Comment assainir l activite des banques Christian Arnsperger

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Comment assainir
l’activité des banques
RATIONALISER LA CRÉATION DE MONNAIE PRIVÉE __ L’association « Modernisation monétaire » souhaite
//__La réforme monétative fait couler beaucoup d’encre. Elle vise à interdire aux banques
commerciales de créer de la monnaie scripturale : celles-ci accordent aujourd’hui des crédits non intégralement couverts par les dépôts d’épargne de la clientèle. Elles comptent
sur le fait que les fonds des épargnant-e-s
restent plus longtemps entre leurs mains et
elles les font « travailler » à leur bénéfice. On
sait de longue date que créer de l’argent
scriptural renforce les secousses cycliques de
l’économie. C’est ce que veut empêcher la réforme monétative, qui exige que seul puisse
être prêté, sous forme de crédits, l’argent mis
en circulation par le biais d’une « politique
monétative » publique et indépendante. Tous
les fonds de la clientèle des banques seraient
alors à l’abri d’une faillite bancaire et la
garantie de l’Etat deviendrait superflue. La
masse monétaire ferait l’objet d’un contrôle
centralisé. En outre et grâce au droit régalien
de créer de la monnaie, que les banques accaparent actuellement, l’Etat pourrait réduire
sa dette et se financer en grande partie sans
intérêts.
Si l’« initiative monétative » devait aboutir, elle serait extrêmement difficile à appliquer, ne serait-ce que parce qu’elle menace
les privilèges bien enracinés du secteur bancaire. Fin 2012, sur son blog, l’Association
suisse des banquiers SwissBanking appelait
explicitement à ne pas prendre au sérieux
l’intérêt porté par le Fonds monétaire international au « Plan de Chicago » des années
1930 — un précurseur historique de la ré-
Initiative « réforme monétative »
Gian Trepp a présenté en détail l’initiative pour
la réforme monétative dans l’édition 4/2011 de
moneta. Ce numéro est disponible sur Internet :
www.bas.ch
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Photo : Fotolia
lancer en Suisse aussi rapidement que possible une initiative populaire en faveur de ce que
l’on appelle la réforme monétative (lire moneta 4/11). L’économiste Christian Arnsperger s’attend
à une levée de boucliers dans le secteur bancaire et plaide pour un compromis.
Qui « crée » la monnaie ? Qui contrôle la masse monétaire ? Un examen plus approfondi s’impose.
forme monétative. La création de monnaie
publique serait, selon SwissBanking, un « virage politico-économique en épingle à cheveux ». La monnaie scripturale créée par les
acteurs privés est un « gage de prospérité », et
l’idée même de réforme monétative découlerait d’une « tendance interventionniste ».
Les problèmes doivent être débattus
Indépendamment de telles prises de position
politiques surgit une question technique :
une réforme monétative pourrait-elle s’acquitter de ses deux tâches principales mieux
que le réseau bancaire actuel ? Elles devraient
pouvoir déterminer exactement la quantité
de monnaie nécessaire et, par conséquent, en
préciser la bonne quantité. Serait-il possible
de collecter toutes les informations nécessaires afin de ne créer trop ni trop peu de
monnaie ? Une institution spécifique pourrait-elle tenir tête aux lobbies ? Le Gouvernement et le Parlement n’exerceraient-ils aucune pression ?
En dépit de ces objections et questions, il
serait souhaitable que l’initiative sur la réforme monétative aboutisse, car les débats
publics sur les problèmes actuels de la création de monnaie scripturale pourraient amener à réformer le secteur bancaire depuis
l’intérieur, et de façon plutôt radicale. Des réformes nécessaires, puisque chaque nouvelle
crise banquière et financière montre à quel
point la création de monnaie scripturale peut
être instable et procyclique. La faute aux
banques avides de profit. En temps de crise,
créer de la monnaie scripturale privée est un
moyen de maximiser les bénéfices et la valeur actionnariale à court terme (et à courte
vue). Le volume d’argent dépasse régulièrement, et de loin, le potentiel de croissance de
l’économie réelle. La spéculation préfère généralement le gonflement rapide à la viabilité économique. Du coup, la montagne de
dettes, fondée sur un impératif de croissance
future, ne cesse d’augmenter. Peu de banquiers ont perçu le dangereux vice structurel
que cela représente.
Un nouveau modèle économique pourrait découler de cette prise de conscience : les
banques devraient recourir aussi peu que
possible à des refinancements externes. Elles
devraient, pour chaque prêt, tenir compte
moneta #1 // 13 mars 2013
dossier
chronique
des avantages sociaux au lieu de réfléchir
uniquement en termes de maximisation de
leur profit. Cessant de vouloir croître à tout
prix, les banques soutiendraient une économie ancrée dans la réalité et fondée sur
l’éthique. L’actionnariat également est remis
en question : de nombreux petits actionnaires appelés à exprimer leurs revendications sociales valent mieux que quelques
gros. La clientèle des banques devrait en
outre renoncer à percevoir un intérêt. Une
banque ancrée dans l’économie réelle a besoin d’un enracinement local et de bien
connaître son environnement immédiat.
Mais une saine concurrence entre banques
est nécessaire. Les structures de propriété et
les relations avec la clientèle devraient contribuer à ce que créer de la monnaie scripturale
soutienne une économie socialement et écologiquement durable, aussi lente qu’il le faudra. Certes, de telles banques existent déjà,
mais leur modèle d’affaires a encore du chemin à parcourir pour se propager.
Mettons donc en place un système réunissant de nombreuses petites banques coopératives, à orientation éthique et durable, enracinées localement, se finançant exclusivement
à l’interne. Elles n’aboliraient pas pour autant
le processus actuel de création de monnaie,
mais elles le rendraient minime et efficace
pour l’économie réelle. Ces banques travailleraient aussi « monétativement » que possible, sans qu’il soit nécessaire de nationaliser la création de monnaie. Ne serait-ce pas
un compromis entre la situation d’aujourd’hui et l’objectif ambitieux d’une réforme monétative ?__//
Christian Arnsperger | [email protected]
L’auteur est économiste à l’Université de Louvain (Belgique).
Pauvre mais…
//__La belle-doche était partie avec ses deux filles à la soirée
house de DJ Antoine dans le club le plus classe de la ville.
Ashley, elle, n’avait pas été autorisée à les suivre. « De toute
façon, le portier ne te laissera jamais entrer avec tes tee-shirts
en batik, alors laisse tomber », ironisèrent- elles, toutes pomponnées qu’elles étaient. Elles la laissèrent donc à la maison,
bien qu’Ashley eût réussi en un temps record à résoudre le
cube Rubik que sa belle-mère lui avait lancé – « tiens, si tu arrives à le remettre en ordre, je verrai si je change d’avis »,
avait-elle ricané. Le jeune voisin sourd qui, comme d’habitude, avait rejoint Ashley dans sa chambre en passant par le
soupirail, lui avait donné un coup de main en douce.
Ashley avait les cheveux blonds comme les blés. Les rappeurs qui squattaient devant chez Denner se retournaient sur
son passage. Ils avaient beau se moquer de ses fripes de brocante, tous se doutaient que ses lèvres étaient aussi sucrées
que du Coca Cherry. Ashley speeda jusqu’à la gare. Direction
la teuf de DJ Antoine ! Sauf que, purée, cette histoire de portier, c’était sûrement vrai : elle et son look de clodo, ça n’allait
probablement pas le faire… Qu’importe, elle sauta dans le
train, sans billet puisque, eh oui, elle était belle, mais elle
manquait de thunes.
Devant la boîte, Ashley se sentit un peu nouille jusqu’à ce
que – oups ! – Melanie Winiger lui rentre dedans. « Désolée ! »
fit Ashley. « T’inquiète ! » rigola Melanie. Et d’ajouter : « Hé, tu
veux mater mon nouveau tatouage ? Fait à l’encre bio », précisa l’ancienne miss qui, avant de disparaître dans un taxi, lui
balança un sac plein de fringues absolument mortelles. « Trop
cool, comme dans un conte de fées », jubila Ashley. Ainsi sapée, elle passa tranquille devant le portier. La soirée déchirait.
Ebloui, DJ Antoine descendit rejoindre la belle sur la piste de
danse et se trémoussa à ses côtés sur des beats d’enfer. Mais
lorsqu’il chercha à tâter sa lingerie de plus près, elle l’envoya
paître illico. Ce n’est que sur le chemin du retour qu’elle nota
ce qui était écrit sur son tee-shirt : « Pauvre mais sexy ! » « Une
citation de Platon, se dit-elle. Il faut être timbré pour imprimer un truc pareil sur un top Gucci. »__//
Il est actuellement en année sabbatique au sein de la Banque
Jürg Odermatt | [email protected]
Alternative Suisse.
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