Certains marchés émergents historiquement
sous évalués
Là comme ailleurs, il s’agit de distinguer, parmi les événements du mois
de juin, ce qui est durable de ce qui ne l’est pas. Les actions, les
obligations comme les devises émergentes ont été très fortement
attaquées. La perspective d’un durcissement monétaire, ainsi que la
constitution d’opportunités alternatives de placements aux États-Unis
suite à la hausse des taux du mois de juin, a poussé de très nombreux
investisseurs à sortir des marchés émergents sans distinction aucune.
Mais également, l’annonce surprise de la banque centrale chinoise, le 10
juin 2013, qu’elle ne financera plus les actifs douteux des banques
chinoises par de la création monétaire, a ajouté de la panique à la
panique, et renforcé ce mouvement de retrait de capitaux.
Ici, nous n’avons plus la même analyse : il faut se rappeler qu’en 2008-
2009, le gouvernement chinois a lutté contre les effets de la crise par
des investissements publics très importants. Cette politique a porté ses
fruits très évidemment, mais elle a également connu certains ratés : en
particulier, l’accumulation de créances douteuses par les banques que
sont les prêts aux investissements peu judicieux, ou inspirés par la
corruption.
Aujourd’hui, le nouveau président chinois, Xi Jinping, en activité depuis
la fin de l’année 2012, fait de la lutte contre la corruption l’un des fers
de lance de son mandat. En outre, il considère à juste titre qu’on ne peut
continuer à tirer la croissance chinoise par de l’investissement public et
l’accroissement toujours aussi rapide du crédit. Ajoutant l’acte à la
parole, un beau matin, la PBOC refuse un prêt à 48h pour une
importante banque, mettant celle-ci en risque de faillite.
Ce faisant, le message est qu’il n’est pas question de continuer
d’accroître le crédit en Chine, ni le niveau général de liquidité lié à
l’investissement public : au contraire, c’est par une meilleure allocation
des ressources des banques, et par la hausse des salaires et de la
consommation que la croissance chinoise doit être soutenue. À leur
habitude, les chinois ont passé le message brutalement, en l’occurrence
par un refus brutal de prêt.
Cependant, il s’agit d’une excellente politique financière, d’une volonté
ferme de maîtriser l’inflation et d’éviter les créances douteuses par la
responsabilisation des banques. En outre, le fait de choisir ce moment
de pleine tourmente, suite aux déclarations américaines, pour faire cet
avertissement, constituent évidemment un geste politique fort de la
Chine, visant à montrer aux États-Unis d’Amérique que la Chine ne
dépend pas de l’approvisionnement en USD par la banque centrale
américaine… Depuis, les conditions bancaires se sont parfaitement
normalisées, les grands procès pour les hauts fonctionnaires confondus
de corruption continuent de façon très médiatisée, et les banques sont
vraisemblablement en train de faire le tri entre le bon grain et l’ivraie
dans leurs engagements de financement.
En guise de comparaison, en Europe, on préfère mettre les banques en
difficulté sous perfusion de subventions publiques, au risque de mettre
les Etats en faillite ; outre-Atlantique, les Etats-Unis ne parviennent
toujours pas à se passer des injections monétaires de la Fed. Sur ces