3
Déflation : trois mesures pour l’Europe
L’Europe est dans une phase de croissance ralentie où les ajustements qu’elle
avait prévus (politique monétaire et politique budgétaire) et l’engagement
qu’elle avait souscrit (le Programme de Lisbonne) s’éloignent et se distendent.
Dans un tel contexte, il faut remettre l’Europe sur les rails, en évitant
notamment que le processus déflationniste, en cours depuis plus de dix ans au
Japon, ne la gagne, en s’installant d’abord en Allemagne.
Dans un tel contexte, la « déflation de crise », celle qui ne vient pas des
innovations et de la concurrence, mais de la crise financière elle-même,
fragilise les banques, réduit les encours de crédit, détériore la croissance et
l’emploi. La crise budgétaire peut s’ensuivre, avec l’impossibilité de respecter le
Pacte de Stabilité et de Croissance, tandis que la politique monétaire, établie au
niveau européen, ne peut répondre par construction à la situation de tel ou tel
membre. La convergence nominale et réelle rebrousse chemin.
Pour arrêter ce processus, qui paraît en marche, et reprendre la voie d’une
croissance plus soutenue et homogène, trois mesures essentielles sont à
mettre en œuvre, au-delà de ce que le lecteur pourra lire dans la suite de ce
cahier :
- arrêter toute dynamique de credit crunch en modulant les ratios
prudentiels en fonction de la conjoncture.
Les ratios bancaires (ratio dit Cooke, et bientôt Mac Donough) doivent intégrer
une dimension conjoncturelle, sous peine d’être procycliques et de réduire la
capacité des banques à faire crédit lors du ralentissement conjoncturel,
précipitant donc les difficultés. Ils doivent donc être revus, de manière à intégrer
le risque lié à l’interdépendance des acteurs dans le cycle. Les superviseurs
devraient ainsi moduler la provision requise en capital en fonction d’un
indicateur de crédit, établissant par exemple la divergence cumulée du ratio
crédit/PIB par rapport à son trend ;
- baisser les taux d’intérêt en Europe et hausser les jalons d’inflation de la
BCE.
Le jalon haut doit passer de 2 à 3 % et le jalon bas de 0 à 1%, soit à une
fourchette de 1 à 3%. Cette évolution tient compte des effets Balassa qui se
produisent dans le cadre du rattrapage d’un côté, et d’un autre du biais de
calcul de l’indice statistique. Ceci permettra à la BCE d’intervenir plus en amont
de la conjoncture dans des situations de faible expansion comme actuellement,
et d’adopter un réglage davantage compatible avec l’objectif de croissance du
Traité de Rome, dans un pays en vieillissement. Il est également possible de
définir une cible centrale de 2%, en précisant l’horizon de moyen terme sur
lequel s’engage la banque centrale. Ceci garantirait sa crédibilité, sans préjuger
de l’ampleur des chocs qui pourraient ainsi être absorbés et sans restreindre a
priori la fourchette des prévisions transitoires ;
- laisser fonctionner les stabilisateurs automatiques et intégrer dans le
Pacte de Stabilité les objectifs de Lisbonne.
Dans une phase de basse conjoncture, les déficits budgétaires se creusent.
Face à la norme de 3% de déficit qui, ainsi, est dépassée au Portugal, en