malgré la nécessité de réformer de manière urgente les entreprises publiques, les
entreprises privées, qui représentent une part élevée de l’économie, affichent de bonnes
performances. La réforme des entreprises publiques réduira le potentiel de croissance de
l’économie chinoise, c’est pourquoi nous pensons qu’elle sera mise en œuvre lentement.
Pour résumer, nous n’attendons pas de récession en Chine, mais plutôt une croissance
durablement plus lente.
Autre incertitude : la possibilité d’une dévaluation du renminbi. Celle-ci dépend selon nous de
fondamentaux dépassants la seule économie chinoise. De fait, les mesures prises par la
Banque populaire de Chine (PBOC) et la Réserve fédérale sont liées – d’une manière qui
rappelle l’initiative prise par la Banque nationale suisse pour devancer la BCE en rompant le
lien entre l’euro et le franc suisse.
D’après nous, la Chine ne vise pas une forte dépréciation du renminbi ; elle souhaite plutôt
que, peu à peu, l’orientation de sa monnaie soit davantage guidée par le marché. Une
dépréciation soudaine et de grande ampleur saperait la confiance des investisseurs,
augmenterait la volatilité du marché et amplifierait les sorties de capitaux. Cependant,
comme le renminbi conserve une forme d’arrimage au dollar, une forte hausse du billet vert
entraînerait une nouvelle appréciation de la monnaie chinoise par rapport à celles des
partenaires commerciaux du pays (le premier étant l’Europe) et de ses concurrents (par
exemple, la Turquie dans l’électroménager). Un tel scénario contraindrait la PBOC à intervenir
pour dévaluer la monnaie.
Les effets du ralentissement de la croissance chinoise sur l’économie mondiale
Le ralentissement de la croissance chinoise aura des conséquences considérables pour
l’équilibre économique mondial. Entre 2010 et 2015, de nombreux pays ont adapté leur
structure économique afin de tirer parti de l’augmentation du commerce mondial. Ces pays
ont des profils très différents : producteurs de matières premières et fabricants de produits
électroniques, pays développés, marchés émergents. Tous ont un point commun : ils sont
devenus beaucoup plus dépendants de la Chine, directement ou indirectement.
Prenons l’exemple de l’Australie. Entre 2000 et 2013, la part des exportations australiennes
destinées à la Chine est passée de 4 à 35 % (graphique 4).
Graphique 4 : Pays destinataires des exportations australiennes (en % des exportations
totales du pays)
Source : Banque mondiale