Laboratoire d`Analyse – Recherche en Economie Quantitative

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Michel Ange Lokota
Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative
Modèle d’Alphandéry, Michel – Ange Lokota
Laboratoire
d’
Analyse
Recherche
en
Economie Quantitative
Discussion paper S1
Janvier 2013
Num. 001
http://www.lareq.com
Autopsie de l’économie congolaise (RD.) à la lumière du modèle d’AlphAndéry
Tâtonnement, dans la marche économique, vers un équilibre simultané
Michel Ange Lokota Ilondo
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Les princes dominent leurs sentiments, pour honorer leurs devoirs
Mariama Bâ
Résumé
Ce papier, s’inscrivant dans le cadre des études sur l’incidence de diverses mesures de
politiques économiques, présente le modèle d’Alphandéry et le principe d’antériorité dans la
gestion de la politique économique. Les résultats obtenus après l’application de ces deux outils
d’analyse dans le cadre de l’économie congolaise révèlent que la non-utilisation des principes de
cohérence, d’efficience et d’antériorité écarte l’économie de l’équilibre simultané.
Mots clé : Politique économique, modèle d’Alphandéry, principe d’antériorité.
Abstract
We present in this paper the model Alphandery and the principle of priority in the management of
economic policy. The results obtained after applying these two analysis tools in the context of
the Congolese economy showed that the non-use of the principles of coherence, efficiency and
anteriority aside Economic simultaneous equilibrium.
Introduction
Les politiques économiques sont nombreuses et parfois contradictoires entre elles telles que le font
remarquer Bénassy-Quéré et ali (2009). Aussi, la politique économique dispose de nombreux
instruments dont les plus traditionnels relèvent de la politique budgétaire et de la politique monétaire.
Parfois même, la politique économique est réduite à la combinaison de ces deux séries d’instruments. Le
rôle ainsi que les principales tâches des décideurs de politique économique peuvent se classer en six
catégories à savoir : (i) définir et appliquer les règles du jeu économique, (ii) taxer et dépenser, (iii)
émettre et gérer la monnaie ; (iv) produire des biens et services ; (v) résoudre les problèmes et (vi)
négocier des accords avec les autres pays. Toutes ces tâches sont favorables à l’atteinte des objectifs
traditionnels de la politique économique qui sont, notamment, un niveau de vie élevé, le plein emploi, la
stabilité du niveau général des prix, une répartition du revenu équitable, l’accès de tous aux services
essentiels, l’équilibre de la balance des paiements et la croissance économique.
En raison de tous ces objectifs, la politique économique apparait comme une succession d’arbitrage. En
effet, Tinbergen
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(1952) montre par sa règle de cohérence que la poursuite d’un nombre visé (n)
d’objectifs indépendants de politiques économiques nécessite que les autorités publiques disposent d’un
nombre au moins équivalent d’instruments (p). Le choix de ces objectifs représente les préférences du
gouvernement. Il arrive souvent que n>p, le gouvernement doit faire face à un arbitrage car en ce
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Master en Economie NPTCI 2009 2011 ; Assistant à l’UPC et Chercheur au Laboratoire d’Analyse Recherche en
Economie Quantitative [LAREQ]. Mail : michelangelokota@lareq.com.
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L’économiste néerlandais Jan Tinbergen et Ragnar A.K. Frisch sont les premiers économistes à avoir décroché le Prix
Nobel d’économie en 1969. Les travaux de Tinbergen ont contribué au développement de modèles
macroéconomiques et ont permis les premières formalisations de la règle de la politique économique.
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Michel Ange Lokota
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moment, il n’est plus possible de gagner sur un objectif sans dégrader davantage le bien– être en raison
de la perte sur les autres.
De la règle de Tinbergen, nous pouvons essayer d’expliquer l’efficacides politiques économiques non
seulement sur le bien-être mais aussi sur l’activité économique. A ce sujet, plusieurs études ont montré
la relation entre politiques économiques et l’activité économique, et ont ainsi proposé des modèles pour
la mesure et l’évaluation des impacts qui en découlent. Les conclusions sont quelques fois très opposées
selon qu’il s’agit d’un courant ou d’un autre.
Dans leur fonction de stabilisation macroéconomique, les politiques économiques doivent être à même de
réguler la conjoncture de court, moyen ou long terme. C’est le principe d’efficience énoncé dans la règle
de Mundell. En effet, Il peut s’avérer qu’une politique économique soit relativement plus efficace qu’une
autre.
Mundell
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(1960) stipule que la politique économique doit utiliser chaque instrument pour réaliser
l’objectif pour lequel il possède un avantage comparatif par rapport aux autres.
La littérature présente, plus souvent en ce qui concerne l’efficacité des politiques économiques sur
l’activité économique, les règles de cohérence et d’efficience dues aux règles de Tinbergen et de Mundell.
Cependant, l’économiste français Edmond Alphandéry
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, présente un principe additionnel aux règles de
Tinbergen–Mundell. Il s’agit du principe d’antériorité que l’on doit associer aux deux principes précédents
pour une meilleure efficacité. Souligons également, en passant, que c’est Alphandéry qui a convaincu les
pays africains membres de la Zone Franc d’effectuer la dévaluation du Franc CFA en 1994.
S’inscrivant dans le cadre des études portant sur l’incidence de diverses mesures de politiques
économiques, ce papier présente le modèle d’Alphandéry et le principe d’antériorité dans la gestion de la
politique économique. Il s’organise comme suit. Dans la première section, nous présentons le modèle
théorique d’Alphandéry. Enfin, dans les deuxième et troisième sections, nous appliquons le modèle
d’Alphandéry à l’économie congolaise, en deux moments, d’abord dans la période allant de 1989 à 1997
et ensuite dans la période allant de 2002 à 2010.
I. Modèle théorique d’Alphandéry
Dans la conduite des politiques économiques, le manque d'information rend difficile le choix du dosage
exact de policy mix permettant d'atteindre immédiatement et automatiquement les deux équilibres.
Alphandéry (1974) présente la solution à ce type de problème avec l’application d’une règle à respecter à
côté du principe de Mundell : c’est l’ordre de priorité (le principe d’antériorité) dans lequel doivent être
employés les instruments conjoncturels qui, du reste, doivent être choisis pour atteindre les objectifs
qu'ils influencent le plus directement.
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L’économiste canadien Robert Mundell est lauréat du Prix Nobel d’économie en 1999. Ses contributions théoriques
ont élargi notre compréhension sur l’analyse de la politique monétaire et fiscale dans différents systèmes de taux de
change ainsi que pour la théorie des zones monétaires optimales.
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Edmond Alphandéry fut ministre de l’Economie en France entre 1993 et 1995
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Michel Ange Lokota
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Pour permettre la formalisation mathématique du problème en cause, il part des fonctions de
comportement qu'il suppose, pour simplifier, linéaires. Il y a deux équilibres : l'équilibre sur les marchés
des biens et services, entre l'offre globale et la demande globale, et l'équilibre de la balance des
paiements.
Son modèle a pour but de montrer sous quelles conditions il faut affecter chacun des instruments à
chacun des déséquilibres. Les deux objectifs à atteindre sont le plein-emploi NPE (où le revenu
correspondant est YPE) et l'équilibre de la balance des paiements (qui s'exprime par un niveau de
réserves en devises R constant d'une période à l'autre). Il utilise deux paramètres d'action : la masse
monétaire M (ou le taux d'intérêt r) et le taux de change π, coté à l’incertain.
Il se propose de trouver la combinaison des deux variables instrumentales qui donne simultanément les
deux équilibres. Pour ce faire, il termine d'abord la relation entre π et r (ou M) telle qu'on ait le plein
emploi (indépendamment de l'équilibre des paiements extérieurs). Puis, il établit une autre relation entre
π et M (ou r) telle qu'on ait l'équilibre de la balance des paiements. Lorsque les deux relations sont
vérifiées simultanément l'intersection des deux courbes correspondantes), on a la combinaison des
deux politiques recherchée.
Dérivation de la Relation entre π et M (ou r) de façon qu'on soit en plein-emploi
La relation entre π et M est décroissante car lorsqu'on est en plein-emploi et qu'on dévalue la monnaie
locale augmente), la demande globale augmente et l'offre globale diminue, donc pour préserver le
niveau de plein-emploi YPE, il faut pratiquer une politique monétaire restrictive (on diminue M).
En termes mathématiques, l'équilibre entre l'offre globale et la demande globale en économie ouverte
s'écrit :
(1)
Y + M = DI + G + X
Y : production intérieure brute
M : importations
DI : demande intérieure privée : consommation + investissements
G : dépenses publiques
X : exportations.
Supposons à présent les relations de comportement suivantes :
DI = DI (Y, r, M)
où D’IY > 0; D’lr< 0; D’IM > 0
Alphandéry pose, d’une part, que :
DI = aY + bM gr + K
où 0 < a < 1; b > 0; g > 0; K : une constante
Ensuite, il assume encore, pour simplifier, l’existence d’une relation linéaire entre le déficit de la balance
commerciale et le couple PIB Taux de change, telle que :
    
  
  
   
     
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Michel Ange Lokota
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Il pose, d'autre part, que les dépenses physiques sont exogènes :  
L’équation (1) s'écrit alors :
        
En réaménageant, il vient :
       
    
Lorsque Y = YPE, la relation entre π et M (ou r) qui préserve le plein emploi est donc :
      
     
Relation entre π et M (ou r) pour qu'on reste à l'équilibre de la balance des paiements
L'équilibre comptable de la balance des paiements s'écrit :
    
  : déficit de la balance commerciale
  : déficit de la balance des capitaux
: réserves en devises
Il pose que les réserves en devises R restent constantes afin que cette relation comptable devienne une
relation d'équilibre (c'est-à-dire un objectif) : R = R0 = 0.
L'objectif à atteindre est donc :
    
Or les mouvements de capitaux internationaux sont déterminés par les différences de taux d'intérêt. Si
on suppose les taux à l'extérieur donnés, on peut écrire que lorsque le taux d'intérêt à l'intérieur r
s'élève, les capitaux exportés CX diminuent et les capitaux importés augmentent.
Il pose ainsi une relation de comportement linéaire :
CX  
La relation (5) s'écrit alors :
    
La relation entre π et r qui préserve l'équilibre de la balance des paiements est obtenue en remplaçant
dans (6), Y par sa valeur dans (2). En effet lorsque π et r sont modifiés, le niveau de la production est
affecté ; donc le solde de la balance commerciale est modifié par là même. Abstraction faite de l'équilibre
de l'emploi, la relation donnant l'équilibre externe est donc :
5
Michel Ange Lokota
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             
  
Comme 0 < a < 1, la relation entre π et M qui préserve l’équilibre des paiements extérieurs est
croissante. Cette relation exprime le fait que lorsqu’on dévalue augmente), pour conserver l’équilibre
initial de la balance des paiements, il faut compenser le surplus commercial par un déficit dans le
mouvement des capitaux obtenu par une baisse de taux d’intérêt.
Représentation graphique
En utilisant les relations (3) et (7) entre π et M (pour r exogène), la droite représentant l'équilibre
interne XX est décroissante, et celle représentant l'équilibre externe FF est croissante.
Graphique 1 : Présentation des différents déséquilibres d’une économie
On cherche à affecter π et M respectivement à chacun de deux objectifs. Partant d'une situation de
déséquilibre, si on utilise la politique monétaire pour obtenir l'équilibre de la balance des paiements et si
on modifie le taux de change pour le plein emploi, on voit qu'on tourne dans le sens trigonométrique. Et
si on fait l'affectation contraire, on tourne dans le sens des aiguilles d'une montre.
Pour savoir si l'affectation choisie est bonne, c'est à dire qu'elle permet de s'approcher de la position
d'équilibre simultané A au lieu de s'en éloigner, il suffit d'appliquer la règle du «Cobweb».
Graphique 2 : Processus de tâtonnement vers l’équilibre formant une Cobweb
π
XX
M
FF
FF
A
π
XX
XX
M
FF
FF
A
XX
XX
M
π
Equilibre externe (FF)
Pente : ab/β(1-a)
FF
XX
Equilibre interne(XX)
Pente : - (b/β)
Inflation
Excédent
II
FF
Sous-emploi
Excédent
III
Sous-emploi
Déficit
IV
Inflation
Déficit
I
1 / 14 100%
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