Belgacom en 1995, La Sabena en 1995, le Crédit communal en 1996, Cockerill Sambre en 1998, la
Poste
. Il est à noter que toutes les privatisations en Belgique ont été menées par des
gouvernements au sein desquels siégeait le PS. Dans les années 80, 40 % du système bancaire était
public et coopératif. Bien avant la crise bancaire, les banques ont été reprises par le privé au nom de
la « consolidation stratégique » avec, quelques années après, leur sauvetage par les pouvoirs publics.
Avec les effets désastreux que l’on connaît pour la dette publique.
Rôle de l’Europe
La notion même de service public ne fait pas l’objet d’un consensus entre États. Elle peut désigner
des services offerts au public, fournis par un organisme public ou soumis à une obligation de service
public dans l’intérêt général. L'organisation du service public relève des États, des régions ou des
collectivités locales mais pas de l’Union Européenne. Il s’agit de compétences nationales. Ces
dernières sont, cependant, soumises à la pression de la Table ronde des industriels. Depuis l’Acte
unique de 1986, l’Union européenne encourage et organise la libéralisation et, à terme, la
privatisation des services publics dont l’existence serait contraire au principe de libre concurrence.
L’Union européenne s’est donnée comme mission de contribuer à la libre circulation des services, à
la réalisation du marché unique intérieur et à l’amélioration de l’efficacité des services (sous-
entendu, le privé est plus efficace).
Il est intéressant de noter que le financement d’entreprises de services publics constitue une matière
d’intérêt communautaire au nom de la lutte contre toute distorsion de la concurrence. La législation
européenne interdit la subsidiation croisée
et limite ainsi la mise en œuvre de la péréquation. On ne
peut plus financer l’égalité de traitement grâce à un secteur plus rentable de la même entreprise
publique. Pour avancer dans l’élargissement de l’économie de marché, l’Union européenne met en
avant les coûts et les déficits des services publics mais jamais sa contribution au PIB (environ 50% en
Europe) et son rôle dans le développement de la part privée du PIB.
Yann Le Galès, rédacteur en chef adjoint au service économie du Figaro, un quotidien pourtant
d’orientation plutôt libérale, n’hésite pas à mettre en évidence le formidable rôle de « catalyseur de
croissance » rempli par les services publics. « En Europe, la gamme de services fournie est la plus
étendue au monde. Elle a un prix, le niveau des impôts, également parmi les plus élevés et orienté à la
hausse. Dans un contexte de concurrence internationale, ce « prix » n’est acceptable pour les
entreprises que si la valeur ajoutée de ces services (formation, éducation, assurance maladie ou aides
de financement à l’exportation) est du même niveau et adaptée aux besoins des entreprises. »
BONFOND Olivier, Et si on arrêtait de payer ?, éd. Aden, 2012, p 40.
La subsidiation croisée est la subsidiation d'activités moins rentables par d'autres qui le sont plus.
Typiquement, la plupart des réseaux de téléphonie européens ont longtemps proposé des tarifs intérieurs
relativement faibles en se rattrapant sur les communications internationales. Les règles européennes et la
concurrence internationale tendent à interdire la subsidiation croisée.
LE GALÈS Yann, Evaluer les services publics pour mesurer leur efficacité, décembre 2012.
Site web sur INTERNET : http://blog.lefigaro.fr/legales/2012/12/leurope-et-la-croissance-ge.html
L’auteur est rédacteur en chef-adjoint au service économie du Figaro. Il est proche de l’European Round Table
(Table ronde des industriels européens) et d’autres lobbies patronaux.