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18. D’une analyse approfondie des impacts des cours du pétrole sur l’inflation, il ressort qu’alors que
ceux-ci étaient devenus plus modérés dans la période 1986-1998, ils ont eu tendance à devenir
plus prononcés par la suite et que, dans le même temps, la capacité de l’indice-santé à en
neutraliser partiellement l’incidence s’est sensiblement amoindrie, l’effet de neutralisation passant
de la moitié environ en 1998 à un cinquième seulement en 2010.
19. Les prix à la consommation en Belgique sont plus sensibles aux effets de premier tour liés à une
hausse des prix pétroliers que dans les pays voisins, en raison du poids plus important du
mazout de chauffage, du gaz et de l’électricité dans l’indice des prix. Avec l’augmentation des
prix de l'énergie, le contenu énergétique de ces produits s'est accru de même que la sensibilité
aux prix du pétrole. Celle-ci est par ailleurs plus élevée en Belgique du fait que les accises et les
autres formes de fiscalité forfaitaire – qui, vu leur caractère constant, atténuent l’impact d’une
hausse du prix hors taxes sur le prix taxes incluses – sont sensiblement moins importantes qu’à
l’étranger. En ce qui concerne le gaz, la Belgique se distingue des autres pays par la fréquence
plus grande d’adaptation des tarifs appliqués aux ménages en fonction de l’évolution des cours
internationaux, et cette sensibilité a été accrue à partir de 2007 par plusieurs facteurs. Il s'agit de
la modification des paramètres de référence dans la formule utilisée par les fournisseurs pour le
calcul de leur tarif et de la décision, conformément aux directives européennes, de comptabiliser
le prix du gaz dans l’indice des prix non plus en fonction du prix moyen relevé dans les factures
annuelles adressées aux ménages, mais bien sur la base de l’évolution effective des tarifs
mensuels, ce qui a accéléré la prise en compte dans l’indice de l’impact des hausses de prix. En
ce qui concerne l’électricité, la sensibilité s’est aussi accrue, du fait d’un changement de la
méthodologie de comptabilisation dans l’indice des prix similaire à celui relevé pour le gaz, et de
l’augmentation de 2008 à 2011 des tarifs de transport et de distribution. La transmission des
hausses des cours des matières premières énergétiques se révèle en outre être tout à fait
atypique par rapport aux pays voisins.
20. Assurer un mode correct de formation des prix à la consommation doit constituer une priorité
politique absolue et il faut mettre fin aux anomalies constatées dans la tarification de l’électricité
et du gaz. En premier lieu, il convient de renforcer le degré effectif de la concurrence sur ces
marchés, en réduisant l’avantage concurrentiel perturbant le marché que constituent les centrales
nucléaires déjà amorties, au moyen d’une taxe sur la rente nucléaire, ou en faisant acquérir par
un acheteur central leur production afin de mettre celle-ci à la disposition du marché. Permettre
aux ménages de changer plus facilement de fournisseur contribue également à accroître la
concurrence. De plus, la CREG devrait jouer un rôle plus actif afin d'améliorer la transparence
des prix. La loi du 8 janvier 2012, qui transpose en droit belge le troisième "paquet" de directives
sur l’énergie, contient des dispositions qui vont dans ce sens, par exemple en dotant la CREG
d'un pouvoir de contrôle a priori sur les changements de prix et de tarifs et en limitant le nombre
d'adaptations de prix à quatre par an. La décision du gouvernement de geler les tarifs pour une
période de neuf mois – d'avril à décembre 2012 – devrait en outre permettre à la CREG d'évaluer
le caractère "acceptable" ou non des prix des différents fournisseurs et de définir un nouveau
cadre dans lequel des adaptations de tarif – justifiées – pourront avoir lieu. Dans ce contexte, et
en reconnaissant qu’il n’est pas question de remettre en cause l’imputation aux consommateurs
de hausses durables de prix, il conviendrait de réévaluer complètement le caractère
systématique et automatique de l'indexation des prix à la consommation du gaz et de l’électricité
en Belgique. Il s'agit d'une pratique totalement atypique en Europe et qui est potentiellement
nuisible à la concurrence. Il importe par ailleurs que le niveau et la composition des tarifs de
distribution, y compris des obligations de service public, soient examinés par les régulateurs
compétents. Plus généralement, la concurrence doit être stimulée, en renforçant notamment le
Conseil de la concurrence, et l’Observatoire des prix doit jouer pleinement son rôle. Enfin, il y a
de la marge pour simplifier la réglementation dans une série de secteurs économiques,
notamment dans le commerce de détail.
21. Mais même si par ces pistes d’action une amélioration est apportée au mode de tarification du
gaz et de l’électricité, il va de soi que l'évolution du prix de ces biens ne pourra pas échapper aux
effets de la tendance fondamentale des prix des produits énergétiques à s’accroître, dans un