Et maintenant ?
Toujours est-il qu’une crise de pareille ampleur obscurcit encore davantage l’horizon des
décideurs et des investisseurs. Le climat n’est pas en la confiance, alors même que la reprise
ne pourra s’amorcer que par un nouvel élan d’investissement, et donc de prises de risques.
Pour autant, cette confiance ne pourra être rétablie sans des signaux forts émis par les
institutions monétaires internationales et par les Etats. En ce sens, le sommet du G201 voulu
par Nicolas Sarkozy a défini quelques axes d’action et a réaffirmé la nécessité de poser les
bases d’un « capitalisme responsable2 ». Les Etats se sont ainsi prononcés favorablement à
« un plan de relance coordonné, concerté », notamment en intensifiant « la coopération
internationale entre régulateurs, renforçant les normes internationales (...) et en veillant à leur
application uniforme ». Cinq champs d’action visant à optimiser la surveillance du système
financier sont ainsi à l’étude et devront déboucher sur des propositions concrètes avant le 31
mars 2009 : harmonisation des normes comptables, transparence accrue des marchés dérivés,
limitation des effets procycliques qui intensifient les crises, amélioration des pratiques de
compensation (afin de limiter la prise de risque par les dirigeants des banques) et
remaniement du mandat, de la gouvernance et des modes de financement des institutions
financières internationales. Les agences de notation qui ont pour rôle d’évaluer les produits
financiers devront, quant-à-elles, « répondre aux normes les plus exigeantes » tandis que les
« zones d’ombre » entourant les paradis fiscaux devront être levées.
Ces principes, que d’aucuns pourrait qualifier de nécessaires, voire de triviaux, ne sont
pourtant ni fédérateurs, et à notre sens encore moins suffisants. Pas fédérateurs en ce que
certaines déclarations faisant suite à ce sommet laissent présager d’une levée de boucliers
allant à l’encontre de certains plans d’action, notamment lorsqu’il s’agira de lever le voile sur
les paradis fiscaux ou encore de renforcer la régulation dans un secteur, en pratique, souvent
adepte du « laissez-faire ». Pas suffisantes en ce qu’il n’a été question lors de ce sommet ni
des moyens qui seront mis en œuvre pour reconnecter, au moins partiellement, économie
financière et économie réelle, ni d’un éventuel plan de soutien à la demande. En effet, s’il est
bien un acteur qui semble avoir été totalement oublié lors de ces discussions, c’est le
consommateur. Dans un marasme économique ambiant marqué par une inflation soutenue et
1 Les 20 membres de ce groupe (les membres du G8 et les économies émergentes) génèrent plus de 85% des
richesses mondiales.
2 Nous employons cette terminologie pour désigner les mécanismes de moralisation des marchés financiers (pour
de plus amples informations, se référer à : Pillot J. (2008) : « Vers un capitalisme responsable », à définir).