Livre bleu de BMO
Février 2012
DONNÉES
ÉCONOMIQUES
Douglas Porter, CFA
Économiste en chef délég
et directeur général
Canada
De continuels impératifs de productivité au Canada
Alors que l’économie canadienne semble se préparer à une autre année de modeste
croissance en 2012, nous sommes mis en présence d’un fait inéluctable : il n’y a que deux
moyens de hausser le niveau de vie. Nous pouvons soit augmenter le prix de ce que nous
produisons et vendons à l’étranger par rapport à ce que nous achetons et importons, soit
produire davantage pendant chaque heure que nous travaillons. Le premier moyen, qui
consiste à hausser les conditions de commerce, a beaucoup été utilisé par le Canada au
cours de la dernière décennie. La prospérité des marchés des marchandises, l’envolée
du huard et le recul des prix de plusieurs produits manufacturés (comme les vêtements
et les automobiles) ont fait grimper nos conditions de commerce de près de 25 % au
cours des 10 dernières années (graphique 1).
En raison d’une demande toujours très forte des pays émergents pour de l’énergie, des
aliments et d’autres produits provenant de ressources naturelles, nous croyons que les
conditions de commerce continueront de s’améliorer au Canada au cours des prochaines
années, ce qui haussera davantage le niveau de vie de ses habitants. Mais, ce n’est pas
assuré. Il n’y a pas si longtemps, nous avons connu des périodes prolongées de recul des
conditions de commerce, notamment de plus de 15 % sur 25 ans, soit de 1974 à 1999.
Alors, pour hausser le niveau de vie au Canada, si le premier moyen n’est pas
absolument efficace, qu’en est-il du deuxième? Bien que nos conditions de commerce
aient été bonnes ces dix dernières années, notre productivité a pratiquement adopté la
voie inverse, prenant une tournure décevante pratiquement tout le temps. La production
par heure travaillée n’a augmenté que de 0,8 % par année au cours de la dernière
décennie, contre 1,5 % les deux décennies précédentes, soit d’à peu près la moitié.
La récente tenue de la productivité canadienne est non seulement dérisoire par
comparaison avec les données antérieures, mais également en regard de celle des États-
Unis où la production par heure a progressé de plus de 2 % par année au cours de la
dernière décennie (graphique 2).
Cet écart qui semble inconcevable a pourtant des conséquences bien réelles. En
effet,
combinée à cet écart de productivité, la hausse prononcée et soutenue du dollar canadien
a fait grimper les coûts unitaires relatifs de la main-d’œuvre (rémunération
par unité de
production) au Canada de 80 % par rapport aux États-Unis au cours des 10 dernières
années et de 50 % comparativement à la moyenne des deux décennies précédentes
(graphique 3).
Bref, la main-d’œuvre canadienne doit relever un défi de taille pour soutenir la
concurrence américaine dans des secteurs comme ceux de la fabrication et du tourisme,
et même dans certains segments des ressources. Dans ce contexte, les emplois dans les
usines pourraient continuer de subir des pressions à la baisse, même si les dépenses et la
demande aux États-Unis se redressaient plus fortement au cours des prochaines années
(graphique 4).
Les conséquences régionales de ces tendances sont assez directes. Une hausse des
conditions de commerce favorise généralement les régions riches en matières premières
du pays, tandis que le fardeau concurrentiel d’une faible productivité et d’un vigoureux
dollar canadien pèse davantage sur les centres industriels. Ce thème économique régional
a dominé les dix dernières années et marquera vraisemblablement les dix prochaines.
Pour faire face à la concurrence extérieure, certains secteurs, dont celui de l’activité
manufacturière, peuvent cibler une croissance plus forte de leur productivité. Bien
entendu, la faible productivité relative du Canada est scrutée à la loupe depuis des
années et il n’y a pas de recette simple pour corriger l’écart de productivité qui existe
entre le Canada et les États-Unis. En fait, nous avons démontré par le passé que lorsque
les prix
des produits de base sont élevés et que le dollar canadien est vigoureux,
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Page 2 sur 16 Canada – Février 2012
1. CANADA : CONDITIONS
DE COMMERCE
(2002 = 100)
Prix des exportations /
Prix des importations
70 80 90 00 10
0.95
1.00
1.05
1.10
1.15
1.20
1.25
1.30
1.35
Baisse sur
25 ans
Hausse
sur 10 ans
2. ÉCART DE PRODUCTIVITÉ
(variation annuelle sur 10 ans)
Productivité de la main-d’œuvre
90 95 00 05 10
0.5
1.0
1.5
2.0
2.5
3.0
3.5
Canada
États-Unis
écart
important
l’activité
manufacturière (secteur à forte valeur ajoutée) est fragilisée, ce qui porte
atteinte à la productivité.
Or, comme les prix des produits de base risquent de demeurer élevés et la devise de
rester près de la parité pendant une période prolongée, les secteurs qui se livrent
concurrence sur le marché de l’exportation doivent se préparer à redoubler leurs
efforts pour hausser leur productivité. La mise à niveau de l’équipement est certes un
pas dans la bonne direction, mais il importe également de faire preuve d’efficacité
dans l’utilisation de cet équipement et le recours aux services des travailleurs
disponibles.
En parallèle, les décideurs doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour soutenir
l’innovation et la compétitivité, y compris restreindre les coûts du secteur public.
Même s’il y a eu beaucoup de battage autour de la faible croissance de la productivité
canadienne au cours des deux dernières décennies, il n’en demeure pas moins que le
sujet est toujours d’actualité.
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Page 3 sur 16 Canada – Février 2012
(1er trim. 2000 = 100)
Coûts unitaires de la main-d’œuvre
Secteur d’activi
00 02 04 06 08 10 12
95
100
105
110
115
120
125
130
135
écart
important
Canada
États-Unis
(janvier 2000 = 100)
Emploi
00 02 04 06 08 10 12
70
80
90
100
110
120
130
140
Secteur
manufacturier
Ressources
3. ÉCART DES COÛTS UNITAIRES
DE LA MAIN-DŒUVRE
4. EMPLOI AU CANADA :
PERSPECTIVES DIFFÉRENTES
Un gage de confiance de 10 G$ envers les entrepreneurs
du Canada
Quand nous avons demandé à nos entreprises clientes à travers le Canada ce qu’elles
éprouvaient à l’égard du contexte commercial, elles nous ont surtout fait part d’un
« optimisme prudent ». Or, plus nous avons cherché de motifs pour justifier cet
optimisme, plus nous en avons trouvé.
En Nouvelle-Écosse, par exemple, l’octroi d’un contrat de 25 G$ par la Marine
canadienne à la société Halifax Shipyard pour la construction de navires de combat
suscite un optimisme résolu. Les retombées pour les sociétés touchées directement et
indirectement par ce contrat soutiendront l’expansion des affaires et la croissance
pendant deux décennies. À Terre-Neuve-et-Labrador, d’importants projets sont en
cours de développement et la demande pour une main-d’œuvre qualifiée est forte.
Dans l’Ouest, les sociétés de ressources naturelles continuent d’investir dans leurs
activités et de prendre de l’expansion, créant des emplois et amenant les
consommateurs à dépenser à des niveaux records dans des provinces comme l’Alberta
et la Saskatchewan. Le Manitoba démontre une capacité d’adaptation et fait preuve de
stabilité, tandis que le secteur de la construction en Colombie-Britannique se redresse
après l’accalmie qui a suivi les Jeux olympiques.
En Ontario et au Québec, les fabricants qui ont survécu à la récession affichent un
potentiel de croissance et sont solides. Plusieurs sociétés revalorisent des aspects de
leurs activités, dans le but d’accroître leur productivité et de profiter d’un avantage
concurrentiel.
Ces facteurs positifs ne masquent pas complètement les difficultés que le contexte
économique actuel a créées. Aujourd’hui, alors que les économies du monde sont
interreliées, nos entreprises peuvent être touchées par des événements se produisant à
l’autre bout de la planète. Le moindre petit élan peut-être freiné par une nouvelle
annonce inquiétante à propos de la crise européenne.
Dans l’intervalle, le marché américain se redresse, mais reste déprimé. Or, les
exportateurs canadiens doivent non seulement s’adapter à cette situation, mais
également à la vigueur du dollar.
Mais, tout bien considéré, les entreprises canadiennes sont en bonne santé. Or, nous
croyons fermement que les entreprises doivent continuer d’innover pour demeurer
concurrentielles. Nous avons un marché intéressant et il est important qu’il le
demeure.
Les temps difficiles amènent des occasions. Compte tenu de la vigueur du dollar et de
la faiblesse des taux d’intérêt, nous soutenons fortement les clients qui veulent profiter
de cette occasion pour investir dans leurs activités de façon à accroître leur
productivité. BMO a récemment annoncé qu’elle mettrait 10 G$ à la disposition des
entreprises à l’échelle du Canada au cours des trois prochaines années. Nous sommes
convaincus que cet argent procurera aux petites et moyennes entreprises un meilleur
accès à du crédit. Voilà un bel exemple de la confiance que nous avons dans les
entreprises et l’économie canadienne.
Livre bleu de BMO
Page 4 sur 16 Canada – Février 2012
SERVICES BANCAIRES
AUX ENTREPRISES
Gail Cocker
Première vice-présidente –
Entreprises et gestion
de trésorerie,
BMO Groupe financier
Colombie-Britannique
La Colombie-Britannique a connu un ralentissement de son économie, qui porte à
2,4 % la croissance prévue de son PIB réel en 2011. Cette année, l’activité devrait
ralentir davantage pour progresser de 2,3 %, alors que la construction résidentielle et
les dépenses gouvernementales fléchissent et que la croissance économique américaine
demeure lente. À moins d’un ralentissement mondial plus important, la croissance
devrait être soutenue par une demande asiatique de produits exportés qui est forte,
mais en perte de vitesse, et par les investissements dans le secteur des ressources.
Ces derniers mois, les prix élevés de l’immobilier ont montré quelques signes
d’essoufflement, particulièrement dans le marché anciennement surchauffé de
Vancouver. En janvier, les ventes à Vancouver avaient reculé de 13 % sur un an, tandis
que les prix rajustés selon la saison, après avoir atteint un sommet de plus de 800 000 $
en juin, s’étaient repliés à près de 700 000 $ (en partie du fait d’une diminution des
ventes de maisons haut de gamme). Par ailleurs, l’incertitude qui a entouré le moment
de l’abandon de la TVH au profit d’un retour à la TVP et à la TPS semble avoir eu une
incidence négative sur le nouveau marché immobilier. De ce fait, les mises en chantier
devraient diminuer légèrement, passant de 26 400 unités en 2011 à un peu plus de
23 000 unités en 2012.
Ces derniers mois, le marché américain du logement a montré des signes de
stabilisation, la confiance des constructeurs domiciliaires s’étant améliorée et les
critères d’octroi de prêt hypothécaire demeurant à tout le moins inchangés. En dépit
de la hausse prévue des mises en chantier au cours de la prochaine année, les activités
de construction demeureront anémiques, soutenant faiblement les exportations de
produits forestiers. En parallèle, l’apaisement de la surchauffe immobilière en Chine
a quelque peu freiné les importantes exportations de produits forestiers dans ce pays.
Le marché du travail de la Colombie-Britannique s’est affaibli à la fin de l’année,
l’emploi reculant au cours de trois des quatre derniers mois terminés en janvier.
Contrairement au dernier semestre, le secteur commercial de la province a donné des
signes contrastés. Bien que la conjoncture économique suscite des inquiétudes depuis
quelque temps déjà, nous constatons maintenant un net climat de prudence et une
paralysie de l’activité commerciale.
Certains secteurs montrent de la vigueur. Ainsi, les projets de nos clients des milieux
de la construction et de l’ingénierie affichent une hausse particulièrement surprenante.
L’activité semble avoir repris après l’accalmie qui a suivi les Jeux olympiques
et ces
entreprises se disent extrêmement occupées. Cette situation se traduit par de
nouvelles occasions d’emploi et des achats d’équipement essentiels. Il y a aussi eu une
forte hausse de l’activité manufacturière. Bien que la croissance de ce secteur ne soit
pas phénoménale, elle est synonyme de bonnes affaires, à la fois solides et stables.
Le secteur immobilier s’est replié, mais il y a encore de très riches résidents de la
Chine continentale qui continuent de faire des affaires ici, développant des parcelles
de terrain et construisant de grandes maisons. L’incidence que quelques particuliers
peuvent avoir sur l’économie est des plus surprenantes.
Nous avons cependant des clients qui s’inquiètent de la valse-hésitation de la reprise
économique. Alors que le moindre élan semble freiné par de simples annonces en
provenance de l’Europe, ils ont l’impression d’une progression laborieuse. Nous
constatons une volatilité particulière sur les marchés des marchandises, qui a amené
plusieurs sociétés minières à reporter à plus tard leur premier appel public à l’épargne.
Alors que le milieu des placements demeure prudent et surveille les événements
mondiaux, ces sociétés ont manifestement décidé que ce n’était pas le moment
d’amasser des fonds de cette façon. Cette prudence est manifeste dans d’autres
secteurs également. Le marché du bois d’œuvre n’est plus aussi ferme qu’il l’était il y a
quelques mois, et les clients des moyennes entreprises essaient de reporter à plus tard
leurs achats importants.
Livre bleu de BMO
Page 5 sur 16 Colombie-Britannique – Février 2012
DONNÉES
ÉCONOMIQUES
Robert Kavcic
Économiste
SERVICES BANCAIRES
AUX ENTREPRISES
Derral Moriyama
Premier vice-président – Services
bancaires aux entreprises,
Région du Grand Vancouver
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