Madagascar
Madagascar
4Perspectives économiques en Afrique © BAfD, OCDE, PNUD 2016
lutte contre la corruption, qualité des dépenses publiques, gestion des entreprises publiques
Jirama et Air Madagascar, etc.), l’environnement difficile du secteur privé (énergie, sécurité,
arriérés de TVA et de la dette intérieure), combinés aux chocs exogènes (sécheresse dans le sud,
inondations dans le nord, forte baisse des cours des produits miniers et faiblesse de la croissance
en Europe, premier partenaire économique du pays) n’ont pas permis à Madagascar de réaliser
les objectifs du PND pour 2015.
La croissance économique est ainsi restée modeste (3.2 %), à son rythme de 2014 et loin des
performances d’avant la crise mondiale (5.7 % sur la période 2005-08) et de la croissance moyenne
de l’Afrique subsaharienne (estimée à 5 %).
L’un des principaux moteurs de la croissance économique demeure le secteur secondaire
(zones franches industrielles, agro-industrie, industries du bois et métallurgiques, etc.) avec une
croissance en baisse de 4.1 % en 2015 (mais contre 8.5 % l’année précédente). La branche des zones
franches industrielles a connu une croissance de 7.1 %. Quant aux industries extractives, dans
le contexte mondial de baisse des cours des matières premières, leur contribution en valeur a
reculé, avec un taux de croissance sectoriel de 3.3 % contre 25.9 % en 2014. La croissance globale
du pays a été aussi tirée par le secteur tertiaire qui a enregistré une progression de 4.2 % grâce
au dynamisme des banques et des assurances, des NTIC et du BTP lié à la reprise des grands
travaux sur financement extérieur. Suite aux inondations dans le nord de l’île et à la sécheresse
dans le sud, l’agriculture en revanche a affiché une croissance très modeste de 0.7 %, une contre-
performance pour ce secteur-clé pour la réduction de la pauvreté rurale.
L’inflation a été contenue à 7.9 % en 2015, en dessous de la barre des 10 % mais à son niveau
le plus élevé depuis 2011. Le déficit budgétaire s’est creusé pour représenter 4.6 % du PIB, contre
2.3 % en 2014. Le déficit du compte courant s’est également détérioré, passant de 0.2 % du PIB en
2014 à 2.3 % en 2015.
La faiblesse de la croissance, les problèmes de gouvernance et le manque d’investissements
conséquents dans les secteurs sociaux ont entraîné une détérioration des conditions de vie
de la population, avec un taux élevé de pauvreté et de fortes inégalités régionales. La stabilité
macroéconomique reste donc fragile. Par ailleurs, la situation d’insécurité alimentaire demeure
préoccupante. Dans ce contexte, le niveau de développement humain est resté faible. Avec un
IDH de 0.510, le pays se classe au 154e rang du classement des Nations Unies. Parallèlement, la
résilience du pays aux chocs extérieurs s’est affaiblie.
Sur le plan de la demande intérieure, malgré des évolutions politiques positives et la reprise de
l’aide extérieure, l’investissement global, principal moteur de la croissance, n’a augmenté que d’un
point, passant de 15.6 % du PIB en 2014 à 16.6 % en 2015. Cette hausse a été induite principalement
par l’investissement public, grâce à la reprise des projets sur financement extérieurs, tandis que la
contribution de l’investissement privé reste modeste, en raison, notamment, de l’aboutissement
accompli des grands projets miniers et de la détérioration continue de l’environnement des
affaires. La consommation totale, principal moteur de la demande intérieure, a enregistré une
baisse de deux points, passant de 88.7 % du PIB en 2014 à 86.7 % en 2015. La consommation
privée reste plus dynamique que la consommation publique, cette dernière étant contrainte
par la faiblesse des recettes fiscales et des retards dans les décaissements de l’aide publique au
développement (APD).
La croissance économique devrait s’améliorer pour atteindre 4 % en 2016 puis 4.5 % en 2017,
permettant ainsi une réduction progressive de la pauvreté et du chômage, sous l’effet conjugué
des progrès attendus de la gouvernance et d’une relance des investissements publics et privés
dans le cadre de la Conférence des bailleurs, ainsi que du dynamisme espéré de l’agriculture, des
zones franches industrielles, des NTIC, des transports, du tourisme et du BTP.
Un tel niveau de croissance devrait contribuer à réduire la pauvreté et le chômage, sous l’effet
conjugué d’un meilleur environnement politique (il reste fragile), de progrès dans les réformes