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Les théories économiques modernes révèlent de façon probante que nos économies de marché
s’écartent de leur existence de l’acceptabilité de la monnaie comme intermédiaire nécessaire
des échanges, fondamentalement décentralisés.
L’introduction de cette dernière a deux effets sur l’économie.
Le premier, la réduction des coûts de transaction stimule les échanges qui, à leur tour,
permettent la division du travail et la spécialisation.
Telle est l’origine de la croissance selon Adam Smith.
La seconde, la séparation de l’acte d’achat à l’acte de vente introduit une incertitude quant à la
correspondance automatique de l’offre et de la demande : le producteur doit anticiper a priori
la demande qui lui sera adressée, et ses prévisions peuvent s’avérer invalidées dès lors que
l’économie n’est pas stationnaire.
Ainsi les économies sont retrouvent sujettes à des crises et ce du fait des caractéristiques
propres d’une économie marchande par opposition à des crises provenant de chocs trouvant
leur source en dehors de l’économie.
Le marché s’est avéré fort efficace pour organiser les échanges de marchandises tels que les
matières premières, les produits intermédiaires, les biens de consommation.
En revanche, sa puissance a été plus problématique en ce qui concerne l’organisation des
échanges en matière de travail, de monnaie et de relations avec la nature, faisant ainsi
apparaître ses limites.
C’est dans le domaine de la finance que les limites du marché apparaissent le plus.
En effet, sur le marché financier, sur lequel se confrontent offre et demande au travers de
cotation, s’échangent des promesses et des anticipations d’une valeur future marquée par
toutes les incertitudes nées de la conjonction, de comportements stratégiques, mais aussi de
l’incapacité des acteurs à calculer les conséquences de leurs décisions présentes sur leur
revenu futur.
Sur ce marché, de la conjonction des anticipations émerge une convention, un sentiment
partagé, qui sert de référence à la révision des évaluations privées.
Or quand l’incertitude se multiplie, les acteurs du marché sont alors davantage incités à se fier
à la convention du marché, au lieu de faire confiance à leurs propres évaluations.
Dans ce cas, le marché converge soit vers une évaluation très optimiste, soit vers une
évaluation extrêmement pessimiste.
Le basculement de l’une à l’autre se manifeste souvent par une crise financière.
Ces crises périodiques peuvent se diffuser au reste de l’économie, précipitant le passage du
krach financier à la récession économique, voire à la dépression.
Or depuis quelques décennies, les crises financières se sont multipliées et secouent presque
sans interruption, l’économie mondiale, prenant souvent la forme de crises « jumelles »
(conjugaison de crises bancaires et de crises de change).
Entre 1971 et 2008, l’économie mondiale a enregistré pas moins de vingt-quatre crises
financières, soit en moyenne une crise toutes les années et demie.
Ce qui représente un record historique.
Elles ont été spécialement fréquentes et profondes pour les économies les plus récemment
intégrées aux mouvements financiers internationaux, alors que les économies qui s’inscrivent
dans une longue tradition d’intermédiation financière ont été moins sévèrement touchées.
Certaines de ces crises ont frappé nombre de pays émergents et affectent aussi les pays
développés, pourtant ces crises bancaires avaient quasiment disparu dans la période de forte
et régulière croissance de l’après-Seconde Guerre mondiale.
Mais, quelle que soit leur nature, la majorité des crises restent difficiles à prévoir, et même
leur interprétation après coup est sujette à débats.
Pour comprendre ce phénomène qui touche particulièrement les économies mondiales, depuis
quelques temps, nous nous interrogerons sur la typologie des crises financières qui ont marqué
ces vingt dernières années et les mesures mises en œuvre dans le but de les gérer voire les
prévenir.
Nous avons donc dans un premier temps, analyser les crises financières (I), puis, nous avons
mis en évidence les différentes institutions qui ont pour rôle de gérer ces crises (II), et pour
finir, nous avons exposé une crise d’actualité : la crise des subprimes (III).
L’analyse des crises financières
Pour analyser les crises financières, il convient de les caractériser, de les classifier et de les
définir.
Afin de nous éclairer un peu plus, nous allons également donner quelques exemples de crises
qui ont marqué ces vingt dernières années.
Typologie et caractéristiques des crises
Nous avons ainsi distingué et défini les crises locales des crises systémiques ; les crises de
marchés des crises bancaires ; les crises de change et les crises boursières des krachs
boursiers.
Crises locales / Crises systémiques
Une crise de la globalisation financière devient systémique dès lors que le problème qui est au
départ local, c’est-à-dire propre à un pays (ou une banque), finit par s’étendre à l’ensemble
d’un système.
Par exemple, la faillite d’une banque qui finit par toucher l’ensemble du système bancaire.
Une crise locale s’étend à tout un système (ou région) quand ce dernier, suite à la crise, est
sujet à un certain nombre de risques : les risques systémiques.
Deux idées principales permettent de caractériser les risques systémiques :
L’immense incertitude dans laquelle on se trouve pour évaluer les prix d’équilibre
des actifs financiers,
L’aveuglement au désastre.
La notion de crise systémique fut utilisée entre les deux guerres mondiales, particulièrement
par les marxistes.
Les crises systémiques sur le marché financier sont effroyables, à la fois du point de vue de
l’impact sur la confiance et de celui de l’impact sur l’économie réelle.
La meilleure illustration en a été fournie par la crise de 1929.
Les crises locales sont généralement passibles de solutions par le marché contrairement aux
crises systémiques, qui elles, appellent souvent l’intervention de la banque centrale et /ou de
l’Etat.
Dans l’histoire moderne, il n’y eut que deux crises systémiques :
La première fut la grande crise de 1929, crise économique et sociale du système
capitaliste.
Ce fut une crise cyclique dévastatrice et l’une des causes de la montée au pouvoir des
nazis en Allemagne.
La seconde fut l’implosion du système socialiste soviétique et des démocraties
« populaires ».
Crises de marchés / Crises bancaires
Il existe un certain clivage entre les crises de marchés financiers et les crises bancaires, et
ceci, si l’on s’intéresse à l’origine des crises.
En effet, certaines crises illustrent précisément des crises de marchés, tandis que d’autres sont
les conséquences de la dégradation des banques.
Les crises de marchés illustrent l’instabilité des dynamiques de prix sur les marchés financiers
et les manques de liquidité qui peuvent s’y révéler brutalement.
Les crises de marchés sont multiples.
Les principales crises se sont produites sur les marchés des actifs financiers et réels tels que :
Le marché boursier (en 1987 et en 2000-2002)
Le marché immobilier (au tournant des années 1990 et 2007)
Depuis les années 1990, l’économie mondiale fut frappée par une vague de crises de marchés
qui affectèrent tant les pays développés que les pays émergents.
Ces crises touchaient particulièrement le marché de change.
Les crises bancaires, quant à elles, sont des situations dans lesquelles les banques ont une
situation financière très dégradée.
Elles sont la forme la plus spectaculaire de l’instabilité financière.
Les crises bancaires surviennent lorsque le système bancaire accumule des fragilités qui
peuvent être d’ordre conjoncturel (problème de liquidité…) ou encore plus graves comme des
problèmes structurels (défaillance au niveau du bilan…) pouvant se matérialiser par des
faillites de certaines banques et retrait massif d’argent des déposants, ce qui pousse les
banques à interrompre la convertibilité interne de leur engagement et contraint les autorités
monétaires à intervenir pour éviter l’effondrement du système financier.
Ces crises bancaires peuvent prendre des formes différentes pouvant être plus ou moins
graves. Nous distinguons deux cas de figures majeurs :
L’existence d’un processus de panique bancaire conduisant à la fermeture, fusion
ou prise de contrôle d’établissements par le secteur public ou par d’autres institutions
financières (par exemple : Argentine en 1980 et 1994, Thaïlande en 1983, Venezuela
en 1993) ;
En l’absence de paniques bancaires, la fermeture ou la fusion d’établissements en
difficulté, ainsi que la mise en place de plans de sauvetage des banques sur une grande
échelle (par exemple : Danemark en 1987, Finlande et Suède en 1991 et Mexique en
1992).
Le premier type de crise a pour origine un problème du côté des ressources bancaires,
brutalement asséchées par une défiance des déposants.
Le second type de crise, qui correspond au cas le plus fréquent, provient de difficultés sur les
actifs bancaires dont la qualité se dégrade fortement, au point de compromettre la solvabilité
des banques concernées.1
Crises de change
Les années 1990-2000 ont vu se multiplier les crises de change.
1
Il s’agit de situations dans lesquelles apparaissent de brusques variations des taux de change,
accompagnées de pertes massives de réserves en devises.
Nous distinguons alors trois générations de crises de change : celles de première génération,
celles de seconde génération et pour finir les crises de troisième génération.
Les crises de change dites de première génération se traduisent donc par des attaques
spéculatives contre une monnaie, provoquant l’abandon de la parité, et le décrochage de celleci (dévaluation en changes fixes, dépréciation en changes flottants), pour des raisons qui
tiennent à une dégradation sensible des « fondamentaux » habituels : politique monétaire trop
laxiste, déficits publics et/ou extérieurs…
Les crises de seconde génération sont plus découplées de l’évolution des « fondamentaux »
habituels et elles accordent encore plus de poids aux anticipations, à leur caractère mimétique,
et au poids des prophéties autoréalisatrices.
Ces crises interviennent, par exemple, quand un groupe d’investisseurs est gagné par une
vague de pessimisme profond qui provoque une sortie de capitaux et entraîne ainsi un
collapsus du système, qui vient lui-même valider les anticipations défavorables.
Les modèles de troisième génération, quant à eux, apparurent après la crise asiatique de 1997.
Ils combinent des séquences de crises déjà spécifiées dans les deux générations précédentes.
Dans les crises de troisième génération, la crise de change est étroitement mêlée à une crise
bancaire et financière, débouchant sur des crises jumelles qui font l’objet de toutes les
attentions depuis quelques années.
Crises boursières et krachs boursiers
Parmi les différents types de crises financières, nous comptons aussi les crises boursières qui
sont de nature tout à fait particulière.
Elles font référence à un effondrement brutal des cours et des titres (actions, obligations…).
L’effondrement brutal des cours survient lors de l’éclatement de ce qu’on appelle les bulles
spéculatives.
Il y a formation de bulle dès lors que le prix d’un actif s’écarte à la hausse et de façon
croissante de sa valeur intrinsèque ou vraie valeur représentative des éléments
fondamentaux de l’économie.
Les krachs boursiers quant à eux, désignent une diminution importante du coût de l’ensemble
des actions cotées.
Il existe deux types de krach :
Le krach classique
Le krach larvé
Le premier correspond à une forte diminution des cours sur une ou plusieurs journées.
Cette baisse est très brutale et semble irréversible.
Exemple : Krach de 1929 (le jeudi noir de Wall Street) et le krach de 1987.
Le second est lui aussi marqué par une baisse des cours, mais cette baisse se déroule sur
plusieurs semaines voire plusieurs mois.
Exemple : La chute des indices boursiers entre 2000 et 2003.
Nous avons ensuite mis en évidence la diversité des crises financières contemporaines en
exposant dans un premier temps les crises qui ont touché les pays émergents, puis dans un
second temps celles ayant touché les pays développés.
Quelques exemples marquants de crises
Dans cette partie, nous distingué les crises ayant touchées les pays émergents de celles ayant
touchées les pays développés ces vingt dernières années.
Les crises dans les pays émergents
La fin du XXème siècle a été marquée par plusieurs crises partant des pays émergents ayant
des systèmes de changes rigides.
Ces crises ont parfois mis en péril le système monétaire international.
C’est pourquoi elles ont été souvent qualifiées de systémiques.
Elles éclairent le fonctionnement actuel des marchés financiers.
Les principaux pays ayant connus une crise financière sont : l’Argentine, le Brésil, la Chine, la
Corée du Sud, l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, le Mexique et la Thaïlande.
Dans ce résumé, nous avons mis l’accent sur la crise mexicaine, la crise asiatique et la crise
turque.
La crise mexicaine de 1994-1995
Le contexte macroéconomique de cette crise de 1994-1995 fut marqué par la mise en
œuvre de nombreuses réformes d’inspiration libérale.
En effet, le Mexique avait libéralisé les échanges, supprimé le contrôle des changes,
modernisé son marché financier, levé les restrictions sur les investissements étrangers et
procédé à une dérégulation de son économie.
Le 1er janvier 1994, il adhéra à l’ALEA2 (Accord de Libre-Echange Nord-Américain).
Avec une moyenne de 3,9%, le pays connaissait un taux de croissance satisfaisant depuis
1989. Mais sa balance commerciale se dégradait depuis cette date.
En effet, la monnaie mexicaine, le peso était arrimé au dollar et le taux de change réel était
devenu trop élevé pour maintenir la compétitivité internationale des produits mexicains.
La balance des transactions courantes était donc déficitaire.
2
L’ALENA est un traité commercial qui prévoit l’élimination des droits de douanes sur les échanges entre le
Canada, le Mexique et les Etats-Unis (les 3 signataires de cet accord).
L’ALENA a créé la plus grande zone de libre-échange au monde et a libéralisé substantiellement le commerce
des services et a ouvert les marchés publics y compris les marchés publics des services et de la construction.
L’accord oblige les parties à ne faire aucune discrimination entre les producteurs nationaux et les producteurs
étrangers dans le commerce des services, des marchés publics et de l’investissement.
Son solde négatif atteignit 9% du PIB en 1994.
En raison de l’insuffisance de son épargne intérieure, le Mexique avait fait appel aux capitaux
internationaux pour financer son déficit extérieur.
Ces capitaux ont été attirés assez facilement en raison de la faiblesse des taux américains de
l’époque.
Par ailleurs, l’arrimage du peso au dollar était censé constituer une garantie pour les
investisseurs.
Le pays reçut à l’époque plus de 20% des capitaux dirigés vers les pays émergents.
Cependant, au second trimestre 1994, les investisseurs étrangers se firent plus rares en raison
des perspectives d’instabilité politique.
Les flux de capitaux nets baissèrent.
La Banque du Mexique essaya de compenser cette diminution par une augmentation du crédit
interne tout en maintenant le peg3 après une légère dévaluation.
Les réserves de devises passèrent de 28 milliards de dollars en février à 10 milliards au début
du mois de décembre.
Après le changement de gouvernement de décembre 1994, les rumeurs de dévaluation
s’amplifièrent.
Les anticipations concernant l’expansion future du pays devinrent défavorables.
Par ailleurs, les cours américains étaient remontés au cours de l’année.
On assista alors à une hémorragie de sorties de capitaux.
Les réserves de devises tombèrent au niveau de 6 milliards de dollars.
Le Mexique dévalua de 15% le peso.
Mais, cette dévaluation était insuffisante et le pays dut pratiquer des taux d’intérêt comportant
3
Peg signifie ancrage c’est-à-dire l’existence d’un lien fixe entre deux monnaies (en l’occurrence ici entre le
peso et le dollar) avec la possibilité de fluctuations par rapport au cours central.
une importante prime de risque4.
Le 22 décembre 1994, la banque centrale laissa flotter librement le peso qui perdit finalement
40% de sa valeur.
Le gouvernement devait rembourser 28 milliards de dettes libellées en dollars (les
tesobonos5).
Le Mexique se retrouva en situation de défaut de paiement au début de 1995.
La production industrielle chuta alors de 15% et le PIB de 6,2%.
La crise se répercuta sur les places d’Amérique Latine notamment l’Argentine, d’Asie du SudEst et d’Europe de l’Est : c’est ce que l’on appela « l’Effet Tequila».
Il fallut une aide massive du Trésor américain (20 milliards de dollars) et du Fonds Monétaire
International (FMI) (18 milliards de dollars) pour enrayer le processus.
Le plan de sauvetage (de 52 milliards de dollars au total) s’accompagna de mesures de
déflation interne contrôlées par le FMI.
La crise asiatique de 1997-1998
L’Asie de l’est est au cœur de la tourmente financière qu’a connu le monde.
C’est en Thaïlande qu’elle a débuté lorsqu’une attaque spéculative a rompu en juillet 1997
l’ancrage de la monnaie thaïlandaise avec le dollar.
C’est dans les économies voisines qu’elle s’est peu à peu propagée, fragilisant ainsi une
région du monde qui s’était caractérisée par un très grand dynamisme.
La crise asiatique a été précédée par la dégradation des balances courantes de cinq puissances
commerciales des années 1980 et 1990 : la Corée, l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines et
la Thaïlande.
En effet, ces pays avaient connu une croissance exceptionnelle depuis les années 60.
4
Lors d’une transaction portant sur une option, l’acheteur paye une certaine somme immédiatement que l’option
soit exercée ou non. Cette somme c’est la prime.
5
Il s’agit d’une aide massive accordée par les Etats-Unis au Mexique pour rembourser sa dette extérieure à court
terme. Il s’agit donc de titres à court terme libellés en pesos et indexés au dollar.
Mais en raison de leur insuffisance d’épargne par rapport aux énormes besoins
d’investissement intérieur, ces pays sont passés d’excédents commerciaux à la fin des années
1980 à des déficits dix ans plus tard.
Pour la seule année 1995, les capitaux privés investis dans ces cinq pays qui seront les plus
touchés par la crise représenteront ainsi, selon le FMI, 74 milliards de dollars.
A l’époque, par exemple, la Thaïlande affichait un déficit extérieur de près de 8% de son PIB.
Le choc est en fait venu de la combinaison de deux éléments que l’on retrouve dans beaucoup
de crises de ces dernières années : une surévaluation du taux de change et une dette à court
terme importante.
Ces pays d’Asie du Sud-est avaient ancré leurs monnaies au dollar par un taux de change
rigide (peg). De ce fait, lorsque le dollar américain baisse en 1994-1995, cela renforce la
compétitivité des pays asiatiques émergents, mais, à partir du moment où le dollar s’est mis à
monter (1996, début 1997), l’ancrage du dollar créait, pour les investisseurs internationaux, le
sentiment et souvent la réalité de la surévaluation de certaines devises asiatiques.
Donc, pour ces investisseurs ayant réalisés des placements à court terme dans ces pays, il
valait mieux désinvestir avant le recul des devises asiatiques afin de réduire leurs pertes de
change.
D’où les attaques successives, commençant par le décrochage du baht thaïlandais et gagnant
par un effet domino les autres monnaies de la région.
En effet, en six mois, le baht perdra 53% de sa valeur par rapport au dollar, le won coréen
41% et la roupie indonésienne 79%.
Les difficultés asiatiques se sont donc développées dans le cadre de l’accumulation d’une
dette extérieure à court terme, en dollar, associée à une dégradation du solde commercial et à
un taux de change mal aligné.
Le 20 août, le FMI apporte une aide de 17 milliards de dollars à la Thaïlande.
En novembre, il en accordera encore 35 à l’Indonésie et en décembre 57 à la Corée.
La crise s’estompera à partir de janvier 1998 après que le gouvernement américain aura fait
pression auprès des banques commerciales pour qu’elles acceptent de rééchelonner leurs prêts
à court terme.
La crise turque
La Turquie qui était habituée à des taux de croissance élevés a connu une crise financière
attisée par la chute de 30% de la livre turque en février 2001.
En effet, après avoir été touchée par deux séismes, en 1999 qui avaient fait baisser à eux seuls
le PIB de 0,5 à 1%, l’autre grand choc négatif responsable de la récession a été le niveau très
élevé des taux d’intérêt réels supportés par le pays.
Pour rétablir la confiance, la Turquie avait signé en décembre 1999 un accord avec le FMI
dont l’objectif était de ramener le taux d’inflation de 64% à 25% pour la fin de l’année 2000
et moins de 10% en 2002.
Cet accord prévoyait un plan de rigueur budgétaire faisant passer l’excédent primaire à 5% du
PIB.
Le plan prévoyait également la mise en place d’un rythme d’ajustement de la parité mobile de
la livre turque, du prix des secteurs publics, des loyers, du salaire minimum ainsi que des
rémunérations des fonctionnaires.
Le système de parité glissante (crawling peg6) devait permettre une diminution de l’inflation.
Ainsi l’économie du pays se redressa au cours de l’année 2000.
Toutefois, une deuxième crise financière se développa alors en février 2001 du fait que les
autorités n’arrivaient à restaurer la confiance.
Le gouvernement dut alors laisser flotter la livre.
Cette dernière se dévalorisa de plus de 40% entre le mois de février et le printemps 2001.
Dès lors, le système bancaire qui s’était beaucoup endetté en devises fut en état
d’étranglement financier.
La Turquie enregistrait alors une dette extérieure de 110 milliards de dollars avec une inflation
remontée à plus de 54% en rythme annuel au milieu de 2001 et à 66,5% dès l’automne.
Le PIB recula de 7,4%.
L’aide du FMI fut un véritable ballon d’oxygène pour cette économie.
Alors que le plan stand-by signé en décembre 1999 prévoyait déjà le versement de 4 milliards
6
Le crawling peg est une politique pré-annoncée de petite dévaluation chaque semaine.
de dollars sur trois ans, des ressources beaucoup plus importantes furent bientôt attribuées à la
Turquie.
C’est ainsi qu’une ligne de crédit de 16 milliards de dollars fut accordée au pays en février
2002.
Mais de graves difficultés réapparurent au cours de la guerre en Irak au printemps 2003.
Les taux d’intérêt sur la dette extérieure atteignirent 74% et la chute de la livre reprit.
Pour éviter une nouvelle crise, le Sénat américain accorda en avril une aide d’1 milliard de
dollars et des garanties de crédit allant jusqu’à 8,5 milliards de dollars.
Les crises dans les pays développés
Le krach d’octobre 1987
Ce krach s’est déroulé en deux temps : tout d’abord la remontée vive des taux d’intérêt à long
terme, puis la chute de l’indice Dow Jones de la bourse de New York de 22,6%, soit la plus
importante baisse enregistrée en un jour sur un marché d’actions.
C’est de là qu’est apparue l’expression de « lundi noir » ou Black Monday qui constitue une
référence indirecte au Black Thursday ou « jeudi noir » du 24 octobre 1929 qui fit entrer les
Etats-Unis dans la Grande dépression.
Les causes de ce krach boursier sont au nombre de trois et sont les suivantes :
les importantes et brutales fluctuations du dollar au milieu des années 1980 ;
un mécanisme d’immunisation des portefeuilles, dit portfolio insurance en anglais,
destiné à réduire les risques mais que sa généralisation transforma en cercle vicieux ;
les systèmes automatiques d’achats et de ventes d’actions (program trading) utilisés
à l’époque qui ont amplifié et encouragé la baisse des cours.
Il faut pour comprendre cette crise poser le contexte historique.
En effet, on note l’envolée du dollar entre 1979 (1 USD = 4,3 FF) et 1985 (1 USD = 9,7 FF).
A la fin de 1979, Paul Volcker, nouveau gouverneur de la banque centrale américaine décide
d’une violente remontée des taux d’intérêt pour combattre l’inflation.
Cette mesure fut un succès, puisque les taux d’intérêt réels atteignirent des sommets sans
précédents (jusqu’à 19% en 1980) et au prix d’une sévère récession, l’inflation disparut (en
1983, elle n’était que de 3,2%).
Ainsi, les Etats-Unis connaîtront un afflux de capitaux et le dollar s’apprécia pendant cinq ans
jusqu’en mars 1985 où il atteignait le niveau qu’il avait lorsqu’il était, avant 1971, encore
convertible en or.
De ce fait, une réaction des pouvoirs publics était alors obligatoire.
Par la suite entre 1985 et 1987, furent signés les Accords du Plaza puis les Accords du
Louvre.
Les Accords du Plaza 7furent signés le 22 septembre 1985 entre les pays du G7 (moins le
Canada et l’Italie) pour intervenir sur le marché des changes et organiser un repli du dollar.
Ce fut un échec total et le dollar se retrouva ainsi, à la fin de 1986, à son plus bas niveau
historique, à savoir celui de 1979.
Ainsi, pour stopper le mécanisme laborieux mis en route, les pays du G7 (moins l’Italie),
signent alors à Paris le 22 février 1987 les Accords du Louvre, destinés à mettre fin à la baisse
du dollar.
Puis, en 1987, on constatait la remontée des taux d’intérêt.
7
Accords signés à l’hôtel Plaza de New-York entre les pays membres du groupe des 5, en vue de pratiquer des
interventions sur le marché des changes pour obtenir un atterrissage en douceur (soft landing) du cours du dollar.
Le dollar avait en effet atteint des sommets (il dépassait les 10,6 FF), ce qui laissait craindre un effondrement
brutal (crash ou hard landing).
Ces accords marquaient une volonté de mettre en place une coopération monétaire internationale et une
coordination des politiques économiques.
En effet, l’économie américaine a connu cette année une dépréciation de près de 50% de sa
devise.
La banque centrale américaine, la Fed opta pour une remontée des taux à court terme.
Ainsi, à partir de janvier 1987, les taux d’intérêt des emprunts d’Etat à long terme
commencèrent à remonter (de 7% en janvier à 9,5% à la fin du mois de septembre).
Ce mouvement fut initié dès la signature des Accords du Louvre, car pour les gestionnaires de
fonds, ces accords ont une implication simple : si le dollar doit s’arrêter de baisser, les taux
d’intérêt américains doivent remonter pour le rendre à nouveau intéressant en tant que
placement.
Ainsi, le nouveau gouverneur de la Fed, Alan Greenspan, nommé le 11 août 1987, va, l’année
suivante, remonter violemment les taux à court terme : de 6,5% à l’été 1988, ils passeront à
10,5% au printemps 1989.
Les crises du Système Monétaire Européen (SME)
La situation économique européenne du début des années 1990 s’est chargée de rappeler les
limites du régime de changes instauré par le SME.
Les crises de change de 1992-1993 s’expliquent tout d’abord par des mécanismes
d’anticipations auto réalisatrices du marché favorisés par la libéralisation des mouvements de
capitaux au sein de la Communauté, mais aussi par un certain nombre de facteurs
fondamentaux d’asymétrie à l’œuvre depuis le début des années 1990.
Ainsi, les marchés avaient une bonne raison de douter de la solidité des parités.
De plus, les évolutions des PIB dans les principaux pays européens témoignent d’un fort
décalage des conjonctures qui s’amorça en 1990.
Ce décalage provenait essentiellement de l’unification allemande ayant entraîné un choc
asymétrique pour toute l’Europe qui n’a pu être amorti en raison de la politique suivie par la
Bundesbank. Ainsi, la priorité donnée à la lutte contre l’inflation poussait les pays participants
au SME à ancrer leur monnaie de façon rigide au mark allemand.
Par la suite, les situations de l’Italie et du Royaume-Uni se dégradaient déjà dangereusement :
les taux de changes réels de la lire et de la livre vis à vis du mark réduisaient la compétitivité à
l’exportation de ces deux pays et dégradait leur balance courante.
De plus, le Royaume-Uni souffrait également de la baisse de la demande intérieure globale.
La politique de la Bundesbank qui consistait à resserrer sa politique monétaire pour lutter
contre l’inflation a été une erreur qui s’est payée dans toute l’Europe par une désinflation
assortie d’une récession et de chômage.
Cette erreur entraîna la sortie de l’Italie et du Royaume-Uni du SME dès septembre 1992.
L’année suivante, on notait les dévaluations de la peseta espagnole, de l’escudo portugais et
de la punt irlandaise.
Puis, au début des années 1990, les pays européens menèrent à nouveau une politique
monétaire restrictive combinée à des restrictions monétaires pour endiguer le déficit public.
Ainsi, jusqu’au milieu des années 1990, ils connurent une stagnation de la croissance.
Cette situation montre l’incapacité des nations européennes à mettre en place des politiques de
relance pour sortir rapidement des récessions.
L’intégration des marchés de biens et de capitaux crée une profonde asymétrie entre les
différentes politiques.
Ceci montre bien l’absence de coordination et le biais restrictif des politiques européennes qui
constitue en partie le coût de « la non-Europe politique ».
« Les politiques européennes sont presque aussi interdépendantes que le sont les Etats
américains, mais il manque les institutions fédérales et démocratiques qui permettraient de
gérer l’espace économique de la Communauté ».
Ce déficit de coopération a été particulièrement visible au début des années 1990 avec la
réunification allemande et le résultat d’une gestion particulièrement inefficace des politiques
économiques face au choc asymétrique de la réunification allemande fut la récession de 1993
en Europe continentale.
En effet, c’est parce que l’Europe ne disposait pas des institutions politiques adaptées à une
économie européanisée qu’elle a été incapable de retrouver la croissance après la récession de
1993.
Ainsi, tous les pays d’Europe continentale étaient confrontés à une nécessité de réduire
simultanément les déficits publics et le chômage.
La gestion des crises financières
Il paraît évident qu’une crise ne peut se résorber seule, de ce fait des institutions ont été créées
pour gérer et ainsi limiter les conséquences désastreuses que ces crises financières et
monétaires peuvent avoir sur l’économie.
Nous nous sommes donc arrêter ici sur les deux principaux acteurs qui jouent ce rôle, à savoir le
Fonds monétaire international (FMI), et le Prêteur en dernier ressort (PDR) qui fait l’objet de
nombreuses controverses notamment sur son identité.
Le Fonds Monétaire International (FMI)
Le Fonds Monétaire International (FMI) est une institution internationale regroupant 185 pays,
dont le rôle est de « promouvoir la coopération monétaire internationale, de garantir la
stabilité financière, de faciliter les échanges internationaux, de contribuer à un niveau
élevé d’emploi et à la stabilité économique et de faire reculer la pauvreté ».
Les missions de base du FMI peuvent être résumées de la façon suivante :
Promouvoir la coopération monétaire internationale,
Faciliter l’expansion du commerce international,
Promouvoir la stabilité des changes et en particulier éviter les « dépréciations
concurrentielles des changes » (cet objectif de stabilité des changes a forcément
changé de nature avec le passage aux changes flottants au plan mondial en 1973 et
l’amendement introduit en conséquence dans les statuts du Fonds en 1976),
« Aider à établir un système multilatéral de règlement des transactions courantes entre les
Etats membres… »,
Permettre aux Etats membres de faire face à des déséquilibres de leurs balances des
paiements, en leur fournissant les concours adéquats.
L’idée ici est que les déséquilibres extérieurs doivent être gérés grâce aux financements du
Fonds, « sans recourir à des mesures préjudiciables à la prospérité nationale ou
internationale ».
Toutefois, alors que le FMI avait été créé pour aider les pays membres à surmonter des crises
des balances des paiements grâce à des financements adaptés et, dans certains cas, grâce à des
ajustements des taux de change, il a toutefois été conduit par les évènements à diversifier ses
missions et ses concours financiers.
En effet, le FMI a joué un rôle central dans la gestion de la crise de la dette des pays en
développement à partir de 1982 (première crise mexicaine).
De plus, il continue à intervenir en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et il fournit
un appui financier à taux d’intérêt très bas pour permettre la facilité pour la réduction de la
pauvreté et pour la croissance (FRPC), etc.
Nous pouvons donc dire que le FMI ne se limite pas à des aides de court terme en cas de
difficultés financières, mais il se préoccupe également du moyen terme et des aspects non
financiers.
En effet, depuis quelques années, le FMI a pour nouvelle mission de prévenir les crises
financières, ce qui lui a permis d’élargir sa palette de mécanismes d’intervention.
280 milliards pour arrêter les crises financières
Source : OCDE, FMI.
Le Prêteur en Dernier Ressort (PDR)
Compte tenu des coûts financiers et sociaux que les crises financières sont susceptibles
d’engendrer, la légitimité de son intervention ne fait plus guère l’objet aujourd’hui de réelle
contestation.
En revanche, ses modalités d’intervention voire, son identité, sont encore au centre de
nombreux débats.
En effet, l’identité même du PDR a été considérablement brouillée par la globalisation
récente, dans la mesure où celle-ci a contribué à élargir le champ d’intervention du PDR et a
multiplié le nombre d’acteurs impliqués dans la gestion des crises.
Le PDR a pour rôle « d’intervenir en cas de crise de liquidité afin de garantir la stabilité
du système bancaire et la confiance des agents économiques tout en limitant l’aléa moral
inhérent à son action, les conditions de son intervention étant connues ex-ante ».
Selon la doctrine classique du « prêteur en dernier ressort » énoncée par l’analyste britannique
W.Bagehot 8dès 1873, une banque centrale ne peut intervenir en tant que PDR au profit d’une
banque en difficulté que sous des conditions strictes :
La banque en question doit être confrontée à un problème d’illiquidité (besoin de
trésorerie à très court terme), et non à une situation d’insolvabilité (actif net négatif) ;
La banque centrale qui intervient comme PDR doit apporter son concours à court
terme et à un taux de pénalité (car il doit s’agir d’une procédure exceptionnelle), et
contre des garanties fournies par l’établissement en difficulté ;
La banque centrale ne doit pas laisser le marché dans l’incertitude.
Elle doit indiquer clairement à l’avance les règles du jeu, à savoir les configurations
dans lesquelles elle exercera la fonction de PDR.
Selon cette même doctrine, l’intervention du PDR n’est que transitoire afin de ne pas
perturber la réalisation des objectifs de politique monétaire.
En effet, en cas de crise bancaire, le PDR doit être en mesure de prêter à court terme et dans
des délais très brefs aux établissements de crédit solvables connaissant un choc de liquidité, et
ce sans discrimination et sans limitation de montant.
L’intervention du PDR ne vise donc pas à sauver les banques insolvables de la faillite, mais à
restaurer la liquidité des marchés afin d’enrayer au plus vite les effets de contagion
8
Walter Bagehot (3 Février 1826-24 Mars 1877) était un journaliste britannique du XIXème siècle qui écrivit
beaucoup sur les questions politiques et économiques.
Il écrit pour divers périodiques et se fait connaître en particulier comme éditorialiste du journal « The
Economist ».
Après en avoir pris le pouvoir en 1861, il étend le contenu éditorial de la publication aux questions nordaméricaine et à la politique.
On considère qu’il a augmenté l’influence du journal dans les milieux politiques.
Ses principaux ouvrages sont : « The English Constitution » (1867) et « Physics and Politics » (1872)
Cependant, afin de limiter l’aléa moral, le principe d’intervention du PDR est assujetti à deux
conditions supplémentaires, à savoir :
D’une part, les prêts doivent être garantis par des titres de bonne qualité évalués à leur
valeur en période normale ;
D’autre part, le taux d’intérêt appliqué aux prêts doit être pénalisant, afin que la banque
affectée par un choc de liquidité n’envisage de recours au PDR que comme ultime
solution.
Ces conditions d’intervention visent à encourager les banques à adopter un comportement
limité en termes de risque.
A l’opposé, la théorie monétariste, défendue notamment par Friedman (1960), ne conteste pas
le bien fondé de l’intervention du PDR mais l’applicabilité des principes précédemment
énoncés par Thornton et Bagehot.
La principale critique porte sur la difficulté pour le PDR de différencier en période de crise
une situation d’illiquidité et une situation d’insolvabilité.
Dans ce contexte, il apparaît nécessaire que le champ d’intervention du PDR soit élargit.
En conséquence, il est préférable que le PDR, dont le rôle incombe à la banque centrale,
intervienne par des prêts octroyés, non pas à une institution particulière mais au marché en
général.
Nous pouvons d’ailleurs prendre l’exemple de la gestion du krach boursier de 1897 par la
Réserve fédérale américaine pour démontrer que cet élargissement du champ d’intervention
du PDR apparaît comme particulièrement adapté aux crises financières récentes.
En conclusion, si les principes d’intervention du PDR apparaissent comme bien définis, celleci demeure pourtant bien difficile à mettre en œuvre.
En effet, si la théorie classique prône l’aide du PDR à des banques illiquides mais solvables,
dans la pratique, on constate un soutien inconditionnel à des banques « too big to fail », c’està-dire dont la faillite est susceptible d’entraîner un risque systémique majeur.
Or, le principe du « too big to fail » est source d’aléa moral puisque sachant leur institution
protégée par l’intervention du PDR, les dirigeants des grandes banques vont être tentés de
prendre des risques démesurés, et les déposants de ces banques seront incités à diminuer leur
vigilance.
Au final, au lieu d’aboutir à la diminution du niveau global du risque, la simple existence d’un
PDR peut contribuer à l’accroître.
Une crise d’actualité : la crise des subprimes
Définition
Sub = inférieure, prime = qualité, nous pouvons donc comprendre par subprime qualité
inférieure.
La crise des subprimes 9 ou crise des papiers commerciaux, est une crise financière et
boursière mondiale, déclenchée en 2006 par un krach des prêts hypothécaires à risque aux
États-Unis (les « subprimes »10), révélée au monde en février 2007, puis transformée en crise
financière mondiale à partir de l'été 2007.
Cette grave crise qui secoue les marchés depuis quelques mois et dont le coût, en date du 8
avril 2008, s’élevait à près de mille milliards de dollars, selon le FMI, soulève de multiples
questions, notamment sur les causes qui ont conduit à ce choc que peu d’experts avaient
pourtant anticipé.
Cette crise a aussi été l’occasion, pour plusieurs, de découvrir à quel point il nous est difficile
de comprendre, de nos jours, les prêts hypothécaires.
Le mécanisme de la crise
9
Crise des subprimes : en anglais subprime mortgage meltdown.
10
Subprime : Crédit immobilier à risque et à taux élevé, consenti à un emprunteur qui n’offre pas les garanties
suffisantes pour bénéficier du meilleur taux d’intérêt.
Cette forme de crédit est surtout développée aux Etats-Unis, peu en Europe et inexistant en France.
L’histoire a commencé sur le marché de prêts immobiliers dits « subprime », précisément
lorsque le piège tendu par les organismes de crédit hypothécaires 11du secteur s’est refermé sur
les salariés pauvres américains.
Il s’agit d’élargir l’accès du marché immobilier américain à tous les ménages, même les plus
fragiles.
Les banques prêtent alors aux ménages en créant une prime exceptionnelle (subprime) pour le
risque de défaut et vont ainsi détenir dans leurs comptes une quantité de papiers, contrepartie
de ces prêts risqués, qui sont autant de revenus futurs au fur et à mesure des remboursements
supposés.
Aux Etats-Unis, les prêts immobiliers sont ventilés en trois catégories :
« subprime »,
« non-prime »,
« prime ».
La catégorie des « subprimes » correspond au niveau de solvabilité le plus bas de
l’emprunteur,
le
plus
souvent
des
salariés
pauvres.
En effet, ce sont des crédits accordés aux ménages présentant de trop faibles garanties pour
accéder aux emprunts normaux : « prime », soit parce qu’ils ont déjà eu des difficultés
financières par le passé, soit du fait de l’insuffisance de leurs revenus, limitant ainsi leur
capacité de remboursement.
Ce type de crédit s’est largement développé aux Etats-Unis, et ce surtout à partir de 20042005.
En 2006, il représentait environ 40% des nouveaux crédits hypothécaires.
Les ménages, ayant les ressources disponibles, avaient déjà profité, et ce de manière
abondante, de taux d’intérêt bas pour acheter ou pour s’agrandir.
Ainsi, au moment où les taux d’intérêt commencèrent à accroître, ce fut alors une clientèle
beaucoup moins solvable qui se vit la proie du business du crédit immobilier.
On assiste alors à une extension des formules de prêt de plus en plus exotiques, ayant toutes
un point commun : prévoir des remboursements faibles dans les premières années, suivis au
cours des années ultérieures d’un alourdissement de la charge de la dette, qui peut s’avérer
assez importante dans certain cas car très rapidement le taux s’élève et peut atteindre 18 %.
Nombre de salariés pauvres ne peuvent plus, alors, payer leurs mensualités.
11
Crédits Hypothécaires : Crédits accordés à des particuliers pour l’achat d’un bien immobilier associé à une
hypothèque sur ce bien. En cas de non remboursement, la banque peut saisir le bien sans avoir besoin d’engager
des démarches judiciaires complexes.
Ici le premier intervenant est un vendeur d’hypothèques totalement indépendant de la banque
qui par la suite prendra le relai pour débloquer les fonds nécessaire à l’achat de la maison.
Une fois que le contrat est transmis à la banque par ce vendeur et que ce dernier encaisse sa
commission, il est libéré de toute responsabilité à l’égard de la maison et de l’acheteur.
Pour accroître ses ventes et donc garantir la croissance de l’ensemble du système, ce vendeur
incitera même les clients à inscrire dans la case « revenus » du formulaire, la somme qui leur
permettra d’acquérir la maison de leur rêve, même s’ils ne la détiennent pas.
C’est ce qu’on appelle : « liar’s loan », en français un « prêt sur mensonge ».
Sur le coup, tout était simple et tout le monde y trouvait son compte :
les ménages emprunteurs, souvent inconscients des conditions réelles de
remboursement de leur prêt, trouvaient là l’occasion d’enfin accéder à une propriété ;
les courtiers empochaient leurs commissions sur les contrats réalisés ;
les établissements financiers pouvaient sortir ces créances quelque peu douteuses de
leur bilan en les transformant en titres vendus sur les marchés financiers, les Mortgage
Backed Securities, c’est ce qu’on appelle la titrisation des créances;
les investisseurs achetaient ces titres offrant une très confortable rémunération.
En effet, pour compenser la mauvaise qualité des créances sur lesquelles ils s’appuyaient, ces
titres offraient des taux d’intérêt manifestement plus élevés au standard du marché.
Ce système ne peut fonctionner, au détriment des salariés pauvres et au profit des banques,
que dans un contexte de hausse des biens immobiliers.
C’est, en effet, uniquement dans un tel contexte que les organismes de crédit sont assurés,
grâce à l’hypothèque qui leur permet de faire vendre le bien, de récupérer leur capital et les
intérêts déjà dus au moment où l’emprunteur n’arrive plus à payer ses mensualités.
Mais depuis trois ans, les salaires stagnent et les taux de la Réserve fédérale (FED) sont passés
de 2 % à 5,75 % augmentant d’autant les taux des prêts « subprimes » variables et indexés sur
ces taux.
Deux types de crise menacent alors les banques :
Une crise de liquidité, car il devient de plus en plus difficile pour les banques
d’emprunter de l’argent auprès d’autres banques, ce qui contraint les banques centrales
à des interventions massives.
Une crise de rentabilité, car les pertes liées à la crise immobilière viennent en
déduction des profits, ou sont couvertes par de nouveaux apports de capitaux ou
mènent à la faillite.
Dès la fin de l’année 2006, il est apparu que des emprunteurs de plus en plus nombreux ont
donc cessé de payer leurs mensualités, ne pouvant plus faire face à leurs remboursements.
Leurs logements ont été vendus aux enchères ce qui n’a fait qu’accentuer la baisse déjà en
cours des prix de l’immobilier.
Durant ces mêmes années, 1,2 millions d’Américains ont perdu leur logement et la situation
ne fait qu’empirer en même temps que se dégonfle la bulle spéculative immobilière.
Les taux de défaut sur les prêts « subprime » commencèrent à augmenter et ce dans des
proportions assez inquiétante.
Après les ménages, forcés de vendre leur maison sur un marché immobilier désormais
totalement déstabilisé, ce fut ensuite les grands établissements spécialisés prêteurs, qui furent
touchés
à
leur
tour,
entraînant
ainsi
de
multiples
faillites.
Les organismes de prêts hypothécaires à risque (tel l’American Home Mortgage) ont été les
premiers touchés par l’augmentation rapide des non remboursements des prêts
« subprimes»12.
En quelques mois, une vingtaine d’établissements ont dû mettre la clé sous la porte.
Les conséquences de la crise
Vent de panique sur l’économie mondiale
La crise financière américaine a dépassé les frontières des Etats-Unis.
En effet, la crise locale qui touche les crédits immobiliers américains est en train de se
transformer en séisme économico-financier planétaire.
La crise financière a également débordé des mondes de l'immobilier et de la banque en
atteignant le milieu boursier.
Les pays industrialisés devraient être davantage touchés, en particulier les Etats-Unis,
l’Europe et le Japon.
La
prévision
de
croissance
oscille
entre
1,5%
Néanmoins, le FMI craint que les pays émergents ne soient plus épargnés.
et
1,6%.
En effet, il craint que la crise financière touche davantage la consommation des ménages et
12
Les fonds de placement ont suivi, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Australie, en France où, en août 2007, la
BNP-Paribas décidait de suspendre le calcul de la valeur liquidative de trois de ses fonds qui venaient de perdre
plus de 20 % en un peu moins d’une semaine.
l'investissement des entreprises dans les pays occidentaux.
Par conséquent, les pays émergents et en développement pourraient subir le contrecoup :
baisse des exportations et des financements étrangers.
Néanmoins, malgré un recul de leurs exportations, ces pays bénéficient d’une demande
intérieure forte, de la hausse des cours énergétiques et agricoles pour les pays exportateurs.
La prévision de croissance de 2008 est estimée à 6,9% pour les pays émergents.
La Zone Euro va quant à elle connaître un ralentissement significatif sans pour autant tomber
en récession car elle est désormais plus liée commercialement et économiquement à l'Asie
qu'aux Etats-Unis.
Seule la sphère financière européenne reste incestueusement liée à celle d'outre-Atlantique.
L’endettement des entreprises européennes a augmenté de 40% depuis 2003, ce qui signifie
qu’elles sont fragiles.
La BCE constate un resserrement des conditions du crédit qui seront de nature à fragiliser la
croissance de la zone euro.
Mais elle constate aussi un excès de liquidités et donc s’attend à une inflation de 2,5 à 3%
dans l’année qui vient.
En 2007, la croissance de la zone euro (2,7%) a été supérieure à celle des USA,
essentiellement à cause de la crise immobilière.
Pour le Royaume-Uni, les perspectives sont plus sombres car son économie est très exposée
aux évolutions américaines et très dépendantes de la finance.
La récession est probablement au rendez-vous.
Pour l'Asie, on peut estimer que la situation va dépendre de la rapidité des pays asiatiques à
surmonter les effets de la récession américaine en dynamisant leurs échanges intra-régionaux
et ceux avec l'Europe.
Sur cette séquence de moins de deux ans, elle suivra probablement un processus rapide de
micro-récession suivi d'une reprise rapide.
Prévisions de croissance du FMI pour
2008
Les conséquences sociales de la crise
Le système des subprimes est beaucoup plus complexe que le système de prêt classique,
quand un emprunteur demande à son banquier de lui prêter de l’argent.
Le système des subprimes permet de transformer les emprunts en titres, et les taux sont
variables.
De plus, dans 70% des prêts accordés aujourd’hui aux Etats-Unis, une tierce personne fait
l’intermédiaire, un « courtier en prêts hypothécaires », qui travaille non pas pour l’emprunteur
mais pour la banque et il est dans son intérêt de convaincre le client de prendre un prêt qui
profitera plus à la banque qu’à lui-même.
Par exemple, si un client est éligible pour un prêt classique, mais qu’il est plus rentable pour
la banque de lui accorder un prêt subprime, le courtier va le convaincre, même si ça ne lui est
pas profitable et il touchera une sorte de pot-de-vin appelé « premium ».
Tant que la maison vaut plus que la dette, il prête.
C’est le cas de 2/3 des Afro-Américains qui ont contracté un emprunt subprime.
Les courtiers accordent des prêts à des clients, en sachant très bien qu’ils seront incapables de
le rembourser.
Quand les taux d’intérêt augmentent, comme prévu, cela revient à lui voler son argent, ses
rêves, ses projets.
La réalité de cette crise, outre que les banques perdent de l’argent, c’est que les américains
perdent leurs maisons car pour ceux qui ne peuvent faire face au remboursement mensuel,
monté en flèche, c'est la saisie.
Un crédit à taux variables sur 5 finit par la faillite.
En 2006, les crédits subprimes représentaient 24% des crédits immobiliers octroyés aux EtatsUnis.
A la fin de cette même année, leur encours atteignait près de 13% du total des crédits
hypothécaires aux Etats-Unis (10.200 milliards de dollars), contre 8,5% en 2001.
Exemple de Cleveland : « capitale des expulsions »
A Cleveland, depuis 2002, plus de 70000 maisons ont été saisies en 2007, les habitants ont été
expropriés et chassés.
Selon le journaliste Phillip Morris, d’un journal de Cleveland, l'ampleur du sinistre est
comparable aux dégâts de l'ouragan Katrina, qui avait dévasté La Nouvelle-Orléans en 2005:
« plus de 24.000 personnes ont perdu leurs maisons. Plus de 10.000 maisons abandonnées.
Des ménages ont été contraints de laisser derrière eux biens, vêtements et même leurs photos
de famille. »
Cas de saisies dans le conté de New Cuyahoga (Cleveland)
Face à toutes ces difficultés, les pouvoirs publics ne sont pas sans ressources.
En effet, ils cherchent à calmer la crise en utilisant plusieurs lignes de défense, mais pour le
moment sans grand succès.
Or, c’est de la qualité de leurs interventions que va dépendre l’amplitude des dégâts de cette
crise qui est d’ores et déjà considérée comme l’une des plus sévères crises financières de ces
dernières décennies.
Conclusion
Les crises ont fait leur réapparition depuis deux décennies.
Ce retour s’explique essentiellement par le rôle de la monnaie et des innovations, ainsi que par
la libération financière.
Nous avons pu mettre en évidence à travers notre mémoire les différentes crises qui ont
touché le monde depuis ces vingt dernières années.
Malgré quelques différences sur les formes du déclenchement des crises, le mécanisme est
toutefois identique à toutes ces crises.
En effet, la débâcle de la finance frappe les banques, donc le crédit, puis l’investissement, la
croissance pour ensuite se répercuter sur l’emploi et les moyens de subsistance du plus grand
nombre.
Il s’agit donc d’un engrenage duquel il est difficile de sortir.
Notons toutefois que la situation actuelle s’inscrit pleinement dans la trajectoire tracée depuis
plus de vingt ans.
En effet, la crise d’aujourd’hui ne fait pas exception à la règle.
Ses causes illustrent bien la racine qui se trouve dans l’organisation même des rapports de
production capitalistes.
Au départ, des prêts hypothécaires, les « subprimes », sont accordés aux ménages, à des
millions de consommateurs américains à revenus faibles, poussés par des agences de crédit ou
des banques à s’endetter pour acquérir leur logement.
Toutefois, ces prêts remboursables sur 20 ou 30 ans, à mensualité fixe sur les deux premières
années, deviennent par la suite insupportables pour la plupart des emprunteurs les années
suivantes.
Par conséquent, de nombreuses maisons sont saisies et revendues.
Mais le nombre des maisons à vendre augmentant de mois en mois, les prix se sont mis à
baisser et les faillites se multiplièrent.
C’est ainsi que la crise immobilière allait se propager aux bourses du monde entier,
notamment par la contraction de l’économie, du crédit, des commandes, et donc
inévitablement des salaires et de l’emploi.
L’économie américaine est placée devant un dilemme redoutable : soit on réduit les
déséquilibres, mais au risque de la dépression ; soit on relance l’activité, mais en aggravant les
déséquilibres.
Nous avons pu définir et étudier le rôle et les fonctions des deux principales institutions
financières (FMI et PDR) qui peuvent intervenir aux cours des crises bancaires et financières,
de façon à réguler ces dernières.
Les expériences ont alors montré que des élargissements étaient nécessaires sur le plan des
missions et des interventions de ces institutions pour tenter de régler les crises et de réduire
l’effet de contagion.
Toutefois, les mesures mises en œuvre sont-elles suffisantes et adéquates pour achever le
mécanisme de contagion d’une crise qui restera quoiqu’il en soit dans l’histoire de la finance
mondiale ?
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