banques à prêter davantage ? Ce qui est sûr, c’est que les conditions de crédit continuent de s’améliorer, mais pas pour les PME, qui dépendent fortement des banques. • Le canal de la liquidité et des effets de richesse : la zone euro peut compter sur ces canaux si les mesures de la BCE sont bien perçues. On sait le retard accumulé depuis 4 ans entre les profits et les valorisations entre États-Unis et Europe. Rappelons toutefois que l’effet de richesse via les actions est, du fait de la composition des portefeuilles des particuliers, bien plus efficace (pour le meilleur et pour le pire) aux États-Unis qu’en zone euro. • Le canal des anticipations d’inflation est crucial. Une hausse de ces dernières accélérerait les plans de consommation et d’investissement. Nul doute qu’un QE de grande ampleur aurait de quoi plaire à des marchés financiers en attente de mesures fortes de la part de la BCE. À moyen terme, il faudra toutefois que les canaux de transmission à l’économie réelle opèrent avec efficacité, faute de quoi on retournera dans les doutes et interrogations sur la capacité de la zone euro à accroître son potentiel de croissance, à sortir de la stagnation / déflation, et à maîtriser l’évolution de sa dette publique. L’enjeu est de taille. Au total, nous ne validons pas (pas encore ?) les prévisions extrêmes présentées cidessus sur les taux longs (0,25 % pour l’Allemagne, 0,40 % pour la France…) et sur les spreads souverains, et même si l’on reste prudent quant à l’efficacité immédiate d’un QE sur la croissance économique de la zone euro (nous ne révisons pas à la hausse nos prévisions de croissance (0,9 % pour le PIB de la zone en 2015, 1 % en Allemagne, 0,7 % en France…), nos stratégies - qui misent sur une réaction favorable à la mise en place d’un vaste QE - restent les suivantes : • Short euro contre dollar • Long souverains périphériques • Long duration sur les souverains du noyau dur • Long obligations d'entreprises • Long actions zone euro Nul doute qu’un QE de grande ampleur aurait de quoi plaire à des marchés financiers en attente de mesures fortes de la part de la BCE Impact d'un programme de QE souverain de 500 Mds Rationnel Objectifs / Stratégies Taux courts Pendant le QE, maintien des taux courts à zéro (cela durera au moins 3 ans) Taux 3 mois entre 0 % et 25 pb Taux longs noyau dur Repli de l'ensemble des taux longs car achats de titres souverains par la BCE, y compris du noyau dur 10 ans allemand : 0,25 % 10 ans FR : 0,40 % Spreads souverains Le soutien de la part de la BCE renverse l’asymétrie du risque, qui redevient favorable aux obligations Miser sur un resserrement des spreads souverains, sur la baisse des taux longs, et sur le fait qu’un QE souverain serait plus favorable à l’Allemagne, à l’Italie, et à l’Autriche qu’à la France ou à l’Irlande Obligations d'entreprises Les spreads se resserreraient davantage : 1) grâce à la liquidité apportée par la BCE, 2) du fait de la baisse des taux et 3) grâce à l'appétit pour le risque Privilégier les titres à rareté relative (ceux à solide solvabilité et faibles programmes d'émissions) Actions 4 facteurs favorables : 1) la baisse de l'euro, 2) le niveau des taux d¹intérêt (courts et longs), 3) l'amélioration des perspectives de croissance et 4) l'appétit pour le risque Privilégier les actions sensibles au taux d'intérêt, au cours de change, à fort beta, et qui pourraient bénéficier d'opérations de fusions - acquisitions Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 7 01 # Janvier 2015 Quels sont les risques ? Quatre risques majeurs persistent : • un nouvel affaiblissement de la croissance en zone euro, qui pourrait provenir soit d’un ralentissement économique mondial, soit de l’incapacité à relancer l’investissement ; • les marchés financiers saluent favorablement le QE de la BCE, mais les perspectives de croissance restent faibles, car les canaux de transmission de la politique monétaire non conventionnelle restent bloqués ; • le regain des pressions déflationnistes ; • la BCE déçoit les marchés financiers, du fait de mesures tardives ou jugées insuffisantes. Parmi les autres risques, mentionnons : • une incompréhension sur la politique monétaire de la Fed ; • des déséquilibres financiers dans certains pays émergents du fait de la baisse du prix du pétrole ; • une guerre des changes en Asie. ALLOCATION D’ACTIFS PERSPECTIVES COURT TERME -- - + ++ CASH Dollar US Euro OBLIGATIONS SOUVERAINES États-Unis Zone euro (noyau dur) Zone euro (pays périphériques) Royaume-Uni Japon Dettes émergentes OBLIGATIONS CORPORATE Investment Grade Europe Investment Grade US High Yield Europe High Yield US ACTIONS États-Unis Zone euro Europe hors zone euro Japon Émergents DEVISES Dollar US Euro Sterling Yen Devises émergentes (--) Nettement sous-pondéré (-) Sous-pondéré ( ) Neutre (+) Surpondéré (++) Nettement surpondéré TYPE DE PORTEFEUILLE Portefeuilles d’actions • Préférer les actions zone euro • Neutre à sous-pondéré en actions US Portefeuilles obligataires • Surpondération crédit, plus spécialement Europe High Yield • Sous-pondération US et RU (short duration) • Marchés émergents : choix pays clivant… • Rester surpondéré sur le souverain Italie, - surpondéré Inde, Thaïlande et Mexique - neutre Chine, Turquie, Brésil, Afrique du Sud et Indonésie - sous-pondéré : Malaisie, pays du Golfe, Grèce, Taiwan, Russie, Corée et Chili • Neutre cycliques et pharma, sous-pondéré consommation courante • Rester long USD et GBP, short JPY et EUR 8 • Rester neutre en actions US • Préférer les actions zone euro et Japon • Bêta du portefeuille maintenu à neutre • Au sein des pays émergents : Portefeuilles diversifiés et Espagne • Rester en dehors des pays à très faibles solvabilité et liquidité • Prudence sur les actions émergentes… préférer les pays consommateurs de matières premières • Préférer les actions aux crédits • Rester long en crédit HY pour le portage, • Long duration sur cœur zone euro • Dettes émergentes : surpondérer les dettes des pays consommateurs de matières premières • Long fi nancières et plutôt zone euro qu’États-Unis • Surpondérer obligations périphériques européennes • Positif sur dette émergente en dollar • Rester long USD et GBP, short EUR et JPY • Rester long USD, GBP, short JPY, EUR • Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 Facteurs de risque JANVIER NIVEAU DE RISQUE FED : UNE POLITIQUE MONÉTAIRE MAL COMPRISE Le marché du travail s’est nettement raffermi au cours des 18 derniers mois, mais l’excès d’offre sur le marché du travail reste important, le taux de participation faible et les salaires contenus. La Fed doit gérer au mieux les indicateurs économiques, ses propres prévisions et celles des marchés financiers. La normalisation n’est pas à l’ordre du jour, mais tout plaide pour un regain de volatilité et des risques d’incompréhension. RISQUE MODÉRÉ •• ZONE EURO : UN QE PERÇU COMME ÉTANT TARDIF ET TROP FAIBLE La BCE va s’engager dans un programme de QE. Il est désormais question d’un QE souverain et/ou d’un QE sur les obligations d’entreprises. Ce qui est surtout attendu, au-delà de la composition, c’est un programme de grande ampleur, afin de parvenir à l’expansion de bilan de la BCE évoquée par M. Draghi. Qu’il soit perçu comme tardif et/ ou insuffisamment important, et il en sera fini du confort tout relatif sur les perspectives de croissance tandis que les craintes sur la solvabilité de certains États ne manqueront pas de refaire surface, avec à la clef, les impacts que l’on imagine aisément sur les spreads souverains. RISQUE MODÉRÉ • ZONE EURO : INTENSIFICATION DES RISQUES DE DÉFLATION Les pressions déflationnistes se sont intensifiées durant l’été. Le ralentissement des prix est surtout dû à la désinflation des prix des matières premières et de l’alimentation. La BCE est passée en mode de risk management et se tient prête à passer en mode QE. Que le QE à venir soit bien reçu par les marchés financiers est positif, mais encore faudra-til que les canaux de transmission (canal des effets de richesse, canal du cours de change, canal des taux d’intérêt, canal de la liquidité) se mettent enfin à fonctionner, ce qui se traduirait par de meilleures perspectives de croissance, un financement plus aisé des entreprises (PME comprises, un retour de l’investissement…). Dans le cas contraire, les pressions déflationnistes s’intensifieront. RISQUE MODÉRÉ • PÉTROLE : POURSUITE DE LA BAISSE DES PRIX La baisse du prix du pétrole a donné un coup de pouce à la croissance des pays consommateurs, ainsi qu’une bouffée d’oxygène aux pays en lutte avec une inflation mal maîtrisée (Inde, Indonésie…). En revanche, elle accroît la vulnérabilité financière de certains États producteurs de pétrole, ceux qui dépendent fortement du pétrole en matière d’exportations et de recettes fiscales (Venezuela, Angola, Nigeria, Équateur). La situation actuelle pousse la Russie vers la récession et le Venezuela vers le défaut. Une poursuite de la baisse du prix du brut aggraverait encore une situation déjà fortement dégradée. RISQUE MODÉRÉ • CHINE : UN RALENTISSEMENT BRUTAL L’enjeu de la Chine est de réduire la dette (maîtriser le crédit et le shadow banking, réduire dette et créances douteuses), renouer avec une croissance potentielle plus forte et une plus forte productivité (la démographie n’aidera pas). La croissance sera désormais plus faible, mais elle doit être de « meilleure qualité ». La Chine a les moyens d’accompagner cette - longue - transition, mais l’enjeu et la tâche à accomplir restent néanmoins colossaux. La forte baisse du prix du pétrole est un atout, mais la dynamique actuelle est faible. RISQUE MODÉRÉ • ÉCONOMIES ÉMERGENTES : UN REPLI PLUS PRONONCÉ DE LA CROISSANCE La fin du QE américain n’a pas pesé sur les marchés émergents. Les anticipations de remontée des taux directeurs américains plus tard, fin 2015, semblent bien ancrées. Ce sont les fondamentaux de certains pays qui inquiètent (récession en Russie, nette détérioration de la conjoncture au Brésil, ralentissement immobilier en Chine, etc.). Le risque d’accélération de la poursuite du ralentissement en 2015 pour l’ensemble des pays émergents nous semble limité, mais il est à suivre de très près. RISQUE MODÉRÉ •• UNE GUERRE DES CHANGES RÉGIONALE Le regain de faiblesse de l’euro et du yen, le QE de la BCE et les mesures d’assouplissement supplémentaires de la BoJ exacerbent les tensions en Asie (en particulier en Corée et en Chine), où la chute du yen en 2013 avait pesé sur les relations commerciales. Ceci dit, la BoJ n’a pas intérêt à affaiblir trop le yen car cela pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et risque de nuire à la reprise. En ce qui concerne l’euro, l’affaiblissement sur lequel nous tablons n’est pas suffisant pour inquiéter les États-Unis, où la reprise sera avant tout tirée par la demande intérieure. RISQUE MODÉRÉ Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier • 9 01 # Janvier 2015 Contexte macroéconomique JANVIER AMÉRIQUES ÉTATS-UNIS FACTEURS DE RISQUE Poursuite de la reprise et baisse de l’inflation. > Le PIB a progressé de 5 % au T3 et les premiers chiffres du T4 sont encourageants. > Des fragilités subsistent : le marché de l’emploi n’est pas encore pleinement réparé et les chiffres de l’immobilier restent irréguliers. > La reprise va se poursuivre en 2015, mais sans forte accélération, avec une inflation en baisse en raison du recul du prix de l’énergie. La faiblesse de l’économie dans le reste du monde et la hausse du dollar freineront légèrement l’activité. > La Fed ne normalisera sa politique que très lentement : en raison de la faiblesse de l’inflation, la première hausse de taux pourrait ne pas intervenir avant fin 2015. > La conjoncture reste dégradée sur beaucoup d’aspects et une récession ne peut être exclue en 2015. Plusieurs indicateurs se sont dégradés en novembre à l’image de la production industrielle qui continue sa chute et accuse une baisse de 3,6 % sur un an. En outre, le PMI manufacturier HSBC s’établit à 48,7 (contre 49,1 en octobre), au plus bas depuis juin dernier. En sus de ces données manufacturières, le pays connaît un déficit commercial de 2,35 Mds $ en novembre, les exportations chutant de 25 % sur un an. De plus, l’inflation persiste en territoire élevé à +6,6 %. Ce sont principalement les postes les plus volatils qui expliquent cette hausse. > L’atonie et la morosité caractérisent assez bien l’économie brésilienne. Ces chiffres viennent rappeler combien le pays doit être réformé alors qu’il connaît une croissance très faible et une inflation très élevée. BRÉSIL EUROPE ZONE EURO INDE JAPON 10 > Un assouplissement relatif de la politique monétaire > Un prix du pétrole qui remonterait plus rapidement que prévu > Intensification des Reprise lente, persistance de la menace déflationniste. pressions déflationnistes > Après une croissance toujours très faible au T3 (+0,2 %), les premiers chiffres du T4 sont mitigés. > Contagion des difficultés > La reprise va rester lente en 2015. La bonne tenue de la demande intérieure devrait permettre une amélioration économiques et/ou en Allemagne. En Espagne, le rebond devrait se poursuivre, à partir de niveaux très bas, mais le chômage financières du monde restera élevé, pesant sur l’inflation. En Italie et en France, l’amélioration sera, au mieux, très graduelle. La émergent réduction des efforts d’austérité et la dépréciation de l’euro devraient tout de même avoir des effets positifs. > Risque politique > L’inflation va passer, au moins temporairement, en territoire négatif, l’effet de la baisse du pétrole s’ajoutant (montée des partis aux sources internes de pressions déflationnistes (surcapacité, désendettement, marchés de l’emploi anti-institutions lors des élections prévues en très dégradés. Les mesures déjà annoncées et/ou mises en œuvre par la BCE ne suffiront pas à les 2015) contrer. Un QE portant sur les obligations souveraines est probable, de même qu’une intensification des appels en vue d’une politique budgétaire plus stimulante. ROYAUME-UNI ASIE CHINE > Potentiel de croissance durablement entamé (« stagnation séculaire ») > Contagion des difficultés économiques et/ou financières du reste du monde > Formation d’une nouvelle Reprise toujours dynamique, quoiqu’un peu moins forte en 2015 qu’en 2014. > La solide reprise en cours devrait se poursuivre en 2015. La progression de la consommation et la bulle immobilière > Faiblesse prolongée des hausse de l’immobilier (malgré une décélération) resteront des facteurs importants. L’augmentation de exportations l’investissement des entreprises (révisé en hausse) devrait permettre un rééquilibrage progressif. Les > Montée du thème de la exportations resteront en retard, freinées par la lenteur de la reprise en zone euro. sortie de l’UE > Le marché de l’emploi s’améliore : les salaires réels ont cessé de baisser. La baisse de l’inflation réduit l’urgence d’une hausse des taux directeurs, qui devrait cependant avoir lieu en 2015. > L’économie chinoise devrait croître de 7,4 % cette année, soit son rythme le plus lent depuis 1990. En 2015, la croissance pourrait décélérer davantage et se situer au-dessous des 7 % qui font le consensus actuel. > L’inflation reste bien en dessous de la cible de la PBoC (+3,5 %). Les pressions dé(sin)flationnistes ont conduit l’inflation à +1,6 % sur un an alors que les prix à la production (indicateur avancé des prix à la consommation) chutaient pour le 32e mois consécutif. Baisse surprise des taux d’intérêt par la PBoC. Par cette mesure d’assouplissement monétaire couplée à des mesures ciblées sur les taux des prêts immobiliers, Pékin assure sa volonté de voir la baisse des prix immobiliers se stabiliser. > Le pays est en proie à un dégonflement de bulle immobilière qui pour l’instant paraît bien géré et à une restructuration du marché du crédit, qui profite de l’environnement de liquidité abondante notamment du fait de la politique monétaire accommodante de la PBoC. > Climat économique relativement favorable dans un contexte de gain de crédibilité de la RBI. > En maintenant ses taux directeurs à 8 % pour le cinquième comité de politique monétaire consécutif, la RBI marque son engagement en faveur d’un véritable changement de régime d’inflation. Raghuram Rajan, l’actuel gouverneur de la RBI, a indiqué qu’une baisse des taux pourrait être envisageable dès le début de 2015 à la condition, entre autres, que le gouvernement respecte ses objectifs en matière fiscale (prochain comité le 2 février 2015). Reprise progressive après des chiffres décevants > Après un T3 toujours négatif, les chiffres s’améliorent légèrement au T4. > Des mesures de soutien budgétaire ont été décidées. > Après les élections de décembre 2014, l’horizon politique est dégagé pour le gouvernement, mais sa capacité et sa volonté à mener à bien des réformes structurelles importantes restent à prouver. > La BoJ va maintenir son programme d’assouplissement quantitatif, d’autant plus que la baisse du prix du pétrole va peser sur l’inflation. Des mesures additionnelles sont possibles. > Détérioration plus rapide qu’anticipée de la qualité de crédit > Baisse de la demande externe > Hausse des pressions déflationnistes > Pas assez de mesures de soutien à l’économie > Remontée des prix des matières premières > Une normalisation de la politique monétaire US plus rapide que prévu > Exposition au ralentissement chinois > Reflux de l’inflation avec la baisse du prix du pétrole Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 Prévisions macroéconomiques et financières PRÉVISIONS MACROÉCONOMIQUES États-Unis : le cycle d’expansion va continuer. La reprise a surpris par sa vigueur au T3, l’environnement est favorable à une poursuite de la hausse de la consommation (baisse du chômage, bourses au plus haut) et de l’investissement des entreprises. En raison de la persistance d’excès de capacité et de la chute du prix du pétrole il n’y a pas de risque d’inflation. Japon : une lente sortie de la déflation. Après sa forte chute du T2, le PIB a de nouveau reculé au T3. L’évolution des salaires est la clé de la reprise, les ménages ayant vu leur pouvoir d’achat s’éroder (montée des prix des produits importés induite par la baisse du yen, effet de la TVA). Zone euro : croissance très faible et menace de déflation. Bien qu’un peu plus forte qu’au T2, la croissance est restée lente au T3 (+0,2 %). Les chiffres allemands et français sont décevants tandis que l’Italie est toujours en récession. En revanche, l’amélioration se poursuit en Espagne, au Portugal et en Irlande. Les pressions déflationnistes restent très marquées. 2015 peut être une année de changements politiques dans plusieurs pays (dont la Grèce et l’Espagne). Pays émergents : la croissance des pays émergents devrait se stabiliser en 2015. La baisse du prix des matières premières (près de 20 % en moyenne) devrait, pour le moins à court terme, offrir des marges de manœuvres supplémentaires pour les principaux pays importateurs nets, notamment de produits énergétiques. Brésil : la croissance reste très faible et pourrait même passer en territoire négatif alors que l’inflation elle, persiste en territoire élevé. La Banque centrale a surpris les marchés en relevant son principal taux directeur de 50 pb à 11,75 %. Chine : croissance et inflation ralentissent alors que la correction immobilière en cours reste un sujet de préoccupation. Les autorités tentent de mettre en place une stratégie de stabilisation des prix de l’immobilier et la PBOC a surpris les marchés en abaissant son taux directeur à 2,75 %. Cette mesure pourrait être les prémices d’une longue série d’autres mesures. Croissance du PIB réel, % 2014 2015 2016 2,4 2,7 2,6 0,2 1,2 1,5 0,8 0,9 1,1 1,4 1,0 1,6 0,4 0,7 0,9 -0,4 0,2 0,4 1,3 1,7 1,6 2,6 2,4 2,4 0,3 -4,5 -1,5 2,5 3,0 3,7 7,0 6,5 6,3 5,4 6,0 6,5 5,2 5,4 5,8 0,3 -0,3 0,5 1,7 1,9 2,0 4,4 4,2 5,0 3,2 3,2 3,7 Moyennes annuelles (%) États-Unis Japon Zone euro Allemagne France Italie Espagne Royaume-Uni Russie Turquie Chine Inde Indonésie Brésil Pays développés Pays émergents Monde Inflation (IPC, a/a, %) 2014 1,7 2,6 0,4 0,9 0,6 -0,3 -0,5 1,7 7,4 9,0 2,3 7,8 6,0 6,3 1,4 4,2 2,9 2015 1,3 1,2 0,4 0,9 0,3 0,0 0,0 1,6 10,5 7,0 2,0 6,2 6,7 5,9 1,1 4,3 2,9 2016 1,8 1,5 0,9 1,5 0,8 0,5 0,5 2,0 9,0 6,5 2,0 5,8 6,1 5,6 1,5 4,2 3,0 Source : Recherche Amundi PRÉVISIONS DE TAUX DIRECTEURS Fed : la 1re hausse de taux directeurs aura lieu au plus tôt à la fin de 2015. Le cycle de resserrement monétaire sera lent. BCE : la BCE a annoncé un programme d’achat d’actifs (ABS et covered bonds) qui durera 2 ans. Elle prévoit d’augmenter la taille de son bilan d’environ 10 % de PIB et va lancer un QE incluant des titres souverains. Elle gardera des taux zéro pendant plusieurs années. BoJ : la politique d’assouplissement quantitatif et qualitatif (QQE) continuera pendant une période prolongée. BoE : la 1re hausse de taux directeurs pourrait avoir lieu dans la seconde partie de 2015. PRÉVISIONS DE TAUX LONGS États-Unis : la hausse des taux longs américains sera lente. Le traditionnel bearflattening, lié à l’anticipation d’une remontée des taux directeurs, a déjà commencé et va se poursuivre, notamment sur la partie courte de la courbe. Zone euro : les taux des pays du cœur resteront au niveau actuel pour une période prolongée car la croissance et l’inflation resteront faibles en 2014 et 2015 et car la BCE gardera une politique de taux zéro pendant encore longtemps. Les spreads périphériques devraient rester étroits (effet- QE). Royaume-Uni : la hausse des taux longs britanniques sera lente et l’aplatissement de courbe va se poursuivre. Japon : les taux des emprunts d’État japonais sont entièrement sous le contrôle de la BoJ ; tant que le QE durera, il n’y a pas de raison de les voir remonter significativement. 02/01/2015 États-Unis Zone euro Japon Royaume-Uni 0,25 0,05 0,10 0,50 Amundi Consensus Amundi Consensus + 6m. T2 2015 + 12m. T4 2015 0,25 0,40 0,75 0,95 0,05 0,05 0,05 0,05 0,10 0,10 0,10 0,10 0,50 0,60 1,00 1,00 Taux 2 ans Amundi Consensus 02/01/2015 + 6m. T2 2015 États-Unis 0,69 0,80/1,00 1,02 Allemagne -0,11 -0,10/0,10 -0,03 Japon -0,02 0,00/0,20 0,01 Royaume-Uni 0,44 0,80/1,00 0,99 Taux 10 ans Amundi Consensus 02/01/2015 + 6m. T2 2015 États-Unis 2,18 2,40/2,60 2,76 Allemagne 0,53 0,40/0,60 0,86 Japon 0,33 0,60/0,80 0,49 Royaume-Uni 1,78 2,40/2,60 2,58 Amundi Consensus + 12m. T4 2015 1,20/1,40 1,54 0,00/0,20 -0,01 0,00/0,20 0,01 1,20/1,40 1,45 Amundi Consensus + 12m. T4 2015 2,40/2,60 3,06 0,40/0,60 1,09 0,80/1,00 0,55 2,40/2,60 2,75 PRÉVISIONS DE CHANGE EUR : encore baissier sur la parité EUR/USD. L’écart de taux courts entre les États-Unis et l’Allemagne va continuer de s’élargir. Le gonflement du bilan de la BCE pèsera sur l’euro. Objectif à 1,15 voire plus bas de façon temporaire. USD : le ton moins « colombe » du FOMC et les perspectives de croissance meilleures que dans les autres pays développés soutiendront le dollar. JPY : le yen devrait continuer de s’affaiblir, à cause de la politique très agressive de la BoJ mais aussi des performances macroéconomiques médiocres. GBP : modérément haussier. Les fondamentaux s’améliorent rapidement au RoyaumeUni. L’écart de taux devrait soutenir la livre par rapport à l'euro. 02/01/2015 EUR/USD USD/JPY GBP/USD USD/CHF USD/NOK USD/SEK USD/CAD AUD/USD NZD/USD 1,20 121 1,54 1,00 7,54 7,89 1,17 0,81 0,77 Amundi Consensus Amundi Consensus + 6m. T2 2015 + 12m. T4 2015 1,15 1,20 1,15 1,18 120 122 125 125 1,56 1,54 1,60 1,55 1,02 1,01 1,02 1,04 6,83 7,24 6,75 7,26 7,75 7,70 7,75 7,82 1,15 1,16 1,15 1,16 0,85 0,80 0,85 0,8 0,75 0,74 0,75 0,73 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 11 01 # Janvier 2015 1 Baisse du prix du pétrole : impacts sur la croissance et sur la vulnérabilité financière PHILIPPE ITHURBIDE, Directeur Recherche, Stratégie et Analyse – Paris Depuis un peu plus d’un an, le prix du pétrole ne cesse de baisser. Le cours du brent est désormais inférieur à 60 $ le baril. Pourquoi une telle chute de 50 % depuis juin dernier ? Plusieurs facteurs sont à l’origine de cela : • Tout d'abord, il faut voir dans la baisse du brut la conséquence du net ralentissement économique des principaux pays consommateurs, Chine en tête. Il s’agit ici d’un choc de demande traditionnel. Cet argument n’est cependant pas suffisant pour expliquer à lui seul la baisse du prix du pétrole. La croissance mondiale fléchit, c’est un fait avéré, mais elle tient bon. La croissance américaine reste solide, elle s’est stabilisée en Europe. Au total, du fait du ralentissement dans de grands pays émergents, la croissance mondiale (de l’ordre de 3,5 %, comme en 2013), devrait être de 3,2 % en 2015. Bref, tout semble indiquer que le facteur croissance, qui a indubitablement joué sur le prix du pétrole durant la perte de dynamique, n’explique pas tout. La preuve en est que les autres matières premières (métaux ferreux et non ferreux, matières premières agricoles…) ont nettement moins baissé durant la même période (voir graphique 1). • L'exploitation de pétrole de schiste par les États-Unis a par ailleurs déstabilisé le marché de l’énergie. Leur production de pétrole a progressé de plus de 65 % en l’espace de 5 ans, et ils sont désormais l’un des plus gros producteurs de pétrole, sinon, le plus gros, et c’est peu de dire que les exploitations de schiste ont modifi é la géopolitique du pétrole. À cela il faut également ajouter que les États-Unis, déjà exportateurs de pétrole raffiné, pourraient bien devenir exportateurs de brut, une activité bannie depuis plus de 40 ans. La perspective d’une levée de cette interdiction par le prochain Sénat pousse les prix à la baisse. • L'attitude particulière de l'Arabie Saoudite a également poussé les prix du brut à la baisse. Habitué à faire l'amortisseur face à tout mouvement de prix, ce pays a tout récemment changé de stratégie, pour des raisons géopolitiques. Il avait déjà fait cela en 1986, et cela avait entraîné une baisse similaire de 50 % du prix du brut. Maintenir le prix du pétrole très bas niveau est une façon de gêner fortement certains pays, partenaires ou ennemis traditionnels : - il faut rappeler que les exploitations de schiste ont, aux États-Unis, des points morts compris entre 40 et 180 $ le baril. À 60 $ le baril, c’est une grande partie des programmes qui ne sont plus rentables. L'Arabie Saoudite a semblet-il assez peu apprécié le développement non coopératif de ces technologies alternatives, et la volonté de maintenir les prix à un bas niveau en est une conséquence. Il faut noter que tout récemment, l'Arabie Saoudite a également accordé un rabais de 2 $ le baril sur ses ventes aux États-Unis et en Asie, L’essentiel Depuis la mi-2013, le baril de pétrole a perdu plus de 40 $, passant de 100 $ à moins de 60 $. Cette chute trouve ses origines dans le ralentissement économique de grands pays comme la Chine, le Brésil et la Russie, mais cela ne suffit pas, loin de là, à tout expliquer. Les excès de capacité de production (qui font suite à des années de (sur) investissement en exploration, extraction et production), l’avènement du pétrole de schiste aux États-Unis et la gestion du marché du pétrole par l’OPEC et plus précisément par l’Arabie Saoudite sont les grands déterminants de ce mouvement. Au-delà de la nouvelle baisse des taux d’inflation et des anticipations d’inflation (un problème supplémentaire pour les pays qui sont en lutte contre la défl ation), la baisse du prix du pétrole favorise l’ensemble des pays consommateurs, Chine en tête… et elle fournit une bouffée d’oxygène à des pays en lutte contre l’inflation (Inde, Indonésie). En revanche, la baisse du prix du pétrole affaiblit davantage les pays très dépendants de cette matière première (exportations, recettes fiscales). La Russie voit son ralentissement économique se transformer en sévère récession. La situation actuelle conduit à préférer, dans les investissements, les pays consommateurs de matières premières au détriment des pays producteurs. Pour ces derniers, on prendra également en compte les critères habituels de solvabilité et de vulnérabilités fi nancières. Canada, Norvège et Kazakhstan apparaissent dès lors bien moins risqués que Russie, Venezuela, Angola, Bahreïn, Équateur et Nigeria… - la Russie, qui soutient la Syrie, dépend fortement de ses exportations de pétrole, et l'équilibre de son budget est lié à l'évolution du prix du baril, - l’Iran qui n’est pas non plus un allié de l’Arabie Saoudite, souffre également face à un pétrole peu cher, - enfin, l’Arabie Saoudite considère que les pays partenaires de l'OPEP ne sont pas suffisamment solidaires dans la gestion des prix. Nul doute que la situation actuelle leur montre à quel point une collaboration étroite avec l’Arabie Saoudite s’impose. Chine, Brésil, Russie… Un ralentissement économique avéré Au total, l'Arabie Saoudite montre sa capacité à gérer l'évolution du cours du pétrole, une matière cruciale pour beaucoup de pays, aussi bien en ce qui concerne la profitabilité d'exploitation que dans la réalisation des équilibres budgétaires. - Enfin, la baisse du prix du pétrole est liée à l’excès de capacité de production qui fait suite à toutes les périodes de prix élevés qui, toutes, se traduisent par des investissements de grande ampleur : le pétrole de schiste américain, les sables bitumineux canadiens… en sont les exemples les plus emblématiques, et les 12 L’Arabie Saoudite pèse sur les prix Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 investissements annuels en exploration, extraction et production ont été multipliés par 7 entre les années 90 et les années les plus récentes. Toutes ces périodes de forts investissements ont invariablement conduit à des phases de prix plus bas. Nous vivons en ce moment une de ces phases-là. La baisse du brut : un choc d’offre et un choc de demande Il est aisé de constater que parmi les facteurs mentionnés ci-dessus, certains sont des chocs de demande, d’autres des chocs d’offre. Les identifi er est une chose, pouvoir les quantifi er en est une autre. Sans négliger l'importance évidente du ralentissement économique, on voit bien le poids de la géopolitique et des chocs d'offre dans l'évolution actuelle du prix du pétrole. Quelles sont les conséquences ? On dénombre de multiples conséquences : Prix des matières premières (100 le 1er juillet 2014) 1 110 100 90 2. Ne pas confondre cause et conséquence. S’agissant précisément de croissance économique, il faut garder à l’esprit que si le ralentissement économique est – au moins pour partie – responsable de la chute des cours du brut, on ne saurait alors être enthousiaste à l’idée que cette même baisse sera très favorable à l’activité des pays déjà en net ralentissement. 80 3. La situation actuelle incite à revoir à la baisse les anticipations d'inflation, y compris en zone euro. Cela vient s'ajouter aux pressions déflationnistes actuelles, et conforte l'idée que la BCE devra poursuivre ses programmes de quantitative easing. 50 Métaux 60 Produits alimentaires Brent 02-15 01-15 12-14 11-14 10-14 09-14 08-14 40 06-14 4. En termes de profits, le secteur de l’énergie a un poids qui varie d’un pays à l’autre. Le graphique ci-dessous montre l’importance de ce secteur dans des pays comme la Norvège, mais aussi l’Italie. Il est certain que la baisse du prix du pétrole aura un impact marqué dans ces pays. On notera également l’absence de l’Allemagne dans ce graphique : ce pays exporte beaucoup, mais ne dépend pas du secteur de l’énergie… autrement dit, deux effets favorables dans le contexte actuel. 70 07-14 1. Pour revoir le cours du pétrole à la hausse, il faut que la croissance reprenne de la vitesse, et/ou que les facteurs d’offre s’étiolent. Croire en un prix du brut à 80 $ le baril à horizon 6 – 12 mois semble raisonnable. Dans les phases de bas prix, les investissements en exploration, extraction et production fléchissent, ce qui pousse les prix à la hausse, toutes choses par ailleurs. Ajoutons que le ralentissement de pays émergents tels que la Chine, le Brésil et la Russie pèse sur la demande, tandis que le pétrole de schiste va sans doute continuer à déséquilibrer le marché. Source : Datastream, Recherche Amundi Part des profi ts en provenance du secteur de l’énergie Ne pas confondre cause et conséquence Italie Norvège Royaume-Uni France Espagne Suisse Pays-Bas % 0 10 20 30 40 50 60 Source : Moody’s, Recherche Amundi 5. Il faut séparer les pays en deux groupes : • ceux qui produisent du pétrole, et qui pour certains d’entre eux sont très fortement exposés, aussi bien pour la rentabilité de leurs exploitations que pour la réalisation de leurs équilibres budgétaires ; le graphique page suivante représente le prix du baril qui équilibre recettes et dépenses dans Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 13 01 # Janvier 2015 différents pays. On voit à quel point la baisse de 50 % du prix du brut a fragilisé l'équilibre budgétaire en Équateur, Russie, Algérie, au Nigeria, Bahreïn, Venezuela… Prix du baril qui équilibre recettes et dépenses 3$ 0$ 15 15 4$ 12 7$ 11 7$ 3$ 11 11 3$ 11 2$ 11 2$ 10 $ $ 99 98 $ 95 $ 95 $ 84 71$ 4$ 9$ 8$ 6 5 5 2$ $ 5 6 0$ 4 4 m an ue Ga du bo Ar Em ab C n on ira ie go ts Sa Ar ou ab di t e Ka s e za Un kh is st Pr an ix du Qat a b Tu re r rk K nt m ow en e N is it or ta vè n ge n $ 97 O la ja go id An ba er R ép ub liq Az e k Ira la by ue Li ez n rie gé Al ah B Ve n re ï e ia si us R te ig N ua er ur n Ira Éq Ye m en 215$ Source : FMI, Banque Mondiale, Bloomberg, Thomson Reuters, Recherche Amundi • ceux qui consomment le pétrole et qui bénéficient de cette situation, d’une part grâce à la hausse du revenu réel des ménages, d’autre part du fait de l’impact sur le coût de production des produits utilisant cet input et un effet positif sur les profits, et enfin grâce à l’impact sur l’inflation. Plus un pays est importateur de brut (Japon, zone euro, Chine, Inde…) et/ou moins il produit de pétrole (à l’inverse des États-Unis), et plus son PIB est à forte intensité énergétique (Chine, Inde…), et plus ces effets favorables seront conséquents. 6. Pour certains pays, la baisse du prix du pétrole peut s'avérer un avantage important. Selon les estimations du FMI (World Economic Outlook), une baisse de 20 $ du prix du baril entraînerait, toutes choses égales par ailleurs, une hausse de 0,5 % du PIB mondial en 2015, suivi d’une autre hausse de 0,7 % pour peu que cela se traduise par une amélioration de la confiance. Rappelons que depuis la mi-2013, c'est à une baisse de 40 $ que nous avons assistés. Dans le cas de la zone euro, la baisse en dollar du prix du brut serait en partie compensée par la baisse de l'euro contre dollar (ne négligeons toutefois pas le fait qu’une partie de nos importations de pétrole sont déjà facturées en euros). Dans le cas de la Chine, les chiffres parlent d’eux-mêmes : ce pays importe 6 millions de barils/jour, ce qui signifie qu’une simple baisse de 1 $ représente 2 milliards de $. Ajoutons que le pétrole et les produits dérivés du pétrole représentent 13 % des importations de la Chine. La baisse du brut a un effet immédiat sur l’amélioration des comptes courants de la Chine. 7. Pour d’autres pays, la baisse du prix du pétrole peut s’avérer catastrophique. Dans le cas de la Russie, une baisse de 20 $ se traduirait par une baisse du PIB de 2 % au bout de 3 ans. Or la Russie était déjà en phase de ralentissement économique, et la baisse du prix du pétrole ne vient qu’amplifi er des difficultés déjà existantes. La Russie est en train d’entrer dans une sévère récession, et nous prévoyons une croissance du PIB de -4,5 % en 2015. En revanche, la Russie est actuellement en mesure d’honorer les engagements sur sa dette pour 2015. Le Venezuela est un cas bien plus sérieux encore, tant il est proche du défaut et du chaos : le pétrole représente en effet près de 40 % des revenus du gouvernement et 95 % des exportations. Bahreïn, Angola et l’Équateur sont les autres pays les plus vulnérables à la baisse du prix du pétrole. Russie et Venezuela : deux grands perdants La baisse du prix du pétrole va se traduire par une baisse des exportations et donc une dégradation des comptes courants. Il va entraîner également une baisse des revenus des États exportateurs, et rendre les équilibres budgétaires plus difficiles à atteindre. Mentionnons simplement que les pays d’Amérique latine exportateurs de pétrole tirent un tiers de leurs revenus de leurs activités liées à cette matière première. Cela représente près de 80 % des recettes pour les pays du Golfe (57 % pour le Qatar, et un peu moins de 95 % pour le Koweït). 14 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 Russie Arabie Saoudite Venezuela Mexique Part du pétrole dans les exportations totales 65 % 85 % 95 % 15 % Part du pétrole dans les revenus fiscaux 50 % 90 % 40 % 30 % Au total, les pays producteurs doivent être scindés en trois groupes : • Un groupe de pays « sûrs » qui seront en surplus même si le prix du pétrole reste au niveau actuel. Parmi ces pays, on trouve le Koweït, les Émirats Arabes Unis, le Qatar et la Norvège, des pays ayant des excédents courants et budgétaires suffisants pour amortir la forte baisse du prix du brut. Dans le cas de la Norvège, on peut même miser sur une stabilité des excédents des finances publiques. • Un groupe de pays « fragiles » que la dépendance au pétrole et dérivés du pétrole rend particulièrement vulnérables, compte tenu de leur situation actuelle. La baisse du prix du brut réduira considérablement leurs excédents voire même entraînera des déficits courants et/ou budgétaires. L’Arabie Saoudite, Oman, Azerbaïdjan et le Venezuela vont connaître des déficits publics. • Un groupe de pays « inquiétants » dont la situation financière et la dépendance au pétrole laisse penser que récession et/ou défaut ne peuvent être que les seules issues. La vulnérabilité financière de ces pays est sérieusement mise à mal par la baisse du prix du brut. Conclusion La situation actuelle conduit à préférer, dans les investissements, les pays consommateurs de matières premières au détriment des pays producteurs. Pour ces derniers, on prendra également en compte les critères habituels de solvabilité et de vulnérabilités financières. Canada, Norvège et Kazakhstan apparaissent dès lors bien moins risqués que Russie, Bahreïn et Nigeria… ou, pire encore, que le Venezuela. Attention au rating des pays : la Russie est désormais à une « notch » du high yield… Soldes courants, soldes budgétaires et baisse du prix du pétrole : typologie des pays Déficit public plus large D’un excédent Réduction Stabilisation public de l’excédent de l’excédent vers un déficit budgétaire budgétaire Déficit courant plus large Congo D’un excédent courant à un déficit courant Réduction de l’excédent courant Stabilisation de l’excédent courant Des pays sûrs, des pays fragiles et des pays inquiétants… une typologie basée sur la vulnérabilité financière Oman, Venezuela Russie, Bahreïn, Nigeria Arabie Saoudite, Azerbaïdjan E.A.U., Qatar, Koweït Norvège, Kazakhstan Canada Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 15 01 # Janvier 2015 2 Fed vs BCE : des stratégies totalement antagonistes ? PHILIPPE ITHURBIDE, Directeur Recherche, Stratégie et Analyse – Paris Fed et BCE mènent des politiques monétaires décalées, c’est un fait. Il faut dire que les situations économiques des deux zones sont bien différentes : • Une nette reprise économique aux États-Unis, et une reprise encore très fragile en zone euro. Certes, la reprise économique américaine est très en deçà des précédentes sorties de récession (investissement, emploi, heures travaillées…), mais elle n’en est pas moins solide et soutenable. En zone euro, les vulnérabilités demeurent : les moteurs de croissance sont différents selon les pays (exportations en Espagne, exportations et consommation en Allemagne, dépenses publiques en France…), la consommation est fragile, la solvabilité des pays périphériques – et de certains pays du noyau dur – discutable, et les perspectives de croissance restent faibles… • Une amélioration du marché de l’emploi outre-Atlantique, une situation encore déprimée en Europe. Rappelons toutefois que l’essentiel de l’amélioration du taux de chômage provient d’une baisse du taux de participation, ce qui reste un élément d’insatisfaction aux yeux de Janet Yellen. • Des politiques budgétaires fi scales plus restrictives en Europe, qui tente depuis plusieurs années de limiter les dérapages, alors que les États-Unis (mais aussi le Royaume-Uni et le Japon) ont délibérément laissé filer leurs finances publiques pour renouer plus rapidement avec une croissance plus solide. • Des canaux de fi nancement des entreprises encore grippés en zone euro, ce que la BCE tente de combattre (voir notre édition du mois de décembre « Le financement des PME : un enjeu crucial pour l’Europe »). L’essentiel La Fed a terminé son programme de quantitative easing tandis que la BCE est sur le point d’accélérer et d'amplifier ses mesures de politique non conventionnelles. Alors que la première devrait procéder à ces premières hausses des taux fin 2015 – début 2016, la seconde ne devrait pas être en mesure de faire de même avant 3 ou 5 ans. Au-delà de ces divergences majeures (qui trouvent incontestablement leur justification dans une situation économique bien plus favorable aux États-Unis), quelques points rapprochent ces deux banques centrales : l'absence d'infl ation, la lutte contre la déflation, la nécessité d'éviter une hausse des taux longs, et un marché de l'emploi encore fragile. Beaucoup d’antagonismes entre Fed et BCE, mais aussi des similitudes évidentes. Au total, ces divergences sont déterminantes pour structurer les stratégies d'investissement. Passons en revue les éléments de ces politiques monétaires. Politiques de taux d’intérêt : une divergence inévitable Maintenant que le programme de quantitative easing est terminé, il est quasiment assuré que l'étape suivante dans laquelle la Fed va s'engager sera de procéder à des resserrements monétaires. Le maintien du statu quo peut provenir de deux facteurs : • soit une nouvelle dégradation de la situation économique, États-Unis vs zone euro : des situations économiques durablement différentes • soit l’absence de facteurs de risque poussant la Fed à relever les taux (emballement de la croissance, hausse brutale de l’inflation…). En réalité, les perspectives d’inflation sont cruciales. S. Fisher (vice-gouverneur de la Fed, rappelait il y a quelques semaines que la « normalisation » des Fed funds ne pourrait intervenir que lorsque la Fed sera confiante dans les perspectives d’inflation. Or celles-ci baissent encore. Au regard des conditions actuelles, six conclusions s’imposent • La banque centrale américaine ne sera pas amenée à agir avant la fin 2015, au plus tôt ; • Miser sur des taux de Fed funds (actuellement à 0,25 %) à 1 % fin 2016 semble raisonnable ; Fed : pas de pression pour relever rapidement les taux directeurs • Les hausses de taux ne seront pas en ligne avec les annonces actuelles de la Fed. Selon les « dots », les taux des Fed funds devraient atteindre 3 % dixhuit mois après le premier resserrement monétaire. La Fed sera moins rapide dans la séquence de hausse des taux (sauf si elle retarde très fortement son premier geste). • La courbe forward indique des taux à 3 mois à 2 % à horizon début 2017, ce qui semble un peu exagéré ; • Le plafond pour les Fed funds sera de l’ordre de 3,75 %, soit un niveau plus faible que lors des cycles précédents, car il tient compte de la plus faible croissance potentielle actuelle ; 16 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 • L’atteinte du plafond des Fed funds se fera vraisemblablement moins rapidement que lors des cycles précédents. En ce qui concerne la BCE, la situation est bien différente. Il n’est pas question de s’interroger aujourd’hui sur la moindre hausse des taux. Le décalage avec la Fed est flagrant : il est évident que la banque centrale américaine a été extrêmement plus réactive que son homologue européenne s'agissant des mesures non conventionnelles. Certes, le consensus était plus facile à trouver outre-Atlantique, et les autorités monétaires américaines ont une forte réputation de proactivité. Suite à la crise financière, les États-Unis ont utilisé tout l'arsenal à leur disposition : outils monétaires conventionnels, politique monétaire non conventionnelle, politique de change, politique budgétaire, politique fiscale… Cela ne fut pas réellement possible en zone euro : contraintes institutionnelles, nécessité de consensus, gestion de crise difficile... Le « retard » accumulé en Europe est en train d'être comblé : il n’est plus question d'austérité budgétaire et fiscale, et les programmes non conventionnels (y compris un programme de QE souverain) ne sont plus tabous. Pour accompagner cela, il est hautement probable que la BCE maintiendra des taux bas pendant 3 ans, voire 5 ans… Injection de liquidités : la BoJ et la BCE prennent le relais de la Fed La Fed a terminé son programme de quantitative easing en octobre dernier. Il faut cependant noter qu’au sein même du conseil des gouverneurs, les divergences persistent, certains considérant cet arrêt prématuré, d'autres considérant que l'institution doit être prête à le réactiver pour peu que l'inflation ne progresse pas suffisamment. BCE : pas de hausse des taux avant 3 ou 5 ans La liquidité mondiale ne va pas s'effondrer en 2015, BoJ et BCE prenant le relais de la Fed Tout comme la banque du Japon, la BCE semble « condamnée » à élargir son arsenal de mesures non conventionnelles : TLTRO, ABSPP (ABS Purchase Programme), CBPP (Covered Bond Purchase Programme) ne seront pas suffisants pour assurer l'expansion de bilan souhaitée par Mario Draghi. Il est donc ici question d'éventuels programmes d'achat d'obligations d'entreprises ou d'obligations souveraines. Quoi qu'il en soit, il est bien évident que la liquidité mondiale ne va pas s'effondrer en 2015, la Banque du Japon et la Banque centrale européenne prenant le relais de la Réserve Fédérale. Fed et BCE : éviter une (forte et ample) remontée des taux longs Les programmes de quantitative easing avaient en réalité 2 ambitions : • D'une part, briser le lien entre deleveraging et prix des actifs, afin d'éviter que le cycle de désendettement ne se traduise par de forts effets de richesse négatifs, une menace pour croissance ; • D’autre part, pousser et maintenir les taux à un bas niveau pour rendre solvables des entités qui ne l’étaient plus ou dont la solvabilité était menacée. Éviter une remontée des taux longs, une volonté commune de la BCE et de la Fed Il est clair que les États-Unis n’ont plus réellement besoin d’un programme de QE, mais ils ne peuvent pas non plus se permettre de voir les taux longs remonter vite et fortement, ce qui occasionnerait, notamment du fait d’un effet de richesse négatif, un grand choc sur des marchés d’actions jugés un peu chers. La BCE, quant à elle, ne peut que favoriser des taux (courts et longs) à de faibles niveaux, pour consolider la croissance, la solvabilité… Au total, les taux longs du noyau dur de la zone euro vont rester bas pour encore de nombreux trimestres. Cela sera également facilité par la stratégie de la Fed, mais aussi par la capacité de la BCE à « déconnecter » les taux de la zone et ceux des États-Unis. Ces derniers ont maintenu les taux longs à un niveau bien plus bas que leur taux d’équilibre grâce aux programmes de QE, et c’est ce que la BCE va désormais faire. La vraie question en zone euro réside en réalité dans les spreads souverains : avoir une politique monétaire accommodante et une liquidité abondante sont évidemment des conditions nécessaires au maintien de spreads souverains étroits, mais pas suffisantes : une amélioration des perspectives de croissance (qui conduisent à une croissance économique supérieure aux taux d’intérêt) est indispensable si l’on veut éviter que les craintes sur la solvabilité des États ne refassent surface. Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 17 01 # Janvier 2015 EUR/USD : la poursuite de la baisse a encore du sens La parité EUR/USD est passée de 1,40 à 1,24 en l'espace de quelques trimestres. Ce sont les conditions économiques et les perspectives d'évolution des politiques monétaires qui sont à l'origine de ce mouvement. Rien de bien surprenant, donc. On notera cependant que deux forces opposées jouent sur la valeur de l'euro : les excédents courants plaident en faveur d'un euro plus fort, tandis que les perspectives de nouveaux assouplissements quantitatifs poussent l'euro à la baisse. Au total, il nous semble toutefois inévitable que la parité euro dollar converge vers 1,15. Notons également qu'au niveau actuel, le dollar n’est pas surévalué. Le potentiel d'appréciation en termes effectifs est conséquent (entre 10 et 15 %), et l'euro en bénéficiera (voir notre édition du mois d’octobre). L’euro pris entre deux feux : les excédents courants contre le quantitative easing Courbe des taux monétaires : la BCE perçue comme la banque centrale d’une zone en déflation La simple observation des courbes de taux « futures » montre que la BCE est perçue comme la Banque du Japon ou la Banque nationale Suisse, deux pays où les pressions déflationnistes sont fortes. Dans ces trois zones, il n'y a pas réellement d'anticipation de resserrement monétaire. La courbe est plate, et elle devrait le rester. Aux États-Unis, au fur et à mesure que les perspectives de hausses des taux gagneront en crédibilité, la courbe des taux « futures » se pentifiera davantage. Autrement dit, les écarts de taux vont continuer à s’élargir, favorisant la hausse du dollar. Courbe des coupons : vers un bear flattening aux États-Unis Mêmes tendances sur la courbe des coupons, avec un élargissement supplémentaire des écarts de taux, et la perspective d’assister à un nouveau bear flattening aux États-Unis. Volatilité : les incertitudes autour de la Fed resteront un moteur puissant Hausse de la volatilité et maintien de celle-ci à un niveau élevé, une conclusion inévitable Le prochain mouvement de la Fed sera un resserrement monétaire, c’est une certitude, mais les anticipations varient, tant sur la date que sur l’ampleur. En outre, les renversements de politiques monétaires sont toujours un exercice délicat pour les banquiers centraux, qui ne veulent pas être trop rapides (casser la croissance) ou trop tardifs (générer des excès de valorisations sur les marchés financiers). Les divergences au sein des conseils de politique monétaire sont ainsi fréquentes dans ces phases de cycles bien spécifiques. Tour cela ne manquera pas d’alimenter la volatilité des marchés au gré des déclarations officielles, des indicateurs économiques, et des changements d’anticipations. La hausse de la volatilité et le maintien de celle-ci à un niveau élevé, voilà une nouvelle composante à laquelle il faudra s’habituer. Conclusion Au total, il est facile d’identifier les divergences entre l'orientation de la politique monétaire aux États-Unis et celle de la zone euro. Il est également aisé de mettre en évidence les similitudes. Celles-ci proviennent essentiellement de trois situations : • Tout d'abord celle qui prévaut sur le marché de l'emploi : même si le taux de chômage a fortement baissé aux États-Unis, la forte chute du taux de participation reste un sujet de préoccupation. En zone euro, les améliorations, aussi conséquentes soient-elles, ne sont pas suffisantes pour masquer une réalité plus douloureuse ; Lutter contre tout risque de spirale déflationniste : une préoccupation commune • Ensuite, la volonté des deux côtés de l'Atlantique d'éviter une forte remontée des taux longs. Elle risquerait aux États-Unis de faire chuter le marché des actions et de l’immobilier, générant ainsi un effet de richesse négatif qui serait bien malvenu à cet instant du cycle. En zone euro, une 18 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 telle hausse des taux aurait deux effets préjudiciables à l'économie : elle dégraderait la situation des agents endettés et elle gênerait encore davantage les plans d'investissement ; • Enfin, la lutte contre les pressions déflationnistes et les dangers de la spirale déflationniste sont certes bien plus forts en zone euro, mais ils n'ont pas pour autant disparu aux États-Unis. Ceci n'est évidemment pas suffisant pour modifier les perspectives : la BCE va garder des taux très bas pendant au moins 3 à 5 ans, et la Fed entamera vraisemblablement son cycle de hausse des taux fin 2015 – début 2016. États-Unis : point-mort d'inflation vs évolution du prix du pétrole 1 2.8 40% 2.6 30% 2.4 20% 10% 2.2 0% 2 -10% 1.8 > La baisse du prix du pétrole emmène les anticipations d’infl ation à la baisse -20% 1.6 -30% 1.4 La spectaculaire baisse des prix du pétrole depuis l’été 2014 pèse mécaniquement sur l’infl ation des pays avancés, l’énergie représentant par exemple un peu plus de 10 % de l’indice des prix en zone euro. En plus de peser directement sur l’infl ation, la baisse des prix du pétrole pèse lourdement sur les anticipations d’infl ation. Quelles que soient les mesures de marché considérées (point-mort d’infl ation, swaps d’infl ation forward, etc.), les anticipations d’infl ation sont empiriquement très corrélées aux variations des prix du pétrole. Ainsi, une grande part de la baisse des anticipations d’infl ation aux États-Unis et en Europe depuis cet été s’explique par la baisse des prix du pétrole. 1.2 1 -40% -50% -60% Source : Bloomberg, Recherche Amundi Ceci est problématique pour la BCE comme pour la Fed. Pour la BCE, cela arrive à un moment où les anticipations d’infl ation (telles que mesurées avec des indicateurs de marché ou par le biais d’enquêtes) sont extrêmement basses et où le risque d’un cercle vicieux défl ationniste n’a jamais été aussi fort. Lors de son conseil des gouverneurs de décembre, la BCE a indiqué qu’elle allait devoir évaluer l’impact de la baisse des prix du pétrole sur les tendances d’infl ation à moyen terme de façon à éviter un déraillement des anticipations d’infl ation et de la mécanique de formation des salaires. Pour la Fed, l’érosion des anticipations d’infl ation se produit alors que les salaires réels ne se sont pas encore mis à remonter, malgré l’amélioration sur le marché du travail. Le communiqué du FOMC du 18 décembre montre clairement du doigt la dichotomie entre anticipations d’infl ation mesurées avec des indicateurs de marché et celles mesurées avec des enquêtes. Toujours est-il que le point mort d'infl ation à 10 ans a nettement baissé, passant de 2,20 % en juillet à quasiment de 1,65 % aujourd'hui. L'évolution du point mort d'infl ation à 5 ans a même été plus défavorable puisqu'il est passé de 2 % à environ 1,15 % aujourd'hui. il semble illogique que la Fed veuille normaliser sa politique de taux alors que les indicateurs traditionnels des anticipations d'infl ation demeurent aussi faibles. Point-mort 5 ans Point-mort 10 ans Evolution du brent sur 3 mois (D.) 01-10 06-10 11-10 04-11 09-11 02-12 07-12 12-12 05-13 10-13 03-14 08-14 01-15 06-15 BASTIEN DRUT, Stratégie et Recherche Économique - Paris Les anticipations d’inflation sont empiriquement très corrélées aux variations des prix du pétrole 2 Part des consommateurs qui pensent que les prix vont baisser sur les 12 prochains mois 14 Italie Espagne Zone euro France Allemagne 12 10 8 6 4 2 Source : Commission européenne, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 19 2015 2013 2011 2009 2007 2005 2003 2001 1999 1997 1995 1993 1991 1989 1987 0 01 # Janvier 2015 3 Les pays d'Europe centrale réagissent de façon différenciée au risque déflationniste MARC-ALI BEN ABDALLAH, Stratégie et Recherche Économique – Paris BASTIEN DRUT, Stratégie et Recherche Économique – Paris NICOLAS DOISY, Stratégie et Recherche Économique – Paris La zone euro exporte des pressions déflationnistes chez ses voisins Lors des derniers mois, à l’instar de l’infl ation en zone euro, l’infl ation a fortement baissé dans les pays d’Europe émergente, allant même jusqu’à passer en territoire négatif en Pologne et en Hongrie (-0,4 % en octobre en Hongrie par exemple). Il y a évidemment des facteurs communs sous-jacents à la décélération de l’infl ation en zone euro et dans les pays d’Europe Centrale : baisse du prix de l’énergie et de l’alimentation, fort ralentissement de la demande interne sur les dernières années et dégradations des conditions sur le marché du travail. Les anticipations d’inflation des consommateurs baissent tout aussi rapidement en Europe centrale que dans la zone euro ce qui tend à indiquer que les pressions défl ationnistes y sont tout aussi fortes. Une analyse en composantes principales réalisée sur les taux d’infl ation à taxation constante sur la période 2008-2014 sur le groupe « zone euro – Europe Centrale » montre que le facteur principal explique 77 % de la variance. Il nous paraît donc pertinent d’analyser dans quelle mesure les tendances défl ationnistes à l’œuvre en zone euro ne seraient pas en train de contaminer ses voisins. La dynamique de l’inflation est généralement tributaire de développements externes et s’en trouve, pour partie, « importée », par exemple via l’évolution du prix des matières premières (énergie et alimentation) sur les marchés internationaux. Dans le cas de petits pays, qui ne sont pas en mesure d’imposer leurs prix sur les marchés, les facteurs externes sont encore plus importants. Pour les pays d’Europe centrale, qui représentent typiquement de tels price-takers, très intégrés économiquement à la zone euro et dont la taille est limitée, l’évolution des prix dans la zone euro est déterminante. L’impact du taux de change nominal est, à cet égard, un élément déterminant du processus de rééquilibrage des prix relatifs, selon que ce dernier est ou non répercuté par les entreprises (à l’importation comme à l’exportation) sur l’acheteur final et donc le consommateur. Un document de travail récent du FMI1 a montré qu’entre 2 et 37 % des fluctuations de l’inflation des pays de l’Union européenne hors zone euro sont expliquées par l’inflation sous-jacente de la zone euro sur la période 20042014. Cette proportion est encore plus élevée sur la période récente. Selon cette étude, la baisse de l’infl ation sous-jacente en zone euro a eu un impact net et significatif sur l’infl ation des pays d’Europe centrale (Hongrie, Pologne, République tchèque), avec une transmission de la désinfl ation d’autant plus forte que la demande interne du pays est satisfaite avec une forte proportion de biens produits à l’étranger (Hongrie, République tchèque). En réalité, quoi de plus logique avec la forte augmentation de l’intégration économique des pays CEE et de la zone euro depuis le début des années 2000 ? Selon les pays, la zone euro constitue entre la moitié et les deux tiers des exportations et des importations. De plus, le taux d’ouverture total (et donc la sensibilité aux effets indirects de la zone euro sur des pays tiers, qui tend à accroître cet effet de composition) a grimpé dans ces pays, surtout en Hongrie et en République tchèque, ce qui rend ces deux pays encore plus vulnérables à l’importation des tensions déflationnistes de la zone euro. L’essentiel Dans un contexte mondial qui prend un tour déflationniste (notamment sous l’influence de la Chine), les économies d’Europe centrale et orientale entrent à leur tour dans une dynamique pré-déflationniste dont il est maintenant évident qu’elle ne peut qu’être renforcée par la baisse continue du taux d’inflation vers 0 % (si ce n’est en deçà) en zone euro. Ces économies ne sont pas autant contraintes dans leur réaction de politique économique que le sont les économies de la périphérie par leur appartenance à l’euro, ce qui leur laisse en particulier l’usage de l’outil monétaire via le taux de change, outil dont se satisferaient probablement les mêmes économies méridionales de la zone euro qui sont aujourd’hui à l’origine de la pression déflationniste affectant l’Europe centrale. Idéalement souhaitable mais malheureusement contrainte, une relance budgétaire aura d’autant plus d’effet qu’elle accompagnera une politique monétaire de reflation qui restera dans les pas de la BCE. Par ailleurs, des facteurs spécifiques à chacune des grandes économies de la région sont également à l’œuvre, à commencer par le fort taux d’endettement des ménages hongrois en Francs suisses, ce qui est à l’origine de la stagnation du PIB/tête constatée en Hongrie sur la dernière décennie. De même, l’inflation en République tchèque tend à se synchroniser avec celle de la zone euro en raison d’une forte intégration commerciale (notamment avec l’Allemagne) ainsi que d’une politique monétaire relativement passive de ciblage du taux de change contre l’euro. Si elle a conservé un certain dynamisme relativement à ses pairs (notamment en raison de la flexibilité de son change mais aussi d’un moindre poids de la dette des ménages en devises), la Pologne est néanmoins contrainte par l’étroitesse de ses marges de manœuvre budgétaires : ceci devrait la conduire à terme à privilégier l’outil monétaire tout en acceptant de voir son inflation s’aligner sur le régime de la zone euro. Globalement, ces économies sont donc contaminées par les tendances déflationnistes de la zone euro. De plus, les risques géopolitiques font peser une épée de Damoclès sur ces pays : pour la Pologne, par exemple, 94 % des importations de pétrole et 80 % des importations de gaz naturel sont en provenance de Russie (IEA, 2011). De ce point de vue, la baisse du prix du 1 "Are Non-Euro Area EU countries importing low inflation from the euro area?", IMF Working paper n°14/191 20 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 pétrole a un effet direct sur la dynamique d’infl ation dans de petits pays ouverts comme les Pays d’Europe centrale et orientale (PECO). Mais elle représente aussi un effet indirect des pressions défl ationnistes venues de zone euro… mais aussi et surtout de Chine (y compris sur la zone euro elle-même), dont l’effet de composition est loin d’être négligeable alors qu’elle est en passe de devenir la première économie mondiale par sa taille. Les anticipations d’inflation des consommateurs baissent tout aussi rapidement en Europe centrale que dans la zone euro La République tchèque et la Pologne sont très proches des standards de l’Union européenne La rapide convergence de la Roumanie ne s’est pas faite sans déséquilibres La Roumanie présente une vitesse de convergence comparable à la Pologne malgré une accession plus tardive 2. Le PIB par tête de la Roumanie à parité de pouvoir d’achat représentait 37 % de celui de l’Europe à savoir 9 200 $ par habitant en 2002. Avec un peu plus de 19 400 $ par habitant il représente aujourd’hui 54 % du revenu moyen par tête de l’Europe. C’est probablement en partie l’illustration principale de ce que cette convergence ne s’est pas réalisée de façon continue, la Roumanie n’ayant pas su éviter l’émergence d’un certain nombre de déséquilibres qui ont toutefois été réduits depuis. 110% Hongrie 100% 90% Rep. Tchèque 80% 70% 60% Roumanie 50% Pologne Part des échanges avec la zone euro Source : Datastream, Recherche Amundi La Pologne a réalisé la prouesse d’être la seule économie européenne à éviter une récession en 2008-2009, ce qui indique un potentiel de croissance soutenu tout autant que les effets d’une dévaluation bienvenue L’épargne brute (publique et privée) a cru plus vite que l’investissement. Le déficit courant était encore de 11,6 % du PIB en 2008, il s’est abaissé depuis à 2 % en 2014. Le stock de dette externe a atteint un pic de 75,7 % du PIB avant de s’abaisser actuellement à 61,1 %. Quant au stock de dette publique (externe et domestique), il devrait atteindre un pic à 40 % cette année grâce à une 2 63% 62% 61% 60% 59% 58% 57% 56% 55% 54% 40% 53% La Pologne est la seconde économie la plus proche des standards européens avec un revenu par habitant équivalent à 68 % de celui de l’Union européenne. Le rythme de convergence a été impressionnant puisque la Pologne aura été capable depuis 2009 de délivrer chaque année une croissance supérieure de 1,3 point à celle de la moyenne européenne. Cette performance s’explique, essentiellement par l’ampleur et la profondeur à la fois du marché local mais aussi des réformes structurelles engagées par vagues depuis la transition. Au cours des deux dernières décennies, la Pologne aura réussi à croître en moyenne de 4 % par an malgré l’intensification de la crise souveraine en Europe. Elle a réalisé d’ailleurs, la prouesse d’être la seule économie européenne ayant réussi à éviter une récession en 2008-2009, ce qui indique un potentiel de croissance soutenu tout autant que les effets d’une dévaluation bienvenue (tant d’un point de vue financier que réel) grâce à un régime de taux de change fl exible. Proportion du commerce extérieur réalisée avec la zone euro vs taux d'ouverture 52% Si l’on raisonne en revenu par tête d’habitant, l’économie la plus proche des standards européens est la République tchèque avec un PIB per capita de 28 500 $, soit 79 % du PIB per capita de l’Union européenne. Toutefois, l’économie tchèque est assez peu diversifi ée. Son secteur industriel est concentré sur un seul secteur : le secteur automobile. Ce dernier produit plus d’un million de voitures depuis 2010 dont 80 % sont à destination de l’exportation. Le secteur financier domestique est étroit mais plutôt sain. Sans surprise, l’économie tchèque a traversé récemment deux épisodes récessifs en 20082009 et 2011 qui sont la conséquence directe des infl exions conjoncturelles de la zone euro, au point de pouvoir être considérée comme une extension de l’économie allemande. 1 Taux d'ouverture de l'économie Les économies d’Europe centrale sont donc aux prises avec des tensions défl ationnistes importées. Pour autant cet ensemble est loin d’être homogène. Elles diffèrent par leur degré d’intégration à la zone économique européenne, la diversité de leurs spécialisations économiques (spécialisation industrielle, poids relatifs des secteurs manufacturiers et de celui des services). Elles diffèrent aussi par leur capacité d’absorption du choc lié à la crise souveraine européenne, capacité qui dépend en large part des choix stratégiques de politique macroéconomique apportés en réponse à cette crise tout autant que, par exemple, du niveau de vie et d’endettement privé et public. La Roumanie a accédé à l’Union européenne en 2007, la Pologne, la République Tchèque et la Hongrie en 2004. Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 21 01 # Janvier 2015 La Hongrie, le seul des quatre pays, à vitesse de convergence nulle Enfin, la Hongrie est en termes de revenus à rapprocher de la Pologne. Le PIB per capita y est identique. Cependant, sur ce quartet, la Hongrie est la seule économie dont le PIB par tête est resté stable sur la décennie écoulée. Son revenu par habitant était équivalent à 67 % du revenu moyen d’un habitant de l’Union européenne en 2004, au moment de son accession à l’Union. Aujourd’hui, il représente 68 % de la moyenne européenne. Parmi les nombreuses raisons, figure une relative instabilité et incohérence en matière de régime macroéconomique, notamment des tentatives d’ancrage sur la zone euro trop précoces eu égard aux enjeux structurels post-transition. Pour les économies d’Europe centrale, les marges de manœuvres sont très étroites Evolution des devises par rapport à l'euro (100 = moyenne de la période 2000-2007) 2 140 CZK PLN HUF RON 130 120 110 100 90 80 70 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 poursuite de la consolidation fiscale et une baisse des coûts de financement 3. Sans surprise, l’agence de notation souveraine Standard & Poors a placé la notation souveraine de la Roumanie en investment grade en mai dernier. Elle était, d’ailleurs, la seule des trois grandes agences à ne pas l’avoir encore fait. Source : Datastream, Recherche Amundi Afin de lutter contre le risque défl ationniste, les banques centrales des pays d’Europe centrale ont assoupli leur politique monétaire depuis la mi-2012, en baissant leurs taux directeurs de manière énergique. Dans ce contexte, quelles sont les marges de manœuvre de politique économique ? Elles dépendent des points de départ, c’est-à-dire des conditions initiales, dans le jargon économique. En premier lieu, les stocks de dette publique ont progressé très rapidement notamment en Roumanie bien que le ratio de dette sur PIB reste inférieur à 40 %. L’orientation de politique économique actuelle dans la zone est plutôt au resserrement fiscal. D’ailleurs, avec un ratio dette sur PIB aux alentours de 80 %, la Hongrie ne pourra recourir à une politique budgétaire expansionniste sans prendre le risque de voir ses coûts de financement accélérer contrairement à la Pologne, la Roumanie ou la République tchèque. En effet, la dette hongroise est une dette à haut rendement avec une notation souveraine BB. Seules, la République tchèque ou la Roumanie peuvent envisager une pause dans leur stratégie d’assainissement de leurs finances. Leur déficit primaire se situe entre 1,5 et 2 points de PIB. Le déficit primaire polonais dépasse les quatre points de PIB, niveau dont la soutenabilité requiert le maintien d’une performance de croissance inchangée. L’option la plus plausible en 2015 reste l’assouplissement monétaire. Pourtant, la question de fond demeure la nécessité d’un ancrage à l’euro susceptible d’intensifi er les pressions défl ationnistes. En conséquence, il apparaît évident qu’une intégration à l’euro ne sera pas d’actualité en 2015 et probablement quelques années, en raison des performances économiques médiocres de la zone euro tout autant que de l’intérêt de ces pays à conserver leurs marges de manœuvre de politique économique. C’est particulièrement vrai d’un change fl exible dont l’Espagne bénéficierait probablement en ce moment même, n’étaitce son appartenance à l’euro. En 2009, 70 % des prêts aux ménages hongrois sont libellés en francs suisses. Cette statistique est à comparer au cas de la Pologne où ce type de prêt n’excédait pas les 38 % Marges de manoeuvre en termes de politique économique 3 120% Le maintien d’un biais accommodant pour longtemps est le plus probable en 2015 3 "Romania: Country Program Snapshot" October 2014 World Bank Group 22 Ratio dette-sur-PIB C’est d’ailleurs, une stratégie d’assouplissement qui est retenue par les banques centrales de ces économies depuis la mi-2012, en baissant leurs taux directeurs de manière énergique. Nous anticipons que les politiques monétaires de ces pays évolueront de façon disparate en 2015, à raison des contraintes et objectifs spécifiques des pays concernés. Jusqu’à présent, la stratégie la plus efficiente est celle de la République tchèque qui cible une dépréciation de sa devise par expansion monétaire. L’enjeu est la reconstitution de marges de compétitivité pour le secteur exportateur tchèque et le moyen des injections de liquidité en quantités nécessaires à la réalisation de la dépréciation recherchée. À cet égard, elle apparaît comme une réplique directe de la stratégie poursuivie par la Banque Nationale Suisse. Zone euro 100% Hongrie 80% 60% Roumanie 40% Rep. Tchèque Pologne 20% 0% -2% -1% 0% 1% 2% Taux directeur moins inflation anticipée conso. 3% Source : Datastream, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 Début novembre, la CNB a réaffirmé son ciblage de la parité EUR/CZK jusqu’au T1 2016. Toutefois, la CNB pourrait aller plus loin, tant l’appréciation de la couronne face à l’euro a été importante sur les années 2000. Notons qu’en République tchèque, l’évolution du crédit est au point mort. Dans un contexte où l’inflation salariale reste contrainte, ceci ne plaide pas en faveur d’une baisse des tensions déflationnistes. La banque centrale hongroise (MNB), en plus de fortement baisser son taux directeur (de 7 % à la mi-2012 à 2,1 % actuellement), a lancé en avril 2013 le « Funding for Growth Scheme », un mécanisme fournissant des 4 Anticipations d'infl ation des consommateurs (solde net) 120% Zone euro 100% Ratio dette-sur-PIB Après avoir rapidement atteint des taux directeurs de 0 %, la banque centrale tchèque (CNB) a opté pour une dévaluation de sa devise et un ciblage de la parité contre l’euro à un niveau de 27 : de facto, la couronne tchèque a perdu environ 6 % face à l’euro lors de la dévaluation. Cette politique est cohérente quand on sait que la couronne tchèque est l’une des rares devises d’Europe centrale à s’être appréciée durablement face à l’euro par rapport à la période 2000-2007 : face à l’euro, la couronne tchèque est encore 12 % au-dessus de sa moyenne sur la période 2000-2007 alors que les autres devises sont aujourd’hui sous leur moyenne de cette période. Hongrie 80% 60% Roumanie 40% Rep. Tchèque Pologne 20% 0% -2% -1% 0% 1% 2% Taux directeur moins inflation anticipée conso. 3% Source : Datastream, Recherche Amundi > Les prêts en devises étrangères, un facteur aggravant dans la lutte contre la déflation Sur la deuxième partie des années 2000, les prêts au secteur privé libellés en devises étrangères se sont répandus dans les pays d’Europe centrale et de l’Est (Lettonie, Croatie, Serbie, Roumanie, Bulgarie, Hongrie, Pologne). Une bonne partie de ces prêts est libellée en francs suisses, ce qui pose problème avec les pressions haussières sur cette devise sur les dernières années. La Hongrie lourdement endettée en devises étrangères. Ce phénomène a pris une ampleur colossale en Hongrie où la part de prêts aux ménages libellés en devises étrangères a atteint 70 % dès 2008, contre 10 % en 2005. Il est d’une importance moindre en Pologne où le régulateur a pris les mesures nécessaires pour l’endiguer : la part des prêts aux ménages libellés en devises étrangères n’a pas dépassé 38 % (au début 2009). On dénombre, en revanche, très peu de prêts en devises étrangères en République tchèque. La question de fond demeure la nécessité d’un ancrage à l’euro susceptible d’intensifier les pressions déflationnistes Le fait d’emprunter en devise étrangère crée un risque de currency mismatch : en cas d’appréciation de la devise étrangère, le service de la dette s’alourdit considérablement. Si l’appréciation s’avère trop importante, le risque de défaut et de déstabilisation du secteur bancaire monte fortement. Dans le cas de la Hongrie, les risques sont d’autant plus élevés que la dette gouvernementale est, elle aussi, libellée à 40 % en devises étrangères. Les politiques économiques menées par les autorités hongroises doivent donc veiller à ne pas trop laisser le forint se déprécier. Forte dégradation de la situation à la suite de la Grande récession. La grande récession de 2008-2009 a marqué le début d’une période de forte appréciation du franc suisse par rapport au forint, d’environ 65 % entre septembre 2008 et la fi n 2011. Les ménages hongrois se sont donc retrouvés étranglés par leurs emprunts et la consommation s’est fortement affaiblie. La situation s’est tellement dégradée que le gouvernement a dû solliciter le FMI, l’Union européenne et la Banque mondiale en 2008 afin d’obtenir un prêt d’urgence de 25 Mds $. Cette aide avait été conditionnée par l’adoption de mesures d’austérité drastiques, ce qui a aggravé la récession. 5 PIB en volume (100 au T4 2007) 125 120 115 En 2010, peu après l’élection de Victor Orban, le nouveau gouvernement hongrois a mis en place des allégements d’impôts pour les ménages et les entreprises tout en imposant une fi scalité de crise pour certains secteurs comme le secteur fi nancier mais aussi les secteurs de l’énergie, des télécommunications et de la distribution. En 2014, le gouvernement Orban a notamment fait adopter une loi permettant aux ménages endettés en devises étrangères de rembourser leurs emprunts à un taux de change environ 30 % inférieur au taux de marché. 110 Globalement, un fort endettement en devises étrangères constitue un véritable handicap dans la lutte contre la défl ation car une politique de dépréciation du taux de change, encore plus pour un petit pays, est tout simplement impossible dans la mesure où elle alourdit la charge de la dette. 90 Pologne Roumanie Rep. Tchèque Zone euro Hongrie 105 100 T1 2007 T3 2007 T1 2008 T3 2008 T1 2009 T3 2009 T1 2010 T3 2010 T1 2011 T3 2011 T1 2012 T3 2012 T1 2013 T3 2013 T1 2014 T3 2014 95 Source : Datastream, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 23 01 # Janvier 2015 25% 20% 15% 10% 5% en HUF 2014 2013 2012 2011 2010 2008 2009 en devises étrangères 0% 2007 La banque centrale polonaise (NBP) apparaît moins inquiète du risque déflationniste que ses consœurs. De fait, elle a été la banque centrale des pays CEE qui a été la moins active ces dernières années. Dans son dernier rapport trimestriel sur l’inflation (novembre 2014), la NBP dédie un long encadré à la mesure du risque de déflation en Pologne ("Deflation – assessment of risk for Poland") : pour elle, la faiblesse de l’inflation est principalement due à des facteurs externes et ne devrait pas, de par son origine, menacer la croissance. Pour la NBP, le risque de déflation en Pologne est contenu par la robustesse de la croissance économique et des salaires, l’absence de deleveraging bancaire ainsi que la bonne tenue des marchés financiers locaux et de l’immobilier. En résumé, la NBP est confiante quant aux perspectives d’inflation et ne devrait pas baisser ses taux à nouveau. Hongrie : dette des ménages (en % du PIB) 2006 En Roumanie, la banque centrale (NBR) est vraisemblablement loin d’avoir terminé son cycle d’assouplissement monétaire (la dernière baisse de taux directeurs a été décidée début novembre). La croissance en Roumanie a été particulièrement faible lors des derniers trimestres, notamment en ce qui concerne l’investissement des entreprises, et le crédit à la sphère privée continue à se contracter. La NBR estime que l’inflation ne rejoindra pas sa cible (2,5 %) avant 2016 au plus tôt. 6 2005 liquidités à moindre coût aux institutions prêtant aux PME. Cette politique a vraisemblablement porté ses fruits puisque l’investissement s’est repris de manière spectaculaire en Hongrie depuis cette date et le taux de chômage y a fortement baissé. La MNB affirme avoir terminé son cycle d’assouplissement monétaire, pourtant la consommation des ménages ne progresse que faiblement, notamment à cause du poids du remboursement des prêts aux ménages libellés en devises étrangères et de la baisse tendancielle de la taille de la population. De nouvelles surprises négatives sur l’inflation en zone euro devraient se transmettre à la Hongrie et la MNB pourrait devoir baisser ses taux directeurs à nouveau. Source : Datastream, Recherche Amundi Ceci étant, il est intéressant de tenter de comprendre si cette rigidité ne masque pas la conscience d’un besoin de conserver des taux réels positifs pour inciter une épargne privée qui reste encore trop faible. En effet, l’épargne des ménages s’est réduite en Europe centrale et en particulier en Pologne où elle représente moins de 5 % du PIB, ce qui la positionne en dessous de 10 % du revenu disponible des ménages alors qu’en France il est au-dessus. De plus, une émigration massive des jeunes les plus qualifiés vers les autres pays européens a fini par rendre le financement des retraites impossible. En début d’année, le gouvernement polonais a donc opté pour une réforme du financement des retraites par une structure publique pour limiter l’impact budgétaire de déficits récurrents des fonds de pensions. 24 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 e 4 La Chine au XXI siècle : manipuler avec précaution NICOLAS DOISY, Stratégie et Recherche Économique – Paris La Chine est sur le point de devenir la première puissance économique mondiale, et nul doute que son envergure désormais systémique revient à son expansion sans précédent depuis quinze ans (depuis son adhésion à l'OMC). Le pays adhère en effet à l'organisation en 2001 alors que la dévaluation du yuan opérée en 1994 commence à porter pleinement ses fruits ; à partir de ce moment, les exportations chinoises profitent de la bulle du crédit et de l'immobilier aux États-Unis et propulsent rapidement la Chine sur le devant de la scène mondiale. Conséquence : tout comme les États-Unis en 2009, la Chine risque aujourd'hui la déflation (voir encadré) Le risque déflationniste va-t-il se répandre ou non sur l'économie mondiale, par l'intermédiaire des surcapacités accumulées depuis 2009 ? Cela dépendra de la Chine et du succès de sa transition vers une vraie économie de marché. Les dirigeants chinois ont mis au point une stratégie économique et financière très élaborée afin d'achever sans accidents majeurs la transition du pays vers une économie de marché. Toutefois, alors que des bulles éclatent maintenant à travers tout le pays, la Chine doit accélérer la restructuration et la libéralisation de ses secteurs financier et réel ou prendre le risque d’une dévaluation involontaire du yuan qui pourrait nuire à sa crédibilité. Le défi économique : libéraliser le secteur fi nancier pour achever la transition vers une économie de marché 1. Libéraliser et privatiser les ressources pour éliminer les surcapacités à la fois dans l'industrie et la finance La stratégie des autorités chinoises consiste à faire d'une pierre deux coups : elle vise donc à profiter de l'éclatement inévitable de la bulle du crédit pour assainir, puis libéraliser le secteur financier. L’assouplissement au cas par cas et sélectif actuellement conduit par la PBoC (au total 1 000 Mds de RMB de liquidités injectées cette année 1) s'apparentent plus à un assouplissement des conditions de crédit qu’à un assouplissement quantitatif, ne serait-ce que parce qu'elles visent plus à stabiliser la finance qu'à générer de l'inflation pour l’heure 2. Dans ce contexte, la seule stratégie viable pour la BPoC est d'empêcher une dégradation supplémentaire de la situation en délestant plus vite le secteur bancaire de ses actifs dépréciés3. Réduire le volume croissant d'actifs non performants qui paralysent le secteur financier implique de gérer de nombreuses faillites d'entreprises et leur impact sur l'économie réelle, tout en préservant le marché du logement. Le niveau d'endettement de la Chine est passé de 150 % à 250 % du PIB en cinq ans, en troisième position après celui de l'Irlande et de l'Espagne : par conséquent, même s'il est difficile de donner des chiffres précis, l'économie chinoise compte certainement des surcapacités importantes qui doivent être éliminées au plus vite pour empêcher la déflation. La Chine a également tout intérêt à stabiliser le marché du logement car les bulles immobilières sont généralement plus longues à disparaître. 2. La croissance du secteur des services sera utilisée pour réaffecter la main-d’œuvre et répondre à la demande intérieure Le secteur industriel emploiera plus d’ouvriers qualifiés et des technologies moins gourmandes en main-d’œuvre, tandis que les travailleurs moins qualifiés (issus de l'industrie ou nouveaux sur le marché du travail) viendront travailler dans les services et permettront de répondre à la demande intérieure. S'ajoutant à la mise à niveau du capital et de la main-d’œuvre dans l'industrie, la réduction des surcapacités va invariablement entraîner des vagues de licenciement massives (même si celles-ci sont transitoires) qui risquent de provoquer de la déflation et une croissance (nettement) plus faible. Ce n'est donc pas uniquement pour L’essentiel Le risque défl ationniste va-t-il se répandre ou non sur l'économie mondiale, par l'intermédiaire des surcapacités accumulées depuis 2009 ? Cela dépendra de la Chine et du succès de sa transition vers une vraie économie de marché. Les dirigeants chinois ont mis au point une stratégie économique et financière très élaborée afin d'achever la transition du pays vers l’économie de marché sans accidents majeurs. Toutefois, alors que des bulles éclatent maintenant à travers tout le pays, la Chine doit accélérer la restructuration et la libéralisation de ses secteurs réel financier ou prendre le risque d’une dévaluation involontaire du yuan nuisible à sa crédibilité. Une éventuelle (pour ne pas déjà dire probable) dépréciation modeste et graduelle du yuan traduirait une récession (de croissance légèrement) défl ationniste due à un atterrissage plus rude que ne le prévoyaient les autorités. Elle mettrait alors en évidence des failles dans la coordination soigneusement gérée de (i) la restructuration des secteurs réel et financier (faillites, recapitalisations, privatisations) et (ii) la modernisation de l'environnement économique (concurrence et loi sur les faillites). En réalité la dépréciation du yuan témoignerait de pressions récessionnistes et déflationnistes plus prononcées que prévu, alimentées par les surcapacités et l'éclatement des bulles financières. Malgré leur apparence désordonnée, la multiplication de mesures toujours plus larges visant à stabiliser les secteurs réel et fi nancier tend à confi rmer un début de ralentissement de la croissance tendancielle. En effet, qu'elles proviennent de l'éclatement d'une bulle ou d'un système financier inapte à sélectionner des projets industriels viables, les surcapacités ont toujours les mêmes conséquences : (i) une dévaluation si le régime de taux de change est flottant ou (ii) une déflation si le régime de taux de change est fi xe. Et si l'installation de nouvelles capacités (services) prend du retard par rapport à l'élimination des anciennes capacités (industrie), alors la dépréciation peut adoucir la transition vers une croissance plus modérée. Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 25 01 # Janvier 2015 Les dévaluations répétées. Avec le développement rapide des activités commerciales avec l’étranger, la question du taux de change est devenue de plus en plus importante. Le fait que le yuan était surévalué dans les années 80, a constitué un frein au secteur exportateur. Alors que le yuan était ancré à un panier de devises jusqu’en 1985, un régime de change administré a été adopté par la suite. Les autorités chinoises ont dévalué de façon répétée le yuan par rapport au dollar, notamment car un taux de change de « marché noir » s’était développé pour les exportateurs (surfacturation des importations, sousfacturation des exportations, contrebande)1. Les autorités chinoises ont pris en compte l’évolution de ce taux de change de « marché noir » et les dévaluations répétées ont eu pour but d’égaliser le taux de change officiel au taux de change de « marché noir ». Il en va de même pour la méga-dévaluation de 1994 (dévaluation de 50 % face au dollar). À la suite de celle-ci, le marché de change de « marché noir » a quasiment disparu. À la fin 1996, le yuan est devenu totalement convertible pour les transactions de compte courant. Le taux de change nominal est resté quasiment stable pendant plus d’une décennie, jusqu’en juillet 2005, ce qui a alimenté les accusations de manipulation du change. La Chine est devenue « systémique ». L’avènement de Deng Xiaoping a ouvert une période de croissance économique très forte : 10 % de croissance réelle du PIB en moyenne entre 1980 et 2010. D’une taille économique négligeable au début des années 1980 (2 % de la production mondiale), la Chine a acquis aujourd’hui une taille systémique, en représentant plus de 16 % de la production mondiale. Toute crise de l’économie chinoise est désormais susceptible d’avoir des répercussions mondiales. 1 Voir à ce sujet Ding J., 1998, "China’s foreign exchange black market and exchange fl ight : analysis of exchange rate policy", The Developing Economies. 26 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 1952 1954 1956 1958 1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 0% Source : NBS, Recherche Amundi 2 Parité USD/CNY 10 9 dévaluation de 50% en 1994 8 7 6 5 4 3 2 1 2014 2010 2006 2002 1998 1994 1990 1986 1982 1978 1974 0 1970 L’accélération des réformes en 1992-1993. L’un des changements majeurs en termes de pensée économique est intervenu en 1992 quand le Parti communiste a embrassé l’idée que l’économie de marché n’était pas incompatible avec le socialisme et a promu le concept d’« économie de marché socialiste ». Cela a marqué l’avènement définitif de la politique de Deng Xiaoping, qui s’est retiré de la vie politique en 1992. Davantage de libertés ont été accordées aux entreprises. L’État s’est désengagé de façon spectaculaire du processus de production au fil des années 1980 et 1990 (cf. graphique). Davantage de « zones économiques spéciales » ont été créées, attirant des dizaines de millions de travailleurs des zones rurales. En l’espace de quelques années, la Chine est passée d’une quasi-autarcie au statut de grande puissance exportatrice, notamment dans le secteur des produits manufacturés. Deng Xiaoping devient chef suprême 90% 1966 Moins de contrôle par l’État et davantage d’ouverture à l’international. Deng Xiaoping a concrétisé la politique des « quatre modernisations », à savoir celle de l’agriculture, de l’industrie, de la défense nationale et de la technologie. L’État chinois a rendu les exploitations agricoles aux agriculteurs, ce qui a permis de générer d’importants gains de productivité, et a investi dans l’industrie, où de faibles investissements pouvaient mener à des résultats considérables. Surtout, Deng Xiaoping a lancé la politique « portes ouvertes », ouvrant les bras aux entreprises étrangères désirant s’établir en Chine et favorisant les investissements directs étrangers. Le gouvernement a créé des « zones économiques spéciales » où les entreprises étrangères, dédiées à l’exportation, bénéficient d’un certain nombre d’avantages (fiscaux notamment) et ont tiré parti d’une main-d’œuvre bon marché. Cela a notamment permis des transferts de technologie massifs, permettant d’importants gains de productivité. 100% 1962 À l’accession de Deng Xiaoping au pouvoir en décembre 1978, la situation économique de la Chine est catastrophique. Le système hypercentralisé (outils de production détenus ou contrôlés par l’État central) mis en place lors de la politique de Mao Zedong est en échec : environ 90 % de la population vit avec moins de 1,25 dollar par jour, 70 % des Chinois travaillent dans le secteur agricole et la productivité est globalement très faible. L’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping a été l’occasion de réformes économiques majeures, qui ont profondément transformé l’économie chinoise. C’est à cette époque que la Chine a fait machine arrière en termes de contrôle par l’État des activités économiques et s’est dirigée vers une économie de marché. Cette politique a été couronnée de succès. Alors que la croissance réelle du PIB par habitant était de 3 % sur la décennie qui a précédé son accès au pouvoir, elle a été supérieure à 8 % sur la décennie qui a suivi. Le taux de pauvreté, lui, a chuté de façon spectaculaire (cf. graphique). Part des entreprises détenues par l'État dans la valeur ajoutée brute industrielle en Chine 1958 Bastien Drut, Stratégie et Recherche Économique Paris 1 Source : Datastream, Recherche Amundi 3 Chine : part de la population vivant avec moins de 1,25 $ par jour 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 > Comment Deng Xiaoping a façonné la Chine d’aujourd’hui ? Source : Banque mondiale, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 14 12 10 8 6 4 2 2013 2011 2009 2007 2005 2003 2001 1999 0 1997 1. La transition vers l'économie de marché s'accompagnera d'un rééquilibrage de la part des bénéfices et des salaires 16 1995 Le défi politique : instaurer un État de droit afi n de s'assurer le soutien fi dèle des classes moyennes Chine : croissance réelle du PIB 1993 Protégés contre la concurrence internationale sur les prix, les services et les exportateurs pourront supporter une augmentation des coûts plus rapide, favorisant ainsi une inflation des salaires également rapide et durable, qui ne mettra pas en danger le yuan 4. En rééquilibrant l'économie au profit des services, la Chine va pouvoir faire monter en gamme sa production industrielle (par exemple via les services aux entreprises) et orchestrer une croissance rapide, mais durable, des salaires afin de soutenir la demande intérieure (principalement la consommation). En effet, en vertu du mécanisme de Balassa-Samuelson, l'inflation des coûts dans les services peut n'avoir aucun impact sur la compétitivité de l'industrie (voir ci-dessous). 1 1991 répondre aux besoins des entreprises et des ménages que la Chine souhaite développer les services : il se trouve que ce secteur emploiera beaucoup de travailleurs faiblement qualifiés. Source : Datastream, Recherche Amundi Pour créer de réels gains d'efficience, la libéralisation et la privatisation du secteur privé et de la finance devront être conduites dans un cadre juridique favorable aux entreprises. Pour obtenir les gains de productivité nécessaires à une inflation soutenue des coûts et des salaires (dans l'esprit du mécanisme de Balassa-Samuelson), la Chine va (devoir) moderniser son cadre juridique afin d'adapter celui-ci aux besoins d'une économie de marché fonctionnelle, en s'inspirant de la transition des économies post-soviétiques. D'où les efforts déployés par les autorités pour lutter contre la corruption et la législation sur les faillites et la concurrence. Réduire le volume croissant d'actifs non performants qui paralysent le secteur financier implique de gérer de nombreuses faillites d'entreprises et leur impact sur l'économie réelle Grâce à l'efficacité accrue du capital et à l'expansion des services, l'augmentation de la productivité favorisera une inflation des salaires supérieure à celle des prix, qui bénéficiera à la consommation sans affecter les exportations. De fait, le mécanisme de Balassa-Samuelson montre qu'une inflation rapide des salaires dans le secteur des services n'a pas d'impact négatif sur la compétitivité de l'industrie dans la mesure où les services ne sont pas échangeables et ne sont donc pas confrontés à la concurrence étrangère sur les prix. Mais ce mécanisme ne fonctionne qu'à condition que les gains de productivité s'accompagnent d'une forte croissance des salaires dans l'industrie, afin que celle-ci soit soutenable en termes de compétitivité internationale 5. 2. Consolider les niveaux de vie de la classe moyenne pour étendre la base de soutien du régime Sa capacité de remboursement étant assurée, la classe moyenne devrait se montrer toute disposée à travailler toute sa vie pour conserver son logement, à condition que la stabilité du pays et du marché immobilier soit assurée. La deuxième astuce pour s'assurer la fidélité de la classe moyenne consiste donc à stabiliser le marché immobilier afin de rendre la dette des ménages soutenable : cela implique d'éliminer les surcapacités du marché du logement via la mise en faillite de promoteurs immobiliers, ce qui délestera aussi les bilans des banques de prêts non performants 7. Autre avantage, cela pourrait également ralentir la chute des prix immobiliers 8 . 2 Chine : emploi par secteur (en millions) 450 400 350 300 250 200 150 100 50 0 Secteur primaire Secteur secondaire Secteur tertiaire 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 Tout en tenant lieu de relance budgétaire, la croissance réelle des salaires (liée à l'essor des services et à l'augmentation de la productivité industrielle) va également améliorer le niveau de vie des classes moyennes. L'un des objectifs premiers des dirigeants chinois est à n'en pas douter de stabiliser la classe moyenne, et ce pour des raisons politiques évidentes : en s'arrangeant pour que les salaires augmentent durablement, et plus vite que les prix, ils garantissent le soutien de la colonne vertébrale du régime en plus de celui du Parti. Au final, cette stratégie devrait éviter de recourir à un dispositif de relance budgétaire plus vaste pour soutenir la croissance de la production 6 . Source : Datastream, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 27 01 # Janvier 2015 1. Même si elle est bénéfique dans un environnement déflationniste, la dévaluation du yuan sera évitée pour préserver la stabilité Bien qu'elle soit utile en cas de récession par les exportations, une dévaluation n'est pas envisageable, car elle nuirait à la crédibilité dont a besoin le yuan en tant que vecteur de la stratégie d'intégration régionale de la Chine. Cette stratégie d'intégration est capitale pour assurer la transition, dans la mesure où elle vise à atténuer la récession par les exportations en repositionnant la Chine plus haut dans la chaîne de valeur mondiale, tout en prenant le contrôle des facteurs de production à bas coût qu'elle importera depuis l'Asie en développement. Selon le succès de cette mise à niveau industrielle, une dévaluation pourrait se révéler moins nécessaire (si ce n’est inutile étant donné le niveau déjà faible de la demande mondiale). Bien qu'elle soit également utile en cas de déflation alimentée par une baisse de la demande intérieure, une dévaluation entraînerait une accumulation supplémentaire de réserves de change tout en exportant ouvertement la déflation chinoise. Si le risque d'atterrissage forcé se concrétise, la dévaluation serait une option éprouvée pour protéger la Chine contre la déflation ; on se doute que les autorités ne s'en priveront pas, mais elles ne sont pas prêtes à en faire usage pour l'instant, car elles manqueraient alors à leur promesse (répétée récemment au G20) de ne pas s'engager dans une guerre des devises. Les taux américains et internationaux se mettraient alors à baisser en signe de la propagation de la déflation chinoise 9. 35000 30000 Secteur primaire Secteur secondaire Secteur tertiaire 25000 20000 15000 10000 5000 0 Source : Datastream, Recherche Amundi Grâce à l'efficacité accrue du capital et à l'expansion des services, l'augmentation de la productivité favorisera une inflation des salaires supérieure à celle des prix, qui bénéficiera à la consommation 2. Bien qu'elle soit viable à long terme, l'appréciation du yuan sera contenue pour empêcher la formation de bulles À long terme, l'appréciation tendancielle du yuan sera un thème clé de la transition vers l'économie de marché car elle reflétera une inflation élevée mais durable des salaires, accompagnée d'une croissance équivalente de la productivité de la main-d’œuvre. Si la Chine réussit à entrer dans le XXI e siècle en position de première puissance économique durable, elle doit accepter que sa stratégie d'expansion via la tertiarisation de son économie et la montée en gamme de sa production industrielle entraîne une appréciation tendancielle de la valeur d’équilibre du yuan sur le long terme. Cette tendance reflétera la hausse inévitable et substantielle des salaires sous l'effet d'une série de gains de productivité durables, générés par une offre plus efficiente 10. À court terme, il semble qu'une désindexation prudente (c'est-à-dire graduelle et continue) du yuan sur le dollar soit la meilleure option pour empêcher que les bulles actuelles reprennent forme ultérieurement. Le compromis entre une appréciation à long terme et une dévaluation à court terme consiste à laisser la valeur du yuan se déterminer librement par les flux de capitaux (y compris ceux des portefeuilles d'investissement) et fluctuer dans une fourchette qui ira s'élargissant à mesure que l'économie se stabilisera. Cette solution coïnciderait avec la plupart des scénarios probables, y compris celui d'une dépréciation modeste et lente jusqu'à un nouveau point bas dans les prochaines années11. Chine : PIB par employé (en yuans, prix de 1978) 3 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 Le défi international : faire du yuan une devise régionale sans déstabiliser l'équilibre mondial 4 Etat de droit (de -2,5 (faibles) à 2,5 (fortes) performances gouvernementales) 2 1.5 1 0.5 0 Conclusion 28 -0.5 Canada R.-U. Allemagne US Japon France Italie Brésil Chine -1 Russie Une éventuelle (pour ne pas déjà dire probable) dépréciation modeste et graduelle du yuan traduirait une récession (de croissance légèrement) déflationniste due à un atterrissage plus rude que ne le prévoyaient les autorités. Elle mettrait alors en évidence des failles dans la coordination soigneusement gérée de (i) la restructuration des secteurs réel et financier (défauts, recapitalisations, privatisations) et (ii) la modernisation de l'environnement économique (concurrence et loi sur les faillites). En réalité la dépréciation du yuan témoignerait de pressions récessionnistes et déflationnistes plus prononcées que prévu, générées par les surcapacités et l'éclatement des bulles financières. Source : Banque mondiale, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 La multiplication de déclarations officielles et de mesures toujours plus diverses visant à stabiliser les secteurs réel et financier tend à confirmer un début de ralentissement de la croissance tendancielle. En effet, qu'elles proviennent de l'éclatement d'une bulle ou d'un système financier inapte à sélectionner des projets industriels viables, les surcapacités ont toujours les mêmes conséquences : (i) une dévaluation si le régime de taux de change est flottant ou (ii) une déflation si le régime de taux de change est fixe. Si l'installation de nouvelles capacités (services) prend du retard par rapport à l'élimination des anciennes capacités (industrie), alors une dépréciation peut adoucir la transition vers une croissance plus modérée. Chine : prévisions d'inflation du consensuss 5 4 3.5 3 2.5 2 1.5 En plus de ces injections (qui apparaissent maintenant massives) de liquidités, la PBoC a déjà activé progressivement tout l'arsenal de mesures à sa disposition : assouplissement des conditions de prêt (notamment aux ménages), réduction du ratio des réserves obligatoires imposé aux banques (aujourd’hui à 1/5 e, ce qui est beaucoup au regard des standards occidentaux et procure un matelas relativement épais en cas de pertes), garantie des dépôts bancaires pour les classes moyennes, transfert des actifs financiers dépréciés vers des véhicules publics de gestion d'actifs (structures de défaisance), légères dévaluations (en vue de l'élargissement à venir de la fourchette de fluctuation du yuan par rapport au dollar : si le dollar s'apprécie contre toutes les devises, le maintien de l’ancrage du yuan pèsera sur la compétitivité des exportations). Il semble donc judicieux de commencer à familiariser le marché avec l'instauration d'un régime flottant car une dépréciation légère et graduelle (contrôlée) pourrait amortir le choc en cas de faillites importantes dans l'immobilier et la finance, et contre les pressions déflationnistes qui s'ensuivront. Voir dernière section du texte principal pour en savoir plus sur cette approche. 2 À cet égard, mieux vaut les comparer avec les interventions d'urgence de la Réserve fédérale américaine fin 2008 puis QE-1 en 2009 (plutôt qu'avec QE-2 et 3, dont le but était de contrer la déflation et de relancer l'inflation, et non plus de stabiliser le secteur financier). 3 Fin des années 90 et début des années 2000, l'Allemagne a connu un épisode de surendettement des ménages, qu'elle a brillamment résolu en réformant la procédure de faillite personnelle de manière à ce qu'un ménage déposant une requête d'allégement de sa dette et/ou de rééchelonnement soit quasiment assuré de l'obtenir. En 2009, Barack Obama n'a pas convaincu le Congrès d'adopter la même stratégie que l'Allemagne, car les banques auraient alors dû supporter des pertes encore plus importantes que pendant la crise Lehman. Ces deux exemples montrent qu'un programme de réduction de la dette contribue largement à empêcher que l'éclatement d'une bulle de crédit ne se mue en (pré-)déflation, en particulier lorsque ce programme est axé sur les ménages. La Chine a donc tout intérêt à laisser certaines entreprises déposer leur bilan (pour délester les banques de prêts potentiellement non performants) tout en protégeant la situation financière des ménages, pour les raisons politiques exposées dans le texte principal. 4 Les services sont protégés contre la concurrence des prix étrangers dans la mesure où ils ne sont tout simplement pas transportables, et donc pas échangeables à l'international ; la production manufacturière, quant à elle (plus généralement industrielle) est protégée par une amélioration constante de la productivité (liée à l'innovation technologique et à des gains d'efficience), qui doit placer la Chine en position de price maker sur le marché international : c'est l'un des objectifs du projet d'accord d'intégration commerciale et financière avec des pays plus pauvres de la région, dans lesquels la Chine prévoit de délocaliser sa production à bas coût. 5 Il faut impérativement que les salaires augmentent dans les mêmes proportions dans l'industrie et dans les services à cause de la (quasi) liberté de mouvement existant entre le secteur des biens et services échangeables (l'industrie) et non échangeables (les services). Dans une certaine mesure, certains pays en fournissent une preuve empirique, à l'image de la Slovaquie, où la couronne s'est appréciée de 40 % pendant la seconde moitié des années 2000 sans subir pour autant de correction brutale et/ou prononcée. C'est précisément grâce aux gains d'efficacité accumulés dans l'industrie après la réforme et les changements budgétaires et les nombreuses réformes de 2003-2004. 6 Naturellement, ce calcul ne tient pas compte du coût budgétaire de la recapitalisation éventuelle (bien que pas toujours souhaitable) de plusieurs groupes industriels. Si en effet les autorités envisagent ce type de recapitalisation, elles devront s'interroger sur les avantages induits par la restructuration d'entreprises publiques en vue de 1 2014 2015 0.5 0 01-12 03-12 05-12 07-12 09-12 11-12 01-13 03-13 05-13 07-13 09-13 11-13 01-14 03-14 05-14 07-14 09-14 11-14 1 2013 Source : Datastream, Recherche Amundi À long terme, l'appréciation tendancielle du yuan sera un thème clé de la transition vers l'économie de marché car elle reflétera une inflation élevée mais durable des salaires, accompagnée d'une croissance équivalente de la productivité de la main-d’œuvre À court terme, il semble qu'une désindexation prudente (c'est-à-dire graduelle et continue) du yuan sur le dollar soit la meilleure option pour empêcher que les bulles actuelles reprennent forme ultérieurement Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 29 01 # Janvier 2015 les fermer ou de les privatiser, ne serait-ce qu'à cause de la résonance politique de ces sauvetages effectués avec l'argent des contribuables. Il faudra cependant mettre en place une législation appropriée de la concurrence et des faillites. Toutes ces considérations sont merveilleusement illustrées par la succession de réussites et d'échecs accomplis dans le cadre de la transition des économies post-soviétiques dans les années 90. 7 Naturellement, cela signifie qu'au cours des prochaines années, des banques seront recapitalisées (ou poussées au dépôt de bilan) puis privatisées, dans le cadre de la libéralisation du secteur financier. 8 Historiquement, souvent, le surplus de dette des ménages a tendance à diminuer beaucoup moins vite que celui des entreprises ; par conséquent, aussi involontaire qu'elle puisse paraître, la préservation du marché immobilier n'est qu'une autre manifestation du réalisme pragmatique des dirigeants chinois. 9 Étant donné que la croissance chinoise dépendra de (i) celle du secteur industriel, toujours axé sur les exportations, et (ii) celle du secteur des services, qui (espéronsle) se développera rapidement, la Chine devra s'appuyer encore sur ses exportations tant que les services ne seront pas assez vigoureux pour prendre le relais et pour que la croissance totale préserve la stabilité politique et sociale. Pour cette raison, la Chine a intérêt à poursuivre sa transition sans (trop) dépendre de la croissance des exportations, car la demande mondiale ralentit sous l'effet de pressions déflationnistes qui proviennent elles-mêmes de l'Empire du Milieu. Autrement dit, les intérêts de la Chine sont à peu près alignés sur ceux du reste du monde dans la mesure ou celui-ci n'est plus là pour absorber les exportations de la Chine, et ceci par la faute de cette dernière : il paraît donc logique que les dirigeants chinois cherchent une solution domestique, et ce d'autant plus que l'indépendance nationale est un de leurs principaux objectifs stratégiques. 11 C'est un point soulevé par les États-Unis pour appuyer leur demande de réévaluation du yuan, un processus initié en 2005 avant d'être interrompu en 2008 après la crise Lehman. Bien sûr, les États-Unis ont aussi d'autres raisons pour réclamer cette réévaluation, à commencer par le fait qu'elle stopperait les pressions déflationnistes grandissantes qui émanent de la Chine depuis les années 2000. 12 Le rythme de cette dépréciation dépendrait de deux principaux facteurs (qui entretiennent entre eux un certain nombre de liens) : (i) le niveau actuel de sur- ou de sous-évaluation du yuan et (ii) l'ampleur des surcapacités et les possibilités de redéploiement de l'offre vers les services. Ces deux paramètres feront l'objet d'estimations aux fins de futures publications. 30 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 5 High Yield américain vs High Yield L’essentiel européen : une différence notoire SERGIO BERTONCINI, Stratégie et Recherche Économique – Milan Le découplage récent entre les performances du haut rendement américain et européen s'explique à la fois par des facteurs bottomup et top-down. Des écarts dans la composition de ces deux marchés jouent notamment un rôle important, dans la mesure où l'univers des obligations spéculatives américaines contient plus d'émetteurs faiblement notés que son homologue européen. Commençons par l'énergie… Les obligations spéculatives européennes ont nettement surperformé leurs homologues américaines au second semestre ; et la divergence croissante des performances relatives en faveur de l'Europe tient à la combinaison de plusieurs facteurs. Toutefois, l'un de ces facteurs joue un rôle primordial et n'a pas de rapport avec les tendances top-down ; il refléterait plutôt la composition des deux univers d'un point de vue bottom-up. Le secteur énergétique occupe en effet une grande place parmi les émetteurs spéculatifs américains, car il représente non seulement près de 15 % de l'ensemble du marché, mais aussi la même proportion dans chaque grande catégorie de note (BB, B et CCC). Or c'est le contraire en Europe, où son poids parmi les émetteurs est relativement limité. Le recul brutal des prix du pétrole et de l'énergie a des effets potentiellement positifs sur la consommation dans un horizon de moyen à long terme, car il libère des ressources pouvant être consacrées à d'autres secteurs économiques en dopant le pouvoir d'achat des ménages et, partant, la demande privée. À court terme, cependant, la baisse des cours pétroliers peut affecter sérieusement les secteurs qui y sont exposés, en particulier si la tendance baissière est aussi brutale et aussi prononcée que ces derniers mois. Selon nos calculs, 50 % de la sous-performance totale du HY américain par rapport aux bons du Trésor entre novembre et mi-décembre provient du secteur énergétique, alors que son poids sur le marché de la dette HY n'est que de 15 %. D'autre part, l'univers du haut rendement américain est nettement plus exposé au secteur énergétique. Quant aux facteurs top-down, leur impact n'est pas encore significatif. Globalement, nous considérons toujours que le haut rendement européen est plus défensif et davantage soutenu par les facteurs techniques, bien que dernièrement, les valorisations soient devenues plus favorables aux obligations spéculatives américaines. Enfin, en dépit des effets négatifs de la baisse des cours pétroliers sur le secteur énergétique ces dernières semaines, les agences de notation signalent toujours des perspectives relativement stables pour les taux de défaut en 2015 (voir notre encadré pour plus de détail sur les tendances récentes et les prévisions des agences). … passons maintenant à la qualité 340 320 300 280 260 240 220 EUR BB US BB Source : Bloomberg, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 31 11-14 10-14 09-14 08-14 07-14 06-14 05-14 04-14 200 03-14 Les facteurs top-down jouent certainement aussi un rôle, même si pour l'instant, ils semblent avoir moins d'influence que la qualité et la représentation des secteurs. Les taux de défaut ont plus baissé en Europe qu'aux ÉtatsUnis, et les prévisions des agences de notation pour 2015 (voir encadré ci- 360 02-14 Et les facteurs top-down ? 380 01-14 Par conséquent la sous-performance américaine est liée au fait que le secteur énergétique est très représenté parmi les émetteurs, et notamment parmi ceux qui sont moyennement et faiblement notés. La performance relative de chaque catégorie de notation en termes d'OAS est présentée dans les graphiques. Spread vs government bonds : US vs EUR BB-rated bonds 1 12-13 Le fait que 15 % des émetteurs HY de notation moyenne et faible proviennent aussi du secteur énergétique est assez significatif, parce que comme nous l'avons évoqué dans les précédents numéros hebdomadaires et mensuels, les investisseurs ont cessé de chercher du rendement à tout prix sans se soucier de la qualité et de la liquidité. Depuis les bouleversements d'octobre, les obligations BB ont largement surperformé les B et CCC des deux côtés de l'Atlantique, dans les phases baissières comme pendant les reprises. Comme nous le savons, la note de crédit reflète la qualité, mais elle est aussi liée à une autre variable qui est en train de devenir de plus en plus capitale, à savoir : la liquidité. Les obligations HY européennes sont certes moins diversifiées que celles du marché américain, mais elles présentent en revanche un profil plus défensif. Et ce qui, entre autres, les rend plus défensives, c'est la forte proportion d'obligations notées BB sur le marché spéculatif européen. De fait, les titres BB représentent presque les deux tiers, soit 64 % de tout le marché HY d'Europe, alors que les obligations notées B en représentent 29 % et les CCC à peine 7 %. La répartition est très différente sur le marché américain : les émetteurs assortis d'une note de crédit moyenne / faible sont plus nombreux que les émetteurs de qualité, et le « maillon faible », les obligations CCC, représentent 14 % du marché total soit deux fois plus qu'en Europe. Les titres B représentent 39 % du marché HY américain, et seuls les 47 % restants reviennent à des émetteurs BB. 01 # Janvier 2015 après) annoncent des perspectives légèrement plus positives pour l'Europe également. Certes, la croissance américaine est plus forte et s'accélère, mais dans le même temps, le pays s'apprête à pratiquer une politique monétaire moins accommodante que par le passé, surtout comparé à celle de la BCE. La quête de rendement est une tendance toujours dominante sur le marché européen dans la mesure où seulement 15 % des instruments obligataires rapportent plus de 2 % (contre 51 % il y a un an !). Compte tenu de ces considérations et du fait que le marché spéculatif est plus petit en Europe qu'aux États-Unis (à peine 4 % du marché obligataire européen), les facteurs techniques semblent mieux orientés pour les obligations HY en EUR, car il y a plus de chances que la Banque centrale renforce son dispositif d'assouplissement quantitatif. Spread vs government bonds : US vs EUR B-rated bonds 2 650 600 550 500 450 400 > Taux de défaut des obligations spéculatives : tendances 2014 et anticipations des agences de notation pour 2015 350 32 11-14 10-14 09-14 08-14 07-14 06-14 05-14 04-14 03-14 02-14 01-14 12-13 EUR B US B Source : Bloomberg, Recherche Amundi La quête de rendement est toujours une tendance forte en Europe Spread vs government bonds : US vs EUR CCC-rated bonds 3 1100 1000 900 800 700 600 500 EUR CCC Source : Bloomberg, Recherche Amundi V 11-14 10-14 09-14 08-14 07-14 06-14 05-14 04-14 03-14 02-14 400 01-14 05-15 11-14 05-14 11-13 05-13 11-12 05-12 11-11 05-11 11-10 05-10 11-09 05-09 11-08 L e s a g e n c e s d e n ot a ti o n Taux de défaut calculés par Moody’s : c o n s i d è r e n t to u j o u r s q u e réels et prévisions l'e nv i r o n n e m e n t d e s t a u x de défaut bénéficie de 16 perspectives favorables, 14 comme elles l'ont réaffirmé 12 récemment. Ainsi, Moody’s estime par exemple que les 10 défauts à l'échelle mondiale 8 vont rester à des niveaux faibles et stables pendant les douze 6 mois à venir, et table sur 2,4 % 4 contre 2,3 % actuellement. Certaines tendances apparues 2 dernièrement, plus favorables 0 à l'Europe qu'aux États-Unis, devraient également persister mais dans des propor tions US Europe limitées. Les taux de défaut Prévision US Prévision Europe H Y a m é r i c a i n s d e v r a i e n t Source : Bloomberg, Recherche Amundi légèrement progresser pour atteindre 2,5 % contre 1,9 % actuellement, mais dans le même temps, les obligations d'entreprise spéculatives européennes devraient encore voir leurs taux de défaut baisser pour s'établir à 1,9 % en octobre 2015 (2,3 % aujourd'hui). S&P table également sur des perspectives en amélioration pour les défauts des entreprises HY européennes au cours des prochains trimestres, après une embellie en 2014 conforme aux estimations de Moody's. 300 12-13 En 2014, les taux de défaut des obligations spéculatives ont continué à reculer par rapport à des niveaux déjà faibles. Selon les dernières statistiques de Moody's, le taux de défaut mondial des émetteurs spéculatifs sur 12 mois glissants a atteint 2,3 % en octobre dernier, contre 2,8 % en décembre 2013. Le recul des défauts a tout aussi bien concerné les États-Unis que l'Europe, mais celle-ci a davantage contribué à la tendance baissière : ainsi les taux de défaut HY européen ont presque diminué de moitié entre décembre 2013 (4,2 %) et octobre 2014 (2,3 %) alors que les mêmes taux aux États-Unis sont passés de 2,2 % à 1,9 % sur la même période. La situation paraît même encore plus favorable quand l'on mesure les taux de défaut en pourcentage de la dette et non du nombre d'émetteurs. Sur cette base, et selon les derniers chiffres disponibles, les défauts de la dette spéculative américaine se montent à 1,9 % et ceux de la classe d'actifs en Europe à tout juste 1,6 %. La différence entre ces deux mesures implique que les taux de défaut sont moins importants parmi les gros émetteurs que parmi les petites et moyennes sociétés. US CCC Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 6 Valeurs de croissance : L’essentiel un risque ou une opportunité ? ÉRIC MIJOT, Stratégie et Recherche Économique – Paris Le ratio des valeurs de croissance rapportées aux valeurs décotées du MSCI Monde (MSCI Growth/Value) casse à nouveau ses plus hauts de la mi-2012. La baisse des prix du pétrole et des valeurs pétrolières ne fait que renforcer cette évolution. Le ratio des valeurs de croissance rapportées aux valeurs décotées (MSCI Gowth / MSCI Value) vient de casser ses plus hauts au niveau mondial (voir graphique 1). Cette dynamique en faveur des valeurs de croissance, entamée en 2007 (crise Lehman) s’était interrompue à la mi-2012 (discours de M. Draghi). La baisse des prix du pétrole donne un nouvel élan aux valeurs de croissance par rapport aux valeurs décotées. Faut-il suivre ou non ce mouvement ? Historiquement les cycles en faveur des valeurs de croissance se sont toujours finis par des exagérations… et la chute qui a suivi n’en n’a été que plus brutale. Il existe aussi d’autres moyens de tirer profi t des taux bas avec les stratégies de dividendes. Si on veut accompagner le mouvement sur les valeurs de croissance, la sagesse consiste à combiner valeurs de technologie, majoritairement américaines (ce qui permet en plus d’être exposé au dollar US), et valeurs de rendement. Mais mieux vaut éviter les valeurs de biotechnologie et de réseaux sociaux, déjà bien engagées sur le chemin d’une bulle. Pourquoi les valeurs de croissance reprennent-elles le dessus ? Deux arguments sont clé pour s’intéresser aux valeurs de croissance : 1. la faiblesse de l’inflation maintient les taux bas, ce qui soutient la valorisation des actifs à duration longue 2. l’effet rareté de la croissance fait que cette dernière est recherchée. La baisse des prix du pétrole, qui a démarré en juin 2014 et s’est amplifiée à partir de septembre-octobre ne fait que renforcer ces deux arguments au niveau macroéconomique. Elle ajoute aussi un argument sectoriel assez mécanique : la consommation discrétionnaire, qui doit théoriquement en profiter, est fortement présente dans l’indice de valeurs de croissance au niveau mondial, devant la technologie et les valeurs de santé (voir tableau). À l’inverse, les valeurs pétrolières sont, après les valeurs financières, celles qui sont le plus surreprésentées dans l’indice Value. Ajoutons qu’en général, l’effet d’une baisse des prix du pétrole sur la consommation est plus rapide que les coupes de capacité des producteurs. Cette dynamique est en place sur tous les continents 1 0.9 0.8 0.7 0.6 Récession 2013 2008 2003 1998 1993 0.5 1988 Il est intéressant de constater qu’ailleurs, la recherche de croissance prend aussi le dessus si on se réfère à l’évolution récente du ratio MSCI Growth/Value par région (voir graphique n° 4). C’est le cas au sein des marchés émergents, de l’Europe et du Japon. Parmi ces trois bassins d’investissement, le cas du Japon nous interpelle le plus, car historiquement les stratégies basées sur la recherche de valeur l’ont toujours emporté. Cela montre bien qu’après plus de 20 ans de normalisation des valorisations japonaises, quelque chose est en train de Ratio des valeurs de croissance vs valeurs décotées du MSCI Monde 1 1983 À ce stade du cycle (phase iii de notre feuille de route – voir Discussion Paper : « Le cycle court de l’investissement : notre feuille de route »), il est assez classique que si la croissance économique joue les prolongations, ce qui correspond à notre scénario, les valeurs de croissance l’emportent. Il s’agit d’un des thèmes que nous évoquions dans notre édition de novembre sur les perspectives 2015. La baisse des prix du pétrole vient conforter notre conviction à cet égard. Cette situation rappelle d’ailleurs étrangement la fin des années 1990, pendant laquelle l’attractivité américaine profi tait aux valeurs de technologie et faisait monter le dollar tout en maintenant les taux à un bas niveau. Les valeurs de croissance reprennent l’avantage 1978 Aux États-Unis, pays leader de ce cycle, les flux sont attirés par une croissance économique supérieure à celle des autres régions du monde (2,7 % attendu en 2015 contre +1,9 % en moyenne pour les pays industrialisés) ; il se pourrait même que la progression des flux soit plus rapide que la croissance des profi ts. Il suffi t de peu maintenant pour que la valorisation du marché dans son ensemble passe le cap des 18x les profi ts connus (le PER a récemment atteint 17,8x), seuil au-delà duquel on peut considérer qu’il entrerait en bulle comme ce fut le cas en 1987 ou en 1996-2000 (voir Cross Asset de mars 2014 : « Marchés d’actions : faut-il envisager la formation d’une bulle ? »). Comme on peut justifi er une prime pour la croissance domestique aux États-Unis par rapport au reste du monde, ce mouvement pourrait s’installer et se concentrer sur les secteurs à plus forte croissance. D’ailleurs, certains sous-segments de la thématique « croissance » sont déjà en situation de bulle, à savoir les valeurs liées aux réseaux sociaux et à la biotechnologie (voir graphique n° 3). MSCI Monde Growth / Value Source : Datastream, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 33 01 # Janvier 2015 MSCI Monde Value MSCI Monde Cons. Discrétionnaire 19 % 8% 13 % Technologie 16 % 8% 12 % Santé 15 % 8% 12 % Industrielles 14 % 9% 11 % Cons. Courante 12 % 10 % 10 % Matériaux de base 5% 5% 5% Télécommunications 2% 6% 4% Services Publics 0% 6% 4% Énergie 4% 10 % 8% Financières 13 % 30 % 21 % Total 100 % 100 % 100 % Au final, le fait de casser les plus hauts sur le ratio MSCI World Growth/Value envoie bien un signal favorable à cette thématique au niveau global, mais peut-être davantage aux États-Unis qu’ailleurs. Rappelons que la croissance mondiale est principalement tirée par les États-Unis. La biotech est déjà bien engagée sur le chemin d’une bulle Une stratégie non dénuée de risque On remarque que par le passé les cycles en faveur des valeurs de croissance au niveau global finissent toujours en mode « exagération ». Cela a été le cas en 1980, 1987, 1992-93, 1999-2000. Il n’y a pas de raison que cette fois-ci fasse exception à la règle. C’est le bon côté de la médaille. Son revers est visible sur le graphique n° 1 : ensuite… plus dure sera la chute. Depuis la fin des années 1970, après avoir établi des plus hauts, le ratio MSCI Growth/Value a toujours corrigé sévèrement. 34 MSCI États-Unis Biotech vs Nasdaq 1400 Indice NASDAQ décalé de 15 ans 1200 MSCI USA BIOTECH 1000 800 600 400 200 2018 2016 2014 2012 0 2010 Aussi nous paraît-il intéressant de compléter cette stratégie par une approche plus prudente, consistant à capitaliser sur la faiblesse durable des taux d’une autre manière, en s’intéressant simplement au rendement des entreprises et à sa pérennité. En effet, les rendements offerts par les actions sont maintenant supérieurs à ceux des obligations d’État, voire des obligations d’entreprises. Rappelons qu’avant août 1958, cette hiérarchie des rendements était la norme, ce qui répondait à une rationalité, les actionnaires étant les derniers à se faire rembourser en cas de faillite. La forte croissance de l’après-guerre, puis l’abandon du système de taux de change fi xe, la montée de la financiarisation et du levier des économies avaient renversé cet ordre établi depuis l’origine. Alors que les scénarios de croissance faible pour longtemps (« stagnation séculaire ») gagnent en crédibilité et que le rendement se raréfi e sur les placements à taux fi xes, s’intéresser à nouveau aux rendements des valeurs fait sens. 3 2002 Tant que les investisseurs seront convaincus des arguments en faveur d’une « stagnation séculaire », les valeurs de croissance devraient en bénéficier. L’évolution du prix du pétrole vient redonner de l’élan à cette thématique et cela pourrait durer. Mais il faudra être vigilant. Chacun sait que détecter un point haut est délicat, même quand il existe des prémices. En 1987, le ratio MSCI Growth/Value a établi un plus haut début mai, alors que le krach n’a eu lieu qu’en octobre. En 2000, le ratio a fait un plus haut majeur en mars ; le krach n’a vraiment pris corps qu’en septembre. 2008 Enfin, en Europe, le retour vers cette thématique est compréhensible, vu la division par 2 de la croissance potentielle du PIB par rapport à l’avant crise de 2007 (1,2 % dans notre scénario central contre 2,3 % de 1987 à 2007). À noter qu’en Europe la composante consommation du MSCI Growth est plus défensive qu’ailleurs (consommation courante et santé représentent 39 % de l’indice MSCI Growth même si la consommation discrétionnaire représente quand même 19 %). Compte tenu d’un positionnement plus en amont dans le cycle qu’aux États-Unis et du QE de la BCE, le thème de la refl ation fait sens ; cela concerne les financières et la consommation discrétionnaire, autrement dit des valeurs à la fois Value et Growth. MSCI Monde Growth Capitalisations en % 2006 Dans le cas des marchés émergents, habitués à une forte croissance, la recherche de valeur a été à la mode de l’an 2000 jusqu’en 2008. Depuis, la croissance économique de ces pays s’étiolant, le mouvement s’est progressivement retourné en faveur des valeurs de croissance. Cela dit, cet univers est davantage travaillé par régions ou par pays que par secteurs ou par styles. Le fait d’être producteur ou consommateur de matières premières est particulièrement clivant. La forte baisse des devises suggère par ailleurs de rester prudent sur les pays aux fondamentaux les plus fragiles, notamment en matière d’endettement externe. Nous nous en tenons pour l’instant à notre préférence pour l’Asie qui n’est pas remise en cause par ces derniers développements. Capitalisations des différents secteurs dans le MSCI (%) 2 2004 changer. La rentabilité des capitaux propres augmente enfin, encouragée par la politique de M. Abe, ce qui plaide pour une poursuite du mouvement. En regardant de plus près la composition de l’indice MSCI Growth au Japon, on s’aperçoit qu’il est riche de valeurs technologiques et d’industrielles, donc finalement de valeurs exportatrices qui profi tent de la faiblesse du yen. On comprend également mieux cette dynamique. Au Japon, les valeurs internationales sont en effet là aussi un thème qui nous paraît porteur pour l’année à venir. Source : Datastream, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 MSCI Growth / Value par régions 4 180 200 160 180 160 140 140 120 120 100 100 80 80 BRIC JAPON 2014 2012 2010 2008 2006 2004 40 2002 40 2000 60 1998 60 1996 Le contexte d’une croissance globale suffisante mais contenue, et d’une inflation basse est propice aux actifs risqués et plaide pour le maintien de taux à bas niveau. La baisse des prix du pétrole vient accentuer ce scénario. Le ratio MSCI Growth/MSCI Value en profite pour casser ses plus hauts de 2012. Il faut dire que les valeurs pétrolières qui souffrent de cette situation font partie des valeurs décotées alors que la baisse des anticipations d’inflation incite à se porter sur les durations longues. Ce phénomène est vrai au niveau global mais la thématique nous paraît plus pure aux États-Unis. Rappelons-nous quand même que si les cycles favorables aux valeurs de croissance finissent toujours en exagération, ces valeurs ne sont pas dénuées de risque. Si on veut suivre le mouvement sur les valeurs de croissance, la sagesse consiste par exemple à combiner valeurs de technologie, majoritairement américaines (ce qui permet en plus d’être exposé au dollar), et valeurs de rendement (une autre façon de profiter des taux bas). Mais mieux vaut éviter la biotechnologie et les réseaux sociaux, déjà bien engagés sur le chemin d’une bulle. 1994 Conclusion EUROPE ETATS-UNIS Source : Datastream, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 35 01 # Janvier 2015 7 Le ratio de capacité d’absorption des pertes du Conseil de stabilité financière : plus de peur que de mal pour les banques européennes ? YASMINE DE BRAY, THOMAS LAPEYRE, Analyse Actions – Paris ANH PHAM DUNG, STÉPHANE HERNDL, Analyse Crédit – Paris En novembre 2014, le Conseil de stabilité financière (CSF) a publié un document consultatif décrivant le ratio de Capacité d’absorption des pertes (Total Loss Absorbing Capacity - TLAC). Pour réduire les risques induits par les faillites bancaires et améliorer la stabilité financière mondiale, le CSF recommande d’imposer des volumes sensiblement plus élevés d’instruments d’absorption des pertes (capital et dette) aux institutions considérées comme des établissements bancaires d’importance systémique mondiale (EBIS). Ces établissements dits systémiques à l’exception de ceux domiciliés dans les Pays émergents (y compris la Chine) devront respecter ces exigences additionnelles à partir de 2019. La structure de financement des établissements bancaires américains est déjà conforme à ce nouveau cadre réglementaire tandis que les établissements d’Europe continentale devront s’y adapter. Les autorités mondiales de supervision du secteur bancaire ont l’intention d’au moins doubler les exigences réglementaires de fonds propres des EBIS par rapport à celles imposées par les normes mondiales de Bâle III, mises en place par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire après l’éclatement de la crise financière. Le document confirme que les EBIS seront tenus de détenir l’équivalent de 16 % à 20 % de leurs actifs pondérés (risk-weighted assets - RWA) en instruments de capital ou de dette, susceptibles d’être liquidés pour contribuer à une résolution ordonnée. Les exigences de Bâle III concernant les volants de fonds propres s’ajouteront aux exigences du ratio TLAC. L’exigence relative aux actifs pondérés en fonction des risques sera également complétée par une contrainte sur le ratio de levier nominal de 6 % minimum (deux fois le ratio de levier minimal sous le régime Bâle III). L’essentiel Le TLAC « ratio de capacité d’absorption des pertes » est le nouveau ratio réglementaire introduit par le Conseil de stabilité financière en novembre dernier. Le conseil recommande ainsi que les banques d’importance systémique détiennent l’équivalent de 16 % à 20 % de leurs actifs pondérés sous forme d’instruments de capital ou de dette, susceptibles d’être liquidés pour contribuer à une résolution ordonnée. Si ce ratio a pu dans un premier temps faire peur (le capital et les dettes subordonnées ne représentant qu’environ 15 % des actifs pondérés pour la plupart de ces banques), l’intégration de certaines dettes senior dans ce ratio devrait permettre aux banques concernées de s’y adapter facilement. Le TLAC, de même que la proposition de ratio de levier minimum en Angleterre, témoignent selon nous d’une certaine modération dans le durcissement réglementaire connu depuis quelques années. Le TLAC n’est pas aussi contraignant qu’il n’y paraît et les banques d’importance systémique possèdent les ressources nécessaires pour y faire face Bien qu’il semble exigeant à première vue, le ratio TLAC (16 %-20 %) pourra être satisfait grâce à une gamme d’instruments financiers plus large que celle imposée par le ratio total de fonds propres de Bâle III (en particulier la dette senior), à condition que ces titres puissent être mobilisés sans entraîner un risque juridique important. Citons notamment la dette senior émise par les holdings bancaires, en général américains et britanniques. Seule une portion (équivalente à 2,5 % des RWA) de la dette senior non garantie émise par les banques d’Europe continentale (dont la majorité n’ont pas de holding) sera éligible. Cependant, jusqu’en 2019, ces banques pourront remplacer la dette senior non garantie existante par de nouveaux instruments de dette senior non garantis assortis d’une clause contractuelle d’absorption des pertes (bail-in), qui devront respecter la définition des instruments conformes au TLAC. Même si les banques devront modifier la composition de leur dette et que cela pourrait augmenter quelque peu leurs coûts, nous ne pensons pas que leurs bénéfices en souffriront démesurément. Si l’on fait l’hypothèse que les nouveaux titres senior non garantis afficheront un spread situé entre ceux de la dette senior et de la dette Tier 2, nous pensons que la dilution des bénéfices ne sera pas supérieure à 3-4 % en moyenne pour les banques européennes dans un scénario intermédiaire (exigence du Pilier 1 de 18 %). Notre calcul pourrait être révisé à la baisse en incluant les instruments de dette senior non garantis non éligibles, dans la limite de 2,5 % des RWA. Le ratio TLAC pourra être satisfait grâce à une gamme d’instruments financiers plus large que sous Bâle 3 Même si nous pensons que le ratio TLAC n’aura qu’un impact modéré sur les stratégies de pilotage des fonds propres des établissements 36 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 Les exigences de fonds propres du TLAC sont nettement plus élevées que celles imposées par Bâle III 25 Volant contracyclique (de 0 % à 2,5 % - CET 1) Volant EIS /de risque systémique (de 0 % à 3 % - CET1) 20 Volant de conservation des fonds propres (2,5 % - CET 1) 15 Volant contracyclique (de 0 % à 2,5 % - CET 1) Volant EIS /de risque systémique (de 0 % à 3 % - CET1) 10 Volant de conservation des fonds propres (2,5 % - CET 1) Ratio de fonds propres total (8 % - T2/AT1/CET1) 5 0 Exigence TLAC (16 % à 20 % dette senior/T2/AT1/CET 1) Ratio Tier 1 (6 % - AT1/CET1) Ratio de fonds propres total (8 % - T2/AT1/CET1) Ratio Tier 1 (6 % - AT1/CET1) Ratio CET 1 (4,5 % - CET1) Ratio CET 1 (4,5 % - CET1) Basel III TLAC Source : Recherche Amundi européens d’importance systémique (compte tenu de leur recours fréquent au financement de marché), il pourrait néanmoins pénaliser les institutions riches en dépôts. Cette tendance pourrait malheureusement contraindre ces dernières à donner plus de poids au financement de marché, au détriment du financement, plus stable, par les dépôts. Cela étant dit, bien que le concept du TLAC ait été validé lors du sommet du G 20 à Brisbane, son étalonnage et son calendrier de mise en œuvre font encore l’objet d’une étude d’impact quantitative, pour veiller à ce que la proposition ne perturbe pas trop les banques et l’économie en général, qui reste fragile. L’imputation de pertes (bail-in) aux titres de dette senior émis par des banques ou des entités opérationnelles pourraient être contestés devant les tribunaux, ce qui pourrait les rendre inéligibles au ratio TLAC, d’où la nécessité de les assortir d’une clause contractuelle de bail-in Une version édulcorée du TLAC semble raisonnable et propice à la relance de la croissance économique européenne Le fait que le TLAC soit moins sévère que prévu montre que les autorités de réglementation européennes sont de moins en moins inquiètes de l’adéquation des fonds propres des établissements européens, mais qu’elles craignent de plus en plus l’extrême faiblesse de la croissance du PIB nominal de la région. Par exemple, la proposition finale relative à l’exigence de levier minimum au Royaume-Uni est finalement bien moins contraignante (env. 4 %) que le ratio initial (env. 5 %). Nous pensons que la réglementation bancaire sera ajustée durant l’année 2015 (sous la houlette du Comité de Bâle qui devra se pencher sur la variabilité excessive des RWA) ; un durcissement modeste est donc à prévoir mais dans de faibles proportions, dans la mesure où cela serait contradictoire avec les objectifs de relance de la croissance du PIB et d’augmentation des anticipations d’inflation. La mise en œuvre du TLAC n’était absolument pas nécessaire (étant donné le renforcement des bilans des banques) mais au moins son implication n'entraînera pas une surcharge financière importante pour les établissements européens. Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 37 01 # Janvier 2015 > Vue d’ensemble des exigences du TLAC Cadre Obligation de détenir des instruments d’absorption des pertes équivalents à 16 à 20 % des RWA et, au moins, à deux fois le niveau du ratio de levier minimum (6 % des expositions de levier1). Les exigences de Bâle III concernant les volants de fonds propres s’ajouteront aux exigences du ratio TLAC (cf. graphique ci-dessus). Exemple : une institution avec un volant de 2,5 % au titre de son statut d’EBIS et un volant de conservation de 2,5 % devra affi cher un TLAC entre 21 et 25 %, tandis qu’une institution avec une exigence supplémentaire de fonds propres de 1 % au titre de son statut d’EBIS devra atteindre un TLAC situé entre 19,5 et 23,5 %. Les volants contracyclique et de risque systémique seront ajoutés dès qu’ils auront été fi xés par les régulateurs nationaux. L’étalonnage du TLAC sera examiné dans le cadre du Processus d’évaluation de liquidation mené par le CSF. Le non-respect des exigences du TLAC entraînera les mêmes sanctions qu’un manquement aux exigences en matière de fonds propres. L’exigence minimum du TLAC sera appliquée à chaque entité de résolution logée au sein d’un EBIS ; en d’autres termes, dorénavant, les instruments éligibles au TLAC seront probablement émis par plusieurs entités des 30 groupes concernés. Périmètre d’application L’exigence du TLAC sera appliquée aux 30 banques considérées comme des établissements bancaires d’importance systémique (EBIS). Dans un premier temps, les EBIS basés dans des pays émergents (Chine) ne sont pas concernés. La liste des EBIS du CSF comprend 16 banques basées en Europe, 8 en Amérique du Nord, 3 au Japon et 3 en Chine. Instruments éligibles au TLAC Le TLAC peut comprendre divers types d’instruments, à condition (1) qu’ils soient subordonnés aux passifs exclus (notamment les dérivés, les pensions livrées, les dépôts), (2) que ces instruments puissent absorber des pertes sans que cela ne soit un obstacle sérieux à une résolution ordonnée (action judiciaire), et (3) que ces instruments aient une échéance restante d’au moins un an. Les instruments de fonds propres Tier 1 et Tier 2 détenus par des tiers sont éligibles au TLAC externe. Les instruments senior émis par des sociétés holding sont déjà conformes à la définition du TLAC. Le bail-in des titres de dette senior non garantis émis par des banques ou des entités opérationnelles pourraient être contestés devant les tribunaux, ce qui pourrait les rendre inéligibles. Les instruments senior non garantis assortis d’une clause contractuelle de bail-in seraient néanmoins éligibles. Calendrier Les institutions financières qui devront respecter le TLAC devront être en conformité le 1er janvier 2019 au plus tôt, ce qui correspond à la mise en œuvre intégrale des exigences de Bâle III en matière de fonds propres. En fonction du résultat de l’étude d’impact quantitative qui sera menée en début d’année, ce calendrier pourra être modifi é pour alléger le fardeau des EBIS. 1 Sur la base de la version actuelle, le ratio de levier minimum est fixé à 3 % (Bâle III). Ce ratio pourrait être augmenté en fonction des résultats de l’étude d’impact quantitative du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire sur le ratio de levier. 38 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier MENSUEL Janvier 2015 # 01 Publications récentes Amundi Research Center Top-down Asset Allocation Bottom-up Corporate Bonds Fixed Income arch Center Amundi Rese exchan ge modifi es its this have? e centra l bank The Chines What effects will rate policy… structur al impleme nt THOUGHT % 4 - Thought March, On the 6th projectio ns. macroec onomic talk - Expert 4 in : What' s next Real Estate marke ts? g in 2H13… the Europ ean s improvin 11.03.201 of the Day projec tions ECB inflati on the ECB publishe d its new of 11, ever ywherefor the victims three On March sympathy ke and tsunami with renewed who offered ented earthqua unpreced Prime Minister Abe,centre of Tokyo, years ago. their souls at the unbearab le output… prayers for uncomfo rtable with industria l might feel weaknes s. While economic MY DOCUME ADD TO JULIEN MOUSSAVI - Strategy and Economic Research – Paris The Art of Tracking Corporate Bond Portfolios L. GOUZILH, M. DE JONG, H. WU - Quantitative Research & T. LEBAUPAIN Portofolio Management at Amundi - High Yield Discussion Papers Series Actifs alternatifs dans une allocation : pourquoi, comment, combien ? Gérer l’incertitude avec le concept DAMS (Diversifi cation Across Macroeconomic Scenarios) : de la segmentation des actifs à la gestion de portefeuille D MOST REA OF THE DAY 1.5 11.03.201 Talk 4 - Expert Portfolio Capital Flows: A Simple Coincident Indicator for Emerging Markets ÉRIC MIJOT - Stratégie et Recherche Économique has major needs to that Chinacapital account . This to… its appears been aware liberalis e first step We have long wants to c policy. A NTS reforms, and for its economi MY DOCUME ADD TO consequ ences MORE u READ mics, Japan – Abeno by unexp ected challe nged was filled pheno mena in Japan the DIDIER MAILLARD, Professor - Cnam, Senior Advisor Le cycle court de l’investissement : feuille de route HEADLINES 14.03.201 Modelling Tail Risk in a Continuous Space SYLVIE DE LAGUICHE - Recherche Quantitative – Paris, ÉRIC TAZE BERNARD - Conseil en Allocations d’Actifs – Paris OK conference… a video, a a article, for an Search for EXPERT TALK Working Papers the end onomic indicator news since Macro-ec tion of good widespre ad The accumula 2013 confirms onomic climate. of summerent in the macro-ec improvem MY DOCUME ADD TO MY DOCUME ADD TO NTS NTS NTS SIMONE FACCHINATO - Gestion d’actifs – Milan, GIANNI POLA - Recherche Quantitative – Paris L’immobilier physique dans l’allocation d’actifs à long terme : le cas de la France CÉCILE BLANCHARD - Recherche Immobilier, SYLVIE DE LAGUICHE, ALESSANDRO RUSSO Recherche Quantitative — Paris Stratégies Smart Beta : diversifi cation, investissement à faible risque et plus encore… F i E h Foreign Exchange Money Markets Equities Retrouvez l’ensemble de notre expertise sur le site : research-center.amundi.com Monetary Policies Forecasts Investment Strategies Quant Emerging Markets Sovereign Bonds Private Equity Real Estate High Yield ALESSANDRO RUSSO - Recherche Quantitative – Paris Spécial Focus Les droits de tirage spéciaux risquent d'être détournés ou pire… de devenir superflus MARIELLE DE JONG, Responsable de la recherche quantitative obligataire – Paris NICOLAS DOISY, Stratégie et Recherche Économique – Paris Le marché du crédit en livre sterling : un guide pour l’investisseur VALENTINE AINOUZ, Stratégie et Recherche Économique – Paris, SERGIO BERTONCINI, Stratégie and Recherche Économique – Milan, GREGOIRE PESQUES, Responsable Gestion Globale Crédit – Londres Correspondants Rédacteur en chef – PHILIPPE ITHURBIDE Directeur Recherche, Stratégie et Analyse – Paris Rédacteurs en chef adjoints – DIDIER BOROWSKI – Paris, RICHARD BUTLER – Paris, ÉRIC MIJOT – Paris, SHIZUKO OHMI – Tokyo, STÉPHANE TAILLEPIED – Paris Support – PIA BERGER Recherche, Stratégie et Analyse – Paris – BENOIT PONCET Responsable Éditions - Recherche, Stratégie et Analyse – Paris AVERTISSEMENT Directeur de la publication : Pascal Blanqué Rédacteur en chef : Philippe Ithurbide Les destinataires de ce document sont en ce qui concerne l’Union Européenne, les investisseurs « Professionnels » au sens de la Directive 2004/39/CE du 21 avril 2004 « MIF », les prestataires de services d’investissements et professionnels du secteur financier, le cas échéant au sens de chaque réglementation locale et, dans la mesure où l’offre en Suisse est concernée, les « investisseurs qualifiés » au sens des dispositions de la Loi fédérale sur les placements collectifs (LPCC), de l’Ordonnance sur les placements collectifs du 22 novembre 2006 (OPCC) et de la Circulaire FINMA 08/8 au sens de la législation sur les placements collectifs du 20 novembre 2008. Ce document ne doit en aucun cas être remis dans l’Union Européenne à des investisseurs non « Professionnels » au sens de la MIF ou au sens de chaque réglementation locale, ou en Suisse à des investisseurs qui ne répondent pas à la définition d’« investisseurs qualifiés » au sens de la législation et de la réglementation applicable. Ce document n’est pas destiné à l’usage des résidents ou citoyens des États Unis d’Amérique et des « U.S. Persons », telle que cette expression est définie par la « Regulation S » de la Securities and Exchange Commission en vertu du U.S. Securities Act de 1933. Le présent document ne constitue en aucun cas une offre d’achat ou une sollicitation de vente et ne peut être assimilé ni à sollicitation pouvant être considérée comme illégale ni à un conseil en investissement. Amundi n’accepte aucune responsabilité, directe ou indirecte, qui pourrait résulter de l’utilisation de toutes informations contenues dans ce document. 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