Prostitution et drogue
gonfleront le PIB de 0,2%
LUXEMBOURG - À partir du mois de septembre, le produit
intérieur brut (PIB) prendra en compte l'impact économique
d’activités illégales. Un calcul qui ne génèrera pas de croissance
forte.
Selon le Statec, le nouveau mode de calcul de la richesse d'un pays, incluant les activités illicites, ne changera
pas radicalement la donne. (photo: Editpress)
Intégrer l'argent de la drogue, de la prostitution ou de la
contrebande dans le PIB: l'Italie, la Belgique et la Grande-Bretagne
ont fait sensation avec leurs annonces ces dernières semaines. Si
certains médias y voyaient déjà un moyen de faire gonfler la
richesse générée chaque année sur le territoire et réduire le déficit
public, cela n’est que poudre aux yeux. Les pays ne font que
transposer un règlement européen. Dès septembre, tous les pays de
l’UE feront de même, afin d’avoir un moyen de comparaison plus
adéquat. Une manière de compenser les différences entre pays,
notamment entre ceux qui autorisent la consommation de drogue et
les autres.
«Certains pays ont voulu faire plus vite que la musique, c’est cela
qui a fait croire à une action isolée, explique John Haas, directeur du département
macro-statistique auprès du Statec. Il aurait été mieux que tous les pays transposent
ensemble le nouveau système européen de comptabilité (SEC).» Le Luxembourg,
pour sa part, l’appliquera le plus tard possible. Soit au 30 septembre. «En théorie, les
revenus des activités illégales ont leur place dans le calcul du PIB depuis 1999»,
indique le spécialiste. Mais, faute de trouver une unité de mesure commune pour ces
activités, l'idée avait été abandonnée. Et ce, jusqu'à ce qu'Eurostat planche sur la
question. Une réflexion qui aura finalement duré cinq ans.
Pas de pic de croissance en Europe lié au sexe et à la drogue
Concrètement, les statisticiens ont dû rassembler toutes les données nécessaires à ce
calcul particulier. «Nous avons dû prendre en compte le nombre de prostituées au
Grand-Duché. Pour ce faire, nous avons coopéré avec tout le monde qui disposait des
chiffres, que ce soit la police ou d’autres organisations», explique John Haas. Les
prostituées ont alors été réparties en quatre catégories: prostitution de rue, cabaret,
salon de massages et call girls. Le même procédé a été appliqué à l’économie
souterraine liée au trafic de drogue.
Mais consommer de la drogue contribuera-t-il à relancer l’économie? Sexe et drogue
doperont-ils la croissance de l'UE? «Non, c’est faux», assure le Statec. «Le PIB
augmentera d’environ 0,2%. Étant donné que le volume d’affaires du trafic de drogue
et de la prostitution reste relativement stable, cela ne profitera pas à la conjoncture.
Une différence de 0,2% contribuerait tout juste à un taux de croissance de trois
unités après la virgule», estime l'office statistique luxembourgeois.
À quelques mois de leurs applications, les nouvelles règles comptables soulèvent déjà
de nombreuses questions éthiques. L’achat de navires de guerre, d’avions militaires
ou de blindés, également incorporés dans le calcul, constitueront dorénavant «un
investissement» pour le pays, peut-on ainsi lire dans le règlement européen. Que ces
mêmes armes puissent ensuite être utilisées pour la destruction - et donc impacter
négativement le PIB - n’est mentionné nulle part. Des règles qui devraient donc
contribuer davantage à hérisser le poil de ceux qui débattent depuis de longues
années sur le sens et le non-sens de considérer le PIB comme unique mesure de
calcul de la richesse d’un pays.
«PRODUIT CRIMINEL BRUT» 06 juin 2014 07:30; Act: 06.06.2014 07:42
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