Revue mensuelle d'Asie du sud - 19 février 2013
Bien qu’elle reste au-dessus de la barre de 10 %, l’inflation a été relativement contenue. L’indice des prix à la
consommation, mesurant l’inflation, a progressé de 11 % en 2011/12 (contre un objectif cible de 12,0 % et une
hausse de 13,7 % l’année passée). Cette relative bonne performance serait à mettre au compte de la stabilité du prix
des biens alimentaires. La SBP a mis à profit cette « accalmie » sur le front de l’inflation pour abaisser de 200 points
de base son taux directeur (fixé à 9,5 % depuis le 17/12/2012) en vue de redynamiser le crédit au secteur privé et,
partant, l’investissement.
Le déficit budgétaire se creuse. Sous les effets conjugués du règlement de 195 Mds PKR (environs 2 Mds USD) au
titre de la dette circulaire (dette intra-entreprises dans le secteur énergétique), des pertes des entreprises publiques,
du gonflement des subventions allouées à divers secteurs de l’économie, de l’augmentation du service de la dette et
des dépenses occasionnées par les inondations, le Pakistan a vu son déficit budgétaire se creuser à 8,5 % du PIB en
2011/12 (contre 6,6 % en 2010/2011). La dette publique atteint désormais plus de 130 Mds USD (dont plus de 61
Mds USD pour la dette externe). Elle représentait 62,6 % du PIB au terme de l’année fiscale 2011/12 (contre 60,9 %
un an auparavant). Alors que le pays enregistre un budget en déficit pour la 6e année consécutive, la SBP postule
clairement qu’une telle pente n’est plus soutenable. Elle souligne notamment que la dégradation continuelle des
comptes publics alimente le risque inflationniste et entretient l’effet d’éviction évoqué précédemment, avec les
conséquences que l’on sait sur l’investissement privé –et le risque, à terme, que confirme le gouverneur, d’assister à
un effondrement de l’appareil productif.
Les comptes externes sont dégradés. La balance des paiements a enregistré un déficit de 3,3 Mds USD équivalent à
1,4 % du PIB en 2011/2012 (contre un excédent de 2,5 Mds USD équivalent à 1,2 % du PIB en 2010/11),
occasionnant de fortes tensions sur les réserves de change du pays dont le montant en fin d’exercice s’élevait à 15,3
Mds USD, soit l’équivalent de 4,4 mois d’importations (contre 6,2 mois l’année précédente à la même époque). Cet
affaiblissement de la position extérieure du Pakistan résulte principalement de l’augmentation du service de la dette
externe et de la nette aggravation du déficit de la balance commerciale (15,5 Mds USD vs 10,5 Mds USD l’année
dernière à la même époque). Dans le détail, la dégradation du solde commercial s’explique essentiellement par la
hausse des importations (+12 % à 40,1 Mds USD), elle-même largement imputable à la progression des cours du
pétrole constatée en 2011/12. Les exportations (-3,0 % à 24,7 Mds USD) n’ont que peu pâti du fléchissement des
cours du coton observé sur la même période. Les transferts des migrants, bien qu’en continuelle progression (+18 %
à 13,2 Mds USD), n’ont pas suffi à équilibrer les comptes externes du pays.
2. Des prévisions pour l’exercice 2012/13 relativement optimistes mais plus prudentes que celles du
gouvernement
La SBP se veut plus prudente que le gouvernement pakistanais dans ses prévisions pour l’année 2013, notamment
s’agissant de la croissance économique (estimée à 3,5 % contre un objectif de 4,3 % fixé par le gouvernement) et du
déficit budgétaire (6,5 % contre 4,7 %). En revanche, elle fait preuve d’un certain optimisme concernant la situation
des comptes externes : une légère progression des exportations et une stabilisation des importations sont attendues
alors que les transferts des migrants devraient continuer de croître pour atteindre 14,5 Mds USD. Il en est de même
de la maîtrise de l’inflation qui, selon ses prévisions, devrait tomber à 8,5 %, lui permettant ainsi de poursuivre sa
politique de baisse des taux d’intérêt destinée à redynamiser l’investissement privé.
Pour la SBP, l’économie pakistanaise ne serait pas vulnérable aux chocs exogènes. De manière plutôt surprenante,
la SBP développe une analyse selon laquelle l’économie pakistanaise, forte (i) de la relative autarcie de son système
bancaire, (ii) de la faible élasticité-prix de ses principaux postes d’exportation, (iii) de la baisse attendue des cours du
pétrole résultant du ralentissement du rythme de croissance des principales économies émergentes, (iv) de la
poursuite de la hausse des transferts des migrants, devrait être relativement épargnée par les chocs externes en
2013.
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