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La tension qui caractérisait les marchés émer-
gents s’est sensiblement relâchée vers la fin de l’année
grâce à trois principaux facteurs. Premièrement, les
autorités monétaires des économies avancées, suivant
en cela l’exemple des Etats-Unis, ont réduit leurs taux
d’intérêt. Deuxièmement, les autorités japonaises ont
proposé un train de réformes crédible permettant de
faire face aux difficultés actuelles, principalement dans
le secteur bancaire. Le renforcement du yen a ainsi fait
reculer l’éventualité d’une nouvelle série de dévalua-
tions monétaires en Asie. Troisièmement, la commu-
nauté internationale a réussi à coordonner un vaste ef-
fort visant à soutenir l’ajustement financier au Brésil.
Les catastrophes naturelles
Les catastrophes naturelles ont encore ajouté aux diffi-
cultés qu’ont connues de nombreux pays de la région.
En particulier, le cyclone Mitch a laissé un sillage de
destruction en Amérique centrale, principalement au
Honduras et au Nicaragua. Le cyclone Georges a ra-
vagé la République Dominicaine et, sur une période
plus longue, El Niño a frappé une grande partie de
l’Amérique du sud, en particulier les pays andins. Outre
leur lourd bilan en vies humaines, ces catastrophes ont
détruit l’infrastructure et ravagé la production de vastes
régions de ces pays.
Les conséquences et la réponse
de l’Amérique latine
Ces phénomènes extérieurs ont porté un coup sévère à
l’Amérique latine, la baisse des prix de ses exportations
combinée à une diminution de son accès à des finance-
ments extérieurs ayant pesé lourdement sur ses réserves
internationales, ses taux de change et ses taux d’intérêt
intérieurs.
Les principales exportations de la région, notam-
ment le pétrole, le cuivre et le café, ont enregistré de
fortes baisses de leurs cours, entraînant une diminution
de la valeur unitaire de ses exportations estimée à 5,2 %.
Les pays les plus durement touchés ont été le Venezuela
et l’Equateur, où le solde des opérations courantes a
accusé une variation d’environ 6 % du PIB, en grande
La crise financière mondiale de 1998 ne peut se compa-
rer par son ampleur et sa trajectoire qu’à celle des an-
nées 1930. La crise, qui avait éclaté en Asie au milieu de
1997, s’est étendue à la Russie en août 1998, avec de
graves répercussions sur les marchés boursiers des Etats-
Unis et de la plupart des pays d’Amérique latine. La con-
tagion s’est propagée lorsque d’importants investisseurs
internationaux qui avaient investi en Russie ont accusé
une lourde perte de capital qui les a contraints à liquider
d’autres investissements sur les marchés émergents. Ce-
pendant, la crainte que les pertes de liquidité ne s’éten-
dent encore davantage a pu être dissipée grâce à des
décisions opportunes sur plusieurs fronts.
Premièrement, la Réserve fédérale des Etats-Unis
a annoncé trois réductions consécutives des taux d’inté-
rêt intérieurs, favorisant ainsi une expansion de la liqui-
dité qui a permis de mettre fin aux déclins des places
boursières des Etats-Unis. Par la suite, cette décision a
incité plusieurs pays européens à réduire leurs taux d’in-
térêt d’une façon coordonnée.
Deuxièmement, la Banque interaméricaine de dé-
veloppement, le Fonds monétaire international, la Banque
mondiale, ainsi que les membres du G-7, ont pris rapi-
dement des mesures pour étendre la liquidité interna-
tionale au Brésil. Un montage financier de 41,5 milliards
de dollars a été établi à l’appui de plusieurs réformes au
Brésil, renforçant ainsi les réserves internationales de ce
pays. Enfin, plusieurs pays ont pris des mesures décisives
pour renforcer leurs lignes de défense contre les pénu-
ries de liquidité internationale. L’Argentine a élargi et amé-
lioré son programme de rachat, et le Mexique a obtenu
accès à une ligne de crédit conditionnelle. Toutes ces ini-
tiatives ont pour caractéristique commune l’engagement
préalable d’investisseurs privés internationaux à fournir la
liquidité si le pays en avait besoin pour empêcher toute
attaque contre son système financier ou sa monnaie.
Comme, par leur existence même, ces dispositifs d’inter-
vention sont destinés à décourager de telles attaques, ils
font office d’assurance liquidité, plutôt que de véritable
source de crédit. Ces dispositifs et d’autres garantissent
l’accès à la liquidité internationale et peuvent prévenir le
danger que le manque de liquidité ne dégénère en une
crise financière ou une crise de change véritable.
Comment prévenir le manque de liquidité?
Encadré 1