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Introduction
L'émergence de l'Économie comme discipline universitaire ouvre « l'âge de Jean-Baptiste
Say» dans le continent européen. Quand Jérôme-Adolphe Blanqui points à Jean-Baptiste Say
comme le principal protagoniste de l'Économie classique en Europe et l'un des auteurs le
plus traduits dans la littérature économique, il renvoie non seulement à une influence
académique. Depuis l’année 1814, Say est impliqué dans le projet de construction d'une
Europe des producteurs ; la convergence de l’action individuelle des citoyens est possible
grâce à un langage commun appelé Économie politique (Démier, 2002). La démarche utilisée
par Say ouvre la voie à une diffusion plus large de l’Économie politique ver le monde du
travail, de l’académie et de la politique1. Tandis que la littérature secondaire sur le projet de
la civilisation industrielle de Say est importante, la question des obstacles qui entravent le
progrès dans les différents pays, régions ou provinces ne réveille de l’intérêt. Sauf les travaux
sur le sous-développement dans la pensée économique classique de Platteau (1978), la
recherche est étendues aux sujets collatéraux comme l'esclavage (Steiner, 1996b; Plassart,
2009), la population (Fréry, 2014) ou la perfectibilité (Legris & Ragni, 2002).
Cet article s’inscrire dans l'analyse que Jean-Baptiste Say fait sur les pays retardé, c’est-à-
dire, sur ceux qui n'ont pas encore industriels. Nous proposons comme point de départ la
théorie du développement économique présentées par Say dans les pages dédiées à la
population. En particulier nous y allons discuter le cas de l'Espagne parce que la question des
causes de leur déclin devient un thème central dans l’exposé de Say. La question est
particulièrement pertinente parce que, étant donné la prééminence de l'ouvrage de Say en
Espagne, c’est l’explicitions du déclin donné aux étudiants d’Économie politique pendant la
première moitié du XIX siècle.
Ce travail est divisé en trois parties. La première présente la théorie du progrès de J-B. Say.
Entouré d'un institutionnalisme qui projette l'expérience européenne comme le modèle
universel à d'autres domaines, Say étudie pourquoi les « nation mal civilisées » n'ont pas
l'ensemble des institutions compatibles avec le progrès2. Deuxièmement, nous présentons la
politique de développement proposé par Say. L'auteur ne croit pas que la génération
spontanée des institutions permettra un état de prospérité. L'autorité instruite est une
condition nécessaire pour la création d'une culture industrielle, tandis que l'administrateur «
vicieux » se trompe dans sa politique de prospérité. C’est au moyen d’un système
d'instruction publique qui englobe toute la population que la civilisation industrielle est
construite. La troisième partie examine la place assignée à l'Espagne dans cette échelle de
civilisation. Say s’aventure dans le débat sur les causes du déclin espagnol avec une mesure
universelle du développement et une image changeante de la nation espagnole. Les résultats
sont modifiés et Espagne abandonne le groupe retardé pour rejoindre temporairement
l'industrialisation. La brève aventure espagnole lui permet de souline la faiblesse d’avoir une
classe éclairée et non nombreuse.
1 L’influence directe de Say s’étendre à l’Allemagne, la Suisse, l’Espagne, le Portugal, L’Italie et aux États-Unis
(Steiner, 1996a). Castro-Valdivia (2013) a trouvé des traduction en douce langages (anglais, espagnol, italien,
allemand, portugais, polonais, suédois, grec, danois, chinois, russe et turc) et la plupart des éditions
appartiennent dans la première moitié du XIXe siècle.
2 Sur les différentes approches institutionnelles au développement économique, voir López Castellano (2012).