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EC/EW (97) 7
I. INTRODUCTION - LA HONGRIE DANS LE SYSTEME
SOVIETIQUE
1.Toute évaluation générale de l’économie hongroise et de son passage du socialisme à
des structures de marché doit en premier lieu prendre en compte les éléments propres à une
économie de marché qui étaient déjà en place avant la disparition de l’ancien ordre
communiste. Si l’invasion soviétique de la Hongrie en 1956 mit un terme à la brève
expérience de pluralisme politique du peuple hongrois, les autorités communistes n’en
commencèrent pas moins, dans les années qui suivirent, à expérimenter des modèles
alternatifs à l’économie dirigée soviétique.
2.C’est ainsi qu’en 1968, les autorités communistes autorisèrent les forces du marché à
jouer un plus grand rôle quant aux décisions relatives aux investissements, à la production et
à la fixation des prix, tout en continuant à surveiller étroitement l’orientation économique
générale de la Hongrie en restreignant l’accès au capital et en limitant la taille des entreprises
privées. Les prix des producteurs étaient désormais censés refléter leur valeur réelle sur le
marché, et l’Etat recalculait partiellement les prix industriels, les prix à la consommation et,
dans une moindre mesure, les prix agricoles. Les bénéfices devaient servir à garantir les
primes à la productivité et les nouveaux investissements, auxquels une plus grande
importance était accordée qu’aux objectifs de production. Il n’en demeure pas moins que les
restrictions, les subventions et les taxes instaurées par le gouvernement pour protéger
certains secteurs économiques entraînaient une considérable distorsion des prix sur le
marché intérieur.
3.L’Etat confirma son contrôle sur les investissements et la fixation des prix dans les
années 70, en partie pour répondre à la récession mondiale associée à la crise des prix
énergétiques de 1973. Lorsque le déficit des comptes courants atteignit une hauteur
historique en 1978, la réponse du gouvernement consista toutefois à faire du développement
des exportations une priorité absolue. Les responsables reconnaissent aujourd’hui que c’est
une réforme des prix à la consommation et à la production qui aurait été impérative pour
corriger ce déséquilibre extérieur. Au fil des années 80, le gouvernement réforma en partie le
système de taxation, assouplit les réglementations sur les salaires et encouragea les
initiatives au niveau des entreprises par le biais d’une dérégulation modérée. En 1987, une
réforme importante mit sur pied un système bancaire à deux niveaux, tandis que la création
de banques commerciales permettait à la Banque centrale de se concentrer sur le contrôle de
la masse monétaire et sur le financement du déficit budgétaire de l’Etat. Les investissements
étrangers directs commencèrent en outre à affluer en Hongrie bien avant 1989, mais cet
apport de capitaux s’avéra être une arme à deux tranchants. Comme les réformes n’étaient
pas suffisamment ambitieuses pour supprimer la mainmise de l’Etat sur l’économie et mettre
un terme au régime privilégié réservé aux monopoles d’Etat, aucune structure de prix
rationnelle ne se matérialisa jamais vraiment. Les distorsions de prix en Hongrie, résultant des
subventions restantes, des contrôles administratifs, de la taxation et du soutien systématique
de l’Etat aux grandes entreprises au détriment des PME, étaient donc similaires à celles qui
handicapaient les autres anciens pays du COMECON. Une structure de prix rationnelle est
manifestement essentielle pour garantir le déploiement correct des investissements et, en
Hongrie communiste, la plupart des capitaux affluant dans le pays furent donc dilapidés. En