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EC/EW (97) 7
Original: anglais
SOUS-COMMISSION SUR LA COOPERATION
ET LA CONVERGENCE EST-OUEST
LA HONGRIE DANS LE SYSTEME SOVIETIQUE
PROJET DE RAPPORT INTERIMAIRE
M. KEES ZIJLSTRA (PAYS-BAS)
RAPPORTEUR*
Secrétariat international 4 septembre 1997
*Aussi longtemps que ce document n’a pas été approuvé par la Commission économique, il ne
représente que les vues du rapporteur.
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TABLE DES MATIERES
I. INTRODUCTION - LA HONGRIE DANS LE SYSTÈME SOVIÉTIQUE ..................................1
II. LE GOUVERNEMENT HORN - L’AUSTÉRITÉ VOULUE PAR LA GAUCHE ....................... 3
III. LE PROBLEME DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE ........................................................ 7
IV. LE MARCHE DU TRAVAIL ..................................................................................................... 9
V. LA PRIVATISATION............................................................................................................... 10
V. LA SITUATION COMMERCIALE........................................................................................... 14
VI. LA BANQUE CENTRALE ET LE SECTEUR FINANCIER .................................................. 15
VII. L’AGRICULTURE ................................................................................................................. 17
VIII. LES PERSPECTIVES POLITIQUES .................................................................................. 19
IX. CONCLUSIONS .................................................................................................................... 21
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I. INTRODUCTION - LA HONGRIE DANS LE SYSTEME
SOVIETIQUE
1.Toute évaluation générale de l’économie hongroise et de son passage du socialisme à
des structures de marché doit en premier lieu prendre en compte les éléments propres à une
économie de marché qui étaient déjà en place avant la disparition de l’ancien ordre
communiste. Si l’invasion soviétique de la Hongrie en 1956 mit un terme à la brève
expérience de pluralisme politique du peuple hongrois, les autorités communistes n’en
commencèrent pas moins, dans les années qui suivirent, à expérimenter des modèles
alternatifs à l’économie dirigée soviétique.
2.C’est ainsi qu’en 1968, les autorités communistes autorisèrent les forces du marché à
jouer un plus grand rôle quant aux décisions relatives aux investissements, à la production et
à la fixation des prix, tout en continuant à surveiller étroitement l’orientation économique
générale de la Hongrie en restreignant l’accès au capital et en limitant la taille des entreprises
privées. Les prix des producteurs étaient désormais censés refléter leur valeur réelle sur le
marché, et l’Etat recalculait partiellement les prix industriels, les prix à la consommation et,
dans une moindre mesure, les prix agricoles. Les bénéfices devaient servir à garantir les
primes à la productivité et les nouveaux investissements, auxquels une plus grande
importance était accordée qu’aux objectifs de production. Il n’en demeure pas moins que les
restrictions, les subventions et les taxes instaurées par le gouvernement pour protéger
certains secteurs économiques entraînaient une considérable distorsion des prix sur le
marché intérieur.
3.L’Etat confirma son contrôle sur les investissements et la fixation des prix dans les
années 70, en partie pour répondre à la récession mondiale associée à la crise des prix
énergétiques de 1973. Lorsque le déficit des comptes courants atteignit une hauteur
historique en 1978, la réponse du gouvernement consista toutefois à faire du développement
des exportations une priorité absolue. Les responsables reconnaissent aujourd’hui que c’est
une réforme des prix à la consommation et à la production qui aurait été impérative pour
corriger ce déséquilibre extérieur. Au fil des années 80, le gouvernement réforma en partie le
système de taxation, assouplit les réglementations sur les salaires et encouragea les
initiatives au niveau des entreprises par le biais d’une dérégulation modérée. En 1987, une
réforme importante mit sur pied un système bancaire à deux niveaux, tandis que la création
de banques commerciales permettait à la Banque centrale de se concentrer sur le contrôle de
la masse monétaire et sur le financement du déficit budgétaire de l’Etat. Les investissements
étrangers directs commencèrent en outre à affluer en Hongrie bien avant 1989, mais cet
apport de capitaux s’avéra être une arme à deux tranchants. Comme les réformes n’étaient
pas suffisamment ambitieuses pour supprimer la mainmise de l’Etat sur l’économie et mettre
un terme au régime privilégié réservé aux monopoles d’Etat, aucune structure de prix
rationnelle ne se matérialisa jamais vraiment. Les distorsions de prix en Hongrie, résultant des
subventions restantes, des contrôles administratifs, de la taxation et du soutien systématique
de l’Etat aux grandes entreprises au détriment des PME, étaient donc similaires à celles qui
handicapaient les autres anciens pays du COMECON. Une structure de prix rationnelle est
manifestement essentielle pour garantir le déploiement correct des investissements et, en
Hongrie communiste, la plupart des capitaux affluant dans le pays furent donc dilapidés. En
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conséquence, la dette extérieure s’accrut encore pour atteindre 11 milliards de dollars au
début des années 801 et le crédit intérieur ne fut que très peu alimenté. Les anciens dirigeants
communistes abandonnèrent ainsi derrière eux un secteur public envahissant, des grandes
industries inefficaces et dépendantes des subventions, un ensemble complexe de
programmes sociaux qui se sont avérés politiquement difficiles à rationaliser, une dette
élevée, une inflation galopante et une structure budgétaire complexe.
4.En dépit de ce sérieux problème d’endettement, la Hongrie possédait certains éléments
d’une économie de marché et les acteurs du marché affichèrent, avant les autorités, leur
volonté d’adopter des structures capitalistes. A de nombreux égards, l’expérience contribua à
préparer le pays au changement paradigmatique qui devait survenir dans le courant des
années 90. L’ouverture relative de la Hongrie avait exigé de certaines entreprises d’entamer
une restructuration dans les années 80 et leurs dirigeants d’obédience virtuellement
capitaliste avaient déjà établi des liens commerciaux et financiers avec l’Occident.
5.Les premières années de la transition se caractérisèrent par de formidables fluctuations
des principaux indicateurs économiques. L’inflation parvint à un sommet en 1991, les prix à la
consommation augmentant de 35 %,2 avant de commencer à diminuer en 1992-1993, puis de
repartir à la hausse. En 1991, la balance commerciale enregistra un excédent, mais se
dégrada rapidement ensuite. L’importance des dépenses de l’Etat et la demande à la
consommation alimentaient une croissance du niveau des importations qualifiée
d’insoutenable par les responsables du FMI. Les emprunts souscrits à l’étranger contribuaient
à financer le déficit budgétaire, mais les primes de risque associées à l’incertitude politique,
l’inflation et l’importance du recours à l’emprunt par l’Etat poussaient les taux d’intérêt à la
hausse. Cela représentait une lourde charge pour l’économie. De plus, une nouvelle
législation en matière comptable affectant les secteurs de la banque et du commerce révéla
soudain que des entreprises censées être bénéficiaires étaient en réalité en faillite. 3 Entre
1990 et 1992, la production industrielle s’effondra, avant de se redresser en 1993-1995 en
raison de l’expansion des marchés à l’exportation.4 Certains commencèrent alors à comparer
la situation internationale et nationale de la Hongrie à celle du Mexique, également confronté
à un grave problème d’endettement à l’époque.5 Jusqu’en 1995, les gouvernements
postcommunistes hongrois ont fait preuve de lenteur pour résoudre cette myriade de
problèmes, même si certaines réformes importantes sont intervenues au début des années
90.
1 "Hungary", Economist Intelligence Unit, Londres, 1997, p. 3
2 Ibid, P. 15
3 Rencontre de la Sous-commission avec M. Riecke Werner, directeur général de la Banque nationale de
Hongrie, 20 mars 1997
4 Op. cit., note 1, p. 10
5 Rencontre de la Sous-commission avec M. Szabolcs Fazakas, ministre de l’Industrie et du Commerce
hongrois, 20 mars 1997
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II. LE GOUVERNEMENT HORN - L’AUSTERITE VOULUE PAR
LA GAUCHE
6.Le rythme des réformes s’est cependant formidablement accéléré en 1995, avec
l’accession au pouvoir du gouvernement de coalition de Gyula Horn. Tout le monde pensait
que ce gouvernement ralentirait, voire abandonnerait, les réformes. Or, le parti socialiste de
M. Horn (MSZP) et l’alliance libérale des démocrates libres (SZDSZ) ont démenti ces
prévisions en entreprenant d’énormes efforts pour moderniser l’Etat hongrois et établir une
distinction plus nette entre ledit Etat et le marché.
7.En mars 1995, le ministre des Finances, M. Lajos Bokros mettait en oeuvre un
programme d’austérité draconien pour réduire les dépenses de l’Etat et de consommation,
s’attaquer radicalement à l’inflation, limiter l’accroissement endémique du déficit des comptes
courants et du recours à l’emprunt extérieur, et donc entraîner une diminution des taux
d’intérêt. Ce programme incluait une politique des revenus et une dévaluation par étapes,
mensuelle et annoncée anticipativement, du forint, afin de permettre au taux de change de
mieux refléter les prix relatifs. Ces douloureuses réformes n’ont pas tardé à produire leurs
effets : la balance des comptes courants s’est améliorée de façon marquée et le niveau de la
dette extérieure a commencé à diminuer. Le déficit des comptes courants pour 1996 a atteint
1,7 milliard de dollars, entièrement couvert par des investissements directs étrangers. En
1995, ce déficit avait atteint 2,5 milliards de dollars, exclusivement couverts par le recours à
l’emprunt. Ces mesures ont ralenti la spéculation sur le forint. La dette extérieure représentait,
fin 1996, 62 % du PIB, contre 71,5% l’année précédente.6
8.La confiance internationale dans l’économie hongroise s’est fortement raffermie et de
récentes émissions de bons du Trésor de la Banque nationale se sont négociées à un taux de
base de 20 points seulement au-dessus du LIBOR (London Inter Bank Offered Rates), alors
qu’il était de 150 points au-dessus du LIBOR l’année passée. 7 Les réserves en devises fortes
ont doublé et sont passées à 12 milliards de dollars entre 1994 et 1995, en raison, dans une
large mesure, des rentrées apportées par la privatisation et de l’amélioration des comptes
courants.8 De 1995 à 1996, les dépenses publiques totales (hors intérêts) en pourcentage du
PIB sont passées de 53 % à 40 % environ9 : une étape importante, mais qui a représenté une
dure épreuve. Le coût de l’unité de travail a diminué de 8,7 % en 1995,10 tandis que les
salaires réels chutaient de 12 %, puis de 4 à 5 % supplémentaires en 1996.11 La diminution
des salaires a, à son tour, fait chuter la demande intérieure de manière spectaculaire, en
6 “Recent economic developments in Hungary”, National Bank of Hungary, Juillet 1997
7 Ibid.
8 Ibid.
9Ibid.
10 "Saving Graces", The Economist, 9 novembre 1996
11 Rencontre de la Sous-commission avec M. Laszlo Akar, 20 mars 1997
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