Comment survivre à la prochaine crise

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Comment survivre à la prochaine crise?
Une nouvelle approche de l’investissement socialement responsable (ISR)
Avril 2011
Sommaire
3
Introduction
5
De la durabilité extra-financière à la durabilité financière
8
Résultats
10 Conclusion
12 Résumé
1. Introduction
Les leçons de la crise
Au-delà des ravages qu’elle aura causés sur l’ensemble du globe, la crise
financière aura apporté deux enseignements importants aux investisseurs
socialement responsables. Premièrement, les portefeuilles en actions investis
selon les principes de l’ISR ont dégagé des performances comparables à celle
du marché et n’ont par conséquent pas offert une protection beaucoup plus
efficace contre les mouvements de baisse. Deuxièmement, les indicateurs
extra-financiers utilisés jusqu’à aujourd’hui n’ont pas permis de détecter ou
de prévenir certaines externalités aux effets particulièrement néfastes pour le
système financier et l’économie dans son ensemble. Le but de cette publication
est donc de tirer les conclusions de ces enseignements et de faire de l’ISR
une stratégie d’investissement plus stable et plus efficace.
Bien que la grande récession, comme certains l’ont appelée, eût de fait accrédité de
nombreux principes chers aux investisseurs socialement responsables, elle n’a pas
vu, comme nous l’avons mentionné, une surperformance financière notable des
portefeuilles ISR. Une étude récemment conduite par l’EDHEC, école de commerce
et de gestion française1, arrive d’ailleurs à la même conclusion. Selon ses auteurs,
même si huit indices ISR sur dix se sont mieux comportés que les indices classiques
entre janvier 2007 et décembre 2009, la différence de performance n’apparaît
pas statistiquement significative. Par ailleurs, sur les 120 fonds verts et ISR pris
en considération, aucun n’a été en mesure de générer une surperformance.
Des risques ESG comptant parmi les causes premières de la crise
Des pratiques commerciales non durables comme l’octroi de crédits à des
personnes n’étant pas en mesure de les rembourser, l’encouragement de prises
de risques excessives motivées par des programmes d’incitation dysfonctionnels
et des standards insuffisants en termes de gouvernance d’entreprise figurent
certainement parmi les facteurs à l’origine de la crise financière. On aurait donc
pu penser que les portefeuilles ISR, précisément construits sur la base de
critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), offriraient une
meilleure protection contre un choc de marché d’une telle ampleur.
Bien sûr, les portefeuilles actions ISR demeurent des portefeuilles actions
avant tout et ne peuvent, par conséquent, demeurer stables alors que le reste
du monde chavire. Néanmoins, l’absence d’écart de performance significatif
suggère que les portefeuilles ISR n’étaient pas moins risqués que les portefeuilles
conventionnels. Faut-il en déduire que les filtres ESG n’ont pas produit les
résultats attendus? Nous ne le pensons pas.
1
The performance of Socially Responsible Investment
and Sustainable Development in France: An Update
after the Financial Crisis. Noël Amenc and
Véronique Le Sourd. EDHEC 2010.
2
Le paradoxe de la performance ISR ou comment
évaluer et mesurer la performance extra-financière
de l’investissement socialement responsable.
Pictet Asset Management 2008
3
http://www.unpri.org/files/6728_ES_report_
environmental_externalities.pdf
Introduction
Une sélection extra-financière nécessaire...
Si elle est bien effectuée, la sélection de sociétés en fonction de critères ESG
peut diminuer les risques réglementaires et opérationnels et contribuer de
façon quantifiable à l’atténuation des effets externes négatifs qui y sont associés.
Nous avons par exemple pu montrer qu’investir dans des portefeuilles dits
«best-in-class» axés sur l’efficience énergétique et la responsabilité sociale pouvait
sensiblement réduire les émissions de CO2 et créer plus d’emplois par unité de
capital investi qu’un investissement de même montant dans un portefeuille
traditionnel 2. Mais diminuer l’impact environnemental et social des entreprises
n’est pas seulement une cause louable; c’est aussi une condition nécessaire à une
approche ISR crédible. Une étude récente effectuée dans le cadre des Principes
des Nations Unies pour l’investissement responsable (UNPRI) a passé en revue
les 3000 plus grandes sociétés cotées à l’échelle mondiale et estimé leurs seuls
dommages environnementaux à plus d’USD 2 billions par année 3.
De la durabilité extra-financière à la durabilité financière
Résultats
Conclusion
Résumé
3
...mais non suffisante pour prévenir certaines externalités
Cela étant, l’analyse extra-financière ne constitue pas une condition suffisante
pour permettre une stratégie d’investissement véritablement durable. Par le
passé, l’ISR ne s’est ainsi probablement pas assez consacré à l’identification
des sociétés produisant des externalités financières et économiques négatives
majeures. Il n’a pas suffisamment agi pour privilégier les sociétés et promouvoir
les pratiques contribuant à rendre le système économique et financier plus
durable et plus résistant aux chocs.
Selon The Economist,
un emprunteur
américain sur quatre
est «sous l’eau».
Plus de 4 millions de
ménages ont des dettes
totalisant au moins
deux fois la valeur
de leur logement 4
4
4
Les effets externes négatifs sur le système économique et financier causés par
la récente crise financière sont en effet stupéfiants: l’effondrement de l’économie
réelle dû à l’assèchement du crédit, la nécessité de programmes de relance
massifs entraînant une augmentation de la dette publique à la charge des
générations à venir, la perte de millions d’emplois, et un nombre très élevé
de personnes qui ont vu la valeur de leur propriété réduite à néant et qui sont
aujourd’hui confrontées à des saisies.
Economics focus. Drowning or waiving.
The Economist. 23-29 octobre 2010
Un défi pour l’avenir de l’ISR
Ainsi, si l’ISR veut être à la hauteur de son ambition et devenir une stratégie
d’investissement reconnue, il se doit de faire plus pour prévenir ce type de
risque financier et économique. La crise financière a donc, entre autres choses,
soulevé certaines questions quant à l’efficacité et à la légitimité de l’ISR tel qu’il
est pratiqué aujourd’hui. L’approche que nous allons présenter ici cherche à
répondre à ce défi.
Comment survivre à la prochaine crise?
2. De la durabilité
extra-financière à la
durabilité financière
Des notations ESG devenues facilement accessibles
Compte tenu de l’essor de l’investissement durable observé dans la deuxième
partie des années 1990 et de la décennie de consolidation qui a suivi (en termes
de méthodes mais aussi, plus récemment, de fournisseurs de recherche), les
investisseurs et les gérants qui le souhaitent peuvent aujourd’hui se procurer
aisément des informations de durabilité sur les sociétés, que ce soit par le biais
d’unités spécialisées au sein de maisons de courtage sell-side, de fournisseurs
de recherche indépendants ou, comme c’est de plus en plus souvent le cas, via
des agences de recherche financière telles que Bloomberg, Reuters et MSCI. Et
si la recherche ESG actuelle est toujours essentiellement qualitative, évaluant les
politiques et les systèmes de gestion des sociétés par exemple, des approches
plus quantitatives (données relatives à l’empreinte carbone notamment)
gagnent progressivement du terrain.
Des critères ESG offrant une protection contre les risques de réputation...
Les notations ESG indiquent à l’investisseur si une société est bien préparée
pour répondre aux défis de durabilité futurs. Ainsi, une notation ESG élevée
témoigne généralement d’une société bien gérée, peu susceptible d’être mêlée
à des controverses majeures ou d’être confrontée à des risques opérationnels
ou réglementaires significatifs, et donc de compromettre la réputation de l’investisseur ou du gérant. L’application de filtres ESG appropriés peut indiquer
de façon raisonnablement fiable que les titres détenus en portefeuille satisfont
aux critères de durabilité élémentaires. Et en écho à ce que nous disions plus
haut, ces filtres peuvent – s’ils sont bien conçus – également promouvoir de
meilleures pratiques réduisant ou limitant à terme les externalités sociales et
environnementales.
...mais non contre les externalités économiques plus larges
Comme nous le disions plus haut toutefois, aucune donnée empirique ne
prouve que le seul fait de sélectionner et de combiner au sein d’un portefeuille
des sociétés dotées d’une notation ESG élevée puisse protéger les investisseurs
contre une baisse majeure du marché. Par ailleurs, le cadre ESG conventionnel
ne donne pas non plus de «vue d’ensemble», autrement dit d’informations
permettant de mettre l’ISR en lien avec le concept plus large de stabilité
économique et financière.
Quels indicateurs
et quels facteurs faut-il
utiliser pour identifier
les sociétés qui
contribuent le plus à
la stabilité économique?
Introduction
La crise financière a été très instructive à cet égard. Selon nous, l’investissement
durable doit encore explorer un champ totalement nouveau, à savoir celui de
déterminer les indicateurs et facteurs qu’il convient d’utiliser pour identifier
les sociétés qui parviennent à assurer leur survie économique, mais contribuent
également à la stabilité du système économique dans son ensemble. Nous devons
dans ce cadre avoir pour objectif de construire des portefeuilles véritablement
durables qui puissent être plus que des portefeuilles refuges pour les investisseurs
dans les périodes difficiles, tout en promouvant les sociétés les plus susceptibles
de limiter ou d’atténuer les externalités économiques négatives de par leur propre
niveau de stabilité.
De la durabilité extra-financière à la durabilité financière
Résultats
Conclusion
Résumé
5
La quête de «durabilité financière»
Dans cette optique, nous avons passé en revue une multitude de facteurs
d’analyse financière fondamentale censés engendrer des bénéfices et atténuer
les risques pour les entreprises et les investisseurs, ainsi que pour la société
et le système économique dans leur ensemble.
Nous avons ensuite analysé leur performance historique pour ne retenir que
les facteurs qui avaient été associés à des rendements ajustés au risque positifs.
C’est cette caractéristique doublement favorable qui définit selon nous la
«durabilité financière».
Notre recherche dans le domaine de la durabilité financière se poursuit. Il n’y a pas
– et il n’y aura certainement jamais – de liste finie et exhaustive des facteurs avec
lesquels nous travaillons. Nous continuerons plutôt de rechercher et d’évaluer
des critères potentiels de manière à améliorer notre modèle de durabilité
financière. Cela étant, pour donner au lecteur une idée plus précise et plus
concrète de notre approche, nous aimerions mettre en évidence deux facteurs
fondamentaux de durabilité.
Un faible niveau d’endettement, facteur fondamental de durabilité
Bien que nous soyons loin d’un consensus quant à la cause réelle de la crise
financière, il est probablement juste de dire que l’endettement excessif, en
particulier dans le secteur financier, en a été l’un des principaux éléments
déclencheurs. En outre, un endettement élevé entraîne automatiquement une
plus forte volatilité des bénéfices d’une société, et donc de son titre en bourse.
Cette relation peut être particulièrement néfaste en période de récession.
Un endettement excessif ne présente pas seulement un grand risque pour
les sociétés elles-mêmes, mais peut aussi – comme nous l’avons tous vu –
déstabiliser les marchés financiers et, au final, l’économie dans son ensemble.
Ainsi, dans la mesure où il ne concerne pas seulement le risque individuel d’une
société donnée, mais où il s’inscrit dans une perspective sociétale plus large,
un endettement faible ou modéré constitue-t-il un facteur potentiel favorable,
susceptible d’accroître la durabilité financière au sein du système. Autre donnée
particulièrement intéressante pour notre modèle de durabilité, la littérature
financière montre qu’un endettement faible génère en soi de l’alpha5.
5
6
Voir, par exemple: Fama and French,
«The Cross-Section of Expected Stock
Returns”,. Journal of Finance 47, 1992
Une croissance modérée des actifs, autre facteur de durabilité
La croissance du bilan reflète la croissance globale d’une entreprise. Une
croissance stable des actifs peut généralement être associée à un modèle
d’affaires focalisé sur une croissance régulière et organique. Les sociétés qui
recherchent la croissance par le biais de fusions-acquisitions se trouvent quant
à elles souvent confrontées à terme à des problèmes. Opter pour une croissance
externe répond en effet avant tout au désir d’exploiter des synergies, à savoir
rationaliser et éliminer les structures redondantes – ce qui conduit généralement
à des suppressions d’emplois ou à d’autres frictions –, mobilisant des ressources
de gestion précieuses qui pourraient être investies ailleurs. Des taux de croissance
élevés ou très élevés ne sont donc pas compatibles avec l’idéal de la croissance
durable. Ils sont davantage la marque d’une plus grande vulnérabilité et
constituent des signes avant-coureurs d’instabilité en cas de turbulences des
marchés.
Comment survivre à la prochaine crise?
Le plus intéressant, c’est que les investisseurs semblent partager notre point
de vue. Car si les mécanismes exacts font toujours l’objet de débats, un corpus
toujours plus important de données empiriques suggère que les événements
d’entreprises liés à une expansion des actifs (acquisitions, offres publiques
d’actions, offres publiques d’obligations et émissions de crédits bancaires) sont
souvent suivis de périodes caractérisées par des performances anormalement
faibles6. De toute évidence, il s’agit là d’un autre facteur de stabilisation des
systèmes associé à des rendements ajustés au risque plus élevés.
6
Voir par exemple: Cooper et al.: »Asset Growth
and the Cross Section of Stock Returns”, Journal
of Finance 68, 2008
Introduction
Définir et combiner les portefeuilles de facteurs
Tenons-nous-en pour l’heure à ces exemples de facteurs de durabilité financière
et observons ce qui se passe quand ces facteurs sont combinés au sein d’un
portefeuille durable diversifié. Dans cette optique, nous avons construit un
certain nombre de portefeuilles types, reflétant chacun un facteur de durabilité
financière particulier, que nous avons ensuite combinés de manière à obtenir
le meilleur profil de risque/rendement pour les investisseurs.
De la durabilité extra-financière à la durabilité financière
Résultats
Conclusion
Résumé
7
3. Résultats
La vérification de notre hypothèse
Afin de vérifier si l’approche de durabilité financière proposée pouvait
délivrer les résultats souhaités, nous avons simulé la performance de plusieurs
portefeuilles construits de cette manière pour les principaux marchés actions
entre janvier 1999 et fin novembre 2010. La période choisie inclut la phase
finale et l’éclatement de la bulle internet, le marché haussier prolongé de 2003
à 2007 et, surtout, la crise financière et ses conséquences. Elle couvre donc des
environnements de marché particulièrement variés, voire extrêmes.
Partant d’un univers restreint par des critères ISR, nous avons construit
quatre portefeuilles actions responsables – soit un global et trois régionaux
(Monde développé, Europe, Amérique du Nord et Pacifique), puis calculé
leur performance relative cumulée par rapport à leurs indices de référence
MSCI respectifs. Les portefeuilles de facteurs de durabilité ont été calculés
sur une base semestrielle correspondant à un rebalancement semi-annuel 7.
Les portefeuilles de durabilité que nous avons évalués représentent des
portefeuilles d’actions diversifiés, dotés d’une erreur de suivi (tracking
error) d’approximativement 3% par rapport aux indices MSCI sous-jacents.
PERFORMANCE RELATIVE DES PORTEFEUILLES DURABLES (1999-2010)
20%
15%
MSCI Monde, rendements mensuels
10%
5%
0%
-5%
-10%
-15%
Portefeuilles durables
Monde
Amérique du Nord
Europe
Bassin pacifique
-20%
01.1999
01.2000 01.2001 01.2002 01.2003 01.2004 01.2005 01.2006 01.2007 01.2008 01.2009 01.2010
Portefeuilles durables pour les principaux marchés actions par rapport aux indices de référence MSCI classiques
correspondants
La surperformance des portefeuilles durables
Le graphique ci-dessus présente les résultats de notre simulation. Les quatre
portefeuilles durables ont assez largement surperformé leurs indices respectifs
sur la période considérée. A l’exception du portefeuille Amérique du Nord, qui
a accusé un léger repli, les portefeuilles ont affiché des performances en ligne
avec celles du marché au sens large durant la phase finale du boom internet.
Les quatre portefeuilles durables ont en revanche commencé à clairement
dépasser leurs indices respectifs après l’éclatement de la bulle. Il est par ailleurs
intéressant de noter que les portefeuilles ont continué de générer de la valeur
durant la phase de marché haussier qui a suivi jusqu’en 2005, pour marquer
ensuite une performance étale.
Toutes nos simulations
générent une forte
surperformance au
plus fort de la crise
financière
7
8
Seules des informations disponibles, connues,
et publiées au moment de chaque rebalancement
ont été utilisées, ce de manière à éviter toute
subjectivité.
De 2005 au début de la crise financière, ces portefeuilles ont à nouveau évolué
en ligne avec le marché. Puis, les quatres portefeuilles ont affiché des surperformances spectaculaires lors du pic de la crise financière et de la chute des marchés
Comment survivre à la prochaine crise?
qui a suivi la faillite de Lehman Brothers. Ils se sont toutefois inscrits en net repli
(en termes relatifs) durant le fort rebond observé au printemps 2009, mais ils
n’ont cédé qu’une partie de la surperformance accumulée auparavant, résistant
bien mieux à la crise que le marché au sens large. Depuis, les trois portefeuilles
régionaux semblent avoir renoué avec une tendance haussière peu marquée
mais régulière, alors que le portefeuille global dégageait une performance plus
ou moins conforme à celle de l’indice MSCI World.
Une durabilité financière offrant bien plus qu’une protection contre les crises
Selon nous, il convient surtout de souligner le schéma de surperformance
observé, et pas seulement en raison de son rôle protecteur au plus fort de la
crise. Intuitivement, on pouvait penser – ou du moins espérer – qu’un portefeuille
durable axé sur la diminution des risques extra-financiers et financiers montrerait
au final une plus grande résistance face aux chocs du marché. Mais on constate,
et c’est une agréable surprise, que les portefeuilles construits dans une optique
de durabilité financière ont continué d’ajouter de la valeur durant la phase
de marché haussier qui a suivi l’éclatement de la bulle internet et qui s’est
prolongée jusqu’au début de la crise financière.
Notre nouveau concept
de durabilité financière
porte l’espérance
de performances
supérieures plus
importants pour un
risque moindre...
Pourtant, nous ne devrions pas être trop surpris non plus. Nous devons en effet
nous souvenir que lorsque nous avions identifié nos facteurs fondamentaux
de durabilité, nous avions explicitement recherché les facteurs générant de
l’alpha, autrement dit qui avaient, par le passé, produit une performance supérieure à la performance anticipée par la théorie financière. Ainsi, nos résultats
peuvent être interprétés comme une confirmation des conclusions académiques
citées à la section 2 ci-dessus.
Alors que des générations d’investisseurs ont appris et intégré que la surperformance financière ne pouvait découler que de risques élevés, les résultats de
notre simulation suggèrent l’inverse, du moins pour la période prise en compte.
Il apparaît en effet que dans un contexte de durabilité, le «plus» provient du
«moins». Le nouveau concept de durabilité financière semble donc porter
l’espoir de performances supérieures via des investissements moins risqués
(tant sur le plan extra-financier que financier).
Introduction
De la durabilité extra-financière à la durabilité financière
Résultats
Conclusion
Résumé
9
4. Conclusion
Des résultats confirmant notre hypothèse
Nous avons entrepris de créer des portefeuilles ISR non seulement moins
risqués sur la base des critères ESG, mais également plus résilients en termes
financiers classiques, en associant le concept de la durabilité extra-financière
à une approche nouvelle et novatrice que l’on pourrait qualifier de «durabilité
financière». Cette approche se base sur des facteurs fondamentaux pour les
sociétés susceptibles, selon nous, d’atténuer les risques, d’accroître les performances et de réduire potentiellement les externalités négatives sur les systèmes
financier et économique. Les résultats de cette simulation historique, présentés
dans la section précédente, confirment notre hypothèse selon laquelle l’ajout de
facteurs financiers fondamentaux à la série de critères extra-financiers et la
construction de portefeuilles fondée sur ces facteurs peuvent effectivement offrir
aux investisseurs des portefeuilles plus stables, tout en ajoutant de la valeur
financière par rapport à un indice de référence standard.
Une durabilité financière offrant la meilleure «matérialité»
Alors que les «matérialistes de l’ESG» cherchent une surperformance financière
dans les indicateurs ESG, nous préconisons une approche différente en cherchant
la durabilité dans les indicateurs financiers fondamentaux. Selon les «matérialistes
de l’ESG», seuls les critères ESG influençant les résultats des sociétés doivent
être pris en compte. Mais tout analyste financier classique qui se respecte prend
d’ores et déjà en compte l’ensemble des facteurs – financiers, extra-financiers
ou autres – susceptibles d’avoir un impact sur la performance de son investissement.
Par conséquent, rechercher la matérialité dans les critères ESG ajoute peu de valeur
financière et banalise le concept de l’investissement socialement responsable,
qui vise avant tout à mettre des décisions d’investissement en conformité avec
un système de valeurs et à promouvoir des pratiques durables dans le monde
des affaires.
8
Back to Sustainable Development – Or why the
ESG materiality debate misses the point... Viewpoint.
Pictet Asset Management 2006
10
Un véritable filtre ISR devant prendre en compte les externalités
Les analystes financiers savent intégrer ce qui est financièrement pertinent pour
les sociétés qu’ils couvrent, mais on ne peut généralement attendre d’eux qu’ils
étudient le contexte plus large – autrement dit les aspects environnementaux,
sociaux et de gouvernance – de leurs investissements. Ainsi, ils ne prennent
pas en compte les externalités – positives ou négatives – puisque, par définition,
elles n’apparaissent pas dans les comptes des sociétés. Cela relève du champ
de l’ISR ou de la recherche extra-financière. Un filtre ISR crédible doit assurer
en premier lieu que l’univers d’investissement ne contienne pas de sociétés
qui agissent de façon non responsable, qui contribuent à une détérioration
sévère de l’environnement, qui occasionnent des torts sur le plan social ou qui
ébranlent la confiance des marchés financiers en appliquant des normes de
gouvernance d’entreprise insatisfaisantes. Ainsi, le rôle le plus important du filtre
extra-financier doit être d’éliminer les sociétés exposant les investisseurs à des
risques de durabilité potentiellement inacceptables, et de garder celles qui
semblent les mieux armées pour répondre aux grands défis de l’avenir.
Comment survivre à la prochaine crise?
La sélection extra-financière comme condition nécessaire mais non suffisante
Un filtre extra-financier sérieux demeurera donc la pierre angulaire de toute
approche d’investissement durable crédible. C’est là pour nous une condition
nécessaire, mais néanmoins insuffisante, à une stratégie d’investissement
véritablement durable. Ajouter de la durabilité financière à l’équation ne
dilue donc, ni ne pervertit, la durabilité initiale de l’univers d’investissement
circonscrit. Au contraire. Cela apporte une autre dimension, largement négligée,
à l’analyse ESG traditionnelle (à savoir les externalités négatives sur les marchés
financiers et l’économie), tout en permettant en même temps la construction
de portefeuilles d’investissement à la fois plus résistants aux chocs et plus
performants.
Introduction
De la durabilité extra-financière à la durabilité financière
Résultats
Conclusion
Résumé
11
5. Résumé
Notre approche:
chercher la durabilité
dans les fondamentaux
financiers
Au vu des résultats
obtenus, combiner
durabilité extrafinancière et financière
pourrait susciter
une adhésion beaucoup
plus large aux stratégies
d’investissement
durable.
Les approches de l’investissement socialement responsable existantes
n’ont pas offert aux investisseurs une meilleure protection contre la baisse du
marché durant la crise financière, et n’ont pas accordé suffisamment d’attention
à certaines externalités financières et économiques particulièrement négatives
qui ont contribué à sa gravité. Eliminer les risques environnementaux, sociaux
et de gouvernance nous apparaît toujours en soi une condition nécessaire
mais non suffisante à une stratégie d’investissement véritablement durable.
Pour que l’ISR survive et devienne une stratégie d’investissement de premier
plan, au-delà de sa niche actuelle, il devra offrir à l’avenir de la durabilité et
des rendements ajustés au risque plus élevés. Dans ce but, nous cherchons
la durabilité dans les fondamentaux financiers des sociétés. Pour cela, nous
identifions et analysons les facteurs qui rendent les sociétés plus stables et
pérennes, et contribuent ainsi à l’équilibre des marchés financiers et de l’économie
dans son ensemble. Nous privilégions les facteurs de durabilité financière
affichant les meilleures caractéristiques historiques en termes de risque/rendement.
C’est ce que nous appelons l’approche de «durabilité financière».
Nous construisons ensuite des portefeuilles exprimant ces facteurs de durabilité
financière, et utilisons ces «portefeuilles de facteurs» pour construire un
portefeuille global et trois portefeuilles régionaux actions. Nous analysons la
performance relative de ces portefeuilles intégrant la durabilité financière par
rapport à leurs indices de référence MSCI respectifs sur la dernière décennie.
Les résultats sont encourageants et confirment nos hypothèses selon lesquelles
des portefeuilles construits dans une perspective de durabilité financière
peuvent offrir une meilleure résistance face aux baisses de marché et tendent
à surperformer dans la plupart des environnements. Permettre aux portefeuilles
axés sur les facteurs ESG d’offrir une plus grande durabilité financière ouvre
des perspectives intéressantes, et la promesse de risques moindres et de
performances plus élevées (tant en termes financiers qu’extra-financiers) semble
enfin à portée de main.
Auteurs:
Christoph Butz
Laurent Nguyen
Définition de Pictet Asset Management («PAM»): Aux fins du présent document, Pictet Asset Management désigne l’ensemble des filiales
et départements opérationnels du groupe Pictet liés à la gestion institutionnelle: Pictet Asset Management SA, société suisse enregistrée
auprès de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), Pictet Asset Management Limited, société britannique autorisée
et régulée par la Financial Services Authority, et Pictet Asset Management (Japan) Limited, société japonaise régulée par la Financial Services
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12
Comment survivre à la prochaine crise?
Pictet & Cie
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