Friedman), ou encore : « Lorsque les riches s’appauvrissent, les pauvres crèvent de faim »
(proverbe chinois).
Il faut toucher le fond pour remonter à la surface
Vers la fin de l’ouvrage, après une implacable démonstration sur les dérives du « tout-État »,
Charles Gave enfonce le clou : en France, « le citoyen ordinaire est abruti par une propagande
(étatique) incessante » et « la police des pensées veille », cette « pensée unique » qui est « une
invention typiquement française. » En vérité, écrit-il, « la France n’est plus aujourd’hui en
démocratie, mais un pays en coupe réglée sous le joug d’une écrasante technocratie ». Et il
ajoute : « Les technocrates au pouvoir et leur idéologie SONT le problème, et attendre d’eux la
solution est hilarant. Cela revient à confier la clé de sa cave à vins à un sommelier alcoolique. »
L’intérêt porté par le public à son livre a fini par convaincre Charles Gave de continuer ses
recherches sur le « social-clientélisme » à la française et sur ceux « qui ont dépensé toute
l’épargne accumulée par les générations précédentes, puis emprunté l’épargne future de leurs
enfants et maintenant de leurs petits-enfants ». Ainsi, vont naître par la suite plusieurs essais,
dont Un libéral nommé Jésus (2005),Libéral, mais non coupable (2009) et L’État est mort, vive
l’État ! (2010), ce dernier ouvrage sous-titréPourquoi la faillite étatique qui s’annonce est une
bonne nouvelle. Autrement dit : quand on est en train de se noyer dans la piscine, il faut d’abord
toucher le fond, pour pouvoir, ensuite, mieux remonter à la surface… Aurait-on fini par atteindre,
dix ans après Des lions menés par des ânes, le bas de cette échelle ?
Un pilote d’avion aux commandes d’une locomotive
Entre-temps, Charles Gave est entré au conseil de la SCOR, un réassureur français de classe
mondiale, présidée par Denis Kessler. Il a aussi fondé un think tank libéral, l’Institut des libertés.
En 2013, il fête à la City de Londres, avec des amis, son 70e anniversaire et ses 50 ans de
recherches en économie depuis ses études supérieures à Toulouse. Et que constate-t-il ? Que les
choses continuent de s’aggraver : « L’État n’est bon à créer ni richesse, ni liberté, ni emploi, ni
croissance. Tout au plus des fonctionnaires. » Si le taux de croissance de l’économie française ne
cesse de baisser structurellement, c’est à cause de cette « évidence accablante : plus la part de
l’État dans l’économie est forte, plus la croissance est faible. Plus la croissance est faible, plus le
taux de chômage monte. Plus le taux de chômage monte, plus les dépenses de l’État
augmentent. Et plus la croissance est faible… Un cercle vicieux dans toute son horreur. »
Pire encore quand Tartuffe s’en mêle : « Comme Tartuffe, les socialistes se servent de la morale,
qui est utilisée par eux comme un instrument de domination sur les autres et non comme quelque
chose qui doit être vécu intérieurement. » Résultat : « Cette hypocrisie qui autorise une captation
illégitime des biens [des autres aboutit] toujours et partout à un appauvrissement général. »