Centre d’Etudes de Politiques pour le Développement
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d’épargnants venus retirer leur argent en catastrophe
aient fait le tour du monde. En France, BNP-Paribas a
été obligé de fermer plusieurs de ses fonds. La Société
Générale a annoncé une dépréciation de 2 milliards
d’euros suite à cette crise. Les marchés financiers in-
ternationaux par l’effet de contagion, ont, eux aussi,
subi les effets de la crise. Des indices boursiers,
comme le CAC40 de la bource de Paris par exemple,
ont perdu 1000 points soit 20% de leur valeur.
La généralisation de la crise
Au-delà de la chaîne des effets directs (insolvabilité
des emprunteurs subprime, faillite des sociétés de cré-
dit spécialisées, pertes de la part des grandes banques
qui les détenaient ou travaillaient avec elles), l’essen-
tiel des effets de la crise des subprimes est indirect.
En effet, partant des ménages dont les maisons ont été
saisies, la crise a remonté progressivement la chaîne :
les prêteurs hypothécaires spécialisés, les banques, les
rehausseurs de crédits, puis les agences gouvernemen-
tales américaines chargées de refinancer les crédits im-
mobiliers, Freddie Mac et Fannie Mae. Cette
généralisation de la crise s’est faite à travers différents
mécanismes.
La transmission de la crise par la titrisation
Le premier canal de transmission de la crise des Etats-
Unis aux autres économies a résidé dans le phénomène
de la titrisation de créances. La titrisation est un instru-
ment de financiarisation de marchés tels que le marché
immobilier. La titrisation a porté à l’origine sur des
prêts immobiliers, puis s’est étendu aux prêts à la
consommation et aux crédits commerciaux. Une telle
titrisation s’opère en regroupant un portefeuille de
créances de nature similaire (prêts immobiliers, prêts à
la consommation,...) que l’on cède alors à une structure
ad hoc (fonds d’investissements classiques, fonds spé-
culatifs, etc.) qui en finance le prix d’achat en plaçant
des titres auprès d’investisseurs. Les titres (obligations,
billets de trésorerie) représentent chacun une fraction
du portefeuille de créances titrisées et donnent le droit
aux investisseurs de recevoir les paiements des
créances sous forme d’intérêts et de remboursement de
principal.
La titrisation peut également viser à ne transférer aux
investisseurs que le risque financier lié aux actifs
concernés, auquel cas les actifs ne sont pas vendus,
mais le risque ou partie du risque est transféré grâce à
une titrisation synthétique. La titrisation est donc pour
les banques et les assurances, mais aussi pour des
émetteurs non financiers, un instrument de gestion de
bilan. Il s’agit d’éliminer du bilan soit des actifs à fai-
ble risque pour les transformer en liquidité, soit des ac-
tifs à haut risque de façon à cantonner la perte.
Le processus de la crise financière
Fannie Mae et Freddie Mac :Fannie Mae (Federal National
Mortgage Association) et Freddie Mac (Federal Home Loan
Mortgage Corporation) sont des agences de refinancement
hypothécaire. Ce sont deux sociétés privées, qui ne sont pas
liées formellement à l'Etat américain mais qui disposent
d'une ligne de crédit garantie par ce dernier. Cette facilité
leur permet d'emprunter de l'argent sur le marché à des taux
bien plus faibles qu'une banque. Elles achètent ainsi aux
banques les prêts immobiliers qu'elles ont consentis aux par-
ticuliers et les revendent ensuite à des investisseurs institu-
tionnels.
Les banques dégagent ainsi des liquidités qui leur permettent
d'effectuer de nouveaux prêts, contribuant ainsi au dyna-
misme du marché immobilier. Fannie Mae et Freddie Mac
détiennent ou garantissent ainsi plus de 40% des prêts im-
mobiliers accordés aux Etats-Unis. Les deux groupes assu-
rent depuis quarante ans la fluidité du marché du crédit
immobilier américain et ont permis de faciliter l'accès à la
propriété de la classe moyenne américaine.
Subprimes : Le marché des « subprimes » est constitué de prêts
risqués qui peuvent être hypothécaires (gagés sur l’immobilier
résidentiel), des cartes de crédit, de la location de voitures et au-
tres, accordés à une clientèle peu solvable ou à l'historique de
crédit difficile. Ce marché s'est largement développé aux États-
Unis à partir de 2001, passant d'un montant de 200 milliards
USD pour les prêts hypothécaires en 2002 à 640 milliards USD
en 2006. Ce montant représentait 23 % du total des prêts immo-
biliers souscrits.
Les emprunteurs à risque peuvent contracter un emprunt immo-
bilier sur ce marché, moyennant un taux d’intérêt révisable géné-
ralement indexé (par exemple sur le taux directeur de la Réserve
Fédérale, la Banque centrale des Etats-Unis), majoré d'une «
prime de risque » (subprime) pouvant être très élevée.
Typiquement, les premières années du prêt (1, 3 ou 5 en général)
sont couvertes par un taux d’intérêt fixe promotionnel qui devient
ensuite variable. Les emprunteurs hypothécaires américains ont
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Bulletin du CEPOD