pour l’approche hétérodoxe en économie, elle est un facteur clé dans l’interprétation des
relations financières (Rivaud Danset et Salais 1992, Servet 2006, Glémain 2008).
Cette confiance s’appuie, selon Servet et Vallat (2001) sur trois éléments principaux : la
proximité entre le créancier et le débiteur, les élément de validation et de preuve et enfin la
mémoire des expériences passées.
« Alors que la banque estime son risque par rapport à la confiance dans sa propre évaluation,
la finance solidaire apprécie le risque de défaut à travers la relation de confiance construite
avec l’emprunteur en amont du financement « ou « la finance solidaire développe des
relations personnalisées qui se construisent lors de rencontres répétées entre l’emprunteur
et l’organisation ex ante et ex poste de la création d’activités « (page 65)
On comprend mieux à l’énoncé de ces principes que ce qui semble du temps perdu aux
critiques de la finance solidaire mais aussi à certains porteurs de projet n’est que la capacité
de la finance solidaire à construire une autre forme de confiance. On peut dès lors parler
d’une relation de service financier construite sur mesure et coproduite.
Tout cela implique forcément des coûts supplémentaires, freins à la pérennisation et au
développement de la finance solidaire, mais aussi objet de tension entre un objectif de
rentabilité économique et un objectif de solidarité, présentant un risque de déviation en
faveur d’emprunteurs moins atypiques ou un amoindrissement de la personnalisation de la
relation de financement solidaire. On y reviendra.
On peut s’étonner qu’Amélie ARTIS limite la finance solidaire au financement des seules
activités économiques. « La finance solidaire n’a pas vocation à répondre aux difficultés
d’obtention d’un crédit à la consommation ou au logement ; elle participe seulement à
financer la sphère productive à l’origine de la création de richesse. » (page 8). Ce parti pris
élimine une grande parie de la finance solidaire à travers le monde.
-les « crédit union » au Royaume uni sont d’abord des outils de solidarité permettant
la consommation ;
- le micro crédit personnel en France permet l’acquisition de biens utiles à l’insertion
professionnelle notamment.
-Habitat et humanisme ne participe t’il pas de la finance solidaire ?
-Et que dire de Terre de liens ?
Le deuxième chapitre dresse le panorama de la finance solidaire aujourd’hui en France, selon
Amélie Artis. D’abord un chiffre, elle représente 0,1% de l’épargne en France malgré la
progression constante des encours (4,7 milliards en 2012). Ce second chapitre résume
utilement, avec des tableaux synthétiques, ce que sont les parties prenantes de la finance
solidaire. Pointant la question des financements, l’auteur ne consacre que quelques lignes au
soutien des collectivités territoriales et de l’acteur public (page 45), étant plus prolixe sur les
formes de partenariats ente la finance solidaire et les banques. Il y a certainement là un
approfondissement à faire peut être en s’inspirant de la catégorisation des quatre mondes
développée par Luc Boltanski et Laurent Thévenot (1991), rappelé par l’auteur.
-s’agit il d’un crédit développé pour une activité lucrative (monde marchand)
-s’agit il d’un crédit pour pérenniser le patrimoine familial (monde domestique) ?
-s’agit il d’un crédit pour créer de l’emploi (monde civique) ?
-s’agit il d’un crédit pour améliorer l’efficacité de l’appareil productif (monde
industriel) ? La finance solidaire combine ces quatre monde et logiques d’action pour
légitimer la décision de crédit ; et leur combinaison élargit l’accès au financement.
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