O Olho da História, n. 14, Salvador (BA), junho de 2010. Robert Rollinat
Au coeur de la crise: l´antagonisme capital-travail et la realisation du profit
Depuis plusieurs mois maintenant, la crise est d’abord apparue comme crise
financière et bancaire mais très vite on en a constaté les conséquences au niveau de la
production et de l’emploi. La crise est donc la crise d’un mode de production global et pour
nous, d’un point de vue marxiste, elle doit être considérée d’abord comme crise de la mise
en valeur du capital. Pour une compréhension correcte des processus actuellement en cours,
il faut la considérer, à une étape historique donnée de l’évolution du système capitaliste,
comme une crise de réalisation, de valorisation du capital considéré dans sa globalité. C’est
cette démarche que nous voudrions expliciter ci-après.
Rappelons tout d’abord que, pour Marx, un des impératifs permanents du capital, sa
« raison d’être » pourrait-on dire, c’est non seulement de produire pour réaliser la valeur (et
donc de dégager à cette occasion la plus-value, source du profit), c’est aussi de se
reproduire comme capital. Sur ce point, la phrase bien connue du « Capital » de Marx, doit
servir de base pour l’analyse :
La véritable barrière de la production capitaliste, c’est LE CAPITAL lui-même : le capital et sa
mise en valeur par lui-même apparaissent comme point de départ et point final, moteur et fin
de la production ; la production n’est qu’une production pour le capital et non l’inverse…Les
limites qui servent de cadre infranchissable à la conservation et à la mise en valeur de la
valeur-capital reposent sur l’expropriation et l’appauvrissement de la grande masse des
producteurs…Le moyen, développement inconditionné de la production sociale, entre
perpétuellement en conflit avec la fin limitée : mise en valeur du capital existant. [« Le
Capital », Livre 3, chap.15, p.263].1
Ces dernières années, sous la constante pression d’une mondialisation sauvage et
d’une dérégulation sans limites, avec l’émergence de nouveaux marchés, suite notamment à
« l’ouverture » vers les pays de l’Est et la Chine, la concurrence inter-impérialiste s’est
considérablement accentuée. Les conditions de la mise en valeur du capital sont
progressivement devenues plus difficiles. Il a fallu trouver de nouveaux espaces, aussi bien
dans les principaux pays capitalistes qu’à la « périphérie », pour, vaille que vaille, continuer
à dégager un surplus de valeur, de plus-value, fondement même du profit. Dans le
capitalisme, régime fondé sur la propriété privée des moyens de production, cette quête
insatiable du profit est la raison première de la course effrénée à l’accumulation du capital,
condition même de sa mise en valeur, en fait de sa survie.
De manière générale, dans la mesure où les lois générales de la concurrence tendent
à aiguiser la lutte entre les producteurs et les différents capitalismes , la tendance du capital
va être de chercher à réduire la part du travail payé dans la production afin de maintenir les
conditions d’extorsion de la plus-value, donc la réalisation du profit. Un des moyens
« classiques » de satisfaire cette tendance, c’est d’augmenter la productivité du travail,
notamment par des investissements en machines, en équipements afin d’économiser de la
main d’œuvre et donc les salaires. Autre moyen, largement utilisé ces dernières années et
permettant d’aboutir au même résultat : les délocalisations productives, permettant, elles
1 Les éditions de MARX utilisées ici sont : pour « Le Capital », (Cap.) Editions Sociales, Paris, 8
tomes [1959-1960] ; pour les « Théories sur la plus-value », TPV, (Livre IV du « Capital »), Editions
Sociales, Paris, 3 tomes [1974-1976] ; pour les « Fondements de la critique de l’économie politique », (
« Grundrisse »), Editions Anthropos, 2 vol., Paris, 1969.