La Bourse ne baisse pas toujours pendant
les récessions
JDF | 17.10.2008 | Mise à jour : 09H06
Après un recul de 43% depuis le début de la crise, le Cac
40 a-t-il intégré le risque de récession ? Eléments de
réponse selon une approche purement statistique.
Crise de 1929, dépression, récession, ces mots sont désormais sur toutes les lèvres.
Les signaux de ralentissement de l'économie mondiale se sont multipliés ces
derniers mois : chute historique du marché de l'emploi, consommation en berne,
chute du moral des ménages, resserrement des conditions de crédit et de
l'investissement… De l'aveu même du gouvernement français, il faut s'attendre à des
mois difficiles. On a coutume de dire que les marchés boursiers anticipent les cycles
économiques. Alors, après une chute de 43% depuis l'avènement de la crise des
"subprime" en juillet 2007, la bourse a-t-elle déjà intégré ces données, où faut-il
craindre une nouvelle chute des cours ?
Une étude historique réalisée sur le Dow Jones depuis sa création permet de
combattre les idées reçues. Au cours du 20
ème
siècle, le Dow Jones a traversé 17
phases de récession de l'économie américaine. Durant ces périodes plus ou moins
longues, l'indice a baissé dans moins de 50% des cas. Mais surprise, il a également
progressé dans 47% des cas. Une seule fois, il est resté stable. Transposée sur le
Cac 40, cette approche purement statistique montre que l'on aurait autant de
chances de baisser que de monter, si la France basculait en récession.
Il faut cependant nuancer le résultat de cette étude. D'abord, on constate qu'en
moyenne depuis un siècle, l'ampleur des baisses de l'indice Dow Jones est plus
faible (20%), que celle des hausses (+64% en moyenne). Ensuite, il faut bien garder
en tête la grande dépression de 1929, à laquelle tout le monde se réfère en ce
moment, et qui a "rincé" tous les actionnaires, avec une baisse du Dow Jones de
84% pendant la période.
Enfin, dans de nombreux cas où la récession s'est traduite par une baisse, on
observe une forte hausse du Dow Jones dans les mois ou les années précédents la
récession. Ainsi lors de la panique des banquiers en 1907, le Dow Jones avait connu
une période de trois ans d'expansion durant laquelle il avait doublé sa valeur. Même
constat pour les huit ans qui ont précédé la crise de 1929, où le Dow Jones avait vu
sa valeur multipliée par cinq. Idem pour la mini-récession de 1957-1958. Le Dow
Jones avait connu dans les trois années précédentes, une hausse quasi
ininterrompue, durant lesquelles sa valeur avait quasiment doublé. Tout cela n'a rien
de surprenant quand on connait l'évolution cyclique des marchés boursiers.
Au début des années 1900, l’économie américaine est fortement liée à l’agriculture. Ainsi, la
ville de New York fixe des taux d’intérêts élevés afin de maintenir les capitaux en ville. En
1906, l’envol de capitaux vers la ville de San Francisco après le tremblement de terre et vers
le Royaume-Uni fragilise l’économie américaine, ainsi que la Bourse. La panique va avoir
lieu suite à la chute spectaculaire d’un certain Heinzes ayant spéculé à la hausse sur les
actions d’une société. Ayant pour cela mis en place un montage «ingénieux» et gourmand en
capitaux, Heinzes entraine dans sa chute, ses associés. La rumeur se répand et les épargnants
se ruent dans leurs instituts financiers. Les banques ne veulent plus se prêter entre elles, les
taux d’intérêts interbancaires augmentent. La bourse chute de façon spectaculaire. JP Morgan
intervient mais ne peut tout sauver. Afin de restaurer la confiance le gouvernement intervient
en faisant une entorse à la loi anti-trust, afin d’autoriser le rachat d’une entreprise en
difficulté, la TC&L, par une autre plus saine, la US Steel, la TCL étant collatérée à une firme
de brokage en difficulté. La Federal Reserve est alors crée en 1913 afin d’assurer les besoins
en liquidité, ce qui avait fait défaut en 1907.
La croissance d'avant et pendant la guerre, due à la mobilisation de l'économie, a
décliné avec le retour des militaires. Cet afflux de main d'œuvre alors que la
production de temps de guerre s'interrompait, a fait grimper en flèche le chômage,
amenant la récession.
Après la guerre, les pays européens doivent faire face à d'énormes difficultés, et notamment la
reconstruction, le remboursement des dettes de guerre. L'Allemagne en particulier pense avoir
reçu un "vrai coup de poignard dans le dos" suite au traité de Versailles. Afin de s'en sortir,
les pays européens demandent un lourd effort aux habitants et mettent sur le marché des bons
du trésor à taux attractifs. La fin de la guerre ayant également signé la fin de la convertibilité
en or, les devises flottent, seul le dollar est convertible en or. La planche à billet fonctionne
alors à plein régime afin de rembourser au plus vite. Si la fabrication de monnaie devrait
engendrer une dévaluation de la devise, il n’en est rien pour des raisons politiques. La France
fixe alors le franc à un cours surévalué. Si jusqu’en 1923, les investisseurs étrangers
répondent présents, ils commencent dès cette date à rapatrier leur avoirs doutant de la capacité
de la France à emprunter.
Les pays européens font face à un fort ralentissement qui impacte alors négativement les
exportations américaines, entrainées jusqu’alors par la demande européenne. L’Allemagne est
touchée par une hyperinflation galopante, qui la marquera à jamais. Grâce à un «accord » avec
la Banque de France, Poincaré réussit à stabiliser le Franc et à redonner confiance aux
français, mais ce sera de courte durée. Avec le changement de gouvernement, les accords avec
la banque de France sont révélés. La confiance est perdue. La France retrouvera la
convertibilité Or en 1928.
La période de la Grande dépression suit le Jeudi noir (24 octobre 1929), où survint
l’effondrement des marchés boursiers new-yorkais. Ces événements donnèrent lieu à une crise
économique mondiale. Le pays compte 13 millions de chômeurs en 1932 et deux millions
d’Américains sont sans-abri. L’écrasement des marchés d’actions et du milieu bancaire
déclenche un ralentissement de 1929 à 1933. Une politique Keynésienne fondée sur la
stimulation de la demande est mise en place. En 1937, une nouvelle récession à lieu.
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