3,7% 50 jours 27% 2,5% 1,6% 40%

publicité
40%
3,7%
1,6%
50 jours
1,7%
27%
2,5%
Yuan
C’est la dette gouvernementale de
la Chine rapportée à son PIB. L’Etat peut
continuer d’alimenter le cycle du crédit.
Page 2
C’est la croissance américaine au
2e trimestre, qui a été revue à la hausse.
Page 4
contre 1,8% précédemment, pour
les attentes d’inflation à long terme
en Europe.
Page 5
C’est la durée moyenne d’un régime de
volatilité supérieur à 25% et que nous
qualifions de risque systémique.
Page 6
C’est la plus-value engrangée par les
obligations du Trésor américain entre
le 20 juillet et le 24 août.
Page 7
de correction de la bourse de Shanghai suite
à la modification de la politique de change
des autorités chinoises.
Page 10
C’est la hausse du cours du platine durant
le mois d’août. Elle reflète la probabilité
d’une réduction progressive de l’offre.
Page 11
Les interventions récentes de la Banque
populaire de Chine n’indiquent pas de
volonté de laisser la monnaie se déprécier.
Page 12
Malgré la Chine, l’économie mondiale
maintient le cap
Septembre 2015
LE COMMENTAIRE
Les inquiétudes suscitées par la Chine ne
désarçonnent pas l’économie mondiale
La fin de l’été a été agitée pour les marchés financiers.
Le nouveau mouvement de vente des actifs chinois s’est
propagé au reste du monde. Il a amplifié les craintes
concernant les perspectives économiques du pays, après la
dévaluation du yuan. Les évolutions récentes des marchés
chinois relèvent plus d’une correction brutale que d’un début
de baisse durable. Parallèlement, la reprise se confirme aux
Etats-Unis et dans la zone euro.
Il faut replacer les évolutions récentes en Chine dans le
contexte des tendances économiques de long terme. Le pays
connaît une période de transition délicate, à mi-chemin entre
la «période émergente» (1990-2006 environ), qui a vu le pays
adopter le capitalisme et engranger des taux de croissance réelle impressionnants (12%
à 13% par an), et la «maturité», qui devrait débuter avant 2020 et être caractérisée par une
stabilisation de la croissance autour de 5%.
Christophe Donay
Responsable de l’allocation d’actifs et
de la recherche macroéconomique
Chef stratège
Pékin doit donc réussir un virage périlleux, pour passer d’un modèle économique basé sur
l’investissement et les exportations à une croissance qui repose sur la consommation. Mais
cette transition a été retardée et compliquée par les répercussions de la crise des subprimes
aux Etats-Unis, crise qui a forcé les autorités chinoises à opter pour un programme de
relance important. Cela a permis de protéger la trajectoire de la croissance, mais au prix
d’importants déséquilibres.
La grande question est de savoir si les autorités chinoises parviendront à gérer cette phase
de transition sans krach économique ou financier. A notre avis, et pour deux raisons, il est
probable qu’elles échouent. La première est que la Chine reste excessivement dépendante
de l’investissement. La seconde est que, ces dernières années, la croissance a été portée par
la dynamique du crédit. Elle dépasse largement la croissance du PIB nominal (voir
graphique) et génère une dangereuse instabilité au sein de l’économie.
Ces déséquilibres sont annonciateurs d’un moment Minsky1 en Chine, c’est-à-dire d’un
effondrement brutal des prix des actifs. La date est impossible à prévoir mais, sauf erreur
politique majeure des autorités, les conditions ne semblent pas réunies pour le moment.
La dette publique équivaut à tout juste 40% du PIB (contre environ 100% dans les économies
développées), ce qui signifie que l’Etat peut continuer d’alimenter le cycle du crédit et
conserver une croissance économique proche de nos prévisions (6,5%) cette année et
l’an prochain. Mais, même si les autorités disposent des ressources nécessaires pour
éviter un krach aujourd’hui, cela ne durera pas éternellement car les déséquilibres
continuent de se creuser.
Pourtant, à l’heure actuelle, la Chine enregistre encore une croissance soutenue, augurant à
notre avis de perspectives économiques mondiales favorables.
|2|
perspectives |septembre 2015
EXCÈS DE CRÉDIT: ENCOURS DE CRÉDIT ET PIB NOMINAL (VARIATION SUR UN AN EN %)
%
34
32
30
28
26
24
22
20
18
16
14
12
10
8
6
4
: Excès de crédit
Encours de crédit
(financement social total)
PIB nominal
2003
04
05
06
07
08
09
10
11
12
13
14
15
Source: Pictet WM - AA&MR, Datastream
Aux Etats-Unis, les signes d’une croissance portée par la consommation se multiplient.
La baisse des cours des matières premières dope les revenus réels. Nous pensons donc que
les Etats-Unis connaîtront un deuxième semestre 2015 plus solide. Des signes encourageants
sont également visibles en zone euro, mais ils sont plus modérés. Aux Etats-Unis et en zone
euro, l’expansion économique est soutenue par la croissance du crédit, fermement ancrée
autour de 7% en glissement annuel outre-Atlantique, et enfin positive dans l’union
monétaire (autour de 1% sur un an).
Ces perspectives relativement positives pour l’économie mondiale devraient permettre un
rebond des marchés, même s’il faut probablement s’attendre à un second pic de volatilité
(qui intervient en général 28 jours après le premier, sur la base des corrections passées). Dans
ce scénario, la tendance haussière des actions des marchés développés devrait rester intacte.
1
Un «moment Minsky» est un effondrement soudain des marchés, qui survient après une longue période de spéculation
ou de croissance déséquilibrée et financée par un excès de crédit. Selon ce concept, ces périodes mènent à des crises, car
l’envolée de la valeur des investissements incite à une spéculation accrue. Il tient son nom de l’économiste Hyman
Minsky, qui expliquait que les marchés, notamment les marchés haussiers, étaient instables par nature. Il avait été créé
pour décrire la crise de la dette asiatique en 1997. La crise des subprimes aux Etats-Unis en est un autre exemple.
«Perspectives» est également disponible en ligne.
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les marchés et les tendances séculaires sur
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perspectives |septembre 2015
|3|
MACROÉCONOMIE
La Chine tremble, l’économie mondiale résiste
Les acteurs économiques et financiers s’interrogent sur l’intensité de la croissance économique chinoise. Le
fléchissement d’indicateurs avancés fait craindre un ralentissement brutal. Les moyens dont disposent les
autorités pour contrer les forces déflationnistes restent néanmoins substantiels.
Christophe Donay, Nadia Gharbi, Jacques Henry et Bernard Lambert
Alors que la Chine inquiète, la croissance de l’économie
mondiale reste soutenue par l’accélération de la croissance américaine et par celle, plus modeste, de l’Europe.
L’objectif de croissance économique des autorités chinoises
se situe autour de 6,5%. Pour contrer le ralentissement, la
Banque populaire de Chine (BPC) dispose de deux outils
efficaces pour stimuler le crédit: l’abaissement des taux
de réserve obligatoire des banques et la réduction des taux
directeurs.
La politique budgétaire dispose quant à elle encore de
suffisamment de marge de manœuvre pour stimuler les
dépenses en infrastructures. L’Empire du milieu poursuit
ainsi sa politique globale de type stop-and-go, qui
correspond à une politique économique stimulante lorsque
l’activité ralentit et à un ralentissement des injections de
crédit lorsqu’elle accélère.
L’alternance entre les espoirs et les craintes de ralentissement génère de la volatilité, à la fois dans la sphère économique et financière.
Chine: le scénario d’un hard landing cette année reste
peu probable
La timide amélioration conjoncturelle observée au
2e trimestre a débouché sur une nouvelle détérioration en
juillet-août, notamment au niveau des indices des
directeurs d’achat (PMI) et des chiffres du commerce extérieur. La perception négative a encore été amplifiée par le
krach boursier. Cette dégradation économique doit toutefois être relativisée. D’une part, elle s’explique en partie par
des facteurs non récurrents: cyclones sur la côte, frein
temporaire à la production polluante dans la région de
Pékin et explosion à Tianjin. D’autre part, le secteur des
services – qui a sensiblement gagné en importance dans
l’économie chinoise – paraît se porter nettement mieux que
le secteur manufacturier.
Dès lors, que faut-il anticiper? La récente dévaluation du
yuan (voir pages 7 et 12) ne devrait pas apporter un
soutien important, mais les injections de liquidités, les
baisses de taux d’intérêt et les réductions des ratios de
réserves obligatoires décidées ces derniers mois (les derniers mouvements datant du 25 août), alliées à une politique budgétaire plus expansive, devraient avoir un impact
bénéfique, même si c’est avec un certain décalage. Sans être
particulièrement optimiste concernant la croissance
chinoise, un atterrissage brutal (hard landing) au second
semestre 2015 nous semble peu probable. Au contraire, une
légère amélioration conjoncturelle au cours des prochains
|4|
mois paraît le scénario le plus vraisemblable. A moyen
terme, les excès du crédit et les nécessaires transitions
structurelles font toutefois peser des risques considérables
sur l’économie chinoise.
Etats-Unis: perspectives de croissance toujours favorables
Outre-Atlantique, la croissance au 2e trimestre a été révisée
à la hausse à 3,7%. Ainsi, en moyenne au 1er semestre, la
progression du PIB s’est élevée à 2,2%. D’un côté, un tel
résultat est largement supérieur aux prévisions qui prévalaient il y a à peine plus d’un mois. D’un autre côté, le
rythme de croissance atteint le semestre dernier ne paraît
pas particulièrement robuste, puisqu’il est exactement
équivalent à celui observé en moyenne depuis que la
reprise a débuté il y a six ans. Les statistiques disponibles
pour le 3e trimestre sont globalement demeurées favorables,
pointant vers une croissance toujours solide. La hausse du
dollar en valeur moyenne , encore amplifiée par le mouvement observé ces dernières semaines, les incertitudes entourant la croissance mondiale et les récentes turbulences
secouant les marchés financiers devraient peser sur la croissance de l’économie américaine. Néanmoins, l’effondrement de l’investissement dans le secteur pétrolier le
semestre dernier – qui a fortement pénalisé la progression
du PIB (0,6 point de pourcentage) – devrait déboucher sur
une contraction largement plus modeste au second
semestre. En outre, la solide progression de l’emploi et
«Les excès du crédit et les nécessaires
transitions structurelles font peser
des risques considérables sur l’économie chinoise»
l’impact bénéfique de la chute du prix de l’essence sur
le revenu réel des ménages devraient continuer de soutenir la consommation, tandis que le secteur immobilier devrait toujours avoir le vent en poupe. Dans ce contexte,
nous tablons sur une croissance robuste de quelque 2,7%
au second semestre 2015.
Les inquiétudes relatives à la croissance chinoise et le
récent revers des marchés financiers internationaux ont
réduit les probabilités de hausse des taux des Fed funds en
septembre. Le scénario le plus probable reste selon nous
celui où la Réserve fédérale remontera ses taux d’intérêt en
décembre. Et nous sommes aussi toujours d’avis que, suite
au resserrement en cours des conditions monétaires et
financières, ce mouvement initial de remontée des taux sera
perspectives |septembre 2015
LA PART DE L’INVESTISSEMENT DANS LE PIB CHINOIS
EST TROP IMPORTANTE
La transition d’un économie régie par les exportations vers une économie régie par
la consommation s’avère délicate.
% du PIB
80
Croissance économique
déséquilibrée et
excès de crédit
70
60
Consommation privée
50
40
30
20
Investissement
10
0
1952 56 60 64 68 72 76 80 84 88 92 96 00 04 08 12 16
Source: Pictet PWM – AA&MR, Datastream
probablement suivi d’une action extrêmement prudente de
la part de la Fed l’année prochaine. Nous tablons ainsi sur
des relèvements de taux limités à 75 points de base en 2016,
soit un resserrement monétaire particulièrement lent en
comparaison historique.
Zone euro: les craintes de déflation resurgissent
Les dernières enquêtes conjoncturelles en zone euro se sont
avérées résilientes. L’indice des directeurs d’achat composite (Markit/PMI), mesurant l’activité dans les services
et l’industrie, a affiché une légère hausse en août, pour
s’établir à 54,3, un plus haut en quatre ans. Dans le détail, la
composante relative aux nouvelles commandes à l’exportation a fortement augmenté, notamment en Allemagne.
Ce dernier élément constitue plutôt un signe rassurant,
étant donné les incertitudes qui pèsent sur les économies
émergentes, et en particulier sur la Chine.
Sur le front du crédit et des agrégats monétaires,
l’embellie se poursuit. Le volume des prêts alloués au secteur privé a progressé de 0,9% sur un an en juillet, affichant
ainsi son plus fort taux de croissance depuis décembre 2011.
Dans ce contexte, nos prévisions de croissance restent inchangées. Nous tablons sur une croissance du PIB située
autour de 0,4% par trimestre et de 1,3% pour l’ensemble de
l’année 2015.
Dans le même temps, selon les dernières estimations
d’Eurostat, le taux d’inflation global annuel s’est stabilisé à
perspectives |septembre 2015
0,2% en août. La baisse du prix des matières premières,
mais aussi l’évolution de l’économie mondiale, exercent à
nouveau des pressions baissières sur les perspectives d’inflation. Après s’être stabilisées autour des 1,8%, les attentes
d’inflation à long terme, mesurées par les taux breakeven,
sont retombées à leur niveau d’avril dernier, soit 1,6%. La
BCE pourrait donc être amenée à agir si les perspectives
d’inflation venaient à se dégrader significativement.
De longues réformes japonaises
Pour la première fois, fin juillet, le taux de soutien à la
politique de Shinzõ Abe est passé sous la barre des 40%,
son plus faible niveau depuis son arrivée au pouvoir fin
2012. Cela pourrait mettre en danger la poursuite des réformes structurelles, mais ce mouvement est surtout lié à
un positionnement moins pacifiste du Japon au niveau de
sa politique étrangère. Ce sujet restera toutefois encore
ouvert longtemps. Les conflits territoriaux, tant avec la
Chine qu’avec la Russie, sont en effet loin d’être résolus,
surtout après la visite de Dimitri Medvedev aux îles
Kouriles et le refus d’Abe d’assister à la parade militaire
chinoise commémorant l’agression japonaise durant la
Seconde guerre mondiale. Malgré tout, les réformes se
poursuivent prudemment. Ainsi, après la catastrophe
de 2011, le premier réacteur nucléaire a été remis en service
le 11 août.
Le gouvernement Abe a reconnu la difficulté d’atteindre
l’objectif d’inflation de 2% dans un contexte de faiblesse des
prix du pétrole. Mais plusieurs indicateurs économiques
restent bien orientés. Au deuxième trimestre, l’investissement a crû de 5,6% et la demande de crédit émanant des
entreprises continuait à croître. En variation annuelle, les
ventes de détail ont progressé de 3,4% en juillet, effaçant
ainsi les effets négatifs de la hausse de la TVA en avril 2014.
La poursuite d’une telle tendance nécessitera toutefois une
hausse des salaires. Les statistiques de juillet sont donc
particulièrement attendues.
|5|
STRATÉGIE
Les actifs refuges manquent à l’appel
La correction marquée des principaux marchés actions en août n’a pas été accompagnée d’une hausse notoire des
actifs refuges tels que les obligations du Trésor américain à 10 ans. Le dollar américain, généralement recherché
durant les crises, ne s’est pas apprécié non plus.
Christophe Donay, Jacques Henry, Luc Luyet et Alexandre Tavazzi
MARCHÉS FINANCIERS
Performance en % des indices financiers en monnaies locales. Données arrêtées au 31.08.2015
Indice
Depuis le 31.12.2014
Mois précédent
Actions USA*
USD
S&P 500
-2.9%
-6.0%
Actions Europe *
EUR
Stoxx600
8.7%
-8.2%
Actions marchés émergents*
USD
MSCI Emerging Markets
-12.6%
-9.0%
Obligations souveraines US*
USD
ML Treasury Master
Oblig. d'entreprise investment grade US* USD
ML Corp Master
0.9%
0.1%
-0.6%
-0.7%
Oblig. d'entreprise à haut rendement US* USD
ML US High Yield Master II
0.1%
-1.8%
Hedge funds
USD
Credit Suisse Tremont Index global**
2.9%
0.9%
Matières premières
USD
Reuters Commodities Index
-12.1%
-0.2%
Or
USD
Gold Troy Ounce
-4.7%
3.3%
Dans le sillage des inquiétudes
entourant l’économie chinoise, les
indices de volatilité des actions se sont
brusquement envolés dans la zone que
nous qualifions de risque systémique,
soit à plus de 25%. Le pic de volatilité a
été atteint le 24 août, à 53,3%.
La crise de confiance dans
l’économie chinoise nous paraît
temporaire (voir «Le Commentaire»
et «Macroéconomie» pour plus de
détails). La tendance haussière des
marchés actions des pays
développés n’est pas remise en
cause. Nous restons positifs face aux
actions américaines et européennes.
Notre analyse montre que
la volatilité implicite atteint
généralement le régime de risque
systémique en deux pics successifs,
espacés de 28 jours, et qu’au total
ce régime prévaut durant 50 jours.
En termes de timing, il est ainsi
concevable qu’un rebond des
principaux marchés actions
développés intervienne durant la
première quinzaine du mois
d’octobre. Les secteurs caractérisés
par une croissance soutenue et des
|6|
* dividendes/coupons réinvestis ** fin juillet 2015
cash flows résilients pourraient donc
susciter l’intérêt des investisseurs.
Durant la correction des marchés
actions en août, les bons du Trésor
américain n’ont pas rempli leur rôle
de protection des portefeuilles. Les
rendements sont restés proches des
2%, déjà atteints dans le sillage de la
baisse des anticipations d’inflation
depuis mi-juillet, lorsqu’ils se
situaient aux environs de 2,5%.
Notoirement, le billet vert ne s’est
pas apprécié non plus, comme de
coutume, en présence d’un régime
de crise systémique. Cependant, le
yen et l’euro se sont renforcés, alors
que l’or stagnait, suggérant que le
marché donnait une préférence aux
actifs et aux devises des pays
pratiquant une politique monétaire
de style assouplissement quantitatif
– politique monétaire
particulièrement adaptée en cas de
ralentissement économique marqué.
Une autre explication plausible
réside dans la vente d’actifs
étrangers par les banques centrales
pour défendre leur devise, ou pour
soutenir leur marché actions. La
Banque populaire de Chine aurait
d’ailleurs injecté 2500 milliards de
dollars en quelques semaines dans
son marché actions.
Peu de protection à travers les
obligations du Trésor américain
Il faut remonter à 2011 pour
retrouver une correction d’une
ampleur plus grande que celle que
nous venons de vivre au cours du
mois d’août, avec une perte au
niveau de l’indice S&P 500 de 12%.
Cette correction a débuté le 20 juillet,
mais les trois quarts de la baisse sont
intervenus entre le 17 et le 25 août.
Durant cette phase de volatilité
des marchés actions, le
comportement des obligations à 10
ans du Trésor américain n’a pas été
conforme à leur statut d’actif refuge.
Il est cependant trop tôt pour
considérer que la classe d’actifs
change de statut. Les flux de
liquidités durant cette phase ont
certes contrecarré leur
comportement d’actif refuge, mais
ceux-ci ne semblent pas
nécessairement durables.
Une rétrospective montre qu’entre
le 18 septembre et le 15 octobre 2014,
la baisse de 7,3% du S&P500 a été en
partie compensée par un gain de 5%
sur les obligations souveraines à
10 ans et en moyenne, depuis 2007,
les obligations à 10 ans ont absorbé
environ 42% des baisses les plus
fortes subies par les actions
américaines. En juillet et août,
malgré la forte correction des
actions, le gain enregistré par les
obligations à 10 ans n’a été que de
2,3%. Les obligations d’Etat
allemandes qui, historiquement,
protégeraient moins bien un
portefeuille d’actions européennes,
perspectives |septembre 2015
n’ont pas pris le relais, puisque le
gain entre le 20 juillet et le 24 août a
été encore plus faible, avec 1,7%.
L’imminence de la hausse des taux
de la Fed vient tordre les règles
habituelles de construction de
portefeuille, comme cela avait été le
cas en 2013 lorsque Ben Bernanke
avait annoncé en mai la phase de
ralentissement du QE.
Actions développées: les
valorisations deviennent plus
attractives
Alors que les parlements européens
avalisaient le troisième plan d’aide à
la Grèce, les autorités chinoises ont
surpris les marchés financiers le
11 août, en annonçant un nouveau
mode de fixation du yuan. Cette
décision, qui fait suite à plusieurs
tentatives de stabilisation du marché
des actions chinoises, confirme les
inquiétudes des investisseurs quant
à la croissance du pays et à son
impact mondial. L’effet direct de
cette décision s’exercera dans les
pays émergents, principaux
producteurs de matières premières
consommées en Chine. La faiblesse
de la monnaie va s’ajouter au
ralentissement de la demande et
augmentera encore les pressions
déflationnistes sur ces économies. Le
profil rendement/risque de ces
marchés paraît donc défavorable.
Les marchés actions développés
ont baissé dans le sillage des autres
bourses, mais il convient de rappeler
que l’impact économique de la
décision chinoise est moins
important, car la croissance
économique en Europe et aux EtatsUnis provient principalement de
facteurs domestiques. Il est toutefois
perspectives |septembre 2015
possible que les prévisions de
croissance des secteurs les plus
exposés à l’économie chinoise soient
révisées à la baisse. Les
investissements dans les entreprises
qui génèrent des flux de trésorerie
conséquents et bénéficient de la
faiblesse des matières premières
semblent ainsi présenter de l’intérêt.
Dans cet environnement, les
politiques monétaires resteront
accommodantes, alors que les
valorisations des marchés boursiers
sont devenues plus attractives, à
14,5x pour le marché américain,
13,3x pour le marché européen et
12,4x pour le marché japonais.
devrait continuer à peser sur
l’appétit au risque, il est probable
que ces monnaies restent
globalement fortes. Néanmoins, il
est bon de rappeler que l’appétit au
risque ne devrait pas durablement
rester faible.
Le yuan exacerbe les divergences
entre monnaies
La faiblesse des monnaies des
économies émergentes et de celles
liées aux matières premières n’est
pas un phénomène nouveau.
Néanmoins, les craintes de
dévaluation du yuan, liées à la
modification de son taux de
référence par la Banque populaire de
Chine (voir «Thème du mois» pour
plus de détails), ont renforcé cette
thématique. En-dehors de la perte de
vitesse de ces monnaies, la force des
devises développées suscite
également de nombreuses analyses.
En effet, le dollar américain et la
livre sterling restent forts avec,
notamment, la perspective d’une
prochaine hausse des taux
directeurs. L’euro, le yen et le franc
suisse restent soutenus, quant à eux,
par une balance courante positive,
qui les renforce en cas de réduction
de l’appétit au risque. Comme la
perspective d’une hausse des taux
par la Fed avant la fin de l’année
|7|
FAITS MARQUANTS DANS LE MONDE
La Chine provoque une chute
des exportations
L’économie chinoise s’essouffle et pèse sur les
exportations de ses partenaires commerciaux, accentuant
les craintes pesant sur les perspectives économiques,
notamment des marchés émergents. Cela s’ajoute au
ralentissement structurel des échanges commerciaux
mondiaux, qui dure depuis quelques années.
USD 43,8 mias
Le déficit commercial américain s’est
creusé, passant de 40,9 milliards de dollars
en mai à 43,8 milliards en juin, les
exportations de biens et services s’étant
réduites de 136 millions de dollars et les
importations ayant grimpé de 2,8 milliards.
La faiblesse des exportations concerne
principalement les biens d’équipement, qui
ont reflué de 769 millions de dollars. La
progression des exportations de biens de
consommation a en grande partie compensé
la baisse des exportations de biens
d’équipement et de produits pétroliers.
USD 2,3 mias
Le déficit commercial du Mexique a atteint 2,3 milliards de
dollars en juillet, pour un total de 6,3 milliards sur les sept
premiers mois de l’année. Au cours de l’année écoulée, les
exportations ont chuté de 2,6%, s’établissant à 32,8 milliards
de dollars, tandis que les importations progressaient de 1,1%,
à 35,1 milliards. Le repli du peso à un niveau record face
au dollar devrait désormais constituer un atout pour les
exportateurs mexicains. Le principal partenaire commercial
du Mexique étant les Etats-Unis, son économie est
moins exposée au ralentissement chinois.
25 ans
Le Brésil, qui avait profité de l’appétit de la Chine pour les matières premières
ces dernières années, a été frappé de plein fouet par le ralentissement
économique chinois et la dégringolade des cours des matières premières.
La dévaluation du renminbi est un autre coup dur pour le Brésil, qui
pourrait bien subir la pire contraction de son économie en 25 ans.
|8|
perspectives |septembre 2015
2,0%
Malgré le ralentissement de l’économie chinoise et les
inquiétudes persistantes à propos de la dette grecque, le
carnet de commandes à l’exportation du secteur
manufacturier allemand, corrigé des variations
saisonnières et de l’inflation, a progressé de 2% en juin
par rapport au mois précédent, soit un volume total de
commandes inédit depuis avril 2008. Néanmoins, ces
statistiques sont gonflées par un volume inhabituellement
élevé de commandes en gros, ce qui pourrait peser
ultérieurement sur les commandes.
-14,7%
Les exportations de la Corée du
Sud ont reculé de 14,7% en
glissement annuel en août, du
jamais vu depuis 2009. La Chine
représente environ un quart des
exportations de la Corée du Sud,
mais les exportations vers le Japon
et l’Europe ont également cédé du
terrain. Les produits pétroliers,
l’automobile et les chantiers navals
sont les secteurs les plus touchés.
-4,4%
-19,2%
Les exportations de l’Indonésie ont fortement reculé pendant
plusieurs mois, avant de plonger de 19,2% en glissement annuel
en juillet. Comme les autres producteurs de matières premières
asiatiques, le pays est exposé à la croissance ralentie de la Chine,
directement (la Chine est son plus grand marché à l’export, car elle
achète 14% de ses exportations) et indirectement, en raison
de la baisse des cours des matières premières. Ces dernières
représentent près de 60% des exportations de
l’Indonésie. L’Etat cherche à diversifier l’économie.
perspectives |septembre 2015
Les exportations du Japon
ont cédé 4,4% en glissement
trimestriel au deuxième
trimestre 2015, en raison d’un
repli des ventes vers la Chine
(qui absorbe 18% des
exportations japonaises) et le
reste de l’Asie. La faiblesse
des exportations a une part
de responsabilité dans la
contraction de l’économie
de 1,6% en glissement
annuel au deuxième
trimestre et alimente
les doutes quant au
futur du programme
de relance, «Abenomics»,
de la troisième
économie mondiale.
|9|
CLASSES D’ACTIFS ET MONNAIES
Les hedge funds tirent leur épingle du jeu
La brutalité avec laquelle les principaux marchés actions ont corrigé en août a peu affecté le secteur des
hedge funds. Certains gérants, spécialisés dans l’investissement tactique, ont même réussi à profiter des
mouvements dans le secteur de l’énergie et des changes.
Actions
Tempête sur les marchés
Les craintes liées au ralentissement chinois
font souffler un vent de panique sur les
marchés.
Les autorités chinoises étaient
probablement loin d’imaginer que la
modification de leur politique de
change entraînerait les marchés
financiers dans une phase de correction
sévère. Dans la semaine qui a suivi cette
décision, l’indice Shanghai Composite
abandonnait près de 27%. Cette baisse
suivait une baisse de 22% depuis la
mi-juin. Dans le sillage chinois, les
indices S&P500, Stoxx Europe 600 et
Topix perdaient 11%, 15% et 13%
respectivement en monnaies locales
sur la même période. De leur côté, les
marchés émergents, sensibles à la
conjoncture de l’Empire du milieu,
cédaient 13%, portant leur baisse
depuis la fin avril à 28%.
Alors qu’elle était restée relativement
basse durant la récente crise grecque,
la volatilité est montée à un niveau
correspondant à une crise extrême.
L’indice Vix a ainsi dépassé le niveau de
50%, alors que l’indice Vstoxx dépassait
les 45%.
La publication des bénéfices du
deuxième trimestre n’a que peu modifié
les estimations de croissance
bénéficiaire pour 2015. Cette dernière
devrait atteindre 1,3% aux Etats-Unis,
6,5% en Europe et 19,8% au Japon. Pour
l’année prochaine, on assiste à une faible
baisse des estimations de croissance des
profits, qui sont de 10,6% pour le
S&P500, 10,8% pour le Stoxx600 et 9,1%
pour le Topix. Avec la baisse des indices,
les multiples des marchés sont donc
devenus plus attractifs, retrouvant leurs
niveaux d’octobre 2014, (S&P500: 14,5x,
Stoxx600: 13,3x, Topix: 12,4x). Les
valorisations sont donc à nouveau
proches des moyennes à long terme.
|10|
Obligations
Obligations corporate
Malgré la panique provoquée sur les
marchés financiers par les inquiétudes
liées à l’économie chinoise, le marché
obligataire souverain a fait preuve d’une
relative stabilité, en comparaison avec les
autres classes d’actifs, comme les actions
ou les matières premières.
L’été aura été difficile pour la classe
d’actifs, et plus particulièrement pour le
segment High Yield énergie, qui a vu sa
performance s’effondrer suite à la baisse
du prix du baril de brut. Sur l’année, les
performances restent décevantes et dans
les mois à venir, l’environnement
s’annonce peu favorable.
Relative stabilité dans le
monde souverain
D’habitude privilégiés en cas de
tempête secouant les marchés
financiers, les emprunts allemands et
américains n’en ont que très peu
profité durant la deuxième quinzaine
du mois d’août. Aux Etats-Unis, le
taux d’emprunt à 10 ans a terminé le
mois là où il l’avait commencé, soit
autour des 2,18%. De l’autre côté de
l’Atlantique, le taux d’emprunt
allemand a gagné 15pb sur le mois
pour se stabiliser à 0,80%.
Du côté de la périphérie, les taux
à 10 ans italiens et espagnols se sont
légèrement tendus sur le mois,
augmentant de plus de 20 pb pour
s’établir respectivement à 1,96%
et 2,11%.
Dans le même temps, l’accord
définitif du troisième plan d’aide pour
la Grèce à la mi-août a permis au taux
d’emprunt grec à 10 ans de se
détendre de 272 pb pour s’établir
à 9,31%.
Durant ces prochains mois,
plusieurs forces contradictoires
s’exerceront sur les obligations
souveraines. D’un côté, les pressions
déflationnistes liées au ralentissement
chinois et à la baisse des matières
premières devraient pousser les
rendements vers le bas. De l’autre,
le renforcement de l’économie
américaine, et surtout la hausse
prochaine des taux directeurs de la
Fed, devraient pousser les taux - en
particulier américains - vers le haut.
Le HY sous pression
En août, la volatilité des marchés
actions et la baisse des prix des
matières premières ont mis le High
Yield (HY) sous pression.
En effet, sur le mois, le HY a affiché
une performance de -1,8%,
enregistrant ainsi son troisième
résultat négatif consécutif. Dans le
même temps, l’Investment Grade (IG) a
également affiché une contreperformance (-0,7%), alors que les
bons du Trésors américains restaient
en territoire positif (+0,1%).
Sur l’année, les performances
demeurent mitigées. En tête, nous
retrouvons le trésor américain (+0,9%),
suivi du HY (0,1%) et de l’IG (-0,6%).
En termes sectoriels, aucun n’a
réussi à se maintenir en territoire
positif au mois d’août. Le plus touché
a été l’indice HY énergie, qui compte
pour 13% de l’indice total. Sur le mois,
frappé par la baisse du prix du baril de
brut, il a plongé de 7,0%.
Dans les mois à venir,
l’environnement s’annonce difficile
pour cette classe d’actifs. D’une part,
l’embellie conjoncturelle aux
Etats-Unis contribue à confirmer
l’éventualité d’une hausse des taux
directeurs cette année. D’autre part,
un prix des matières premières en
baisse pèse sur les entreprises du
secteur de l’énergie.
perspectives |septembre 2015
Hedge funds
Hedge funds: bonne tenue face
à la correction des marchés
Les récents soubresauts des marchés ont
mis les nerfs des investisseurs à vif. A ce
jour, les hedge funds semblent résister,
voire protéger les portefeuilles contre la
baisse, face à la chute des classes d’actifs
traditionnelles.
De nombreux acteurs préféreront
oublier le mois d’août, la correction des
marchés due au ralentissement chinois
renforçant les craintes d’une déflation
mondiale. Avec une volatilité à son plus
haut depuis quatre ans, les conditions
de marché sont devenues pour le moins
difficiles. Mais les hedge funds
semblent s’en sortir, pas de manière
totalement indemne cependant.
Selon les premières estimations, leurs
stratégies ont toutes réalisé une
performance relative supérieure aux
investissements traditionnels. En tête,
les traders tactiques qui, malgré des
pertes sur leurs portefeuilles actions et
leurs positions à découvert en euros, ont
engrangé des plus-values sur leurs
positions shorts dans l’énergie et les
devises asiatiques. Les gérants equity
hedge ont moins bien résisté, des titres
populaires comme Amazon et Facebook
ainsi que les secteurs surpondérés des
biotechs et des semi-conducteurs ayant
fortement souffert. Malgré tout,
certaines positions à découvert ont
généré de l’alpha – davantage en Europe
qu’aux Etats-Unis. Dans l’univers event
driven, où beaucoup de gérants
partageaient les mêmes positions, des
titres comme Allergan ont plongé. En
attendant que la situation se stabilise et
permette de tirer des conclusions
définitives, certains gérants recherchent
activement des points d’entrée attractifs
pour des titres de haute qualité, et
d’autres renforcent l’exposition aux
fusions-acquisitions.
perspectives |septembre 2015
Métaux précieux
Changes
Les récentes incertitudes entourant la
santé de l’économie chinoise ont produit
des effets variés sur les différents métaux
précieux.
Depuis le mois d’août, deux indices
reconnus de l’évolution du dollar américain
se comportent différemment.
Performances contrastées
D’un côté, l’or a notamment profité
de la forte augmentation de la volatilité
sur les marchés actions internationaux
pour terminer le mois d’août sur une
performance de plus de 3%. Outre sa
caractéristique de valeur refuge,
le métal jaune a aussi profité du fait
que ces événements avaient réduit les
chances de hausse de taux par la Fed
en septembre. D’un autre côté, l’argent
et le palladium ont souffert, vu leur
relative dépendance à la demande
chinoise. Les deux métaux ont atteint
leurs plus bas niveaux sur plus de 4 ans
et ont terminé le mois dans le rouge
(respectivement à -1,2% et -1,6%).
Ce panorama ne serait pas complet
sans mentionner la hausse de 2,5%
du platine durant le mois.
D’ailleurs, le platine semble le mieux
représenter la situation actuelle des
métaux précieux. Alors que
l’abondance de l’offre a été très
pénalisante pour le secteur, il semble
de plus en plus improbable que l’offre
reste si forte, vu l’augmentation des
risques d’arrêt de la production dus à la
baisse du prix du métal et aux
nombreux reports de dépenses
d’investissement. Du côté de la
demande, les récentes statistiques
économiques dans les pays développés
confirment un scénario de reprise
mondiale, alors que la demande
physique et celle des banques centrales
pour l’or et l’argent (Chine et Inde
notamment), restent vigoureuses.
De ce fait, le sentiment
particulièrement négatif face aux
métaux précieux semble de plus en
plus difficilement justifiable.
Les deux visages du dollar
américain
Le marché des changes, lorsqu’il désire
apprécier la force ou la faiblesse du
dollar américain, a tendance à se
référer au US dollar index (DXY).
A contrario, la Fed, quand elle
commente la performance du billet
vert, utilise un indice plus large.
Normalement, ces deux indices sont
fortement corrélés et fournissent les
mêmes signaux. Cependant, depuis le
début du mois d’août, une divergence
significative est apparue entre les deux
indices, en raison d’une composition
différente. L’indice DXY inclut six
monnaies, exclusivement de pays
développés, avec une forte
pondération de l’euro (57,6%). L’indice
élargi englobe, quant à lui, un grand
nombre de monnaies (26), pondérées
par les échanges commerciaux. De ce
fait, le yuan chinois (21,3%) et le peso
mexicain (11,9%) pèsent fortement sur
la performance de l’indice, alors que le
poids de l’euro est plus restreint que
dans le DXY (16,4%). C’est pourquoi
la forte dépréciation des monnaies
émergentes a poussé l’indice élargi à
la hausse, alors que cela n’impactait
pas le DXY, qui affichait même un
repli. Au vu des perspectives de
croissance plus positives dans les pays
développés, du ralentissement
structurel chinois et des exportations
en baisse dans les pays émergents,
l’indice élargi du dollar devrait rester
fort. Or, comme une appréciation
du dollar resserre les conditions
monétaires aux Etats-Unis, la hausse
des taux de la Fed devrait se faire
très graduellement.
|11|
THÈME DU MOIS: LE YUAN
Le yuan poursuit sa mue
Le nouveau système de fixation du taux de référence confirme la volonté de la Chine de transformer sa monnaie
afin de favoriser son utilisation sur la scène internationale.
Selon le triangle d’incompatibilité de
Mundell, une économie qui désire ouvrir
son marché des capitaux ne peut avoir un
taux de change stable et une politique
monétaire indépendante. Or, pour
assurer une croissance durable, la Chine
mène des réformes structurelles, qui
passent notamment par un
développement et une libéralisation de
son marché financier. Ainsi, le
changement du taux de référence
s’inscrit comme une confirmation de la
poursuite de l’ouverture de la Chine et de
la volonté d’internationaliser le yuan.
Vers un yuan reflétant plus les
conditions de marché
Le 11 août, la Banque populaire de
Chine (BPC) a changé sa manière de
déterminer le taux de référence du
yuan, provoquant une dévaluation
de 1,86% et ranimant les craintes de
forte chute du yuan. Avant de savoir
si ces craintes sont fondées, revenons
sur la façon dont la BPC a géré sa
monnaie par le passé.
Commençons en 1978, date à
laquelle débutent de profondes
réformes en Chine pour passer d’une
Luc Luyet
Stratégiste changes
|12|
économie planifiée à une économie
de marché. En particulier, l’ouverture
au commerce international favorise le
développement des exportations. Le
yuan (aussi appelé renminbi), qui
était fortement surévalué, est
successivement dévalué et favorise
ainsi la forte croissance économique
du pays. Le taux de change officiel
du yuan se déprécie d’environ 80%
jusqu’en janvier 1994, date à laquelle
il est unifié avec le taux déterminé
par les transactions de marché à une
valeur de 8.70 yuans pour un dollar
américain. En avril de la même
année, la BPC décide d’ancrer la
valeur du yuan par rapport au dollar
américain à un taux fixe de
8.28 yuans. En 2005, dans un climat
de fortes pressions de la part des
partenaires commerciaux de la
Chine, l’ancrage est levé et un
système de change flottant contrôlé
est mis en place. Un taux de référence
du yuan est dès lors introduit et se
détermine chaque jour sur la base
d’un indice pondéré en fonction des
échanges commerciaux, dont la
composition précise est tenue secrète.
A partir de ce niveau de référence, le
taux de change du yuan est autorisé à
fluctuer quotidiennement entre des
bornes, fixées à ±0,3% en 2005 puis
augmentées graduellement pour
atteindre ±2%, leurs niveaux actuels.
Ce régime de change mène à une
appréciation du yuan de plus de 30%
jusqu’en janvier 2014, lorsqu’il atteint
6.04 face au dollar américain. Il
s’ensuit une période d’environ six
mois où son taux de référence se
déprécie, avant de rester relativement
stable jusqu’à la veille du 11 août
2015. Avec le nouveau système de
calcul, le taux de référence du jour
doit désormais se baser sur le prix de
clôture de la veille du taux de change
traité, tout en prenant en compte les
conditions de l’offre et de la
demande prévalant sur le marché des
changes, ainsi que les mouvements
des monnaies principales. Même si le
mécanisme de fixation du taux de
référence manque de clarté, il devient
fortement dépendant du prix du
yuan fixé par le marché (qui fluctue
quotidiennement à moins de 2%
autour du taux de référence). Par
conséquent, ce taux de référence
devient, en théorie, proche d’un taux
de change moderne dicté par le jeu
de l’offre et de la demande.
La Chine désire internationaliser sa
monnaie
D’ailleurs, c’est la raison fournie par
la BPC, qui voit dans ce nouveau
système de calcul du taux de
référence du yuan par rapport au
dollar américain une façon
d’améliorer l’impact de l’évolution du
marché, ainsi que le statut officiel du
taux de référence, qui s’était affaibli
vu la divergence forte et durable par
rapport au taux de change traité.
Cette justification fait clairement écho
aux commentaires publiés le 3 août
dernier par le Fonds monétaire
international (FMI) sur l’insertion du
yuan dans le panier des devises
majeures constituant les prestigieux
DTS (droits de tirage spéciaux). En
effet, le FMI avait signalé que le taux
représentatif du yuan était le taux de
référence, mais que celui-ci n’était pas
basé sur les prix des échanges de
marché et pouvait dévier jusqu’à 2%
du prix payé sur le marché
continental chinois. Une autre raison
provient sans doute du désir de la
Chine de favoriser une utilisation
plus globale de sa monnaie,
nécessitant une plus grande
ouverture au marché des capitaux.
Or, le triangle d’incompatibilité de
Mundell montre qu’il est voué à
perspectives |septembre 2015
l’échec de maintenir un taux de
change étroitement contrôlé lorsque
l’on mène une politique monétaire
indépendante et que l’on ouvre son
marché des capitaux. De ce point de
vue, le changement du 11 août
constitue une évolution logique si la
Chine désire continuer à augmenter
les flux transfrontaliers et conserver
une politique monétaire
indépendante. La dernière raison
tient au fait que l’ancienne
méthodologie de calcul du taux de
référence rendait en pratique le yuan
très synchronisé avec l’évolution du
dollar américain, alors que leurs
économies respectives ne l’étaient
pas. En particulier, vu les pressions
désinflationnistes en Chine et la
hausse prochaine des taux de la Fed,
la divergence de politique monétaire
aurait augmenté la surévaluation du
yuan s’il était resté fortement lié au
dollar américain. Suite à la décision
du 11 août, ce lien est théoriquement
éliminé.
Le yuan ne peut à la fois soutenir les
exportations et être éligible aux DTS
Malgré la faiblesse chronique des
exportations chinoises, le nouveau
mécanisme de fixation du taux de
référence semble donc répondre à
d’autres objectifs qu’une volonté de
doper ce secteur. Premièrement, pour
produire un effet notable sur les
exportations, la faiblesse du yuan
devrait être bien plus importante. Or,
les interventions récentes de la BPC
ainsi que ses commentaires
n’indiquent pas une volonté de
laisser le yuan se déprécier
fortement. Deuxièmement, une baisse
significative du yuan serait
dommageable dans l’optique des
DTS, car il serait difficile de voir
autre chose qu’une dévaluation
compétitive dans la réforme du 11
perspectives |septembre 2015
août. Troisièmement, un fort
affaiblissement du yuan accélérerait
la fuite des capitaux que la BPC
essaie de juguler – au vu de la
réduction des liquidités qu’elle
engendre – et mettrait également en
position périlleuse de nombreuses
sociétés chinoises ayant émis des
obligations en monnaies étrangères
non couvertes. Enfin, la Chine désire
faire de la consommation intérieure
le nouveau vecteur de croissance de
son économie. De ce fait, une forte
dévaluation du yuan pour favoriser
les exportations irait à contresens des
réformes structurelles qu’elle mène.
Sans compter que cela provoquerait
sans doute les mêmes dévaluations
des monnaies des pays partenaires,
réduisant fortement l’impact de la
dévaluation du yuan.
Conséquence de la réforme du 11
août pour le yuan
La première conséquence naturelle
est que la volatilité du yuan devrait
augmenter. Même si, pour l’instant,
la BPC semble déterminée à stabiliser
le taux de référence, à terme, un
régime de change plus flexible
impliquera davantage de volatilité.
La deuxième conséquence est une
valeur du yuan plus représentative
des fondamentaux de l’économie
chinoise. Le FMI a indiqué en juin
que la monnaie chinoise n’était plus
sous-évaluée à un horizon de long
terme, soit plus de six ans. Cela
implique une monnaie proche de son
niveau d’équilibre, c’est-à-dire qu’un
renforcement ou qu’un
affaiblissement ne peut être
privilégié. A moyen terme cependant,
les fondamentaux chinois favorisent
une dépréciation du yuan. En effet,
l’économie chinoise est en pleine
phase de transition d’une phase de
croissance à deux chiffres à une
croissance plus modérée (proche de
5%), caractéristique d’une économie
plus mature. De plus, elle doit en
même temps corriger les excès
induits lors de sa première phase
de forte croissance, comme un
endettement record des sociétés et
des ménages chinois, se situant
|13|
THÈME DU MOIS: LE YUAN
au-dessus de 200% du PIB. Sans
mettre en doute la capacité de la
Chine à gérer cet ajustement délicat,
ce type d’exercice occasionne
généralement davantage de risques
négatifs, comme une récession, que
de bonnes surprises. Il est de ce fait
plus probable que les perspectives de
croissance, mis à part de possibles
stimuli fiscaux, ayant des effets
positifs temporaires, produisent un
impact négatif sur la valeur du yuan.
La politique monétaire suggère, elle
aussi, une dépréciation du yuan par
rapport au dollar américain. En effet,
la Fed devrait bientôt débuter son
cycle de hausse des taux, répondant à
un marché du travail qui approche le
plein emploi, alors que la Chine se
situe dans un cycle de baisse des
taux, notamment pour faciliter les
réformes structurelles de l’économie
et contrebalancer la réduction des
liquidités due à la sortie des capitaux
du pays par des investisseurs
cherchant un meilleur rendement.
Traverser la rivière en tâtonnant
chaque pierre
Malgré la dépréciation du yuan
depuis janvier 2014 de 6.04 à 6.21 face
au dollar américain avant le 11 août
2015, la BPC puise dans ses
importantes réserves de change pour
empêcher une dévaluation trop forte
de sa monnaie (le yuan ne pouvant
s’éloigner de plus de 2% du taux de
référence du jour). Ce phénomène
ne s’est de loin pas réduit après le
11 août, expliquant le peu de
variations du yuan après le 13 août.
Néanmoins, comme l’objectif
annoncé du nouveau calcul du taux
de référence était de rendre le yuan
plus flexible au mécanisme de l’offre
et de la demande, la BPC devra
relâcher son emprise sur la monnaie
pour la laisser trouver un nouveau
point d’équilibre. Vu les
fondamentaux chinois cités
préalablement, cela implique que le
yuan devrait se déprécier,
vraisemblablement en direction des
6.80. Néanmoins, cet ajustement sera
probablement graduel, car la BPC ne
semble pas prête à laisser les seules
commandes de sa monnaie à la loi de
l’offre et de la demande, en raison
des risques induits par de fortes
variations de sa valeur. En résumé, le
yuan est devenu théoriquement plus
HISTORIQUE DU COURS USD/CNY DEPUIS 1993
5.0
5.5
Avant 1994, le taux de change
affiché est le taux officiel
Le 11 août 2015, la BPC
change la méthode de
calcul du taux de référence
6.0
6.5
Le 1er janvier 1994, la Chine unifie son système
de taux de change, provoquant une dévaluation
instantanée de 33%
7.0
Le 21 juillet 2005, le taux de
change n'est plus fixé p. r. au
dollar américain. Il oscille
désormais autour d'un taux de
référence calculé à l'aide d'un
panier de monnaies
7.5
8.0
8.5
9.0
Jusqu'en 2005, le taux de change est fixé à 8.28
yuans pour 1 dollar américain
Appréciation du yuan
9.5
1993 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16
Contributeurs | Christophe Donay, Jean-Pierre Durante, Bernard Lambert, Nadia Gharbi, Jacques
Henry, Jean-Damien Marie, Luc Luyet, Alexandre Tavazzi Edition | Aidan Manktelow, Kalina Moore,
Wilhelm Sissener | Rédaction achevée le 3 septembre 2015 Relecture | Sabine Jacot-Descombes,
Traduction | Holger Albrecht, Isabel Alvarez, Juliette Blume, Keith Watson, Mario Clapis Mise en page |
Production Multimédia Pictet Papier | Imprimé sur du papier certifié FSC
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reposent sur des cours provenant de sources d’informations financières usuelles et peuvent faire
l’objet de fluctuations. La valeur boursière peut varier en fonction de changements d’ordre
|14|
flexible. Et, selon la stratégie
économique instaurée par Deng
Xiaoping en 1978 – qu’il résuma
joliment par le slogan «traverser la
rivière en tâtonnant chaque pierre» –
le yuan constituera probablement
une pierre importante pour passer
d’une économie planifiée à une
économie de marché. En pratique
néanmoins, le contrôle de la BPC
devrait rester encore très présent
dans les évolutions de sa monnaie,
afin de s’assurer de la stabilité de
cette pierre. Vu la récente volatilité
qui a submergé les marchés
internationaux, il n’est pas certain
que beaucoup s’en plaignent.
Source: Pictet WM – AA&MR, Datastream
économique, financier ou politique, de la durée résiduelle, des conditions du marché, de la volatilité
et de la solvabilité de l’émetteur ou de celle de l’émetteur de référence. En outre, les taux de change
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perspectives |septembre 2015
CHIFFRES CLÉS
La Fed se tient prête à relever ses taux
Les dernières statistiques conjoncturelles outre-Atlantique continuent de soutenir
un scénario de hausse très graduelle des taux directeurs: alors que les statistiques
de l’emploi sont favorables, l’inflation et les hausses de salaires restent très modestes.
Données arrêtées au 31 août 2015
PRINCIPAUX INDICATEURS ÉCONOMIQUES
TAUX D’INTÉRÊT
Estimations Pictet – (consensus*)
Taux de croissance du PIB
2013
2014
USA
Euro-Zone
Suisse
UK
Japon
Chine
Brésil
Russie
1.5%
-0.3%
1.8%
1.7%
1.6%
7.7%
2.7%
1.3%
2.4%
0.9%
1.9%
3.0%
-0.1%
7.4%
0.1%
0.6%
Inflation (IPC) Moyenne annuelle sauf Brésil fin d’année
2013
2014
USA
Euro-Zone
Suisse
UK
Japon
Chine
Brésil
Russie
1.5%
1.3%
-0.2%
2.6%
0.4%
2.6%
6.2%
6.8%
1.6%
0.4%
0.0%
1.5%
2.7%
2.0%
6.3%
7.8%
2015E
2.5%
1.3%
0.7%
2.5%
0.7%
6.8%
-2.5%
-3.5%
2016E
(2.3%)
(1.5%)
(0.6%)
(2.6%)
(0.8%)
(6.9%)
(-1.9%)
(-3.6%)
2.5%
1.6%
1.0%
2.3%
1.5%
6.5%
0.5%
1.0%
2015E
0.1%
0.2%
-1.1%
0.2%
0.7%
1.6%
9.0%
15.0%
(2.7%)
(1.8%)
(1.2%)
(2.5%)
(1.7%)
(6.7%)
(0.0%)
(0.3%)
2016E
(0.3%)
(0.2%)
(-1.1%)
(0.1%)
(0.8%)
(1.4%)
(9.2%)
(12.3%)
Courts (3 mois)
Longs (10 ans)
0.25%
0.05%
-0.75%
0.5%
0.1%
1.75% (1 an)
14.25%
2.2%
0.8%
-0.1%
1.9%
0.4%
4.8% (5 ans)
14.8%
USA
Euro-Zone
Suisse
Royaume-Uni
Japon
Chine
Brésil
MARCHÉS OBLIGATAIRES
1.9% (2.0%)
1.3% (1.3%)
-0.2% (-0.1%)
1.5% (1.5%)
0.9% (1.0%)
1.8% (1.9%)
4.8% (5.5%)
6.5% (7.1%)
*Source: Consensus Economics Inc
Performance depuis le 31.12.2014
CHF
High Yield EUR
USD
GBP
High Yield USD
EUR
VARIATION DES COURS DE CHANGE (DEPUIS LE 31.12.2014)
JPY
Par rapport à l’EUR
Par rapport au USD
Par rapport au CHF
CHF —
CHF —
HKD —
HKD —
HKD —
USD —
USD —
JPY —
JPY —
JPY —
GBP —
GBP —
GBP —
EUR —
EUR —
SEK —
SEK —
SEK —
NOK —
NOK —
NOK —
CAD —
CAD —
CAD —
AUD —
AUD —
NZD —
NZD —
AUD —
NZD —
% -15 -10 -5
0
5
10
% -25 -20 -15 -10 -5
15
0
5
Dette émergente (USD)
Dette émergente (LC)
% -13 -11 -9 -7 -5 -3 -1 1 3
MARCHÉS ACTIONS
Performance depuis le 31.12.2014
USD
EUR
% -25
-20
-15
-10
-5
0
MATIÈRES PREMIÈRES
Performance depuis le 31.12.2014
Performance du mois précédent
-29.3
Palladium
-26.4
Etain
-26.4
Sucre
Pétrole coté en Asie
Cuivre
Platine
Brent
Zinc
Aluminium
WTI
Gaz naturel
Plomb
Maïs
Or en USD
Argent
Cacao
-12.6
Etain
Pétrole coté en Asie -11.1
-10.8
Brent
Palladium
Zinc
Sucre
Cacao
Cuivre
Gaz naturel
Argent
Aluminium
Maïs
Plomb
Platine
Or en USD
WTI
%
-20.3
-18.7
-16.8
-16.7
-16.6
-12.2
-8.0
-6.9
-6.7
-5.5
-4.7
-35 -30 -25 -20 -15 -10 -5
perspectives |septembre 2015
0.0
6.5
0
5
10
-14
-12 -10
MSCI World*
S&P 500*
MSCI Europe*
Tokyo SE (Topix)*
MSCI Pacific ex. Japan*
SPI*
Nasdaq
MSCI Em. Markets*
Russell 2000
-2.1%
-2.9%
-0.1%
9.1%
-10.7%
4.2%
0.9%
-12.6%
-3.8%
5.8%
4.9%
7.9%
17.9%
-3.6%
12.6%
8.9%
-5.6%
3.9%
CHF
GBP
-4.7%
-0.7%
-5.5%
-1.5%
-2.8%
1.3%
6.2%
10.7%
-13.1%
-9.5%
1.4%
5.7%
-1.8%
2.3%
-15.0%
-11.4%
-6.3%
-2.4%
* Dividendes réinvestis
SECTEURS D’ACTIVITÉ
-6.1
-5.3
-4.0
Performance depuis le 31.12.2014
-3.4
-1.6
-1.0
0.0
0.6
1.1
2.0
2.5
3.3
4.4
-8
-6
-4
-2
0
2
4
6
Industrie
Technologie
Matériaux de base
Télécommunications
Santé
Energie
Services publics
Finance
Consommation de base
Consommation discrétionnaire
USA
-8.4%
-3.2%
-10.7%
-2.7%
3.4%
-17.2%
-11.4%
-4.9%
-3.3%
3.4%
Europe Monde
6.4%
0.7%
-4.0%
9.3%
12.4%
-7.5%
-5.3%
6.1%
7.8%
7.9%
-5.7%
-3.0%
-12.5%
0.5%
5.1%
-17.7%
-9.8%
-5.1%
-1.5%
1.4%
|15|
PERSP FRA 0915
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