Indice des Capacités de Base (ICB) Indice d’Equité de Genre (IEG)
Rapports nationaux 108 Social Watch
Empowerment
ÉducationActivité économique
Survivance jusqu’à
l’âge de 5 ans
Accouchements assurés par du
personnel médical spécialisé
Enfants atteignant
la cinquième année
d’école
Social Development Network
Prof. Edward Oyugi
Philip Thigo
SEATINI Kenya
Oduor Ongwen
Kenya Debt Relief Network
Wahu Kaara
BEACON
Rebecca Tanui
Daraja-Civic Initiatives Forum
Don Bonyo
Futa Magendo Chapters
Ayoma Matunga
Mazira Foundation
Eddy Orinda
Haki Elimu
Opiata Odindo
Kenya Land Alliance
Odenda Lumumba
Migori Clan
William Janak
KETAM
James Kamau
Kenya-Cuba Friendship Association
Mwandawiro Mganga
Bunge la Mwananchi
George Nyongesa
ChildFund Africa Region
Andiwo Obondoh
Undugu Society of Kenya
Alloys Opiyo
Après trente ans de capitalisme de marché libre,
sans obstacles et fondé sur un modèle néolibéral,
les défaillances d’un système obsolète ne peuvent
plus être cachées.
La marchandisation et la privatisation des actifs pu-
blics, considérés essentiels jusqu’à présent pour assurer
la prospérité, ont provoqué le transfert des actifs du do-
maine public et populaire aux domaines privés des classes
privilégiées. Par conséquent, la « financiarisation1 » rapace
et spéculative des transactions commerciales a provoqué
une forte augmentation des transactions financières quo-
tidiennes sur les marchés internationaux, qui sont passées
de 2.300 millions d’USD en 1983 à 130.000 d’USD mil-
lions en 2001. Il n’est pas étonnant alors de constater que
la dérèglementation ait permis que les systèmes financiers
assument un rôle protagoniste dans la redistribution par le
biais de la spéculation, la déprédation, la fraude effrontée
et le vol. Les plans visant à la relance peuvent représenter
un chemin technique dans la direction correcte, notam-
ment si ceux-ci peuvent fonctionner depuis le bas vers le
1 N. du T.: financialisation : mot anglais qui définit
l’acheminement de l’investissement vers la spéculation
financière.
haut et non le contraire par un système bancaire inerte.
Néanmoins, ces plans sont encore –essentiellement– des
solutions techniques conçues pour relancer la demande et
parvenir à ce que les consommateurs continuent à acheter
au lieu de leur permettre de remettre en question la préten-
due efficacité du capitalisme néolibéral.
Le Kenya est très familiarisé avec les promotions
des valeurs, les pyramides financières (schémas Pon-
zi), la destruction des actifs structurés par l’inflation
qui a été fortement lié à l’anéantissement des actifs
provoqué par la privatisation frauduleuse, l’esclavage
des débiteurs, les escroqueries corporatives et le -
possession effrontée des actifs, tel que dans le cas
de l’anéantissement débridé du Fonds National de la
Sécurité Sociale (FNSS). Cette situation a enfin mené
à des effondrements para-étatiques et à l’anéantisse-
ment des valeurs à cause de la manipulation du crédit
et les manipulations malhonnêtes des personnes liées
au marché du capital, tels que Suntra Investments,
Nyaga Brokers Ltd., Francis Thuo Ltd. et d’autres.
Le FNSS a été créé en 1966 comme un fonds
provisoire obligatoire pour la totalité des travailleurs
du pays. Bien que les travailleurs et les employeurs ne
contribuent qu’avec 400 KES (5,4 USD) par mois, le
Fonds dispose –par la force de son énorme taille– d’un
portefeuille cumulé qui s’élève à plus de 80 KES mil-
liards (1.079 millions d’USD) ce qui équivaut à 8,2 % en-
viron du PIB du pays. Le Gouvernement continue à faire
usage du Fonds pour ses partenaires les plus proches,
en oubliant qu’il s’agit d’un plan contractuel d’épargne
et d’investissement destiné au soutien de la retraite.
À l’origine, le FNSS n’était qu’un département au sein
du Ministère du Travail, mais en 1987 il est devenu un
service para-étatique autonome. Depuis ce moment-là,
les retraités n’ont éprouvé que de la mélancolie.
Au cours de la campagne des premières élections
multipartites des années 1991-1992, le FNSS a été utilisé
comme source principale de fonds pour payer des subor-
nations destinées à huiler la machinerie de la campagne
électorale du parti officiel Kenya African National Union
(KANU). L’argent des retraités a été retiré du Fonds afin de
financer des affaires immobilières suspectes qui faisant
naître des millionnaires du jour au lendemain parmi les
jeunes connus à cette époque-là comme la « Jeunesse
pour KANU ’92 ». Le FNSS a continué à être utilisé comme
vache à lait par des individus ayant des liens politiques, et
cette situation n’a été publiée par la presse que 10 ans plus
tard, lorsqu’au cours d’un accord préélectoral en 2002 le
Fonds a perdu un montant de 256 millions de KES (3,45
millions d’USD) pour une escroquerie avec l’Euro Bank
dans le financement de la campagne présidentielle.
Fidèle à ses habitudes, le FNSS a retrouvé son
célèbre profil lors des élections suivantes. Un terrain
commercial adjacent au Laico (ancien Grand) Regency
Hotel, également en proie au scandale, a été vendu au
moins offrant. D’après ce qui a été divulgué, le FNSS
a rejeté une offre pour un montant de 1.400 millions
de KES (18,88 millions d’USD) pour ce terrain et en a
accepté une autre pour un montant de 1.300 millions de
KES (17,53 millions d’USD) après que le moins offrant ait
offert une « enveloppe » aux syndics pour un montant de
650 millions de KES ( 8,77 millions d’USD). La Direction
du Fonds l’a nié, mais au mois de juillet 2008 le Ministre
du Travail a dissous le Directoire et a renvoyé le Syndic
Général afin de préparer le terrain pour enquêter sur ce
scandale et sur d’autres également. En septembre 2008
le FNSS était sur le point de perdre 1 milliard de KES
( 13,49 millions d’USD) chez Discount Security –une
société de courtage de valeurs s’étant effondré et liée à un
ancien syndic général du FNSS, d’après les informations.
Le fait que l’État néolibéral doive éviter le marché pour des
raisons d’efficacité stratégique est une supercherie mise
à nue car, au lieu de maximiser son efficacité hors du
marché, il a acquis le rôle d’agent principal des politiques
L’orthodoxie olirale et le jeu de l’autruche
Le capitalisme néolibéral a perdu sa raison d’être. Il s’agit d’une crise structurelle de la démocratie
libérale, mais au Kenya le Gouvernement refuse de voir la réalité et fait l’autruche qui met la tête dans
le sable. L’élite gouvernante affirme que la crise est circonstancielle et que l’économie nationale est
suffisamment protégée en raison de la faiblesse de ses liens avec le capital international. La société
civile kényane continue à avertir que, contrairement aux prédictions du Gouvernement, le pays est sur
le point de plonger dans les eaux turbulentes du néolibéralisme.
KENYA
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IEG of = 47,3
IEG of Spain = 76,9
IEG of Vietnam = 73,9
IEG of Zambia = 56,2
IEG of Central African Republic = 45,8 IEG of Chile = 61,9 IEG of Cyprus = 65,1 IEG of Czech Rep. = 68,1 IEG of Egypt = 43,9 IEG of El Salvador = 67,5
IEG of Eritrea = 47,1
IEG of Germany = 78,2 IEG of Ghana = 57,6 IEG of Guatemala = 51,3
IEG of Mexico = 60,5 IEG of Moldova = 73,9 IEG of Morocco = 44,8 IEG of Mozambique = 64,4 IEG of Burma = 0 IEG of Nepal = 51,2 IEG of Niger = 44,4 IEG of Paraguay = 66,8 IEG of Peru = 69,7 IEG of Philippines = 75,6
IEG of Poland = 70 IEG of Portugal = 73,1 IEG of Romania = 71,3 IEG of Serbia = 0
IEG of Slovakia = 68,8
IEG of Slovenia = 65,1
IEG of Spain = 76,9
IEG of Tanzania = 71,9 IEG of Thailand = 70,2
IEG of Uganda = 67,2 IEG of Usa = 73,8 IEG of Venezuela = 67,7
IEG of Yemen = 30
IEG of Argentina = 72,3
IEG of Algeria = 52,7 IEG of Bahrain = 46 IEG of Bangladesh = 52,7 IEG of Benin = 42,1 IEG of Bolivia = 66,1 IEG of Brasil = 68,2 IEG of Bulgaria = 73,4 IEG of Cambodia = 61,6 IEG of Canada = 74,5
BCI of Chile = 99
BCI of
República Checa = 99,2 BCI of El Salvador = 80,1 BCI of Eritrea = 60,2 BCI of Alemania = 99,3 BCI of Ghana = 75,5 BCI of Guatemala = 68,3
BCI of República Centroafricana = 65,2
BCI of México = 95,2 BCI of Marruecos = 81,1 BCI of Mozambique = 66,1 BCI of Nepal = 58,4 BCI of Paraguay = 95,3 BCI of Perú = 87,8 BCI of Filipinas = 78,1
BCI of Polonia = 99,1 BCI of Portugal = 99,4 BCI of Rumania = 96 BCI of Serbia = 98,1 BCI of Eslovaquia = 99 BCI of Eslovenia = 99,5 BCI of Somalia = 47,8 BCI of España = 99,6
IEG of Rep. Dem. del Congo = 45.1BCI of Rep. Dem. del Congo = 76,3
BCI of Tanzanía = 72,7 BCI of Tailandia = 95,6
BCI of Uganda = 59,2 BCI of Estados
Unidos de América = 98.1
BCI of Venezuela = 94,5 BCI of Yemen = 58,7
BCI of Myanmar,
Birmania o Burma = 73.2
BCI of Chipre = 99,6
BCI of Moldavia = 0
BCI of Argelia = 95,7 BCI of Argentina = 97,8 BCI of Bangladesh = 56 BCI of Benin = 76,9 BCI of Bolivia = 79,4 BCI of Brasil = 90,2 BCI of Bulgaria = 97,3 BCI of Camboya = 66 BCI of Canadá = 99,3
IEG of Honduras = 68,9 IEG of Hungary = 69,8 IEG of India = 40,7 IEG of Iraq = 0 IEG of Italy = 64,5 IEG of Kenya = 59 IEG of Lebanon = 46,9 IEG of Malaysia = 58,3 IEG of Malta = 58,2BCI of Honduras = 82,4 BCI of Hungría = 99,3 BCI of India = 68,5 BCI of Irak = 88,4 BCI of Italia = 99,5 BCI of Kenya = 71 BCI of Líbano = 95,6 BCI of Malasia = 96,9 BCI of Malta = 99,5
ICB de Senegal = 68,5
ICB de Egipto = 89,1
ICB de Viet Nam = 92,8
ICB de Nigeria = 66,3
BCI of Zambia = 71,3 BCI of Cisjordania y Gaza o Palestina = 0
ICB de Francia = 98,8ICB de Belgica = 98,3 ICB de Nicaragua = 70,1ICB de Costa Rica = 93,5
ICB de Bahrein = 99
IEG de Francia = 72IEG de Belgica = 72,2 IEG de Nicaragua = 51,5IEG de Costa Rica = 66,8 IEG de Senegal = 54,9
Cisjordania o Palestina S/D (español)
BCI of Cisjordania y Gaza o Palestina = 0
Cisjordania o Palestina N/D (inglés)
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ICB = 71 IEG = 59
109Social Watch Kenya
de redistribution, investissant le flux des ressources de
la classe dominante à la classe ouvrière, ce qui ne peut
être associé qu’à l’ère du libéralisme enraciné ; et subven-
tionnant les personnes riches de la société d’une manière
efficace par des pratiques de déflation confiscatoire2.
Traitement de faveur pour les criminels
Nulle part cette idée n’est démontrée avec autant de
crudeur que comme dans le cas de la fraude publique de
l’Offre Publique Initiale (OPI) des actions de Safaricom.
En dépit du désaccord des organisations de surveillance
de la société civile et du Mouvement Démocratique
Orange le partenaire principal de la coalition de l’admi-
nistration Kibaki – le Gouvernement du Kenya a décidé
de se défaire de 25 % de ses actions à Safaricom, une
compagnie de téléphonie mobile, pour percevoir 50 mil-
liards de KES ( 674 millions d’USD), montant nécessaire
pour couvrir son déficit budgétaire.
Deux inquiétudes surgissent. Premièrement :
comment est-il possible qu’une compagnie anonyme
et étrangère, connue sous le nom de Mobitelea, puis-
se avoir 10 % et après 5 % d’une entreprise publique
au Kenya et, ce qui est plus le déconcertant encore :
pourquoi cette compagnie étrangère n’a jamais payé
un centime pour acquérir des actions à Safaricom ?
Deuxièmement : lorsque le Gouvernement a offert la
vente de 25 % de ses actions à Safaricom, il a fait croi-
re aux citoyens que ces actions rendraient publique
la propriété de cette entreprise. Néanmoins, lorsque
Safaricom a enfin été mise en vente, la citoyenneté n’a
pas eu le droit de disposer de la première option pour
donner une réponse négative. Ils ont dû se mettre en
concurrence avec le reste de l’Afrique Orientale tandis
que 35 % sur les 25 % des actions offertes par le
Gouvernement était réservé à certains investisseurs
étrangers anonymes. D’après les rumeurs, ces in-
vestisseurs appartiennent à l’oligarchie locale, ayant
des intérêts très forts dans des compagnies offshore.
Comme si cette escroquerie n’était pas suffisante,
l’OPI (la première offre au public des actions de la
compagnie en bourse) a été effrontément survendue.
Enfin, les courtiers en bourse de Safaricom ont dû
rembourser une somme équivalente à 236 milliards
de KES ( 3.183 millions d’USD) dont 119 milliards
de KES (1.605 millions d’USD) appartenaient à la
population locale. Presque un an plus tard, la plupart
des candidats (dont l’énorme majorité correspond à
des gens ordinaires qui ont obtenu des prêts bancai-
res) n’a pas encore reçu ses remboursements, et les
actions de Safaricom sont tombées de plus de 50 %
pendant la semaine du 9 mars 2009.
La Bourse de Nairobi a été récemment témoin
d’une croissance soudaine des courtiers malhonnêtes
en valeurs immobilières à la bourse. En moins de deux
ans, quatre de ces sociétés de courtage ont dû fermer
leurs portes après que des activités frauduleuses et des
vols effrontés des fonds d’investissements des clients
ont été mis à découvert. Parmi ces sociétés, la première
dont la situation a être mise en lumière fut Francis Thuo
Stock Brokers, que la Bourse a suspendu en 2007. Il
convient de remarquer que son propriétaire, M. Francis
2 Voir : Wade, R. Governing the Market: Economic Theory
and the Role of Government in East Asian Industrialization.
Princeton: Princeton University Press, 1992.
Thou, a été le président de la Bourse pendant longtemps.
A l’époque cette entreprise était suspendue, plusieurs
plaintes ont été déposées contre une autre société Nyaga
Stock Brokers auprès de l’organisme régulateur, l’Auto-
rité du Marché du Capital (AMC). Mais aucune mesure
n’a été prise à ce sujet. Enfin, la presse locale a publié
en mars 2008 que le capital opérationnel de Nyaga non
seulement était négatif mais que l’entreprise avait utilisé
les profits obtenus par la commercialisation illégale des
actions des clients pour étayer son capital opérationnel.
La Bourse a fait semblant d’être surprise, et a créé tout de
suite un plan de rachat pour un montant de 100 millions
de KES (1,4 millions d’USD) afin de protéger les clients
affectés. Après cet événement, personne n’a plus rien
dit. Jusqu’à présent, ni Nyaga ni Francis Thuo n’ont eu à
répondre d’accusations criminelles.
Ensuite, Discount Securities et Suntra Invest-
ments ont suivi le même chemin. Le traitement fa-
veur accordé à ces entreprises criminelles donne
l’aval non seulement au caractère débridé des mau-
vaises pratiques de la Bourse mais aussi à l’abus du
célèbre marché libre et efficace, ce qui est encore
plus grave. Une partie de la société civile exige sans
cesse qu’un marché gérant des fonds publics d’une
telle envergure doit avoir une entité régulatrice forte,
efficace et indépendante. L’AMC n’est pas qualifiée
pour cela : cette autorité est obsédée par le main-
tien du statu quo, en permettant que les courtiers en
bourse malhonnêtes gardent le contrôle avec leurs
jeux perpétuels et leurs manipulations de pouvoir.
Au cours des 20 dernières années, pas moins de
20 banques commerciales privées ont fait faillite avec
les fortunes des déposants – notamment celles des
retraités et des épargnants du secteur informel – esti-
mées à 70.000 millions de KES (944 millions d’USD).
Parmi les banques privées et les institutions financières
qui se sont effondrées entraînant la perte des fonds des
déposants se trouvent : Rural Urban Finance Company,
Jimba Credit Finance (propriété de la Bourse de Nairo-
bi, Jimna Mbaru), Trade Bank, Trust Bank, Continental
Bank (propriété de certaines personnes proches du
président Kibaki) et Euro Bank. Au Kenya, ces criminels
continuent à être désignés à de hautes fonctions publi-
ques. Le 16 décembre 2008 en plein milieu de la crise
financière mondiale croissante – le Cabinet a décidé de
privatiser d’autres institutions financières, y compris le
National Bank of Kenya et le Consolidated Bank.
Le jeu de l’autruche
Tandis que les doutes concernant l’efficacité im-
muable des forces du marché dans les principales
économies capitalistes ne cessent d’augmenter, les
économies du Sud leurs clients refusent toujours
de voir la réalité et gardent une confiance aveugle en
la nature cyclique des crises capitalistes. Lorsque
les principes économiques qui nourrissent les éco-
nomies de marché libre ont commencé à s’effondrer,
l’élite politique kényane, telle l’autruche légendaire
du désert, a enfoui sa tête dans le sable en attendant
que la crise se passe. Face à ce silence, les organi-
sations de la société civile préviennent que le navire
économique du Kenya prend l’eau et que les mesures
de sauvetage s’avèrent urgentes.
Les occasions de provoquer un désaccord aug-
mentent, et celles-ci doivent être prises en compte avant
que le pays ne subisse une résurgence néoconservatrice.
Pendant ce temps, l’illusion affirmant que les économies
du Sud seront protégées de l’effondrement car n’étant ab-
solument pas intégrées à l’économie capitaliste globale,
et qu’elles peuvent même en bénéficier grâce à l’escalade
de la demande interne, est une idée qui doit être reje-
tée. La descente cyclique (bien que sévère) des fortunes
historiques du capitalisme est confondue avec la crise
fondamentale. L’élite kényane gouvernante ne s’est pas
encore aperçue de l’imminence du désastre : l’insécurité
alimentaire massive, le désastre environnemental immi-
nent (de la Forêt Mau, du Mont Kenya, du Lac Victoria,
etc.), le chômage/sous-emploi, l’escalade des délits, la
disparité entre les riches et les pauvres, la diminution du
tourisme et du volume des fonds provenant de l’étranger.
Au lieu de prendre garde, la récente Conférence
Nationale « Le Kenya Que Nous Désirons », ainsi que
l’instrument politique actuel pour transformer le Kenya
en une économie de revenus moyens pour l’ane 2030
(« Vision 2030 »), adhèrent toujours au Consensus de
Washington, totalement discrédité. Même si les écono-
mies occidentales injectent de nouveaux fonds de rachat
massif dans leurs institutions financières, et dans certains
cas étatisent à nouveau leurs banques, le Parlement ké-
nyan légifère à présent la privatisation des maigres actifs
sociaux stragiques qui restent encore, afin de fournir au
gouvernement une injection unique de revenus3.
Il est probable que les plans préférés par les gouver-
nements occidentaux visant à la relance et au sauvetage
n’établiront pas de différence remarquable, au-delà de
l’harmonisation des réponses à la crise du Gouvernement
et des entreprises. En tant que mesures provisoires, ces
plans ne peuvent que retarder ce qui est inévitable. Si la
propriété des moyens de production n’est pas démocrati-
sée, et si les mécanismes internes de l’économie nationale
ne sont pas renforcés, l’initiative de restructure globale de
Klaus Schwab, lancée à Davos au mois de février 2009,
ne pourra rien faire pour résoudre le problème de la crise.
Face à cette situation, même les traités commerciaux
aujourd’hui en discussion, ainsi que les Accords d’Asso-
ciation Économique (AAE) doivent être renégociés.
Souvent, un moment épique dans l’histoire de la
pratique sociale est catalysé par des catastrophes comme
celle que nous expérimentons à présent, notamment
celles qui entraînent des changements substantiels en
ce qui concerne les attitudes et les conduites sociales. On
pouvait apercevoir les signes de difficultés du capitalisme
depuis très longtemps, mais de manière progressive.
Maintenant ils sont évidents. Le système capitaliste mon-
dial ne mérite aucune remise à niveau. Il exige une re-
construction faite par de nouveaux acteurs, favorisés par
l’histoire. C’est la crise de la démocratie libérale, dont la
tentative d’offrir justice économique et équité a échoué.
n
3 Organisations devant être privatisées : Compagnie de
Génération d’Électricidu Kenya (KENGEN) ; Kenya Pipeline
Company ; Compagnie Sucrière Chemelil ; Compagnie
Sucrière Sony ; Compagnie Sucrière Nzoia ; Compagnie
Sucrière Miwani ; Compagnie Sucrière Muhoroni ; Autorité
pour le Développement du Tourisme du Kenya et certains
hôtels ; Banque Nationale du Kenya ; Consolidated Bank ;
Banque pour le Développement du Kenya ; Kenya Wine
Agencies Ltd ; East African Portland Cement Company ;
Commission de la Viande du Kenya ; New Kenya Cooperative
Creameries ; Autorité Portuaire du Kenya, par le biais d’un
terminal à conteneurs à Eldoret, la sous-traitance des
services d’arrimage et la construction de nouvelles amarres.
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