Anouk Dancert-Fiche de lecture 1
Ouvrage économie
FICHE DE LECTURE DECONOMIE
HA JOON CHANG, 2 OU 3 CHOSES QUE LON NE VOUS DIT JAMAIS SUR LE CAPITALISME
(Titre original : 23 Things They Don’t Tell You about Capitalism)
Editions du seuil, oct. 2012
Introduction :
Qu’est-ce qui est à l’origine de la crise économique mondiale qui a débuté en 2008 ?
Selon l’auteur, c’est « l’idéologie du marché libre » (se fier totalement au marché en réduisant les interventions de l’Etat, en
accordant le plus de libertés possible aux entreprises) qui gouverne le monde depuis les années 1980 qui a eu des conséquences
néfastes (ralentissement de la croissance, hausse des inégalités, instabilité) dissimulées par une expansion du crédit.
Cet ouvrage n’est pas un manifeste anticapitaliste mais plus une critique de l’idéologie du marché libre. L’auteur veut montrer
que le capitalisme doit être amélioré et qu’il existe des moyens de le faire.
VERITE 1 : LE MARCHE LIBRE, ÇA NEXISTE PAS
Ce qu’on vous dit
Les marchés doivent être libres, parce que quand l’Etat interfère, ils perdent de l’efficacité.
Comme le dit Friedman il faut laisser au gens la « liberté du choix ».
Ce qu’on ne vous dit pas
Les marchés libres n’existent pas car tous les marchés ont des règles et des frontières qui réduisent la liberté du choix. Le degré
de liberté d’un marché ne se définit pas objectivement, mais politiquement.
Le travail doit être libre
En 1819 : Cotton Factories Regulation Act. Nouvelle législation sur les entreprises de coton qui règlement le travail des enfants. Pour les
adversaires de cette loi, elle conteste les fondements mêmes du marché libre (car si les enfants veulent travailler, et les industriels veulent les
employer, ils devraient être libres de le faire).
C’est le cas jusqu’au début du XXème siècle alors qu’aujourd’hui, même les plus ardents défenseurs du libre marché ne contesteraient pas ces
lois.
Cette règlementation fait partie de celles qui aujourd’hui vont de soi mais qui autrefois ont suscité de vives controverses
(comme les premières réglementations environnemental).
Il n’y a aucun moyen objectif de déterminer le degré de liberté du marché. Nous pensons qu’il est libre parce les
règlementations sont devenues pour nous évidentes.
Cordes de piano et maîtres du kung-fu
Les marchés sont suspendus à de nombreuses règles :
- restrictions sur les échanges (drogues), ventes (votes, emplois publics) et demandes d’autorisations pour certains
produits (médicaments)
- restrictions sur les participants au marché : enfants, ceux qui ont une profession influençant les vies humaines ont
besoin d’une licence (médecins, avocats), conditions d’inscription pour les sociétés qui veulent vendre des actions en bourse,
montant de capital minimum pour ouvrir une banque…
- Les conditions du commerce sont spécifiées.
- Processus d’échange réglementé : responsabilité des produits défectueux, non-livraison, défaut de paiement sur un
prêt
Deux ou trois choses que l’on ne vous dit jamais sur le capitalisme, H.J. Chang
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- La localisation des activités de vente est soumise à autorisation : restrictions sur la vente de rue
- Réglementation des prix : contrôle de loyers, salaire minimum ;
dans les pays riches, les salaires sont déterminés par le contrôle de l’immigration : sans contrôle politique, le libre marché du
travail remplacerait jusqu’à 90% des travailleurs du pays par des migrants à MO bon marché ; dans la plupart des pays, les taux
d’intérêts sont fixés par la Banque Centrale.
Le libre-échange est-il juste ?
Nous voyons une réglementation quand nous ne partageons pas les valeurs morales qui la sous-tendent :
aux EU, le commerce international de la Chine est libre mais pas juste (salaires très bas et conditions de travail inhumaines) donc la concurrence
est déloyale.
Les chinois pourraient considérer qu’il est injuste que les pays riches posent des barrières aux exportations chinoises, tout en prônant le libre
échange.
L’affrontement sur le juste échange est fondamentalement une question de valeurs morales et de décisions politiques.
Je crois que nous ne sommes même plus en France
En juillet 2008, le gouvernement américain a injecté 200 milliards de dollars dans deux compagnies de prêts immobiliers et les a nationalisées.
On a accusé le gouvernement d’agir comme dans un pays « socialiste », alors que pour G. W. Bush, même dans le libre marché l’Etat peut
intervenir lorsque c’est nécessaire.
Ce qui est une question d’opinion.
Les frontières du marché sont donc ambiguës, ne peuvent pas être déterminées objectivement : l’économie ne peut pas être
assimilée à une science comme la physique, c’est une activité politiques.
Les économistes ne s’appuient donc pas sur des vérités objectives, mais aussi sur des motivations politiques.
VERITE 2 : IL NE FAUT PAS GERER LES ENTREPRISES DANS LINTERET DES ACTIONNAIRES
Ce qu’on vous dit
Comme les actionnaires sont les propriétaires des entreprises, elles doivent être gérées dans leurs intérêts.
Leurs revenus sont variables (si l’entreprise fait faillite ils perdent tout), donc ils sont mieux placés pour assurer le succès de
l’entreprise.
Ce qu’on ne vous dit pas
Les actionnaires sont les propriétaires mais ils sont aussi très mobiles donc ils ne sont pas vraiment soucieux de l’avenir de
l’entreprise à long terme : ils maximisent leur profit à court terme ce qui affaiblit les perspectives d’avenir de l’entreprise.
Le capitalisme défendu par Karl Marx
La responsabilité limitée(ou par actions) : si l’entreprise fait faillite, ses investissements ne perdront que ce qu’ils y auront
investi.
Avant son invention (au XVIème siècle), l’entrepreneur qui commençait une activité commerciale risquait tout (biens personnels
et liberté personnelle), et à ses débuts les Etats elle n’était accordée qu’aux très grandes entreprises d’intérêt général.
Pour Marx : elle allait permettre la mobilisation des gros capitaux dont avaient besoin les industries émergentes et réduisait les
risques pour les investisseurs individuels.
La mort de la classe capitaliste
Elle a donc accéléré l’accumulation du capital et le progrès technologique à la fin du XIXème et au début du XXème. Le
capitalisme s’est transformé, et même si certains ont eu peur que les entrepreneurs prennent trop de risques, ils ont pu voir que
les entrepreneurs charismatiques et visionnaires qui savaient faire les bons choix. Ceux-ci seront très vite remplacés par une
nouvelle classe de managers professionnels, des bureaucrates de carrières, ce qui inquiète car ils ont tendance à gérer les
entreprises selon leurs intérêts à eux et non pas ceux des propriétaires légaux : les actionnaires.
Deux ou trois choses que l’on ne vous dit jamais sur le capitalisme, H.J. Chang
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Selon de nombreux économistes (comme Schumpeter), l’ascension de ces bureaucrates est incontournable, il faut donc s’y
adapter en les poussant à maximiser le profit. Ce qu’ils n’ont jamais réussi à faire.
Saint-Graal ou Sainte-Alliance
Dans les années 1980, on invente le « principe de la maximisation de la valeur pour l’actionnaire », donc la rémunération des
managers dépend des sommes qu’ils parviennent à distribuer aux actionnaires, ce qui maximise les profits et réduit les coûts.
Les managers s’identifient aux intérêts des actionnaires. Ce système était au début très efficace puis la part du profit a beaucoup
augmenté, les PDG sont de mieux en mieux rémunérés alors que les autres parties prenantes de l’entreprises sont niées, les
emplois, le salaire et les avantages sociaux diminués. Le pire, c’est que cette maximisation de la valeur pour l’actionnaire n’est
pas bonne pour l’entreprise car pour augmenter le profit elle doit réduire ses dépenses (licencier, et moins investir).
Toutes ces mesures réduisent les perspectives d’avenir de l’entreprise et n’agissent qu’à court terme.
L’actionnaire est le plus mobile et qu’il lui suffit de vendre des actions pour quitter l’entreprise, alors que le personnel qui a
probablement acquis une compétence spécifique ont plus d’intérêt à la viabilité à long terme, c’est pourquoi maximiser la valeur
pour l’actionnaire n’est pas une bonne chose pour l’entreprise.
L’idée la plus bête du monde
Pour pallier au risque de la responsabilité limitée et aux actionnaires trop mouvants, les pays riches ont cherché à mettre en
place un bloc de parties prenantes à long terme. Ce qui montre bien que la « valeur pour l’actionnaire » est « l’idée la plus bête
du monde » (selon Jack Welch), puisqu’elle réduit l’efficacité et l’équité de l’entreprise jusqu’au niveau national.
VERITE 3 : LA PLUPART DES HABITANTS DES PAYS RICHES SONT SURPAYES
Ce qu’on vous dit
Chacun est rémunéré en fonction de sa productivité. Tenter d’agir là-dessus (salaire minimum) réduit l’efficacité et rétribue les
talents et les efforts de chacun, seul le marché libre du travail est efficace et juste.
Ce qu’on ne vous dit pas
La raison principale des écarts de salaire entre pays riches et pays pauvres n’est pas la productivité mais le contrôle de
l’immigration. Ce qui appauvrit les pays pauvres ce sont les riches qui ne peuvent pas être aussi compétitifs que les travailleurs
des pays riches, et qui ne laissent pas la possibilité aux pauvres d’essayer de l’être.
Aller tout droit ou esquiver la vache (et le pousse-pousse)
Un chauffeur de bus suédois est payé cinquante fois plus qu’un chauffeur de bus indien, alors que si on considère que l’indien roule chaque jour
dans des conditions plus dangereuses et risquées qui demandent plus de compétence qu’en Suède, le chauffeur indien devrait être mieux payé
selon la logique du marché libre. Ce n’est pas le capital humain qui explique cette différence de rémunération, mais le fait qu’en Suède
l’immigration est contrôlée. Si ce n’était pas le cas, de nombreux indiens pourraient remplacer les chauffeurs suédois, et se contenteraient d’un
revenu bien inférieur.
L’éléphant dans la pièce
Le contrôle de l’immigration montre l’inexistence du marché libre. Ce qui est paradoxal, c’est que les économistes libéraux ne
demande pas l’abolition du contrôle du marché au nom du marché libre, les limites du marché se déterminent donc
politiquement.
Et si le contrôle de l’immigration est une bonne chose pour le pays, les pays riches contribuent néanmoins au drainage des
cerveaux en choisissant les migrants les mieux qualifiés, qui pourraient contribuer d’avantage au développement de leur pays
s’ils y restaient.
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Les pays pauvres sont-ils pauvres à cause de leurs pauvres ?
La pauvreté des pays pauvres ne vient pas des pauvres, car ils sont environ autant productifs que leurs homologues des pays
riches, mais des riches eux-mêmes car ceux-ci sont moins qualifiés et moins productifs que dans les pays riches (ingénieurs,
scientifiques).
Il ne faut pas omettre que cette différence s’explique également par la différence de performance des technologies, de
l’organisation meilleure des entreprises…etc.
VERITE4 : LA MACHINE A LAVER A CHANGE LE MONDE PLUS QUINTERNET
Ce qu’on vous dit
La révolution récente des technologies de communication (internet) a supprimé les distances et les frontières du monde ce qui
demande aux pays, entreprises et même aux individus de suivre le mouvement, d’être de plus en plus flexibles, il faut donc
libéraliser d’avantage les marchés.
Ce qu’on ne vous dit pas
Les changements les plus récents ne sont pas nécessairement les plus révolutionnaires. En termes relatifs, les technologies de la
communication sont moins révolutionnaires que la télégraphie câblée de la fin du XIXème siècle. Et l’invention d’internet n’a pas
été plus importante que celle de la machine à laver et des autres produits ménagers.
En Amérique Latine, tout le monde a une femme de ménage
On emploie plus de femmes de ménages dans les pays pauvres que dans les pays riches. Ce qu’il faut noter, c’est que le pourcentage des actifs
qui travaillent comme domestiques est le même dans les pays pauvres qu’autrefois dans les pays riches. Cela s’explique par l’augmentation du
coût de ce service dans les pays riches, qui devient un service réservé aux plus riches, alors que dans les pays pauvres il reste bon marché.
L’avènement de la machine à laver
L’apparition des appareils électroménager, de l’au courante, du gaz de ville a transformé les façons de vivre et a permis aux
femmes de gagner énormément de temps sur leurs tâches ménagères. Un plus grand nombre de femmes est donc entré sur le
marché du travail, les emplois domestiques ont diminué et une part plus grande d’investissement a été utilisée pour l’éducation
des filles.
La machine à laver bat internet
Malgré ce que l’on peut penser, l’impact d’internet n’a pas été aussi fondamental. Il n’a pas eu d’impact comparable sur la
productivité globale et ce même si l’on considère l’impact immédiat. Il faudra néanmoins refaire la comparaison car internet a
moins vécu que la machine à laver.
Internet battu par le télégraphe
Si on compare le temps gagné pour l’envoi d4un message par le télégraphe avant son invention, et celui gagné par internet, ce
dernier est moins important (malgré le nombre de choses supplémentaires que l’on peut faire avec). On surestime son impact
parce qu’il nous touche.
Mettre en perspective les changements
Cette surestimation engendre des erreurs :
- cela pousse les grandes puissances à imaginer à négliger de plus en plus leurs industries, ce qui a de lourdes
conséquences pour leur économie ;
- ils ont fait des dons aux pays pauvres pour qu’ils achètent du matériel informatique alors que ça n’était pas leur besoin
fondamental ;
- les Etats sont convaincus qu’ils vivent dans un monde sans frontières et réduisent donc les réglementations sur les flux
transfrontaliers alors que les degrés de mondialisation ne sont pas déterminés par la technologie, mais par la politique.
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VERITE 5 : SI LON PRETE AUX GENS LES PIRES INTENTIONS, ILS FERONT LE PIRE
Ce qu’on vous dit
« Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à la recherche de
leur propre intérêt. » Adam Smith
Le marché permet aux individus qui ne pensent qu’à eux d’œuvrer pour l’harmonie sociale. Pour construire un système
économique durable, nous devons prêter aux gens les pires intentions.
Ce qu’on ne vous dit pas
Il y a certes une grande part d’égoïsme en chacun de nous mais c’est loin d’être notre motivation première sinon le monde serait
paralysé. Même si nous sommes tous intéressés, nous devons concevoir un système économique qui exploite d’autres
motivations humaines pour tirer de nous même ce que nous avons de meilleur.
Comment (ne pas) gérer une entreprise
Il est impossible de gérer une entrepris en estimant que chacun agit seulement pour son profit, c’est pourquoi l’intervention
peut avoir un rôle positif dans l’entreprise.
Bouchers et boulangers égoïstes
Les agents ne peuvent pas être seulement intéressés par leur profit, comme le disent les économistes libéraux. Si c’était le cas, par
exemple un ouvrier chercherait à ne rien faire, et dans la réalité s’il agit comme ça il se fait remplacer.
Nous ne sommes peut-être pas des anges, mais…
Evidemment, dans la vie réelle on rencontre de nombreuses situations dans lesquelles les individus recherchent l’intérêt
personnel, mais ce n’est pas la seule motivation, d’autres pèsent parfois plus lourd pour déterminer nos comportements. Plus
les dirigeants accordent confiance et responsabilité à leurs ouvriers, et plus ceux-ci seront motivés et feront preuve de bonne
volonté (système toyotiste).
Le comportement moral est-il une illusion d’optique ?
Selon les économistes, on a parfois l’impression que le comportement est moral mais c’est une illusion qui cache les intérêts que
l’individu obtient lorsqu’il agit de cette façon. Ce n’est pas le cas. Lorsque l’individu agit « bien » c’est qu’il pense vraiment que
c’est le meilleur choix. Les mécanismes de récompense et de sanctions comptent mais n’expliquent pas la majorité des
comportements non égoïstes.
VERITE 6 : LES POLITIQUES DE STABILISATION MACROECONOMIQUE NONT PAS RENDU LECONOMIE MONDIALE PLUS STABLE
Ce qu’on vous dit
On a réussi à faire disparaître l’inflation en se montrant plus dur à l’égard du déficit budgétaire des Etats et parce que de
nombreuses entreprises sont devenues indépendantes. La stabilité économique est nécessaire à la croissance, donc cette
victoire sur l’inflation permettra une prospérité à long termes.
Ce qu’on ne vous dit pas
L’inflation a peu être été domptée mais l’économie mondiale est devenue plus chancelante et instable (crises).
C’est là que se trouve l’argent : pas si sûr ?
Après la Première Guerre mondiale, l’Allemagne a connu une longue période d’hyperinflation qui l’a traumatisé pendant près d’un siècle (les
prix avaient été multipliés par dix milliards entre janvier et novembre 1923).
L’inflation est-elle le mal absolu ?
L’hyperinflation fait augmenter les prix d’une façon extravagante, et est souvent à l’origine de désastres politiques (A. Hitler par
exemple), elle n’est donc pas souhaitable. Mais inflation n’est pas toujours synonyme d’hyperinflation, en fait en dessous d’un
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