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Au contraire de cette France parfois caricaturée en Amérique, le Français n’est pas
fâché avec l’entreprise, pas plus qu’avec l’économie. Mais il appréhende parfois mal
les deux et leurs interactions, celles de l’entreprise au cœur de l’économie.
Je vais donc illustrer l’attention qu’il faut porter à l’entreprise dans la situation
économique actuelle, d’une part, puis l’importance d’une meilleure pédagogie de
l’économie et de l’entreprise, d’autre part.
Quand on résume la situation économique actuelle, notamment française, on
retrouve l’entreprise partout : d’abord, dans la panne d’investissement ; ensuite,
dans la question du financement ; enfin, au cœur des réformes structurelles.
La panne d’investissement, tout d’abord.
Une des manifestations de la Grande Récession dont nous sortons à peine -la pire
crise que le monde ait connue depuis la Grande Dépression des années 30- a été non
seulement la chute de l’investissement des entreprises mais aussi la lenteur de sa
reprise actuelle. Plus que la consommation des ménages, c’est l’investissement qui
défaille. Pendant la crise, la chute de ce dernier a été telle que des machines n’ont
pas été remplacées pendant longtemps et que des chômeurs de longue durée se sont
retrouvés déqualifiés ; ils ont donc beaucoup de mal à retrouver aujourd’hui un
emploi.
Et, en sortie de crise, l’investissement n’est pas encore reparti, ou si lentement que
la reprise n’est pas tirée par son fameux effet « accélérateur ». Autrement dit, la
croissance potentielle, qui combine les facteurs « capital » et « travail », a décroché
durablement. De la production a été perdue ; et son rythme de progression parait
devoir être plus lent qu’auparavant ; et ce, pendant longtemps.
Le financement des entreprises, ensuite : c’est le sujet de votre 2ème table ronde.
Si le crédit aux ménages s’est toujours maintenu, celui aux entreprises avait baissé ;
et s’il progresse actuellement en France, il décroît encore en Italie et en Espagne.
Surtout pour les PME, que nous suivons de près à la Banque de France car elles
n’accèdent pas au financement obligataire ; autrement dit : elles ne peuvent pas, ou
peu, faire appel aux marchés en substitut aux crédits des banques, comme le font les
grandes entreprises.