Dans ce contexte, nous nous battrons, en tant qu’économistes, afin de massifier les
plans de relance, en mettant l’accent sur des secteurs tels que l’automobile.
L’immobilier sera également un domaine d’action très important et je suis convaincu
que l’opération Carrez-Scellier apportera une contribution positive à la relance.
Guy Marty souligne à juste titre le caractère fantaisiste de chiffres qui sont parfois
avancés. Il faut voir là le reflet de la déflation. Nous devons redonner confiance aux
acteurs du marché, afin de fluidifier celui-ci.
J’espère que le volontarisme des plans de relance sera suffisant et que nos amis
banquiers seront suffisamment réactifs pour éviter une chute massive des prix.
Nous allons au-devant de douze à dix-huit mois sans doute difficiles et il me semble
que l’on peut tabler sur une baisse des prix immobiliers de l’ordre de 10 %, si le
marché est accompagné par des politiques économiques suffisamment réalistes.
Arnaud FLEURY
Jean-Hervé Lorenzi, quel est votre avis sur le plan de relance décidé en France ?
Madame Christine Boutin a annoncé un investissement d’1,8 milliard d'euros dans le
secteur du logement. Cela vous paraît-il suffisant ?
Jean-Hervé LORENZI
Il existe un risque majeur : celui de la déflation. Dans une telle situation, le système
de prix ne constituerait plus une référence. C’est cette perspective qui est anxiogène,
car il n’existe pas de symétrie entre l’inflation et la déflation. Nous n’avons pas connu
celle-ci en France depuis très longtemps et nous devons être attentifs à ce risque.
Nous avons une chance historique : il existe un besoin de logements, tant en
rénovation que pour les ménages les plus jeunes. Il n’en est pas de même en
Espagne, par exemple, où le stock accumulé excède largement la demande.
Par ailleurs, les Français ont besoin de produits qui leur permettent d’assurer leur
retraite. Je considère que l’investissement dans le logement constitue une manière
économiquement pertinente d’assurer sa retraite, pour différentes raisons que je
pourrais détailler. Une bonne politique économique, notamment dans le domaine du
logement, perçoit correctement l’ampleur des efforts à consentir : un décalage, au
regard des ordres de grandeur nécessaires, revient à arroser le désert et les effets
de seuil sont importants. Le timing est également important. Or le temps ne joue pas
en notre faveur : il est très compliqué de sortir d’une récession. Il est certes coûteux
mais il peut être plus facile d’éviter d’y entrer.
Les programmes qui ont été annoncés ne représentent pas l’injection d’1,8 milliard
d'euros, loin de là. Notre économie aurait besoin de 20, 30 ou 40 milliards d'euros.
Cela dit, pour des raisons de crédibilité de la politique économique, je crois que le
déficit budgétaire de notre pays ne doit pas dépasser 4,5 % ou 5 % du PIB. Nous ne
devons donc pas recourir à l’instrument de la politique budgétaire. Les liquidités
existent, en France et à l’étranger. L’enjeu consiste à miser sur des solutions
astucieuses, à l’image de PERL, pour attirer ces liquidités.