Rapport éclair
l’inuence directe des autorités de la Chine continentale. L’investissement boursier en Chine
est encore une activité relativement nouvelle puisque ces concepts capitalistes n’étaient pas
permis sous l’ancienne doctrine communiste. La Bourse de Shanghai a ouvert dans sa forme
actuelle en 1990 et s’est développée rapidement. Selon le classement de la Fédération mondiale
des bourses, elle aurait été la 7e plus importante en 2014. Les données plus récentes indiquent
qu’elle se classerait maintenant au 5e rang. Elle n’est toutefois pas aussi ouverte que les bourses
de New York (NYSE), le Nasdaq OMX, de Tokyo ou de Londres, les quatre plus importantes
places boursières, ou que le marché de Hong Kong. La participation directe des investisseurs
étrangers est limitée par les contrôles des capitaux et le gouvernement chinois intervient plus
fréquemment dans les opérations des bourses que dans les places boursières plus ouvertes.
L’investissement institutionnel, autre que celui du gouvernement qui intervient directement
ou indirectement, y est en outre plus limité qu’ailleurs. La plupart des actions chinoises sont
détenues à 85 % (selon une estimation) par des investisseurs au détail qui ont relativement peu
d’expérience en matière de placements.
Un graphique de l’indice Composite de la Bourse de Shanghai depuis 1992 montre une
appréciation constante, sans plus, jusqu’en 2006. En 2005, le gouvernement a interdit tout
premier appel public à l’épargne (PAPE) pendant un an alors qu’il convertissait les titres qu’il
détenait dans les entreprises d’État en actions oertes au public. C’était sa façon de résoudre
en partie une crise bancaire qui s’étirait. On s’est retrouvé alors en 2006 avec un inventaire de
PAPE qui ont propulsé le marché boursier de Shanghai, amenant même l’indice à plus du triple
de sa valeur à un sommet vers la n de 2007. Ce sommet tient aujourd’hui encore. Le marché
s’est ensuite enrayé jusqu’en 2008 alors que la crise mondiale du crédit s’est aggravée, même
si la Chine en a été moins aectée que bien d’autres pays. Le marché s’est relevé modestement
en 2009-2010 puis est resté stable jusqu’en 2014. C’est alors que la Bourse de Shanghai s’est
redressée de son creux et a crû de 64 % jusqu’à son sommet de la n de 2014 avant de poursuivre
sur son élan et d’y ajouter un bond de 53 % au début de 2015 jusqu’au sommet du 12 juin.
Bien qu’en partie cette poussée ne soit qu’un rattrapage du marché boursier chinois dans le
contexte de la reprise boursière mondiale qui a suivi la crise de crédit, le gouvernement y a aussi
contribué en utilisant de nouveau le marché boursier pour résoudre d’autres problèmes. Pour
aider certaines entreprises à faire face à des problèmes nanciers, le gouvernement a favorisé
les PAPE et les nouvelles émissions d’actions pour qu’elles puissent réduire leur endettement.
Les PAPE chinois ont constitué une des principales raisons expliquant la poussée boursière de
2014-2015. Après avoir atteint son sommet en juin 2015, le premier mouvement de correction
d’un marché surévalué a été exacerbé par l’intervention du gouvernement pour freiner la chute.
Les autorités ont resserré les critères des ventes à découvert et de transactions marginées (dont
on avait abusé) et dans certains cas, ont même interdit arbitrairement à certains investisseurs
de vendre leurs actions. Ces interventions ont incité plusieurs autres investisseurs à se dépêcher
de vendre pour se soustraire au même traitement. Les autorités ont aussi mis en place des
interrupteurs automatiques, semblables à ceux d’autres marchés, quoique plus contraignants.
Au cours de l’été, le gouvernement est aussi intervenu dans le marché en achetant directement
des actions, en forçant les compagnies qu’il contrôle à en faire autant et en inuençant d’autres
investisseurs à acheter. Tous ces gestes ont contribué à restaurer le calme au marché, mais l’eet
ne fut que temporaire.